C’était une nuit sans lune comme elle ne verrait jamais.
Toute lumière avait quitté la voute céleste. Plongeant les chaînes de montagnes dans des ténèbres profondes.
Le vent hurlait à pleins poumons sur les reliefs escarpés et les sentiers à demi tracés. Comme pour chasser tout imprudent qui aurait osé se risquer dehors par ce temps.
Les rares animaux qui occupaient ces lieux austères et stériles avaient senti la puanteur nauséabonde du danger, et s’étaient carapatés dans leurs terriers ou dans des grottes à l’abri des regards.
Lui n’était pourtant aucunement intéressé par tout ce menu fretin…
Non.
Son intérêt était tout autre.
Loin de toute civilisation et de toute vie, la bête féroce se repaitrait d’un festin bien plus juteux.
Accroupis devant un pan de roche, ses muscles puissants roulaient sur son pelage blanc, hirsute, maculé de sang poisseux, au fur et à mesure qu’elle se penchait et qu’elle mastiquait. Sa queue, qui avait dû être d’une tout autre splendeur, trainait nonchalamment dans la mare de sang qui prenait de l’ampleur à chacun de ses coups de crocs.
Une nouvelle bourrasque remonta soudainement le sentier, qu’elle occupait actuellement.
Instinctivement, la bête leva le museau de son repas et huma les odeurs qui venaient de lui parvenir.
Rien d’alarmant.
Son regard bleu glacial scruta les cieux à la recherche de l’astre nocturne, mais en vain, il semblait avoir disparu pour de bon.
Puis, elle se mit à hurler longuement, tentant certainement d’attirer ses congénères vers sa position, afin de leur faire profiter de sa prise.
Cependant, elle n’allait pas les attendre.
Appâtée par l’odeur de chair sanguinolente, elle baissa son regard vers ce qu’elle avait entre ses pattes avant.
D’un revers de mâchoire, la bête déboita le membre supérieur gauche avec violence. Celui-ci, dénué de la plupart de sa chair et de sa moelle, s’écrasa avec un bruit sec et sinistre sur un rocher anguleux.
D’un coup de patte arrière bien maitrisé, la bête fit le même sort sur le membre inférieur droit, qui dévala le sentier pentu à une vitesse folle et disparut pour de bon dans les ténèbres environnantes.
La bête approcha enfin sa tête vers son festin.
Elle avait gardé le meilleur pour la fin.
Avec ses crocs acérés, elle éventra complètement le corps encore chaud, laissant échapper un flot de sang frais sur ses pattes. Elle enfonça sa gueule avec délice dans le tas d’organes si exquis, si enivrant et pour certains, encore frétillants.
À sa première bouchée, la bête sentit avec satisfaction le goût de la vie qui s’écoulait en elle.
Au-dessus de sa tête, ensanglantée et pleine de viscères, la face de sa victime rendait enfin son dernier souffle.
La partie gauche de son visage ne ressemblait plus à rien.
Son crâne était complètement enfoncé au niveau de la pommette, de la mâchoire et de l’orbite. Dévoilant entre autres, une langue à demi arrachée, un œil écrasé et une partie de cervelle à moitié entamée.
Son œil intact se recouvra peu à peu d’un voile blanc opaque.
Sa proie s’était tant battue.
Les marques profondes d’ongles sur la roche en attestaient.
C’était une nuit sans lune comme elle ne verrait jamais.
J'ai juste repéré une répétition du mot sang dans ce paragraphe :
"Accroupis devant un pan de roche, ses muscles puissants roulaient sur son pelage blanc, hirsute, maculé de sang poisseux, au fur et à mesure qu’elle se penchait et qu’elle mastiquait. Sa queue, qui avait dû être d’une tout autre splendeur, trainait nonchalamment dans la mare de sang qui prenait de l’ampleur à chacun de ses coups de crocs."
merci bcp pour votre commentaire. Je vais voir si je peux reformuler le passage.