Chapitre 9 : Quand le temps m'échappe

Par MrIous

Maintenant que j’y pense… je laisse ma colère couler, me calmant petit à petit. Il vient de dire Maria Sool… s’il s’agit de la même Maria empalée sur la plage, comment se fait-il qu’il est certain de sa venue ici ? Tania est consciente et tente d’échapper à l’emprise de Milt, c’est larmoyante qu’elle essaie de crier :

« -Milt ! Lâche-moi ! Lâche-moi !

-Tania reste tranquille, on est venu te sauver, Maria et moi.

-Maria … Milt, tu ne sais pas ?! Se fige Tania après avoir écarquillés les yeux vers Milt.

-Je ne sais pas quoi ?

-Votre ami Maria… elle est morte. Dis-je, volant la réplique de Tania. »

Le grand bonhomme s’arrête à son tour sa respiration. Je sens venir ses paroles jusqu’ici : ‘‘Je ne te crois ! Maria n’est pas morte ! C’est impossible !’’ Pile poil ce qu’il dit au même moment. Il ajoute aussi :

« -Elle était tout à fait vivante dans l’hélicoptère ! Le professeur Grantz me l’a dit, si on récupère Tania tout ira bien pour tout le monde. »

Alors il y a autre chose. Si ça se trouve, ce type avait tellement peur pour sa vie qu’il a suivit les ordres sans concessions, mais ce n’était pas forcément le cas pour cette Maria. Si elle avait décidé de s’opposer à eux, Grantz n’aurait eu aucun mal à l’éliminer, d’une façon des plus barbares qu’il soit :

« -Je sais ! S’écrie-t-il. Je vais appeler Maria et vous verrez ! Vous verrez que j’ai raison ! »

Après tout, qu’il le fasse ça nous avancera. Il saisit un portable aussi gros que sa main et compose un numéro, porte le combiné à l’oreille en activant le haut-parleur. Je me rapproche un peu plus pour entendre ce qu’il va se passer. Ça semble décrocher, mais c’est la conversation entre deux hommes qui en sort et qui ne tient pas compte de la voix de Milt ayant dis ‘‘allô’’. Le dialogue se poursuit :

« -Désolé professeur, je pensais l’avoir éteint. Dit un homme à la voix très grave.

-Qu’est-ce ? Demande Grantz je suppose.

-Le portable de Maria.

-Ah oui, cette réfractaire, j’espère que le message est bien passé auprès de Tania.

-Oui, dés le largage de Milt, elle a commencé à montrer des signes d’opposition. Elle voulait soi-disant laisser Tania où elle était, et ne pas créer plus d’incident que nécessaire. Le cas de Cyril Edgward l’a bousculé un tant sois peu.

-Je vois et donc ? Qu’avez-vous fait ?

-Elle n’a pas voulu se calmer, alors nous avons préparé un beau cadeau à Tania dans une caisse en bois. J’ai empalé sa tête sur un pieu, le corps nous servira pour diverses expériences.

-Je suppose que Tania se montrera un peu plus coopérative.

-Maria était l’une des trois personnes à être proche de Tania. Milt est le second. La plus intime avec elle était Alice Winky, elle s’est enfuie avec elle, et on ne l’a toujours pas retrouvé. Je ne pense pas que les autres pourront servir d’exemple concret.

-Mademoiselle Winky, vu sa capacité je doute qu’on puisse la retrouver de si tôt. Et pour Tania, son départ m’est indifférent désormais, même si celui de son frère l’an dernier nous a coûté beaucoup de pertes, je ne voudrais pas que ça se reproduise, on peut se débrouiller sans elle, mais tout de même. Le Roi est extrêmement dangereux si on ne le surveille pas, si vous venez à refaire la même erreur que l’année dernière, préparez-vous aux conséquences, alors restez vigilant… hum… d’ailleurs, excusez-moi si je me trompe, mais le portable est mal éteint.

-Bon sang, je suis vraiment étourdit.

-Vous ne le détruisez pas ?

