Chapitre 10

Par Dan

Freddie ferma la porte de sa chambre blanche pour la toute dernière fois et s’enfonça dans la maison. Elle marchait sans lever les yeux de son ventre gris, fuyant le regard des tableaux, le souvenir des échos et le reflet des miroirs et les fragments de décor que les fenêtres découpaient sur son passage. Elle ne pouvait plus observer les quais sans se rompre de chagrin. Ni l’atelier, ni la salle de bal, ni les bassins. Et quand le vide de la tristesse s’emplissait de colère, c’était Alfred qu’elle ne pouvait plus regarder.

— Bonjour, mademoiselle Barragan, lui dit-il quand elle entra dans l’office.

Elle aurait voulu ne jamais entendre sa voix ; la voix qu’il avait volée à Lindhal en enfilant son costume et qui ne l’avait jamais appelée « mademoiselle Barragan ». À bientôt soixante ans, le titre ne lui avait jamais moins bien convenu.

L’élégante pièce au bureau de bois massif et aux fauteuils habillés de chintz était sûrement la dernière où Lindhal se serait barricadé, mais Alfred n’en était pas sorti depuis des semaines. Le classement impeccable des documents maquillait leur nombre ahurissant, rendant la tâche de l’androïde presque dérisoire. Freddie savait cependant que l’ordonnancement des possessions et des archives de Lindhal tenait de l’épreuve et que son sbire avait peu de temps à lui consacrer. Elle sentait son regard pressé sur sa tempe et, prise entre Alfred et la vitre, Freddie finit par choisir le moindre mal.

Le soleil avait ressurgi ; sa lumière rasante embrasait les yeux du nahual qu’elle avait fini de peindre la veille. Un ovale de grès rouge à peine pâli par la couche de préparation subsistait au centre de la fresque. Freddie voulait attendre le dernier jour, la dernière heure, la dernière minute, mais elle le comblait déjà en esprit.

— Comment vous portez-vous ?

Freddie tenta de résister, mais aussi fausses que soient ses intonations, le velours et le grain de sa voix continuaient à l’ensorceler. Elle fit face à Alfred et à sa mauvaise imitation de Lindhal, à ses yeux bleus et tristes qui la décortiquaient.

— Et l’enfant ? J’ai parcouru les journaux du robot médical, il semble que tout se déroule à merveille jusque-là.

Freddie couvrit l’arrondi de son uniforme. Seize semaines avaient passé depuis la découverte d’Alfred, vingt-deux depuis la conception ; deux décennies pour son corps rabougri et dilaté à la fois. Elle ne voulait pas qu’Alfred le regarde et elle aurait voulu qu’il n’espionne pas les comptes-rendus des IA de l’infirmerie. C’était un souhait creux, cependant : Alfred ne se cantonnait pas aux limites de son corps synthétique. Il avait des yeux dans chaque caméra et des oreilles dans chaque micro, des doigts dans chaque serrure et un morceau de processeur dans chaque pièce de la demeure.

Mais ce n’était pas le pire. Le pire, c’était qu’il analyse la situation sous les traits de Lindhal et que Freddie ne puisse rien lui adresser des milliers de questions et des milliers de reproches qui la hantaient. Pourquoi lui avait-il laissé croire qu’il ne pouvait plus procréer ? S’en était-elle convaincue toute seule ? Pouvait-elle vraiment espérer qu’il ait tenté de la protéger et de protéger l’enfant si elle décidait de le garder ? De les préserver de ses démons et de sa mégalomanie dévastatrice en disparaissant ?

L’avait-elle convaincu que l’humanité méritait encore une chance même si la vie n’avait aucun sens, ou avait-il seulement fui ?

— Je pourrais réactiver votre puce ici et démarrer une procédure de régénération dans le caisson dont nous disposons, fit Alfred.

Pour qu’Alfred copie son corps ? Hors de question.

— Vous pouvez rester ici si c’est ce que vous souhaitez. Je peux faire venir les obstétriciens et les sages-femmes et…

— Vous êtes seulement son avatar, lâcha Freddie, toujours incapable de lui pardonner cette imposture, même s’il n’en était pas responsable. Une doublure pour le spectacle.

— Non, je suis lui. Enfin, je le serai bientôt.

Freddie ricana et détesta le son qu’elle entendit.

— Vous avez peut-être son apparence rajeunie, dit-elle, mais vous avez toujours la personnalité d’un vieil aristocrate pédant. Il disait que ça finirait par être réaliste, mais vous le salissez en…

— J’attends votre travail pour y remédier. Et comme vous avez verrouillé vos quartiers, cela signifie sans doute que vous avez terminé ?

— Comment ça « vous attendez mon travail » ?

La station debout la fatiguait déjà – l’âge, la grossesse, la gravité, le reste, elle ignorait ce qui l’affaiblissait à ce point – et elle se serait volontiers avachie sur le siège le plus proche si son ascendance n’avait pas uniquement tenu à l’éminence de sa stature.

— Le dernier chapitre des mémoires, celui que le professeur a déjà écrit, il s’agit entre autres de lignes de code destinées à enclencher mon véritable programme. Celui du professeur.

Freddie cilla sans comprendre. Un code ? Entre autres quoi ?

— Sa personnalité, dont vous avez déjà eu un aperçu avant qu’il ne…

— Il a codé sa propre personnalité ?

— Avec de l’aide, oui. Et c’est vous qui devez apporter la dernière pierre à l’édifice. Pour que le programme soit complet, il fallait une variable extérieure. Ce que les humains sont vraiment au fond d’eux n’a pas grande importance, puisque tout est soumis à la subjectivité des humains qui les entourent et qui les observent. Le professeur voulait la subjectivité d’un humain extérieur pour l’intégrer au programme.

— Les mémoires.

— Précisément.

— Mais… pourquoi ?

— Vous ne voyez vraiment pas ?

Freddie dévisagea Alfred. L’horreur glissa en elle comme de la lave en fusion.

— Non, bredouilla-t-elle. Il n’a pas le droit de faire ça. S’il voulait mourir, qu’il assume.

Elle haïssait Lindhal plus qu’elle n’avait jamais haï Romie pour le même geste fatal. Ça n’avait aucun sens. Pourquoi se suicider en cachette ? Le maître de la mort qui renonçait à la vie, voilà un message retentissant contre l’immortalité. Voilà qui aurait pu soutenir sa cause et peut-être initier un changement dans les mentalités autant que dans la technologie.

— C’est sa façon d’assumer, justement, répondit Alfred. Les avocats que vous avez aperçus font partie d’un plan de secours au cas où les siens échoueraient : au cas où la modification des puces Juven reste impossible et au cas où quelqu’un le dissuade de toutes les désactiver. Au cas où il en vienne à la conclusion que l’Humanité méritait encore un essai, mais qu’elle devait aussi s’en montrer digne. Il a dissous la Fondation.

Freddie ne voyait pas le rapport et ne voulait pas le chercher, mais Alfred continua :

— Il laisse la puce Juven aux mains des gouvernements. Son implantation deviendra un service public, donc financé par les impôts, donc dépendant d’un statut de citoyen et du revenu de chacun. Source d’inégalités. Avec ceci, selon lui, les risques sont élevés pour qu’une nouvelle guerre éclate. Il était présent la dernière fois que l’immortalité a été un avantage et non une généralité, alors il en sait quelque chose…

« Cependant, de cette façon, il offre une chance à l’Union des Nations Interplanétaires de trouver la solution qu’il n’a pas su trouver pour sortir les peuples de l’impasse humaine et éthique dans laquelle il les a précipités. Il la met au défi d’y arriver. »

Peut-être s’était-il cru élevé au rang de dieu, finalement. Peut-être s’y était-il bel et bien hissé.

— Et vous, là-dedans ?

— Moi ? Je suis l’épouvantail. Le bouc émissaire. Les États seront peut-être ravis de récupérer la technologie, pour commencer, mais si des affrontements se déclarent, ils auront tous besoin d’un coupable. Les gens s’apercevront bientôt que le miracle du professeur était un cadeau empoisonné. Je suis aussi le garant de ses projets.

Freddie saisissait la logique, désormais : si Lindhal s’était tué en public, tout le monde aurait conclu à la folie, et à juste titre. Il n’en aurait pas fallu davantage aux vautours pour prendre la tête de la Fondation, contrôler la distribution des puces, peut-être en détourner l’usage ; saccager tout ce pour quoi Lindhal s’était battu. Il avait voulu supprimer le système, oui, puis le changer, mais jamais le pervertir ; Alfred devait y veiller.

Lindhal en Alfred devait y veiller, comme il aurait dû veiller sur un monde où les immortels retrouvaient l’envie de mourir, ou sur un monde brutalement privé de son éternité gouverné par des adolescents.

Freddie l’admirait pour ça : quelle endurance, quelle abnégation devant les décennies de tourments traversées pour parvenir à fabriquer l’androïde qui servirait de sécurité… Oh, comme elle l’admirait, oui, et comme elle détestait son héroïsme têtu ! Elle en avait perdu le droit de le haïr pour avoir placé le fardeau du secret sur ses épaules avant de partir.

