Chaque flocon était une larme, comme si le ciel partageait sa tristesse infinie.
Assis sur un rocher, Ewannaël contemplait la baie, emmitouflé dans une cape de cuir, récupérée lors des distributions au camp. Revoir de la neige lui rappela sa vie d’avant, dans la terre qu’il avait tant aimée. De nombreux souvenirs de cette époque perdue lui revenaient à l’esprit, augmentant les battements de son cœur. Les histoires racontées à Edenn, les sorties en mer sur son voilier, la simple joie de retrouver Jolyn tous les soirs. Les visages de son épouse et de son fils demeuraient vivaces dans sa mémoire et lui tenaient compagnie lors de ses trop longues journées.
— Maman nous rejoint bientôt ?
Ils étaient arrivés depuis de longs mois sur cette île et pourtant, tous les soirs, Faè posait sa question avec un même espoir. Cela faisait partie de leur rituel. Après la distribution des repas, père et fille montaient ensemble jusqu’au point culminant de tout l’archipel et regardaient l’horizon. Ils guettaient l’arrivée de navires venus débarquer les clandestins, comme on les avait débarqués un peu moins d’un an plus tôt. Si par bonheur ils en apercevaient un, ils couraient vers le port pour accueillir les premiers les nouveaux venus, dans l’espoir d’y voir l’épouse et la mère tant espérée.
Jolyn n’avait encore jamais paru mais Ewannaël ne perdait pas espoir. Il gardait en mémoire la nuit maudite passé à attendre devant la mine. Alors qu’il avait cru Jolyn perdue pour toujours, elle avait fini par sortir de l’obscurité. Une fois encore, elle reviendrait. Il en était certain. Elle était trop courageuse et tenace pour les abandonner. Tous les clandestins étaient amenés sur l’île. Jolyn les retrouverait et ensemble, ils tenteraient de rebâtir ce qui s’était effondré après la mort d’Edenn. Leur famille.
— Il n’y a rien sur la mer. Peut-être demain.
Alors Ewannaël redescendit avec Faè, le cœur lourd de voir ses espoirs déçus, de savoir qu’il passerait un nouveau jour sans son plus grand amour. Comme à chaque fois qu’ils rentraient au camp, ses plus noirs souvenirs le hantaient. Faè tentait souvent de la distraire mais même ses sourires les plus ravageurs ne pouvaient dérider son père. Ewannaël était fier de voir son enfant grandir, parler de mieux en mieux mais à chaque fois qu’il la regardait, il ne pouvait s’empêcher de penser à sa mère, de se rappeler qu’elle s’était sacrifiée pour qu’ils puissent fuir.
Ce soir-là, Faè courut dans la descente, ouvrant la bouche pour avaler les flocons. Elle levait les mains en riant. Son père admirait l’insouciance dont elle était capable malgré tout ce qu’elle avait perdu : son toit, son pays, sa mère, son frère. Entre deux réminiscences, il se prit lui aussi à observer la lente chute des flocons. Sentir leur froide caresse sur son cou réveilla des sensations qu’il avait cru perdues à jamais. Avec ces chutes de neige, c’était comme si sa terre venait à lui, pardonnant sa fuite. Malheureusement, les flocons fondaient en touchant le sol, rappelant qu’en cet endroit, la pierre avait remplacé la glace.
Enfin, ils parvinrent à leur tente, située un peu à l’écart du campement. Ewannaël l’avait déplacée lui-même pour que Faè n’ait pas à souffrir les bruits de leurs voisins d’infortune, qui jouaient aux cartes et aux osselets jusqu’à tard dans la nuit. Personne ne s’y était opposé. Cet homme venu du nord avec sa fille, qui parlait une langue incompréhensible et avait des mœurs étranges était un marginal parmi les marginaux. Cet écart avec les autres lui rappelait aussi la maison qu’il avait bâtie loin de son ancien village pour garantir la paix aux siens.
Faè embrassa son père puis s’allongea sur le long matelas qui occupait la moitié de la tente. Ewannaël la borda de la lourde couverture tachée de brun qu’il avait trouvée à l’autre bout de l’île après les coulées de boue de l’automne. Il lui chanta une chanson jusqu’à ce que ses paupières se ferment et lui caressa le front. Le souffle régulier de sa fille, son visage innocent, répandirent un baume sur son cœur blessé.
Puis il ferma les ouvertures de la tente et s’allongea devant l’entrée, à même le sol dur. Il s’enroula dans sa cape en cherchant une position satisfaisante. Ewannaël savait qu’il se réveillerait avec l’épaule endolorie, mais il voulait ainsi s’assurer qu’aucun étranger ne pénètrerait dans la tente sans lui passer sur le corps. Il n’avait confiance en aucun des hommes et des femmes qui vivaient dans le camp et refusait que l’un d’entre eux s’en prenne à Faè. Depuis leur arrivée, il n’avait pas quitté sa fille des yeux le jour et voulait aussi la protéger la nuit.
La perspective de perdre Faè lui était insupportable. Elle était le seul rayon de lumière de sa nouvelle vie.
*
Comme chaque matin, le long son de la trompe éveilla Ewannaël. Il se redressa en grimaçant, sentant une raideur dans son cou et des fourmis dans ses jambes. Faè était déjà debout, en train d’enfiler son manteau et de préparer leurs assiettes de métal. Son père s’étira en bâillant puis la rejoignit d’un pas lourd. Il gardait un souvenir confus de ses rêves et cauchemars mais une sensation de terreur lui restait en tête ainsi que les bribes d’un visage défiguré : celui d’Armen.
