Pdv de Lyna
Un silence régna. Le bruit de nos voix s'était complètement dissous. On n'entendait plus que les échos qui se dissipaient petit à petit. La respiration de chacun se faisait entendre. Je n'avais pas besoin de regarder le visage de tout le monde pour sentir la tension largement présente dans la pièce. Pendant un court instant, j'ai cru que c'était moi la seule dans cette ambiance.
Julie ne fut pas surprise de ma remarque. Aucune émotion n'apparaissait sur son visage, même pas de l'étonnement, rien. Elle savait très bien de quoi je parlais. Les expressions de son visage me laissaient à penser que j'avais touché un point sensible. Tout à coup, ses sourcils se froncèrent.
- De quoi tu parles ? m'interroge-t-elle.
- On est plusieurs à t'avoir vu, répondit Matthew en croisant les bras.
- Ce n'est pas à toi que je m'adresse, rétorque-t-elle en levant son index en signe d'avertissement.
Je m'avançais vers ma meilleure amie suffisamment pour qu'elle m'écoute. Ses yeux croisèrent les miens au moment où je commençais à lui parler. Encore une fois, elle arrivait à contrôler ses émotions, les expressions de son visage. Elle ne paniquait pas. C'est la première fois que je la vois aussi flegmatique.
- Ne détourne pas la conversation, tu sais très bien de quoi on parle !
Le silence prit place dans la pièce. Aucun de nous cinq n'osait parler. Matthew s'était mis deux pas derrière moi pour me soutenir sans se mettre trop en avant.
Lauren, les bras battants, se sentit drôlement embarrassée par ce règlement de compte qui s'amplifiait petit à petit. Mary, qui se trouvait juste à côté d'elle, était confuse et ne savait plus où se mettre. Quant à moi, j'étais très remontée et je fixais mon ancienne meilleure amie dans les yeux. Je bouillonnais tellement que je me retenais de la gifler.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? fit Mary. Julie ?
Subitement, cette dernière baissa les yeux, honteuse.
- Julie, ne me dis pas que c'est vrai ? demanda Lauren, scandalisée.
- Si, c'est la vérité, avoue finalement cette dernière.
Lauren ouvrit subitement la bouche, sidérée par ce qu'elle venait d'entendre et incapable de parler. Mary posa ses mains sur sa bouche, choquée.
Étrangement, je ne ressentais rien mise appart de la déception. La personne en qui je faisais le plus confiance en dehors de mes parents venait de m'avouer qu'elle couchait avec mon harceleur, celui qui m'avait pourri la vie pendant des années. Même si ce n'était pas une surprise, j'avais beaucoup de mal à le réaliser. Ma meilleure amie n'était en fait qu'une sorte d'espionne pour le compte de Julian. Elle a joué un double rôle depuis le début.
Rapidement, ma main rencontra son visage. Le bruit de la claque surprit tout le monde, mais personne ne bougea le petit doigt. C'était amplement mérité, on le savait tous.
Pourtant, il fallait quand même que je lui dise les choses suivantes avant que j'explose :
- Je ne veux plus jamais que tu me parles, ni même que tu m'approches, ni même que tu essayes une seule fois. Je ne veux plus avoir de tes nouvelles et je ne veux même pas savoir que tu es là, ni même que tu existes. Tu comprends ce que je veux dire ?
Elle fit oui de la tête très lentement, son visage était rouge de honte. C'était vraiment la première fois que je la voyais perdre ses moyens.
- Je ne veux plus jamais te voir, va-t-en !
Avant qu'elle ne me réponde, je sortis fissa des toilettes sans regarder derrière moi. Une fois dehors, je pus respirer à nouveau l'air frais du soir et laisser retomber la pression. Juste un instant.
- Est-ce que ça va ? demanda Matthew que je n'avais pas entendu arriver.
- Je crois, lui répondis-je, hésitante, en me tournant vers lui. Bizarrement, ça m'a un peu soulagé de la confronter.
Il hocha la tête en passant une main apaisante dans mon dos.
