Chapitre 1 : Train

Par Malodcr
Notes de l’auteur : Edit : réécriture du chapitre 1 le 01.01.2025

En premier lieu, merci de lire cette histoire, elle a subi mes nombreuses pauses, mon syndrome de la page blanche et les doutes incessants.
Ensuite, ce que l'histoire retranscrit n'est pas scientifique ou médicinal, c'est un propre ressenti, des expériences, un vécu et un besoin d'exprimer tout ceci. Si vous vous sentez mal, parlez-en !

Enfin, n'hésitez pas à commenter cette histoire, je prendrai à cœur de vous répondre :)

La pluie ne cessait pas de tomber depuis sept heure du matin , cette pluie désagréable  celle ni trop forte pour nous empêcher de sortir mais pas assez faible pour pouvoir rester longtemps dehors.
Pourtant, à la gare TER d'une petite ville, une jeune fille était debout au bord du quai, les pieds juste à la limite. Pendant que tous les autres s'étaient réfugiés sous le misérable abris, elle, elle ne bougeait pas. Trempée jusqu'à l'os, ses cheveux châtains avaient virés au brun total et son sweat bleu  marin ne devait même plus pouvoir la protéger mais peut être était-ce le but car la capuche n'était pas relevée sur sa tête. Et ses yeux marrons étaient vides, lointains et l'on venait à se demander si c'était la pluie ou des larmes qui ruisselaient sur ses joues pâles. Malgré sa situation personne ne semblait l'avoir remarqué, ne serait-ce que pour l'aider. Ou bien l'avaient-ils vus mais ils s'en fichaient royalement.

Peu importe, elle y était habituée. Cette invisibilité.

Pour autant, elle était observée, quelqu'un l'avait vu et la surveillait, quelqu’un qui ressentait un pressentiment persistant.

Cinq minutes passèrent de nouveau sans qu'elle n'eut bouger et le train venait d'apparaître au loin, d’abord le son et immédiatement après, sa forme se distingua. Tout de suite, il y eu un mouvement de foule mais sans que l'un d'entre eux n'aille affronter l'averse qui continuait à faire rage. La jeune fille leva la tête vers le ciel gris, quelques gouttes s'abattirent de nouveau sur elle, on voyait un peu mieux ses yeux, ils étaient tellement éteints mais si rouge en même temps, la douleur qu'elle devait traverser l'a rendait sans doute inconsciente. Elle respira profondément, sans percevoir le regard de l'étrange voyageur. Puis elle tourna sa tête vers le train, des mèches mouillées tombèrent sur son visage lui obstruant la vue, elle ne prit même pas la peine de les remettre en place comme si rien n'avait plus d'importance.

Elle, elle savait que ce train n'était pas celui que les voyageurs attendaient. Il ne s'arrêterait pas. Il ne ralentirait pas. C’était un train de passage.

Pas d'affaires, pas de téléphone, pas de mouvement.

Il ne restait plus que quelques mètres au train pour combler la distance, sa vitesse restait la même. Quelques voyageurs sortirent, espérant naïvement que ce soit le TER 4, obnubilés par leur transport, ils l’ignoraient.

Sans doute une bonne chose.Personne ne culpabilisera.

Pas un instant l’hésitation la gagna, son pied entama un mouvement vers l'avant, juste devant le train, diverses pensées essayer de se frayer un chemin mais seul le mot "enfin" prédominait, la joie de savoir qu'on ne souffrira plus, que vivre de cette manière ne sera plus un supplice.

Ce ne sera pas long.

C’est alors qu'elle sentit son corps se balancer vers l'avant, juste devant le train.

— Non !

Quelqu’un hurla durant un millième de seconde sans plus mais pendant cette millieseconde, avant de finir ce qu'elle devait faire, on la tira en arrière et le train frôla de peu son pied. 

Le souffle coupé, plaquée contre le corps de la personne qui venait de lui sauver la vie.

— Qu...Qu'est ce que vous avez fait ? la voix semblait se cognait contre ses cordes vocales, indistincte.

— Je, je sais pas ? J’ai juste agis, je ne… Je voulais vous...te rattraper.

La gare s'était plongée dans un silence pesant, tout le monde observait la scène, les commères sortaient leur tête de partout.
Il se releva en emmenant dans son élan la jeune fille, elle parut rachitique dans les bras du jeune homme qui la retenait. À peine debout, elle s'effondra au sol et le garçon suivit le mouvement.

