— Chapitre 11 —

Bientôt un mois et demi, les tensions avec le Nord s'amplifiaient depuis que la Bête s'était échappée de la prison. Évidemment, il n'allait pas se terrer encore longtemps dans ce minable trou à rats, il était plus fort que ce qu'ils pensaient. Ces capacités de régénération dépassaient la norme ainsi que sa puissance de se métamorphoser l'aidaient à quitter le Palais. Il n'avait pas menti, le Nord reviendrait, plus fort que jamais pour achever son travail : anéantir le Monde. Leur première attaque ridiculement petite, ne paraissait pas causer autant de dégâts ; les soldats se voyaient transformés en ces mêmes bêtes féroces, face à ces créatures un humain ne faisait pas le poids. Il fallait qu'au moins cinq soldats pour en abattre une, aucun vampire ne souhaitaient s'engager pour la guerre et les pertes s'accroissaient. S'ils continuaient sur cette lancée, en moins de quelques semaines le royaume de Krima tombera sous les griffes de la Bête. Les temps de repos se faisaient rares, voire inexistants, le château ne se reposait plus sur ses lauriers. Les attaques qui suivirent, furent meurtrières...

La Reine ne restait pas sur ces défaites, elle avait peut-être perdu une alliance, mais elle savait surtout à quelle porte frapper. Rubis Rosen, héritière de Polaï, un royaume voisin habité par des vampires ; il y avait un certain avantage, il n'était, en aucun cas, pas nécessaire de prendre le bateau, en deux ou trois semaines de calèches, ils seraient arrivés. Ainsi, un accord était né, Rubis cherchait désespérément un mari pour espérer devenir reine et qui d'autres que Harlow qui venait de perdre sa fiancée, le mari idéal.

Voilà quelque temps qu'il se préparait au champ de bataille, aiguisant ses armes comme ses sens pour les emmener à un stade que personne n'avait atteint ici, il s'était entraîné de nombreuses fois, les yeux fermés. D'autres fois, il avait mis des bouchons dans ses oreilles pour nettement réduire son audition pourtant si extraordinaire. Une fois encore, il s'était lancé le défi de revenir au palais d'une forêt qui se trouvait à quelques kilomètres, sans pouvoir utiliser une de ses jambes, il devait s'en sortir, sans verser une seule goutte de sang. Enchaînant avec les discours pour des dons envers la Couronne, elles s'étaient rapidement transformées en scène de violence où les gardes tentaient d'empêcher les gens du peuple de l'atteindre. Lui, qui restait imperturbable, même sous les insultes, les jetés de pierres. Il finissait toujours son discours avant de disparaître comme l'ombre du diable lui-même. Tous ses assauts envers la ville, avaient forcé ses soldats à être sur le pied de guerre quasiment nuit et jour. Il avait plusieurs fois craint une révolte de leur côté aussi. Heureusement, Evelyn était là pour lui partager ses idées. Ils avaient organisé un banquet où tous les soldats et leurs familles étaient invités, pour les remercier. La famille Royale ne leur avait pas jeté le moindre remerciement. 

Cette ombre, dans laquelle il baignait, l'avait trahi le jour où il n'avait pas pu donner son désaccord pour le mariage avec une autre princesse. Ses mots avaient résonné dans le vide, sans marquer les esprits bien qu'ils eussent tous tremblé. En ressortant de la salle du Conseil, il eut néanmoins la satisfaction d'entendre que pratiquement tous regrettaient de devoir se passer de lui-même sans ses yeux.

Les jours qui avaient suivi, son esprit n'avait pas pu trouver une seconde de repos. Il était plus déterminé que jamais à empêcher cette union d'avoir lieu ; pour lui, mais aussi pour Lucie qui avait rapidement été oubliée. Toutefois, il n'oubliait pas la gifle de sa mère, et ce mot qu'elle avait prononcé "assassin", le jour de son enterrement, dans sa contrée. Il avait prié ce Dieu qu'il ne pensait pas réellement exister dans le silence le plus total de son esprit. Quand les insultes du peuple fusaient, il les balayait sans un regard vexé. Ils ignoraient toute la vérité, une vérité qui avait été tellement manipulée, qu'elle était devenue une réalité aux yeux de tous. Une réalité qu'il combattait, qu'il reniait, encore aujourd'hui alors qu'il devait partir pour son futur royaume. Il ferait peut-être en sorte d'assassiner sa fiancée avant qu'elle ne devienne trop présente, il n'avait pas l'intention de laisser un autre parasite le guetter pour emporter une partie de son cœur, une fois encore...

