"Le ferez-vous ?"
Le silence accueillit cet ordre dissimulé. En réalité, Orn ne pouvait refuser. Refuser signifierait renoncer au titre de Chasseur Impérial, ce qu'il ne pouvait se permettre. Il s’apprêta donc à répondre, mais la princesse prisonnière le prit par le bras, poussée par le désespoir.
"Je vous en supplie, n'y allez pas ! Mon père ne sait rien de la Rébellion, il ne vous sera d'aucune utilité !" supplia-t-elle, les yeux brillants
Ne sachant que faire, le chasseur la poussa doucement, sans méchanceté. Les sentiments n'étaient qu'un luxe dont il n'avait pas le privilège. Il détourna le regard pour le poser sur Vador, se forçant à ignorer la Rebelle captive.
"Combien me paierez-vous ?" s’entendit-il demander.
Si un simple Rebelle valait aux yeux de l'Empire dix mille Crédits, il y avait fort à parier qu'un roi en valait bien plus. Le chasseur savait également que s’il était assez rapide et efficace, il pouvait bénéficier d’un bonus, ce qui l’intéressait au plus haut point
"Selon votre rapidité, nous vous donnerons au moins trente mille Crédits.
— Alors j'accepte," répondit Orn.
Face à un tel prix, tout chasseur de primes se respectant ne pouvait refuser, même si un proche le suppliait de ne pas accepter. Il se tourna vers la princesse, le visage désolé. Mais cette dernière ne voyait pas son expression. Elle ne voyait que son casque, noir comme celui de Vador, qui la regardait sans émotion et avec froideur. Elle voyait celui qui allait livrer son père, ancien Sénateur d'une démocratie oubliée, à l'homme le plus craint et le plus dangereux de toute la Galaxie. Son visage jusqu'alors suppliant et terrorisé devint froid et cruel. Avec la dignité d'une reine, la jeune Rebelle ravala ses larmes, et partit s'asseoir sans un mot. Elle venait de remettre son armure qu'elle avait perdue à la mention du roi, et se préparait à la guerre.
Vador fit signe au chasseur de partir. Celui-ci s'exécuta rapidement, n'oubliant pas à qui il avait affaire. Le bras droit de l’Empereur ferma la cellule de la princesse, puis suivit Orn. Ce dernier se mit tout de suite sur ses gardes, essayant de taire sa peur malgré les respirations qui le suivaient inlassablement. Tout son corps était tendu et crispé, prêt à se défendre contre le danger qui le suivait, bien que le Twi’lek savait qu’il était impossible de survivre au Seigneur Sith. Comme Orn ne savait pas s'il devait sortir de la pièce, il s'arrêta au poste de contrôle et se retourna immédiatement. Avoir un tel homme derrière lui ne le rassurait pas. Ce dernier s’arrêta également, avant de croiser les bras, regardant le chasseur de haut.
"Vous ferez cette mission dans la plus grande discrétion. Personne ne peut savoir que l'Empire recherche le roi Organa. Si jamais je venais à apprendre votre échec sur ce point, vous pouvez dire adieu à votre argent…," annonça-t-il froidement, sans émotion.
Le concerné baissa la tête malgré lui, comprenant que l'argent n'était pas la seule chose à laquelle il devrait renoncer s'il échouait. Bien sûr, il était habitué à ces menaces, mais elles prenaient une ampleur nouvelle lorsqu'elles étaient prononcées par un homme aussi dangereux et intimidant que Vador, et non par un Amiral.
"Vous n'avez pas de soucis à vous faire, Seigneur Vador. Je peux prétendre que Jabba le Hutt m'a chargé de capturer le roi pour une rançon," proposa-t-il d’un ton qui se voulait assuré.
À sa plus grande surprise, Vador acquiesça en guise de validation.
"Il me semble que vous avez fait vos débuts avec le Hutt, n’est-ce pas ?
— Tout à fait, Seigneur Vador."