— Qui vous a dit que je voulais être sauvée ? elle lui adressa ce murmure au creux de l’oreille.

Elle essaya de le repousser, de sortir de ses bras qui la serrait, il ne pouvait la lâcher il se l'interdisait et les yeux de l'adolescente tombèrent dans les siens

— L'instinct.

Cette réponse lui parut évidente, et c’était la pure vérité.
La foule s'agglutinait autour d'eux tels des visiteurs au zoo.

— Mademoiselle ! Vous allez bien ?

Le conducteur du train accourrait vers les deux personnes à terre. Il avait stoppé le train juste après sans vraiment que personne ne s’en rendent compte. Il redoutait probablement d'avoir percuté quelqu'un.

— Elle va bien, il l’a regarda de nouveau mais elle avait enfoui la tête dans son torse, je crois qu'elle est sonnée de...D'avoir glissé.

Même à lui, ce mensonge lui sonnait faux, mais personne ne le reprit, voulant au plus profond d'eux, ne jamais être mêlés à cette histoire.

— Je peux faire quelque chose ? insista le conducteur.

— Non. Amenez vos voyageurs à bon port, moi je m'occupe d'elle. Il pleut alors dépêchez vous, sachant que le prochain train ne devrait pas tarder, à moins que vous n’ayez pris le temps d’avertir toute la ligne, je ne sais pas si votre service pourra continuer si deux trains se rentrent dedans.

Il déposa un regard calme sur cette tête cachée dans sa veste au cœur de son torse.

— Je..., commença le conducteur.

— Partez.

Le ton employé fut si autoritaire que toute la foule y réagit, résignés à retourner sous leur abris bus, envoyer un message à leurs amis sur la situation qu'ils venaient de vivre et oublier cette fille complètement malade. Bien heureux de ne pas s’impliquer davantage.

La fille et le garçon restèrent encore quelques minutes sous la pluie comme incapable de bouger

— Pourquoi ? Pourquoi vous avez fait ça ? elle releva sa tête, Je..Je ne veux plus vivre.

Malgré sa voix étouffée qui apporta un effet de détresse ultime, elle réussit à suffisamment élever la voix pour qu'il comprenne tout le mal qu'il avait fait en voulant l'aider.

— La vie ne vaut pas la peine d'être vécue à ce point ?

— Je ne...ne peux...Je ne veux…, elle ne finit pas sa phrase.

Le jeune homme resserra son étreinte, la pluie redoublait d’intensité à mesure que les minutes passaient. Le garçon avait fini par être trempé mais c'est comme si il ne le réalisait pas, tout ce qui semblait l'importer était tout simplement l'état de la personne dans ses bras.

— Où habites-tu ?

— Pourquoi vous… ?

— Pourquoi je t'aide ? Il abandonna le vouvoiement, espérant qu’elle soit plus à l’aise.

Elle fit un léger un mouvement de tête signifiant un acquiescement.

— Car je pense que tout le monde doit découvrir la vie comme il le faut, que même les jours de pluie peuvent être heureux.

— Quand bien même je vous dis où j'habite je ne sais même plus où sont mes clés alors laissez moi là, ça arrangera tout le monde et surtout moi.

Il agrippa son bras et la releva et la fit se retourner pour qu'elle lui fasse face. Ses yeux montraient toute la souffrance, elle semblait morte, l'ombre d'elle même, l'ombre du passé. Il ne la lâcherait pas, elle devait rester debout.

— J'ai dis que je te ramènerai chez toi alors je le ferai.

Il la maintint d’un bras juste le temps d'enlever sa propre veste et la lui posa sur les épaules, certes elle était imbibée d’eau mais la chaleur qu’il avait transmis dedans la rendait utile.

— Pourquoi ? murmura-t-elle, mais il semblait lui être proprement destiné.

Le poids de la veste sembla trop lourd à porter et elle ses jambe faillirent de nouveau mais les réflexes du jeune homme lui permirent de ne pas tomber entièrement.

— Ton adresse, il réemploya le même ton autoritaire qu’avec le conducteur, sûr et presque sécurisant.

— C'est..., elle entra dans une crise de tremblement, c'est...26 Rue Jeanne d'Arc, l’appartement 3b.

