Chapitre 10 : Quand le temps fait la famille

Par MrIous

Ils parlent encore et encore devant mon nez de choses dont je ne sais absolument rien, bon sauf pour la Symbiose, ça me paraît évident, mais pour le coup… comment Jack est-il au courant ? Hum… ce problème peut attendre, Milt ne rigole pas et semble bien décidé à nous faire la peau, quant à Tania elle ne dit rien quand Jack dit vouloir éliminer son ancien compagnon… si elle m’avait interdit de le faire je l’aurais écouté, mais là, si elle ne dit rien… je ne vais pas me gêner. Je m’approche de Jack en lui disant que j’ai à parler avec lui après avoir réglé le compte de Milt. Il acquiesce et me demande si j’ai pensé à quelque chose pour contrer le son du mastodonte. C’est vrai, je n’y ai pas pensé. Il me faudrait quelque chose dans les oreilles, des boules Quies, ou encore de la musique, n’importe quoi.

« -J’ai ce qu’il faut. Me dit-il en me donnant un mp3 et des écouteurs.

-C’est pour ça que sur la plage…

-Non, moi j’ai des énormes boules Quies. Dit-il en enfonçant celles qu’il me montre dans ses oreilles presque de force.

-Et ça marche bien ?

-Par contre, je n’entends plus rien du tout ! Crie-t-il.

-Pas la peine de crier.

-Quoi ??!!

-Arrête de- Oh puis merde. »

Je lui fais des signes avec les mains pour lui dire de baisser d’un ton, il me comprend. Je lui transmets aussi mon idée d’attaque toute simple, avec mes signes ça donne : ‘‘Toi, frapper, Milt, moi, te suivre’’, il me fait signe qu’il a compris, je l’espère vraiment. Il entame son assaut et moi j’enfile les écouteurs. Je sélectionne la première musique au nom de : Undead. Hum… ouais, ça j’aime, j’adore, je connais c’est Hollywood Undead un groupe de rap/rock, mais la musique a été modifiée pour être plus longue j'ai l'impression, enfin bon, c’est tout aussi bien. C’est partie. Sans plus rien entendre de ce qu’il peut se passer autour de moi et avec cette musique mortelle dans les oreilles, je suis les pas de Jack. Milt réagit et se redresse complètement, il semble nous crier quelque chose qu’on ne peut évidemment pas entendre, Jack est proche même beaucoup trop… il utilise tout son bras droit pour le plaquer violemment contre le ventre de Milt, faire le tour derrière lui et le pousser vers moi. Je saute à la hauteur de la tête de notre adversaire, je l’attrape de mes deux mains et le force à chuter tête la première contre le sol. Je recule vers Jack. Ce dernier attrape la jambe de Milt pour l’envoyer de toutes ses forces vers l’extérieur en passant par une fenêtre. Notre ennemi atterrit sur le toit d’une voiture qui se plie presque en deux à l’impact. Ce gars n’a pas tous ces muscles pour rien, il pèse avec tout ça, le rendant beaucoup trop résistant pour un simple humain.

Il se dégage de l’épave, Jack et moi en avons profité pour descendre le plus rapidement possible. Une fois en bas, Milt est déjà sur pied, les poings joints avec une sorte d’aura blanche autour d’eux. Je suis concentré sur ce qu’il va se passer, mais une main se pose sur mon épaule, je me retourne et constate que c’est Tania. J’enlève un écouteur pour écouter ce qu’elle a à me dire :

« -Jim… je suis… je suis désolé.

-Désolé de ?

-J’étais au courant pour la Symbiose. J’ai estimé que tu ne devais pas encore être mis au courant et surtout… je ne pensais pas que Jack était encore en vie.

-Tania… j’ai toujours pensé qu’il y avait un temps pour tout. Puis le mien s’est arrêté, du jour au lendemain, je n’ai alors plus rien attendu de personne. Si tu estimes qu’il y a une chose que je dois encore ignorer, alors je te fais confiance comme je fais confiance à Léa. Par contre, si je veux vraiment savoir une chose… je te le ferais très bien savoir.

-D’accord.

