« Ce soleil, il... il est si brulant ! » Elbe Shiro
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Dans cette place pavée, un homme d'une trentaine d'années franchit la porte d'une maison, l'ouvrant avec précaution. Son visage trahissait une combinaison de peur et de dégoût, comme s'il cherchait quelque chose du regard. Il déglutissait fréquemment, ses tremblements venant autant de la sueur froide qui perlait sur son front que de l'épuisement causé par la chaleur étouffante de l'été. Après quelques pas hésitants, il s'arrêta, s'appuyant sur ses genoux pour reprendre son souffle. Il portait une armure étrange : un plastron métallique, translucide, d'une qualité remarquable. La lumière du soleil se reflétait sur sa surface, mettant en valeur les détails minutieux de l'artisanat. À son dos pendait un long bâton, visiblement fabriqué dans la même matière que son plastron, accentuant encore l'étrangeté de son équipement.
Dans une vaste salle de réception, un jeune homme d'une vingtaine d'années s'approcha et fixa le premier, sans prononcer un mot. Il possédait de magnifiques cheveux argentés, ondulés, tombant en cascade jusqu'à ses épaules. Ses yeux dorés exprimaient une pureté rare, presque divine, comme si ceux-ci avaient vu un monde au-delà du nôtre. Sa silhouette, à la fois gracile et élancée, conférait à son visage un air androgyne, rappelant les représentations égyptiennes des dieux anciens. Il dégageait une aura à la fois douce et puissante, semblant toucher à l'inaccessible, tel un être surnaturel, bien au-dessus du commun des mortels. Face à lui, le premier homme, toujours aussi agité, s'emporta, gesticulant et criant :
- Monsieur le maire ! Monsieur le maire ! C'est terrible ! C'est insensé !
Le maire, qui était le type aux cheveux argentés, lui demanda rapidement la raison de son affolement. L'homme expliqua : « Un démon s'est introduit dans la ville ! Il a franchi les remparts ! »
L'agitation se répandit parmi les gens qui écoutaient la conversation. Cependant, le maire resta calme. Il indiqua à deux personnes en armure d'aller informer un certain Arkus et un certain Thomas de la situation. Ensuite, il sortit de la maison, au milieu d'un bois, et prit le meilleur chemin pour arriver en ville.
Au lieu de courir, le maire sauta du sol et lévita dans les airs. Cette étrange faculté lui permit de s'envoler de manière très fugace. Il savait que la situation était critique et qu'il devait impérativement rejoindre les remparts. Deux minutes plus tard, il se rendit devant les remparts d'Alvarock et redescendit. De nombreuses gardes l'accueillirent en affirmant que le démon était parti en direction du sud, vers la place Yami. Il s'agissait du territoire le plus peuplé et le plus prolifique de la ville. Perdre un tel lieu engendrerait des pertes humaines et économiques inimaginables.
Le maire réfléchit . Il hésita à y aller directement, quitte à tomber dans un piège, ou à attendre des rapports. Une femme vêtue d'une monture argentée arriva vers la gauche de l'homme. Sa chevelure noire était longue d'environ un mètre soixante-dix, elle avait les pommettes marquées, une petite cicatrice sous la lèvre et de nombreuses taches de rousseur.
Le maire rumina, mais il lui adressa la parole : « Il ne me semblait pas t'avoir appelée, Sandra. » Avec un air dédaigneux, la jeune femme descendit de son cheval et toisa le maire du regard. Avant qu'il ne pût parler, elle prit le dessus de la conversation et dit :
— Sauf votre respect, mon rôle est de protéger la population des démons ! Je vous suggère de rester dans votre bureau, comme vous le faites si bien ! Allez soigner les blessés des alentours.
Ce regard, d'abord hautain, se transforma en une source de haine palpable. Le maire détourna le regard en soupirant, mal à l'aise.
— Bon, c'est d'accord. Mais promets moi de ne pas en faire trop ! lui supplia-t-il d'un air inquiet.
Elle partit sans attendre et recevoir l'approbation de son interlocuteur. Cette femme était célèbre pour son tempérament hargneux ainsi que pour sa haine envers les démons. Armée de son fidèle destrier, elle finit par arriver au cœur du quartier, totalement ravagé.
Elle stoppa son cheval, déploya sa longue lance argentée et la plaça en avant afin de se défendre en cas d'embuscade. La scène était tout bonnement insupportable à la vue de n'importe qui : toutes les maisons étaient ravagées, ne restant plus que de lourds débris. Des cadavres jonchaient les allées. Les entrailles humaines pendaient le long des murs. Il y en avait des dizaines, voire des centaines. Certaines personnes étaient encore en vie, suppliant d'être achevées. Ce spectacle était très inhumain entre les yeux étalés au sol, les têtes détachées du tronc, les quelques personnes empalées dans des arbres et les derniers à moitié dévorés.
La jeune femme tenta de garder son calme face à ce cauchemar. Elle continua sa marche funèbre tout en sachant que le monstre sanguinaire était dans les parages. Elle se sentait observée. Il n'y avait aucun bruit. Rien. Son cœur s'emballa à toute allure et des gouttes de sueur perlèrent le long de son visage creusé par l'angoisse. Elle scruta les alentours pendant de longues minutes à la recherche d'autres gardes. En temps normal, ils seraient déjà ici entrain d'affronter ce démon. Une fois arrivée devant la place principale du quartier, elle fut accablée par cette terrible découverte :
En temps normal, ce lieu est animé par les nombreux commerces ainsi que par une allégresse générale. Cette joie fut transformée en un spectacle épouvantable. En effet, les acteurs de la scène étaient ces fameux gardes dont les boyaux servaient de ficelles qui articulaient ces corps sans vie. Elles étaient enroulées autour des membres inanimés des pantins de chaire, tandis que certaines câlinaient la gorge des acteurs.