— Et que se passerait-il si je faisais fuiter les mémoires ? lança Freddie, qui le haïssait tout de même. Si je témoignais de son suicide et que je racontais à tout le monde qu’il s’est téléchargé dans un androïde ? J’ai les enregistrements pour le prouver.

— Le professeur ne voudrait pas en recourir à l’extrémité de la menace et moi non plus, mais vous n’avez aucun moyen de transmettre ces données ni de partir d’ici sans mon autorisation.

— Je pourrais au moins refuser de vous donner les transcriptions, ou les supprimer, et vous resteriez Alfred et quelqu’un finirait par découvrir que Lindhal a disparu.

— Et pourquoi voudriez-vous faire ça ? Il vous a accordé sa confiance sur tous les plans, il a placé sa nouvelle vie entre vos mains et d’autres choses plus précieuses encore. Pourquoi voudriez-vous détruire des années de travail méticuleux et bafouer ses dernières volontés ?

— Parce qu’il est mort.

Il était mort. Il avait sauté. Il avait poussé Romie à défaire sa corde et il avait sauté. Avalé par le fond du ciel ou d’un puits, sous les yeux de Freddie, tous les deux.

— Vous êtes égoïste, lâcha Alfred.

— Pardon ?

— Vous ne supportez pas que les gens vous quittent, même si c’est ce dont ils ont besoin pour être heureux ou soulagés. Vous avez aidé votre sœur à mourir, mais pas parce que vous compreniez ou compatissiez : parce que vous ne supportiez plus son malheur, parce que vous vous sentiez impuissante et trahie.

Il était donc bien capable de la juger.

— Je l’ai…

— Romie n’est pas morte pour vous faire du mal, coupa Alfred. Le professeur non plus. Vous pensez que c’est une coalition pour vous blesser, parce que vous n’êtes pas capable de voir au-delà de votre propre malheur.

— C’est Lindhal qui vous a dit ça ? Quand il réglait les paramètres de sa variable extérieure ?

— Vous vivrez au fond de lui comme…

— Taisez-vous.

Alfred soutint son regard et son accusation. La lumière avait rampé jusqu’au bureau et réveillait toutes les nuances de roux dans ses cheveux trop longs.

— S’il vous faut un seul argument pour garder le secret, reprit Alfred, en voici un : que croyez-vous qu’il se produirait si les gens apprenaient qu’il est possible de traduire son âme et de la transférer dans un androïde ? De vivre éternellement sans jamais avoir à vieillir et à se régénérer, d’ouvrir son esprit à la puissance d’un ordinateur, de se connecter à des réseaux ? Que pensez-vous que les États ou les envieux de la Fondation verraient dans le nouveau prodige du professeur ? Croyez-vous vraiment qu’il voulait désactiver la puce de tous les habitants des mondes colonisés pour les changer en robots à la place ?

Freddie frissonna. Elle ne voulait même pas croire qu’une chose pareille soit possible.

— Personne ne voudrait jamais de ça, répliqua-t-elle. On ne peut pas coder une âme et la réduire à des données. Ces androïdes ne seraient jamais que des copies superficielles.

— J’imagine que c’est un autre débat.

Ça n’avait aucun sens. Lindhal voulait mourir et voilà qu’il avait inventé une nouvelle façon de tromper la mort ? Était-ce vraiment le souci de limiter les dérives des chambardements à venir qui l’avaient convaincu de ne disparaître qu’à moitié, en laissant derrière lui une sauvegarde chargée de jouer les veilleurs ?

« Personne ne devrait vouloir vivre éternellement ».

Mais il l’avait voulu, à une époque du moins, et peut-être encore jusqu’à très récemment sans oser se l’avouer. L’espoir, l’ego, Freddie n’aurait su dire ce qui l’avait encore fait hésiter.

— Pourquoi ne pouviez-vous pas le sauver ? demanda-t-elle. Pourquoi vous avait-il programmé pour le laisser mourir ?

— Parce qu’il disait que s’il mourait, alors c’était soit que le moment était venu, soit qu’il avait craqué trop tôt et qu’il ne méritait pas de continuer.

Elle froissa ses rides en s’essuyant les yeux.

— Et pourquoi fallait-il que j’aie fini d’écrire ses mémoires pour que le code fonctionne et qu’il vous actualise avec sa pseudo-personnalité ?

— Je suppose que la reprogrammation n’est effective que si certains éléments sont présents dans les mémoires.

— Quels éléments ?

— Il ne m’en a pas fait part. Mais compte tenu de l’usage qu’il souhaitait faire de moi, j’imagine que ça concerne le ratio positif et négatif induit par la variable.

— Parlez-moi normalement.

— J’imagine qu’il comptait sur vous pour déterminer s’il méritait de survivre à travers moi. De vivre sans plus souffrir.

Sans souffrir. C’était ça, la différence fondamentale : en migrant chez Alfred, Lindhal ne régénérait que son corps. L’androïde serait-il capable d’éprouver des émotions, ou seulement de les imiter ? Lindhal en avait-il exclu ses propres affects pour s’assurer que son double ne développe aucun de ses maux ? Avait-il simplement intégré ses souvenirs et ses mécanismes de choix pour laisser Alfred évoluer naturellement ? Dans tous les cas, le Lindhal qui avait subi ces six derniers siècles n’avait désormais plus à s’en soucier. Sa douleur s’était arrêtée.

Freddie serra le poing sur son terminal. Encore une précaution. Encore une porte de sortie. Encore un moyen pour Lindhal de s’assurer qu’il était sur la bonne voie. Et Freddie, qui l’avait fréquenté pendant un an seulement, devait juger à travers ses mémoires s’il était digne de réussir.

Elle pourrait le garder pour elle : toutes ses confessions et tous ses éclats de rire, toutes les recherches dans les méandres de sa longue existence, tous les poèmes qu’il avait lus et tous les baisers qu’il lui avait volés. Il pouvait survivre à travers son simple souvenir, comme tous les autres morts, grâce à la seule subjectivité de ses variables, jusqu’à ce que leur mémoire fane et s’efface à leur tour. Elle pouvait conserver le privilège de l’avoir connu et peut-être aimé.

Freddie jeta son terminal sur le bureau d’Alfred. Celui-ci l’étudia quelques secondes avant de s’en emparer et de le presser contre la veine de son poignet. Les prunelles de l’androïde se gorgèrent une nouvelle fois de lumière bleue, perdant leur focale et leur expression, et Freddie tourna les talons sans attendre la fin du chargement. Elle progressa à grandes foulées, rallia le cloître, enfila le baudrier qu’il avait fallu élargir, puis se hissa dans l’échafaudage à la force perdue de ses bras pour terminer la fresque.

Parmi les quetzals et les motifs, les astragales en fleurs et les mosaïques, dans l’espace laissé vide, elle dessina le visage d’une jeune fille à la peau brune et aux yeux bleus, au nez andin et au front haut. Puis Freddie défit sa corde, prudemment, au pied de la structure, et s’échappa du patio sans un regard à l’œuvre ultime de la galerie de Lindhal.

Sa dernière tentative pour dire l’indicible et expliquer l’inexplicable sens des choses à travers d’autres peines et d’autres doigts que les siens.

 

Un appareil privé attendait Freddie sur le quai quand elle claqua la porte-cochère, tenant son ventre d’une main et son bagage de l’autre. Elle y grimpa en s’efforçant de ne pas regarder le vide. Elle ne voulait rien regarder du tout, mais enfoncée dans la banquette, les nuages roulant autour de la navette, elle leva les yeux vers le chemin de ronde. Alfred s’y tenait immobile, le menton dressé et les bras croisés dans le dos. Freddie eut la sensation que le poids du bébé remontait sur sa poitrine ; les deux cœurs qui battaient dans son corps l’étourdissaient.

Alors Alfred s’avança jusqu’au garde-corps et lui fit un pied de nez en louchant. Freddie plaqua les mains sur la vitre pendant que le vaisseau manœuvrait. Elle pleurait encore, mais ça n’avait plus d’importance.

L’appareil piqua et Freddie vit s’éloigner les dessous du domaine : une couronne de réacteurs, une tripaille de conduits et aucun champ de force pour retenir les oiseaux tombés du nid. Ce n’était pas un lieu reculé, ni une réserve, mais une île qui avait vogué au gré des humeurs et des envies de Lindhal. Absente des cartes, elle l’avait protégé de tous ceux qui pourraient vouloir l’atteindre ou le blesser. Lindhal n’aurait pas pu trouver de havre aussi parfait sur Terre, ni à la surface de ce monde, et Freddie espérait que sa mémoire y resterait en sûreté, dans son corps mécanique, sous le regard chimérique de leur fille, maintenant qu’il avait rejoint son dernier refuge.

 

— Fredita !

