Chapitre 10

10

            Ils firent leurs adieux à la troupe le lendemain, sur le pas de la gare. Tout le monde souhaita bon voyage à Noah, sauf Fernand, qui lui en voulait toujours, pour une raison quelconque.

̶ Tu es certain de ne pas vouloir te joindre à nous ? demanda Aimé avec un petit sourire.

̶ Il y a des choses que je dois régler. Je ne peux pas intégrer la troupe.

Dans un haussement d’épaules, le jeune comédien lui asséna une bourrade amicale avant de s’éloigner. Michaël fut le dernier à rester auprès de Noah.

̶ On dirait que tu caches bien plus de choses que tu ne veux bien l’admettre, « monsieur le guérisseur d’ombres ».

̶ Et toi donc… Je crois comprendre que tu n’es pas inconnu du bureau des vagabonds.

Les lèvres de l’intéressé s’étirèrent en un sourire énigmatique.

̶ Où comptez-vous aller maintenant, toi et Clée ?

̶ Je crois bien que la destination a été choisie pour nous.

Puis, sans donner plus d’explications, Noah s’écarta du groupe des comédiens, et s’avança vers les quais. Il tenait la main de Clée dans sa main gauche. Dans l’autre, la lettre qu’il avait trouvée devant la tente de Michaël ce matin-même. Il l’avait déjà lue plusieurs fois, et elle disait :

Mon cher Noah, mon ami.

            Il semble que tes aventures à Khoatô aient été enrichissantes et que tu aies croisé le chemin de personnes intéressantes. Ne t’avais-je pas dit que ce serait amusant ?

            Je vois que tu as renoncé à suivre la troupe pour retrouver la trace du Philanthrope, dans ce cas, laisse-moi donc te proposer ta prochaine destination : c’est une ville au bord de la mer, que tu apprécieras sûrement. Là-bas, un nouveau mystère t’attend, et peut-être pourras-tu en savoir plus sur la jeune fille qui t’accompagne.

            Tu as dû commencer à avoir quelques doutes sur moi après ta discussion avec le jeune Ange. Laisse-moi te dire que je reste ton ami.

En espérant que tu apprécieras cette nouvelle aventure,

Ton dévoué,

J.