Sans crier gare, il l'a porta et à la stupéfaction du porteur, elle ne broncha pas.

Elle est à bout, pensa-t-il amèrement.

La jeune fille dans ses bras, ils quittèrent la gare et ses voyageurs qui lançaient des regards exprimant sincèrement « Si vous pouviez partir, on a pas envie d’en savoir plus. ». Ainsi, le garçon se retrouva à errer dans les rues de la commune dont il ne connaissait même le nom. Il aurait voulu ne pas attirer l’attention mais porter ce qui s’apparente à un cadavre dans les bras n’est pas forcément l’image qu’on donne au mot « inaperçu ». Il se contenta de se montrer plus ou moins assuré dans ses chaque directions qu’il prenait. Souhaitant voir apparaître cet encart bleu « Rue Jeanne d’Arc ».


Tiens bon s’il te plaît,  seules paroles qu’il se répétait.

Elle tremblait violemment, fatiguée et à bout de forces.

Il prit une autre rue mais cette fois il était clair qu'il ne savait pas du tout où il était. La jeune fille qu’il portait symbolisait son engagement, il lui était impossible de ne pas continuer.

Je suis un sombre idiot quand même.

Il serait aisé de dire qu’il n’avait qu’à prendre son téléphone portable et suivre l’itinéraire mais il n’y avait tout bonnement pas pensé, l’utilité d’avoir cet appareil pour ne pas s’en servir dans les instants critiques lui parut ridicule, il se sentait idiot. Il fouilla les poches de sa veste en continuant de marcher, essayant d’oublier les gouttes d’eau qui l’empêchait d’utiliser le pavé tactile efficacement. Prêt à entrer l’adresse dans l’application, la chance lui sourit par magie : le panneau bleu "Rue Jeanne d'Arc" fit son apparition et il se sentit immédiatement soulagé. Il marcha à grandes enjambées dans ce couloir de béton et de maison, sous cette pluie battante en lisant les numéro du côté droit et soudainement, une petite porte violette presque invisible si on n'y faisait pas attention, portait le numéro "26". Il se posta un instant devant la porte de l’immeuble, ne sachant plus forcément quoi faire.

— Oh, C'est pas vrai !

Une jeune fille blonde platine accourra vers le jeune homme, elle sortait de sous la petite tonnelle en toile du commerce situé juste en face. Le garçon sembla pris de court, entre le fait d'être trempé, au milieu de la route et portant un corps - qui ressemblait à un cadavre - il n'avait pas envie d'avoir à faire à une adolescente. Cependant, celle qui venait à sa rencontre portait plus d’affaires qu’il n’en fallait pour une personne. La blonde se stoppa à un mètre du garçon et le toisa.

— Qui êtes vous ? entama-t-elle.

— Vous voulez réellement parlez de ça sous cette pluie en plein milieu de la rue ? Je pense que vous avez les affaires de cette personne alors vous avez probablement les clés, on pourra discuter de ça à l’intérieur, s’il vous plaît ?

La fille sembla juger la situation avant de souffler indiquant qu’elle cédait.

— J’approuve.

Elle lui passa devant et se plaça à la serrure, elle fouilla dans l'une des poches du manteau et au bout de la troisième, le fameux trousseau apparu. Et malgré les uniques trois clés l'ouverture de la porte sembla plus compliquée que prévu. Aussi patiemment que possible, le garçon garda son calme devant cette situation mais ce qui l'inquiétait réellement c'était celle qu'il portait dans ses bras, qui à présent ne bougeait plus. Quand le fameux "clic" fut entendu, la porte s'ouvrit à la volée et le jeune homme fonça dans le hall étroit et sombre, en premier. L'adolescente repassa devant sans un mot et traversa le couloir pour prendre l'escalier biscornu situé à droite. Le deuxième escalier passé, ils se postèrent devant la porte blanche avec écrit "3b" sur la gauche du pallier et ici le temps d'attente pour l'ouverture de la porte fut sensiblement moins long. Dès l'entrée on se retrouvait avec deux petites marches à passer pour descendre légèrement, la jeune fille de la rue entra en première cette fois et lorsque le jeune homme entra à son tour, elle referma la porte. Aussitôt entré, il déposa la fille sur le lit qu'il avait directement repéré, elle ne remuait pas et ses paupières fermées cachaient sans doutes des yeux rongés par la fatigue et les larmes. Il y eut un silence le temps qu’il l’installe mais il savait que la fille le surveillait.