-Maintenant recule, on va en finir. »

Je remets mon écouteur et me tourne vers Milt qui semble avoir finit sa petite préparation. Jack s’est légèrement décalé sur sa droite, prêt à courir. Milt a séparé ses poings et l’aura persiste autour du droit. D’un coup de poing dans le vide, c’est comme si cette aura se transformait en onde, sa vitesse dépasse ma perception et me percute. C’est violent, je suis projeté en arrière et plaqué contre un mur, mon dos a encore pris cher. Je m’écroule lourdement au sol, j’ai l’impression que mon corps convulse. Tout s’arrête, et je ne sais pas combien temps a pu s’écouler, j’ai perdu cette notion juste un instant. En me relevant, j’entends toujours la musique. Je ne vois plus Jack et Milt. Je regarde autour de moi et sur mon extrême droite, Milt tient Jack par le cou. Il le lance vers moi, le faisant tomber à mes pieds. Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment ça a pu arriver ? Jack est encore conscient, il me tend une main et me susurre un mot : Symbiose. Pourtant je ne sais pas comment on fait. La dernière fois c’est Len qui a provoqué ce truc, moi je n’y suis pour rien… comment ça marche ? Il me prend une main et la place sur son torse. Il prend une grande inspiration, ça ne me surprend pas sur le coup, mais quel intérêts pour un zombie de prendre de l’air ? La question est chassée de mon esprit par cette sensation étrange d’être absorbé par son corps, de voir mon bras disparaître.

 

Ma conscience s’est une fois de plus éteinte avant de se retrouver dans un corps qui n’est pas le sien. La musique a disparu n’ayant plus le mp3. Mon regard est dirigé vers le ciel, mon dos touche un sol à la fois chaud et humide. Les boules Quies enfoncés dans les oreilles couvrent tout les bruits, mais la voix de Jack me parvient tout de même dans ma tête.

« -C’est vachement plus pratique comme ça Père.

-Je ne dis pas le contraire, mais c’est quoi ton plan maintenant ? T’es tellement amoché que j’ai dû mal à bouger ton corps.

-Père, si tu te poses assez de questions sur le pourquoi du comment tu fais pour fusionner avec les zombies, la réponse devrait te parvenir toute seule. »

Il est marrant lui, comme si un truc aussi fantastique pourrait trouver une raison logique à son fonctionnement. Il n’y a aucune explication, aucune… je suis humain, parfaitement humain. Bon… ce n’est pas en me plaignant que je vais avancer. Il dit que ce corps est le mien maintenant. Qu’est-ce que je suis censé comprendre ? Non, ai-je vraiment le temps de comprendre ? Milt est prêt à tout moment pour donner le coup de grâce… Milt, qu’est-ce qu’il fait en ce moment d’ailleurs ? Je redresse ce corps qu’est celui de Jack et observe à travers celui-ci, Milt, les yeux écarquillés. Il articule quelque chose, j’enlève une boule Quies pour écouter au moins ce qu’il a dire maintenant :

« -Alors, c’est ça… la Symbiose.

-Quoi ? Tu ne savais pas ce que c’était exactement ? Demandé-je avec la voix particulièrement étranglé de Jack.

-On m’en avait parlé, mais je n’imaginais pas ça. J’en suis donc sûr aujourd’hui… Jim, tu n’es pas humain ! Tu n’es aucunement normal !

-Normal… »

Qui est encore normal aujourd’hui, entre moi qui cause l’apocalypse zombie, Léa qui garde une conscience humaine en étant zombie, la vingtaine de zombie artificielle crée par les Survivants, Jack, et des supérieurs qui envoient sans remords leur compagnon au casse-pipe, j’aimerai bien savoir qui dans ce monde est encore normal ! Y a pas à dire, tout ce qui se passe en ce moment me paraît être une bonne blague. Je m’attends bien à ce quelqu’un sorte de nulle part et me crie ‘‘surprise’’ ! Après tout, je n’ai jamais vraiment quitté Tokyo, et pour venir ici j’ai dormit tout le trajet… non… non, faut pas se leurrer… la réalité est vraiment implacable, ce monde est pourrie et pourtant… je l’adore. Ombragé ou lumineux, ce ciel me dit que je ne suis pas le seul à l’observer aujourd’hui, Milt l’a déjà vu, mais à cause de ce qui nous arrive, on oublie l’immensité de cette océan suspendu et l’on se perd dans la petitesse de la réalité. Ma famille s’étend sur plusieurs continents, je compte bien en prendre soin autant de temps qu’il le faudra, alors par tous les moyens… je réunirais tout le monde sous ce même ciel, ce monde sera ma famille… et pour commencer… je vais devoir éliminer Milt Zik ! Je remets la boule Quies et Jack me dit intérieurement :

« -Bien dit Père.