-Il y a sûrement des données intéressantes dedans, nous allons- »

Il a raccroché. D’où je suis extrêmement dangereux ? Ce mec a rêvé ou quoi ? N’empêche, Eins Grantz est une belle ordure, il n’a pas changé de ton même à l’énonciation de la mort d’une de ses semblables. Par contre, Milt ne semble pas prendre l’annonce à la légère. Il paraît au premier abord très calme, il pose lentement Tania à côté de lui et revient vers moi. Il baisse la tête et prends dans une poche de son pantalon un mp3. Il le branche à son casque, puis le bidouille mettant une musique aux sonorités audibles de ma position. Un son assez violent et dynamique s’approchant du rock/métal. Il claque des doigts en rythme avec la musique, tapote du pied, prends une profonde inspiration, apporte une main à son visage pour couvrir sa bouche. Je devine par ce qui m’est visible, qu’il ouvre la bouche et que sa main se voit nettement parcouru d’un grand frisson interminable, il joint ses deux mains donnant à son corps toute l’impulsion de cette vibration. D’une seule tape du pied au sol, il est projeté à plusieurs dizaines de mètre en l’air et redescend dangereusement vers moi. Je recule de quelques pas et le voit atterrir juste devant moi, soulevant le bitume et la poussière. Je brandis mes avant-bras pour me protéger des possibles projectiles, mais la main imposante de Milt vient me saisir les deux bras. Il me tire vers lui, attrape ma tête pour me jeter immédiatement en arrière. Mon éjection est faite contre une vitre puis encore plus, un mur se fissurant face à la violence du choc, mon dos n’est pas loin de se briser. Il y a tout de même une sensation étrange qui me reste au visage. Quand il m’a saisit la tête, j’ai sentit de légers frissons me parcourir et un rythme prenait mon corps jusqu’à ce qu’il me lâche. Je ne sais pas comment c’est scientifiquement possible, mais je suppose qu’il ne fait aucun doute, que c’est lui le responsable du carnage fait à mes enfants dans cette ville. Leur ouïe est dix fois plus développé, normal qu’ils soient plus sensibles au son, il le sait et il en a profité. Je ne lui pardonnerais pas !

Il rejoint l’étage dans lequel je suis et à première vu, j’ai été lancé dans les couloirs de l’hôpital. Ce long couloir aux murs vert en bas et blanc en haut, séparé par une ligne rouge. Des fauteuils roulants sont au sol, un extincteur gît à ma droite et plusieurs portes sont défoncés, le tout décoré d’un rouge sang des dernière victimes d’il y a sûrement deux ans… minutes… cette odeur.

« -Où est-ce que tu regardes Roi ?! »

Milt est enragé, ses yeux injectés de sang me fixent, sa pupille est encore normal, son état physique est encore humain.

« -Qu’est-ce que tu me veux ? Je n’ai fait de mal à personne.

-Hein ?! Racontes pas de connerie ! Tout ça c’est de ta faute ! C’est toi le déclencheur de cet Apocalypse, de tout ce foutoir ! Si tu n’avais pas existé, Maria et moi serions tranquilles à l’heure qu’il est ! Cyril serait encore vivant ! Les deux morveux ne me feraient pas chier ! Le binoclard serait resté sagement dans son coin ! On n’aurait pas eu autant d’emmerde ! Tu te crois où ? Espèce de monstre !

« -Monstre… moi un monstre ?! Commencé-je en grognant puis finalement en hurlant. Qui est-ce qui embroche la tête de tes amis sur des piques de fer ? Qui laisse ses compagnons à l’abandon ? Qui déclare la guerre aux zombies alors que je les ai stoppé ? Certes je les ai crée, mais involontairement ! J’ai moi aussi perdu beaucoup dans cette histoire ! J’ai tout essayé pour me racheter ! Et comment on me remercie !? On m’attaque ! On tue mes enfants ! On me traite de monstre !? Je te le demande sincèrement musclor, qui sont les monstres ? Les zombies ou tes enfoirés de supérieur sans état d’âme ! Je vais te dire une chose ! L’être humain est conscient d’être un animal et il en joue, le zombie est un animal et survit en tant que tel ! Qui est le monstre entre l’animal et l’hypocrite ? Réponds-moi ! Qu’est-ce qui te permet de me juger ? Milt Zik ! »