Faè le tira par la main vers l’extérieur. Une fine couche de givre avait recouvert les rochers bruns et l’air était froid. Leur respiration forma des nuages de buée et leurs pas laissèrent des empreintes. Ces sensations familières ravirent Ewannaël, qui se sentit plus optimiste que jamais depuis la mort d’Edenn. Sans se l’expliquer, il avait la sensation qu’un bateau apparaîtrait à l’horizon ce soir-là, que l’arrivée de Jolyn était proche. Il s’étonna de ressentir un tel optimisme. Faè semblait le ressentir elle-aussi car elle se montrait plus joyeuse que jamais, marchant avec entrain.
Pourtant, cette matinée commença comme toutes les autres. On les rassembla dans la vieille arène creusée au milieu du camp. Hommes, femmes et familles s’assirent en posant leurs assiettes sur leurs genoux dans un brouhaha complet. Il y avait plusieurs centaines de personnes et Ewannaël ne reconnaissait aucune d’entre elle. Les gens restaient rarement plus longtemps que quelques semaines dans le camp, aussitôt remplacés par de nouveaux arrivants. Ils tentaient de se rendre sur des radeaux jusqu’à la côte la plus proche ou vendaient tout ce qu’ils avaient pour être emmenés par des passeurs. Ewannaël et Faè étaient sans doute les premiers à demeurer aussi longtemps dans cet endroit. Plusieurs personnes avaient tenté de les approcher mais il avait refusé toutes leurs propositions. Il s’en fichait de partir. Tout ce qui comptait, c’était de retrouver Jolyn.
Les gens qui arrivaient au camp venaient de nombreux endroits inconnus et leurs apparences, vêtements et mœurs variaient du tout au tout. Ils venaient souvent en groupe nombreux, et demeuraient entre eux tout au long de leur séjour. Les rares qui avaient tenté d’approcher Ewannaël s’étaient heurtés à un mur d’incompréhension et de méfiance, doublé d’un fossé de chagrin. La plus longue interaction qu’il avait eu depuis son arrivée avait consisté en quelques indications gestuelles à une vieille femme égarée sur la côte.
Ewannaël s’installa sur la plus haute rangée de l’arène, laissant un espace consistant entre lui et ses voisins. Il entoura Faè de ses bras pour la protéger et commença à regarder le centre de l’arène. En bas, les femmes et quelques hommes en tenues blanches achevaient d’acheminer les marmites, tonneaux d’eau et charriots de pain. Une partie d’entre eux avait la peau noire, mais ils ne ressemblaient en rien à leurs semblables de Maëlval. Ils n’avaient pas de vêtements luxueux, de manières hautaines ou de serviteurs. Peut-être était-ce lié à leur jeune âge. Cependant, ils n’étaient pas aux yeux d’Ewannaël la principale attraction de l’arène.
Ce qui attirait son regard était l’ouverture au centre de l’arène. Bien qu’étroite, elle ouvrait sur un escalier souterrain qui lui rappelait celui où il avait croisé la mystérieuse femme au masque. Une grille en fermait l’accès mais ne détournait pas la curiosité d’Ewannaël. Il ne pouvait s’empêcher de se demander s’il y avait au bout une grotte, un temple, une ancienne habitation souterraine. Les hommes qui avaient creusé un couloir dans la pierre devaient avoir une bonne raison. Plusieurs fois, il était venu la nuit pour essayer d’entrer mais la grille était trop lourde pour un seul homme. Il n’avait pas voulu demander d’aide. Plongé dans son observation distraite, l’ancien pêcheur ne remarqua d’abord pas le retour des flocons.
Au contraire, Faè jeta un regard fasciné vers le ciel. Cette tombée de neige devait lui rappeler des souvenirs aussi nombreux que confus. La douceur de l’écharpe de sa mère, accrochée sur son dos pour sortir, la voix d’Edenn qui la rassurait alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer. Peut-être se demandait-elle pourquoi son frère n’était plus à ses côtés. À moins que ces souvenirs aient été chassés par sa mémoire fragile, ne lui laissant qu’une sensation de manque inexplicable. Elle serra davantage le bras de son père.
Ce mouvement tira Ewannaël de sa contemplation. Il s’aperçut que les tuniques blanches s’approchaient de lui et ramassa son assiette. Comme toujours, la tendre se révéla un geste douloureux. Malgré les mois, il peinait à se faire à l’idée de vivre aux dépens des autres. Aucune nourriture ne valait celle que l’on avait chassée, pêchée, cueillie. De plus, les assiettes qu’on leur servait lui faisaient regretter les délicieuses soupes, filets de poissons, assiettes de fruits et morceaux de viandes séchée préparés avec sa tendre. Les moments qu’ils partageaient pour préparer le repas restaient dans sa mémoire parmi les plus beaux de leur relation.
Soudain, Ewannaël tourna la tête. Il avait aperçu une couleur inhabituelle dans son champ de vision. Surpris, il découvrit une tunique blanche avec des cheveux roux et frisés. Jamais il n’avait vu une telle teinte de cheveux. La jeune femme les portait jusqu’au bassin, sans aucune attache. Ils évoquèrent à Ewannaël les flammes de l’âtre, qui l’avaient toujours réconfortés lors de la venue des Ténèbres. Cette vue le troubla, lui faisant même douter d’être bien éveillé. Comment était-ce possible qu’il existe des cheveux aussi extraordinaires ?
Leur porteuse dut se sentir observée car elle commença à son tour à regarder Ewannaël. Lui qui fuyait jusqu’alors tous les regards d’étrangers ne détourna pas les yeux. Il découvrit le visage qui portait ces torrents de flammes. C’était celui d’une jeune femme basanée aux traits minces et au long nez, avec des yeux noisette et d’épaisses paupières. Un anneau doré était accroché sur son sourcil gauche et elle portait deux boucles d’oreille légères, en forme de coquillages. Après quelques secondes d’observation mutuelle, la tunique blanche commença à sourire. Ewannaël détourna alors les yeux, craignant de trop prolonger l’interaction. Il n’avait plus envie de s’attacher. Il commença à caresser les boucles blondes de Faè en attendant leur ration tout en sentant le regard de l’étrangère s’attarder sur lui.