-J’ai compris une chose Jack… peu importe nos blessures, elles ne décident pas de nos capacités, elles les renforcent… j’ai compris ma faiblesse, j’ai vu mes erreurs… je compte sur toi, pour m’épauler et prendre toute la douleur qui va suivre ! Je t’emprunte ton Corps.

-Vas-y Père, je le supporterai. »

Sans effort, je pousse sur mes mains pour me projeter légèrement en l’air et reprendre pied sur terre. Immédiatement après, je cours vers Milt qui doit faire face à ce qu’il ne pensait jamais voir : notre fusion. Je feins un coup de boule pour me glisser dans son dos, le frapper de trois coups. Il trouve la force de se retourner pour m’envoyer son poing vers ma face. Je me baisse pour esquiver puis pousse sur mes jambes pour rendre mon uppercut encore plus percutant. Il fait cinq pas en arrière, je le suis et l’enchaîne avec un croche-patte. Il tombe sur le dos, roule sur le côté pour esquiver mon coup de talon descendant. Mon attaque détruit seulement une petite partie du bitume. Milt a déjà préparé une onde de choc dans son poing droit, il me l’envoie. Je ne peux pas l’esquiver, alors je l’encaisse. De toute la force de zombie dont je dispose pour arrêter l’onde de mes deux mains, le choc est violent, mais grâce à ce corps, la douleur n’existe pas… je repousse l’onde sur le côté et entame une nouvelle course vers un adversaire déstabilisé par son échec. Je compte lui donner un coup de poing, mais il s’envole d’un seul coup. Il a dû utiliser ses ondes pour se propulser si haut. Je me dirige vers une voiture, la saisit depuis le pare-choc et la brandit au-dessus de ma tête. Milt est toujours en l’air, redescendant vers moi. Je lance le véhicule sur lui. Je ne vois pas ce qu’il fait, mais la voiture est brisée en deux à l’impact et lui atterrit juste devant moi, soulevant bitume et poussière. J’exécute plusieurs petits sauts en arrière, mais Milt sort subitement du nuage de poussière, arrivant dans ma direction voulant me saisir à la gorge. C’est par le reflex d’une jambe, que je le dégage sur la droite. Il glisse visage contre terre. La fatigue commence déjà à me prendre, ça ne fait pas longtemps que j’ai fusionné, mais j’ai beaucoup bougé, ça doit jouer.

Je dois me dépêcher, mon regard se tourne de nouveau vers mon ennemi qui entre dans un état que je redoutais bien avant le début du combat. Sa peau devient bien pâle malgré sa couleur ébène naturelle. Il me fixe de ses yeux révulsés et injecté de sang… je suis dans la merde. En une seconde, il apparaît devant moi, un coup m’est donné dans le ventre m’envoyant valsé contre un mur. Je défonce ce premier allant m’enfoncer dans le second. Mon corps tombe au sol, épuisé. Je ne peux pas flancher maintenant. Jack retiens la douleur tant bien que mal, je peux encore bouger. C’est possible. J’élance mon corps vers la sortie du bâtiment, passe le trou que mon envolé a crée. Milt est enragé, j’entends son souffle grave jusqu’ici, alors qu’il se trouve à plus d’une quinzaine de mètre. Il va recommencer à nous charger. Je ne vais pas pouvoir l’esquiver encore, c’est mort, il va me réduire en miette. Je ne le lâche pas des yeux, et c’est ce qui me sauve lorsque je vois Tania plaquer Milt au sol. Je retire les boules Quies immédiatement en lui criant :

« -Tania ! Qu’est-ce que-

-Je ne vais pas pouvoir le retenir longtemps ! Fais-le maintenant !

-Bordel, c’est pas possible ça ! »

Je cours, Milt n’a pas encore réalisé ce qui lui arrive. Une fois à proximité, je lève mon pied et l’écrase de toutes mes dernières forces sur la tête de Milt, l’éclatant en une seule fois. C’est fini enfin… Tania… elle m’a aidé à mettre fin à la vie de son ami, pourquoi ça ?! Elle s’approche de moi et semble vouloir s’expliquer, mais je ne le veux pas maintenant, ce n’est pas le moment, je lui ordonne presque d’aller retrouver Léa et de l’amener ici. Elle part après un moment de doute. Je suis toujours dans le corps de Jack, je vais m’asseoir contre le mur de la maison que j’ai défoncé précédemment à cause de Milt. Je vais pour tomber dans l’inconscience, mais une voix me parvient depuis l’autre côté du mur sur lequel je suis, me disant :

« -Bien le bonjour Roi… je suis H. »

 

''On ne peut pas lire l'avenir, mais on peut le changer''

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