Elle sourit quand son père accourut à sa rencontre ; pas un sourire fabriqué pour le rassurer, mais un vrai sourire de joie, car l’espace d’une seconde, en voyant son père fendre la foule des voyageurs pour la prendre dans ses bras, Freddie avait oublié d’où elle revenait et ce qu’elle était devenue.

— Fredita, corazón…

Petite Fred. Freddie recula et saisit les mains de son père dans les siennes, toujours brunes, mais plissées, noueuses, âgées. Il ne lui avait jamais paru si jeune.

— Tu vas bien ? souffla-t-il.

— Oui.

Son père prit son sac, révélant au passage le renflement de son ventre. Il se figea.

— Ne me pose pas de question, dit Freddie avant qu’il ait pu ouvrir la bouche.

— Mais…

— Non.

— Dis-moi au moins que tu as programmé ta régénération…

— Pas encore.

Son père lui lança un regard alarmé.

— En fait, j’hésite toujours. Je crois que si ça ne tenait qu’à moi, je ne le ferais pas.

Son père semblait partagé entre chagrin et gratitude, horrifié qu’elle ait perdu goût à la vie et soulagé qu’elle décide de lutter malgré tout. Pour lui ? Pour le bébé ?

Senior et future mère, c’était du jamais vu. Les médecins lui avaient formellement ordonné de procéder à la régénération avant le troisième trimestre, ce qui lui laissait deux semaines, sans quoi son corps ne supporterait pas la grossesse – et inutile d’évoquer l’accouchement. Freddie s’y était résolue : elle voulait que l’enfant vive, même si cela signifiait mourir à sa place, comme leur mère avec Romie.

 

Freddie franchit l’enceinte du Pavillon Gris. Le nom de Lindhal avait été effacé des frontons ; les lieux n’appartenaient plus à la Fondation, la Fondation n’existait plus et la Justice avait beaucoup à faire avec la nouvelle organisation.

L’employée qui l’attendait dans le hall ne jeta qu’un bref regard à son ventre rond.

— Bonjour, Frederica, c’est ça ? On s’est déjà rencontrées.

Freddie l’observa, la revit ranger ses affaires dans un sac gris et lui offrir une stockfiche. Elle souriait aujourd’hui.

— Je m’appelle Electra, dit-elle. Viens, suis-moi, je vais t’expliquer la procédure et te donner quelques pistes à propos de ce qui t’attend ensuite. On va te greffer une nouvelle puce qui marchera exactement comme la première : tu pourras de nouveau te figer, te régénérer ou simplement continuer à vieillir à vitesse normale…

Freddie se laissa entraîner en somnambule dans une partie du Pavillon que peu de condamnés avaient eu la chance d’arpenter. Elle ne parvenait pas à enregistrer les informations qu’Electra déroulait, ni à retenir le nom des autres fonctionnaires qu’elle lui présentait : tous ces gris-morts rescapés qui peuplaient les couloirs et les salles, ses prédécesseurs, ses camarades embrigadés dans les complots de Lindhal pour racheter leur liberté. Freddie était la dernière de leur genre, la dernière à avoir aidé un proche à mourir pour se délivrer, participant ainsi au projet destructeur qu’elle avait avorté sans comprendre comment.

— Un poste sera ouvert pour toi dès que ce sera terminé, dit Electra. Après ton congé de maternité, évidemment.

— Un… poste ?

— Un travail, ici, au Pavillon. C’est la tradition. Et puis, depuis que la Fondation… Enfin, on a besoin de renforts pour tout gérer. Aucune obligation, cependant. Ce n’est pas une condition à la réactivation de ta puce.

Electra l’avait conduite jusqu’à la salle d’attente, mais Freddie ne réussit pas à y entrer. Sur le mur qui lui faisait face, aux angles, dans les enceintes réduites au murmure, les portraits, sculptures et chansons dédiés aux suicidés gommaient le gris des revêtements sous leurs nuances et leurs notes. Un musée. Le plus chatoyant des cimetières.

— Tu pourras accrocher le tien ici, si tu veux, lui dit Electra. Ou dans ton bureau, si tu nous rejoins.

L’espoir brillait dans les yeux d’Electra, des yeux usés dans un visage rajeuni. Freddie devina qu’elle ne se figerait ni ne se régénérerait plus jamais, ni aucun de ses collègues. Peut-être Lindhal les avait-il convaincus sans leur raconter toute l’histoire, en fin de compte, ou peut-être avait-il suffi de le voir se perdre à l’intérieur de lui-même pour renoncer à leur immortalité. Et s’ils avaient des enfants, comme Freddie bientôt, sans doute espéraient-ils que la nouvelle génération refuse la puce miraculeuse qui avait faussé jusqu’aux limites de l’Humanité.

Freddie accepta le café qu’Electra lui tendit et admira les œuvres fabuleuses de Lindhal.

Des épaves heureuses.

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Fannie
Posté le 25/09/2020
Une chose est sûre, Dan : ce récit n’a rien de superficiel. Toutes ces réflexions sur la vie, la mort – notamment par suicide – et l’immortalité sont vraiment très intéressantes, pertinentes, amenées d’une manière très originale et traitées avec sensibilité.
Il me semble voir une constante dans les autres commentaires, c’est ce que Lindhal a fait à Romie, qui est ressenti comme une chose impardonnable. Je ne le vois pas comme ça (peut-être parce qu’il y a eu un suicide dans mon entourage proche). Si j’ai bien compris, il a trafiqué sa puce pour introduire l’envie de terminer sa vie une fois qu’elle serait vieille. Le programme a foiré et lui a donné envie de mourir tout de suite. Alors il l’a accompagnée sur le chemin qu’elle a choisi. D’accord, son choix était biaisé, et on peut se demander pourquoi il n’a pas remodifié sa puce pour la remettre comme avant ou lui ôter l’envie de mourir, d’autant plus qu’il a fait cette expérience sur plusieurs personnes. Était-ce impossible ? Pour moi, c’est la seule chose qui est vraiment condamnable : il a fait et répété cette expérience, apparemment sans faire le nécessaire pour pouvoir annuler le changement si ça se passait mal. D’autre part, ce serait mieux de trouver un moyen d’arriver rassasié au bout de sa vie plutôt que déprimé et suicidaire. Probablement que le sentiment d’accomplissement peut aider à partir serein. Mais Lindhal n’était certainement pas assez équilibré pour imaginer ça.
Maintenant, après toutes les choses que j’ai crues et qui ont été démenties, je dois avouer que je ne suis pas sûre de comprendre la situation finale concernant Alfred, la dissolution de la Fondation et les puces. Pour moi, l’utilité de ce double de Lindhal, c’était d’être une sentinelle, de s’assurer que son œuvre ne serait pas pervertie après sa mort. Donc j’imaginais qu’Alfred lui succéderait pour contrôler tout ce bazar. Mais avec la dissolution de la Fondation et la puce qui se retrouve apparemment entre les mains du gouvernement, j’ai l’impression que non seulement Alfred ne sert à rien en tant que double de Lindhal, mais qu’en plus ce dernier a laissé les puces entre les mains de gens qui ne peuvent que réintroduire des injustices et pervertir son œuvre. Si les gris-morts finalement épargnés ont choisi de vivre, vieillir et mourir normalement, ça ne veut pas dire que le monde entier va avoir une réaction aussi saine. Alors j’ai peut-être mal compris. J’espère même que j’ai mal compris parce que là, je me dis quel gâchis ! Tout ça pour se retrouver dans la situation d’avant la gratuité des puces et leur accès universel.
Alors Lindhal était-il vraiment altruiste ? Pour moi, c’est toujours un homme égocentrique (ce qui ne veut pas forcément dire égoïste), qui s’est pris pour Dieu de surcroît, même si au fond, il n’est pas méchant et qu’il a de bonnes intentions. Il a fait tout ça en fonction de lui-même, de ce qu’il a vécu, de ce qu’il a ressenti, et il a pensé que ça devait s’appliquer à l’humanité entière. (Je considère Freddie et ses semblables comme des humains malgré leurs différences avec les Terriens.)
L’idée du regard extérieur est très intéressante aussi. Je ne pense pas que ce regard devrait décider si quelqu’un a le droit de (continuer à) vivre ou non, mais si les autres ne te voient pas, c’est un peu comme si tu n’existais pas : tu n’existes pas pour le monde qui t’entoure.
Malgré mes réserves quant à la fin, je trouve que cette histoire est formidablement bien construite et servie par une très belle plume. Tu arrives à surprendre le lecteur d’un bout à l’autre, et quand viennent les explications, tout cet édifice complexe se tient, chaque élément y trouvant sa place. Ce n’est pas dérangeant de rester dans ce huis clos sans connaître plus en détail le monde dans lequel vivent tes personnages et ton texte est émaillé de magnifiques descriptions. J’ai passé de bons moments dans ton univers, ou celui de Lindhal, et j’ai aimé tes personnages comme on aime les gens dans la réalité, c’est-à-dire en n’appréciant pas toujours tout ce qu’ils font.  :-)
Coquilles et remarques :
À propos du teint de Freddie, comme je l’avais dit précédemment, il est mat, basané ou olivâtre (tout court), trois termes qui veulent dire à peu près la même chose ; mais « brun » suggère une carnation beaucoup plus foncée et « brun olivâtre » une couleur à la fois foncée et bizarre pour le teint d’une personne.
— le souvenir des échos et le reflet des miroirs et les fragments de décor [Pour éviter d’avoir deux fois « et », je remplacerais le deuxième par une virgule ou par « ainsi que ».]
— elle aurait voulu qu’il n’espionne pas les comptes-rendus des IA [les comptes rendus ; sans trait d’union]
— et peut-être initier un changement dans les mentalités [Dans cette acception, « initier » est un anglicisme ; il peut être avantageusement remplacé par amorcer, déclencher, amener, susciter. Voir ici : http://www.academie-francaise.fr/initier]
— et peut-être encore jusqu’à très récemment [jusque très récemment]
— quand elle claqua la porte-cochère [la porte cochère ; sans trait d’union]
— Elle sourit quand son père accourut à sa rencontre ; pas un sourire fabriqué pour le rassurer, mais un vrai sourire de joie, car l’espace d’une seconde, en voyant son père fendre la foule des voyageurs pour la prendre dans ses bras, Freddie avait oublié d’où elle revenait et ce qu’elle était devenue. [J’aime beaucoup cette phrase ; c’est le même sourire qu’au début de l’histoire, mais dans un contexte différent, pour boucler la boucle. Ces deux passages se font vraiment écho. J’espère ne pas être la seule à avoir remarqué ce détail fin et habile.]
aranck
Posté le 17/10/2019
Magnifique fin, et victoire de Lindhal malgré tout. (Ce qui me ravit !)