J’ai dit ce que j’avais à dire, j’en ai marre qu’on me rabâche les mêmes conneries à longueur de temps, surtout en ce moment. C’est comme si j’avais déjà vécu ça par le passé, mais comme je m’en doute, quelque chose cloche. J’ai oublié un événement du passé. Une chose importante s’est déroulée, et je ne m’en rappelle plus. Tout me le fait penser : Jack, la conversation téléphonique, ce dialogue, cette sensation familière d’avoir la haine contre ce monde. Je ne vais quand même pas me laisser faire. Peu importe si je passe pour un fou à comparer les zombies à mes enfants, mais qu’est-ce que j’y peux aussi ?! Je n’ai plus de famille, mon meilleur ami est un zombie, ma femme aussi, elle ne peut plus enfanter. Je n’avais plus rien pour m’accrocher à la vie. Léa pouvait encore m’aimer et me parler, il fallait bien que ces choses que j’avais crée ne reste pas de simples cadavres ambulants… le pire dans tous ça… c’est que je ressens vraiment un sentiment familier envers eux maintenant… ces morts… sont ma famille ! Et pourtant, j’ai l’impression que tout m’échappe et que Milt, est bien trop puissant.

« -C’est bon on s’arrête là. »

Cette voix nonchalante appartient à Jack et résonne derrière Milt. Ce dernier se retourne et se prend un violent coup de talon dans la mâchoire, allant l’encastrer dans un mur. Jack se positionne là où se trouvait mon précédent adversaire. Il a envoyé cette montagne de muscle dans le décor avec un simple coup de pied.

« -Désolé Père, fallait que j’intervienne.

-Mais pourquoi tu- ?

-J’aide mon Père… j’ai le droit.

-Ce n’est pas l’endroit approprier pour parler, mais… expliques-moi… dis-moi en quoi je suis ton père.

-Ce n’est pas de sang, mais par l’ADN que nous sommes lié Père.

-Par l’ADN ?! »

Des explications vont suivre, mais l’on entend quelqu’un arriver depuis la fenêtre que j’ai traversé tout à l’heure et par là que Jack est sûrement passé. C’est Tania qui vient de rejoindre l’étage et en voyant Jack, elle dit son prénom tel que je le connais. Ils se connaissent ? Le prénom de Jack est aussi prononcé par Milt qui s’extirpe du mur, le crâne en sang. Minute… d’où ils se connaissent ces trois-là !?

« -Yo Milt, je voulais te défoncer le crâne définitivement, mais t’as la tête dure apparemment. Pouffe Jack

-Tu n’es pas définitivement mort ?!

-Désolé de te décevoir.

-Jack ! S’exclame Tania.

-Oui sœurette. Dit-il d’une humeur plus douce et gentille.

-Tu… tu… qu’est-ce que tu comptes faire ? Demande-t-elle hésitante.

-Je vais tuer Milt, ça ne te vas pas ? Dit-il attentif à la réponse de Tania.

-…

-Tu n’as pas changé. Toujours peu bavarde avec moi. Je sais que je t’impressionne, mais à ce point ça en devient gênant tu sais.

-Désolé… grand frère.

-Ne t’inquiète pas, c’est pas grave sœurette. Je m’occupe de la vermine et on pourra parler. Ajoute-t-il en caressant sa joue. Bien, mon petit Milt, désolé de t’avoir fait attendre. Reprend-il sévèrement.

-Jack… tu ne vas pas vraiment me tuer ?! Demande Milt un peu apeuré.

-Pourquoi pas ? En te laissant en vie, je risque de me faire repérer par les Survivants, c’est pas trop mon but tu vois.

-Je ne vais pas te laisser faire à ton bon vouloir.

-Essaie un peu… après tout, j’ai Père avec moi… et comme vous le savez… la Symbiose est possible maintenant. »

De quoi ils parlent bon sang ?! Tout m’échappe ! Dites-moi tout bordel !

 

''Lâcher prise, c'est perdre son temps''

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez