Chapitre Un : Le retour de Florian
- Mais qu’est-ce qu’il fout ? Il a une demi-heure de retard ! Pendant que Monsieur dort sur son siège, nous, on poirote comme des cons ici !
- Calme-toi Lulu ! Tu sais, les avions de nos jours, c’est comme les trains…Aucun respect envers les usagers…
Quatre jeunes personnes patientaient à l’intérieur de l’aéroport de Lyon. La seule fille du groupe dormait à moitié, assise contre le mur. À ses côtés, un jeune homme blond réajustait sa cravate.
- Je me languis de le revoir…soupira la jeune fille.
- Tellement languissante que tu as cassé avec ton mec la semaine dernière…se moqua Lulu.
- T’as tout compris Ludo’ ! Je veux passer le plus de temps possible avec mon meilleur ami !
- T’as rien perdu Clémence, il n’était même pas beau ! Beurk ! J’en ai des frissons rien que d’y penser !
Lulu, Ludo’, Vivi’, tous les surnoms étaient bons pour désigner Ludovic. Grand garçon très dynamique et qui adorait plaisanter, Ludo’ « portait du rose » et il n’avait pas honte. Sa « différence » lui permettait d’être le confident le plus intime de Clémence, qu’il écoutait toujours avec compréhension et grand respect. Clémence était une jeune fille adorable, toujours appréciée des personnes qu’elle croisait dans sa vie. Ses liens avec les autres membres du groupe étaient très serrés et elle savait se montrer solidaire et réconfortante.
Le jeune homme à la cravate jeta quelques coups d’œil à sa montre.
- De toutes façons, dit-il, il ne doit pas être pressé d’arriver… S’il avait pu louper l’avion, il l’aurait très certainement fait !
- Baptiste a raison. Florian ne doit pas avoir envie de revoir sa mère, approuva le troisième jeune homme, prénommé Sébastien.
Baptiste et Sébastien étaient deux frères presque identiques. Ils naquirent la même année, à onze mois d’écart. Ainsi, l’un était né en janvier 1988, alors que le second avait vu le jour en décembre. Leurs parents avaient donc eu la grande charge de s’occuper de deux petits montres du même âge à la fois. Ils n’étaient donc pas jumeaux, mais ils se ressemblaient tellement que plusieurs éléments permettaient de les distinguer l’un de l’autre. L’un était blond alors que l’autre était brun. Baptiste portait toujours une cravate, négligemment attachée autour de son cou, et qu’il changeait quotidiennement. Il avait toujours été, avec Ludovic, un grand fan de mode, et pensait que la cravate donnait un air « chic ». Si Ludo’ avait des cheveux courts et bouclés, Baptiste aimait renverser un pot de gel entier chaque matin sur sa tignasse « pour la faire tenir debout ». Contrairement à lui, son frère Sébastien n’était pas abonné aux cravates, mais aux chemises. Un jour, de passage dans sa chambre, Clémence avait farfouillé dans son armoire et déniché une vingtaine de chemises différentes. Enfin, Séb’ gardaiy ses cheveux mi-longs, qu’il qualifiait souvent de « cool ». Mais Florian n’était pas comme ça. Florian se plaît à être négligé. Florian aime la solitude tout autant que ses amis. Florian était quelqu’un de paradoxal à lui tout seul.
- Tiens, c’est pas lui là-bas ? demanda Ludovic en plissant les yeux.
- Peut-être…
- Si, c’est lui ! Je reconnais sa démarche ! s’exclama Clémence.
Elle se leva et couru se jeter au cou d’un jeune homme décomposé qui traînait des pieds tout comme ses bagages.
- Clémence ! s'écria Florian d’une voix étouffée.
Elle ne le lâchait plus. Le jeune homme s’avança lentement et difficilement vers ses autres amis, un sac de patates accroché à lui et ses attirails dans les deux mains. Une fois devant eux, il laissa tomber son sac et sa valise, et tendit sa poigne à chaque adolescents.
- Alors, vieux, ça va comme tu veux ? demanda Ludovic.
Florian ne répondit pas.
- Il ne peut pas répondre, examina Sébastien.
- Je crois qu’il a les cheveux de Clémence dans la bouche, continua Baptiste.
- Clém’, je sais que tu ne l’as pas vu depuis quatre ans, mais tu pourrais lâcher quelques secondes notre pauvre ami détruit de l’intérieur et de l’extérieur ?
- Non, répondit l’intéressée.
Florian prit les mains de la jeune fille et la décolla de lui. Aussitôt, elle le rattrapa par la taille et resserra sa prise.
- Ah c’est mieux, souffla le jeune homme. Non, ça va pas. J’ai pas envie de revoir la vieille vache. Putain, si je pouvais repartir ! Venez les gars, on se casse en Polynésie !
- J’en étais sûr ! hurla Baptiste.
- Il n’a pas changé ! compléta son frère.
- Non, c’est toujours le même ! soupira Ludovic. Dis-moi Flo’, tu sais que c’est parce que tu n’as pas été gentil avec « la vieille vache » qu’elle t’a fait exiler en Angleterre pendant quatre ans ?
- Je sais. Mais j’ai ma revanche. Attendez.
Florian repoussa doucement Clémence qui avait commencé à le tripoter un peu partout. Il souleva son sac et entama sa fouille.
- Qu’est-ce que tu fais ? Tu ne vas quand même pas déballer tes affaires ici ?!
- Je dois vous montrer quelque chose…répondit distraitement le jeune homme.
Il sortit un grand bloc-note abîmé et le feuilleta.
- Alors, c’est pas ça…non plus…non plus…aucun rapport…ça, c’est à jeter…c’est pas ça non plus…
- Il me fait peur…depuis quand il parle tout seul ? s’effraya Sébastien.
- Ça, c’est pour plus tard…ça, merde, qu’est-ce que c’est déjà ? Ah oui…ça, faudrait que je le corrige… ça, c’est à traduire… Ah voilà !
Florian tourna le bloc-note devant ses amis. Ces derniers, curieux, s’approchèrent pour observer la page gribouillée…
- Mais c’est quoi ça ? hurla Baptiste qui, pour le moment, ne pouvait s’exprimer qu’en hurlant.
- Je comprends rien ! se lamenta Clémence, les mains sur la tête.
- Et Flo’, tu n’aurais pas oublié que nous sommes nazes en anglais ?
- Bande d’ignares, c’est une chanson ! Enfin, un texte qu’il faut mettre en musique… Merde, y’a une faute !
Florian sortit un stylo bic usé de sa poche et corrigea tant bien que mal sa phrase écrite, le cahier appuyé contre le dos de Ludovic.
- Il a perdu la boule ! gémit la jeune fille.
- Mais non chérie, c’est juste que, quand je foutais pas le bordel dans mon école, j’essayais de m’occuper, riposta l’intéressé.
- En voilà une bonne chose ! Foutre le bordel !
- Attends Lulu’, tu me vois, moi, porter un uniforme 24/24h dans une école de tarés ? Non, ben alors, c’était normal que je foute le bordel ! Purer, je te jure, les uniformes, c’était horrible !
- Un uniforme ? Mais c’est dépassé ! s’exclama Baptiste, toujours horrifié.
- Et c’est même plus à la mode ! enrichit Ludo’.
- Sauf les mini-jupes qu’ils font pour les filles, et les cravates bien sûr…
- Et au fait, les Anglaises, elles étaient comment ? demanda Sébastien, curieux comme tout.
- Bof.
- Comment ça « bof » ?! Allez, on veut des détails !
- Des détails, des détails ! répéta Baptiste.
Clémence et Ludovic, que la conversation n’intéressait guère, se mirent à contempler les pigeons à travers la fenêtre de l’aéroport.
- Vous voulez des détails ? s’étonna Florian. Mais y’a rien à dire ! Ça ne tient qu’à cinq mots : moches, idiotes, chipies, ennuyantes et bonnes à rien!
- C’est tout ? demandèrent les deux frères. Arrête, on a notre cousin qui est allé en Angleterre, et il s’est éclaté avec les Anglaises.
- Chacun ses goûts ! Moi, les Anglaises, je ne veux plus les toucher !
- Bon, on peut parler d’autre chose, s’il vous plait ? supplia Ludovic. C’est pas pour moi, je m’en tamponne, mais c’est parce que Clémence est sur les nerfs.
Baptiste, Sébastien et Florian regardèrent Clémence.
- Quoi ? s’exclama-t-elle, énervée.