Quelque peu rassuré par cette approbation, Orn décida de mettre ce plan en pratique. Cela devrait marcher, et il ne voyait pour le moment aucune faille. Il était prêt à improviser, si jamais le besoin s'en faisait ressentir. Il avait déjà fait ses preuves dans ce domaine, avec succès, bien qu'il en eût des sueurs froides. Vador fit un geste sec de la tête en guise de salutation puis partit de la salle sans cérémonie. Ce départ soudain prit Orn au dépourvu, mais il sentit surtout du soulagement, et sa peur constante s’atténua doucement, pour ensuite le quitter totalement. Le chasseur sortit à son tour avant de s’arrêter. Il ne connaissait pas le chemin du retour, et son guide n'était plus là. Pour tenter de masquer son hésitation, Orn s'avança vers la gauche, avant qu'un stormtrooper ne l'aborda, voyant son trouble.
"La plate-forme 66 est à droite. Continuez tout droit, et vous devriez trouver à votre droite votre vaisseau," lui dit-il, avant de rejoindre sa place dans l’escadron de soldats.
Le Twi'lek le remercia, un peu embarrassé, et fit demi-tour comme si de rien n'était. Il marcha rapidement et d'un pas assuré, suivant les instructions du soldat à l’armure blanche. Après quelques minutes, pendant lesquelles Orn se demanda si on ne s’était pas joué de lui, il trouva enfin une grande ouverture à sa droite, donnant effectivement sur le Vautour Couronné, assorti à cette Station sombre. D'autres stormtroopers l'entouraient, tenant leur blaster d'un air menaçant. Aucun ne réagirent à la présence du chasseur de primes, mais un Commandant vint à sa rencontre. Brun et petit, il était bien loin du droit Commandant blond ou de l'intimidant Vador. Il affichait un air aimable, le fantôme d’un sourire animait son visage.
"Dans quelques minutes, le rayon tracteur va être désactivé pour vous permettre de partir," dit-il d'un ton agréable.
Sans daigner répondre et se contentant simplement d'hocher la tête, Orn entra dans son vaisseau. Twik n'avait pas bougé depuis son départ et jouait avec différentes commandes, sans doute pour améliorer certains éléments du vaisseau ou pour passer le temps. Il ne tourna pas la tête lorsqu'il entendit le chasseur rentrer, mais soupira simplement d'un ton robotique. Twik soupirait si souvent que son co-pilote en venait régulièrement à se demander s'il ne s'était pas trompé lors de la reprogrammation de l'ancien droïde de combat. Ce qui était sûr, c’était que le mauvais caractère du droïde était une conséquence de cette reprogrammation, et malgré tous les efforts du Twi’lek, rien ne semblait pouvoir changer cela.
"A-t-on des contacts à Alderaan ?" demanda Orn, ne voulant pas tarder à se mettre au travail.
Le robot cessa de s’amuser avec les commandes du Vautour et activa la liste des différents contacts que les deux coéquipiers avaient rencontrés au cours de leurs missions. Un écran bleuté apparut, sur lequel défilait différents noms et localisation.
"Alderaan ? Eh bien, il y a Erik Morrh, qui nous avait communiqué une information sur Lando… Il y a aussi Vly, une Ithorienne. Je ne sais pas si elle est rentrée à Ithor.
— Contacte Morrh," décida Orn, qui se doutait que Vly était revenue sur sa planète natale, comme elle lui avait dit.
Twik le regarda avec ses petits yeux. S'il n'avait pas d'expression à proprement parler, le chasseur sentit malgré tout un regard mauvais.
"Tu ne m'as pas demandé mon avis.
— La dernière fois que je l'ai fait, tu as refusé.
— Tu pourrais au moins dire "s'il te plaît"."
Ce fut Orn qui soupira, cette fois. Un soupir à la fois long et empreint d'une patience trop généreuse, qui tenait depuis des années.
"D'accord. Twik, contacte Morrh s'il te plaît," siffla-t-il entre ses dents.