Le carrosse s'était préparé pour un voyage long et intense, deux semaines de voyages n'étaient pas de tout repos jusqu'à la capitale de Polaï. Evelyn inspectait les moindres détails, ils ne devaient rien manquer, chaque bagage avait finement été préparé par ses soins. Évidemment, elle se devait de l'accompagner dans sa nouvelle aventure, toujours aussi folle et excitante. Même si l'objet de leur voyage ne l'enchantait pas particulièrement, l'idée de découvrir un nouveau royaume la rendait débordée d'énergie et de bonne humeur.

– Votre Altesse ! Le carrosse est prêt, il n'attend que vous. Êtes-vous prêt à partir ?

Triturant l'alliance qui pendait à son cou, il aurait juré l'avoir senti le brûler. Poussant un long soupire, il referma sa pochette avant de se lever pour la confronter de face. De son regard imperturbable, il la toisa de haut avant de s'enfoncer dans le couloir. Il pourrait assassiner cette autre pauvre fille, mais pas elle. Et c'est ce sentiment de vouloir la protéger, qui le rendait encore un peu plus distant, même s'il appréciait sa présence qu'il qualifiait à peine d'amitié, il restait mal à l'aise.

– Que je le sois ou pas, le résultat sera le même.

Lui, qui devait chevaucher sur de longs et étroits champs de guerres, se retrouvait dans un carrosse ridicule avec de vieilles valises en cuir pour bagages. Elles étaient aussi noires que son humeur au moment de leur départ. Il ne put s'empêcher d'observer une dernière fois le ciel, une main sur son alliance, en priant pour qu'il ne leur tombe pas sur la tête. Ses pensées allaient pour ses compagnons d'armes qui devaient être recouverts de sang et de terre à l'heure actuelle, quand il était guidé dans le grand luxe dans un autre palace. Agacé, il resserra sa poigne autour du bout de métal, ce cauchemar ne serait qu'éphémère, il pouvait le jurer. 

Evelyn ne pouvait nier la froideur de Harlow ces derniers temps. Sa crainte était que la relation qui se bâtissait entre eux ne se brise comme un miroir. Elle se demandait si les événements récents n'en étaient justement pas la cause, elle ne le voyait que très peu depuis qu'il se rendait en première ligne. Il revenait comme à son habitude couvert de plaies diverses et variées. Evelyn toujours présente pour le soigner, maniant avec précaution chacun de ses bandages pour les retrouver le lendemain ensanglantés et déchirés. Elle gardait tout de même la tête haute, l'envie de revoir sa famille se manifestait souvent d'autant plus que les attaques se rapprochaient d'eux.

Assise dans le carrosse, elle n'attendait plus que le principal concerné qui pointait le bout de son nez avec terriblement de retard. En effet, si Harlow pouvait réduire à néant cette alliance, il le ferait sans hésiter. Il s'assit en face d'Evelyn, épuisé, il se serait bien reposé s'il n'était pas hanté par des cauchemars inexplicables en rapport avec les récentes découvertes. Il détailla sa servante à travers son bandeau, sans même le voir, il sentait sa bonne humeur déborder jusque dans son espace personnel.

– Nous allons dans un autre royaume ! N'est-ce pas trop excitant ? 

Il est vrai qu'Evelyn n'avait jamais voyagé, contrairement à lui, qui grâce à ses nombreuses batailles a pu s'approprier un bon nombre de territoires. Il n'avait encore jamais découvert Polaï, toutefois, il en entendit parler, il avait fait ses recherches ; une économie plutôt médiocre, pas étonnant que le royaume tentait de se rallier à eux, en termes de démographique cela lui paraissait stable. 

– Avez-vous besoin d'exprimer votre contentement en hurlant comme une hystérique ? 

La remarque de trop, Evelyn effaça son sourire pour froncer les sourcils. Ce n'était pas parce qu'il pouvait se le permettre, qu'il avait le droit d'être désagréable. 

– Et vous, avez-vous besoin d'être si rabat-joie ?

