« Il brûle ? Il brûle ! » un certain Thomas.
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Le démon commença à regarder l'environnement ravagé par ses massacres, il en fut ravi. Il se retourna et commença à partir d'un pas lent mais serein. Son bras se régénéra intégralement, tel un lézard. C'était tout à fait normal pour son espèce.
Mais, quelque chose d'étrange se produisit. Le démon se trouva brusquement mutilé de toute part. Son étonnement fut immense et il n'eut pas le temps de comprendre qu'il tomba sur le genou également lacéré par des coups de lame. Il se régénéra, mais des coupures se formèrent continuellement, entaillant sa peau maculée de son propre sang. Il resta mutique par pure fierté mais avait réellement envie de hurler à la mort.
Le maire se trouvait devant lui et le fixa d'un air malheureux. Il était triste de voir l'état de la place et de sa défunte camarade. Dans un second temps, il dit au démon :
— Tu nous attaques sans te renseigner au préalable ?
— Sale chien, va crever. rétorqua le démon, d'une voix tiraillée par la vive douleur.
Ce prédateur, qui avait détruit des innocents et des familles entières, connut pour la première fois de sa vie le sentiment de la peur. Une terreur viscérale, celle que seul un être au-delà de toute compréhension humaine peut inspirer. Cette peur se transforma en une passion violente pour l'être humain aux cheveux argentés. Sous ce soleil éclatant, il était si beau. Qui était-ce ? Un ange ?
— Démon, je ne vais pas te tuer par pure haine envers les tiens. Je vais te détruire car tu as exterminé mon peuple. Retiens bien mon nom, je me nomme Solga. annonça solennellement cet être, illuminé par un puissant rayon solaire.
— Attends. Comment as-tu réussi à revenir à la vie ? demanda le démon totalement admiratif de son bourreau.
Solga ne lui répondit pas. Il se contenta d'observer sa défunte camarade avec un mélange de compassion et de regret. Il avait vécu cette situation tant de fois qu'elle était devenue à la fois insupportable et quotidienne pour lui. Ce dernier posa lentement un genou au sol et ferma doucement les yeux de Sandra d'un geste solennel et rempli d'émotions. Au même instant, le soleil se fraya un chemin depuis ce dédale nuageux et éclaira la scène. Le maire était enveloppé d'une douce aura solaire qui illumina son corps. Son regard se durcit subitement à cause du démon. Il le fixa d'un à la fois accusateur et éclatant. L'astre céleste se positionna telle une égide sur cet homme dont les cheveux argentés s'illuminaient. Le spectacle était splendide, même pour ce monstre qui semblait être dénué de pressentiments. Ce dernier ne put s'empêcher de se figer avec une mine comblée face à un être qui frôlait la déité. Cet ultime instant se conclut dans l'ignorance la plus totale : la tête du démon se décrocha et tomba au sol. Il mourut sur le coup, sans avoir su le pouvoir de son bourreau.
— Je m'excuse. J'aurais dû arriver plus tôt, Sandra...
Malgré son statut, il ne put s'empêcher de verser plusieurs larmes en mémoire de la femme. Quelques chasseurs apparurent quelques minutes plus tard, tous ébranlés par la situation. Solga se releva et garda la tête haute tout en s'en voulant d'avoir été, encore une fois, trop lent. L'une des personnes qui venait d'arriver fit un pas en avant et tapota l'épaule du maire.
— Tu as fait de ton mieux. Tu as sauvé Alvarock. Expliqua le camarade d'une voix douce afin de réconforter son ami.
Ce dernier était vêtu d'une armure totalement dorée. Son casque était totalement fermé de sorte à ce que son identité puisse rester cachée. Il était légèrement trapu et faisait pâle figure devant l'attitude solaire du maire. Il était vraisemblablement un chasseur de haut rang. Le maire prit quelques instants pour lui dire :
— Arkus. Quel est l'intérêt de notre puissance si nous sommes incapables de tous les sauver ?
— Solga. Tu es un homme extraordinaire, le plus fort d'entre nous. Tu n'as pas le droit d'être autant accablé devant nos hommes ! Montre l'exemple ! objecta l'homme en armure dorée, osant contester l'autorité du maire.
Cet homme, nommé Arkus, avait l'habitude de répondre aussi directement à Solga. Ils se connaissaient depuis leur enfance dans l'orphelinat de la ville. Le chasseur doré était connu pour son franc-parler qui avait pour habitude de bousculer Solga, qui gardait tout pour lui.
— Tu as raison. Excuse moi. Je veux que nos équipes médicales viennent immédiatement dans ce quartier. Appelez immédiatement les ingénieurs, nous devons reconstruire les fortifications de la ville ainsi que cet endroit. répondit le maire d'un ton faussement calmé.
- Reçu ! Les chasseurs prononcèrent tous le mot "Haurya" avant de s'envoler au niveau du centre de la ville.
Arkus fixa Sandra d'un air abattu. Néanmoins, il enfouit ses émotions et observa le corps du démon totalement exterminé par les coups du maire.
— Que voulait il ? Nous ne sommes jamais attaqué par les démons. demanda Arkus à son ami.
— Je n'en sais rien. Puis au vu de sa dangerosité, j'ai préféré m'en défaire rapidement. répliqua Solga d'un ton circonspect.
— Es tu stupide ? Je suis persuadé qu'on aurait pu avoir des réponses ! On doit- Arkus se fit interrompre avant d'avoir pu terminer sa phrase.
— On doit quoi ? Les torturer ? Tu sais ce qui me différencie de ce démon ?! Ma pitié ! s'exclama Solga d'un air légèrement furibard.
