« Hé toi, le gros plein d'poils ! T'as pas vu que cette caverne était d'jà prise ? »
Hazel ne réagit pas. Son corps épuisé ne lui permettait aucun mouvement. Des gouttelettes glissaient le long de son pelage, formant une auréole humide autour de lui. Un frisson le parcourut. Non, décidément, il n'avait plus la force de faire le moindre geste.
« Oh ! J'te parle ! » dit à nouveau la voix aigrelette.
Hazel se fit violence et ouvrit les yeux. Ne pouvait-il pas dormir ou même seulement s'assoupir ? Il garda le silence et tenta en vain de se redresser.
« Qu'on soit bien d'accord. J'étais là le premier. Dommage que j'ai pas mon nécessaire d'écriture sous la main, sinon, j'aurais mis une pancarte : OCCUPÉ, INTERDIT À TOUS ÊTRES POILUS, CHEVELUS, PLUMÉS OU À ÉCAILLES. La nuit va bientôt tomber, alors tu vas prendre tes poils reluisant de pluie et tu les emmènes se sécher ailleurs. Allez oust ! Du balai !
- Où sommes-nous ? questionna Hazel faiblement.
- Comment ça, nianiania, où sommes-nous, nianiania ? Nom d'un champignon gelé ! T'as pas compris ? Je ne suis pas là pour faire la causette, moi. Le bureau des plaintes, c'est pas ici. Vas voir là-bas si j'y suis ! »
Hazel puisa dans ses ultimes ressources et s'assit péniblement. La mare d'eau autour de lui s'était agrandie de manière considérable.
« Eh voilà, en plus t'as tout trempé !
- Pardon, s'excusa Hazel, c'est que... je suis si fatigué. Il me fallait un endroit où me reposer un peu.
- Oui, et bien pas...
- Ça va, j'ai compris. Je pars, dit-il penaud. »
Sur ces derniers mots, le jeune ours se leva, finissant de disséminer sur le sol le reste d'eau collé à ses poils. Les pattes tremblantes, il s’avança à pas lents vers la sortie. À peine fut-il dehors qu'il s'effondra. Il n'irait pas plus loin aujourd'hui. Depuis deux jours il marchait sans relâche, sans dormir ni prendre le temps de manger, sa carcasse ne lui répondait plus. Il avait besoin de récupérer de l'énergie avant de continuer son chemin. Le petit homme ne lui avait d'ailleurs pas interdit d'aller devant la grotte, il devra s'en contenter. Tant pis, le froid lui chatouillerait les pattes mais c'était un maigre mal comparé au reste.
« Non mais je rêve ! » entendit-il râler dernière son dos.
Il n'y prêta aucune attention, n'accordant aucun importance à ce que ce personnage désagréable pourrait bien dire. De toute façon, il n'en entendit pas plus, le sommeil était à sa porte et il le laissa rentrer en lui, se libérant ainsi du lourd poids de ses soucis pour quelques heures.
*
Ce fut à l'aube qu'Hazel se réveilla. Le froid avait fini par le gagner jusqu'au plus profond. Il mit une ou deux minutes à se rappeler ce qu'il faisait là, à l'entrée du gîte et non dedans comme il l'avait pensé en le voyant. En jetant un coup d'oeil rapide, il vit un tas de feuille se soulever au rythme d'une respiration. Ah oui, le lutin ! Il se secoua les poils et se leva. Un bon petit déjeuner s'imposait. Et peut-être même du feu, histoire de réchauffer son museau gelé.
Le foyer crépitait joyeusement quand le petit homme sortit de ses songes. L'accueil n'en fut pas moins glacial.
« Quoi ? Encore là toi ? D'accord t'avais l'air crevé hier, passe encore que t'aies dormi devant cette fichue caverne. T'aurais au moins pu avoir la présence d'esprit de déguerpir !
- Bonjour, bien dormi ?
- Oui, ça va, mais j'ai eu un peu froid aux fess... non ! Que dis-je ? Vas-t'en ! Laisse-moi tranquille.
- Oh oui, plutôt bien. Merci de poser la question. J'aurai certainement mieux dormi à l'intérieur, mais ce sommeil m'a remis d'aplomb. Avez-vous faim ? Voici des baies.
- Ah mais tu crois faire le malin ! Je t'arrête de suite, dit-il en se levant. »
Il frotta ses vêtements afin d'en décoller les derniers morceaux de feuilles et enfila son bonnet rageusement.
« Au fait, je m'appelle Hazel, continua l'ours comme si de rien n'était. Et vous devriez manger ces baies, elles sont fameuses fraîchement récoltées.
- Non, très peu pour moi. Et puis, de toute façon, je m'en vais. Puisque t'as décidé de me coller aux basques, je m'en vais. T'as gagné !
- Où allez-vous ?
- Je vais chercher... En quoi ça t'regarde d'abord ?
- Moi aussi, je m'en vais. On peut peut-être prendre la même direction ? dit Hazel en recouvrant le feu de terre pour l'éteindre. Et puis, vous pourrez peut-être me dire enfin où nous nous trouvons ? »
J'aime bien ta façon d'écrire les dialogues. Hazel reprend peu à peu l'ascendant à force de patience, il est admirable face à un interlocuteur aussi colérique.
Apparemment tu destines cette histoire a un public jeune, je vais essayer d'en prendre compte pour ma lecture. Pour l'instant ça ne me gêne pas du tout, la lecture est très fluide et agréable.
Petite remarque :
"il devra s'en contenter." -> devrait
A très vite !
J'aime beaucoup cette intro ! Alors évidemment, vu sa petitesse, c'est un peu dur de se faire une idée générale très précise mais, en tout cas, j'apprécie beaucoup ton style maîtrisé et dynamique, et le ton humoristique des personnages ! J'ai définitivement envie d'en apprendre plus sur Hazel et le lutin :-)
Tu comptes publier la suite au fur et à mesure de tes avancées ?
En attendant, bon courage pour le Nano !
Linė
Merci d'être passée ici ! :)
Oui, c'est court, très court. J'espère que tu ne seras pas déçue du voyage et merci en tous cas pour ces encouragements.
Je vais tenter de publier au fur et à mesure... si j'y arrive ! ;) J'ai rédigé une partie de ch. 2, mais il faut déjà que je le reprenne. Il arrive aujourd'hui ou demain, c'est selon.
à très vite
MLdlG