[ 1 ]
Jong-goo était en train de lire les rapports d'activité du mois d'octobre lorsque son téléphone vibra. C'était le secrétaire Park.
— Oui, M. Park. C'est pour quoi ?
— Le président veut que vous alliez chercher quelqu'un à l'aéroport.
— Qui ça ?
Le secrétaire reste silencieux un instant.
— Mademoiselle Kim Yerin, finit-il par dire d'une voix parfaitement neutre.
Ce fut au tour de Jong-goo de rester silencieux. La nouvelle l'avait mis dans un état d'agitation qu'il n'avait pas l'habitude de ressentir.
— Pourquoi est-elle revenue ? demanda-t-il au bout d'un moment.
— Ce n'est pas à moi de vous le dire.
— C'est un ordre ou une requête ?
— Un ordre. Lorsque vous l'aurez récupérée, vous devrez l'escorter jusqu'à la résidence principale du président Kim, à Cheongdam. Je n'ai pas besoin de vous envoyer l'adresse ?
— Non, en effet. À quelle heure arrive-t-elle ?
— Dans une heure, environ.
— D'accord. Je vous enverrai un message quand je l'aurai récupérée.
Après avoir raccroché, Jong-goo s'était enfoncé dans son fauteuil en poussant un soupir lourd d'émotions. C'était une crise qu'il n'était pas préparé à gérer et il n'avait qu'une heure pour se remettre les idées en place. Loin des yeux, loin du cœur. Tant qu'elle vivait à l'autre bout du monde, il s'était efforcé de ne pas se soucier de ce qu'elle ressentait ou de ce qu'elle pensait de son silence. Il l'avait abandonnée en toute impunité. Il n'avait jamais essayé de la contacter. Pas une seule fois. En ce point, Gun avait raison. Il avait fait une Jang Hyun, à la différence que même s'il avait rompu tout contact avec Yerin, il continuait à veiller sur elle en secret pour s'assurer qu'elle allait bien.
La roue s'était remise en marche. Le temps qui s'était arrêté trois ans plus tôt avait repris sa course. Alors qu'il s'apprêtait à la revoir, il avait peur du prix à payer pour sa trahison. C'était un mal pour un bien. C'était ce qu'il espérait et redoutait en même temps. Il valait mieux qu'elle lui en veuille au point de le détester. Il ne méritait pas son pardon. Il ne méritait pas son amour. Pourtant, l'idée qu'elle le rejette lui brisait le cœur.
Jong-goo se leva pour contempler la vacuité de son existence à travers la fenêtre de son bureau, au dernier étage du grand immeuble qui abritait sa société. La nuit était tombée sur Séoul et la ville brillait de mille feux. Il essuya consciencieusement ses lunettes puis jeta un coup d'œil à sa montre. S'il voulait être à l'heure à l'aéroport, il fallait qu'il parte maintenant.
[ 2 ]
Jong-goo était arrivé juste à temps pour le débarquement. L'avion de Yerin avait atterri depuis un moment déjà et les premiers passagers commençaient à affluer vers la sortie, après avoir récupéré leurs bagages.
Des cris retentirent au loin. Les voyageurs s'écartèrent sur le passage d'un homme qui prenait la fuite, un sac à main dans les bras. À ses trousses, une jeune femme que Jong-goo reconnut immédiatement. Kim Yerin. Partout où elle allait, il fallait qu'elle s'attire des ennuis.
— Au voleur ! criait-elle tout en courant. Arrêtez-le !
Jong-goo tendit la jambe et le malandrin s'étala de tout son long. Avant qu'il ne puisse se relever, Yerin était déjà sur lui. Elle tenta de lui reprendre le sac, mais le voleur résistait. Il s'était remis sur ses pieds, prêt à en découdre. C'était sans compter sur la détermination de Yerin. En quelques secondes, elle l'avait maîtrisé. Ces trois années d'entraînement en Krav Maga avaient payé.
Elle sortit un yo-yo de sa poche, mais ce n'était pas un simple jouet. Elle tira sur un anneau en métal pour dérouler un long fil en titane. Elle s'en servit pour ligoter les jambes de l'homme, puis bloqua le fil avec l'anneau qui faisait aussi office de fermoir, afin qu'il ne puisse pas prendre la fuite en attendant l'arrivée des agents de sécurité.