Sandra eut une remontée gastrique en contemplant cette pièce de théâtre. Elle n'était clairement pas à son goût. Cependant, elle comprit que les renforts étaient déjà arrivés et qu'elle était seule face à l'acteur principal de la scène.
— Ils sont tous morts. dit une voix, derrière la jeune femme.
Elle se retourna immédiatement et tenta d'embrocher le démon avec une estoque rapide. Mais, son adversaire disparut à temps en la laissant seule. Prise de panique, elle finit par le retrouver du regard. Ce dernier était debout et jonglant avec le crâne d'un chasseur. Sandra afficha un regard dégoûté. Le démon sourit davantage en voyant le visage de sa proie, sortant un doigt mutilé de sa poche pour le déguster lentement. Il était très fort, cela ne faisait aucun doute maintenant...Mais à quel point ?
Elle n'avait jamais vu de démons auparavant, elle les imaginait comme étant violets, avec des écailles sur le visage ou alors d'immenses cornes menaçantes. En réalité, Il avait tout d'humain. Elle ne comprenait pas pourquoi il ressemblait autant à ses semblables ? « Il a sûrement pris l'apparence d'un humain ! », se dit-elle afin de se rassurer. Cependant, elle savait au fond d'elle-même que ce n'était pas le cas.
— Alors ? Tu vas attaquer ou attends tu ta mort ? répliqua le démon, visiblement impatient.
Sans attendre, elle fonça sur le démon en visant son crâne avec son arme. Elle glissa son corps en avant et frappa de toutes ses forces, espérant atteindre sa cible. Mais, son adversaire était déjà derrière elle grâce à sa vélocité remarquable. Il jouait avec elle. Ce n'était pas un combat, mais un spectacle.
Elle ne renonça pas pour autant et sortit un poignard dans un étui en cuir placé au niveau de sa jambière. Elle avait le cran et la force de manier une lance de 30 kg avec une seule main tout en tenant une arme avec l'autre. Elle surgit sur le démon et le harcela avec une pluie de coups létaux. Ce dernier, impavide et amusé, se contenta d'esquiver calmement. Soudain, il se mit à inspirer un grand coup, puis souffla sur son adversaire. Le souffle ressemblait à une violente bourrasque qui retourna violemment son adversaire, le projetant sur plusieurs mètres.
Elle atterrit sur le genou droit en étant légèrement désorientée par cette attaque surprise. Son prédateur sautilla de droite à gauche avant de contracter son bras droit. Il lança la tête qu'il tenait sur la femme. Le projectile était si rapide qu'on aurait dit un rocher projeté par une catapulte. Alors, elle roula sur la droite et frôla le crâne de son ancien ami. Elle se redressa au plus vite, mais le démon avait anticipé son déplacement, étant déjà devant elle, à quelques centimètres de son abdomen. Elle para de justesse la main du démon avec son poignard et tenta de le faucher. Il résista assez facilement et attrapa le bras de Sandra qui tenait sa lame. Il le rompit violemment en se délectant de l'hurlement strident de la chasseuse.
Elle frappa le menton de son adversaire avec son gantelet, le repoussant légèrement en arrière. Il lâcha sa prise et se mit en position de course. Sandra trembla de douleur et de peur, comprenant que cet être n'était clairement pas à fond. En revanche, elle était loin d'avoir tout dévoilé. Elle lâcha sa lance et attrapa un vieux parchemin poussiéreux de sa sacoche encore intacte. La mine du démon fut largement plus sombre lorsqu'il comprit de quoi il s'agissait. Sans plus attendre, il bondit sur la jeune fille avec les crocs en avant.
Sandra déplia son papier à temps et lit à haute voix le mot « BOMBA ». Une sublime lumière jaillit du parchemin. Il tenta de se décaler immédiatement, mais c'était trop tard. Une violente explosion se forma, percutant le monstre de plein fouet. La combattante recula activement afin d'être seulement affectée par le souffle.
— I... I... il est mort ? Balbutia-t-elle tout en regardant son bras totalement brisé.
— Eh bien ! Plus de peur que de mal, comme on dit chez vous ! Il sortit de l'écran de fumée, ayant seulement de légères blessures au niveau de sa main droite.
Il affichait une mine goguenarde en dégageant la poussière de ses haillons. Son ton railleur prouvait à quel point il lui était supérieur malgré la magie. Le cœur de Sandra se crispa. Elle comprit à ce moment là que toute tentative était inefficace. Ses jambes étaient pétrifiées par la peur bien qu'elle leur manda de bouger pour s'enfuir. Mais, c'était déjà trop tard. Le bras impie du démon avait déjà plongée dans sa poitrine.
— Disons nous adieu, femme. Je m'occuperai bien de toi, ne t'en fais pas. Ses traits féroces revinrent naturellement, glaçant totalement Sandra.
Un rayon rouge sortit de sa main logée dans le ventre de la femme, créant un trou béant dans le corps de cette dernière. Elle tomba d'un coup, inerte et sans vie.
— On va s'amuser...
Son bras fut tranché avant qu'il ne puisse terminer sa sinistre phrase. Le maire venait tout juste de secourir les dizaines de blessés. Il se tenait devant le démon, hache à la main. Il se crispa en voyant le corps inerte de sa camarade. Il était arrivé trop tard.
— Je crois que tu es arrivé trop tard ! Il s'esclaffa en regardant le dépit de son interlocuteur.
Il termina sa phrase en apparaissant derrière le maire, le décapitant rapidement en laissant la tête de l'homme rouler sur le sol.
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BPM :
BPM du démon : 420
BPM de Sandra : 0
BPM du maire : 0