Lui, rabat-joie, ce n'est pas exactement ce qu'il aurait employé, mais plutôt le terme dépité, elle n'avait pas idée de toutes les responsabilités auxquelles ils devaient répondre. S'il pouvait, il la fusillerait du regard. Harlow pressentait que ces deux semaines de voyages allaient s'éterniser plus que prévu avec la compagnie d'Evelyn.

– Evelyn, si je pouvais vous couper les cordes vocales maintenant, je le ferais sans hésiter.

Un rire parvint aux oreilles de Harlow, toujours elle pour se moquer de lui, cela avait le don de lui clouer le bec. Il ne comprenait vraiment pas Evelyn, encore moins les femmes et leur humour dérangés du moins celui de sa servante. Il avait bien raison de soupirer, les premiers jours de voyage qui suivirent le rendait complètement exténué par les agitations d'Evelyn. À chaque arrêt pour manger, se reposer un peu, elle ne cessait d'être curieuse autour de la nature, à aller cueillir des fleurs à droite et à gauche pour en faire un bouquet, parfois des petites couronnes de fleurs. Elle prenait même parfois le temps de récolter quelques fruits des bois qui se dressaient sur leur chemin : des mûres, des framboises, des myrtilles... Evelyn en proposait évidemment chaque fois à Harlow qui aimait tant lui faire remarquer de la plus agréable des manières à quel point cela était sale, et peut-être même dangereux. Il ne s'étonnait pas si elle mourait avant leur arrivée. Toutefois, il arriva qu'Evelyn épargne sa petite portion de fruits dans la calèche entourée d'un mouchoir blanc. Alors qu'elle s'éclipsait un instant, il retira son bandeau pour se reposer un moment, son regard se porta sur sa petite collecte de fruits. Qu'avaient-elles de si spéciales ces petites perles bleues pour rendre sa servante passionnée par leurs goûts ? Il pouvait bien en goûter une ou deux, cela ne serait pas suffisant pour le tuer de toute manière. Saisissant trois petites billes en main, il sentit d'abord pour vérifier, puis il porta la première myrtille à ses lèvres ; Harlow fut surpris par ce goût si unique, cette légère acidité qui prédominait, un côté sucré suivit d'un petit jet de jus après avoir croqué dedans. Il n'était pourtant pas un admirateur de sucreries, mais celle-ci avait un goût exceptionnel, au-delà de ses attentes. Il se rappelait du petit-enfant qu'il était, curieux, toujours en quête d'aventure. Il trifouillait avec ses petites mains la table pour espérer attraper un petit en-cas avant de partir s'entraîner. Harlow saisit les deux dernières myrtilles pour les déguster avant qu'il ne se rende coupable d'un crime qu'il n'avouera pas. Il entendit des pas se rapprochaient dangereusement du carrosse, il enfila de nouveau son bandeau, faisant mine de rien. 

Reprenant leur route, Evelyn contemplait la nature par la fenêtre tout en savourant ses fruits, d'un coup d'œil discret, elle remarqua une vilaine tâche sur le coin des lèvres de Harlow. Elle baissa le regard pour remarquer que sa couleur était semblable à ses baies bleuâtres, elle se retint d'éclater de rire en plaçant une main devant sa bouche. Evelyn lui tendit de son autre main, le reste de ses myrtilles. 

– Prenez-en.

Peut-être bien qu'il se trompât, cette excursion semblait plus intéressante que prévue. Alors que la seconde semaine arrivait à son terme, Harlow devenait impatient, il cherchait chaque nuit à un plan pour détruire cette alliance. Il guettait la lumière de la lune et par moment, ses yeux se posaient sur la mine endormie d'Evelyn, à moitié allongée sur la banquette, elle dormait comme une enfant. Ses mèches de cheveux qui semblaient reprendre vie sous les rayons de lumière, ils avaient repoussé depuis. Il pensait même qu'ils avaient bientôt atteint leur forme d'origine, pourtant, il ne pouvait effacer l'image de ce foutu incendie et le visage pétrifié d'Evelyn. Il n'avait pas encore eu de réponse, il n'en attendait plus vraiment une, il ne trouvait pas le temps pour y penser. 