— Vous êtes une amie ? demanda-t-il finalement.

— Disons plutôt qu’on est camarade de classe.

— Très bien, alors je vais vous dire que je pense et vous accepterez ou non, d’accord ?

Il s’adossa au lit et jeta un coup d’oeil à celle qui était allongée dessus, elle respirait.

— J’écoute, elle baissait sa garde vis à vis de lui.

— Vous allez me dire son prénom et le vôtre, vous me direz simplement ce qu'il s'est passé car je me doute bien que vous étiez là quand il y a eu l'élément déclencheur – vous aviez ses affaires - et ensuite je m’occuperai d’elle mais ne parlez à personne de ce que vous avez vu et ce que je vais vous dire.

— Je ne vous connais même pas, pourquoi devrai-je la laisser seule avec vous ?

Il lui lança un regard traversant, sincère et autoritaire. À cet instant, la fille de la rue se sentie simplement comme l'inconnue et lui l'ami. Elle le jugea du regard en retour: des cheveux noirs, en broussaillent avec un effet bouclés, des yeux verts mais surtout une volonté de fer, alors, elle flanchât. Elle s’installa sur une chaise.

— Elle s'appelle Emy. Nous sommes dans la même classe, moi c'est Lucy. En quelques mots, la professeure l'a réprimandé sur le fait qu'elle se soit assoupie en cours en lui disant que c'était chez sois qu'il fallait dormir, de là après un court silence Emy a déballé des choses qu'on aurai jamais pensé du type : "J'ai toujours eu mal mais c'était plus facile de vivre derrière un sourire que de voir que je mourrai" et juste après elle est partie en courant, sans pleurer, je crois qu’en fait ça a été la goutte de trop.

— Merci, dit-il avec la voix quelque peu brisée, je m'appelle Léon et j’aimerai m’occuper d’elle.

— Et pourquoi ?

Léon ne répondit pas de suite, les flashs de sa vie déferlèrent dans sa tête, oui pourquoi ?

— Elle allait se jeter devant un train, pensiez-vous que j’allais repartir comme si de rien n’était ? Elle est vivante parce que je pense avoir fait le bon choix, je dois lui montrer qu’il y a quelque chose de bon dans le fait de vivre. Qu’elle en a le droit et non pas le devoir.

Lucy fixait le garçon comme si elle n’avait pas compris ce qu’il venait de dire.

— Elle a tenté de…, mais il faut l’emmener à l’hô…

— Je crois surtout que ça a été une tentative irréfléchie, elle ne pensait pas à ce que la Mort impliquait, c’est-à-dire ne jamais revenir.

Un blanc s’installa.

— Me promets-tu de rester ? Lucy laissa de côté le « vous » pour rendre cette demande solennelle et personnelle.

— Oui, je te promets de rester, il se dégageait une telle sincérité de sa voix que Lucy s’adoucit.

— À vrai dire, je ne suis même pas son amie, Emy n'a pas d'amis dans notre BTS mais la voir comme ça sans que personnes ne s'inquiètent, c’est horrible.

— Maintenant, elle a quelqu'un.

— Tu sais ce que je trouve surprenant, elle baissa les yeux, c’est que je te fais confiance alors que je ne te connais pas, je sais pas, il y un truc qui émane de toi.

Elle lui sourit, Léon lui retourna.

— Je dois y aller de toute façon, j'ai un train, prends soins d'elle , s'il te plaît.

— Je prendrai soin d'elle.

— Ah, juste tu dois descendre pour fermer le verrou une fois que je serais sortie.

— Compris, descendons maintenant.

Tous deux descendirent en silence, Léon n'avait pas expliqué en détail ce qu'il s'était passé à la gare et elle savait que même en posant la question il n'aurai pas répondu. Ils se saluèrent à la manière de deux inconnus, comme si rien n'avait eu lieu.

Une fois de retour dans l'appartement, il retourna la voir directement. Trempée et tremblante, il se rendit compte qu'il ne pouvait pas la laisser comme ça même si elle n’était pas en état de bouger.

— Emy ? dit-il en la remuant un peu, Emy ?

