À Séoul, dans le quartier de Gangnam-gu*, dans son appartement, assise sur un canapé en cuir scandinave, May comptait l'argent dans ses mains, billet par billet, dans un salon semi-éclairé par la seule lampe en hauteur.
En six cents ans d'existence, elle n'avait jamais travaillé autant qu'aujourd'hui. Depuis six ans qu'elle était à Séoul, elle avait œuvré dans plusieurs magasins d'antiquités, dans des ventes aux enchères et dans des musées. Son dernier emploi à ce jour : vendeuse dans une petite boutique dédiée aux collections en tout genre. Les objets en rayon étaient variés, des poupées anciennes japonaises au porte-clef américain. Elle rangea l'argent dans une petite malle en métal bleu clair posée sur la table basse en face d'elle. Elle se leva, prit la boîte et la plaça sous son matelas, dans le grand tiroir de son lit. Elle souffla en se laissant tomber sur son divan à trois places. En comptant ses économies, elle comprit qu'elle devrait encore rester ici un temps. Comme pour le Nouvel An que fêtaient la majorité des habitants de la planète Terre, May faisait le décompte sur un calendrier accroché sur l'un des murs.
Le ciel attira son attention, surtout la lune ronde. Sa lumière l'hypnotisa quelques instants. Le lendemain, pendant son jour de repos, elle put profiter de la ville et des musées. Amoureuse incontestée des arts de toute époque, notamment celle des humains, May ne put résister à faire des kilomètres pour visiter autant de lieux que possible en une fois. Entre ça, elle se laissa tenter par les délices connus de la Corée du Sud.
Dans le marché de Namdaemun, elle trouva le meilleur restaurant de street food*. Cet endroit était un circuit culinaire gourmand de la cuisine coréenne traditionnelle. May avait l'impression d'être au paradis. Les raviolis et les nouilles étaient toujours une valeur sûre pour elle. Elle était comblée. Et, à la grande surprise des cuisiniers, elle avait un appétit féroce. Ce n'était pas étrange pour elle, elle avait un système qui brûlait beaucoup de calories. Malgré la foule nombreuse au marché de Dongdaemun, elle fit abstraction de son début d'ochlophobie rien qu'à l'idée de manger encore de délicieux plats. Dans l'allée Mukja Golmok, May se régala avec des oden, des kalguksu et des hotteok. Et pour finir en beauté cette journée déjà parfaite, elle goûta au meilleur dessert de Séoul : le Bungeoppang*, l'une de ses pâtisseries coréennes préférées.
{Les autres seront pour
une prochaine fois}
pensa May, en route vers chez elle
May rentra le ventre plein de bonnes choses, des gourmandises surtout. Elle se détendit dans son salon pour se laisser le temps de digérer. Celui-ci était grand, il y avait de l'espace pour plusieurs meubles. Son canapé était dos à la porte coulissante, qui donnait sur sa chambre. La table basse, elle, était en face. De l'autre côté de la pièce, une petite télé d'époque. Elle prit une douche une heure après et en sortit dans une ancienne robe de nuit de grand-mère. May s'étira les bras, s'allongea sous les couvertures et reprit sa lecture en cours.
Un roman de son autrice préférée, sa mère. Elle ne se lassait jamais de relire ces manuscrits, malgré sa très bonne mémoire. Même si elle connaissait d'avance les scènes à venir, la façon d'écrire de sa mère était un pur bonheur à relire, encore et encore. Levée avant le soleil grâce son réveil rétro à la sonnerie stridente, May se dirigea les yeux à moitié ouverts vers la cuisine. Elle se donna des petites gifles et réalisa qu'elle y était allée trop fort. Elle se massa tout doucement pour atténuer la douleur et s'attacha les cheveux en queue de cheval basse avec un chouchou sombre laissé la veille dans une corbeille ancienne.
May se prépara un bol de riz en y ajoutant un œuf, de la soupe miso dans un récipient à côté, divers sushis dans une assiette, de la viande et du poisson grillé dans une autre et du thé vert pour bien digérer. Elle s'assit en tailleur sur les tatamis du salon pour déguster son repas. Après avoir déjeuné, elle fit la vaisselle, se prépara et décolla. May partit travailler. Chaque fois, elle faisait la route à pied par le même chemin, qui baignait dans les premiers rayons de lumière. Étrangement, ce spectacle lui donnait de l'énergie.
