Des bruits sourds lui parvenaient à travers une brume épaisse qui obstruait tous les circuits de son cerveau. Des bruits métalliques, réguliers. Des bruits de visseuse, de perceuse, de martèlement. Des bruits inquiétants. Ils n'auraient peut-être pas été si angoissants si elle avait eu une idée de la raison pour laquelle elle les entendait à cet instant. Peut être n'aurait-elle pas non plus eu la sensation qu'un poing se refermait avec vigueur sur son estomac si ces bruits n'étaient pas en train de se rapprocher peu à peu avec la régularité d'une horlogerie bien huilée. Elle ne parvenait pas à bien définir les contours de son corps, à rassembler un par un tous les petits morceaux de son être qui lui semblait éparpillés dans ce brouillard qui la coupait du monde. Elle ne parvenait pas à se souvenir de ce qu'elle faisait avant de venir ici, ni même de qui elle était. Une seule certitude résonnait dans cette grande absence d'informations : elle n'aurait pas dû se trouver ici.
Comme si cet extrait de conscience était arrivé jusqu'à elle par erreur, elle se sentit sombrer vers elle-même. Les bruits étouffés s'éteignirent un à un et elle laissa basculer vers elle le petit fragment de mémoire qui se présentait à elle comme un visiteur importun.
***
Le boulevard luisait cette nuit-là. Les gouttes de pluie s'agglutinaient au sol, comme subitement transformées en mélasse par l'air étouffant de l'été perpétuel qui régnait ici. Cette nappe fluide dégoulinait des lumières des néons clignotants sur toutes les surfaces disponibles.
Pluviôse, irrité contre la ville entière,
De son urne à grands flots verse un froid ténébreux
Aux pâles habitants du voisin cimetière
Et la mortalité sur les faubourgs brumeux.
Baudelaire, bien sûr, comme toujours. Il avait l'art de mettre des mots plus grandioses sur son quotidien un peu poisseux. C'était ça. Ce soir, il y avait pluviôse sur le quartier. Elle se murmura les quelques vers encore une fois, figée dans la douche lumineuse, puis continua son chemin l'air de rien. En quelques grandes enjambées, elle enfourna la distance vers la dernière navette de nuit qui reliait Milan à Lyon. Il n'y avait que vingt minutes de trajet, mais il ne s'agissait pas de la manquer. Elle n'avait aucune envie de réitérer l'expérience d'une nuit dehors, et elle avait gagné suffisamment ce soir-là pour s'offrir un bloc dans les quartiers rouges. Ses fesses garées sur un des nombreux sièges pelés qui restaient disponibles à cette heure, elle songea à ce qu'elle allait bien pouvoir engloutir, ce soir, avant d'aller sombrer sur sa couchette. Ce moment constituait souvent un petit remontant bienvenu au moral quand celui-ci commençait à vaciller dans la vacuité de ses nuits pourtant bien remplies. Parfois, elle en venait même à oublier pourquoi elle était venue vivre par ici, dans ce quartier aussi sombre que lumineux, empli d'autant de vie que de petites morts quotidiennes. Il l'avait fait rêver, pourtant, ce quartier. Son avis était un peu plus mitigé aujourd'hui. Enfin, heureusement, il restait les nouilles de la rue Pigeot. Des nouilles, ouais. Ça allait être bien, pour ce soir.