Pris par les interactions avec sa fille, Ewannaël n’y prêta cependant plus attention. Le regard de l’étrangère était comme une feuille morte venue se poser sur son épaule, objet d’intérêt vite oublié mais toujours présent. Quand on vint apporter leur ration, il ne prêta pas attention à qui la leur servait. Cependant, comme la tunique blanche demeurait immobile face à lui, ses yeux finirent par se lever. La jeune femme aux cheveux roux le regardait, encore.
Sa curiosité première se mua aussitôt en méfiance et il commença à se lever. On les avait servis, ils n’avaient plus rien à faire dans l’arène. Tout se joua alors en un geste. La jeune femme se pencha pour déposer un étrange objet aux pieds de Faè. Il était d’un bleu pastel, avec quatre roues miniatures. Ewannaël y vit une coque portée par deux des bicyclettes qu’il avait découvertes à Maëlval. Il se rappela alors avoir entendu Armen lui parler d’une technologie de ce genre à Losival, dont il avait oublié le nom. Une technologie qui ne nécessitait aucune énergie humaine ou animale, et permettait d’après elle de traverser la ville de long en large jusqu’à dix fois dans la même journée. Il avait alors cru à l’une de ces fabulations nostalgiques.
Cette version miniature d’automobile confirmait qu’Armen avait dit vrai. Elle fascina autant le père que la fille, la tunique blanche n’aurait pu choisir meilleure ouverture. La petite fille sortit de sa réserve pour saisir le jouet, trop curieuse pour s’adonner à la méfiance. Elle inspecta les contours de l’objet, puis caressa la carrosserie du pouce. Cette exploration la mena bien vite aux roues, dont le mouvement l’enchanta. Quelques instants plus tard, elle faisait rouler l’automobile sur la pierre, ravie. Jamais son père ne l’avait vue aussi fascinée par un jouet.
Quand la tunique blanche s’avança, Ewannaël ne la repoussa pas, ne s’éloigna pas, la considéra sans animosité. La joie communicative de sa fille avait brisé ses barrières. La jeune femme posa une main sur la poitrine et donna son nom en veillant bien à détacher les syllabes :
— Alemsa.
Cette présentation eut le don de susciter l’intérêt d’Ewannaël. Son interlocutrice, qu’il était sûr de n’avoir jamais vu, savait qu’il ne parlait pas sa langue. Elle avait dû parler de lui avec d’autres tuniques blanches. Prendre ce temps allait lui en faire gagner beaucoup. En effet, Faè répondit alors par son propre nom, avant d’être imitée par son père. Alemsa sourit et esquissa une courbette, qu’Ewannaël trouva aussi ridicule que touchante. Il répondit comme on le lui avait appris petit, par un bref clignement d’œil. Les joues de la tunique blanche rosirent légèrement et Ewannaël se demanda ce qu’elle avait compris de sa marque de respect.
Les deux adultes demeurèrent face à face quelques instants, aussi désireux qu’incapables d’entamer une discussion. Ils interagirent par le regard, qui s’il n’a pas la précision des mots, peut transmettre des nuances d’émotion pour lesquelles il n’en existe pas. Ewannaël laissa son masque s’effriter un instant et Alemsa put y lire en surface les tourments qui l’habitaient. Par effet miroir, ses yeux devinrent graves et il regretta d’avoir tant partagé. Cette femme ne pouvait rien pour lui, n’avait aucun rôle à jouer dans sa vie.
Du moins, c’était alors ce qu’il pensait.
*
Les rangées de vagues s’écrasent les unes après les autres contre le sable fin. Leurs espoirs de recouvrir l’île sont vains. Tout autant que le sont ses regards portés vers le lointain. Il a beau lever les yeux jusqu’à se les brûler, il ne voit rien. Elle ne viendra pas ce matin.
*
Mer vide.
Couleurs fades.
Soleil timide.
Horizon maussade.
*
Les journées s’échappaient les unes après les autres sans le passage d’un navire. Les premiers flocons avaient signé la fin symbolique de la saison du commerce. Ils avaient été suivis de nouvelles chutes de neige qui avaient recouverts les rochers. Ce paysage nouveau accroissait la nostalgie d’Ewannaël, le désir brûlant de revoir sa tendre. Les températures chutaient, les nuits s’allongeaient la population du camp baissait. Faè avait froid. Ewannaël avait la sensation de voir sa vie lui filer entre les doigts.
Plusieurs fois en descendant vers l’arène, l’ancien pêcheur avait vu des linceuls. Il avait même parfois été le premier à découvrir des corps sans vie, et ces visions lui étaient insupportables. Un nœud lui tordait le ventre alors que revenaient les images du corps d’Edenn. Le dernier souvenir de son garçon était celui d’un corps sacrifié dans la fuite, qui n’avait eu le droit à aucune cérémonie d’adieu. La honte de l’avoir ainsi abandonné était presque aussi douloureuse que la tristesse de sa perte. Ces images lui revenaient parfois aussi le soir, quand il s’accroupissait à l’entrée de la tente, épuisé. Son corps frigorifié commençait alors à suer et il devait marcher quelques pas pour reprendre son souffle. Il se recouchait en se prenant à espérer le baiser mortel d’une nuit trop froide. Puis il entendait la respiration de Faè et resserrait son manteau de fourrure. Pour elle, il devait vivre.