Sur le chemin, elle se sentit prête à gérer son poste. Elle adorait travailler entourée d'objets anciens, vintage et rétro. La gérante n'était jamais là mais lui faisait confiance pour garder sa boutique. L'endroit était assez grand, les clients peu nombreux, surtout des collectionneurs. Des personnes possédant de petites fortunes achetaient parfois quelques objets. La déco américaine se vendait très bien cette semaine. De l'immobilier aux plaques d'immatriculation vintage, les ventes s'enchaînaient sans que May n'ait à dire quoi que ce soit. Les clients entraient, choisissaient et payaient en silence. Ce que May aimait dans ce travail, c'était ce genre de moment. Presque aucun son ne sortait de sa bouche. Un calme absolu régnait dans le magasin. Elle pouvait profiter de la douce mélodie à la radio. Des chants anciens passaient sur les ondes, parfois des chansons françaises.
C'était la seule boutique qui proposait un large choix, des États-Unis à la Nouvelle-Calédonie, tout y passait. Chaque jour était pour elle un instant de pur bonheur. May se rappelait encore parfaitement le jour où elle avait emménagé à Séoul.
Après avoir encaissé un client, elle se replongea dans ses souvenirs, assise sur un tabouret de bar. C'était un matin, vers six heures trente. Sa cousine l'avait déposée à l'aéroport Paris-Charles de Gaulle. Le chemin en voiture était tranquille, pas de bouchon, personne sur les passages piétons. Mozart était devenu le roi du véhicule, seul son talent s'écoutait pendant tout le trajet. Les adieux n'étaient pas déchirants, mais l'une comme l'autre retenaient leurs larmes. Elles avaient toujours vécu ensemble, avant la mort de leurs pères. Dans la maison familiale, elles dormaient dans la même chambre, séparées par un paravent. Avant d'embarquer, devant les hôtesses, les deux cousines se firent le plus long câlin de leur vie. Sa tante, la mère d'Angela, n'avait pas pu se libérer, ce que May comprenait étant donné la complexité de son travail. Sa tante était en pleine mission pour le FBI, à ce moment-là. Sauver une vie ou assister au départ de sa nièce, le choix était vite fait. Celle-ci avait quand même écrit un petit mot pour sa nièce. Angela le lui avait donné avant que May ne parte. Elle avait fini par lâcher une petite larme en lisant le début de la lettre.
À Paris, May et Angela avaient été colocataires pendant quinze ans, dans un F2 moderne du XIII ème arrondissement. La cuisine était assez grande pour laisser May y faire de bons petits plats. La vue sur le balcon donnait sur tous les plus beaux monuments de la ville, qu'elles regardaient de plus près grâce à un télescope. Comme par le passé, elles avaient décidé de se reposer dans la même pièce. Dans deux lits, de chaque côté de la chambre.
L'autre pièce servait à Angela pour exposer ses nombreuses créations, sur des cintres et des faux mannequins. Dans le quartier, il y avait la Cité de la Mode et du Design, à côté de la Gare d'Austerlitz, qui accueillait des expositions tout au long de l'année. C'était le bon endroit pour qu'Angela y puise de l'inspiration lorsque nécessaire. Après avoir travaillé pour l'un des plus grands stylistes de Paris, elle avait pu acheter l'appartement, pour elle et May. Il se trouvait au neuvième étage avec ascenseur, dans un bel immeuble - boulevard Saint-Marcel - dans le quartier des Gobelins. Chacune avait décidé de faire des études pour se rapprocher du métier de leurs rêves. L'une vers la mode, et l'autre vers l'art. L'école de May était un peu loin de leur appartement, mais cela ne semblait pas la déranger. La marche à pied de si bonne heure lui faisait un bien fou, avant de se retrouver en classe. Elle avait appris beaucoup de choses au Louvre. Puis, elle y avait reçu ses diplômes et ses licences assez rapidement.