Sentant que Twik allait encore faire une remarque, Orn le foudroya du regard. À son grand soulagement, le droïde envoya un message à Erik, lui donnant rendez-vous au Marché Noir d'Alderaan. Ce Marché était très réputé parmi chasseurs de primes et des contrebandiers, et avait la réputation d'être un des meilleurs endroits pour récolter des informations intéressantes. Le contact ne mit pas longtemps à répondre. Un petit bruit résonna dans le Vautour à l’arrivé de sa réponse. Selon son message, Erik acceptait, en échange d'argent, bien sûr. À la suite de cette réponse, Orn mit les coordonnées de la planète royale et prépara le Vautour Couronné au décollage. De son côté, Twik effectua des calculs pour la vitesse-lumière rapidement. Il ne resta pour les deux mercenaires plus qu'à attendre la désactivation du rayon tracteur afin de partir. Dans la minute qui suivit, ils virent à travers la vitre le petit Commandant leur faire un signe. Twik fit démarrer le vaisseau, et, dans un faible vrombissement, le Vautour quitta la Station Orbitale, s’élançant dans l’Espace noir. Des vaisseaux Impériaux s'écartèrent à leur passage, sans les pourchasser ni les arrêter. Une fois loin de la lune Impériale, Orn enleva son casque, avant de le poser sur le poste de contrôle, content d’avoir quitté cette Station étrange. Son regard s'attarda une dernière fois sur la planète défigurée, sur laquelle l'ombre de la pseudo-lune flottait, menaçante. Cette scène serra le cœur du chasseur, qui, ne sachant trop comment, devina que la Station Orbitale était la cause de cette catastrophe.
Pressé de quitter cet endroit lugubre et désolé, Orn appuya sur une commande, lançant le Vautour Couronné à la vitesse-lumière. Lorsqu'ils arrivèrent au système d'Alderaan, ils virent immédiatement la grande planète bleue ornée de nuages tourbillonnant au-dessus de l'antique civilisation des Alderaanniens. La clarté d'Alderaan contrastait violemment avec la noirceur du vide qu'était l'Espace. Çà et là, on apercevait des parcelles verdâtres qui interrompaient la course incessante des océans. Une planète verte et bleue, à l'image des anciens Chevaliers qui régnaient sur la Galaxie. Alderaan était la parfaite image de ce qu'elle représentait : une civilisation déchue, perdue dans une guerre n'ayant laissé que l'Empire. Une civilisation dont seulement Alderaan se souvenait.
Le Vautour Couronné ralentissait au fur et à mesure qu'il s'approchait de la planète. Se dirigeant doucement vers l'hémisphère sud, Orn envoya un nouveau message à Morrh, lui prévenant de son arrivée imminente. En entrant dans l'atmosphère d'Alderaan, le chasseur dû plisser les yeux face à la luminosité intense. Le soleil brillait de mille feux et ses rayons se reflétaient sur les habitations sophistiquées claires. Le vaisseau se posa tranquillement dans un endroit discret, où de nombreux arbres pouvaient le dissimuler. Orn remit son casque et sa capuche, se préparant à sortir. Comme toujours, Twik restait, pour permettre à son co-pilote de partir en vitesse si jamais un danger le menaçait. Le Twi’lek prit ses armes : deux blasters, les mêmes que ceux des clones d'autrefois, ainsi que deux Petar Kyuzos, des poignards extrêmement coupants, une fois que leur lame argentée était activée. Il les cacha sous sa cape, gardant seulement visible un de ses pistolets. Il avait également un taser, mais Orn doutait qu'il aurait besoin de l'utiliser. Il ne s'en servait que pour les cibles, et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait capturer le roi. Il n’avait prévu à ce moment qu’un simple repérage des lieux et de la localisation de sa nouvelle cible. Il sortit du vaisseau, et regretta immédiatement d'avoir un casque.
La végétation Alderaanienne était si magnifique, si verte, qu'il était certain que l'air ici était celui le plus pur de toutes les planètes qui composaient la Galaxie. Le chant des oiseaux lui mit du baume au cœur après le morbide spectacle offert par Scarif. Orn s'avança en direction du Marché Noir, sans se presser afin de profiter de la scène et laisser à son esprit un repos paisible. Les moments de sérénité comme celui-ci étaient rares, et lui faisaient oublier, l'espace d'un instant, les visions qui le hantaient la nuit venue. Au loin, derrière un lac calme, il vit un grand bâtiment en argent à l'architecture complexe et aérienne.
La résidence des souverains surplombait le lac, y faisant flotter son reflet doucement. La lumière se reflétait sur les tours argentées, jouant avec les ombres et la surface lisse. Le chasseur s'arrêta pour admirer le monument. Alderaan était une planète spéciale et unique. Une reine, Breha Organa, régnait sur ces terres, et son roi, Bail Organa, était un ancien sénateur ayant combattu aux côtés des Chevaliers Jedi. C'était un fervent défenseur de la soi-disante démocratie de ces Gardiens de la paix, et sa femme avait œuvré pour maintenir l’ancienne République face à l’Empire.
En se rappelant cela, la mâchoire d'Orn se serra de colère, et le charme du paysage pourtant magnifique d'Alderaan se brisa aussitôt. Avec un relent de rage, le chasseur se dirigea vers le lieu du rendez-vous, marchant rapidement et ignorant les infrastructures élégantes de la planète. Il n'était pas difficile de savoir qu’il était sur le bon chemin. Le Twi’lek rencontrait sur son passage de plus en plus de passants, qui avaient pour la majorité les yeux fuyants, et le pas pressé. Ce n'était pas un lieu officiel, et donc aucune pancarte ne se trouvait sur les routes. Cependant, tout le monde savait que la grande clairière près du Lac Royal était le lieu du Marché Noir, qui persistait malgré les représailles de l'autorité, qui ne pouvait pas grand-chose face à tant de mercenaires.
Arrivé dans cette clairière, le chasseur observa les différentes échoppes où fourmillaient des individus venus de tous les coins de la Galaxie pour y faire leurs affaires sombres et illégales. Avançant dans l'allée, il vit un Arcona négociant avec un Dug, des Twi'leks qui étaient venus vendre leurs esclaves, ainsi qu’une échoppe vendant des boissons alcoolisées. Orn s'y dirigea et commanda à la propriétaire, une Pantorienne à la peau bleutée et aux yeux sombres, un Jus de Jawa, une boisson qu’il appréciait particulièrement. La femme posa le verre sur le comptoir, le remplit et se tourna vers un autre client après avoir été payée, lui adressant au passage un petit sourire. Le chasseur tendit sa main vers sa boisson, mais ce dernier explosa, projetant du verre dans toutes les directions.
En une seconde, Orn prit son blaster en main, comprenant immédiatement qu'on le visait. Sans se soucier de l'excitation et des cris autour de lui, il scanna sa droite, à la recherche du tireur. Le chasseur n'eut aucun mal à l'identifier. Le Togruta rouge de la Cantina se tenait au beau milieu de l'allée, un rictus haineux animant son visage. Il tenait lui aussi un blaster, pointé en direction du Chasseur Impérial. Doucement, il s'avança vers Orn, l'air victorieux.
"Le chasseur est chassé, on dirait...," moqua-t-il.
"C'est bizarre… j'ai déjà entendu ça quelque part.
— Tu peux jouer le malin autant que tu veux, Chasseur, mais ton règne est fini. Tu fais un seul mouvement, je te tire dessus."
Orn lâcha son blaster d'un geste dédaigneux. Il n'était pas inquiet, mais observait simplement le Togruta qui venait vers lui, cherchant ses faiblesses. Ce dernier s’arrêta lorsque son blaster toucha le casque du Twi’lek, au niveau de la tempe, tandis qu’un sourire anima son visage
"Tu vas payer pour ce que tu as fait à Rusk, Impérial," cracha le Togruta.