***
Un bruit de marteau pilon -était-ce un marteau pilon ?- la tira de son souvenir fiévreux avec une violence qui lui planta un petit paquet d'aiguilles dans le crâne. Cool. Des nouilles. Ça allait bien l'aider, là, tout de suite. Son corps refusait toujours obstinément de répondre à l'appel de son système nerveux affolé. Ses yeux restaient obstinément clos. Elle sentait pourtant maintenant sous son ventre un froid glacé tout à fait alarmant qui n'incitait pas à un doux sommeil. Ses muscles répondirent faiblement à l'appel désespéré qu'elle leur lança. Pas assez pour vraiment bouger. Suffisamment pour qu'elle se rende compte qu'elle était solidement plaquée en chien de fusil sur une surface glacée. Du métal, probablement. Ses poignets et ses chevilles étaient enserrés par de solides anneaux qui la maintiendraient probablement dans cette position contre tous ses efforts. Ses paupières, elles, finirent par s'ouvrir enfin. Bloquée dans sa position inconfortable, elle n'était cependant pas vraiment en mesure d'avoir une vision panoramique de sa situation. Roulant des yeux dans toutes les directions à sa disposition, elle put enfin confirmer visuellement le désastre que constituait sa présente situation. Elle était entièrement nue, plaquée contre une bande métallique montée sur des rouages qui la faisaient avancer lentement à travers la pièce. Devant elle, elle apercevait d'autres silhouettes mises à nues, prostrées sur la surface glacées. Aucun autre son que les ronronnements des moteurs et le fracas des outils ne s'élevait de la pièce froide. Aucun bruit humain. Elle déglutit quand elle vit s'approcher le reflet bleuté d'une machinerie complexe. Elle aurait bien paniqué, mais elle n'en avait pas la force. L'outil vint se placer juste au dessus d'elle lorsqu'elle passa à sa hauteur. Elle voulut hurler lorsque des lames minutieusement affûtées tranchèrent au plus profond de sa chair. Aucun son ne sortit. Elle perdit à nouveau connaissance. La brume s'était teintée de rouge.
***
Elle sentit les nouilles gluantes descendre jusqu'à son estomac dans une traînée chaude et réconfortante. Elle était accoudée au comptoir de bois d'un restaurant japonais à la devanture crasseuse, et il lui semblait que rien n'aurait pu être meilleur sur ses papilles que ce gras fabuleusement agencé sous forme de pâtes trop cuites et de bouillon salé à outrance. Cette fois-ci, elle avait passé ses heures à souder des kilomètres de câbles pour un usage qui lui demeurait inconnu, et duquel, à vrai-dire, elle se foutait pas mal. La ruelle sur laquelle elle avait jeté son dévolu pour ce somptueux repas se situait à deux pas de chez Anna. Elle engloutit le reste du bouillon d'une traite et paya son dû au tenancier avant de reprendre sa route.
Son regard glissa au passage sur un écran publicitaire survolté. Une fée au teint de porcelaine y agitait stupidement ses ailes en souriant de toutes ses petites dents perlières. Elisabeth, le dernier modèle de la Fairy Factory. Elle faisait fureur en ce moment. Elle était à peu près sûre que même gamine, elle n'aurait pas été réjouie plus que cela à l'idée de posséder l'une de ces fées. Elle en avait aperçue une, une fois, posée sur l'épaule d'un petit garçon béat. Elles paraissait si vraie, dans sa façon de bouger et de parler que cela l'avait mise un brin mal à l'aise. Ça devait sûrement coûter un bras, ces petites conneries. La publicité s'acheva dans une pluie de paillettes projetées en hologramme dans la rue. Elle les traversa en levant les yeux au ciel. Ils n'avaient pas peur du ridicule, à la Fairy…
Elle tourna encore une fois ou deux au détours de ruelles bondées de travailleurs sur le retour, et parvint enfin devant la boutique d'Anna. Elle sourit subtilement en entendant les hurlements qui émanaient de la porte recouverte d'affiches en tout genre. Elle avait encore dû tomber sur un mauvais payeur…
***
Elle rouvrit des yeux affolés. Combien de fois encore allait-elle plonger ainsi dans sa mémoire et en ressortir haletante comme si elle émergeait du plus profond d'un lac ? Sans pouvoir distinguer exactement quoi, elle sentait confusément que son corps avait été manipulé de la moins naturelle des façons. Ses jambes et ses bras lui lançaient des appels au secours peu discrets, et il lui semblait que toutes les parties de son corps avaient été passées entre les mains d'un sculpteur qui aurait coché "option boucher" au moment de l'achat de ses études. Pourtant, de ce qu'elle pouvait voir, aucune plaie ne subsistait sur sa peau. Ces douleurs lancinantes étaient-elles le fruit de son imagination ? Était-elle en train de délirer sévèrement?