Le nombre de tuniques blanche baissait aussi. Elles portaient de lourds manteaux de fourrure et des foulards au poignet comme signe de reconnaissance. Lors des distributions, seulement un quart de l’arène était occupé. Alemsa était toujours là et s’assurait d’aller servir Ewannaël et sa fille. Il l’ignorait parfois, lui souriait le plus souvent, conscient du rideau qui les séparait, que leurs langues ne pouvaient écarter. À chaque fois, Faè sortait son jouet préféré de sa poche et faisait glisser son automobile sur la neige glacée. Alemsa riait à chaque fois avant d’aller s’occuper des autres clandestins.
Un matin, elle brisa brutalement ce petit rituel. Après avoir servi Ewannaël, elle articula quelques mots d’une voix cassée par le froid. Après qu’il eut secoué la tête, elle opta pour le geste. Elle prit son foulard, l’agita puis montra Ewannaël de son autre main. Alemsa reproduisit sa série de geste une deuxième fois mais il avait déjà compris : elle lui proposait de rejoindre les tuniques blanches.
Il acquiesça.
*
Changer de camp ne fait pas disparaître la misère. Avec son foulard blanc, Ewannaël s’aperçut plus que jamais des conditions de vie dramatique de ses anciens camarades d’infortune. Obligé de regarder les visages de ceux qu’il servait, il vit la maladie, la saleté, les cicatrices. Il vit la honte, la tristesse et la colère. Il comprit que ceux qu’il voyait comme des étrangers étaient en fait ses semblables. Après deux ans d’errance, il leur ressemblait plus qu’à aucun des habitants de son village. Lentement, il commença à s’ouvrir à eux, par des gestes puis des sourires. Il apprit à reconnaître certains visages, à doser les portions selon la personne en face de lui.
Son nouveau rôle avait sa part d’infortunes. Il arrivait plus tôt que les autres, après avoir réveillé Faè, subissait les morsures de la bise hivernale en traversant le camp obscur. Puis les gens arrivaient peu à peu, frissonnant dans leurs guenilles. Les derniers arrivés gardaient une démarche digne, se comportant comme s’ils se rendaient au marché. Les plus anciens avaient la tête basse, le pas lourd et affichaient sans honte leur malheur, se plaignant et gémissant. Le plus insupportable était de voir les enfants dépérir jour après jour. Contrairement à Faè, leur organisme n’était pas préparé aux températures négatives. Il en mourait presque tous les jours. Ewannaël avait beau les servir plus que de raison, leur sourire, il ne pouvait rien contre le climat et les maladies. Parfois, il devinait à l’avance ceux qui ne passeraient pas la nuit. Le soir, il recouvrait Faè de toutes les couvertures qu’il avait pu obtenir en songeant aux derniers disparus.
Cependant, ces tourments ne valaient pas toutes les émotions qui renaissaient dans la vie d’Ewannaël. Lire la reconnaissance dans les yeux, l’entendre dans cette langue inconnue, la voir dans les mains jointes et mains serrées, lui procurait du plaisir, rendait du sens à l’insensé. Il s’amusait d’entendre Faè parler avec les étrangers, tout en regrettant de ne pas avoir son extraordinaire capacité d’apprentissage. Il mangeait avec eux, bredouillant quelques mots qui provoquaient des éclats de rire général. Faè jouait avec les autres enfants, il traînait avec les autres tuniques blanches puis ne partait qu’avec l’après-midi.
Avec sa fille, il allait alors marcher dans la nature inhospitalière jusqu’à la tombée de la nuit. Il contournait l’île par l’est, sans s’arrêter, quel que soit le temps. Ses pensées voguaient au nord, s’accrochaient au visage de Jolyn, contournaient celui d’Edenn et finissaient toujours par arriver vers son cher village, ses paysages sauvages qu’il ne reverrait jamais. Chaque soir, en rentrant, il allumait un feu avec les braises laissées à l’aube. Les flammes réchauffaient sa peau, son front suait, son cœur battait. Comme lorsqu’il rentrait d’expédition dans son foyer pour retrouver les siens. Il s’abandonnait parfois tant à ce souvenir que sa main se déportait vers la droite, là où aurait dû se tenir son épouse.
Son mouvement rencontrait le vide et il se souvenait de ce qu’il aurait voulu oublier. Une envie de pleurer le saisissait alors mais il n’y arrivait pas. Ses yeux se tournaient plutôt vers Faè, qui jouait avec son automobile et il l’observait quelques minutes, attendri. Parfois, il se surprenait à la voir changée, grandie. Malgré tous ses regrets, le souvenir des raisons de leur départ lui revenait alors. Il reprenait courage, allait disperser les braises et conduisait Faè jusqu’à son lit. Il la bordait, la regardait s’endormir, s’asseyait à l’entrée de la tente.
Alors, son courage était mis à rude épreuve car c’était dans ces instants que ses démons ressurgissaient de plus belle. Dans ces moments, il se prenait à espérer que le temps des neiges s’achève. Que les bateaux puissent à nouveau traverser la mer. Que l’espoir de retrouver Jolyn ressurgisse à l’horizon.
Deux remarques à ce stade :
« refusait que l’un d’entre eux s’en prenne à Faè », je mettrais : « refusait de risquer que l’un d’entre eux puisse s’en prendre à Faé ».
« Elle était le seul rayon de lumière de sa nouvelle vie. » : je trouve que cette manière de voir sa fille risque de faire d’Ewannaël quelqu’un d’égoïste, ce qu’il n’est pas. Il protégerait sa fille parce qu’il en a besoin pour vivre. Je crois qu’il protège sa fille parce qu’il l’aime et qu’il veut qu’elle vive dans un environnement meilleur.
Ensuite, apparaît dans le cœur du héros une espérance que rien n’explique, moment qui se trouve suivi – en lien peut-être – par l’apparition d’une créature étonnante dont je ressens l’ambivalence. Est-elle la matérialisation de l’espoir du petit matin ou bien une menace pour l’amour d’Ewannaël envers Jolyn ?