C’est vraiment une histoire sublime que tu nous offres là. Elle nous pousse à nous poser de nombreuses questions sur la vie, l’amour, la mort, la souffrance, sur ce qu’est la vérité, mais tout ça d’une façon extrêmement originale. Je dirai même que d’une certaine façon, c’est un hymne à la vie. La vraie vie, celle à qui nous donnons un sens.

Pour reprendre depuis le début, je dois dire que cette fois l’Alfred/Lindhal dépote ! Ce qu’il dit (sans prendre de gants) à Freddie est probablement très juste, et c’est important qu’elle puisse l’entendre pour pouvoir évoluer dans sa façon de penser et considérer sa vie autrement, et ce, même si les dés concernant « l’expérience » de Lindhal sont pipés.

Freddie est partagée entre de nombreux sentiments. Elle ne peut aimer Lindhal qui a tué sa soeur, elle l’admire et le hait, lui en veut, mais accepte, elle a des questions à lui poser, des reproches à lui faire, mais jamais de remerciements comme si elle rejetait tout sentiment à son égard pour ne cultiver que la haine, mais pourtant, elle ne peut regarder l’endroit où il a sauté sans émotion. Ses sentiments et ses pensées restent très ambivalents. Même pour l’enfant qu’elle porte, on la sent détachée ; elle veut qu’il vive, mais pour l’instant elle ne se projette pas au-delà avec lui. Ce n’est qu’à la toute fin qu’elle semble mieux comprendre (le tout dernier paragraphe est explicite).

Cette phrase est superbe : « Sa dernière tentative pour dire l’indicible et expliquer l’inexplicable sens des choses à travers d’autres peines et d’autres doigts que les siens. » (je ne relève que celle là, mais en réalité il y en a vraiment beaucoup d’autres)

Lindhal était tout de même un génie, et comme tout génie il avait anticipé les réactions des uns et des autres et trouvé une solution contraignant ceux qui lui survivront à ne pas faire un choix qu’il n’aurait pas approuvé.
S’il laisse la puce, c’est parce qu’il a compris que le moment de l’ôter n’était pas encore venu et également qu’il est préférable de laisser aux autre le choix. Choix qu’il n’a pas laissé à ceux qui lui ont servi de « cobayes ». Du moins c’est ce que je comprends.
Et puis, d’une certaine façon, il s’approche de l’immortalité à travers l’enfant que porte Freddie. Qui plus est, il attendait de trouver quelqu’un qui le dissuade de faire enlever les puces, car il a bien conscience que ce n’est pas la bonne solution que de tout faire péter, et comme la vie reprend ses droits à travers l’enfant à naître, (enfant qu’il n’a pas forcément choisi de faire, mais qui est bien là quand même et qui le ravit malgré tout), il décide de faire confiance à cette vie qui continue et continuera, même sans lui. (Tu me diras si je suis à côté de la plaque)

Selon lui, l’immortalité n’apporte rien à cette vie, elle peut même lui ôter toute saveur. En réalité, c’est la mort qui rend la vie si précieuse.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire au sujet de cette nouvelle qui porte en elle énormément de choses. Entre émotions profondes, et réflexions, c’est un texte qui m’a beaucoup chamboulé, c’est du grand art, et je m’incline devant autant de talent. Sache qu’il ne s’agit aucunement de fleurs que je te jette et que ma pensée est sincère : j’ai rarement lu un texte si plein de richesses en si peu de mots. Merci énormément pour ce partage. J’espère que cet écrit trouvera lui aussi sa place sur les étagères des librairies et je dois t’avouer que je suis scotchée de trouver un tel talent chez une personne aussi jeune. C’est la vieille de FPA qui parle et qui ne t’arrive pas à la cheville.
Dan Administratrice
Posté le 10/08/2020
Muuh merci merci merci !

Je suis très heureuse que cette histoire t’ait plu ! J’ai eu l’impression de la sortir de mes tripes, ce qui est toujours à la fois grisant et presque douloureux. De constater que j’ai au moins en partie réussi à faire passer le message et les émotions que j’avais en tête et en cœur, c’est une belle victoire.

En fait le plus intéressant c’est que je commence jamais à écrire en me disant « je veux qu’on saisisse ce message ou qu’on se pose ces questions » ; je crois que c’est juste des interrogations et des peurs qui m’obsèdent et je suis toujours surprise (mais ravie) de découvrir qu’elles résonnent chez d’autres personnes.

Le nouveau Lindhal n’y va pas avec le dos de la main morte x’D mais oui il fallait que Freddie entende ça, sinon elle aurait sûrement pas vraiment retenu la leçon. Elle arriverait sans doute mieux à démêler ses sentiments si elle lui en voulait pas encore aussi « primitivement » de l’avoir abandonnée, ce qui était déjà son problème avec Romie. Le fait de devoir se consacrer à quelqu’un d’autre (son enfant) va la pousser à sortir un peu de son égoïsme.

Pour Lindhal, il a presque le problème inverse : celui de penser plus aux autres, à la société, au monde qu’il pourrait laisser derrière lui, qu’à lui-même. Il s’autorise à penser à lui seulement en se suicidant, et encore après avoir pris des précautions pour ne pas que son suicide cause des problèmes. Je saurais pas dire moi-même si Freddie s’est rendu compte de l’altruisme un peu tordu qui se cachait derrière tout ça. Le fait est que Lindhal avait d’immenses responsabilités. Donc non, pas à coté de la plaque, je te rejoins totalement ♥

« En réalité, c’est la mort qui rend la vie si précieuse. » c’est complètement la conclusion à laquelle le recueil doit nous mener (si je me foire pas), alors je suis vraiment, vraiment heureuse si ça se devine déjà ici T.T

Donc merci à TOI, Aranckounette, pour ta lecture si profonde, tes commentaires ultra détaillés et tous tes compliments qui me font si chaud au cœur. Je suis vraiment contente d’avoir pu partager cette petite aventure avec toi ♥
aranck
Posté le 11/08/2020
Merci pour tes réponses et contente que mes commentaires te soient utiles. Je souhaite bon vent à ton histoire et à tous tes écrits. Ils le méritent amplement !
Rachael
Posté le 21/09/2019
On a finalement toutes les explications dans ce chapitre, les fils sont tous tissés, et franchement bravo ! Il y a énormément de profondeur dans cette courte histoire, avec des thèmes comme le suicide (traité vraiment tout en nuances), le sens de la vie, l’amour, l’immortalité et son coût.
Quant aux personnages, ils sont eux aussi nuancés, ils doutent, souffrent, et tu as réussi à retranscrire même le côté un peu « hors de l’humanité » de Lindhal, qui, par ses actions passées (la puce) a le devoir de veiller sur sa création (donc il EST un peu Dieu, en somme !) et sur ses effets sur l’humanité. Moi qui aime bien les personnages « larger than life » celui-ci est magnifique, avec sa souffrance, ses hésitations, et finalement sa délivrance.
Sur la forme, j’ai été conquise par ton style, toujours fluide et pourtant recherché. Une seule chose m’a heurtée : le langage de Lindhal, avec ce côté d’jeun, les absences de négation. J’ai trouvé que ce n’était pas extrêmement convaincant et il me semble que ça dessert la crédibilité du personnage plutôt qu’autre chose. Bref pas convaincue par ça, mais c’est bien la seule chose…
Sur le fond, j’ai trouvé que tu rends très logique et crédible un projet (celui de Lindhal) qui est plutôt complexe. Je pense avoir tout saisi et la seule chose qui me trouble, c’est le fait qu’au terme d’un plan qu’il poursuit depuis trèèèès longtemps, LIndhal s’en remet à la chance (ou à l’Union des Nations Interplanétaires, ce qui revient au même ^^) pour sortir d’humanité de l’impasse. En même temps, il cherche la délivrance, et c’est sa confession à Freddie qui pour moi l’engage irrémédiablement sur cette voie, car il ne peut pas envisager une « accalmie » avec elle après lui avoir avoué être responsable de la mort de sa sœur.
Quant à son choix de laisser aux gens la puce, je l’ai compris comme étant la résultante de son expérience avec les gris-mort, qu’il a vus vieillir en accéléré, particulièrement Freddie.
Bon enfin, pour faire court : j’ai adoré ton histoire !
merci pour cette magnifique lecture ! <3<3<3<3