Les professeurs avaient adoré lui faire cours, ses camarades de classe, en revanche, étaient tous jaloux d'elle. May avait alors pensé à un proverbe : " Dans la vie , quoi que tu fasses, tu seras toujours critiqué, alors autant faire ce qui te plaît." Elle faisait ce qui la rendait heureuse, sans se préoccuper des mauvaises langues. Quand May en parla à Angela, celle-ci lui répondit : " Langue de serpent ". L'hôtesse de l'air avait fait un dernier appel. On avait entendu sa voix suave dans tout le hall. Quelques hommes l'avaient regardée presque en bavant. May s'était retournée et avait souri à sa cousine tout en balayant la goutte d'eau de sa joue.
— Ce n'est pas un adieu mais un au revoir, avait-elle dit à sa cousine en passant la première à la porte d'embarquement.
— Je sais, avait murmuré celle-ci.
Une fois dans le taxi, devant l'aéroport international d'Incheon, May envoya un message groupé à sa tante et à Angela pour les informer de son arrivée en Corée du Sud. Ses premières semaines à Séoul ne lui donnèrent pas le mal du pays, au contraire, c'était le paradis. Des endroits à couper le souffle, la senteur des plats sur les stands, la beauté des quartiers célèbres et la zénitude des temples. May se sentait déjà comme chez elle, ici. Avant de partir, elle avait postulé pour un travail et recherché un toit où dormir.
Son CV bien garni impressionna son employeur. Dans ses demandes d'appartements, May avait bien précisé que l'endroit ne devait pas être petit. Personne ne savait, sauf sa famille, mais May avait une phobie : elle était un peu claustrophobe. Elle n'arrivait pas à supporter les endroits très réduits. Dans les ascenseurs ou les toilettes, elle réussissait à se contrôler. Son soulagement face à son futur chez elle fut l'une des choses que la propriétaire nota sur son visage. Elle s'installa rapidement dans les lieux, en une semaine à peine tout était propre et bien rangé. Plus aucune poussière. May était maniaque, alors aucune trace ne pouvait lui résister. Angela put venir la voir lors d'un voyage d'affaires. Même si elle et May s'envoyaient des messages à toute heure de la nuit et du jour, elles étaient très contentes de se revoir. Leurs sourires illuminèrent le lieu de leurs retrouvailles, à savoir la ruelle devant l'immeuble où May logeait à présent. Avant de dire quelque chose, May voulut prendre une photo avec son Polaroïd. Dessus, May et Angela étaient collées l'une à l'autre, comme des sœurs très proches. Des inconnus les prenaient pour telles, et elles étaient ravies de l'entendre à chaque fois. May rencontra l'assistante d'Angela, une femme à l'accent italien bien marqué. C'était une personne élégante, très jeune et avec une voix de velours. Dans un Gio Cat, Angela présenta May à Louisa, des chats ronronnant sur leurs genoux.
Le son plut vraiment aux deux cousines, mais Louisa sourit seulement à la vue des matous en face d'elle. Le café était rempli de félins. Si la plupart faisaient la sieste, d'autres, en groupes, se défoulaient avec leurs jouets sous les yeux amusés des clients. Comme May travaillait, à chaque fin de journée elle demandait à Angela et Louisa de venir la chercher pour qu'elle leur montre les endroits les plus beaux de Corée du Sud. Des lieux qui inspiraient les créateurs tendance, les écrivains célèbres et les stylistes débutants ou professionnels. Elle sortit des placards des matelas pliables, des gros oreillers et des draps pour ses invitées. Elle en défit un dans le salon et un autre dans sa chambre, pour Angela. Avant d'aller dormir, elles sirotaient du thé sur le balcon. Après leur départ, May eut ses premières vacances, quelques jours seulement. Elle se rendit au Marché de Gteongdong pour acheter des herbes médicinales pour sa tante. L'odeur des centaines de plantes lui rappela des souvenirs d'enfance. Elle china ensuite dans les petites boutiques de Gamcheon Culture Village, à Busan. Ses achats lui firent penser de nouveau à son but à atteindre, son rêve ultime. L'année passa très vite, May s'habitua aux petites conversations que les clients démarraient avec elle en dehors de la boutique.