Et puis l’espoir est balayé. À ce moment-là, puisqu’il y a une pause, je suspends la lecture et repense à cet épisode sous terre dans une espèce de sanctuaire et au renouvellement de cette image avec l’escalier condamné au centre de l’arène. Pour l’instant, je ne vois pas trop quelle sera la suite ou l’utilisation de ces indices.
Puis vient le désespoir. Très bien rendu, je ressens une vraie empathie pour le triste héros qui renonce au suicide par devoir envers sa fille (donc ce n’est pas un égoïste, comme je disais). Et puis coup de théâtre, Alemsa entre vraiment en contact avec lui et lui propose en quelque sorte de passer de l’autre côté. Est-ce sincère ou est-ce un piège ? Ça peut être les deux, si d’aventure elle a des vues sur lui.
La dernière partie est vraiment lourde, remplie de spleen. Une atmosphère, un état d’esprit très bien restitués par les mots de l’auteur. Au bout de ce chapitre, je partage le désespoir du héros, je ne vois pas à quoi me raccrocher pour entrevoir des jours meilleurs.
Une dernière remarque. Je lis que le périple a commencé il y a deux ans. Je n’avais pas conscience d’une telle durée. Les signes sont peut-être insuffisamment perceptibles.
À bientôt, Édouard.
Oui, il y a une claire bascule dans ce chapitre 9, nécessaire après le traumatisme de Maëlval. En effet, l'ombre de Jolyn plane sur ce chapitre, on voit toute son importance pour Ewan et ses enfants.
"La dernière partie est vraiment lourde, remplie de spleen. Une atmosphère, un état d’esprit très bien restitués par les mots de l’auteur. Au bout de ce chapitre, je partage le désespoir du héros, je ne vois pas à quoi me raccrocher pour entrevoir des jours meilleurs." ça fait plaisir de lire ça, c'est vraiment cette impression de spleen que j'ai voulu transmettre dans ce chapitre.
Je vois, peut-être que faire apparaître les ellipses plus clairement pourrait aider à faire mieux comprendre le passage du temps.
Merci de ce très riche retour !!
A bientôt (=
Après plusieurs chapitres assez intenses, la pause est bienvenue. Etant un grand amateur d'ellipses, j'ai apprécié les tiennes. J'aime beaucoup le rythme de ce chapitre qui correspond bien à la difficile attente. C'est poétique par moment. La relation entre le père et sa fille est vraiment bien écrite.
Merci!
A bientôt
Oui, important de prendre aussi des petites respirations en cours de route (=
Content que tu aies apprécié !
Au plaisir (=
Un chapitre au rythme résolument plus lent que les précédents qui assume son rôle de transition dans l'histoire. L'ambiance générale qui s'en dégage, les longues journées passées à scruter la mer depuis le promontoire, l'arrivée de l'hiver et des premières neiges se couplent bien avec cette douce langueur que tu nous fait ressentir. Le temps défile mais on ne le sent pas passer, à l'image de cet intermède poétique qui nous plonge dans une contemplation mélancolique et rêveuse.
La vie du camp de réfugiés est simple, bien décrite. Ce que j'aime encore une fois, c'est que tu parviens à nous transmettre tout le prisme des émotions d'Ewan, ses doutes, ses inquiétudes, sa solitude, son amour pour Fae, le gouffre de méfiance qu'a ouvert la trahison d'Armen dans son esprit. L'arrivée d'Alemsa fait l'effet d'un baume de chaleur dans ce chapitre, elle redonne le sourire.
Au plaisir,
Ori'
Oui, logique qu'il paraisse lent au vu du rythme des précédents. Je suis content que tu aies apprécié ce moment plus dépaysant et contemplatif.
Merci beaucoup de ce retour !
A très vite (=
Me revoici pour ce chapitre :) Je l'ai bien aimé, il s'en dégage une certaine langueur qui sonne juste à cet instant du récit. La période qui s'est écoulée m'a un peu surprise, mais ne me déstabilise pas non plus.
Trois remarques :
- Nous sommes dans une sorte de camp de réfugiés sur une île. Je ne peux m'empêcher de me demander de quoi dépend cette île. Étant donné que Faè (et je trouve ça super, très logique et très réaliste) commence à parler la langue de leurs hôtes, je pensais qu'on en saurait plus sur cette partie. Aussi, d'où provient cette nourriture ? Qui entretient ces clandestins parqués sur cette île ? Vu la durée passée là-bas, je pense que ça mériterait d'être abordé. Ewannaël ne se pose aucune question à ce sujet ?
- J'ai trouvé un peu facile/rapide, le fait qu'Ewannaël rejoignent "ceux qui nourrissent" : alors j'entends, il est là depuis un moment, et il n'a sans doute posé aucun souci sur place. Cependant, il ne parle pas la langue, donc je ne comprends pas pourquoi on se tournerait vers lui pour une telle mission, ni, dans son sens, pourquoi il aiderait. Sa préoccupation étant de protéger sa fille, un travail ne le gênerait-il pas pour mener à bien cette mission ?
- Les gens ne restent pas longtemps sur place. Mais où vont-ils alors ? Comme je manque de contexte sur cette île, c'est assez incompréhensible.
Sur la forme :
- "les flammes de l’âtre qui l’avaient tout réconfortés" -> à reformuler je pense ?
- "Sa curiosité se première se mua" -> un "se" en trop
- "Cette version miniature d’automobile confirmait" -> ça contredit le fait que Ewannaël ne se souvient pas du terme pour qualifier l'objet en question, non ?
- "donna son nom en veillant bien à détacher les syllabes :
— Alemsa."
