Chapitre 10 🧹

Pdv de Lyna

McGonagall prit la parole.

- Comme vous le savez, tous les lundis et jeudis après les cours seront organisés des cours de duels. Pas seulement parce que des prisonniers se sont échappés d'Azkaban mais surtout pour vous apprendre à vous défendre, peu importe votre année de scolarité. Ce cours remplacera celui du Cours contre les Forces du Mal en attendant de trouver un professeur qui puisse occuper le poste.

Mon professeur de Maison, Flitwick, prit la parole à son tour.

- Le but est que vous progressiez dans l'art du duel. Je sais que certains d'entre vous ont encore du mal avec certains gestes ou certaines formulations. Ce cours est expressément créé pour vous aider. C'est le moment de se perfectionner ou... de corriger le tir.

Face au jeu de mots du Professeur Flitwick, des sourires apparaissaient sur le visage d'un bon nombre d'élèves. Même moi, je ne pus m'empêcher de sourire. Notre professeur de sortilège n'en ratait pas une pour nous faire rire. En tournant la tête par réflexe, je remarquais que Matthew me regardait. Je le dévisageais un instant avant de me tourner à nouveau vers les deux professeurs.

- Tous les jeudis, nous procéderons à de vrais duels dans lesquels nous vous évaluerons. Les séances du jeudi seront dirigées par le Professeur Rogue et le Professeur Flitwick ici présent.

Un brouhaha apparut dans la salle dès que le Professeur McGonagall prononça le nom de Rogue.

- Ces notes vous donneront un petit bonus sur vos notes finales d'ASPICS. Les personnes qui s'investiront le plus seront les plus gâtées.

Son visage s'assombrit. Elle ajouta :

- Bien évidemment, je vous demande de vous comporter en adulte responsable pour cette première séance. Faites attention à vos camarades autour de vous. Si nous observons un comportement anormal dans ce cours, si l'un d'entre vous s'en prend à l'une de vos camarades, il sera renvoyé de l'école, purement et simplement, et ce jusqu'à la fin de l'année.

Étrangement, personne n'osait prendre la parole pour dire quelque chose. On aurait dit que chacun retenait sa respiration ou s'empêchait de cligner des yeux pour ne pas faire un seul mouvement. McGonagall avait le don de se faire obéir sans avoir à crier ni à trop hausser le ton. Ses paroles seules suffisaient à nous faire comprendre ce qui pourrait se passer si l'un de nous faisait un écart. Étonnamment, même Julian et sa bande restèrent silencieux. Moi qui croyais que ce cours dégénérerait, peut-être que j'allais être finalement tranquille. Au fond, j'avais peur de ce qui pouvait arriver, mais les mots de McGonagall m'avaient soulagé plus que tout.

- Bien, la séance d'aujourd'hui se tiendra sur de simples révisions pour savoir où vous en êtes. Mettez-vous par deux.

Je sentis deux mains entourer mon bras gauche délicatement. Je tournais alors la tête et vis Mary avec un sourire rempli de fierté.

- On se met toutes les deux ?

- Avec plaisir ! répondis-je en lui souriant à mon tour.

Cela me convenait. Je ne me sentais pas de me mettre avec Julie pour cette séance. Étrangement, je ne pensais pas que les mots de Matthew auraient un impact direct sur mon amitié avec elle. Mais je me rendais compte que je le croyais malgré tout, naïvement peut-être. Pourtant, il a eu une telle bienveillance et douceur à mon égard en me l'annonçant que je ne pouvais que le croire. Il n'a pas cherché à me le prouver par mille et une preuves.

Cependant, j'avais des doutes. Depuis quelques jours, j'avais l'impression que Julie cachait certaines choses qu'elle ne voulait pas que je découvre. Je pensais même qu'elle ne voulait pas en parler.

Mais en effet, si Julie et Julian étaient bien ensemble, alors j'étais littéralement tombée dans le panneau en lui accordant aveuglément ma confiance. C'était beaucoup trop gros pour que je le croie et j'ai toujours eu ce besoin de vérifier ce que les autres disaient avant de finir par admettre qu'ils avaient raison. Il fallait que je voie par moi-même si c'était vrai.

La voix du Professeur McGonagall me sortit de mes pensées.

- Pour l'instant, nous allons nous intéresser uniquement au désarmement. Allez-y, commencez. Et en douceur.