Des Coréens lui demandaient son numéro, car elle était une belle femme, et elle refusait dans la seconde. En rentrant chez elle, May se changea et s'installa devant son ordinateur. La douce mélodie des classiques sortant de son ancienne radio la détendait. En priorité, elle voulait trouver une ville où la communauté LGBTQIA+ était présente. Elle la trouva rapidement : San Francisco, une ville des États-Unis et l'un des comtés de l'État de Californie. May passa deux heures à lire tout ce qu'il y avait à savoir sur la ville : son histoire, sa géographie, sa population, l'administration municipale et la vie politique.
L'économie, les voies de communication et les transports, les sports et la culture. Elle remarqua que le soir pointait déjà le bout de son nez, alors elle tapa " habitation pas chère à San Francisco ". Plusieurs offres apparurent sur la seule fenêtre d'ouverte du moteur de recherche. Aucune ne plut à May, alors qu'elle n'était pas difficile. Elle soupira, se leva et observa la nuit en train de s'installer dans le ciel. Elle se dit qu'elle verrait ça le lendemain. Le jour suivant, elle réduisit le champ de recherches en ajoutant ses préférences. Sur son balcon, dans un divan rempli de coussins très moelleux, dans un ensemble décontracté en satin de coton à l'imprimé floral, et une boisson chaude en main, May tapait sur le clavier de son ordinateur à une vitesse phénoménale.
Ce n'était guère étonnant si on savait ce qu'elle était en réalité.
On aurait dit une locomotive en marche sur des rails. Elle voulait trouver une maison dans un quartier peu animé, voire tranquille. Surtout le soir, dans la journée elle serait potentiellement autre part. Le prix du loyer serait très abordable pour elle, étant une grosse économe. Un garage privé devait être compris dans l'habitation, ou à proximité. Le cercle se réduisit encore, il y avait moins de choix. Elle tripota ses cheveux coiffés en deux longues couettes s'arrêtant à quelques centimètres de ses petits seins. May réfléchit un instant, puis partit se refaire du thé. Elle avait déposé deux sachets de thé avant d'aller faire bouillir l'eau.
Dans la théière, elle la versa par-dessus. En tombant, les arômes renfermés se libérèrent et dégagèrent une senteur délicieuse. Elle posa le plateau à sa droite et attendit deux minutes. Elle approcha la tasse de ses lèvres bien dessinées et légèrement roses, d'un mouvement doux et lent de la main. May souffla sur le thé et but une gorgée, encore stressée. Vers dix heures, elle reçut un message d'Angela, envoyée à New York pour un défilé de mode. Là-bas, il était vingt-deux heures. Sa cousine voulait juste un message d'encouragement, car elle se sentait anxieuse. C'était une maladie dans cette famille, d'être comme ça à tout bout de champ. May sourit, elle ne pouvait pas comprendre la tension qu'Angela ressentait. Mais malgré ça, elle fit mieux que de lui répondre : elle l'appela. Angela fut très surprise.
Elles restèrent en ligne pendant une heure, l'une avec un téléphone antique et l'autre avec une oreillette pour ne pas être gênée dans ses mouvements. Onze heures, elle avait bien mérité un repas dans un restaurant deux étoiles. Le Jungsik Séoul* , l'un des meilleurs restaurants chics de Séoul, proposant une fusion entre les saveurs de l'Occident et de l'Orient. Le mélange dont May raffolait le plus. Il ne devait jamais y avoir de moutarde dans les plats qu'elle goûtait car elle y était allergique. En revenant chez elle, les enfants qui jouaient dans la rue lui sourirent et s'amusèrent en faisant moins de bruit. En général, ils n'écoutaient personne, même pas leurs parents. Lors d'une conversation, May entendit en passant derrière les deux mères que son fils et ses amis d'école aimaient les brownies, mais qu'elle n'était pas bonne en cuisine. Mais May, oui. Alors elle décida de passer un marché avec le petit groupe : en échange d'un brownie géant aux pépites de chocolat, ils feraient moins de bruit quand elle serait de retour dans la ruelle. Tous croyaient que cela l'embêtait de cuisiner, mais au contraire, May adorait ça. Avant d'entrer dans le hall, elle se retourna vers les jeunes et les salua avec les deux mains.