— Hm...Oui…

— Me permets-tu de..de te chan…, punaise c’est super gênant en vrai, il prit une profonde inspiration, me permets-tu de changer ta tenue ?

Son teint vira un peu au rouge, intimidé lui même par le fait d'avoir posé cette question. Elle ne répondit pas immédiatement et il craignait qu'elle ne se soit rendormie.

— Je ne veux plus vivre alors ça ne sert à rien.

Cette réponse n’était pas celle attendue et parut sans appel.

— Réponds à ma question, reprit-il du ton qu'il maîtrisait si bien et qui semblait faire effet.

— Alors...Oui.

Il savait qu'elle avait dit oui uniquement pour ne rien dire de plus.

Elle aurai préférée mourir d’hypothermie.

Il fouilla dans le meuble en bois juste à côté du lit, il en sortit un sweat vert plutôt foncé et un simple jogging noir. C'est en se relevant qu'il prit enfin le temps d'observer l'appartement . De taille moyenne il était en sous-pentes ce qui apportaient un charme non négligeable, les murs étaient blanc et ornés de décorations diverses : cadres, une horloge, des guirlandes lumineuses. Ce qui interpella le plus c'était les photos qui formait un acronyme sur la sous-pente au-dessus du lit: "M.A.L.O", il s’essaya à regarder les photos qui formaient chaque lettre, peut-être que cela lui donnerait un indice.

— Myra, Athos, Lord et Opié.

Visiblement il avait contemplé les photos longtemps.

— Quoi ?

— Ce sont les noms cachés derrière l'acronyme.

À cet instant il sembla comprendre et regarda de nouveau les lettres en photos : Myra était un chien Bouvier-Bernois, Athos un poney Fjord, Lord ressemblait à un labrador mais il n’en avait aucune certitude et Opié, ne lui rappelait aucune raçe.

— Et qui sont-ils ?

Il se rapprocha d'elle, la nuque de Léon frissonna en constant que même le buste relevé , elle était simplement détruite.

— Tu permets ? dit-il en pointant le sweat bleu marin trempé qu’elle portait

Emy toucha son sweat et tira le col, il en tomba des gouttes par dizaines.

— Oui, si tu y tiens tant, son timbre était las et empreint d’un épuisement total.

— Alors, qui sont-ils ? s’enquit Léon pour changer de sujet.

— Myra est ma première chienne décédée il y a trois ans à seulement quatre ans, maladie des reins, ça m’a fait mal, elle était si belle dans la race Bouvier, son regard sembla pétiller légèrement en évoquant la chienne. Lord et Opié sont mes chiens actuels, tous deux des labradors croisés border-collie. Et le nom de Opié vient simplement du fait qu'on se doutait qu'il ne serai pas facile à rappeler.

Tandis qu’elle parlait, Léon souleva le sweat et l'enleva, non sans difficulté dû à la masse d'eau, son poids devait avoir doublé car il était anormalement lourd, de plus Emy n’était forcément en capacité de réfléchir et n’avait pas levé les bras suffisamment haut apportant une difficulté supplémentaire. Il posa le sweat par terre derrière lui et quand il se retourna de nouveau vers Emy il entrevu un instant le corps maigre et souffrant qu'elle s'empressa de cacher. Pour éviter d'accentuer l'embarras il lui enfila le sweat directement et elle se débattis pour mettre les manches.

— Et Athos ? l’encouragea-t-il.

— Ce cheval...C'est comme mon pilier.

Léon ne répondit pas, il sentait que parler de ce cheval serai douloureux et au vu du nombre de photos de l’animal dans tout l’appartement, il avait une place particulière pour Emy.

Il regarda le pantalon de la jeune fille et se demanda qui était le plus trempés entre le pantalon ou le sweat, voire Emy elle-même.

— Emy, ton pantalon, tu peux l'enlever ?

Rouge tomate était la couleur la plus proche de ses joues actuellement.

— Oui, je crois, attends…

Il sentait bien qu'elle allait mal, l'aider ce soir n'était pas la garantie qu'elle veuille vivre demain, il en eut douloureusement conscience.

Elle déboutonna son pantalon et commença à l'enlever tout en restant allongée mais cela lui coûtait une énergie monstrueuse.

— Je...Je n’y arrive plus...

Elle s'effondra vers l'arrière sur le lit, complètement endormie, assommée par la fatigue. Elle respirait fort et quelques gouttes de sueur perlaient sur son front.

