Chapitre 10 : Le cadeau des vagues

Notes de l’auteur : Dédicace à Saskia pour l'incroyable poème sous le chapitre 9 !! xD

Ce soir-là, Ewannaël était resté avec les tuniques blanches. L’air était doux, le sol recouvert de flaques. Le soleil du jour avait eu raison des dernières couches de neige, annonçant le retour prochain de la belle saison. Encouragé par le retour de températures supportables, par l’ambiance bon enfant qui régnait dans l’arène, Ewannaël avait repoussé son départ à plusieurs reprises, n’allant parfois même pas marcher. Cependant, c’était la première fois qu’il voyait la tombée de la nuit avec ses nouveaux camarades.

À vrai dire, il n’y prêta même pas attention, trop amusé par les pitreries d’Ezechios, le plus vieux des tuniques blanches. Le géant à la barbe grise faisait souvent profiter le groupe de ses danses ou grimaces. En le voyant tirer ses oreilles sur le côté en écarquillant ses yeux, Ewannaël ne put retenir un franc éclat de rire. Ses voisins le regardèrent avec étonnement, ils l’avaient rarement vu autant se dérider. Cela encouragea Ezechios à redoubler d’efforts, avec une chorégraphie animale dont lui seul avait le secret. Elle porta ses fruits au-delà de toute espérance.

Le rire d’Ewannaël se fit cristallin, puis incontrôlable. Il se replia sur lui-même en se tenant les genoux, sentant les muscles de son ventre se tendre dans un effort délicieux. Cette sensation si agréable lui avait manqué. Son émotion se répandit au reste du groupe, dans une communion de rires inoubliable. Les vingt tuniques blanches présentes finirent toutes assises ou accroupies en se tenant les côtes. Même la flegmatique Alemsa céda, se retrouvant dans les bras de sa voisine. Parmi tous, le rire d’Ezechios était le plus remarquable. Le vieil homme paraissait sur le point de s’essouffler et eut besoin de l’appui d’une jeune femme pour ne pas s’effondrer.

Aucune des tuniques n’aurait su dire combien dura ce moment tant il était hors du temps. Les rires décrurent cependant peu à peu, sans que cela entame la bonne humeur générale. Tous se rassemblèrent autour du feu. Ce ne fut qu’à la lumière des flammes qu’Ewannaël s’aperçut du regard curieux que sa fille lui lançait. Faè ne l’avait plus vu ainsi depuis ce qui constituait à ses yeux une éternité. C’était comme si elle redécouvrait enfin son véritable père.

Cependant, son attention se dirigea bientôt ailleurs. Avec le temps, Faè était devenue la coqueluche du groupe des tuniques blanches, et tous aimaient converser avec elle. La petite fille apprenait vite la langue qu’ils lui enseignaient et n’avait aucun mal à se faire comprendre. Quand son père était mis à l’écart par les conversations, elle s’improvisait traductrice. Ewannaël avait d’abord vu sa proximité avec les autres tuniques blanches d’un mauvais œil avant de lâcher du lest. Il voyait combien ces moments de partage rendaient heureux sa petite fée, sans que cela supplante leur relation. Peu à peu, il acceptait de la laisser s’éloigner, de ne pas la voir le temps de quelques minutes, puis de quelques heures. Cette distance était sa marque de confiance à l’égard des autres tuniques blanches.

Autour du feu, des petits groupes se formèrent tandis que se lançaient les conversations. Un bref instant, Ewannaël se retrouva seul avec Faè et regretta de ne pas parler la même langue que les autres. Il réalisa qu’il ne pourrait jamais être un membre du groupe à part entière et cela l’attrista. Cependant, Alemsa s’aperçut de leur isolement et les rejoignit, accompagnée d’une autre femme. Ewannaël leur sourit en signe de reconnaissance, tout en esquissant un geste d’excuse pour son ignorance de la langue. Elles n’y prêtèrent pas attention.

Alemsa posa sa main sur l’épaule de sa compagne avec une familiarité évidente. Ewannaël réalisa qu’elles devaient être de la même famille. Elles restaient souvent ensemble et leurs visages se ressemblaient beaucoup. L’inconnue avait les cheveux plus courts, avec des mèches grises qui rendaient son âge difficile à évaluer. Jusqu’alors, il n’avait guère prêté attention à elle. Ewannaël n’avait observé qu’une tunique blanche discrète, qui parlait presqu’aussi peu que lui. Lorsqu’elle le salua, sa voix le surprit. Elle était apaisante et apaisée, signe d’une force tranquille qui ne put que lui rappeler celle de la femme de sa vie. C’était la première fois qu’une autre femme le faisait penser à sa Jolyn.

Il répondit avec les salutations qu’on lui avait appris et Alemsa commença à parler d’une voix lente, à grand renforts de gestes. Ewannaël comprit qu’elle lui présentait l’autre femme mais ne put en savoir davantage. Heureusement, Faè arriva à sa rescousse :

— Elle dit que c’est sa grande sœur. Qu’elle l’a pas vue depuis longtemps. Qu’elle est venue ici pour quelques semaines. Qu’elle repart bientôt.

Ewannaël se demanda pourquoi elle tenait tant à présenter son aînée alors qu’elle repartirait bientôt. Il y avait beaucoup d’autres tuniques blanches : pourquoi venir vers lui, l’étranger avec qui l’on ne pouvait parler ? Il se trouvait peu digne d’intérêt et regrettait de faire perdre du temps aux deux jeunes femmes. Pourtant, si Ewannaël avait pu regarder avec n’importe quels autres yeux que les siens, il aurait vu toute autre chose.

Malgré son regard triste, ses pensées nostalgiques, ses innombrables regrets, Ewannaël n’était pas encore un vieillard. Lui qui méprisait son corps, coupable d’avoir tabassé Armen, s’ignorait beau, désirable. Il ne connaissait pas le pouvoir hypnotique de ses iris verts, l’aura mystérieuse et fascinante qu’il avait pour les autres tuniques blanches. Personne ne savait d’où il venait, pourquoi il restait si longtemps sur l’île, ce qu’était devenu la mère de Faè.

È osem Adrya

Ce n’était que la deuxième fois que la sœur d’Armen lui parlait et sa voix sonnait déjà comme un refrain familier. Ewannaël comprit qu’elle lui livrait son nom et le trouva beau. Adrya. Dans sa bouche, ces deux syllabes sonnaient comme le vol d’un oiseau dans le brouillard. Ils appelaient à l’exploration, à la découverte. L’homme du nord répondit avec une main sur le cœur.

È osem Ewannaël.

Son effort ravit Alemsa, qui battit des mains en reprenant la parole. Faè traduisit :

— Elle dit que sa sœur est une danseuse. Qu’elles veulent danser avec toi.

*

Malgré le ciel couvert, les lunes brillaient fort cette nuit-là. Leur lumière fit de l’arène une belle piste de danse. Les tuniques blanches se séparèrent en groupes de trois et commencèrent à taper des mains. Ezechios sortit un pipeau et entama un air entraînant. La musique rappela à Ewannaël l’air joué par Jolyn lors de leur errance dans les rues de Maëlval et il perdit tout envie de danser. Cependant, l’insistance d’Alemsa et Adrya eut raison de lui. Il se laissa mener pour leur faire plaisir.

Cependant, il est difficile de faire plaisir à l’autre sans se faire plaisir à soi. D’abord frustré par ses gestes maladroits, Ewannaël finit par s’en amuser, d’autant que l’aisance de ses compagnes compensait ses erreurs. Il admira autant qu’il participa à une chorégraphie rapide dont il était le centre. Alemsa et Adrya tournaient autour de lui pour compenser sa lenteur, avec autant de grâce que d’énergie. Elles l’amenèrent peu à peu à se décrisper, à se désinhiber. Faè était partie danser avec deux femmes. Personne ne le regardait, personne ne le jugeait. Il n’avait rien à risquer, rien à perdre.

Alors il s’amusa. Plus qu’il ne s’était amusé depuis son arrivée sur l’île. Il laissa les notes guider ses mouvements, se concentrant seulement sur l’énergie qu’il insufflait dans chacun d’entre eux. Ewannaël se surprit par sa coordination involontaire avec ses partenaires. La musique était une langue à part, qui donnait toujours le geste juste à qui savait l’écouter. Alemsa et Adrya n’y manquaient pas malgré la rapidité de leurs enchaînements. Elles adaptaient leurs pas aux choix d’Ewannaël, à ses changements de rythme. Avec brio, elles le firent se sentir le temps de quelques minutes un danseur d’exception.