Pendant une bonne demi-heure, nous revîmes les différents sorts de désarmement, histoire de nous remettre dans le bain. Mary s'en sortait plutôt bien. La dernière fois, elle avait compris qu'en pratiquant les sorts elle-même, elle arriverait mieux à les reproduire sur quelqu'un.

Pour ma part, je me débrouillais plutôt bien. Je retrouvais cette facilité que j'avais il y a quelques années. Mais j'étais encore une fois peu sûre de mes capacités. Il fallait que je mette en application tout ce dont j'avais appris depuis sept ans. Si je voulais devenir Auror, ce n'était pas en jouant les timides, mais en effectuant et en adoptant les gestes comme si ma vie en dépendait. Je savais, au fond de moi, que malgré mes doutes, je pouvais y arriver. Quoi de mieux que des cours de duel pour surmonter ma timidité ? Les cours du Professeur Flitwick devront servir à quelque chose quand je serais dehors.

Le cours se déroula plus rapidement que je ne l'aurai cru. Avec Mary, nous nous étions débrouillées comme des chefs. Ensemble, notre amitié a fait un pas de plus vers les mots « meilleure amie ». Depuis que je connais mes amies, j'ai toujours su que je m'entendrais beaucoup mieux avec Mary. Elle possédait deux qualités que Julie et Lauren n'avaient pas : l'honnêteté et l'écoute. Je savais que je pouvais compter sur elle pour me dire les choses quand il le fallait. C'était une personne joyeuse, gentille qui vous faisait rire, dans les pires moments comme dans les bons. Elle avait ce don de répandre la joie et la bonne humeur.

Quant à Lauren, je pouvais compter sur sa discrétion et rigoler avec elle. Depuis que j'étais amie avec elle, nous avons passé des moments à rire de tout et de rien, à en apprendre l'une de l'autre, un peu comme avec Mary. Pourtant, Lauren restait mystérieuse. On avait l'impression de la connaître, mais il restait toujours des parts d'ombres inconnues que tu aimerais bien pouvoir dissiper. Son seul gros défaut que je pourrais lui attribuer était son caractère de cochon quand elle s'était levée le matin du pied gauche.

Quant à Julie, c'était une fille assez... étrange sur laquelle j'ai mis beaucoup de confiance pour me sortir de mon harcèlement les années passées. Étrange pourquoi ? Parce que je ne savais pratiquement rien d'elle. Je savais uniquement que sa mère travaillait avec la mienne et que son point fort était les potions, la métamorphose et la divination. Mais elle me connaît mieux que je ne la connais, un avantage qu'elle possédait.

C'était sur ces pensées que je sortis du cours de duel avec mes amies une bonne heure et demie après. La séance s'était plutôt bien passée. Nous étions toutes les quatre de bonne humeur. Je m'attendais finalement à me faire embêter par Julian mais celui-ci semblait avoir mieux à faire que de venir m'agacer une fois de plus. Dieu, merci !

L'heure était venue d'aller dîner, il était presque dix-huit heures. Chacun se rendait dans le réfectoire, affamé par cette journée très productive et éprouvante. Certains se dirigeaient vers la Grande Salle en courant pour être pile à l'heure pour le dernier repas de la journée. À chaque fois qu'une personne me frôlait, je sentais le parfum de celle-ci et l'énervement qui en ressortait. Je les comprenais, je mourrais moi-même de faim. Quand on a la dalle, on est capable de beaucoup de choses, pensai-je.

Mais avant de rejoindre la Grande Salle, je devais impérativement passer aux toilettes. Je fis signe à mes amies :

- Vous me gardez une place, hein ?

- Oui, ne t'inquiète pas, répondit simplement Julie.

Je me dépêchais alors. Dans un quart d'heure, nous passerions à table et il fallait que je sois à au rendez-vous. C'était en arrivant rapidement que l'on avait la meilleure partie du repas.

En traversant les couloirs, les personnes que je croisais étaient plutôt pressées. Certaines ne comprenaient pas pourquoi je marchais dans une autre direction que celle de la Grande Salle, mais je ne devais pas m'en préoccuper, sinon je n'arriverais pas à l'heure. Je préférais profiter de mon repas en sachant que j'étais passée aux toilettes avant plutôt que l'inverse. Bref. On s'en fiche, pensai-je.

Une fois aux toilettes, je me dépêchais de ressortir. La faim grandissait dans mon ventre et je n'aurais que quelques minutes pour être à l'heure lors du festin de ce soir. Je me lavais les mains quand j'entendis un bruit dans la pièce. J'arrêtais le robinet aussitôt et tendis l'oreille plus attentivement.

- Il y a quelqu'un ?

S'il y a quelqu'un, tu crois que la personne va te répondre ? me dit ma conscience.

- Mimi Geignarde, c'est toi ? appelai-je de nouveau. Mimi ?

Pas de réponse. Où était-elle passée ? D'habitude, elle se trouvait ici. Je dirais même qu'elle vit dans les toilettes depuis son décès.

Discrètement, je retournais au niveau des cabines de toilettes pour vérifier si Mimi ne s'y trouvait pas. Personne. Arrivée devant la dernière, j'entendis la chasse d'eau couler. Je rentrais dans les toilettes à toute allure, mais encore une fois personne ne s'y trouvait.

- Comment... Mimi, sors de là, s'il te plaît.

Doucement, la jeune fille sortit de la cuvette des toilettes, sous mes yeux, l'air embarrassé.

Je... Désolé ? fit-elle en baissant la tête, une moue au visage.

- Tu m'as fait une frayeur, ne fais plus jamais ça, d'accord ? lui dis-je, gentiment.

C'était rigolo quand même ? demanda-t-elle, espiègle, avec un clin d'œil.

Je fis non de la tête avec un petit rictus.

Hé, t'es pas drôle ! boude-t-elle comme une enfant.

Elle était et restera encore une enfant, pensai-je.
Les gens ne s'empêchaient pas de lui dire à quel point elle était folle. Moi, je la comprenais très bien. Il y a quelques années, je me suis fait rejeter par un bon nombre de personnes. C'était tout sauf agréable. On se trouvait seule sans amie à qui parler, du coup, on faisait face à des dépressions et on n'arrivait plus à vivre normalement.

Elle devra, en tant que fantôme, éternellement porter cette étiquette de la fille morte dans les toilettes, complètement dingue, revenue de façon immatérielle.

Ah ! Derrière toi ! cria-t-elle avec un son aigu avant de se sauver à nouveau dans les toilettes.

Je me retournais aussitôt et fis face à... Julian ?

- Qu'est-ce que...

- Salut poupée, je t'ai manqué ? me répondit-il avec un sourire méprisant.

D'un geste vif, il me tira en dehors des toilettes et me jeta contre l'une des portes.
Assommée à la tête due au choc, je tombais assise par terre avec un mal fou à me relever. Pendant que je me massais la tête, il s'approcha de moi et me domina de toute sa hauteur.

- Tu as sûrement entendu dire que je n'allais pas te lâcher la grappe ? J'ai été sympa tout à l'heure, je t'ai laissé tranquille pour que tu voie ce que ça fait de baisser sa garde.

Il agrippa fermement par ma robe et me porta plus loin avant de me jeter par terre telle une malpropre. Je levais ma main un instant pour lui faire comprendre d'arrêter.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu fais ça ?

- Parce que j'en ai marre de voir ta sale gueule à longueur de temps ! Déjà qu'on partage quasiment tous les cours alors si en plus, je dois me coltiner ta face en cours de duel, je...

Il s'arrêta aussitôt de parler avant de sourire bêtement et diaboliquement. Il s'accroupit face à moi.

- Je ne devrais pas parler trop vite ! Excuse-moi. Je vais dire les choses autrement. Jeudi, je vais te mettre une râclée. Elle sera tellement grande que tu n'oseras même plus revenir à Poudlard.

- Tu es un grand malade...

Aussitôt, il me gifla violemment.

- Tu n'as rien à me dire, Hawkings. La seule chose que tu peux faire est de me supplier de te laisser tranquille.

- Je... je ne te donnerais pas ce plaisir !

- Bon, bah j'imagine qu'en cours de duel, il faudra que je te tue. Tu as de la chance, je vais te laisser jusqu'à jeudi pour y réfléchir, sinon tu pourras dire adieu à tous tes rêves. En revanche, si tu te décides à partir avant jeudi, je te conseille de dire au revoir à tes précieuses amies.

Au moment où il termina sa phrase, nous entendîmes un bruit à l'entrée des toilettes, nous tournâmes la tête et je vis à l'instant Matthew. Pile au bon moment, me dis-je rassurée.
Il me regarda pour vérifier si j'allais bien, j'étais tout simplement apeurée. Allait-il m'aider ? Quand il regarda Julian, son regard, ses expressions au visage devinrent noirs de colère.

Julian se redressa à la vitesse de l'éclair.

- L'heure des retrouvailles, n'est-ce pas ?

- Tu as 5 secondes pour dégager ! gronda Matthew. La prochaine fois, tu auras affaire à moi.

Julian s'exécuta tout en me lançant un regard machiavélique.
Une fois qu'il fut sorti des toilettes, Matthew se tourna vers moi en me scrutant du regard avant de s'approcher. Au moment où il fut près de moi, je fondis en larmes.

- Il a essayé de me faire du mal...

Délicatement, Matthew me prit dans ses bras.

- Ça va, je suis là maintenant, me dit-il d'une voix rassurante. C'est fini.

Je nichais ma tête contre lui alors que ses bras me recouvraient comme un manteau en plein hiver. Malgré mes pleurs, je sentais sa chaleur corporelle et son parfum rentrer dans mes narines. Quelque part, cela me faisait beaucoup de bien.

Alors que je pleurais de plus en plus, il me serra un peu plus fort contre lui pour me consoler d'avantage. À travers ce geste, non seulement j'avais l'impression qu'il arrivait à m'apaiser mais je me rendis compte que je pouvais lui faire confiance. Jusqu'à présent, il avait essayé de me prouver qu'il voulait m'aider. Maintenant, j'en étais plus que certaine !
Sa main caressait l'arrière de ma tête avec des gestes doux et lents. Il ne disait rien, il se contentait juste d'être là pour moi. Tout ce dont j'avais besoin depuis quelques semaines. Avec ce qui venait de se passer, il me fallait encore plus de réconfort.

Une dizaine de minutes après, on s'éloigna l'un de l'autre en même temps. J'essuyais les larmes sous mes yeux et sur mes joues avant de le regarder dans les yeux. Je tentais alors de lui demander :

- Ta proposition tient toujours ? demandai-je, peu sûre de moi.

Il eût un petit sourire compatissant.

- Bien sûr qu'elle tient toujours ! répondit-il. Avec ce qui vient de se passer, je ne compte pas te laisser tomber.

- Merci, fis-je les larmes coulantes sur mes yeux.

Il me sourit à nouveau en passant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. C'était un geste compatissant que j'appréciais.

Des pas se firent entendre à l'entrée des toilettes.
Mes amies accoururent aussitôt.

- Lyna ! crièrent-elles.

- Tu vas bien ? demanda Mary, affolée en m'inspectant.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'écria Lauren, effarée.

Cela faisait bizarre d'entendre sa voix. Habituellement, il était rare plutôt de l'entendre s'exprimer ainsi.

- Qu'est-ce qu'il fait ici lui ? fit Julie à Matthew dont le visage était presque insensible.

Suite à la remarque de Julie, un silence d'aplomb s'installa dans toute la pièce.
Comme par hasard, ce qui comptait pour elle n'était pas de savoir si j'allais bien mais pourquoi Matthew se trouvait à côté de moi.
Lui, qui ne disait rien depuis près d'une minute, se tourna vers moi et me lança un regard que je compris aussitôt. On savait tous les deux que c'était le bon moment de régler les choses avec Julie.
Matthew le savait aussi bien que moi.
Pendant un instant, je fus contente de cette complicité entre lui et moi.
Lui et Mary m'aidèrent à me redresser.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? fit la voix lointaine de Lauren.

- Lyna ? m'appela Mary.

Mais je regardais, avec la mâchoire serrée, Julie qui ne comprenait pas pourquoi je la fixais comme ça.
Je ne pouvais pas attendre de lui en parler, les mots sortirent tous seuls de ma bouche :

- Je sais que tu couches avec Julian.

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Hugo Melmoth
Posté le 05/03/2022
Et... c'est toujours moi !
Encore une fois, je ne sais que dire si ce n'est "Quel chapitre !", mais également "quelle fin de chapitre". Une fois de plus, on n'a qu'une envie, lire la suite, et ça fait vraiment, vraiment plaisir !
Eloïse Shin
Posté le 13/06/2022
Merci à toi pour ton retour, ça me fait extrêmement plaisir ! :D
Abbyleplume
Posté le 21/08/2021
ALLEZ BAM. Pardon je m'emballe ahah ! Par contre bon Julian est toujours aussi angoissant. Il mériterait d'être bouffé par un troll ! Et cette fin de chapitre est on ne peut plus haletant !
Eloïse Shin
Posté le 28/08/2021
Contente que ça t'ait plu ! ;)
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