- Si c'est pas de l’épuisement, je donne ma langue au chat. Mais qu'est ce qui a pu te détruire à ce point ?

Il posa sa main sur le front de la jeune fille, au même instant le téléphone portable de celle-ci bipa, Lucy l’avait laissé sur la table. Léon alla y jeter un œil et il fut surpris de la légère colère qui le submergea en lisant le contenu du message :

« Si t’es pas là ce soir, ça va être la merde mais à mon avis t’as craqué hein ? Bon aller reviens pas, t’aura ta paye tqt. Par contre, tu connais pas une fille qui voudrait prendre ta place ? Parce que ça ramène du client, lol. Aller Tchao. »

Léon se contenta de mettre en veille l’appareil et de se reconcentrer sur Emy et sa tâche à accomplir : lui mettre le jogging.
Il entreprit d’enlever le pantalon, mais tout comme le sweat, le poids rendait la chose difficile. Il finit par réussir, avec d'énormes difficultés et en essayant d'être le moins embarrassé possible, cela lui prit tout de même dix minutes. Mais il découvrit des jambes couvertes cicatrices anciennes et plaies plus récentes peut-être d’une semaine. Il ne savait évidemment pas l'origine de ces marques mais toutes sortes de scénarios se développaient dans sa tête, aussi étranges qu'effrayants. Léon ne souhaitait pas la réveiller pour avoir des réponses et se contenta de les regarder avec insistance espérant peut-être des réponses.
Le plus adroitement possible, il lui mit le jogging trouvé dans la commode, il se fit une réflexion : le plus étrange était d'avoir à habiller quelqu'un qu'il ne connaissait pas et surtout, une fille visiblement peu surprise de le voir encore auprès d’elle, mieux encore elle ne semblait pas avoir développé de rancune envers lui. Quand il eut finit, il décala sa tête vers la gauche et tomba sur l'heure indiquée par le réveil: dix-neuf heures trente-huit, en pleins mois de février cela voulait aussi dire nuit de bonne heure et c'est vrai que dehors la fébrilité du peu de lumière restant s'évanouissait. Le jeune homme se releva et observa de nouveau cet appartement: la cuisine semblait former une autre pièce elle était mi-ouverte, la table se trouvait au pied du lit juste avant l'impraticabilité dû aux sous-pentes. Il avança doucement en bougeant son regard partout et il ouvrit la porte qui donnait, sans hésitations, sur la salle de douche, plutôt petite et faite en longueur elle était largement suffisante pour une étudiante seule. Seule. Complètement seule.

Il en ressortit et retourna auprès d'Emy. Ses cheveux mouillés inondaient l'oreiller mais au moins elle ne tremblait plus. Léon vit un plaid disposé au bout du lit et décida de lui étendre entièrement dessus, cette chaleur sembla être accueilli avec satisfaction. Son attention resta concentrée sur elle quelques minutes encore et contre tout attente il sourit, il eu presque du mal à y croire lui même: il était heureux qu'elle soit encore en vie et d’y avoir contribué

Ai-je le droit de me tenir ici ? Quelles convictions me retiennent près d’elle ?

Il venait soudainement de réaliser la situation, il sembla réagir bien au dessus de ce qu'il aurai fallu, trop en excès. Ses traits se déformèrent et il fut prit d'une sorte de crise de panique à l'idée de se trouver dans une pièce avec une fille malade, qui venait de tenter de suicider et d'en plus d'avoir explicitement promis de prendre soin d'elle, que lui était-il passé par la tête ? Résolu il remit sa veste et était quasiment déterminé à partir. La main sur la poignée, les pieds sur les marches, il n'eut plus la force d'appuyer.

Qu'est ce qui ne va pas chez moi ?

Il s'assit sur l'une des marches de l'appartement et se prit la tête entre les mains, en se posant qu'une seule question:

Pourquoi je tiens tant à l'aider ?

Rien ne les liaient et pourtant, elle avait quelque chose qu'il tenait à protéger mais surtout pour le moment, à sauver.
Il se détendit et se releva. De long en large, il marchait. Se posant des centaines de questions dans sa tête et aucunes réponses ne semblaient convenir. Rien ne l'avait obligé à attendre sous la pluie avec elle, rien ne l'avait obligé à la porter. Rien. Alors, pourquoi ? Pourquoi vouloir donner de son temps à quelqu'un qui n'a plus envie de vivre ?
Mais il y avait son vécu, ceux qu’il n’a pu protéger et ce qu’il a subi lui même. Emy est seule, est-il seulement envisageable d’attendre que quelqu’un vienne toquer à la porte pour dire « Coucou, je vais prendre soin d’elle », on ne l’avait pas fait pour lui et il avait l’intime conviction qu’il en était de même pour cette fille.

 Car je pense que tout le monde doit découvrir la vie comme il le faut, que même les jours de pluie peuvent être heureux.

Cette phrase lui revint, il a été sincère en lui disant qu'il s'occuperait d'elle, alors il était hors de question de douter, abandonner avant de se battre n'était pas envisageable. Il était parfaitement légitime d’avoir pris peur et tenter de partir mais au-delà du sentiment de responsabilité, elle dégageait quelque chose qu’il souhaitait protéger.

— Emy je ferai en sorte que tu réapprennes à vivre comme il se doit.

Une promesse suspendu dans l’air mais bien réelle.

De nouveau il la fixa, sa tête dépassant du plaid chaud. Il analysa son visage plus en détails et il lui paru encore plus émacié et meurtri. Tout ce qu’il a lu en elle en moins d'une après-midi, qui l'avait déjà vu ? Qui a déjà fait attention à cette fille ? Si la protéger voulait dire faire des concessions sur sa propre vie alors il était prêt.

Il ne sait rien d'elle et elle non plus, pourtant il sentait que son devoir serai de lui montrer que même un jour de pluie peut être lumineux.

À suivre

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el_jq22
Posté le 23/12/2024
Hola !
Je suis arrivée ici il y a 15 minutes grand maximum (j'ai même pas encore trouver de photo de profil), et tu es la première histoire que je trouve et waw ! Juste waw j'ai accroché dès le début ! Enfin quand je dis dès le début, c'est dès le titre ! Il m'a attiré, va savoir pourquoi, magie de la lecture !
Je vais continuer ma lecture avec grand plaisir ! :)
Malodcr
Posté le 23/12/2024
Hello !!
Merci pour ce commentaire ultra-motivant !!
J'espère que cela te plaira !
Les premiers chapitres sont en réécritures alors je m'excuse d'avance sur leur qualité potentiellement "médiocre" !!

À bientôt !!
Erzsébet
Posté le 31/05/2024
Coucou !

Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de roman, autant l'avouer tout de suite, mais pourtant j'ai accroché. Pourquoi ? Et bien pour être franche je ne sais pas trop, peut-être parce que je me suis mise à la place de Léon et que moi aussi, j'ai envie qu'Emy aille mieux...

Bref, je continue la lecture
Malodcr
Posté le 05/06/2024
Hello ! Merci beaucoup pour ce commentaire ! Je suis touchée que tu aies pu accrocher sur cette histoire, j'espère qu'elle te plaira !
Je te laisse découvrir leur univers au travers de mes mots...

Bonne lecture !
SagaLee06
Posté le 04/04/2024
Salut !
Je me suis enfin décidée à jeter un oeil à tes écrits :)
Pour commencer, je trouve l'idée de base plutôt intriguante, on a envie d'en savoir plus sur Emy et sur les évènements avant sa tentative de suicide.
Cependant, je trouve que les dialogues sont un peu forcés, le personnage de Léon s'attache un peu trop vite à Emy et tes phrases pourraient être plus fluides.
Je n'oublie pas le sentiment poétique et dramatique de ce premier chapitre, on a aucun mal à s'imaginer les décors (pour te dire, la gare m'a directement fait pensé à celle que je connais), clairement c'est prometteur !

J'ai hâte de lire la suite !
Malodcr
Posté le 05/04/2024
Merci beaucoup pour ce retour !
Pour être honnête, je suis moi-même incapable de le relire, car il me frustre :') Mais je vais tâcher de prendre ton avis en compte car il est tout à fait pertinent ! Selon toi, quel(s) passage(s) paraissent de trop ? Cela me permettra de cibler davantage le corps du texte pour reprendre la scène !

En espérant que cette histoire (un peu en pause) puisse te plaire !

Encore merci et je te souhaite une belle journée!
SagaLee06
Posté le 05/04/2024
Ah oui ? En quoi te frustre-t-il ? Ce serait intéressant de se pencher dessus, parce que ton texte a du potentiel, autrement dit tu as du potentiel.
Les passages sont bien, c'est surtout la tournure des phrases qui est un peu lourde. En fait, la poésie qui se dégage de tes mots pourrait être plus mis en valeur, par exemple : "Aussi adroitement que possible, il lui mit le jogging qu'il avait trouvé, le plus étrange était d'avoir à habiller quelqu'un qu'il ne connaissait pas, qui plus est une fille qui avait littéralement pas eu de vraie surprise de le voir encore présent." Si tu enlèves les "qu'il" et "que", ça peut donner ça : "Le plus adroitement possible, il parvint à lui enfiler un jogging trouvé dans une pile de vêtements. Le plus étrange pour Léon était d’habiller une personne qu’il ne connaissait pas, surtout cette fille peu surprise de le trouver encore auprès d’elle." Les "que", "qu'il" et "quoi" aussi rapprochés dans un petit paragraphe alourdit ton texte qui n'en a pas vraiment besoin. C'est un peu difficile de s'imaginer de réduire ces mots en particulier je dois l'admettre mais je t'assure que ça permet à ton texte de respirer et d'être plus léger comme tu essaies de le retranscrire.

Sinon mise à part, je vais continuer ma lecture, elle m'intrigue beaucoup !

Bon weekend à toi ! :)
Malodcr
Posté le 05/04/2024
A vrai dire, j'ai toujours du mal avec le premier chapitre, les premières pages doivent donner un caractère à l'histoire, commencer avec un tel sujet m'a paru évident mais c'est le contenu, l'enchainement, je suis mitigée quant à sa qualité et son sens. Je ne saurai dire mais je pense que le fait qu'il date de 2021 et que je l'ai tellement lu que j'en suis "dégoûtée" (c'est un mot trop fort pour la situation mais j'ai pas trouvé mieux :') )

Ta reformulation proposée est incroyablement douce à lire !! Sans les mots parasites je trouve que ça a même plus de sens, la lecture est plus fluide ! C'est une excellente idée et perspective, les passages méritent des corrections et cela prend sens !!

Merci beaucoup !!
SagaLee06
Posté le 05/04/2024
Haha je connais ça en ce qui concerne les premiers chapitres, à force de les lire en boucle pour les perfectionner, ils finissent par nous sortir par les yeux !
Si j'ai un petit conseil à te donner c'est celui-ci : écris les phrases comme toi tu le penses, avec ce que tu ressens au fond de toi quand les mots te transportent !
Thi-Ha
Posté le 31/10/2023
Hello !

C'est un chapitre particulier, commencer par une tentative de suicide n'est pas commun et je me demande où tu vas nous amener. C'est aussi un "beau" point de départ pour se relever et retrouver goût à la vie et à soi. Et j'imagine que ce jeune homme va être cette béquille pour l'aider. En ce qui concerne le contenu, le fait que tu n'évoques aucun nom aide à se représenter cette scène comme si nous la vivions, comme si nous ressentions toute cette peine et cette volonté de ne plus vivre dans ce monde. C'est très fort comme sentiment.

Pour ce qui est de la mise en page, n'hésite pas à mettre tous les dialogues au même niveau (certains sont avec alinéa et d'autres non) cela peut faciliter la lecture. Idem pour les paragraphes, n'hésite pas à bien les séparer avec un saut de ligne (notamment les phrases marquantes :)). Il y a quelques fautes et oublis de ponctuation au niveau des dialogues mais rien de bien méchant;

Je te souhaite une très bonne continuation dans l'écriture de ce récit qui aborde un thème sensible mais si présent de nos jours ! :)
Malodcr
Posté le 04/11/2023
Merci énormément pour ce commentaire très constructif ! J'ai honnêtement eu des difficultés à savoir comment commencer ce livre : j'avais une grande peur par rapport à comment il pourrait être accueilli
L'histoire est assez complexe et j'ai eu de grandes phases du syndrome de la page blanche mais cela revient petit à petit !

Ne pas évoquer de nom m'a semblé pertinent aussi merci d'avoir remarqué ce point aussi !!

La mise en page : mon point noir... Merci pour les précieux conseils je vais m'y atteler plus sérieusement

Merci encore pour ce commentaire très positif pour moi !
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