— Ne bougez pas ! ordonna-t-elle fermement. Si vous essayez encore de vous enfuir, j'appuie sur ce bouton. Et je vous préviens, vous n'allez pas aimer.
— Il fait quoi ce bouton ? demanda Jong-goo en se penchant par-dessus son épaule.
Yerin sursauta. Elle ne l'avait pas vu. Elle venait tout juste de remarquer sa présence.
— Kim Jong-goo ?!
Il était curieux. Il voulait savoir à quoi servait ce bouton. Qu'est-ce qui allait se passer s'il appuyait dessus ? Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir. Il lui arracha le yo-yo des mains et fit pression sur le centre de l'hémisphère. L'homme se mit soudainement à convulser alors qu'un courant électrique parcourait son corps. L'électrisation avait duré quelques secondes seulement, mais le choc était assez fort pour que le voleur soit tétanisé et à moitié dans les vapes.
— Arrête ! s'exclama Yerin en lui arrachant le yo-yo des mains. Pourquoi t'as fait ça ?
— Ben quoi ? Au moins comme ça, il n'ira nulle part.
— J'avais la situation sous contrôle. T'étais pas obligé d'intervenir. Donne-moi ça. Ce n'est pas un jouet. C'est dangereux.
— Moi aussi, ça me fait plaisir de te revoir, Yerin, répliqua-t-il avec un sourire narquois.
Elle n'eut pas le temps de répliquer, car les agents de sécurité venaient de débarquer pour appréhender l'individu suspect. Yerin leur expliqua brièvement la situation. L'homme avait arraché le sac d'une vieille dame, c'est alors qu'elle l'avait pris en chasse pour essayer de récupérer l'objet du larcin. Les agents de sécurité l'avaient remerciée, puis ils avaient embarqué le voleur. Ils avaient laissé à Yerin le soin de rendre le sac à cette malheureuse dame.
— C'était même pas ton sac ? Pourquoi ça ne m'étonne pas ? Tu n'as vraiment pas changé, Kim Yerin.
— Toi non plus tu n'as pas changé, Kim Jong-goo. Qu'est-ce que tu fais là ?
— Ton père m'a envoyé te chercher. J'imagine que même après tout ce temps, je suis le seul en qui il a confiance quand il s'agit de prendre soin de sa fille unique.
— C'était pas la peine. Je me débrouille très bien toute seule. Je me suis débrouillée sans toi pendant plus de trois ans.
— Je vois ça, mais je ne suis pas venu pour toi. Je suis venu parce que c'était un ordre de ton père. Va rendre ton sac. Faut qu'on y aille.
Il l'avait accompagnée jusqu'au point info où l'attendait l'aimable dame. Elle l'avait chaleureusement remerciée pour son acte courageux. Yerin lui avait dit qu'elle pouvait porter plainte si elle le souhaitait et elle lui avait expliqué la procédure à suivre.
— Je pourrai témoigner si vous voulez.
— Oh non, non, non ! fit la vieille dame en agitant les mains devant elle. Je ne vais pas porter plainte. J'ai récupéré mon sac et il ne manque rien. C'est le plus important. Et je vous ai suffisamment embêtée comme ça. Encore merci, jeune fille. Oh ? Et qui est ce beau jeune homme à vos côtés ? Il a l'air fiable et solide comme un moteur Hyundai. Serait-ce votre fiancé ?
— Mon quoi ? Absolument pas ! C'est mon... mon...
— Je suis son chauffeur, dit alors Jong-goo en s'inclinant poliment. Je suis désolée de couper court à votre conversation, mais nous allons être en retard. Le temps c'est de l'argent.
— Oh, je vois. Je ne vous retiens pas plus longtemps. Les bons esprits sont toujours généreux envers les bonnes personnes. Les cieux récompenseront vos bonnes actions.
— C'est gentil, répondit Yerin. Au revoir, Madame. Prenez-soin de vous.