— Tu crois qu'ils en ont quelque chose à faire de ta pitié ? Arkus maintint le regard de son camarade, haussant également le ton.
— Calmons nous, ça ne sert à rien de se disputer dans un tel moment, on doit être à l'affut. Il a dit qu'il avait terminé sa mission, attendons nous au pire, mon ami. répondit Solga qui reprit immédiatement son calme.
Solga avait le don de maitriser ses émotions contrairement à son ami qui avait tendance à rapidement monter sur ses grands chevaux. Avant qu'Arkus ne puisse continuer à débattre, une chasseuse débarqua. Le duo la regarda d'un air inquiet :
— M... Monsieur le maire... M... Monsieur Arkus... Je... Je... balbutia la jeune chasseuse.
Arkus posa sa main sur l'épaule de la jeune fille et la rassura aussitôt. Alors, elle parvint à continuer sa phrase :
— Suivez moi... ce sera plus simple.
Elle s'envola avec les deux hommes, ces derniers ne comprenaient pas et se contentèrent de la suivre dans un silence glaçant. Ils arrivèrent au bout de quelques minutes devant une assemblée assez agitée. Cette dernière était composée de plusieurs chasseurs qui se disputèrent.
— Vite ! Il faut la tuer ! s'exclama un chasseur.
— Il a raison, c'est un démon ! répondit un autre.
— Les gars ! Que se passe-t-il ici ? Arkus les interpella tous.
Les bavards se calmèrent immédiatement et fixèrent le duo. L'un d'eux se contenta de pointer quelque chose qui se trouvait devant lui.
Il y avait une femme d'une vingtaine d'années totalement abattue. Son bas ventre était maculé de sang comme si elle s'était faite éventrée. Mais le plus choquant était ce petit être gisant dans les entrailles maternelles.
Ils surent tous que cette engeance n'était pas humaine : le bébé avait une minuscule corne marron sur le front. Il s'agissait du mélange entre une humaine et ce démon venu ici pour commettre cet acte atroce.
— Vous comprenez, pas vrai ?! On doit vite tuer cette abomination ! cria un chasseur, visiblement paniqué.
Solga contempla l'enfant d'un air songeur. Quant à Arkus, il regarda son ami et savait déjà ce qu'il allait dire. Le chevalier doré poussa un soupir d'agacement.
— C'est un démon... Mais également une humaine. Dit calmement le maire.
— Et... et cette corne alors ? êtes-vous aveugle ? s'exclama le chasseur paniqué.
— Je l'ai vue, oui. Je vois aussi des chasseurs aguerris et pétrifiés devant une pauvre âme innocente ! C'était rare de voir Solga hausser le ton devant ses troupes.
Le maire prit quelques instants avant de continuer en cherchant les mots justes :
— Je sais que cela peut être difficile pour vous comme pour moi. Les démons nous ont tout pris. Mais, cet enfant a le visage de sa mère. Ce n'est qu'une enfant. répliqua Solga.
— Hum. Les démons sont plus puissants physiquement que nous, ce qui ne fait aucun doute. Ils nous sont supérieurs sur tous les points. Cette gamine pourrait nous être utile. intervint Arkus afin d'aider son ami visiblement en manque d'arguments.
Solga leva la tête vers Arkus, souriant en voyant son ami en train de l'aider. Cependant, des chasseurs réfutèrent :
— Nous aider à nous tuer plus rapidement ?
— Il a raison ! Cette chose est programmée pour nous tuer !
— Une telle chose ne peut pas exister ! C'est impossible ! Elle va nous attirer la haine du Créateur !
Arkus se racla la gorge et répondit :
— Le massacre ? On l'a déjà subi. La haine du Créateur ? On la récolte depuis plusieurs décennies. Vous voulez rester dans cette réserve comme des animaux ? C'est votre choix ! Je vais de l'avant, car je ne suis pas lâche comme vous. Oui ! Vous m'avez entendu ! Je n'ai pas peur ! Ni peur de cette enfant ni du Créateur et encore moins des démons ! Pourquoi ? Car je suis fort et parce que j'ai foi en Solga ! Son instinct ne le trompe jamais. Libre à vous de déserter, vous connaissez le sort qui vous sera réservé.
Solga était étonné vis-à-vis des propos d'Arkus et il se contenta d'arracher un bout de sa cape et de l'enrouler autour du nouveau-né, le soulevant. Les chasseurs restèrent mutiques. Ils se contentèrent de baisser la tête, ayant évidemment toujours peur du bébé et trouvant cette décision stupide. Cependant, ils arrêtèrent de tenir tête au duo grâce à leur confiance bâtie depuis des années. Ils partirent aider les troupes médicales dans les rues voisines.
— Solga, je l'ai fait pour toi ! Si ça ne tenait qu'à moi, elle serait morte. dit Arkus en croisant ses bras.
— Je sais, Arkus. Merci de me faire confiance. Si jamais j'ai eu tort, j'aimerais que tu m'exécutes immédiatement. répondit simplement Solga.
— Ne sois pas stupide, Solga ! Je tomberai avec toi si il le faut. sourit son ami d'un ton sincère.
Le bébé se mit à bâiller, ouvrant ses yeux orange vers Solga et Arkus, les regardant avec d'immenses yeux jaunes et globuleux.
— Ha ! Au moins, elle est mignonne ! s'exclama Arkus, ayant tout de même un peu d'empathie vis-à-vis de l'enfant.
— Isaafel. répliqua simplement Solga.
— Hein... ? répondit Arkus, ne comprenant pas.
— Elle s'appelle Isaafel. Peut être que c'est elle qui redonnera un peu d'espoir à ce monde...
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BPM :
BPM Isaafel : 297
BPM Arkus : 84
BPM Solga : 76