Soudain, elle sentit des pinces métalliques déverrouiller les attaches de ses pieds et de ses mains et la saisir fermement pour la retourner sur le tapis roulant comme un vulgaire mannequin. Elle commençait à retrouver suffisamment de forces pour se débattre faiblement. Malheureusement, cela ne lui était d'aucune utilité. Cela lui permettait tout au plus d'avoir vaguement conscience de ce qui se déroulait autour d'elle, sans rien pouvoir y faire. Elle frissonna lorsqu'elle compris enfin. Elle se trouvait, aussi atrocement fantasmagorique que cela puisse paraître, sur une énorme chaîne de fabrication. Chaque machine englobait totalement le corps des malheureuses victimes sur lesquelles elle opérait, ce qui l'empêchait d'anticiper ce qui allait lui arriver à l'étape suivante. Peut-être n'était-ce pas plus mal, après tout… Ses pupilles s'étrécirent d'angoisse lorsqu'elle compris ce qui allait lui arriver ensuite. Deux cylindres s'approchèrent de ses yeux dans un mouvement aussi fluide qu'implacable. Des petites pinces étaient venues maintenir de force ses paupières ouvertes. Dans un éclair de lumière bleu, elle perdit la vue.
***
Elle poussa la porte de l'échoppe d'un coup de pied bien placé. L'ouverture de la chose grinçante qui servait à fermer la boutique avait toujours été un peu capricieuse depuis que E la connaissait. Un homme barbu, légèrement bedonnant, en jaillit aussitôt, sans doute poussé dehors sans ménagement par Anna. La maîtresse des lieux l'accueillit avec un sourire tout aussi grand que la poussée de colère à l'italienne qui l'avait saisie l'instant d'avant. Anna aimait surjouer les choses, tout le temps, et pour absolument tout.
E. soupira, faussement agacée. Au fond, elle aimait bien la vieille femme un peu bourrue qui lui enseignait le tatouage, mais pour rien au monde elle n'aurait voulu que quiconque le devine. Elle avait toujours eu du mal à faire confiance. Non, c'était faux. Pas toujours. Mais ce n'était pas nouveau. Cette partie du souvenir semblait un peu faussée, comme si elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui lui avait posé problème au point de jouer les dures devant le monde entier. En tout cas, elle avait plutôt bien réussi, puisque la seule personne qu'elle fréquentait vraiment était la tatoueuse du 13 rue Cagnot. Elle déposa une boîte de friture remplie à ras-bord sur la table de travail, ce qui déclencha évidemment une poussée de voix du côté d'Anna.
- Pas là, tu vois bien qu'il y a tout le matos de travail !
E. enleva la boîte d'un geste nonchalant, rafla un morceau au passage et la posa un peu plus loin. Elle n'avait évidemment pas les moyens de payer sa formation auprès de la patronne. Encore moins de s'offrir l'injection qui aurait permis d'accélérer les choses en lui flanquant toutes les notions de dessin dans le crâne d'un seul coup. Alors c'était un peu sa façon à elle de la payer. Ça n'avait jamais été vraiment convenu comme ça, mais Anna l'avait laissé venir une fois pour l'observer, puis deux, et un beau jour elle lui avait flanqué une aiguille dans les mains pour lui faire tatouer un client qu'elle ne pouvait pas saquer. Depuis, elle venait dès qu'elle le pouvait après le boulot. Mais ce soir, il allait falloir qu'elle dorme un peu avant de s'y remettre. Elle adressa un signe de la main à Anna et ressortit aussi sec.
"A toute…", grommela la patronne en continuant à nettoyer ses outils pour le prochain client.
***
Quand elle rouvrit enfin les yeux, elle eut l'impression qu'un voile bleu laiteux y avait été déposé. Les formes environnantes lui apparaissaient à travers un rideau désagréablement flouté. Elle avait envie de se frotter les yeux, mais ses mains étaient évidemment attachées. Ses rétines la brûlaient comme si on avait placé des charbons ardents sur ses globes oculaires. Son corps était encore endolori. Des bras mécaniques surgirent des côtés pour la forcer à se mettre debout, et la soutinrent quand elle s'aperçut qu'elle ne parvenait pas à porter son propre poids. Elle entra debout dans une grande structure métallique où la chaine s'immobilisa. Un cliquetis se faisait entendre. Sa poitrine se soulevait à petits coups rapide sous l'effet de l'angoisse. Elle ne s'attendait pourtant pas à toute l'horreur de ce qui allait suivre. Dans un mouvement d'une violence indicible, un grand bras métallique lui enfonça quelque chose dans le dos. La chose écarta ses os, déchira ses chairs, atteignit sa moelle épinière où une fraiseuse la souda à sa colonne vertébrale dans un crissement atroce. Le reste de drogue qu'on avait probablement instillé dans son corps ne résista plus à ce nouvel assaut. Elle hurla de toute la force de ses poumons. Le cri déchira l'air et fit vibrer d'un son aigu l'espace exigu autour d'elle, se réverbéra dans son crâne. Elle aurait voulu perdre connaissance à nouveau, partir loin d'ici quel qu'en soit le prix, mais elle n'y parvenait plus. Elle était là, pleinement, terriblement, impitoyablement.
