—Je te jure si on se fait prendre je dirais que tu m’as entrainée là-dedans ! chuchota Loréa. En plus dans une semaine les missions commencent et ça serait vraiment idiot de se faire exclure de l’Académie maintenant !
—C’est bien toi qui m’as demandé mon aide non ? C’est pas ma faute si tu m’as transmis ta curiosité. Et puis si on finit par trouver tu seras bien contente.
Loréa ragea intérieurement. Alma avait raison. Mais s’introduire dans la bibliothèque en pleine nuit n’était pas une bonne idée et ça, elle en était persuadée.
—Comment allons-nous rentrer ? demanda-t-elle. A mon avis il y a une barrière qui protège des intrusions de ce genre. On ne va pas pouvoir utiliser de sorts ni même nous téléporter.
Cachées derrière les buissons les plus prêts et vêtues d’une cape noire pour ne pas attirer l’attention, Loréa n’était plus qu’une boule de peur contrairement à Alma qui semblait tellement s’amuser qu’elle avait le sourire jusqu’aux oreilles.
—On va voir ça.
Sans attendre, elle lança un caillou sur le mur de la bibliothèque. Il tapa contre la pierre et retomba au sol. Même avec toute la concentration dont elle fût capable elle ne vit aucune vibration dans l’air.
—Il n’y a pas de barrière. Je pense qu’il y a seulement un sort défensif si quelqu’un utilise ses pouvoirs directement sur la bibliothèque.
Loréa grimaça.
—Donc t’as un plan ? Parce que si on ne peut pas utiliser de sort comment on entre ?
—C’est pour ce genre de situation que les bonnes vieilles méthodes existent.
Le sourire maléfique d’Alma la fît frissonner. La revoilà ! Alma l’intrépide ! pensa Loréa. Quand elle voulait essayer quelque chose on ne pouvait plus rien faire pour elle.
Un bruit près d’elles fit sursauter Loréa. Des feuilles qui se froissent. Une personne qui ne sait pas faire dans la discrétion apparemment. Aucun doute.
—Ne me dit pas que… soupçonna-t-elle.
Alma lui fit son plus beau sourire.
—Et si.
Une personne vêtue d’une cape noire du même genre que ce qu’elles portaient fit son apparition juste derrière elles. Elle se pris dans une racine et atterri face contre terre aux pieds de Loréa qui souffla d’exaspération.
—Qu’est-ce que tu fais là Hasper ? Si c’est pour nous faire prendre tu peux rentrer chez toi.
—Je l’ai invité. Je sais qu’il aime bien ce genre de mission, sourit Alma.
Quelques heures plus tôt
La caisse en bois était lourde sur ses bras, remplie de plantes, de pétales de fleurs et de liquides magiques. Il fallait refaire les stocks et Camilla avait envoyé Alma en ballade pour la matinée.
Sur le sentier elle croisa Hasper, qui traînait des pieds soulevant une couche de poussière autour de lui.
Elle sourit.
—Bah alors tu t’ennuies ? dit-elle assez fort pour qu’elle l’entende.
Surpris il se retourna. Il avait toujours ce magnifique sourire sur le visage. Ses cheveux détachés, il portait ce jour de repos un pantalon léger beige et un haut noir. Il était plutôt joli garçon.
—Avant que tu apparaisses dans ma journée un peu. Le travail ? supposa-t-il pointant la caisse du doigt.
—Oui parce que moi je ne passe pas mes journées à traîner dans les rues à la recherche d’animation.
Il lui tira la langue.
—Autant profiter de sa sociabilité quand on en a une n’est-ce pas madame je-ne-me-mêle-pas-aux-gens-que-je-ne-connais-pas ?
C’était au tour d’Alma de tirer la langue.
Hasper lui prit la caisse des bras et elle siffla.
—Waouh quel gentleman.
—Toujours pour te servir madame.
Elle roula des yeux, amusée.
—Tu travailles toute la journée ?
—Non je pense que j’aurai finis en milieu d’après-midi. Pourquoi ?
Il la regarda. De son regard lourd de sous-entendu.
—Tu veux encore aller faire des bêtises toi ? supposa-t-elle.
—Haha tu me connais bien, ça me fait plaisir.
Alma ria.
—Rejoins-nous ce soir dans le plus gros buisson près de la bibliothèque.
Hasper leur fit un clin d’œil et s’accroupit près de Loréa.
—J’aime transgresser les règles, dit-il d’un air fier.
—Il m’exaspère.
—Non mais plus sérieusement, on en est où ? il demanda.
Loréa haussa les épaules et tous les deux se tournèrent vers Alma.
—Vous n’avez qu’à me suivre.
Elle mit sa capuche et ils l’imitèrent.
—Le plus discrètement possible, elle ajouta.
Sans faire le moindre bruit ils se déplaçaient en courant vers le bâtiment, leurs talons ne touchant jamais les pavés. On sentait bien dans leurs mouvements qu’ils étaient des élèves de l’Académie, parfaitement entrainés.
Les rues n’étaient jamais surveillées, c’est pour dire la paix qui régnait au royaume. Ce pays était calme et paisible depuis plus de cent ans et ses habitants l’étaient tout autant. Bien qu’il y ait des habitants sans magie, l’égalité régnait. Tout le monde s’entraidait. La reine faisait tout ce qui était en son pouvoir pour maintenir cette sérénité durement acquise. Et cela commençait par avoir confiance en son peuple.
Les trois amis étaient en train de transgresser cette confiance. Ils n’en avaient aucun remord. C’est parce que le royaume cachait une chose au peuple qu’ils étaient là ce soir. Le peuple a le droit de connaitre l’histoire du pays où ils vivent. Et même si c’est une des plus sombres.
Enfin près d’une des fenêtres de la bibliothèque Alma sauta dessus. Le soleil n’éclairait plus depuis de bonnes heures déjà et la pierre était fraiche quand elle posa ses mains dessus. Son amie émis un son apeuré mais lorsqu’elle vit qu’aucune alarme ne se déclencha, elle expira le souffle qu’elle avait retenu pendant de longues secondes. Quant aux deux autres, ils sourirent diaboliquement.
Alma sortit de sa poche une plaque de métal assez fine. Et Loréa plissa les sourcils ne comprenant pas ce qu’elle allait faire.
Avec une main experte, elle inséra la plaque dans la fente. Son geste était d’une infinie précision et parfaitement réfléchit. Tous les bâtiments de la ville était fait de pierre et les fenêtres étaient presque toutes aussi en bois. La bibliothèque ne faisait pas d’exception et avec de la force le loquet à l’intérieur sauta. La fenêtre s’ouvrit en grinçant. Loréa en resta bouche bée.
Rapidement ils se retrouvaient tous dans la bibliothèque vide et plongée dans le noir.
—Lahida.
Une petite boule de feu sur la torche qu’Hasper tenait dans la main et éclaira l’habitacle.
Autour d’eux, les murs étaient remplis de livre aux reliures magnifiques, il y avait des chaises et des tables partout, tous vides et le bureau de la bibliothécaire, situé entre les deux escaliers qui mènent à l’étage était particulièrement bien rangé quand elle n’était pas là.
La bibliothèque était parfaitement calme et silencieuse sans les bruits de feuilles, des chuchotements des élèves venus faire leurs devoirs tous ensemble au dernier moment et la bibliothécaire qui rappelait à l’ordre toutes les cinq minutes avec un « chut » autoritaire.
—Je suis jamais venu ici, avoua Hasper.
—Ça nous aurait étonné du contraire, ria Loréa sarcastique.
Il lui tira la langue en réponse.
—Au fait où tu as appris cette technique ? interrogea-t-il.
—Je l’ai apprise chez les humains, avoua Alma comme si c’était la chose la plus normale. En fait c’est ce que tout ceux qui n’ont pas de magie font.
Elle observa autour d’elle tout en réfléchissant par où commencer à chercher.
—C’était comment là-bas ? demanda Hasper soudainement curieux.
Alma réfléchit un moment.
—Pas génial. Les gens sont différents d’ici. Ils sont mauvais par nature et n’ont pas conscience des forces supérieures qui existent pourtant ils se croient les plus forts. Je suis bien contente d’avoir quitté leur monde.
Hasper était assis contre une table, les bras croisés et Loréa scrutait les étagères.
—Comment tu as fait pour partir ?
—Je devais avoir à peine dix ans et autour de moi des phénomènes étranges se produisaient. J’utilisais déjà la magie sans m’en rendre compte. Le royaume savait que quelqu’un laissait des traces de mageia chez les humains et ils m’ont trouvé. Ma famille adoptive ne voulait pas me laisser partir mais je pouvais plus vivre là-bas donc il a fallu trouver un arrangement. Enfin, ça a été un vrai bordel quoi.
—C’est pour ça que tu es entrée à l’Académie à dix ans ? supposa Loréa qui avait posé plein de livres sur une table. Parce que si tu n’apprenais pas vite à contrôler ta magie tu aurais eu des problèmes.
—Exact.