- Bah alors Clém’, t’es jalouse ? demanda Baptiste, d’un air narquois.
- Non, pas du tout. C’est juste que le sujet de la conversation ne me plaît pas du tout !
- Après tout, rajouta Sébastien, c’est bien toi qui -je cite- as plaqué ton mec la semaine dernière pour pouvoir passé plus de temps avec ton meilleur ami…
- Exactement, approuva la jeune fille.
- Quoi ? Attendez, j’ai loupé plusieurs épisodes là ! Quel mec ? Clémence n’est quand même pas sortie avec des mecs pendant que j’étais absent ?!
- Crois-moi, elle s’est pas gênée ! plaisanta Ludovic.
- Mais de quel droit…Clémence, reviens-ici, j’ai deux mots à te dire !
Il se lança à la poursuite de la brunette, qui avait senti le bois se chauffer et avait préféré s’éclipser avant l’incendie. Leur course fit le tour de trois bancs en fer au milieu de la salle d’attente et s’acheva contre une poubelle en plastique. Florian donna deux petites tapes sur le crâne de Clémence, et celle-ci tira de toutes ses forces sur le T-shirt de son agresseur.
- Ah non, mais regardez-les ces deux là…soupira Sébastien.
Florian et Clémence retournèrent vers leurs amis, essoufflés, souriants et serrés l’un contre l’autre. La jeune fille s’était remise à le tripoter.
- Tu as trop changé ! s’exclama-t-elle, en tournant son visage vers elle.
Baptiste, Sébastien et Ludovic pouffaient entre eux. Clémence les regarda d’un air étonné, et ne sembla pas comprendre leur hilarité.
- Non, mais tu sais Clémence, en quatre ans, il est normal qu’on change beaucoup. Surtout quand on est adolescent.
- Regarde, approuva Baptiste, Florian a pris au moins dix centimètres depuis la dernière fois qu’on l’a vu !
- Et toi, reprit Sébastien à l’adresse de la jeune fille, toi aussi tu as changé. Au collège, tu étais plate comme une planche à pain, et maintenant…bah maintenant, voilà quoi…
Florian observa Clémence sous toutes les coutures avec de grands yeux ronds.
- Ah oui, c’est vrai…admit-il bêtement. J’avais pas du tout remarqué… Incroyable comme tu as changé en quatre ans Clém’…Et tes cheveux sont très longs maintenant…
Il scruta les cheveux bruns de la jeune fille qui arrivaient jusqu’à ses hanches. Puis il leva la tête vers Sébastien et continua, de son air toujours hébété :
- T’as raison…Elle est plus la même qu’avant !
- Bon, ça va, oui ! Je ne suis pas un objet ! Et arrêtez de me regarder comme ça !
- Oui, c’est vrai ça, continua Florian, arrêtez de la regarder comme ça, c’est pas un œuf en chocolat ! Maintenant que je suis de retour, c’est fini la rigolade !
- Dis-donc, Flo’…commença Ludovic.
- Quoi encore ?
- Tu n’as pas froid ?
Tous les regards se tournèrent vers le T-shirt sombre de Florian. Ludovic portait un pull rouge moulant, Clémence une petite veste par-dessus son petit haut blanc, Sébastien une chemise sous son blouson en jean, et Baptiste un long sweat décoré d’une cravate bleue. Seul Florian était habillé comme en fin de printemps.
- Non, je meurs de chaud.
- On est en mars, précisa Clémence.
- Et alors ? Comparé à l’Angleterre, ici c’est les tropiques !
- Mais tu vas attraper froid ! s’exclama-t-elle.
Et très vite, elle enlaça Florian et frotta frénétiquement ses bras nus. Le jeune homme se laissa dorloter par la jeune fille. Puis, une voix le ramena à la réalité, oubliant toute douceur.
- Florian !
Les cinq adolescents se retournèrent. Une femme blonde d’une quarantaine d’année s’avança rapidement dans leur direction. Florian soupira.
- Quoi ? demanda-t-il de mauvaise humeur.
- Tu pourrais au moins avoir la décence de me dire bonjour, répliqua-t-elle fermement.
- Mouais.
- Je te rappelle que je suis ta mère.
- Je préfèrerais mille fois être orphelin.
La réplique résonna dans les oreilles de la mère, qui resta forte et nia ce que son propre fils venait de lui dire.