La danse des tuniques blanches était un jeu de rapprochement et d’évitement, où les contacts physiques étaient aussi rares que nécessaires. Une caresse sur l’épaule, une main qui glisse le long de la taille, une mèche de cheveux qui fouette le visage, un bras qui appuie contre le bas du dos, la pression des doigts sur une joue. Ces contacts, Ewannaël apprécia les recevoir et se surprit à les rendre. Lors du troisième morceau, Adrya sortit un long tissu noir, que le vent agita comme un fanion. Il amplifia ses mouvements, agrandit sa silhouette tout en la rendant plus insaisissable. Elle s’en servit bientôt pour attirer ou repousser ses partenaires, pour s’attacher à eux et danser ensemble à quelques pas de distance. De surprenante, elle devint imprévisible.

Les gouttes de sueur affluèrent au front d’Ewannaël, ses muscles lui brûlèrent la peau mais il ne s’arrêta pas. Au contraire d’une majorité des autres danseurs, qui buvaient et discutaient en reprenant leur souffle, lui refusa de prendre une pause. S’arrêter aurait signifié prendre le risquer de voir toutes ces merveilleuses sensations lui être retirées brutalement. Rejetant l’idée de replonger dans son habituelle morosité nocturne, il dansa, dansa, dansa encore. Ses pieds étaient si vifs qu’ils lui paraissaient rebondir contre la pierre. Le feu crépitait, les conversations affluaient, les tuniques blanches discutaient ou frappaient des mains et le pipeau d’Ezechios continuait de pousser les danseurs les plus endurants.

Alemsa fut la première du trio à renoncer, allant s’asseoir près des braises. Ewannaël s’étonna de son départ, inconscient de la durée de leur performance. Il se retrouva seul avec Adrya, et sentit son foulard derrière sa taille. Le tissu l’attira jusqu’à sa partenaire, qui le regardait droit dans les yeux. Il posa une main derrière son dos, l’autre dans ses cheveux. Leur danse devint plus lente et sensuelle, le rythme de leurs corps s’accorda. Ewannaël fut à la fois un acteur déterminé et un spectateur médusé de ce rapprochement physique. Ce ne fut qu’à la fin du morceau qu’il se demanda ce que pouvait penser Faè en voyant son père enlacer ainsi une autre femme.

Quand la musique s’arrêta, il ne relâcha qu’à moitié sa partenaire, allant s’asseoir près du feu avec elle, une main autour de ses épaules. Par chance, Faè ne leur prêtait pas la moindre attention, occupée à présenter son automobile à une tunique blanche. Il sentit la tête d’Adrya se relâcher, se loger dans le creux de son épaule. Ses doigts vinrent chercher sa main et la saisir avec vigueur. Ce geste fit éclater la bulle d’Ewannaël. L’excitation de la danse retomba brutalement. Adrya venait de lui prendre la main à la manière d’Armen, et non celle de Jolyn. Il recula doucement, en cessant de regarder sa compagne. Elle ne le retint pas.

Sous les regards ahuris des tuniques blanches alentour, Ewannaël marcha jusqu’à sa fille, lui prit la main et s’en alla. Poussé par un impérieux besoin de solitude, il emprunta le sentier qui menait à la falaise. Personne ne tenta de le retenir, cela n’aurait servi à rien. Seule Alemsa fit quelques pas vers lui, en l’invitant à revenir d’un geste de la main. Il fuit son regard mais le sentit peser sur son dos pendant plusieurs pas. Tenter d’expliquer ce qu’il ressentait aurait été vain, même en parlant la même langue.

— Je veux rester, protesta Faè. On va où ?

— En haut de la falaise. Voir s’il y a un navire. Voir s’il y a maman.

— Ça sert à rien. Elle viendra pas. Laisse-moi avec les autres.

La dureté des mots de Faè vint frapper son père au cœur. Il ralentit l’allure, desserra la pression de ses doigts sur le poignet de sa fille. Un mélange de tristesse et de colère jaillit dans sa bouche :

— Comment peux-tu dire ça ? Elle viendra ! Tu connais ta maman, jamais elle ne nous abandonnera ! Je le sais. Quelles que soient les épreuves à traverser, elle nous rejoindra ! À ses yeux, tu es ce qu’il y a de plus précieux au monde. Il faut que tu soies là quand elle débarquera.

Les mots d’Ewannaël n’eurent pas la portée qu’il avait espéré. Après une brève hésitation, Faè décida de maintenir son opposition.

— Lâche-moi ! Tu peux aller voir tout seul. Je veux danser !