-> ça m'étonne qu'il comprenne directement qu'il s'agit de son nom. À moins que les noms soient similaires là où il se trouve et dans son village d'origine ?
- "Les journées s’échappaient l’une après l’autre" -> les unes après les autres ?
- "là aurait dû se tenir son" -> là où ?
À bientôt ! :)
Content que tu aies apprécié. Oui, j'ai conscience que mes ellipses peuvent surprendre. J'ai fait des choix parfois un peu inhabituels, même pour moi, pour écrire une histoire sur une plus longue durée sans l'étaler sur des centaines de pages.
Tes questionnements sont intéressants, je les mets bien au chaud sur mon doc de corrections et j'y reviendrai plus tard (=
Pour l'automobile, ça rejoint un peu la question du pdv qui n'est pas encore tranchée pour moi entre pdv omniscient et interne. A la base je voulais omniscient mais c'était dommage de ne pas avoir le côté découverte de nouvelles civilisations. Encore en réflexion...
"ça m'étonne qu'il comprenne directement qu'il s'agit de son nom." Ca repose beaucoup sur le non-verbal, peut-être que je peux le développer davantage ?
Merci de ton riche retour !
Au plaisir (=
Ce chapitre est très émouvant, il y a tant à en dire.
Mais d'abord, j'aimerais revenir sur le début de celui-ci. je pensais en le lisant que tu aurais pu expliqué brièvement, et ce pour faire une transition avec le chapitre précédent, que sa blessure à la clavicule s'infecte, le personnel le découvre, le commandant du bateau ordonne qu'il soit soigné, mis sous bonne garde, donc ils ont une chambre, de la nourriture, puis qu'ils sont débarqués sur l'île. cela ferait une transition, courte, simple, entre le moment ou il monte sur le bateau et l'instant ou on les retrouve sur l'île,
je pensais également, puisqu'il accepte de servir les autres, que ça leur permettrait d'avoir un petit avantage, style, de manger avant les autres, vu qu'il fait le service maintenant. comme tu ne développes pas cette partie de l'histoire, on se demande bien pourquoi sa condition ne change pas, comment est organiser son travail, mais peut-être n'est-ce pas le plus important.
j'ai adoré le passage poétique, au milieu du chapitre, ça donne un côté "temps qui passe" "saut dans le temps", ça me fait penser à une pause, un ange qui passe, et après l'histoire reprend son cours.
J'aurais aimé savoir si cette île était un point transitoire, et vers quel autre lieu ? ville ? Et si Jolyn omettait de passer par cette île? si elle filait droit vers leur destination finale ? ils seraient en train de perdre leur temps à l'attendre.
quant à Alemsa, on ne sait pas ce qu'elle veut, d'ailleurs j'ai l'impression qu'Ewannaël ne fait aucun progrès de langage, il devrait pouvoir au moins comprendre ou dire des mots rudimentaires, alors que là, nada ! c'est un peu déroutant;
Je vais continuer ma lecture qui est très addictive, merci de partager ton roman, c'est un plaisir de le lire.
A bientôt
Oui c'est vrai que j'apporte assez peu de transition, que l'ellipse peut sembler brutal. Je souhaitais plus me concentrer sur ce qui arrive sur l'île plus que sur le bateau mais ta remarque m'amène à me questionner sur ce choix.
Non, sa condition ne change pas drastiquement en faisant le choix d'aider les autres, c'est justement ce que je cherchais à montrer. Ceux qui aident partagent souvent une partie de la misère de ceux qu'ils aident.
"j'ai adoré le passage poétique, au milieu du chapitre, ça donne un côté "temps qui passe" "saut dans le temps", ça me fait penser à une pause, un ange qui passe, et après l'histoire reprend son cours." Merci, ça fait plaisir !
"J'aurais aimé savoir si cette île était un point transitoire, et vers quel autre lieu ? ville ? Et si Jolyn omettait de passer par cette île? si elle filait droit vers leur destination finale ? ils seraient en train de perdre leur temps à l'attendre." Rien à dire sinon que tu te poses les bonnes questions !
Oui, la progression d'Ewannaël peut sembler bien lente, après ça reste très difficile d'apprendre une langue qui n'a rien à voir avec les tiennes sans cours et avec des contacts oraux très limités avec les autres.
Oui, elle reste avec lui. Peut-être que ce n'est pas assez clair, que je parle trop peu de Faè, il faudra que j'y réfléchisse.
En tout cas merci de ton retour encourageant !!
A bientôt (=
Puisque je suis de passage, je continue xD
C'est vraiment un chouette chapitre ! j'ai vraiment apprécié de voir Ewan qui sort de sa condition misérable, et pour autant, on sent qu'il passe pas non plus du noir au blanc, clairement sa situation en tant que tunique blanche n'est pas non plus enviable. Et ça je trouve ça cool aussi ! Assez réaliste. Les gens qui s'occupent des réfugiés ne sont forcément pas des gens aisés qui ont une situation enviable parce que sinon clairement ils ne seraient pas là (malheureusement).
Alemsa est intriguante ! Je me demande comment va évoluer sa relation avec Ewan et Fae. Je peux pas m'empêcher de me méfier après le traumatisme Armen (oui j'ai vécu un traumatisme oui x). Je me demande pourquoi elle semble aussi intéressé par Ewan et sa fille, peut-être qu'ils lui font penser à elle avant ? C'est ma théorie ^^
Très joli passage avec les vers, au fait ! Ça se prêtait très bien à ce passage mélancolique et désespéré.
Petite remarque :
Ce paragraphe qui commence par : "Au contraire, Faè jeta un regard fasciné vers le ciel...." On passe du pdv de Fae, alors qu'encore une fois on semblait être du pdv d'Ewan depuis le début, donc ça fait un peu étrange, ça sort de nulle part, je pose ça là, vu que je sais que tu t'interrogeais sur la narration ^^
Hâte de voir ce qui va arriver à nos joyeux (malheureux) lurons dans la suite !