- Allez, viens. On y va.
- Je suis majeur, tu n’as pas à me donner d’ordres. Et si j’ai envie d’aller dormir chez Clémence, hein ?
- Florian, souffla la jeune fille, pas ce soir !
- Mais ça fait longtemps !
- Pas ce soir !
Le jeune homme dû renoncer et donc, suivre sa mère. Ses amis lui firent des signes d’encouragement et le quittèrent à grand regret.
- Courage vieux ! lui lança Sébastien en partant. On se voit au bahut !
Florian et sa mère étaient dans la voiture. Sur la banquette arrière, les bagages du jeune homme s’encombraient les uns sur les autres. Il gardait son stylo et son bloc-note précieusement sur ses genoux et pliait nerveusement les coins des pages. Un silence pesant régnait dans la voiture.
- Tu as fait bon voyage ? demanda la mère.
- Ouais.
Le silence revint. Après plusieurs minutes, Florian reprit :
- Tu as vraiment été dégueulasse de m’avoir séparé de mes amis durant quatre ans.
- Tu n’avais qu’à pas me manquer de respect.
- Du respect ? Et toi, tu me respectes ?
- Florian…
- Quoi « Florian » ?! J’en ai ras le cul ! Depuis que Papa nous a lâché, tu te fiches complètement de ce que je deviens ! Depuis le début, c’est « Florian » qui se prend toutes les corvées du père absent : « Florian, répare le WC », « Florian, fait la vaisselle, « Florian, monte le meuble », « Florian, range le garage », « Florian, fait attention aux carrelages, tu ne vois pas que tu l’as lavé il y’a deux heures, et qu’il est déjà sale ?! ». Tu veux que je te dise ? « Florian », il en a marre ! « Florian », il a une vie ! « Florian » il va te montrer ce qu’il sait faire, et ce qu’il veut devenir ! Comprend-moi merde, je ne suis pas ton boy ! Tu m’as toujours vu comme un minable, un arrogant qui se fiche de tout ! Tu veux que je te dise ? Tu ne vois ça juste quand je me plains de toi ! C’est vrai, je deviens minable quand je suis avec toi ! C’est vrai, je suis obligé d’être arrogant avec toi quand je veux me révolter contre ce que tu me dis de faire ! Et là, je deviens encore plus minable, quand je vois que je suis obligé de te suivre à la maison, alors que je pourrais refuser et me casser ailleurs !
Il se tut. Il ouvrit rageusement son bloc-note et gribouilla quelque chose à l’intérieur. Sa mère resta impassible après le discours de son fils. Ses yeux étaient rivés sur la route et elle ne daignait les poser sur le bloc-note de Florian.
- Mes amis, c’était tout ce qu’il me restait à l’époque. Clém’, Bas, Séb, et Ludo’. Tu le savais. Et tu as voulu me faire souffrir. Tu as réussi, une fois de plus. Tu ne sais pas combien j’ai eu mal quand tu m’as dit que je partais en Angleterre. Déjà, je me sentais pas bien à cause de Clémence, et toi, tu as enfoncé le clou, comme d’habitude. Clémence, elle comptait beaucoup pour moi, et toi, tu as empiré les choses. Tu m’as séparé d’elle pendant tout ce temps. Et des autres. Et ça, je ne te le pardonnerai jamais.
Florian reprit sa respiration. Il scruta la façade de l’appartement où vivait sa mère et dont ils se rapprochaient à grande vitesse. Une fois qu’ils arrivèrent à destination, le jeune rebelle empocha ses bagages et monta rapidement dans sa chambre, sans un mot. Il ne prit pas la peine de défaire ses sacs et valises et alluma sa vieille chaîne hi-fi. Il éleva le son à fond et une musique rock fit trembler aussitôt les murs. Florian sauta à plat ventre sur son lit, son bloc-note à la main et son stylo à la bouche.