Son hurlement interminable pris fin lorsqu'une trappe s'ouvrit sous ses pieds. Elle tomba dans un bain gélatineux d'un bleu surnaturel. Ses poumons s'emplirent de ce liquide glacial lorsqu'elle tenta désespérément de reprendre sa respiration. Elle disparut à nouveau au monde dans un soulagement indicible.
***
Elle marchait dans ce qu'on pouvait à peine appeler une ruelle. Il fallait en effet beaucoup de tolérance pour utiliser ce terme pour décrire la petite allée sordide dans laquelle E. progressait à présent. Selon les jours et son humeur, elle aimait bien prendre les chemins les plus tordus pour se rendre à la Résidence des Cyprès. Drôle de choix de nom, soit dit en passant, pour l'espèce d'assemblage de blocs de bétons qui se cachait sous ce joli titre printanier. Maintenant qu'elle connaissait bien les tuyaux pour bosser à la journée dans le coin, il lui arrivait rarement de devoir dormir dehors comme à ses débuts. Il fallait bien avouer que ces nuits-là n'avaient pas été les meilleures de toute sa vie…
Elle était arrivée ici à la poursuite d'une chimère qu'elle pensait trouver rapidement, au début. Son frère. Elle n'avait jamais compris pourquoi il lui avait faussé compagnie, à elle et à ses parents. Vers ses vingt ans, il avait commencé à se rendre de plus en plus souvent dans le quartier rouge. Pour y travailler, disait-il. Elle, ça la faisait rêver. Vivre dans un quartier avec un peu d'animation, enfin ! Ses parents le regardaient d'un drôle d'air, comme s'ils savaient quelque chose qu'elle ignorait. Toujours était-il qu'un jour comme les autres, il avait complètement arrêté de venir à la maison. Et puis, quelques années plus tard, ça avait commencé à se corser entre elle et le reste de la famille. On lui avait annoncé avec fierté qu'on avait économisé assez pour lui payer l'injection pour des études de commerciale. Alors quand elle avait avoué qu'elle voulait faire du dessin, ça n'était pas trop passé. Elle avait fini. Elle avait continué à bosser avec ses parents dans l'usine de cartonnage, et puis quand elle avait réalisé qu'elle n'aurait jamais assez pour se payer l'injection des techniques de base, elle avait décidé d'aller retrouver son frère. Faute de frère, elle était tombée sur Anna.
La «ruelle», donc, qu'elle avait sélectionné pour rejoindre son domicile du jour était noyée sous une obscurité qui lui laissait à peine distinguer le bout de ses chaussures. Cela lui aurait probablement fait un peu peur à l'époque où elle était arrivée dans le quartier. Aujourd'hui, même si elle n'était Pas bien grande, la majorité des Fauteurs de trouble du quartier savait qu'elle était de celles à qui il ne valait mieux pas chercher des noises. Les proies plus faciles ne manquaient pas, dans le coin, alors on lui fichait une paix royale la plupart du temps.
C'est pour cette exacte raison qu'elle ne s'inquiéta pas outre mesure lorsque les phares d'un camion s'annoncèrent dans cette rue bien trop étroite pour lui. Elle ne commença à étrécir les yeux que lorsque le mastodonte grinçant commença à ralentir pour rouler à sa hauteur. Elle ne parvenait pas à distinguer le visage du conducteur. Elle commençait à carrer les épaules pour se donner une contenance lorsqu'elle sentit une légère morsure sur son bras, venue de dernière. Elle pivota vivement le haut du corps avant de s'apercevoir avec stupeur que le monde entier pivotait avec elle dans un tourbillon psychédélique. En un instant, elle se retrouva la tête dans le goudron noir du sol souillé, les yeux rivés sur son agresseur. Elle eut le temps d'apercevoir un visage masqué de blanc et de sentir qu'on la soulevait de terre avant de perdre tout à fait connaissance. Elle n'entendit pas le moteur qui démarrait en trombe pour l'emmener vers l'inconnu.