Elle avait raison. Il pouvait gravir la falaise sans elle. Alors Ewannaël lâcha sa main, le cœur brisé. Il n’avait jamais vu sa fille lui tenir tête de cette manière et le vivait comme une trahison. Son regard blessé eut la violence d’une gifle, et enleva toute envie de danser à Faè. Cependant, il était trop tard pour capituler et elle alla rejoindre les danseurs. En la regardant partir, Ewannaël vit qu’Adrya et sa sœur le regardaient. Faè s’arrêta à leur hauteur et Alemsa la prit dans ses bras.

Ewannaël tourna la tête avec une infinie douleur. Il commença à gravir la falaise, plus porté par la rage que par l’espoir de retrouver sa Jolyn.

*

Épuisé, les muscles douloureux, Ewannaël se traîna avec peine au sommet de la falaise. Une fois en haut, il se fit la réflexion que les étoiles étaient plus brillantes que lors de sa dernière venue, avant l’hiver. Comme des braises ravivées par le souffle. En essuyant la sueur de son front, il s’émerveilla un instant de ses milliers de poussières brillantes suspendues dans le ciel. Puis il porta le regard sur la mer. Il crut voir un navire.

Retenant son souffle, craignant d’avoir été une fois encore victime d’une illusion, Ewannaël se concentra entièrement sur le petit point noir porté par les vagues. Une barque de petite taille, sans mât et sans rames, qui dérivait vers la plage. Après un long moment, il put discerner des formes humaines à l’intérieur et un immense espoir le prit. Peut-être était-ce sa Jolyn.

Il dévala la pente jusqu’à la plage et courut sur le sable jusqu’à avoir les pieds dans l’eau. La barque avait la trajectoire incertaine qu’aurait pu avoir un rondin de bois et quelques vagues plus imposantes menacèrent de la retourner. Son avancée vers la plage était lente et, d’impatience, Ewannaël hurla comme il n’avait jamais hurlé. Son cri, porté par des mois d’attente impuissante, résonna de longues secondes. Il était seulement composé de deux syllabes :

— JOLYN !

Même endormie, évanouie, il était certain que son épouse, si c’était bien elle, l’entendrait. Malheureusement, aucun mouvement n’agita l’embarcation et Ewannaël comprit que ses espoirs allaient être déçus. Les occupants du navire étaient des étrangers. Des clandestins débarqués sur l’île comme il y en avait eu cent autre après son arrivée. Accablé, il abattit un poing frustré sur l’eau en se laissant tomber à genoux. Il maudit le destin, qui jouait si cruellement avec lui, puis fit demi-tour.

Cependant, après avoir posé le pied sur le sable sec, il se retourna, poussé par la curiosité. La barque n’était plus très loin et les corps qui y reposaient demeuraient inanimés. À la lumière des lunes, Ewannaël put en distinguer trois, enchevêtrés les uns sur les autres, seulement porteurs de guenilles. Des tâches noires constellaient leur peau, marques de coup ensanglantées. Soudain pris d’inquiétude, Ewannaël se jeta à nouveau dans les vagues jusqu’à l’embarcation. Il la tira jusqu’à la plage, commença à secouer les débarqués. Il ne lui fallut qu’une poignée de secondes pour s’apercevoir qu’il avait affaire à des cadavres. Ceux de gens que l’on avait battus à mort avant de les jeter à la mer. L’idée que des hommes aient pu commettre de telles atrocités sur leurs semblables l’écœura.

Il y avait un corps d’homme, deux de femmes. Ils étaient tous de petites tailles, avec des habits à la texture inhabituelle, des cheveux anormalement longs, des bracelets de cuir aux bras et aux jambes et des yeux bridés. Ewannaël n’avait jamais vu des personnes de cette constitution et s’imagina qu’elles avaient dû venir d’une terre aussi lointaine que la sienne. Le comprendre lui rendit leur destin encore plus insupportable. Qu’avaient bien pu faire ces gens pour mériter un tel traitement ?

Il voulut rendre à la mer ce cadeau empoisonné, couler la barque pour ne plus avoir à supporter la vue des cadavres. La marée les emporterait et leurs âmes trouveraient le repos avec les esprits marins. Ses mains étaient déjà posées sur le bois quand une petite toux résonna dans la nuit. Ce n’était celle d’aucun des trois adultes. Un autre petit corps se trouvait sous les autres, et il vivait encore. Mis mal à l’aise par le contact des chairs froides, Ewannaël écarta les cadavres pour découvrir une enfant de l’âge de Faè. Elle se tenait recroquevillée contre la coque et ses petites mains agrippaient le vêtement d’une des femmes. Elle ne portait aucune marque de coups. Ses yeux étaient fermés mais le bruit régulier de sa respiration assurait sa survie.