- Je n’ai rien fait pour nous. Non, ça ne va pas du tout. Ce serait peut-être…j’ai besoin de toi. Peut-être. Mais pas ici. Je sais l’image que tu as, ce que tu gardes de moi. Tu peux pas savoir à quel point ça me rend fou…
Il s’arrêta un instant, puis se mit à écrire sa pensée sur son bloc-note. Son bloc-note. Baptiste, Sébastien, Clémence et Ludovic ne savaient pas encore ce qui été écrit sur ces pages noircies par le stylo de Florian. Lorsqu’il fut parti en Angleterre, le jeune homme s’était mis à écrire. Il n’écrivait pas des histoires, mais des chansons. Des chansons toutes écrites dans un anglais parfait. Hélas, il savait bien que ses amis n’apprécieraient pas de composer des musiques pour des textes anglais. C’est pour cette raison qu’il essaya, ce soir-là, d’écrire en français. Sujet d’actualité évoqué : sa mère. Demain, il retrouverait ses amis au lycée, et leur ferait part de son projet. Peut-être qu’à eux cinq, ils pourraient construire quelque chose de bien. Sûrement même, puisque, ensemble, ils savaient se compléter.
Alors qu’il griffonnait tranquillement dans sa chambre, sa mère préparait la cuisine en rouspétant contre la musique de son fils qui résonnait dans tout l’appartement.
- P’pa ! M’man ! Flo’ est revenu !
Clémence débarqua dans le salon en hurlant mais personne ne l’entendit. La raison ? La musique ! Son père était occupé à jouer de la trompette, et lorsqu’il jouait, il n’avait plus conscience de ce qui l’entourait.
- Papa ! Arrête ça deux minutes ! s’écria-t-elle en bougeant les bras dans tous les sens. C’est assourdissant !
Le père obéit, contrarié d’avoir été interrompue dans sa symphonie.
- Quoi ? demanda-t-il de mauvaise humeur.
- Florian est revenu ! s’exclama Clémence en s’asseyant sur le siège du piano.
- Qui ça ?
- Mais Florian ! Tu sais, mon copain !
- Ton petit ami ?
- Mais non ! Florian ! Le Flo’ avec qui j’étais au collège !
- Ah oui, le petit Florian ! se rappela la mère qui venait tout juste de rentrer dans le salon avec des cordes à la main.
- Euh…petit, petit…Petit pas trop quand même, bafouilla Clémence, au point de mélanger les mots. Il fait une tête et demi de plus que moi, maintenant ! Il a super grandi ! Hallucinant !
- Il va bien ?
- Je pense. Bah, il revient demain au lycée, on pourra se retrouver pour de bon et tout ! Ça sera comme avant !
Les deux parents se regardèrent et conclurent d’un même avis que leur fille unique était devenue complètement folle. Clémence n’y prêta pas attention, et pivota vers les touches de son piano. Elle y fit glisser ses doigts et des notes douces sortirent de l’instrument, mettant ainsi ses pensées en musique.
- Bon, P’pa, décida-t-elle brusquement en sortant de sa rêverie. On se fait un p’tit duo ? Je me sens bien partante pour un jazz là !
- On est rentré !
- Et Flo’ aussi !
Baptiste et Sébastien, n’entendant aucune réponse, se turent et écoutèrent. Leurs parents étaient encore en train de se disputer dans le salon, comme à leur habitude. Voilà plus d’un an que cela se produisait sans cesse, et c’était les deux adolescents qui, à chaque fois, en subissaient les frais.
- C’est pas vrai ! s’exclama Baptiste. Ils ne sont pas encore en train de se gueuler dessus quand même ?
- J’espère qu’on ne sera plus là quand ils décideront de divorcer !
- Bon, puisqu’ils ne semblent pas nous écouter, je te propose de…
- D’aller faire du bruit ? proposa Sébastien.
- Absolument. C’est le meilleur parti à prendre, vu qu’on se fout bien de notre gueule dans cette baraque !
- Pffou, j’vous jure les parents, c’est la galère de nos jours !
Les deux frères sortirent silencieusement de leur maison et s’engouffrèrent dans le jardin. Sébastien sortit un trousseau de clé de sa poche et ouvrit la porte du cabanon. Ils y entrèrent tous les deux, et refermèrent la porte derrière eux. Quelques instants plus tard, une tonalité très puissante couvrit entièrement les disputes de leurs parents.
- Flo’, je t’en prie, ne fait pas de conneries…
Chaque soir, Ludovic méditait, assis en tailleur sur son lit. Ses réflexions pouvaient porter sur des questions d’actualité, sur la vie en général, sur ses amis ou tout simplement sur le jugement que les autres lui portaient. Ce soir-là, Florian occupait la totalité de son esprit. Il connaissait très bien le jeune homme et savait plus que tout qu’il ne se laisserait pas mener le bout du nez par sa mère.