Elle s'inclina poliment avant de prendre congé de la drôle de dame. Yerin avait récupéré sa valise, puis ils s'étaient dirigés vers la sortie de l'aéroport.
— C'était qui cette vieille chouette ? demanda Jong-goo un peu plus loin. Une chamane ? Elle raconte des trucs vraiment chelous.
— Je ne sais pas, mais elle a l'air très gentille. T'es venu en voiture ?
— Oui. J'ai une voiture maintenant. J'en ai même plusieurs.
Yerin n'était pas impressionnée par cette déclaration. Elle s'était abstenue de tout commentaire. Jong-goo avait chargé sa valise dans le coffre, puis il lui avait ouvert la portière pour qu'elle puisse s'installer côté passager. Il n'y avait que deux types d'hommes qui faisaient cela pour une femme. Les gentlemen qui savaient traiter leur bien-aimée avec respect et les serviteurs formés aux bonnes manières. Jong-goo ne savait pas très bien où il se situait. Quelque part entre les deux, peut-être.
[ 3 ]
— Qu'est-ce que tu fais en Corée ? demanda Jong-goo une fois dans la voiture.
— C'est ma mère qui m'a envoyée. Elle a demandé le divorce, mais mon père refuse de signer les papiers. Je suis venue en personne pour régler cette affaire et l'obliger à finaliser le divorce. Ma mère ne veut pas lui parler, alors elle m'a donné procuration pour que je puisse gérer toutes les procédures légales à sa place.
— Donc tu vas retourner aux États-Unis dès que tu auras tout réglé ?
— Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre. Pour le moment, je fais une année de césure. Je ne sais pas encore si je vais poursuivre mes études ici ou aux États-Unis.
— Tu sais pourquoi ton père s'oppose au divorce ?
— Oui. Il ne veut pas divorcer parce que ça risque de porter préjudice à sa société. Il risque de perdre beaucoup d'argent, sans parler de son image qui va en prendre un coup. Ça va faire chuter les actions de la société.
— Exactement. À sa place, je ne serais pas ravi non plus. D'ailleurs, j'ai des raisons de ne pas être très ravi non plus. Ça risque aussi d'impacter mon agence, indirectement. Si tu le sais, pourquoi t'es là ? Tu sais bien qu'il ne cédera jamais. Tu perds ton temps...
— Il ne peut pas retenir ma mère otage comme ça ! S'il refuse de régler le divorce à l'amiable, je devrai saisir le juge aux affaires familiales. Ce sera encore pire pour son image et celle de la société. Si c'est la guerre qu'il veut, c'est la guerre qu'il aura. Je me fiche de mener sa société à la ruine. C'est lui qui a ruiné ma vie et celle de ma mère...
— Et moi alors ? Tu crois que j'ai que ça à faire que de redresser la société de ton père parce qu'il n'est pas capable de gérer son mariage correctement ? Pourquoi ta mère tient-elle tant à divorcer ? Ils vivent séparés depuis trois ans déjà, ils pourraient maintenir le statu quo et vivre leur vie chacun de leur côté.
— Parce que ma mère a rencontré quelqu'un aux États-Unis et qu'elle veut se remarier.
— Ça ne va pas jouer en sa faveur. Ton père va invoquer l'adultère pour protéger ses actifs. Elle ne va pas toucher un rond de sa fortune. Ses avocats sont pires que des vautours. Vous ne faites pas le poids face à eux.
— Je sais, mais ça n'a pas d'importance. Elle ne veut pas de son argent. Elle veut juste être libre. Même s'il ne lui laisse rien, elle veut juste pouvoir refaire sa vie. Elle ne veut même pas négocier. Elle veut juste qu'il signe les papiers pour pouvoir passer à autre chose.
Yerin se tut un instant. C'était un sujet qu'elle aurait voulu aborder dans d'autres circonstances. Elle ne s'attendait pas à revoir Jong-goo dès son arrivée, mais maintenant qu'il était là, il fallait qu'elle lui en parle.
— Quand j'ai aidé ma mère avec les démarches administratives, j'ai eu accès au registre familial. Ton nom n'y figurait pas. Mon père n'a jamais légalisé ton adoption.
— Et alors ?