Elle ralluma son ordinateur, de nouveau dans son ensemble, et trouva la maison parfaite sur la 48ème avenue, à San Francisco. Il y avait tout ce que May souhaitait. Un garage, une salle de sport, une chambre d'amis et une salle de bains au rez-de-chaussée. Sur les photos suivantes, qui montraient l'étage, May vit une salle à manger ouverte sur le salon et la cuisine.
Deux chambres, deux salles de bains, un bureau libre. Une magnifique terrasse en toiture, qui visiblement ne servait plus depuis bien longtemps. Celle-ci était accompagnée d'un escalier la reliant à la terrasse du jardin d'en bas, dont les plantes lui tapaient déjà dans l'œil. Ce n'était pas très loin de la propriété qu'elle voulait acheter afin d'y ouvrir sa future boutique d'antiquités. May se retourna vers son pc, le fixa longtemps, puis envoya un mail à la personne qui avait posté l'annonce. Ce soir-là, elle envoya un autre e-mail au vendeur qui avait mis en ligne l'endroit à rénover. Durant la semaine, au fond d'elle, May fut impatiente de recevoir une réponse. Positive ou négative, peu importe, elle voulait quand même savoir. La sonnerie de son téléphone vintage sonna des jours plus tard. May décrocha puis s'assit sur son canapé.
C'était la femme qui avait posté l'annonce sur le site des logements à SF*.
Après l'appel avec Joyce, sa prochaine colocataire, May eut une autre bonne nouvelle, puisque sa tante lui paya son billet d'avion. Elle savait déjà ce que sa nièce avait fait, May n'en fut pas étonnée. Elle la remercia, fila se coucher et s'endormit, le sourire aux lèvres. Son rêve fut plus tranquille que le précédent. Elle rêvait qu'elle y était, l'air frais de l'océan et la vue du pont l'apaisaient. Marcher sur le sable chaud dans un maillot de bain la faisait moins rougir. Elle aimait de plus en plus son corps. Sa chevelure était détachée, fine et un peu ondulée, bercée par le doux vent. May avança, la chaleur que sentaient ses pieds ne la dérangeait pas. Les vagues lui montraient leur beauté, les sons qu'elle entendait étaient justes incroyables. L'eau se glissa sur ses pieds, et elle continua jusqu'à laisser la baie atteindre son buste coloré. En face d'elle, le soleil se coucha. Le ciel devint orangé, des reflets roses l'entourèrent, suivis de quelques nuages très fins.May ferma les yeux et se réveilla dans son grand lit, avec sur elle deux grosses couvertures. L'une de ses mains était sur son ventre, et l'autre sur son front, ses jambes étaient droites et atteignaient le bord du lit. Elle s'assit, s'étira et se leva en même temps que son réveille sonna. May fit son sport après avoir déjeuné dans son salon. Elle prit une douche, un bon repas et commença à faire sa valise. Elle la fit et vérifia cinq fois que rien ne manquait. May prit des enveloppes, un stylo, et écrivit deux lettres.
Une de démission et une de déménagement.
Dans la seconde, elle rassura la propriétaire que tout s'était bien passé pour elle. Elle rendit ses clefs la semaine suivante, son appartement vidé de tous les meubles vintage qui s'y trouvaient. La somme pour les transporter à l'autre bout du globe coûta un peu cher. Mais peu importe, elle faisait dorénavant route vers l'aéroport international d'Incheon. Le vol était sans escale. Pas de problème pour May, qui allait le passer à étudier San Francisco. Encore. Une fois que l'hôtesse de l'air lui indiqua sa place, la chance lui sourit une nouvelle fois. Son siège était près du hublot, et la personne à côté d'elle lisait le journal. Tout se passa sans encombre, l'atterrissage aussi, et l'accueil de Joyce fut très festif. May s'excusa auprès de sa nouvelle colocataire d'avoir autant d'affaires. À deux, elles portèrent les bagages.