- Pas de conneries. Tu restes calme. Tu souffles. Tu respires. Tu téléphones à Clémence en cas de besoin. Tu penses à nous. Tu écoutes du hard-rock, voire du métal (en cas de situation d’urgence) s’il le faut pour te défouler. Mais surtout, ne frappe pas contre le mur, ne crie pas sur ta mère. On ne veut pas encore te perdre de vue pendant quatre ans…Bref, fait pas de conneries, c’est pas le moment.
Puis, l’instinct de Ludovic lui fit penser que Florian avait peut-être besoin de lui en ce moment même. Et il connaissait l’unique moyen de lui apporter du soutien à distance. Il quitta donc la position du lotus et enfila une veste avant de partir en courant.
- Ludo’, tu vas où ? demanda son père.
- Chez Séb et Baptiste !
En effet, les trois amis habitaient assez prés les uns des autres. Ludovic dévala la rue en pente et tourna à droite, au virage. Il passa en courant devant l’ancienne maison de Saint-Exupéry et s’arrêta quelques instants après devant une autre petite maison. Il ouvrit le portail et s’enfonça dans le jardin, sans même sonner à la porte. Un son fracassant enivrait l’air. Ludovic se surprit à sourire, et sachant très bien qu’il était inutile de frapper à la porte du cabanon, ouvrit celle-ci et pénétra à l’intérieur.
- Ah Lulu’ ! Tu tombes à pic ! s’écria la voix de Baptiste.
- Ouais, on se disait bien qu’il nous manquait quelque chose ! Prends tes boules Quiès et tes baguettes, on repart !
- Florian, viens manger !
La mère du jeune homme se tenait à l’encadrement de la porte. Suite au volume de la chaîne hi-fi, Florian ne l’entendit pas directement, mais lorsqu’il sentit une présence au-dessus son épaule et qui épiait ce qu’il écrivait, il se retourna brusquement pour faire face à sa mère.
- Quoi ? cracha-t-il.
- À table.
- Ouais, ouais, j’arrive.
Il attendit que sa mère sorte de sa chambre pour pouvoir ranger tranquillement son bloc-note. Il était fatigué, mais content ce soir. Content d’avoir bien avancé dans ses textes. Il coupa la musique et le calme retomba aussitôt. Il scruta le crépis blanc, puis une photo de ses amis épinglée au mur.
- Welcome to my life…soupira-t-il en sortant de sa chambre pour rejoindre sa mère.
Do you ever feel like breaking down? Do you ever feel out of place? Like somehow you just don't belong And no one understands you Do you ever wanna run away? Do you lock yourself in your room? With the radio on turned up so loud That no one hears you screaming No you don't know what it's like When nothing feels all right You don't know what it's like To be like me To be hurt To feel lost To be left out in the dark To be kicked when you're down To feel like you've been pushed around To be on the edge of breaking down And no one's there to save you No you don't know what it's like Welcome to my life Do you wanna be somebody else? Are you sick of feeling so left out? Are you desperate to find something more? Before your life is over Are you stuck inside a world you hate? Are you sick of everyone around? With their big fake smiles and stupid lies While deep inside you're bleeding No you don't know what it's like When nothing feels all right You don't know what it's like To be like me To be hurt To feel lost To be left out in the dark To be kicked when you're down To feel like you've been pushed around To be on the edge of breaking down And no one's there to save you No you don't know what it's like Welcome to my life No one ever lied straight to your face No one ever stabbed you in the back You might think I'm happy but I'm not gonna be okay Everybody always gave you what you wanted Never had to work it was always there You don't know what it's like, what it's like To be hurt To feel lost To be left out in the dark To be kicked when you're down To feel like you've been pushed around To be on the edge of breaking down And no one's there to save you No you don't know what it's like (what it's like) To be hurt To feel lost To be left out in the dark To be kicked when you're down To feel like you've been pushed around To be on the edge of breaking down And no one's there to save you No you don't know what it's like Welcome to my life Welcome to my life Welcome to my life
Je suis sûr qu'ils iront loin. ^^
Roh, je sais plus quoi dire ! ^__^
Merci ! Bichoux !