Orn comprit que son agresseur était un Rebelle. Sous son casque, le chasseur sourit. S’il avait vu juste, amener le Togruta avec le roi Organa pouvait lui apporter une prime en plus. Soupirant d’une manière défaitiste, le Twi’lek leva les mains. Comme prévu, le Rebelle baissa quelque peu sa garde, sûr de sa victoire. D’un coup, Orn s'accroupit en prenant dans sa main droite son Petar Kyuzo caché par sa cape. Avec un geste brusque de la jambe, il balaya les pieds du Togruta avec force. Ce dernier perdit l’équilibre et tomba, lâchant son blaster dans sa chute. Le chasseur se redressa sur ses pieds et mit rapidement son poignard au cou de son agresseur. En voyant ce dernier ainsi, à sa merci, il hésita, et refléta que ce dernier l’avait énervé, en plus de l’avoir empêché de boire son verre tranquillement. Orn commençait sérieusement à hésiter à lui trancher la gorge immédiatement. Pressant la lame sur la peau rouge du Rebelle, il attendit que du sang coulât avant de s’exprimer.
"Si Boba Fett n’a pas réussi, toi, tu n’avais aucune chance. Maintenant, donne-moi une raison de ne pas te tuer," grogna-t-il, menaçant, cherchant véritablement une raison pour le laisser vie.
"J’en ai une, Chasseur Impérial," s’exclama une nouvelle voix.
Orn leva la tête tout en appuyant encore plus sur la gorge du Togruta afin de le maintenir immobile. Son interlocutrice se tenait à une dizaine de mètres, sans arme et semblait calme. C’était une humaine à la peau sombre, et son visage était froid. Le chasseur sourit dangereusement.
"C’est mon jour de chance, on dirait… deux Rebelles en une journée…"
Si le Togruta eut une moue de surprise et de peur, la nouvelle arrivante ne laissa rien paraître. Doucement, elle sortit un tube dans lequel Orn reconnut des Crédits. Avec un geste sec de la tête, il fit signe à la Rebelle de parler, tout en gardant sa lame pressée sur sa victime.
"Mille Crédits pour que tu laisses Hasee partir avec moi. Crois-moi, nous ne valons pas autant pour l’Empire."
Le chasseur hésita. La femme pouvait mentir, mais la capturer avec le Togruta, vivants, semblait difficile, voire carrément impossible. Sa décision prise, Orn raffermit son emprise sur Hasee.
"Fait rouler le tube jusqu’à moi," ordonna-t-il froidement, ne voulant pas que la femme ne s’approche d’eux.
La Rebelle lâcha les Crédits, et le fit rouler avec son pied. Son coup était bien calculé ; le tube s’arrêta donc au niveau du chasseur. Ce dernier le saisit avec sa main libre et le glissa dans une poche avant de prendre son second blaster. Comme il était ambidextre, tenir son arme dans sa main gauche ne le troublait pas. Il la pointa sur Hasee, et rangea son Petar Kyuzo. Avec précaution, il se leva, son blaster toujours sur le Togruta qui suivait le mouvement, rassuré de l’issue des événements mais effrayé par cette arme pointée sur lui. Une fois les deux opposants debout, Hasee recula vers la femme, conscient d’avoir toujours une arme pointée sur lui. Il ne ramassa pas son blaster, jugeant que cette action serait trop dangereuse. La Rebelle prit sa main, rassurée de le voir à ses côtés.
"Au revoir, Chasseur. Profite de ton règne," lança-t-elle, d’un ton empli de sous-entendus.
Cette phrase prononcée, elle se retourna sur ses talons, imitée par Hasee. Orn les regarda partir, l’air mauvais. Il pouvait très bien les tuer sur-le-champ, mais décida de ne pas le faire. Leur mort n’apporterait que davantage de trouble dans le Marché, et il avait simplement envie de se retrouver dans le calme. Le chasseur se tourna vers la Pantorienne de l’échoppe, n’ayant pas oublié son verre explosé.