— Viens, il faut que tu sortes.

La voix d’Ewannaël n’eut aucun effet et il dut prendre les deux poignets et tirer avec force pour faire sortir la petite de la barque. Lorsqu’elle dut lâcher le vêtement de la femme, l’enfant gémit en frappant le torse devant elle. Ewannaël encaissa les coups bouche bée, peinant à réaliser ce qui était en train de lui arriver. Cependant, lorsque les coups cessèrent et que la petite s’effondra épuisée contre son épaule, ses réflexes paternels prirent le dessus. Il serra l’enfant dans ses bras en la berçant d’un léger balancement et lui chuchota des mots rassurants dans l’oreille.

Il se fit la réflexion que la petite fille faisait le même poids qu’Edenn.

*

L’enfant ne quitta les bras d’Ewannaël qu’après l’arrivée d’Alemsa et deux autres tuniques blanches, alertées par le cri. Lorsqu’on lui retira son protecteur, elle ouvrit les yeux et commença à pleurer. Ces cris rassurèrent Ewannaël. Un enfant qui pleure est un enfant qui vit. Faè vint lui sauter dans les bras et il l’étreignit, leur dispute oubliée. Il la porta jusqu’au camp en emboîtant le pas aux tuniques blanches.

On ralluma un feu pour réchauffer la petite et on la nourrit d’un bol de potage. Les tuniques blanches furent aussi émues par l’adorable petite fille qu’horrifiés par les tragiques circonstances de sa découverte. Après une courte discussion, elles se rangèrent à l’idée d’Alemsa de lui donner un nom. La proposition d’Ezechios fut retenue : Vabrinia. Ce qui veut dire : le cadeau des vagues.

Après avoir pleuré, mangé, repris des couleurs, l’enfant finit par trouver le sommeil. Mû par un instinct qu’il n’aurait su expliquer, Ewannaël souleva délicatement son petit corps et annonça qu’il prendrait Vabrinia dans sa tente. Quelques tuniques blanches protestèrent mais, appuyé par la traduction de Faè, il insista calmement. Devant son assurance, son aisance avec la petite fille, elles cédèrent. Il traversa tout le camp en portant Vabrinia, l’allongea dans le même lit que Faè.

— Veille sur elle, s’il te plaît.

Faè acquiesça, l’air grave. Ewannaël l’embrassa puis releva la couverture. C’était la première fois depuis la disparition d’Edenn qu’il bordait deux enfants.

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Emma
Posté le 08/09/2024
Coucou Edouard,
Ah, décidément tu as le don de m'émouvoir😢 Je n'ai pas vu passé les phrases, tant j'étais plongé dedans. J'aime le fait qu'Ewannaël et Faè soit si bien accepté. Tu as décris la scène de cette soirée et de la danse avec brio, j'ai même eu un coup au coeur lorsqu'elle a prit fin.
petite remarque : comment Ewannaël peut-il apercevoir les corps, c'est la nuit et à part les étoiles il n'y a aucune lumière, à moins que ce soit la pleine lune ? et pourquoi donner un prénom à l'enfant trouvée et ne pas attendre de lui le demander ? elle a forcément un prénom !
Au plaisir
Edouard PArle
Posté le 08/09/2024
Coucou Emma !
Content que ce chapitre ait pu te toucher ! Oui, la scène de la danse est une de celles que j'ai préféré écrire sur ce passage sur l'île.
Oui, les lunes brillent et comme il y en a deux les nuits sont plus "claires" que chez nous quand le ciel n'est pas nuageux.
C'est vrai que je peux ajouter une phrase là-dessus. Vabrinia ne parle tout simplement pas... (pour le moment en tout cas)
Merci de ton retour !
A bientôt (=
Emma
Posté le 08/09/2024
Ah oui, j'avais oublié qu'il y avait deux lunes, un petit rappel n'aurait pas été de trop en effet merci pour les lecteurs.
Va pour Vabrinia, en plus c'est très joli comme prénom 🤗
Edouard PArle
Posté le 08/09/2024
Oui, tu as raison, je vais ajouter !
Merciii j'aime beaucoup aussi !!
MrOriendo
Posté le 02/09/2024
Hello Edouard !