- Viens, on va manger et ensuite, on ira parler à Dumbledore ? fit Matthew.
- Je ne suis pas sûre d'avoir faim, mais bon... pourquoi pas, lui répondis-je peu convaincue. Et puis... Dumbledore.
Je faisais les cent pas dans le couloir, la tête baissée et les mains dans les poches de ma robe de Serdaigle.
- Si tu veux, on n'est pas obligé d'y aller, se ravisa Matthew.
- Si, si, fis-je. On doit aller voir Dumbledore, il faut que j'aille lui parler.
- Non, je... Je parlais d'aller manger.
Il posa ses mains sur ses hanches tout en me scrutant du regard.
- Oui, il faut aller manger, je ne tiendrais pas jusqu'à demain avec l'estomac vide.
- Très bien, je te suis.
Surprise, je tourne la tête vers lui.
- Comment ça ? lui demandai-je, surprise.
- Disons que je ne tiens pas à te laisser seule, tu vas devoir me supporter tout le repas ! répondit-il en me souriant.
Supporter, dit-il ? Je crois qu'un peu de compagnie me ferait du bien.
- C'est gentil de rester avec moi...
- Allez, viens, on y va.
Il posa une main dans mon dos comme pour m'indiquer le chemin. Ce geste me donna des frissons incroyables sur tout le corps. Heureusement que je n'ai pas le dos nu, pensai-je.
Nous nous dirigeâmes vers la Grande Salle qui commençait à se vider. On passa à travers les autres élèves qui sortaient de table pour rejoindre le dortoir.
- Attends ! l'appelai-je.
Matthew s'arrêta à côté de moi.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne me sens pas d'aller le voir tout de suite.
- Il le faut, Lyna, me répondit-il en insistant doucement. Tu ne peux plus laisser Julian continuer. Plus maintenant.
Mais si ça devait pire ? Et si ça ne menait à rien ?
- On peut y aller demain ?
En soupirant légèrement, il me regarda dans les yeux.
- Tu dois le faire tant que c'est encore frais dans ton esprit.
De façon douce, il ajouta :
- Si tu veux, on peut manger et seulement après lui parler, mais si on mange maintenant, on devra peut-être lui expliquer pourquoi on n'était pas présent à l'heure du repas.
- J'ai compris...
Je m'avançais vers la table des professeurs avec un mal fou pour contenir mon stress et mon indécision. Je n'avais pas la force de parler et mon ventre gargouillait de plus en plus. Alors que je montais sur l'estrade pour rejoindre le professeur Dumbledore, ce dernier tourna la tête vers moi, un sourire au visage.
- Lyna, je suis content de te voir ! Nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous parler depuis le début de cette année.
- C'est vrai, c'est pour cela que je suis ici, Professeur, lui répondis-je.
Mais il regarda Matthew dont j'ai pendant quelques secondes oublié la présence.
- Matthew, j'espère que cette année se porte bien pour toi aussi.
- Oui, elle se porte bien, Professeur, merci.
Je devais intervenir rapidement pour que le Professeur Dumbledore accepte de me parler.
- Professeur, je dois vous parler.
- Lyna, je sais que tu es venue pour me parler. L'expression que tu portes sur ton visage me laisse à penser que c'est très important. Va donc manger. Nous en discuterons après.
Comment fait-il pour être aussi devin ? Pouvait-on être à ce point brillant, en magie, pour arriver à lire dans les pensées sans que l'on dise un mot ?
Depuis que j'étais à Poudlard, j'avais de temps à autre discuté avec Dumbledore. Ce vieillard m'étonnera toujours sur sa capacité à être perspicace. Il était très clairvoyant. En revanche, j'admirais son côté détaché. Sa façon de nous apprendre quelque chose avec l'aide d'une énigme m'impressionnait.
Comme quoi, je n'avais pas besoin de faire ma pipelette pour lui faire comprendre que quelque chose n'allait pas. Il arrivait à lire en moi comme dans un livre ouvert depuis l'instant où j'ai posé le pied dans cette école. Dumbledore tourna la tête vers le Professeur McGonagall et ils discutèrent dans leur coin.