"Dites, est-ce que je pourrais avoir un autre verre, mais gratuit ?" demanda-t-il, ennuyé de devoir probablement payer une seconde fois.
La propriétaire le regarda de ses grands yeux jaunes, l'air songeur. Elle soupira, puis sourit.
"Très bien… mais c'est la seule et dernière fois," dit-elle.
Orn la remercia, prit son verre et attrapa une paille. En remontant au minimum son casque, il réussit à boire sans révéler son visage. Il savoura le Jus de Jawa malgré la complexité de la manœuvre, et reposa le verre une fois fini, remerciant une nouvelle fois la gérante et en lui adressant un sourire sous son casque. Le chasseur continua ensuite son tour dans la clairière à la recherche de Morrh, requinqué et à nouveau d’une humeur calme. Au détour d’une allée spécifique aux droïdes, il aperçut son homme. Erik Morrh était un humain, d’une grande taille et ayant environ la trentaine, tout comme Orn. Il avait la peau mate, ses cheveux noirs étaient bouclés, et un nez aquilin sublimait son visage harmonieux. Morrh parlait avec un Mandalorien, visiblement occupé à marchander un prix. Le Mandalorien, comme tous ceux de son peuple, portait un casque et semblait céder face aux arguments de l’humain, qui avait un sourire fier flottant sur ses fines lèvres. Orn approcha d’un pas de loup, ne souhaitant pas déranger les négociations, mais au contraire voulant entendre ce qu’ils se disaient.
"Écoute, Mandalorien, je sais très bien qu’une unité R2 ne vaut pas aussi cher.
— Mais cet astromécanicien est en parfait état ! Il n’a aucune rayure, aucun dysfonctionnement. C’est une affaire en or !"
À cela, Erik rigola, sachant pertinemment la vraie valeur du droïde devant lui.
"C’est du vol, oui ! Bon, je te laisse avec ton arnaque, mon client m’attend," dit-il, ayant remarqué Orn.
Ce dernier sourit sous son casque, et jeta un œil à l’unité R2 en question. Blanc et doré, le petit droïde restait silencieux dans son coin. Bien qu’il ne soit pas dans un état déplorable, un connaisseur pouvait voir qu’il avait connu de meilleurs jours et qu’il n’était pas exactement en parfait état, comme le prétendait son vendeur.
"Je ne savais pas que les Mandaloriens vendaient des droïdes," commenta le chasseur, provoquant un petit rire de la part de son contact.
À cette remarque, le concerné se tourna brusquement vers lui. Orn n’avait pas besoin de voir son visage pour savoir qu’il écumait de rage.
"Je ne savais pas qu’un chasseur de primes avait besoin de la protection de l’Empereur pour réussir," répondit-il, sifflant entre ses dents.
À cela, Orn s’approcha du Mandalorien, main au blaster, comprenant parfaitement à qui il faisait allusion. Alors qu’il s’apprêtait à faire regretter à son interlocuteur ses mots, Morrh se glissa entre les deux êtres casqués, toujours souriant. Il posa doucement sa main sur le torse du Twi'lek d’un geste familier pour l’empêcher d’agir.
"Tout doux, maintenant… Orn, vient avec moi, j’ai ce qu'il te faut. Et toi, Mandalorien, ne te fais pas tuer en disant n’importe quoi," avertit-il, poussant le chasseur de sa main.
Bien qu'aucun des concernés n'avait le visage découvert, ils faisaient tous deux une moue haineuse. Orn suivit Erik de mauvaise foi, ce dernier allant vers un coin plus isolé du Marché Noir. Son habituel sourire aux lèvres, Morrh s'adossa contre un arbre et croisa les bras, regardant de haut en bas le Twi’lek.
"Alors, Orn, as-tu mon argent ?
— Seulement si tu as des informations," répliqua le chasseur d’un ton égal.
L’homme leva les yeux au ciel avant de rire. Il regarda le Twi’lek avec des yeux suppliants, faisant jouer de son charme, qui n’avait que peu d’effet sur son interlocuteur.