A bientôt !
Oui, bénévole dans les camps c'est pas le must xD
J'aime bien ta théorie sur Alemsa ! Et oui, il est toujours bon de rester vigilante en me lisant xD
Content que tu aies apprécié mes petits vers ahah
"je pose ça là, vu que je sais que tu t'interrogeais sur la narration ^^" tu as raison, j'y suis encore d'ailleurs xD
Merci de ton retour !
A bientôt (=
J'ai toujours autant hâte de savoir la suite... (fais revenir Jolynn, le quota de morts est dépassé). Quant à Alemsa je ne sais pas trop quoi en penser... on verra bien.
« Mer vide.
Couleurs fades.
Soleil timide.
Horizon maussade. »
C'est un beau choix d'inclure de la poésie dans ton roman, j'aime beaucoup :)
Ahah, je ne respecte pas forcément le 10% de pertes ^^ On verra si Jolyn revient et si Alemsa est digne de confiance ou non.
Content que tu aies apprécié ce petit passage poétique.
Merci de ton retour !
Quel chapitre ! Tu as le don de me mettre les larmes aux yeux, surtout avec les précédents chapitres et celui-là ! Mais en même temps, je ne peux pas attendre de te lire, ton livre est addictif !
J'ai presque envie de te demander : mais pourquoi Jolyn n'est pas là ?? 😭 Je me remets toujours pas de la disparition d'Edenn, alors si tu veux infliger encore plus de souffrance à tes lecteurs, c'est réussi !
Quant à Alemsa... Je reste méfiante, surtout vu la désaventure avec Armen, j'ai peur que tu n'aies aucune pitié envers tes personnages !
Ma petite remarque : "Il commença à caresser les boucles blondes de Faè" --> Dans le chapitre précédent, tu avais écrit qu'elle avait les cheveux noirs, non ?
Hâte de lire la suite, que nous as-tu donc réservé ?
Merci de ce retour très encourageant ! Oui, je suis désolé (enfin pas trop mais bon^^) de cet enchaînement de tragédies, mais il sert le propos de l'histoire.
Tu as raison d'être méfiante, après est-ce qu'Alemsa est une nouvelle Armen, je te laisse le découvrir.
Oui, j'ai écrit au début qu'elle avait des cheveux noirs et j'ai changé en cheveux blonds.
Merci de ton retour, j'espère que la suite te plaira !
A bientôt (=
Encore un super chapitre, j’ai adoré ! Il est assez calme, mais on apprend plein de choses et c’est passionnant. Ça fait un peu un rappel du premier chapitre aussi, avec le père qui veille sur sa fille dans un décor de neige, mais en plus triste. Faè est vraiment adorable et sa personnalité se dessine de plus en plus avec le temps. J’aime beaucoup la voir interagir avec son père !
On découvre aussi un nouveau personnage avec Alemsa et je suppose que si on s’attarde sur elle, c’est qu’elle va sûrement avoir un rôle plus important par la suite et ça me rend curieuse. Elle n’a pas l’air méchante, mais on ne sait pas grand chose à son sujet, donc j’attends de voir.
Je me pose aussi pas mal de questions sur l’île où ils ont atterri. D’où vient la nourriture qu’ils reçoivent ? Qui sont vraiment les tuniques blanches que côtoie Ewannaël ? A quoi sert la mystérieuse ouverture au centre de l’arène ? Il y a forcément une raison au fait qu’elle ai été creusée puis fermée par une grille !
Comme Faè commence à parler la langue locale, j’imagine qu’elle pourra devenir une sorte d’intermédiaire entre son père et les autres personnes sur l’île. Et bien sûr, je me demande si Jolyn va finir par retrouver sa famille…
J’ai toujours aussi hâte de revenir lire la suite !
Quelques petites remarques :
« et on lui avait dit que tous les clandestins étaient amenés sur l’île. »
> Comment c’est possible qu’on lui ai dit ça, si ils ne parlent pas la même langue ?
« Au contraire, Faè jeta un regard fasciné vers le ciel. Cette tombée de neige lui rappelait des souvenirs aussi nombreux que confus. Elle ressentit un court instant la douceur de l’écharpe de sa mère, qui l’avait accrochée sur son dos pour sortir. Elle entendit la voix d’Edenn qui la rassurait alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer. Et elle se demanda pourquoi son frère n’était plus à ses côtés. Cette pensée fut bien vite chassée par sa mémoire fragile, ne lui laissant qu’une sensation de manque inexplicable. Elle serra davantage le bras de son père. »
> En soi j’aime bien ce passage, mais normalement le cerveau d’un enfant n’est pas capable d’enregistrer des souvenirs avant l’âge de 3 ans environ… Peut-être que tu devrais vieillir un peu Edenn et Faè à la réécriture ? Parce que tu les fais souvent paraître plus âgés que leur âge officiel.
« Il commença à caresser les boucles blondes de Faè en attendant leur ration tout en sentant le regard de l’étrangère s’attarder sur lui. »
> Euh, elle avait pas les cheveux noirs Faè ?
« Sa curiosité se première se mua aussitôt en méfiance et il commença à se lever. »
> curiosité première
« Les rangées de vaguées s’écrasent les unes après les autres contre le sable fin. Leurs espoirs de recouvrir l’île sont vains. Tout autant que le sont ses regards portés vers le lointain. Il a beau lever les yeux jusqu’à se les brûler, il ne voit rien. Elle ne viendra pas ce matin. »
> vagues
> Sinon c’est magnifique, j’adore ce passage !
« Mer vide.
Couleurs fades.
Soleil timide.
Horizon maussade. »
> J’adore aussi ! C'est pas courant de placer des poèmes en milieu de chapitre, mais c'est très beau et ça souligne bien l'éternelle attente d'Ewannaël.
« Il s’abandonnait parfois tant à ce souvenir que sa main se déportait vers la droite, là aurait dû se tenir son épouse. »
> là où aurait
PS : Plus je te lis, plus ça m’amuse de comparer toutes les ressemblances et différences entre les péripéties que vivent Ewannaël et sa famille depuis qu’ils ont quitté leur village natal, et celles que j’ai infligées à ma Dhorvana dans son passé. T’as pas assez lu à son sujet pour pouvoir t’en rendre compte, surtout qu’étant dans le futur moi je révèle les choses par bribes, mais en vrai il y a pas mal de parallèles à faire. C’est aussi pour ça que j’adore ton roman d’ailleurs !
Je viens de penser à un truc : en fait les enfants ne commencent vraiment à comprendre le concept de mort qu’à partir de 6 ans environ. Du coup les réactions de Faè par rapport à la mort de son frère ne sont pas très cohérentes avec son âge. Même en étant petite, bien sûr qu’elle s’est rendue compte qu’il se passait quelque chose de grave en voyant les réactions de ses parents et le corps inerte de son frère. Mais après coup, ne devrait-elle pas demander à son père quand est-ce que Edenn va se « réveiller » et revenir lui aussi, pas seulement sa mère, n’ayant pas bien compris qu’il n’était plus là de façon définitive ? C’est un peu étrange qu’elle ne parle plus de son frère et semble tout comprendre comme une grande.
Sur toi, j’ai posé les Yeux une Nuit,
Pour n’en plus jamais repartir,
Prisonnière.
Car les mots, les pages, les impressions,
Se sont gravées dans ma rétine,
Au point d’en rêver même le jour,
Revivre des scènes, penser la suite.
C’est une véritable,
Addiction.
Il était une fois une famille,
La mère, le père ; le fils, la fille,
Qui vivaient d’amour et d’eau fraîche,
Dans un village,
Au nord du monde,
Mais qui ont un jour tout perdu,
Après une saison des ténèbres,
Précédant l’été des horreurs.
Voulant sauver leur petite fille,
Née au cœur des plus fiers glaciers,
Il leur a fallu quitter,
Les si belles aurores boréales,
La mer, la pêche et la nuit noire,
Pour fuir rejoindre,
Sans le savoir,
La plus affreuse des terres lointaines,
Ses pièges, ses ruses, son désespoir.
Flottants, partants à la dérive,
Sur un océan d’inconnus,
Ils se sont prit dans les filets,
D’une vieille sorcière,
Qu’on aurait bien mordue jusqu’à l’os,
Pour les venger,
De tout l’enfer qu’elle a causé.
Nos cœurs se sont brisés tant de fois,
Qu’on n’en compte même plus les morceaux.
Pourtant on continue quand même,
D’avancer droit, tout droit devant,
Dans tous ces drames qui s’enchaînent,
Parce qu’on n’a plus vraiment le choix.
Ensemble nous avons déjà vécu,
Mille et une aventures,
Qui par les caprices du destin,
Nous ont liés à jamais.
Mais comment tout cela finira-t-il ?
L’incertitude est telle,
Que j’en meure,
D’attente.
Signé, une fan en manque. <3
Promis Edouard, maintenant je me tiens tranquille et j'arrête de te harceler de messages où je réclame la suite ! Même si tu n'écrivais jamais la fin de ce roman je m'en remettrais... Un jour. Je crois.
Oui forcément par rapport à ce qui précède il ne peut que paraître calme xD
Content que tu aies apprécié ce petit parallèle avec le ch1 l'évolution de la dynamique père/fille.
Intéressant de lire tes premières sensations sur le personnage d'Alemsa. Effectivement, elle aura un rôle à jouer dans cette histoire...
Je note tes questions. C'est important d'en soulever quelques unes sur ce nouveau lieu où ils arrivent (=
On verra si Faè prend bel et bien ce rôle d'interprète.
Tu as raison, je vais remettre ce passage du pdv d'Ewannaël. Oui, il est prévu que les enfants vieillissent à la réécriture.
Non, elle a bien les cheveux blonds. Il y a eu un petit mic mac entre le 1er chapitre et les suivants que j'ai corrigé ensuite.
Content que tu aies apprécié les petits passages poétiques, j'ai adoré les écrire (=
C'est vrai qu'elle morfle aussi beaucoup. Mais n'est-ce pas un point commun à beaucoup d'auteurs de ce site d'infliger le pire à leurs personnages xD Plus sérieusement, j'attends d'avancer un peu plus dans ton histoire et je te dirai si je vois ce parallèle.
Bon, j'écris un 2e comm pour répondre au poème, il le mérite bien ahah
Je m'attendais pas à ça. En vrai, je suis grave touché que cette lecture ait puisse t'inspirer autant. Je suis trop content de voir ton enthousiasme au sujet de cette histoire. C'est ultra encourageant, une vraie source de motivation pour écrire. Rassure-toi, la suite est prête bien au chaud, j'ai un peu ralenti la publication parce que j'avais plein de retards sur les réponses de comms mais je suis en train de tout rattraper (=
Absolument pas, je trouve ça très flatteur. Et je suis assez d'accord pour dire que c'est cool la fanfiction tant que c'est bien encadré.
"Promis Edouard, maintenant je me tiens tranquille et j'arrête de te harceler de messages où je réclame la suite ! Même si tu n'écrivais jamais la fin de ce roman je m'en remettrais... Un jour. Je crois." Ahah, je n'aurai pas cette cruauté xD
Merci beaucoup de ton retour !
A bientôt (=