***
Une intense lumière éblouit le champ de vision de E. L'air était manifestement revenu dans ses poumons, puisqu'elle était à nouveau en mesure de respirer librement. Ainsi, elle avait été enlevée... Mais pourquoi diable, elle aurait payé cher pour le savoir. Sur ces réflexions, elle se sentit tomber, probablement à travers une ouverture ménagée à cet effet. Elle n'en pouvait plus de toutes ces manipulations qu'on lui faisait subir comme si elle n'était qu'une vulgaire poupée de chiffon. Elle enrageait de se sentir enchaînée, contrainte, modifiée, peut-être, au plus profond d'elle même. Son corps heurta une surface molle et douce qui l'écœura instinctivement. Elle se rendit compte que ses membres étaient enfin libres de leurs mouvements et porta immédiatement les mains à ses yeux. Avait-elle définitivement perdu la vue ? Elle frissonna à cette idée. Elle voulut se frotter les yeux, mais la douleur fusa immédiatement. Elle se laissa tomber à genoux, le souffle court, le corps endolori, en essayant de ne surtout pas penser, pour le moment, à la surface sur laquelle elle se trouvait juchée. Organique, sans aucun doute. Ses pensées ne pourraient-elles se taire, juste pour un instant ? À son grand soulagement, des formes commencèrent à lui apparaître, encore floues et voilées par un étrange filtre bleu, mais des formes tout de même. Son soulagement fut de courte durée. L'espace d'une fraction de secondes, elle en vint même à se dire qu'il aurait peut-être ben été préférable de perdre la vue. Prise d'un haut le corps, E. rendit les nouilles qu'elle avait absorbées quelques heures auparavant. Une onde de douleur traversa aussitôt son corps malmené. Autour d'elle, un charnier grotesque s'étendait à perte de vue. À mi chemin entre la décharge de jouets cassés et le cimetière à ciel ouvert, des centaines de corps affreusement modifiés gisaient sans vie, empilés sur les uns sur les autres, imbriqués dans des poses invraisemblables. Certains avaient perdu des membres, d'autres arboraient des appendices démesurés par rapport au reste de leur corps. Ce spectacle désastreux jurait avec laperfection affichée sur les visages poupins et leur peau de porcelaine sans vie. Tous, sans exception, arboraient dans leur dos dénudé de magnifiques ailes translucides aux reflets irisés. Tremblante de froid et de peur mêlées, E. recula jusqu'à sentir son dos se plaquer contre une paroi métallique. Elle resta là, hébétée, les bras ballants, pendant de longues secondes. Elle fut tirée de son arrêt sur image horrifique par une petite voix à sa droite, fluette.
" Pssst ! Reste pas là, ou tu vas te Faire réparer ! Repérer, pardon. Crois-moi, il vaudrait mieux pour toi te faire réparer que repérer !" Un des corps venait de parler. Elle allait se mettre à hurler de toute la force de ses poumons, mettant de côté toute raison, lorsque le corps en question se redressa d'un mouvement vif et lui plaqua une délicate main diaphane sur la bouche. "J'ai dit : chut ! Maintenant suis-moi" Sans plus réfléchir, E. emboîta le pas de l'inconnue qui l'emmena à travers le labyrinthe morbide des cadavres entremêlés.
Très efficace cette entrée en matière ! Les flash-back sont très bien amenés et permettent d'en savoir très vite plus sur le personnage. Ceci dit, j'avoue que je suis toujours un peu surpris par les prénom abrégé par leur initiale, j'aimerais savoir pourquoi évidemment, mais en même temps ça m'éloigne un peu d'elle pour le moment.
Les scènes sur la chaine de montage sont impressionnante par leur côté implacable, cauchemardesque. Mais elles amène à un enjeu fort et relativement clair à la fin de la scène. Je suis souvent un peu réticent à lire ce qui est trop sombre ou violent mais là j'accroche et j'ai envie de connaitre la suite !