Détails
Culminance : pas trouvé dans le dico…
puis se hissa dans l’échafaudage à sa force perdue : je ne comprends pas cette tournure
Dan Administratrice
Posté le 10/08/2020
Mais c'est pas possible comment j'ai pu rater ce commentaire ?? Je suis sûre d'y avoir répondu une fois, en plus... Désolée pour le retard et le vent, du coup x'D

Qu'à cela ne tienne ! Merci beaucoup pour ce dernier retour, Rachou. J'ai bien galéré à nouer tous les fils à la fin, alors c'est tant mieux si tout semble tomber à peu près à sa place. Merci beaucoup pour ce que tu dis au sujet des personnages ♥ Je me suis aussi attachée à Lindhal et je suis bien contente qu'il apparaisse dans d'autres novellas de ce recueil...

Je comprends pour le registre de langue de Lindhal, j'espérais créer un décalage (je voyais pas Freddie parler de façon plus familière) et puisque dans mon idée Lindhal a toujours parlé comme ça, ça me paraissait plus cohérent de le conserver même six siècles plus tard ; mais si c'est perturbant je vais envisager autre chose !

Il s'en remet au choix des autres et à l'intelligence collective plutôt qu'à la chance, en fait ; choix dont il a privé pas mal de monde jusque-là... J'ai normalement essayé d'éclaircir un peu cette partie "d'après" suite à tous vos commentaires, j'espère que ça aidera ^^

En tout cas je suis très très heureuse que tu aies apprécié ta lecture ♥ Merci à toi pour tous ces retours qui ont été ultra précieux ♥♥
Flammy
Posté le 21/08/2019
Euh... Waouh. Franchement, je ne sais pas quoi dire de plus, mais NFPA ne va pas être content avec un commentaire de cette envergure :'(

Alors, par où commencer ? J'avais vu venir le fait que Lindhal soit l'mai de Romie qui était d'accord avec son suicide. C'était le seul truc qui me paraissait logique. Mais alors, pour le reste, j'avais rien vu venir, et c'était assez grandiose, toutes ces découvertes, révélations, et cette chute oO" Bref, beaucoup d'émotion en pas beaucoup de chapitre, je sais pas si je vais m'en remettre xD

Déjà, quand Lindhal a sortie que les culs de lycéennes, c'était pas son délire, je me suis sincèrement demandée s'il n'avait pas fait tout un plan machiavélique juste pour avoir des vieilles et que son fantasme, c'était les vieilles, mais que du coup, il n'y en avait plus assez pour lui ='D J'ai vraiment commencé à avoir peur en me disant "AH LE BATARD", mais heureusement, il a fait tout ça pour une raison beaucoup plus saine, donc ça va, je l'excuse entièrement ! (Spoiler, j'ai peut-être un peu menti là !).

Quand Freddie a découvert le laboratoire, j'ai aussi pas mal flippé, je me suis demandé s'il avait pas maintenu en vie tous les gris morts qui avait travaillé pour lui et qu'ils les gardaient pas pour faire des expériences cheloues. Donc bon, j'ai vraiment eu peur de lire la suite à ce moment-là ='D Surtout quand on a vu les morceaux d'animaux, je me demandais s'il voulait pas faire des chimères, et après, quand elle va dans la salle avec tous les "restes" des gris morts, je pensais qu'ils conservaient là tous les corps de ceux morts en travaillant pour lui. J'ai une super image de ce perso n'empêche ='D Je m'attends toujours au pire avec lui :p

Toute l'histoire avec Alfred qui doit prendre sa place, je ne m'y attendais pas du tout du tout pour le coup, et j'étais un peu sur le cul, en me disant qu'il voulait mourir et être immortel à la fois, et qu'il était vraiment bizarre. Mais bon, ça a sa justification logique, même si, quand on découvre tout ça, c'est vraiment impressionnant et surréaliste (mais dans le bon sens du terme, on est dans les basket de Freddie qui ne comprend rien à ce qui lui arrive.).

Tout ça pour détruire l'immortalité, rien que ça ='D Le discours de Lindhal sur les problèmes de l'immortalité est très vrai et fait réfléchir, mais c'est vrai qu'on se pose quand même la question de "Mais ya pas une autre solution ?", et heureusement, Lindhal a tout prévu. Son suicide m'a totalement prise au dépourvu, j'ai eu du mal à comprendre. Je pensais qu'il allait vivre et rendre le monde meilleur pour son enfant. QUE DALLE.) Et après, j'ai compris, c'était la moins pire des solutions, même si, comme Freddie, j'ai du mal à l'accepter, ça paraît presque trop facile en fait x) Ce sont les autres qui vont morfler (Alfred et les autres). Mais c'est pas mal la solution de "voyons ce que l'humanité mérite". Heureusement qu'il a pas gardé la première solution, parce que même en étant motivé, les jeunes auraient peut-être pas réussi à remonter la pente, surtout avec les retards de croissance mentale dus à l'immortalité ='D

J'ai trouvé toute la fin très touchante. Pour moi, tous les morts gris étaient morts, il me semblait avoir lu qu'on avait plus entendu parlé d'eux, mais j'ai dû me tromper. Alors apprendre qu'en fait, Lindhal leur avait trouvé à tous une retraite et qu'il étaient restés ensemble, ça m'a vraiment beaucoup ému. Surtout avec tous les portraits des morts. Pourtant, ces morts sont morts à cause des tests de Lindhal, mais personne ne semble lui en vouloir, probablement parce qu'ils ont tous compris grâce à ça et Lindhal l'importance de vivre vraiment. C'est très triste et très beau.

Bref. J'ai vraiment beaucoup beaucoup apprécié ma lecture, et je ne regrette pas du tout d'avoir recommencé à lire =D Bravo pour cette très jolie histoire !

Pluchouille zououbouille !
Dan Administratrice
Posté le 23/08/2019
Wow ça c'est du commentaire de compèt' ! Je vais essayer de lui rendre justice ♥

Déjà, merci beaucoup. Je suis vraiment contente si l'émotion (voire le trop-plein d'émotions) se perçoit malgré la taille réduite de l'histoire ; j'avais un peu peur que les ellipses à répétition créent des problèmes ou que finalement on s'attache assez peu aux personnages, alors ton retour me rassure.

Pour le fait que Lindhal ait été l'ami de Romie, j'avais rajouté un indice dans la scène du rêve de Freddie, parce que initialement fallait vraiment être extralucide pour se douter que le lien était là x'D (et c'est vrai que du coup l'espionnage par la puce était une piste plus évidente). En tout cas je suis vraiment très très contente si les révélations et la chute fonctionnent *v* J'ai pas mal retravaillé cette fin qui était assez précipitée et chaotique à la base, donc c'est cool d'avoir le ressenti des lecteurs sur cette nouvelle mouture !

"je me suis sincèrement demandée s'il n'avait pas fait tout un plan machiavélique juste pour avoir des vieilles et que son fantasme, c'était les vieilles" j'ai tellement ri xDD J'aime beaucoup cette parano qu'il t'inspire :p Mais oui, heureusement, il est vachement plus équilibré que ça !

Ah les chimères... petit flip hérité de Fullmetal Alchemist peut-être ? :p C'est vrai que ça aurait été une idée horrible et donc très séduisante ; mais non, c'était juste des tests préparatoires.

Dans l'idée, oui : il aurait voulu être immortel et mortel à la fois. Disons qu'après 600 ans toutes ses connexions se faisaient plus très bien :p Mais en vrai je pense que c'est un paradoxe qu'on peut vite ressentir : vouloir continuer à en profiter, et plus supporter de continuer. Après il était pas obligé d'essayer d'entraîner tout le monde dans sa crise et il aurait pu se suicider sans embêter personne, mais sans parler du petit complexe de Dieu qu'il s'était taillé, il se sentait aussi responsable, le pauvre choupet v.v

Non par contre son enfant c'est pas qu'il s'en tape mais il est au-delà de ça x'D Et il a dû se dire qu'éviter de tout foutre définitivement en l'air c'était le mieux qu'il pouvait faire pour l'avenir. Du coup, effectivement, les gens auront pas d'autre choix que de se débrouiller. C'est vrai que ça peut sembler "facile" pour lui, et la colère de Freddie est compréhensible, mais bon, à un stade je pense qu'il avait mérité d'arrêter de souffrir (on sent que j'ai un petit parti-pris, non ? x'D).