— T'as beaucoup d'affaires, dis donc ! Plus que moi ! annonça Joyce.
— Je m'en excuse encore, le reste arrivera plus tard dans ma boutique, expliqua May.
— Ta boutique ?! Tu vas en ouvrir une ? demanda Joyce, toute contente.
— Oui, une pas loin de la maison, répliqua May. On peut mettre tout ça dans ma Citroën 2CV, ajouta May.
— Où est-elle ? interrogea Joyce du regard.
— Là, c'est un cadeau de ma tante pour ma nouvelle vie ici, répondit May en versant une larme de joie.
Quand Joyce vit la voiture de May, elle fut surprise mais pas étonnée, cela allait bien avec le style de sa nouvelle amie. Arrivée devant la maison de Joyce, May gara son véhicule dans le garage et sortit pour regarder la façade repeinte en bleu outremer. La ruelle baignait dans les rayons lumineux du soleil en train de se coucher. May respira un bon coup, l'air pur de la ville lui fit du bien. Joyce l'invita à entrer, l'intérieur était fidèle aux photos vues sur le site. May déposa ses bagages sur le côté, tout comme Joyce. Celle-ci indiqua à May où mettre son manteau et ses chaussures. Joyce lui fit signe de monter, les escaliers étaient vieux mais ne faisaient aucun bruit désagréable. Ensemble, elles durent faire des allers-retours pour tout placer dans la pièce tout près de l'escalier. Pendant les premiers jours, May rangea au fur et à mesure ses affaires. Sa garde-robe prit place dans le placard encastré dans le mur en face de son lit, ses sous-vêtements et accessoires dans les armoires.
Durant les semaines qui suivirent, May engagea des ouvriers, qui transformèrent le vieux et sale local en une boutique propre comme un sou neuf. En parallèle, elle commença à faire son stock d'articles vintage en achetant dans des ventes aux enchères en ligne et en ville. May trouva le nom parfait pour son magasin : Le Paradis. Parce que quiconque était fan du style vintage, rétro et ancien trouverait son bonheur parmi les nombreux objets en rayons. Le Paradis commença à se faire une réputation dans toute la ville après des mois. May était vraiment ravie de voir autant de monde dans sa boutique. Les personnes âgées faisaient partie des clients les plus réguliers, tout comme les particuliers et les collectionneurs.
Trois ans s'étaient écoulés depuis son arrivée et May s'était habituée à présent à revivre avec quelqu'un. Elle et Joyce étaient devenues de bonnes colocataires avec le temps. Le Paradis gagnait en popularité. La gérante se faisait connaître de toutes les brocantes, salles de ventes, marchés aux puces et expositions à bas prix de San Francisco. Avec le temps, May sentit une chaleur en elle, qui grandissait de jour en jour en voyant Joyce sourire et rire. En plongeant dans son regard, son corps bougeait.
May comprit quelque chose, une chose évidente. Son cœur, ou plutôt ses cœurs, battaient pour une femme.
Le Paradis accueillait tous les jours de nouveaux acheteurs potentiels, et les plus marquants étaient les récurrents Jeanne et Pedro, des cousins qui se disputaient toujours en espagnol. May faisait semblant de ne rien comprendre, mais leurs gros mots lui faisaient perdre son sourire, elle n'aimait vraiment pas ça. Elle parlait six langues, en plus de celle de son peuple. May avait été éduquée dans la politesse et le respect, et même si les insultes existaient dans sa langue, elle ne les avait jamais encore prononcées.
La journée-type de May était la même depuis l'ouverture et le déclenchement du début de la célébrité de sa boutique. Chaque jour, le même schéma se répétait, comme si elle était coincée dans Un jour sans fin d'Harold Ramis. May appelait ça la routine, de voir les mêmes têtes à Le Paradis du matin au soir. Les allées et venues étaient nombreuses, plus que dans d'autres boutiques en ville. Assise sur un tabouret ancien, derrière la caisse, May aperçut une cliente à l'aura brillante. Celle-ci venait juste d'entrer dans la boutique, un long foulard noir couvrait sa tête et son cou.