C'est vrai qu'il trouvait moins intrigants leurs échanges qui se limitaient plus qu'à quelques consignes, il savait que c'était de sa faute. Entre les campagnes, les entraînements, les réunions du Conseil, et tous ses papiers à remplir, il n'avait même pas pris le temps de regarder une seule fois cette lune dont elle lui avait parlé pendant quelques jours. Cette étincelle, se faisait de plus en plus étouffée par la réalité ou au moins la sienne, qui ne comportait aucun élément lui permettant de s'alimenter. Peut-être Evelyn, mais aujourd'hui elle était trop peu présente dans sa vie rythmée par les formalités. Puis, la nouvelle de son nouveau mariage n'avait pas soigné sa fatigue, sa lassitude, sa colère qui avaient encore assombri son expression, comme ses pensées. Il n'y avait pas que cette étincelle qui disparaissait, ses minces espoirs aussi s'envolaient.

Il n'avait même pas trouvé le temps de poursuivre ses recherches, quelqu'un d'autre avait torturé la Bête, mais celui-ci n'aurait pas arrêté de dire qu'il était "trop tard". Trop tard pour quoi ? Cet homme avait l'air différent, même si son apparence ressemblait parfois plus à celle d'une véritable bête. Il ignorait quel genre d'être pouvait se transformer de cette façon. À moins que cela ne soit pas naturel, un peu comme ce qu'il avait vu dans la maison des Fardell. Il n'arrivait pas à tracer une ligne distincte au milieu de toutes ses questions pour définir la vérité. Peut-être, qu'il ne s'y prenait pas convenablement. Evelyn arriverait peut-être à le faire parler, mais il refusait catégoriquement qu'elle approche un tel individu si dangereux qui devait être saigné. Et il en avait marre d'aller à la chasse, ce n'était pas des réponses qu'il ramenait.

À mesure que le paysage défilait, ses pensées aussi, son oeil fût attirée par la couleur ardente de ses cheveux, arrachant son bandeau, il l'observait dormir paisiblement. Elle était toujours la petite Evelyn qui s'était précipitée dans ses bras, blessée, mais aussi, un esprit pointu et honnête, qui savait se battre pour sa vie. Voilà longtemps qu'il la trouvait admirable, malgré son appartenance, son statut, le maître détestable qu'il était, elle n'avait jamais quitté le château, elle n'avait jamais tenté de le tuer. Au contraire, elle essayait d'être plus compatissante à son sort que nulle autre ne l'aurait jamais été, c'est pour cela qu'il ne la blesserait pas. C'était une bonne personne. Pourtant, à cause de son comportement un peu misanthrope, elle devait ressentir une immense charge mentale, il ne savait pas si son humanité résisterait à cette solitude après avoir effleuré une si délicieuse personne.

– Evelyn... Je... Je...

Il avait beau la regarder, repenser à toutes leurs aventures, leurs disputes qui étaient loin d'être aussi mauvaises que celles qu'il avait connues, il n'arrivait pas à lui parler, et restait comme un idiot à ne pas savoir parler, pourquoi ?

– Oubliez cela. 

Se retournant de nouveau vers la fenêtre, il posa une main devant ses yeux avant de se demander pourquoi il n'arrivait même plus à être un semblant bon ? Non, honnête. Peut-être, car il ne connaissait pas les compliments, car les seuls compliments qu'il avait entendus étaient les regards froids et le mépris de ses parents, qui répétaient sans cesse : 

« – Pourquoi tu souris ? Tu aurais dû réussir bien plus vite. Quel crétin, pourquoi est-ce que tu vis mon pauvre ? »

En y repensant cela lui paraissait loin d'être un compliment, mais avait-il déjà entendu mieux ?

Soudain, un bruit de flèche tirée arriva jusqu'à ses oreilles, lui qui était alors en pleine réflexion, il n'eut le temps que d'écarquiller les yeux et poser une main sur son poignard. Il se releva rapidement, projeté contre la fenêtre à sa droite en une fraction de seconde alors que des cris, humains comme animaux, traversaient ses oreilles comme une lame de couteau. Sa tête avait cogné assez brutalement contre le mur, mais il était loin d'être assommé. Jetant un regard alerte en direction d'Evelyn.

Tandis qu'elle nageait dans un sommeil profond, le mouvement brusque du carrosse qui bascula sur un côté, la fit valser contre la fenêtre qui se brisait sous son poids. Des bouts de verres éparpillés, Evelyn se réveillait en panique, alors qu'elle cherchait à se lever, elle retomba aussitôt. 

– Harlow ! Que se passe-t-il ?

Elle allait bien, il n'eut pas le temps de s'en réjouir, ils étaient attaqués. Une expression hostile au visage, il attrapa fermement son poignet avant qu'elle ne puisse grimper.

– Je vais y aller en premier. Ils doivent avoir des arcs ou des arbalètes. Nous serons des cibles idéales là-haut. Laissez-moi vérifier. 

Les cochers qui les accompagnaient, morts, gisaient sur le sol, les chevaux s'étaient échappés. Il n'y avait qu'une bande de mercenaires qui n'espérait que récupérer un butin intéressant de ce carrosse. Armés d'arbalètes, leurs flèches empoisonnées les tueraient.

Quelques secondes de plus, et elle se faisait peut-être transpercée par mille et une flèche. À en juger le côté où le carrosse s'était renversé, il ne devait qu'être maigrement équipé. Il devait profiter du peu de temps qu'ils leur restaient avant qu'ils ne rappliquent, il avait peut-être une minute. Il se hissa, malgré la douleur qui résonnait dans sa tête, hors du carrosse, poignard en main, il se tint quelques secondes au ras du sol pour épier le moindre bruit, le moindre mouvement. Pourtant, rien, ils s'étaient peut-être enfuis, mais alors, pourquoi simplement faire tomber leur carrosse sans en récupérer le butin ? Cela n'avait aucun sens. À moins qu'ils aient réfléchi et décider de les attendre dans la forêt. Maintenant que leur cocher était mort, et les chevaux enfuis ils allaient sûrement devoir continuer à pied, et s'exposer. Se mordant la lèvre inférieure, il fit signe à Evelyn pour qu'elle le rejoigne. Leurs poursuivants étaient préparés, et cette technique n'était pas celle de banals soldats. Des chasseurs de primes, des brigands ou bien des mercenaires. Dans tous les cas, ils allaient devoir ruser, leur chance, de réussir devait bien être au-dessus de dix pour cent. Se retournant vers Evelyn, il mit un doigt devant ses lèvres pour l'inciter à ne pas faire plus de bruits, ils n'étaient peut-être pas loin, et écoutaient sûrement s'il y avait encore du mouvement, dont des personnes en vie à achever. Ils ne pouvaient pas mourir dans un piège si grotesque, tués par de pareils arriérés. Se rapprochant de son oreille, il y glissa quelques mots, mais ses yeux restaient eux, en alerte. Près à cibler le moindre mouvement, sa lame paraissait attendre le goût du sang.

– Nous allons aller dans la forêt derrière vous, du côté où le carrosse s'est renversé, nos poursuivants sont sûrement de l'autre côté. Il faut les semer dans les bois, rapidement. 

Dans tous les cas, ils mettraient un peu de temps à les atteindre. Ils devaient en profiter pour foncer dans le bois épais qui les entourait. Saisissant son poignet pour ne pas la perdre, il attendit quelques secondes avant de s'écarter du carrosse pour se relever et courir se réfugier dans les bois en pleine prairie ou plaine, ils étaient des cibles faciles, en espérant pour que cet acte ne soit pas irréfléchi. Harlow était occupé à passer sur les feuilles, et à les scruter pour repérer les pièges qui auraient pu être posés, sa psychose habituel.

Au fur et à mesure, Evelyn détaillait sa personne, troublée, son regard s'illuminait lorsqu'elle comprit l'origine de sa confusion : son bandeau, il ne le portait plus, Harlow retrouvait sa vue. Une mine déconcertée, son regard bloquait sur ses yeux qu'elle ne s'arrêtait pas de fixer. Son incompréhension se transformait en frustration puis en colère, pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Depuis combien de temps durait sa petite comédie ? Ralentissant le pas, Evelyn le fit remarquer : 

– Vous m'avez menti. Vous pouviez voir dès le départ, vous vous êtes joué de moi. Dire que je m'inquiétais pour un rien. 

– Evelyn, ce n'est pas le moment. Nous devons... ATTENTION EVELYN !

 

 

 

 

 

 

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