"Ne me fais-tu pas confiance ? On se connaît depuis longtemps, pourtant…," dit-il d’une fausse petite voix.
Ce fut au tour d’Orn de lever les yeux au ciel.
"Tes beaux yeux n’ont plus d’effets sur moi, Morrh. Dis-moi ce que tu sais, et je te paierais après.
— Toujours aussi implacable…dommage que tu ne sois plus aussi sensible à la beauté qu’avant, mais je comprends. Que veux-tu savoir ?
— Où se trouve Bail Organa, et comment l’approcher."
Erik décroisa ses bras, surpris. Il se gratta le menton, où poussait une barbe timide.
"Rien que ça… Selon mes dernières informations, il serait à sa seconde résidence. Il ne se cache pas vraiment, mais lui et la reine sont extrêmement prudents. Dis-moi, qui en a contre lui ? L’Empire ?
— Qu’est-ce que l’Empereur irait faire avec un vieux sénateur ? Non, c’est Jabba qui a des comptes à régler avec lui. Cette deuxième résidence… où est-elle, exactement ?
— Attends," répondit Morrh.
Il tapa des doigts sur son communicateur, qui bipa deux fois avant de s’éteindre.
"Je t’ai envoyé les coordonnées. Fais attention, il y a beaucoup de gardes."
Orn le remercia avant de lui donner les crédits. Avec un sourire fier et un regard arrogant, l’humain prit l’argent et le rangea dans sa poche.
"Tu vois, ce n’est pas si difficile de donner de l’argent !
— Je te hais, Morrh."
À cela, Erik mit une main au cœur, faussement choqué.
"Ce n’est pas ce que tu avais dit la dernière fois…," fit-il remarquer.
"Peut-être que je mentais," continua Orn avec un sourire.
L’humain regarda le chasseur avec des yeux ronds, prétendant être blessé par de tels mots. Tous deux savaient que le Twi’lek l’appréciait trop pour le détester, et encore moins pour lui vouloir du mal. Orn prenait cependant du plaisir à taquiner son contact, qui adorait renchérir en retour.
"Tu es vraiment cruel, Orn," se plaignit Erik, s’approchant du chasseur comme s’il s’apprêtait à le supplier.
"Oh, je suis sûr que tu t’en remettras.
— Espèce de – c’est quoi, ce truc ?!"
Je suis pas très calée dans l'univers Star Wars, même si j'ai vu les films plus d'une fois, donc je suis parfois un perdue dans les noms de races, mais bon Google est là pour me rafraîchir la mémoire.
Je trouve Orn de plus en plus attachant. J'ai été très intriguée par son réaction haineuse à l'encontre de la reine Organa et de son mari (ou de la République), donc je me demande ce qu'il s'est passé, et ça expliquerait sans doute son choix de travailler plutôt pour l'Empire. On sent que c'est un personnage complexe et torturé, ni bon ni mauvais, qui s'est tourné vers l'argent (par dépit peut-être et par nécessité de survivre) et essaye juste faire sa vie sans s'attirer trop d'ennuis.
J'ai beaucoup aimé les interactions entre Twik et Orn, et entre Orn et Erik aussi.
Sur la forme, y a de très belles tournures que j'ai trouvé bien trouvées, et y a aussi certaines phrases un peu plus maladroites, mais dans l'ensemble c'est toujours aussi fluide et agréable à lire, on se laisse facilement porter par l'histoire et on visualise bien les scènes et le déroulement des événements.
D'un côté, je suis du côté de Orn, mais d'un autre je suis un peu stressé pour le roi Organe quand même. Et je me demande si on va recroiser les deux rebelles là, la fille et le Togruta. Ils ne sont peut-être pas aussi "pas importants" que ce qu'ils prétendent. Et ce pauvre petit R2 blanc et doré, et mal aimé, j'espère qu'il aura l'occasion de briller un jour ! x)
Mais, je te laisse découvrir tout progressivement mwahah
(Et pauvre petit R2, je crains qu'il n'aille pas bien loin…)