Une paire de grosses lunettes teintées sur le visage cachait bien ses yeux, elle était méconnaissable. Elle passa devant May, tel un pétale de cerisier qui tombait sur le sol. Elle avançait avec la lenteur d'un mannequin. Son parfum enivrant passa et effleura doucement les narines de May. C'était une senteur aux mille douceurs. L'atmosphère se remplit de diverses sensations.
May huma le bon arôme dans la pièce, il était divin. Comme un paquet de bonbons, l'odeur ravit tout le monde, surtout ceux qui aimaient les sucreries. May l'observa sans le vouloir. La cliente changea de rayon, puis s'arrêta sur les vêtements vintage. Elle ne toucha à rien, et respecta les consignes marquées sur le panneau au mur en face d'elle. May avait une bonne mémoire, une excellente mémoire même. Elle était capable de tout mémoriser : visage, son, odeur et lieu. Une vraie encyclopédie ambulante, personne ne lui arrivait à la cheville. Enfin si, une énorme base de données regroupant tas d'informations provenant de tous les coins de l'univers et de la Terre.
* Gangnam-gu est un quartier chic et moderne de Séoul, en Corée du Sud.
*L'ochlophobie est la peur de la foule.
*Le Bungeoppang est une pâtisserie en forme de poisson traditionnellement garnie de pâte aux haricots rouges, même si de nos jours, il existe des grandes variétés de garnitures : Nutella, beurre de cacahuète, confiture de fruit.
*Guide des meilleurs restaurants de Séoul : Street food et bonnes adresses : https://www.agoda.com/fr-fr/travel-guides/south-korea/seoul/best-restaurants-in-seoul-guide?cid=1844104
*Abréviation de San Francisco
-De grandes améliorations niveau orthographe.
Points négatifs : des idées originaux ...certes il faut apprendre à gérer les différentes idées progressivement pour laisser le temps aux lecteurs d'imaginer la situation.
Globalement le travail que tu as fourni est recherché , et cela se voit que tu as pris du temps, bravo ;)
Les autres le seront surement.
Désolée du retard, j'étais pas mal occupée x).
Alors beaucoup de choses :
Les points d'usure : comme d'hab, il y a des fautes facilement corrigeable à la relecture, mais ça, c'est toujours la même chose et pour tout le monde (et tu apprendras vite à corriger rapidement si tu continues à écrire ;) )
Deuxième point, à la fois positif et négatif : tu as beaucoup (trop!) d'idées! Elles arrivent de partout, et parfois elles s'entassent x). Mais par contre, cela amène à un gros point positif : tu ne manques pas d'imagination, et je pense que ce gros chapitre pourrait devenir plein de chapitre d'un premier roman ! Il faudrait que tu étayes plus les paragraphes ; parfois, tu pars trop vite sur autre chose, sans détailler, et ces paragraphes mérite des chapitres entier, une profondeur d'histoire.
Si un jour tu veux en faire un premier livre, il faut que tu apprennes à faire du "remplissage descriptif". Bon alors ça, pour t'avouer, c'est SUPER CHIANT au départ, c'est difficile à apprendre et à faire en sorte de pas être redondant (et je dis ça, je ne suis pas spécialement douée x) )
Pour le style d'écriture, moi ça me convient (plus où moins égale suivant les différents paragraphe, après tu peux t'inspirer de style de livre que tu lis, ça aide pas mal).
En fait je pense sincèrement qu'en travaillant bien (avec patience, ces co***** là ça prend un temps MONSTRE) tu serais capable de faire un bon premier roman. Tu as les idées, tu n'as pas peur d'écrire et de publier, alors relit, refait, réécrit, inspire toi, notes tes idées quand tu en as et accouches-les sur le papier. Au fur et à mesure, tu arriveras a sortir quelque chose de dense et dont tu seras super fière !
Je n'ai pas fait d'analyse paragraphe par paragraphe, mais si jamais tu veux des points de vues précis, je reviendrais ;). (Et j'ai modifié ce que tu m'avais dit, pas sur le site mais sur mon word ^^ et tu avais raison :D )
Des bisous ! Et bonne continuation !
Les autres le seront surement.