Pour les gris-morts, faudra que je vérifie, je crois que j'avais justement rien précisé, surtout au sujet de ceux que Lindhal avait repêchés (par contre il les a pas TOUS sauvés ; seulement ceux qui pouvaient lui servir, et à des périodes assez éloignées pour qu'on puisse pas faire le lien avec le plan qu'il mettait en place ; ou alors j'ai dit le contraire quelque part ?). En tout cas tous ceux avant Freddie connaissaient pas les intentions de Lindhal, donc ils savent pas que c'est de sa faute si leurs proches se sont suicidés ^^ Cela dit même sans tout savoir, ils ont effectivement changé d'avis sur l'immortalité.

Merci beaucoup pour la fin en tout cas ♥ Ça m'a assez secouée de sortir cette histoire et je suis contente si elle a réussi à transmettre quelques petites choses. Merci pour tous tes commentaires Flammichoute, je suis vraiment très heureuse que ça t'ait plu ♥
Flammy
Posté le 23/08/2019
Mais de rien, merci d'avoir écrit tout ça ^^

Et clairement, le trop pleins d'émotion se sent très bien ! Moi, c'était totalement dans cet état que j'ai terminé l'histoire =D

Oui, pour le rêve et l'indice, je m'étais dis à ce moment là que l'ami, c'était louche et je m'étais fait la réflexion plus tard que c'était peut-être Lindhal. Comme quoi, ça marche ;) Ou alors, je suis extra lucide :p Et je confirme, la fin fonctionne vraiment très bien là !

Un parti pris ? Où ça ? Plus sérieusement, j'avais compris que c'était ce qu'il pouvait faire de mieux, mais bon, ça fait quand même bizarre xD Même si, clairement, si tu nous avais dit qu'il devenait un bon petit papa, là j'aurai hurlé xD

Pour les Gris morts, j'avais compris que ce n'était pas tous les gris morts ^^ Mais par contre, j'étais sûre qu'à un moment, tu dis qu'on ne sait pas ce que sont devenus ceux employés par Lindhal. Mais j'ai peut-être rêvé en vrai ^^"

En tout cas, c'était vraiment une très chouette histoire, et j'ai vraiment beaucoup aimé ma lecture <3
Dan Administratrice
Posté le 24/08/2019

Tant mieux si l'indice a fonctionné alors !

Pour cette histoire de gris-morts disparus, il faudra que je refarfouille, merci de me l'avoir pointé. Peut-être qu'à la base je me suis dit que Lindhal les avait sauvés sans que la population le sache, mais vu la couverture médiatique, si un gris-mort comme Electra était subitement réapparu pour travailler au Pavillon, y a quand même des gens qui s'en seraient rendu compte x'D

Je vais peut-être simplement dire qu'ils se font très discrets et qu'ils tiennent à leur anonymat, que Lindhal s'est assuré qu'ils arrivent à peu près à se réintégrer à la société une fois secourus !