Je vais suivre ça de près.
Refais-tu le Nanowrimo cette année ?
Un chapitre au rythme soutenu. J'ai un peu de mal au début, Mais la suite des évènements bien décrits m'ont permis de comprendre. Ca fait plutôt froid dans le dos pour l'instant. :)
Et bien j'avoue que j'ai eu une bonne surprise, du rythme, des émotions, un univers bien construit que demander de plus.
J'ai commencé à lire car j'étais intriguée par la couverture, et je ne suis pas déçue ! Le rythme est très bien tenu tout du long, je ne comprends pas tout ce qu'il se passe mais tu donnes assez d'éléments pour nous tenir en haleine, le personnage principal est mystérieux pourtant aussi perdu que nous... C'est top ! Il y a quelques formulations de phrases qui, selon moi, pourraient être plus fluides mais rien de très grave.
À bientôt !
Je suis venue pour le côté "néon féérique", quelle ne fut pas ma surprise (et mon plaisir:) en lisant ces scènes de torture !
C'est une super lecture, j'aime beaucoup les images utilisées (c'est très visuel), et l'univers arrive à captiver en quelques détails (entre autres, cette idée d'injections : trop chouette !). Tes descriptions des différentes lumières sont vraiment réussies. Bref, un texte aussi complet et bien écrit et un seul jet : respect !
Bon courage pour le reste de ton challenge (j'ai cru lire que tu en étais au chapitre 17, as-tu réussi à finir?), et bravo pour ce début :)
Pour le challenge, oui, je l'ai terminé, je suis super contente d'avoir pu faire ça :) Par contre je me suis aperçue que l'histoire n'était pas tout à fait finie en 50.000 mots ! Donc je me suis rajoutée un petit challenge de 10.000 mots pour le mois de décembre ^^ J'en suis au chapitre 20 pour le moment. Plus que l'épilogue que j'ai déjà écrit avant d'écrire les scènes finales, j'étais plus inspirée !
Merci encore pour tes retours !
Non je ne trouve pas ça trop trash, ça sonne justement très bien et ça ne perturbe pas du tout la lecture ! C'est d'ailleurs bien amené, les fabricants de jouets à la Gepetto sont toujours un peu flippants, je pense que ces scènes sont nécessaires pour bien capter ton histoire :)
whouaaa bravo pour le challenge ! C'est cool de continuer, et ça en fait plus à lire pour nous ;)
Je reprends ma lecture ce soir !
Je vois que tu fais le nanowrimo. beau challenge, je ne sais pas si tu as réussi à tenir le rythme mais c'est vraiment cool cet évènement !
J'ai beaucoup aimé l'idée d'alterner flashbacks et retour à la réalité (j'utilise le même procédé dans le chapitre que j'écrivais il y a 10 min donc c'est amusant ^^). Ton style est limpide, franchement on ne dirait pas un premier jet, j'imagine que tu t'es pas mal relue.
Au niveau du fond, le titre me faisait imaginer quelque chose de plus gentillet. Bon, c'est pas trop le cas xD Ce n'est pas pour me déplaire.
On en connaît peu sur la narratrice même si tu donnes quelques indices au fur et à mesure, j'imagine que c'est une fée dont on veut utiliser les pouvoirs mais je ne l'aurais pas deviné sans le titre.
Bon je me lance dans la suite....
A très bientôt !
Alors oui, pour l'aspect gentillet on n'y est pas trop effectivement ! Contente que ça te plaise, et tu verras que ton hypothèse n'est pas tout à fait dans le vrai, mais je te laisse découvrir :)
C'est clairement un univers différent du nôtre où les études et aptitudes se font par injection, et j'imagine l'ambiance un peu dans le genre cyberpunk, je ne sais pas trop si j'ai juste ^^
De ce que l'on distingue pour le moment, j'imagine qu'elle va devenir une de ces fées qu'on peut acheter ?
J'ai aussi beaucoup aimé l'intervention de ce nouveau personnage avec son : "Pssst ! Reste pas là, ou tu vas te Faire réparer ! Repérer, pardon. Crois-moi, il vaudrait mieux pour toi te faire réparer que repérer !"