De retour sur Plume d'Argent, je retrouve avec bonheur ton histoire. Tu as toujours cette capacité de nous tirer des émotions à partir de moments en apparence anodins, comme cette danse effrénée avec les autres tuniques blanches. Ça fait plaisir de voir Ewannaël surmonter son chagrin et s'ouvrir un peu aux autres, même si c'est pour une courte durée.
La découverte de la petite fille échouée dans cette embarcation amène plein de questions supplémentaires : qui est-elle, d'où vient-elle, et quel rôle prendra-t-elle dans l'histoire ? Les dernières lignes du chapitre laissent suggérer qu'Ewan va la prendre sous son aile et, peut-être, l'élever comme sa fille.

Au plaisir,
Ori'
Edouard PArle
Posté le 02/09/2024
Coucou Ori !
Quel plaisir de te revoir !
Je suis content que tu aies apprécié ce chapitre et les questionnements qui en découlent. Oui, la petite fille va jouer important dans cette histoire..
Merci beaucoup de ton passage !!
A bientôt (=
Cléooo
Posté le 12/07/2024
Hello Edouard :) Après quelques journées chargées, me revoici sur ton histoire !

Sur la forme je n'ai qu'une remarque :
"S’arrêter aurait signifié prendre le risquer de voir toutes ces merveilleuses sensations" -> le risque

Sur le fond à présent, j'ai aimé ce chapitre qui glisse doucement vers la guérison. Je trouve que le personnage d'Ewannaël est assez candide, après ce qu'il a vécu avec Armen, je pensais qu'il serait davantage dans la retenue à l'idée d'un contact avec un autre femme. Pour autant j'ai aimé qu'il fasse, au bout d'un moment, un parallèle avec Armen plutôt qu'avec Jolyn.

Il y a une petite chose qui m'a dérangée, c'est encore et toujours au sujet de l'âge de Faè. Dans ce chapitre-ci, ses réactions m'ont semblées très adolescentes. Elle vieillit à une allure folle haha. Non en vrai, le côté rébellion arrive normalement assez tard. Jusqu'à une dizaine d'année, de manière globale, les enfants ont tendance à voir leurs parents comme des héros sans peur et sans reproche, et ce n'est qu'à l'adolescence, ou à la rigueur à la pré-adolescence qu'ils réalisent qu'ils sont aussi de simple hommes et femmes capables d'erreur et à qui on peut dire non. Bref, je digresse, mais je pense que sa réaction de refus très marquée de suivre son père est assez forte pour son jeune âge (âge que j'ai vraiment du mal à définir).

Dernière élément que je note sur ton chapitre : la réaction d'Ewannaël au sujet de la petite trouvée sur le radeau. J'ai trouvé ce passage très émouvant. Le rapport à Edenn ("elle fait le même poids") et la phrase finale... Je trouve que ça mettait bien en lumière la souffrance quant à la perte de son fils, ce côté de vouloir se rattraper en protégeant un autre enfant qui lui rappelle, même de manière infime, son fils disparu. Et je trouve ça beau qu'il soit justement capable d'avoir envie de protéger un autre enfant que le sien.

Je te dis à bientôt :)
Edouard PArle
Posté le 31/08/2024
Coucou Cleoo !
Content de te revoir, désolé du délai de réponse^^
Assez d'accord sur le fait que Faè est trop "vieille". Ceci étant, son histoire (assez traumatique quand même" permet d'expliqur en grande partie cette révolte. Ce n'est pas comme une "crise d'ado" (je hais ce terme lol)
Content que tu aies apprécié le recueil de Vabrinia, ce personnage va avoir son importance !!
Merci beaucoup de ton retour !
A bientôt (=
Contesse
Posté le 24/06/2024
Heyyyy je continue ma lecture !

Comme toujours c'est un plaisir de lire cette histoire et je trouve que le fait qu'on ne sait pas trop où on va rend la lecture encore plus intrigante, charmante ! Ca change des histoires toutes tracées où sait pertinemment où on va et pourquoi !

La scène de la danse est très sympa, ça fait du bien de voir des moments de joie un petit peu, ça fait un bel équilibre avec les moments de détresse ;)
Très pertinent le moment où Adrya prend la main d'Ewan et il la rejette car ça lui fait penser à Armen et réveille des traumatismes. C'est une manière très réaliste de montrer le traumatisme je trouve !

Je suis très intriguée par ces cadavres dans la barque. D'où viennent-ils ? Pourquoi ont-ils été jetés comme ça à la mer ? Pourquoi avoir subi cette violence ? Ils semblent venir de l'équivalent de notre Asie j'imagine, j'ai hâte d'en apprendre plus en tout cas ! J'imagine que le personnage de Varinia va nous en apprendre plus :)
Big up à toi d'avoir fait d'Ewan un mec aussi doué avec les enfants, avec un vrai désir de protection et un instinct paternel. Dans n'importe quel histoire, dans le même cas, à tous les cas, ça aurait été une femme qui l'aurait recueillie mais là non c'est un homme et c'est vraiment super chouette !!