Merci pour tout ♥
BeuldesBois
Posté le 10/02/2019
J'avais réussi à ne pas mouiller mes yeux jusqu'à ce que j'arrive aux derniers mots, aux épaves heureuses, et là, pouf x'D...<br /><br />COUCOU MAIS QUI VOILAAAA.<br />J'ai profité du temps forcé à rester au lit pour passer te voir et Diou que ça fait du bien. (Même si, comme je le disais, tu me fais larmouiller, vilaines barbue que tu es.)<br /><br />Je ne sais pas si c'est très malin de ma part de commenter tout de suite après la lecture des 10 chapitres d'une traite, parce que c'est forcement pas clair et ordonné dans ma tête ; mais si je ne le fais pas maintenant, faut que je sois honnête avec moi-même, ce sera comme le piti bout de Qui meurt me suive (en tout cas à l'époque ça s'appelait comme ça xD) que tu m'avais envoyé par mail, que j'ai dévoré, et... pour lequel j'ai oublié de te faire un retour. GNE GNE GNE /se tape la tête contre le clavier/. Alors je le fais maintenant et pis c'est tout parce qu'au bout d'un moment faut que j'arrête de déconner à tout remettre à plus tard sous prétexte que ce sera mieux plus tard, alors que plus tard, c'est juste inexistant.<br /><br />Comment me réinventer pour dire que j'aime ton style d'amour, je ne sais pas, alors faisons simple: j'aime tellement ton style, il est si beauw, à quand que le monde entier le découvre, à quand ? ;w; Il le faut un jour ou l'autre parce que sinon je vais être une grande frustrée de la vie. ♥<br /><br />J'ai pas vu ces chapitres passer. C'était juste la bonne dose *o*. Vraiment, quand j'ai du m'arrêter à quelques reprises pour des impératifs du type gastroïque, urinaire ou autre, et que je revenais et tchequais où j'en étais, j'étais très étonnée de voir qu'on était bien plus loin dans l'histoire que ce que je pensais ! ♥<br />T'en a fais du chemin mon Danounet pendant que je ne regardais pas ♥ Enfin ça avait déjà commencé avec d'autres de tes projets sur lesquels tu travaillais taille, rythme, et tout, et ça m'émeut de voir comme ton travaille porte ses fruits ♥.<br /><br />Les thèmes maintenant.<br />Je ne vais pas être capable de te ressortir les passages précis mais j'ai beaucoup aimé comme tu déploies une multitude de points de vue sur le suicide (qui est l'égoïste, qui fait le mal, y en a t-il vraiment...) sans qu'il n'y en ait de prédominant ; sans bon ni mauvais. Ca peut être un sujet sensible et casse gueule, mais j'ai trouvé que tu le traitait vraiment élégamment, et de façons qu'on ne voit pas souvent.<br />L'utilité ou la futilité de la vie, son sens ou son vide. Comment ne pas devenir dingo comme Lindhal si on passe 600 ans à y penser. (Même avant d'atteindre 600 ans, sûrement, haha.) Encore une fois j'ai bien aimé comme tu te servais de ton univers pour en parler ! ♥ Du temps en plus, à quoi bon si on en fait rien de spécial ; est-ce que ça donne plus ou moins de sens à l'existance ?<br /><br />Côté détail qui m'a accorché très fort sans que je ne sache trop pourquoi, la différence de taille entre Freddie et Lindhal reste gravé dans ma tête. Je les vois, ils sont merveilleux xD.<br /><br />Je ne sais pas si j'aime Lindhal ou si je le déteste. Il a des façons de faire franchement très limite, mais peut-être quelques excuses dues à l'âge. Et puis, malgré tout, une personnalité assez sympatique. Mais quand même, quel truand. Arrh. C'est ça, je l'aime mais je le frappe ne pensée. <br /><br />J'ai fais un peu le tour des commentaires précédents pour voir les points qui revenaient et je me suis rendue compte que j'avais complètement zappé la partie des motivations de Lindhal qui concerne la puce, la Fondation et Alfred tellement j'étais prise dans l'histoire et voulait connaître la suite. Mais maintenant que j'y pense, c'est vrai que je n'ai pas bien fait attention à la logique du plan du professeur. Je ne dis pas que je n'en vois pas, mais que je ne m'en souviens plus x'D. Je relirais les derniers chapitres pour m'en faire une idée, hihi.<br /><br />Je te fais des gros bisous et te laisse là-dessus mon petit bûcheron d'amûr. ♥<br />Long live tes écrits et ton imaginaire fabuleux ! TOUJOURS PLUUUS.
Dan Administratrice
Posté le 10/02/2019
BEULOUUUUUU !! ♥
(C’était ma première réaction quand j’ai découvert ton commentaire mais je n’ai aucun mal à la réitérer en te répondant ♥)
Je suis fort flattée que tu aies plongé le nez là-dedans malgré les affres du malobidou et encore plus si ça t’a plu (malgré les larmouilles) ! J’ai du mal à croire qu’on arrive à s’enfiler les dix chapitres d’un coup mais alors déjà MERCI, et d’avoir lu, et d’avoir pris la peine de commenter (ce qui n’est jamais une obligation, que la notion de plus tard existe ou non :p) d’autant qu’avec une vue d’ensemble c’est super utile pour moi !
Je sais pas pourquoi j’ai éprouvé une sorte de soulagement en lisant ton commentaire, parce que je crois que ça m’aurait fait mal au cœur que tu détestes (outre le fait que c’est jamais plaisant en soi, des lecteurs qui détestent, quand c’est des lecteurs proches ça devient vraiment vraiment important ♥). Aaaah et tous ces compliments mais qu’est-ce que tu me fais là ? Tu veux déclencher la combustion spontanée de mes taches de rousseur, c’est ça ?
Je te remercie pour le staÿle, d’autant que là je me suis un peu lâchée et que j’étais partagée entre le plaisir de la lâchance et la crainte d’en avoir trop fait… Sur le rythme et le contenu, c’est vraiment un soulagement ! J’ai pas l’habitude de ce genre de format et mon plan à changé trente-six fois de tête donc au final je savais plus bien si ça tenait la route ou si ça dérivait vers le flou artistique – ma principale crainte étant que ça ait l’air de se passer beaucoup trop vite pour des mois racontés et des années « vécues » pour Freddie. Aaah et le chemin parcouru, the ultimate compliment T.T Merciiii ♥ (cette réponse sera aussi chargée de cœurs que le commentaire initial).
C’est rassurant pour le thème du suicide parce que j’ai (heureusement) pas une connaissance personnelle très pointue du sujet, donc quand c’est aussi sensible y a toujours la peur de dire des conneries plus grosses que soi… Bon après en défendant l’idée que y a des « torts » des deux côtés je me mouille pas trop non plus x’D Concernant la futilité de la vie, ça fait partie des choses que j’ai eu l’impression de trop dire et de pas assez montrer, malgré le Lindingo, mais comme cette novella fait partie de tout un ensemble je savais pas bien doser… j’imagine que ça sera plus simple à équilibrer quand je les aurai toutes écrites !
Je me suis toujours dit qu’il faudrait que je les dessine tous les deux ♥ Et c’est parfait si au final tu pourrais pas dire si tu l’aimes ou si tu le détestes, Lindhal ; j’espère avoir réussi à montrer qu’il a fait des choses qui méritent à la fois tout l’amour et toute la haine du monde :p
Ton retour me conforte aussi dans l’idée qu’il faudra que je clarifie ces chapitres de résolution et surtout les motivations de Lindhal ; l’écriture au kilomètre dans la frénésie de la fin leur a pas fait du bien x’D
Je te fais une cascade de bisous et un torrent de câlins, mon Bouchon ♥ C’est vraiment super précieux pour moi d’avoir réussi à t’embarquer dans cette histoire-là, et je vais continuer à faire tout mon possible pour y arriver avec les prochaines ♥ Amour et Smecta ♥
Mart
Posté le 22/11/2018
Coucou Dan!
J'ai vraiment adoré cette histoire. Ton style m'a semblé efficace, sans pour autant reculer devant l'idée d'une métaphore bien placée de temps en temps.
J'ai un peu lu les autres commentaires avant de rédiger le mien, histoire d'éviter de trop nombreuses redites. Alors je vais aller à l'essentiel:
- Je n'ai pas compris tout de suite que Romie était la petite soeur de Freddie, j'ai d'abord cru que c'était son petit copain. Ce n'est pas grave, mais je me suis senti con au moment de m'en rendre compte. Ai-je loupé des infos au début ou est-ce un flou volontaire?
- La fin était un peu rapide (le chapitre neuf surtout), mais j'aime bien que certaines choses restent inexpliquées. J'ai adoré les réflexions de Lindhal et la morale qui s'en dégage. On n'a pas besoin d'entièrement le comprendre. En fait, on ne devrait pas en être capable, vu sa matûrité bien supérieure.
- Il reste pas mal de coquilles. Pardon de ne pas les avoir recensées, je lisais dans le train et étais trop happé par l'histoire pour les noter. Mais il me semble me souvenir par exemple d'un "tant" au lieu de "temps" au septième chapitre. 
C'était une histoire assez courte, mais je pense que le format convient parfaitement. Merci de l'avoir partagée avec nous, j'ai passé de très bons moments de lecture!
À bientôt, et au plaisir de te lire! (Je continuerais bien Moonshine...)
Mart 
Dan Administratrice
Posté le 22/11/2018
Coucou Martou !
Merci beaucoup pour ce commentaire ♥ OUF pour les métaphores ! Il me semble que j'en ai fait quelques caisses avec ce texte... je vais peut-être songer à simplifier certains passages pour que ce soit plus digeste et équilibré, et surtout traquer les vilaines coquilles avec un bon passage d'Antidote !
Concernant Romie, c'était effectivement volontaire ;) J'ai voulu présenter leur relation d'une façon qui pouvait laisser l'interprétation libre et pas tout de suite "enfermer" l'une ou l'autre dans un rôle, donc c'est normal de ne pas avoir capté d'emblée ce qu'elles étaient l'une pour l'autre.
Je te rejoins totalement concernant la fin. J'ai écrit les deux derniers chapitres en une journée, habitée par le feu scriptural, et ça s'en ressent. Le début et la fin sont deux points que je veux travailler avec la reprise. Donc sans tout expliquer (je tiens aussi à ne pas répondre à toutes les questions et laisser les interprétations ouvertes), je vais solidifier tout ça ! Surtout rapport à la Fondation, j'ai l'impression que ça a perdu pas mal de monde. Et tant mieux si la distance qui reste entre Lindhal est nous semble logique.
Merci à toi pour ta lecture et ton retour précis ! Je suis vraiment heureuse que tu aies apprécié cette histoire ♥ Des bisous !
Zenodote
Posté le 30/08/2018
Hello Dan!
Hier j'ai dévoré les mémoires grises et aujourd'hui je viens te donner mes impressions :D
Sur la forme:
Je suis bluffée par ton style: la narration est superbe (toi tu maîtrises les ellipses temporelles, y a pas à dire) et tes descriptions regorgent de trouvailles qui rendent le récit presque poétique. J'aime tout particulièrement la manière dont la demeure délirante de Lindhal se déploie à mesure des chapitres. Et le passage où ils se droguent, tout en coupures. La façon dont tu as amené la mort de Romie, dans le premier chapitre, avec les molaires. Vraiment, chapeau.
Mon seul bémol se situe au niveau des dialogues: je trouve que Lindhal et Freddie ont la même façon de parler, pas très articulée. Autant pour Freddie, qui a 27 ans, ça passe, autant pour Lindhal, avec ses six siècles, c'est plus surprenant. Je comprends l'intérêt de lui donner justement un style "jeune" pour prendre le contre-pied de ce grand âge, mais le résultat est que sa manière de parler semble copiée sur celle de Freddie, ce qui ajoute une difficulté supplémentaire pour cerner le personnage.
 
Sur le fond :
Pareil que pour la forme, c'est original et beau, ça regorge d'idées sublimes. L'idée du vieillissement accéléré, la relation surprenante des deux personnages principaux, la peinture de Romie, l'androïde fait homme etc. J'ai été surprise à chaque détour de chapitre.
Ma critique - qui est en fait une remarque - rejoint celles des autres : je ne comprends pas tout à fait la logique de la fin, avec la Fondation, la puce, le suicide de Lindhal, Alfred.
- Pourquoi Lindhal voulait dissoudre la Fondation ? Qu'est-ce que ça change ?
- Voulait-il arrêter de faire fonctionner la puce pour toute l'humanité ou leur donner un désir de mort, comme aux suicidés ?
- Pourquoi se suicide-t-il sans rendre l'humanité à nouveau mortelle, finalement ? "Juste" à cause de la grossesse de Freddie ?
- Pourquoi voulait-il se recréer en intelligence artificielle ? Pour vivre éternellement ? Même si Alfred devient un double parfait grâce aux mémoires, il reste un double, le Lindhal originel est mort, il n'y a pas de continuité de la conscience (soit dit en passant j'ai trouvé l'idée qu'une personne n'est entière qu'avec l'apport de la perception subjective d'un regard extérieur très intéressante).
Je pense que j'arriverai à trouver les réponses à certaines de ces questions en faisant une deuxième lecture, mais voilà mes interrogations après avoir lu Les mémoires grises une première fois d'une traite. Le fait que je m'interroge sur de nombreux points et que je sois un peu frustrée par mon manque de compréhension n'est pas mauvais en soi : il y a plein d'œuvres que j'ai adorées qui m'ont laissée volontairement dans le flou. La question est donc de savoir si toi, l'auteur, tu souhaites laisser le lecteur dans le flou. Si oui, alors félicitations, tu as réussi à sortir une histoire à la fois vaguement incompréhensible et très profonde :D Si non, il va sans doute falloir que tu fournisses quelques paragraphes explicatifs.
Voilà pour le commentaire, merci pour ce très très beau texte :) J'ajoute Moonshine sur ma PAL pour découvrir les autres petites merveilles que ta plume a pu produire !
A bientôt sur le fofo,
Zénodote
Dan Administratrice
Posté le 30/08/2018
Hello Zéno et désolée pour le lustre qu'il m'a fallu pour répondre à ton commentaire... J'accepter les coups de fouet ou de balais de Quidditch.
Je te remercie bien fort pour tous tes compliments, déjà ! Ca me rassure un peu ce que tu dis concernant les ellipses parce que j'avais l'impression que ça devenait un peu n'importe quoi et qu'on perdait complètement le fil... Contente aussi si les descriptions ont fonctionné, les huis-clos (ou presque) m'inquiètent toujours un peu parce que j'ai peur que le lecteur s'ennuie, alors j'essayais au moins de jamais montrer deux fois le même endroit (et pour certains ils m'ont même été directement inspirés par des rêves !)
Arf c'est dommage pour les dialogues ; effectivement dans mon esprit Lindhal a un parler plus "jeune" que Freddie, paradoxalement, mais je vois ce que tu veux dire pour leur différenciation. Je vais rendre ça plus clair en reprenant le texte en entier !
Pour la fin, comme tu l'as vu, t'es pas la seule à avoir eu des questions x'D Et tu fais bien de m'en faire part parce que même si j'espère qu'une deuxième lecture apporte davantage d'indices, faut pas qu'elle soit complètement nécessaire pour saisir le propos. Donc merci d'avoir mis le doigt sur ce qui te dérangeait. Je vais pas te répondre directement parce que je vais bientôt m'atteler à une deuxième version et je demanderai sûrement un nouveau coup d'oeil sur la fin aux lecteurs qui voudront bien m'aider (enfin si tu veux pas te retaper une lecture, ce que je comprends, tu peux aussi me le dire et je te donnerai les réponses ehehe). Certaines choses resteront probablement un peu dans l'ombre, mais faudra que je clarifie les plus importantes.
Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire !
Elia
Posté le 29/08/2018
Wouah. Je suis vraiment surprise par cette lecture et je ne saurais pas mettre les mots exacts sur mon ressenti. Ton histoire est prenante et a pris un tournant très différent de ce que j'aurais pu imaginer. Je dirais que le tout est cohérent, bien pensé, intelligent mais tu laisses aussi le lecteur dans une part de flou. Je ne pense pas avoir réussi à tout saisir, parce que comme a dit Jamreo (oui je stalke les commentaires) c'est très dense et tout va très rapidement, dans un flou temporel. J'ai eu du mal à me répérer dans le temps, j'ai eu eaucoup de mal aussi, comme je te l'ai dit, à cerner Lindhal même si maintenant, je comprends mieux ses motivations. Je dirais qu'il y a quelque chose d'insaissisable dans ton histoire, mais que le tout est extrêmement immersif, bien pensé et très prenant ! Je suis désolée pour mes commentaires décousus xD quoi qu'il en soit c'est chouette de découvrir ta plume. J'ai passé un super moment <3
Dan Administratrice
Posté le 29/08/2018
Merci en tout cas d'avoir tout lu et si vite ! Ton regard global me permet de voir où sont les faiblesses mais je me rends aussi compte que ce que je veux "dire" avec cette histoire, sur la forme comme sur le fond, n'est apparemment pas complètement passé. Je suis ravie en tout cas si ça a pu te plaire assez pour tout avaler d'une traite et si la direction t'a surprise !
Je comprends cette sensation de flou, même si je pense que Jam parlait davantage du style que du fond, qui a l'air d'être ce qui t'a le plus gênée (sur la temporalité comme sur la géographie ou, plus embêtant encore, sur Lindhal). Le flou temporel n'est pas "voulu", je me suis efforcée de mettre des indicateurs mais visiblement pas assez ; ce qui était voulu c'était l'impression de rapidité et l'idée que Freddie fonçait de plus en plus vite dans le mur.
Je ne sais honnêtement pas trop quoi faire pour simplifier la lecture ou au moins l'orienter comme il faut ; je vais éclaircir le point de la géographie et faire des rappels sur la temporalité, mais je ne me vois pas vraiment changer quelque chose vis-à-vis de Lindhal par exemple car j'aurais un peu l'impression de "trahir" ce que je voulais faire. Ne t'excuse donc pas, tes commentaires m'ont apporté beaucoup de matière à réflexion ! Il va juste me falloir un petit moment pour me mettre au clair, et surtout pour bien relire entièrement à tête reposée, ce que je n'ai pas fait jusque-là. Au final je ne sais pas exactement ce que tu as pensé de l'intrigue en elle-même mais j'espère que cette histoire de laissera un souvenir positif malgré tout ses défauts ^^
Merci pour tout Elia !
Jamreo
Posté le 29/07/2018
Bon, voilà, c'est fini. Je sais pas trop où commencer pour te faire un commentaire cohérent et compréhensible, il y a pas mal de choses qui mériteraient d'être dites ! 
Commençons par cette fin. Une fin douce-amère, parce qu'au fond, Lindhal a choisi de ne pas détruire tout ce qu'il avait entrepris en fin de compte, et c'est un peu la perpective d'un nouvel être à venir qui l'a convaincu de laisser une dernière chance à la vie. C'est en tout cas comme ça que je l'ai lui, une sorte de dernier espoir, de dernier éclat de foi en l'humanité et en son entreprise. Pour autant, on comprend Freddie et son ressentiment face au suicide de Lindhal. C'est un gros poids qu'il a placé sur ses épaules. Cela dit, la remarque d'Alfred sur les raisons pour lesquelles, parfois, les gens choisissent de mourir, et particulièrement sur le fait que ce n'est ni une punition, ni une vengeance envers ceux qu'on aime et qui nous aiment, est très juste.
L'enfer et le calvaire que peut devenir la vie, l'idée du suicide, le besoin de croire en sa propre mort à venir qui est aussi ce qui donne un sens et de la valeur à la vie, tout ça, ça me parle, et ça me parle à un niveau viscéral. Et tu l'écris si bien, avec tellement de nuances et d'intelligence, tellement de justesse. C'est vrai que l'immortalité peut vite devenir une horreur. Les réflexions sur une humanité qui stagne au lieu de progresser en profitant de ce "don" (un peu empoisonné au final) sont super intéressantes, ça fait réfléchir. On comprend que Lindhal ait pété un câble. Ca n'excusera pas ce qu'il a fait à Romie, et c'est ce que j'aime chez ce perso : on le comprend, on compatit à son malheur, on comprend pourquoi il fait ce qu'il fait et en même temps certains actes sont impardonnables, comme encourager une ado dans la voie du suicide ou pirater les puces des gens pour leur donner envie de mourir. Un personnage tout en nuances, très loin du manichéisme. 
Si je devais formuler une petite critique, c'est que parfois, ton histoire et ton écriture sont si denses qu'il a été difficile de vraiment tout saisir. C'est que j'avais tellement envie de comprendre toutes les nuances ♥ surtout vers la fin. Par exemple, je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi du projet que Lindhal avait de détruire la Fondation et les puces, ni de comprendre ce que le fait que son nom ait disparu de la Fondation implique vraiment. Mais c'est moi aussi, peut-être, qui aurais dû prendre plus le temps, et de toute manière, c'est une toute petite critique parce que ça m'a pas vraiment gênée. C'était beau à lire en tout cas ♥
Et cette dernière ligne, bon sang cette histoire m'aura achevée xDD Bravo. Tu craignais pour cette fin, mais je la trouve touchante, logique, bien gérée, bien écrite. Merci pour cette histoire Danou ♥
Dan Administratrice
Posté le 29/07/2018
Cinq siècles plus tard, qui voilà...
Je vais commencer par te remercier très chaudement pour ta lecture assidue et tes commentaires ♥ Ca m'a permis de mettre le doigt sur ce qui est encore perfectible et je suis vraiment contente que tu aies apprécié le voyage !
Concernant la critique que tu émets, elle est tout à fait justifiée, je pense qu'à force de vouloir me faire plaisir et me lâcher sur le style puisque je me refrénais sur Moonshine, j'ai peut-être un peu forcé la dose x'D L'écriture ultra fractionnée a pas dû aider non plus. En tout cas c'est clair que cette histoire aura bien besoin d'une relecture complète pour alléger certains passages et en éclaircir d'autres - ça reste un quasi premier jet. Concernant tes doutes sur la Fondation, à la fin, ça vient du fait que j'étais pas bien sûr moi-même de ce que je voulais dire x'D J'ai ajouté un petit paragraphe d'explications suite à ta remarque !
Pour le reste, je suis vraiment heureuse si la fin t'a semblée juste (et compréhensible !). C'est pas un format dont j'ai l'habitude donc j'avais peur de bâcler certaines choses et de ne pas réussir à tout conclure correctement... Bref, je suis soulagée, et particulièrement sur la question du suicide, de la "responsabilité" de la vie et du sens que tout ça peut avoir. Ce sont des questions qui me travaillent beaucoup et en fait j'avais un peu peur que le format de la nouvelle et le parti-pris (d'être en huis-clos et de quasi rien voir de la société que Lindhal critique plus ou moins) leur rende pas particulièrement justice, que ça reste assez léger et superficiel... Donc si ça a pu toucher certains lecteurs malgré tout, c'est une petite victoire pour moi ! Pour l'isolement des personnages, en fait, je voulais vraiment montrer qu'en fin de compte, société vertueuse ou pas, l'immortalité est pas un bon objectif... je sais pas si j'ai atteint le mien x'D
Merci encore du fond de la pêche pour ta lectures et tes retours très précieux Jamou ♥
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