Hasper s’étira.
—Quelle vie, conclut-il.
—Et elle est pas finie, sourit Alma. Tout comme nos recherches donc on s’y met sérieusement.
—Moi j’ai déjà commencé hein.
Avec la pile de livre qui se présentait sous son nez, Loréa en aurait des jours pour tout lire.
—Je ne pense pas que ce qu’on cherche soit là.
Hasper et Loréa la regardèrent sans comprendre.
—Il faut aller voir dans les archives, précisa-t-elle.
Le regard de Loréa s’illumina.
—Mais oui !
Elle ferma tous ses livres et commença à les ranger.
—Lagor…
Alma lui boucha la bouche avec sa main et son amie sursauta.
—Mieux vaut ne pas laisser de traces de magie ont pourrait savoir qu’on est venu ici en pleine nuit.
Loréa hocha la tête et Alma la libéra.
A trois les livres se rangèrent rapidement et ils se retrouvèrent devant la porte qui menait aux archives. Faite d’un bois ancien avec une serrure abimée par le temps, Alma l’examina puis se tourna vers Loréa avec des paillettes dans les yeux.
—J’ai peur, grimaça Loréa.
—Passe-moi une pince de tes cheveux j’ai envie d’essayer quelque chose.
Elle prit la petite pince et la cassa en deux.
—Eh !
—Tu en as plein, dit Hasper.
—Humph.
Elle s’inséra parfaitement dans la serrure et Alma la fit tourner dans tous les sens, espérant que ça fonctionnerait. BINGO ! D’un clic elle se déverrouilla.
—Encore une technique apprise chez les humains, sourit Hasper.
Alma ria.
—C’est la première fois que je l’essaye. J’avais vu qu’ils faisaient comme ça dans les films alors je me suis dit que ça devrait marcher.
Loréa roula des yeux exaspérée et Hasper se tordit le ventre d’un rire franc.
Derrière la porte ils découvrirent un long escalier en pierre éclairé par la seule lumière de la porte ouverte. Alma s’engouffra la première, tenant la torche pour éclairer le chemin.
Leurs talons claquèrent sur le sol et résonnait sur la roche. La température était descendue d’un coup et Hasper s’en plaignit immédiatement.
Ils entrèrent dans une salle… extrêmement bordélique et sombre. Hasper repéra des lampes à feu était accrochées au plafond les alluma pour bien éclairer la salle.
Contrairement à l’ordre de la bibliothèque, le sous-sol était dans un sale état. Les étagères des rangées situés au centre de la pièce étaient pleines à craquer de livres, des grimoires et de parchemins mal empilés. Il y en avait jusque par terre. Ils remarquèrent qu’il n’y avait aucune humidité ici comme il pouvait y en avoir dans les autres sous-sols de la ville. Et encore heureux sinon les archives n’y survivraient pas.
C’était à peine si elles pouvaient faire un pas dans ce désordre. Loréa se prit les pieds dans un gros grimoire et manqua de s’étaler au sol faisant rire Alma et Hasper au passage.
Mais un bruit sourd les fit taire immédiatement. Comme un livre qui tombe. Les deux filles se retournèrent vers Hasper qui faisait lui-même une tête perturbée. Ce n’était pas lui qui avait fait tomber un livre. Tous se figèrent en un instant, sur la défensive.
Il y avait une autre personne dans la pièce. Comment était-ce possible se demanda Alma. La porte était fermée à clé. Et puis s’il y avait quelqu’un ils auraient forcément senti sa présence. La magie laissait toujours des traces.
Des pas. Ils se rapprochaient. Une ombre se dessina sur le sol. De plus en plus grosse. De plus en plus près.
La personne apparut derrière une étagère du fond.
—Soan ?
Qu'est-ce que Soan fait là ? Si ça se trouve, il est là pour la même raison qu'eux, ça serait drôle !
La magie laisse des traces, c'est comme ça qu'ils ont retrouvé Alma. Elle a vécu chez les humains mais ont dirait qu'elle fait partie de celui des sorciers depuis toujours.
Ce chapitre est fluide et agréable à lire, ont en apprend plus sur les personnages et sur leur monde !
eh oui la magie laisse des traces et ça peut être très utile et s'ils n'avaient pas retrouvé Alma je ne veux pas imaginer ce qui lui serait arrivée !
je suis heureuse que l'histoire te plaise et j'espère te revoir vite dans les commentaires ! c'était un vrai plaisir à lire merci infiniment !
Du coup me voilà, je me suis plongée dans l'histoire et commenter fait toujours plaisir, j'en ai conscience !