Mes p'tites remarques :
"Peu à peu, il acceptait de la laisser s’éloigner, de ne pas le voir le temps de quelques minutes, puis de quelques heureux." --> ne pas la* voir ? Quelques heures* ?

"signe d’une force tranquille qui ne put qui lui rappeler celle de la femme de sa vie." -> que* lui rappeler

"Il aurait vu un homme dont la barbe longue et sale ne pouvait complètement cacher et le front déjà ridé ne pouvaient complètement masquer la vigueur." Je pense qu'il manque un mot dans cette phrase, juste après cacher :)
Et dans ce même paragraphe, avec la description physique d'Ewannael vu de l'extérieur, on retrouve ce point de vue omniscient sorti un peu de nulle part.

"Alemsa et Adrya tournaient autour de lui pour compenser sa lenteur, avec la frénésie de chiens affamés et la grâce d’albatros." --> la frénésie de chiens affamés, j'avoue que la comparaison m'a laissée perplexe ^^ Tu nous décris des gestes gracieux et ensuite avec cette imagine, on ne sait plus trop à quoi s'en tenir ^^ Je ne sais pas si une autre image pourrait apporter cette même idée, mais sans être aussi contradictoire peut-être ?

"Elles l’amenèrent peu à peu à se décrisper, à laisser le contrôle de son corps lui échapper." -> laisser le contrôle de son corps lui échapper, c'est un petit peu lourd et maladroit comme formulation je trouve, je pense que tu peux trouver plus simple et plus fluide :)

Voili voilou, un plaisir comme d'hab, je te dis à bientôt ;)
Edouard PArle
Posté le 25/06/2024
Coucou Conts !
Oui, et je peux te dire que la suite va rester hors des chemins tracés (=
Ca fait plaisir que tu aies apprécié ces petites scènes plus tranquilles qui ont quand même leur importance.
Tu te poses des questions intéressantes sur les origines de Vabrinia, ce sera abordé un peu plus tard dans le roman.
Ah, merci !! J'adore mon Ewan xD
Ouep, je ne pensais pas avoir refait des pdvs omniscient à ce stade du roman. J'ai vu ce passage récemment et je m'interroge encore. Que ce soit un pdv omniscient se justifie mieux au niveau du roman mais assez naturellement j'écris plus du pdv d'Ewan donc je suis (un peu) paumé. Je verrai plus tard.
J'ai bien pris en compte tes remarques.
Merci beaucoup de ton retour !
A bientôt (=
Contesse
Posté le 30/06/2024
Re ! Hâte d'en découvrir plus sur Vabrinia, et tiens-moi au courant de tes avancées sur tes réflexions sur la narration je suis curieuse de savoir ce que tu vas décider ;)
Edouard PArle
Posté le 30/06/2024
Yes, je te dirai (=
Maëlys
Posté le 05/06/2024
C'est un très beau chapitre, plein d'émotions. Les images me viennent facilement en tête et très particulièrement celles de la scène de la danse. Ewannaël est vraiment très touchant, dans ses faiblesses et ses convictions.
Hâte de lire la suite :)
Edouard PArle
Posté le 05/06/2024
Coucou Maëlys !
Merci de ton retour ! Content que ce chapitre t'ait plu (=
La suite arrive !
Saskia
Posté le 31/05/2024
Coucou Edouard !

Tellement heureuse de pouvoir lire un nouveau chapitre !!

Je suis contente que tu aies aimé mon poème <3 <3 <3

Sans surprise, j’ai encore une fois adoré ma lecture. Je m’attendais pas du tout à ça, mais c’est génial ! Quand j’ai commencé à lire ce roman, je ne savais pas du tout dans quoi je m’embarquais, je ne sais toujours pas vraiment où on va, mais j’adore me poser pleins de questions et me laisser porter par les évènements. J’ai tellement l’impression que cette histoire a été écrite pour moi ! Genre, j’aime absolument tout dans ce roman ? Après chaque chapitre, je crève d’envie d’avoir la suite, mais en même temps je voudrais que ça ne se termine jamais et rester pour toujours aux côtés d’Ewannaël. C’est terrible.

Bon, après toutes les galères précédentes, j’avoue que j’étais assez méfiante du nouvel entourage d’Ewannaël. J’avais un peu peur qu’Alemsa et les autres tuniques blanches soient faussement gentils et que la situation dégénère à nouveau. Finalement ça va et je suis soulagée de voir qu’Ewannaël et Faè s’intègrent bien et arrivent même à s’amuser un peu. Ils méritent un minimum de positif dans leur vie !

Par contre, Adrya, heureusement qu’elle repart bientôt cette profiteuse !! Il va falloir arrêter de coller Ewannaël comme ça !! C’est un homme marié et on attend toujours que Jolyn revienne !!

Ma théorie sur Jolyn d’ailleurs : à mon avis, elle est en prison à Maëlval, et c’est pour ça qu’elle ne peut pas rejoindre sa famille. Le tabassage d’Armen ne pouvait pas rester impuni et comme Ewannaël est parti au loin, c’est Jolyn qui en a été jugé responsable et dû payer à la place de son mari. Ou alors c’est sa petite diversion sur le port qui lui a attiré des ennuis. Ou les deux. Mais elle est probablement en prison. Maintenant, il faut juste attendre qu’elle soit libérée ou qu’elle parvienne à s’évader. Un contretemps embêtant mais qui devrait pouvoir se résoudre un jour ou l’autre. Jolyn est forte et intelligente, ça devrait aller. On y croit !

Sinon, je m’en doutais que Faè allait jouer les traductrices. C’est trop triste le moment où elle se dispute avec son père… Mais ils se sont vite réconciliés donc tout va bien.

Et puis à la fin c’était vraiment terrible quand même le faux espoir d’Ewannaël de revoir Jolyn et en fait c’était pas elle mais des cadavres… Pauvre petite fille retrouvée là-dedans. C’était sûrement le corps de sa mère qu’elle agrippait… Quelle tragédie. Du coup, maintenant on a un père qui a perdu un enfant, qui rencontre une petite fille qui a perdu un parent. J’espère qu’ils pourront se consoler mutuellement de leur peine. Et qu’elle s’entendra bien avec Faè aussi. En tout cas, c’est magnifique la signification du nouveau prénom qu’ils donnent à cette petite, Vabrinia, cadeau des vagues. <3

Maintenant, je vais camper devant mes notifications dans l’attente du prochain chapitre !


Quelques remarques :

« Les rires décrurent cependant à peu, sans que cela entame la bonne humeur générale. »
> cependant peu à peu ?

« Il voyait combien ses moments de partage rendaient heureux sa petite fée, sans que cela supplante leur relation. »
> ces moments

« Peu à peu, il acceptait de la laisser s’éloigner, de ne pas le voir le temps de quelques minutes, puis de quelques heureux. »
> heures

« Elle était apaisante et apaisée, signe d’une force tranquille qui ne put qui lui rappeler celle de la femme de sa vie. »
> ne put que

« Il aurait vu un homme dont la barbe longue et sale ne pouvait complètement cacher et le front déjà ridé ne pouvaient complètement masquer la vigueur. »
> Il n’y aurait pas un léger problème dans la formulation de cette phrase ?

« Tenter d’expliquer ce qu’il ressentait aurait été vain, même en parlant une même langue. »
> la même langue ?

« Abattu, il abattit un poing frustré sur l’eau en se laissant tomber à genoux. »
> répétition abattu / abattit

« Elle ne portait aucune marque des coups. »
> de coups

« Cependant, lors les coups se turent et que la petite s’effondra épuisée contre son épaule, ses réflexes paternels prirent le dessus. »
> lorsque les coups
> remplacer « se turent » par cessèrent ?
Edouard PArle
Posté le 25/06/2024
Coucou Saskia !
Ahah, oui il m'a régalé (=
Ca fait plaisir de lire ça ! Oui, je suis aussi parti dans des directions que je n'imaginais d'abord pas, ça fait plaisir de voir que ça fonctionne pour toi.
Oui, il se passe des choses un peu plus positives pour Ewannaël et sa famille. A voir si c'est de bon augure.
Ahah, je savais qu'Adrya ne serait pas le perso le plus populaire.
J'adore ta théorie sur Jolyn ! C'est vrai que ça pourrait expliquer l'attente et ça donnerait de l'espoir pour la suite.
Oui, terrible faux espoir pour Ewan mais un nouveau personnage qui va avoir son rôle à jouer. Content que tu aies apprécié ce choix de prénom (=
Merci pour tes remarques, tout est corrigé !
Merci de ton chouette, toujours super chouette d'avoir tes retours (=
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