[ 1 ]
Jong-goo et Yerin étaient de retour dans la voiture. Elle avait bravement enduré le courroux de son père, mais dès que la portière s’était refermée, elle avait fondu en larmes. Jong-goo se pencha pour ouvrir la boîte à gant. Il en sortit une boîte de mouchoirs qu’il tendit à Yerin.
— Ça va ? lui demanda-t-il avec une sollicitude sincère.
Elle hocha la tête en reniflant.
— Oui, excuse-moi…
— Tu n’as pas à t’excuser.
Yerin tamponna doucement ses yeux rougis. Elle baissa le pare-soleil pour se regarder dans le petit miroir. Son maquillage avait coulé, elle était affreuse. Elle rattrapa le massacre du mieux qu’elle put.
— Merci… dit-elle en remettant les mouchoirs dans la boîte à gant. Merci de m’avoir défendue tout à l’heure.
— C’est rien. Tu vas faire quoi maintenant ? Tu as un endroit où aller ?
— Non. Il faut que je me trouve une chambre d’hôtel, au moins pour ce soir. Après, je verrai. Peut-être que Min-ji pourra m’accueillir pendant quelques jours.
— Tu as de l’argent ?
— Oui. J’en assez pour l’instant.
Jong-goo resta silencieux un moment. Il tapotait nerveusement le volant de sa voiture. Il sentait qu’il fallait qu’il saisisse cette opportunité pour rectifier le tir.
— Tu pourrais venir chez moi, suggéra-t-il sans vraiment réfléchir aux implications de son invitation. J’ai de la place. Ça t’évitera de dépenser de l’argent pour rien.
— Je ne sais pas si c’est une bonne idée…
— Pourquoi ? Tu ne me fais pas confiance ?
— Ce n’est pas ça… c’est juste que…
— Si tu préfères aller à l’hôtel, je te déposerai là-bas, mais je pense qu’on a beaucoup de choses à se dire, nous aussi. Ce que tu m’as dit, il y a trois ans, tu ne veux pas savoir ce que j’en pense ?
Yerin le dévisagea avec stupeur et nervosité. L’expression de Jong-goo était indéchiffrable. Elle n’arrivait pas à deviner ce qui se cachait derrière ce regard froid et déterminé. À quoi est-ce qu’il pensait ?
Elle n’avait rien répondu et Jong-goo avait enclenché la boîte de vitesses. Il ne vivait pas très loin d’ici, dans un autre immeuble, plus au centre de Gangnam. Il s’était garé dans le sous-sol, puis ils avaient pris l’ascenseur qui menait au rez-de-chaussée.
C’était une belle résidence de standing de vingt étages qui n’avait rien à envier à celle de Cheongdam. Il n’y avait pas d’appartements au rez-de-chaussée qui ressemblait à un lobby d’hôtel. Il avait été aménagé pour offrir aux résidents un lieu de détente et de loisirs. On pouvait y trouver une salle de sport, une piscine, un sauna, un terrain de squash, et même une salle de golf indoor. Seuls les résidents de l’immeuble avaient accès à ces structures.
La résidence était sécurisée avec des caméras de surveillance dans toutes les parties communes. Deux réceptionnistes tenaient le comptoir. Les résidents possédaient une carte magnétique qui leur permettait d’accéder aux étages supérieurs. Elle permettait d’activer une porte de sécurité automatique qui menait aux appartements et d'utiliser l’ascenseur. Les personnes étrangères au bâtiment devaient se présenter à l’accueil et inscrire leur nom dans le registre des visiteurs. Ils ne pouvaient accéder à la partie résidentielle qu’avec l’accord explicite de leur hôte.
Jong-goo avait expliqué la situation au réceptionniste qui avait soigneusement noté toutes les informations concernant son invitée. L’entreprise qui gérait la résidence prenait très au sérieux la sécurité de ses habitants. Ironiquement, l’équipe de sécurité à laquelle ils avaient fait appel pour sécuriser les locaux n’était autre que Blue Sky Security. Le logo de l’agence de sécurité était affiché un peu partout dans la résidence. Des vigiles gardaient l’entrée principale et les entrées secondaires au sous-sol, tandis que d’autres patrouillaient régulièrement dans toute la résidence.
— Est-ce que je peux savoir combien de temps votre amie compte séjourner chez vous ?
— Je ne sais pas encore, mais quand elle s’en ira, je vous le ferai savoir.
— Très bien.
L’homme ouvrit un tiroir. Il en sortit une carte magnétique qu’il activa sur son ordinateur avant de la tendre à Jong-goo.
— Tenez. La carte est valide une semaine. C’est la durée maximale autorisée. Il faudra repasser par l’accueil pour prolonger sa validité. C’est une mesure de sécurité. J’espère que vous comprendrez. Si vous voulez qu’elle reste ici en tant que résidente permanente, il faudra remplir un dossier.
— D’accord. On verra ça plus tard. Ah ! J’allais oublier. J’aimerais aussi faire suspendre le service de conciergerie pendant quelque temps.
— Très bien, monsieur. C’est noté. Nous avertirons notre agent de ce changement.
C’était un autre service propre à cette résidence aux allures de palace. Les résidents pouvaient bénéficier de toutes sortes de prestations qui leur facilitaient la vie : ménage, blanchisserie, chef à domicile, garde d’enfants ou d’animaux, et même la livraison des courses. Bien entendu, ces services avaient un prix, mais dans cet immeuble, tout le monde avait les moyens de s’offrir une vie de luxe et de paresse.
[ 2 ]
Jong-goo vivait au sixième étage de l’immeuble. Appartement 603. Jong-goo avait acquis ce bien d’exception à sa majorité. Il avait déboursé cinq milliards de wons, le fruit de son dur labeur et de son sens inné des affaires. C’était un bel appartement d’une centaine de mètres carrés. Il comprenait deux grandes chambres, une vaste salle de séjour avec cuisine ouverte, table à manger et comptoir de bar, un dressing de dix mètres carrés, et une grande salle de bain. Jong-goo avait fait appel à une agence de décoration d’intérieur qui s’était occupée de tout l’ameublement. Bien entendu, il n’avait pas oublié Yoyo qui pouvait se prélasser sur de somptueux arbres à chat digne de son statut de félin privilégié.
Dès qu’ils étaient entrés, Yoyo s’était précipité à leur rencontre. Yerin s’était accroupie pour lui tendre la main. Il l’avait d’abord reniflé avec prudence puis avait frotté sa tête contre sa main avant d’aller s’empêtrer dans ses jambes en poussant des miaulements stridents.
— On dirait que lui non plus ne t’a pas oubliée, commenta Jong-goo en se penchant à son tour pour gratifier son compagnon de quelques caresses affectueuses. Ou peut-être qu’il a juste faim…
— Hm. Il a bien grandi et il a l’air heureux. Tant mieux.
— Tu as faim, toi aussi ? Tu veux manger quelque chose ?
— Qu’est-ce que tu as à manger ?
— Rien, mais on peut commander. Qu’est-ce que tu veux ?
— Je ne sais pas…
La situation était bizarre. Yerin se sentait mal à l’aise. Il y avait trop de non-dits et de problèmes en suspens qui avaient besoin d’être clairement résolus pour qu’elle puisse se détendre.
— On commandera plus tard alors, dit Jong-goo. Je vais me laver. Tu peux mettre ta valise dans la chambre.
Yerin rougit malgré elle. Elle savait bien que ce n’était pas ce que Jong-goo voulait sous-entendre. C’était elle qui avait l’esprit mal placé et elle en avait terriblement honte. Jong-goo lui avait indiqué la chambre à gauche au bout du couloir, puis il avait fait un crochet par le dressing pour sélectionner un ensemble un peu plus décontracté avant de disparaître dans la salle de bain.
Pendant que Jong-goo prenait sa douche, Yerin s’était assise sur l’un des deux canapés qui ornaient le centre du salon. Des canapés curieusement positionnés. L’un faisait face à une énorme TV flanquée d’une console de jeux vidéo et d’une sono dernier cri, tandis que l’autre lui tournait le dos et faisait face à la grande baie vitrée qui permettait d’accéder au balcon. La vue sur la ville était magnifique, mais Yerin se sentait un peu seule, assise sur ce canapé, à contempler ces millions de lumières qui animaient la capitale.
Elle s’était levée pour faire un tour dans la cuisine. Le frigo était presque vide. Il y avait des bouteilles d’eau, des canettes de bière et des boissons protéinées. Les placards étaient pleins de vaisselle décorative qui n’avait visiblement jamais servi. Dans l’égouttoir, près de l’évier, il y avait un verre, un bol, une paire de baguettes et une cuillère à riz. Dans un grand bac, il y avait quelques cartons, vestiges de plats à emporter. Jong-goo ne devait pas souvent cuisiner. Il se faisait livrer ou mangeait à l’extérieur.
— Tu veux y aller ? demanda Jong-goo qui venait de sortir de la salle de bain.
— Où ça ?
— À la douche.
— Hein ? Ah, oui. Je vais y aller. Merci.
Elle devait admettre qu’après son long voyage en avion et le décalage horaire, elle ne sentait pas très fraîche. Une bonne douche chaude lui ferait le plus grand bien. Elle était retournée dans la chambre pour sortir sa trousse de toilette et une tenue propre un peu plus confortable que sa tenue de voyage. La salle de bain était encore chargée de vapeur tiède. Les WC étaient dans un coin de la pièce, séparés du reste par une petite cloison. La salle de bain comprenait un grand lavabo à doubles vasques, une douche à l’italienne et une baignoire balnéo. Yerin n’aurait pas été contre un bain massant, mais ce n’était pas le moment de se prélasser.
Elle s’était douchée rapidement, en prenant tout de même le temps de se laver les cheveux, puis elle avait enfilé ses vêtements. Un pantalon de survêtement gris, un T-shirt noir et un sweat à capuche. Simple et efficace.
— Je peux utiliser ton sèche-cheveux ? demanda-t-elle en passant la tête par la porte de la salle de bain.
— Oui ! lui répondit Jong-goo depuis le salon.
— Merci !
Elle s’était soigneusement séché les cheveux puis les avait brossés jusqu’à ce qu’ils soient bien lisses et brillants. Elle avait fait sa routine du soir. Une routine qui ne comprenait pas moins de cinq produits différents. Après quarante longues minutes de préparation, elle avait rejoint Jong-goo dans le salon.
[ 3 ]
Ils étaient tous les deux assis sur le canapé qui faisait face à la télé. Ni trop près ni trop loin. Un silence pesant s’était installé entre eux. Personne n’osait briser la glace. Personne ne savait comment commencer cette conversation qui avait été lancée trois ans plus tôt sans jamais avoir de conclusion. Jong-goo avait plongé le premier.
— Yerin…
— Hm ?
— Ce que tu m’as dit il y a trois ans, tu le penses toujours ? Tes sentiments n’ont pas changé ?
— Oui. Enfin, non. Enfin, je veux dire que oui, je le pense toujours, et non, mes sentiments n’ont pas changé.
— Même après ce que j’ai fait ?
— Ce que tu as fait ? Tu veux dire le fait de m’avoir bloquée partout et d’avoir rompu tout contact ?
— Oui.
— J’aurais fait la même chose… Je suis partie parce que mon père a découvert que j’avais des sentiments pour toi. C’est lui qui m’a envoyée là-bas pour nous séparer. Il ne m’a pas laissé le choix. Je savais très bien que de toute façon, même si tu le voulais, tu n’aurais pas pu me contacter. Si mon père avait découvert qu’on était resté en contact, il aurait trouvé le moyen de mettre fin à nos échanges. Je n’osais même pas te mentionner dans certains de mes posts, même si je pensais souvent à toi. J’avais peur que si j’essayais d’attirer ton attention, même indirectement, tu aies des ennuis. J’essayais de poster régulièrement, parce que je me disais que même si on était séparés et que je n’avais aucune nouvelle de toi, je pouvais au moins te donner des nouvelles de moi. Même si je ne savais pas si tu voyais ces posts ou pas.
— Je les ai vus. Je les ai tous vus.
Il n’avait pas jugé nécessaire de préciser qu’il avait liké absolument toutes ses publications et qu’il laissait régulièrement des commentaires sous couvert d’anonymat. Il ne voulait pas passer pour un psychopathe. Il était face à un choix qui déterminerait le reste de son existence. Il devait prudemment peser le pour et le contre. Quelles étaient ses chances de trouver une femme aussi loyale et fidèle que Yerin ? Quelles étaient ses chances de trouver une femme qu’il aimait et estimait autant qu’elle ? S’il la rejetait maintenant, il risquait vraiment de la perdre et de le regretter pour le restant de ses jours. C’était sa dernière chance. Il le sentait.
— Jong-goo…
— Yerin. Je vais te donner ma réponse. Celle que je n’ai pas pu te donner il y a trois ans.
Il ferma les yeux un instant en prenant une longue inspiration.
— Je ressens la même chose que toi, finit-il par avouer dans un souffle libérateur. Moi aussi j’ai des sentiments pour toi. Je t’aime vraiment, Yerin. Je ne sais pas depuis quand j’ai ces sentiments pour toi, peut-être qu’ils étaient toujours là, mais qu’il m’a juste fallu du temps pour m’en rendre compte et les accepter. Mais après t’avoir revue ce soir, j’en suis certain. Même après trois ans d’absence, mes sentiments pour toi n’ont pas changé.
[ 4 ]
Jong-goo trouvait son discours tellement mièvre qu’il avait l’impression de mourir de l’intérieur. Ce n’était pas son genre d’étaler ses sentiments comme ça. Il n’avait pas l’habitude de mettre son cœur à nu de cette façon et jamais il ne s’était senti aussi vulnérable. Il se racla nerveusement la gorge. Le sérieux de la situation plombait vraiment l’ambiance. Jong-goo préférait jouer la carte de l’humour pour détendre un peu l’atmosphère.
— Tu ne dis rien ? Tu n’es pas touchée par ma déclaration d’amour ? Je pensais que tu me sauterais dessus.
— Pff ! Tu dis vraiment n’importe quoi ! Pour qui tu me prends ?
— Je ne sais pas. Pour qui est-ce que je dois te prendre ? Ma petite-amie ? Ma fiancée ? On sort ensemble maintenant ?
Il avait dit cela sur le ton de la plaisanterie en approchant son visage du sien. Yerin était rouge comme une pivoine. Elle ferma les yeux par réflexe.
— T’en fais une tête ! s’exclama Jong-goo avec un rire moqueur. T’as vraiment cru que j’allais t’embrasser ?
— Arrête de rigoler ! C’est pas drôle !
Elle lui donna un tape sur l’épaule. Il était insupportable. Jong-goo reprit une expression un peu plus sérieuse.
— Cela dit, même si tu fais une drôle de tête, j’ai vraiment envie de t’embrasser…
Il se pencha à nouveau vers elle. Yerin ferma les yeux, mais cette fois elle s’était préparée et faisait de son mieux pour paraître aussi détendue que possible, malgré son cœur qui battait la chamade. C’était un premier baiser maladroit, mais plein de sincérité et d’ardeur. Un premier baiser qui en avait amené un deuxième, puis un troisième.
Ils s’étaient laissés emportés par leurs sentiments. Des sentiments qu’ils avaient refoulés pendant plus de trois ans et qui ne demandaient qu’à s’exprimer haut et fort. Ils avaient laissé le désir prendre le contrôle de leurs actions. Jong-goo avait poussé Yerin sur le canapé. Il avait quitté ses lèvres pour embrasser son cou, tout en glissant une main fébrile sous son T-shirt pour caresser sa peau nue. Sa main était remontée le long de ses côtes jusqu’à ses seins lorsqu’il réalisa quelque chose. Quelque chose de très important.
— Yerin, fit-il en se redressant brusquement. Je viens de penser à un truc. Il faut que je sorte vite fait. J’en ai pas pour longtemps.
— Quoi ? Qu’est-ce que c’est ?
— Un truc important. Je me dépêche. J’en ai pour quinze minutes. Non. Dix minutes. Je reviens vite. Ne bouge pas. Ne t’endors pas !
Jong-goo l’avait plantée sur le canapé. Il avait attrapé son manteau et son portefeuille, puis il avait enfilé ses chaussures avant de quitter l’appartement. La porte se referma dans un claquement, suivi du bip du verrou électronique. Yerin était aussi confuse qu’anxieuse. Les choses allaient un peu trop vite à son goût et elle accueillait cette pause soudaine et inattendue avec soulagement. Elle se sentait tiraillée par plusieurs sentiments contradictoires.
Une part d’elle était folle de joie à l’idée de pouvoir partager ces moments d’intimité avec Jong-goo après toutes ces années à refouler ses sentiments, mais d’un autre côté, elle ne se sentait pas prête à franchir le pas. Tout allait un peu trop vite à son goût. Elle ne voulait pas décevoir Jong-goo, mais tout cela était nouveau pour elle et ça lui faisait un peu peur. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. Elle était trop fatiguée pour réfléchir.
Elle s’était allongée sur le canapé, la tête posée sur un coussin. Jong-goo lui avait dit de ne pas s’endormir, mais la journée avait été très longue et elle était épuisée par toutes ces montagnes russes émotionnelles. Elle regarda l’heure sur son portable. Il avait dit qu’il serait de retour dans dix minutes, mais cela faisait presque vingt minutes qu’il était sorti. Est-ce qu’il lui était arrivé quelque chose ? Pendant une seconde, Yerin avait oublié qui était Kim Jong-goo. Elle était bête de s’inquiéter pour lui. Rien ne pouvait lui arriver. Elle avait lutté quelques minutes de plus, mais le sommeil avait fini par la gagner et elle s’était endormie comme une masse sur le canapé.
[ 5 ]
Jong-goo était parti en quête du Saint Graal. Les sacro-saints préservatifs qu’il ne s’était jamais donné la peine d’acheter, car jusqu’à maintenant, il n’en avait jamais eu l’utilité. Les femmes avaient assez peu d’attrait à ses yeux. Du moins, les femmes qui n’étaient pas Kim Yerin.
La pharmacie au coin de la rue était fermée. Il avait dû faire cinq cents mètres de plus pour trouver une pharmacie de garde ouverte à cette heure-là. Il avait passé un bon moment à tergiverser devant le rayon des préservatifs. Il avait fini par demander conseil au pharmacien qui avait l’air bien embêté. C’était la première fois qu’on lui posait autant de questions sur un produit aussi classique. Finalement, Jong-goo était reparti avec le modèle le plus cher.
Sur le retour, il avait eu la malchance de tomber sur des mecs bourrés et un peu agités du bocal qui cherchaient la bagarre. Il leur avait donné ce qu’ils cherchaient, mais cela lui avait fait perdre de précieuses minutes. Lorsqu’il était enfin rentré en possession du précieux sésame qui lui permettrait – enfin – de dire adieu à sa vie de puceau, il avait trouvé Yerin profondément endormie sur le canapé.
— Yerin, dit-il doucement en la secouant par l’épaule.
— Hm… Jong-goo ? murmura-t-elle en se frottant les yeux. Tu es revenu ?
— Oui. Désolé, ça m’a pris plus de temps que prévu. On devrait aller dans la chambre.
Ivre de sommeil, elle avançait comme une somnambule. Il l’avait guidée jusqu’à la chambre en la soutenant par la taille, puis il l’avait aidée à se glisser sous la couette.
— Tu veux que je laisse un peu de lumière ?
— Non, tu peux éteindre.
— OK. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi. Je vais dormir sur le canapé.
— D’accord. Merci, Jong-goo. Bonne nuit.
Il avait rangé la boîte de préservatifs dans le tiroir de la table de chevet. Il avait ensuite quitté la chambre en refermant la porte derrière lui après avoir éteint la lumière. Rien ne pressait. Il avait attendu trois ans. Il pouvait attendre encore un peu.