Je décidais de rejoindre Matthew à table. Nous nous installions l'un en face de l'autre. Alors que la Grande Salle se vidait, nous fûmes dans un presque-silence d'aplomb. Aucun de nous ne parlait, Matthew était concentré sur son assiette et me jetait des coups d'œil. Quant à moi, je n'arrivais pas à avaler quoique ce soit. J'étais beaucoup trop occupée à songer à ce qu'il s'est passé.
- Est-ce que ça va ? demanda Matthew avec une voix rassurante.
- Je ne sais pas, c'est le bazar...
- J'insiste un peu mais... essaye de manger quelque chose, d'accord ? me dit-il doucement.
Je hochais la tête en réponse. Je ne voulais pas parler ni avoir de conversation, tout de suite. J'essayais de puiser dans le peu de force qu'il me restait mentalement afin de penser à autre chose. Le choc de tout à l'heure m'a un peu lessivé. Quand je me rendis compte que je n'avais pas touché à mon assiette, je me décidais à manger. Quant à Matthew, il mangeait avec bon appétit. Je l'observais un instant et me perdis de nouveau dans mes pensées. Qui aurait cru qu'on se retrouverait ici, tous les deux, face à l'autre, à table, sans se haïr ?
D'ailleurs, ce sentiment s'est envolé à la seconde où il est venu me chercher.
J'étais partie de loin avec lui. Attendez, je parle peut-être un peu trop vite, pensai-je. On verra bien jusqu'où notre relation évoluera. Pour l'instant, je dois rester concentrée sur ce qu'il se passe en ce moment. Le reste attendra.
Une vingtaine de minutes après, la paisible voix de Dumbledore se fit entendre dans mon dos.
- Lyna, tu voulais me parler ?
Je me redressais aussitôt et lui fis face. Mais rapidement, je me sentis stressée. Je jouais avec mes mains pendant que le Professeur attendait patiemment.
- Oui, Professeur, c'est... c'est important. C'est au sujet de...
- De Julian ? Qu'a-t-il encore fait ?
Encore une fois, il était très perspicace.
- Il m'a menacé de mort. Il a voulu s'en prendre à moi dans les toilettes tout à l'heure. Heureusement, Matthew est arrivé au bon moment.
- Quel était son but ?
- En finir, dans le cours de duel du jeudi.
Dumbledore ne sut quoi répondre. C'était la première fois que je le vis aussi peu bavard. Rien ne venait. Les mouvements de sa bouche bougèrent sans faire de bruit, sans que je ne puisse comprendre un mot. Je me sentais presque embarassée en le voyant faire.
- Est-ce qu'il s'en ait prit à toi physiquement ?
Je fis "oui" de la tête.
- À plusieurs reprises avant et aussi toute à l'heure.
- Je vois. Je vais le convoquer lui et ses parents dans mon bureau. Quant à toi, reste bien tranquille à ce moment-là.
Une fois qu'il fut parti, je m'asseyais sur le banc derrière comme si je n'avais plus d'énergie.
- Tu vois, les choses commencent à bouger.
Je me tournais vers Matthew en le regardant dans les yeux.
- Tu crois ?
Il hocha la tête en positionnant ses mains contre lui. Il me lança rapidement un sourire compatissant.
- Je ne crois pas, j'en suis sûr ! dit-il fièrement.
Je reviens enfin à la lecture de ton texte ^-^ C''est encore un chapitre très bien rédigé :) Du côté de l'histoire, une fois de plus, c'est passionnant !
Pour finir, j'aime beaucoup les relations que les personnages entretiennent, ils sont très attachants.
H. M.
Et ouiii les personnages sont attachants :D
Petite coquille : << Étrangement, je ne ressentais rien mise appart de la déception. >> // Je crois que ça s'écrit " mise à part " ?
Merci, je vais corriger ça tout de suite !