— Ça veut dire que tu n'es pas inclus dans les droits de succession. Ça veut aussi dire que toi et moi, nous n'avons aucun lien de parenté d'un point de vue légal.
— Et alors ? Où est-ce que tu veux en venir ?
— Tu sais très bien où je veux en venir ! Tu n'as quand même pas oublié ce que je t'ai dit il y a trois ans, juste avant de partir ?
— Non, je n'ai pas oublié, mais est-ce que tu m'as déjà demandé mon avis ? Quand tu as décidé de me planter il y a trois ans, tu m'as balancé tes sentiments à la figure et tu es partie sans me laisser le temps de digérer l'info. Et maintenant, tu reviens comme une fleur, et tu me sors ça ?
Toute la frustration qu'il avait refoulée pendant ces trois dernières avait ressurgi d'un coup et il avait dû mal à contenir son irritation. Il ne savait pas pourquoi il était en colère. Il ne savait pas contre qui il était en colère. Il aurait dû se sentir heureux de revoir Yerin. Il aurait dû être fou de joie. Il aurait dû la prendre dans ses bras et lui dire à quel point elle lui avait manqué. Au lieu de ça, il était stressé et contrarié. Il se sentait pris au piège et il tentait de résister à la partie de lui qui voulait la rejeter. Il ne savait pas comment gérer ces émotions contradictoires.
— Tu roules trop vite, fit Yerin en jetant un coup d'oeil au compteur.
Jong-goo leva le pied en poussant un soupir agacé.
— Tais-toi, alors. Tu me déconcentres.
Yerin préférait ne pas insister. Elle comprenait sa réaction, même si ça lui faisait de la peine. Elle savait que ce ne serait pas facile de renouer avec lui. Elle s'y était préparée.
[ 4 ]
La réunion entre le père et la fille n'avait pas été des plus joyeuses non plus. Quand Yerin lui avait remis les documents du divorce en main propre, il les avait déchirés et lui avait jeté les morceaux de papier à la figure. Yerin était restée de marbre face au mépris de son père.
— Je demanderai à l'avocat de Maman de me renvoyer un dossier, dit-elle calmement en se levant. Cette fois-ci, j'espère que tu seras plus raisonnable et que tu signeras les documents. Ce sera ta dernière chance. Si tu continues à t'opposer au divorce, je serai obligée de saisir le juge aux affaires familiales.
— C'est ta mère qui m'a trahi ! répliqua son père avec colère. C'est elle qui m'a trompé !
— C'est toi qui l'as envoyée aux États-Unis. Trois ans. Et pas une seule fois tu n'es venu nous voir. Maman voulait rentrer en Corée pour te rendre visite, mais tu lui disais toujours que ce n'était pas la peine, que tu n'avais pas le temps de la voir. Et maintenant, tu joues les étonnés ? Ce n'est pas maman qui t'a trompé, c'est toi qui l'as négligée ! Si quelqu'un a manqué à ses obligations ici, c'est toi.
— J'ai mis un toit sur vos têtes, j'ai subvenu à tous vos besoins, j'ai tout fait pour que vous ne manquiez de rien. Et c'est comme ça que vous me remerciez ?! En me poignardant dans le dos ?!
— Tu étais où quand je me suis fait enlever ? Tu n'es revenu que quand Jong-goo a été arrêté pour sauver la face. Tu étais où lors de la remise des diplômes à la fin du collège ? C'est encore le secrétaire Park qui est venu à ta place. Tu étais où quand j'ai eu mon bac ? Tu sais ce que Maman aurait vraiment voulu ? Elle aurait voulu un mari. Elle aurait voulu que l'homme qu'elle a épousé soit là pour elle. Et moi, j'aurais voulu un père. Un vrai père qui se soucie un minimum de ce qui se passe dans la vie de sa fille.
— C'est ça le rôle d'un chef de famille ! J'ai tout sacrifié pour bâtir cette fortune. Cette fortune qui sera la tienne un jour, sans que tu aies à lever le petit doigt !
— Je n'en veux pas de cette fortune... dit Yerin avec amertume. Maman a de la chance. Elle, au moins, elle peut divorcer. Elle peut mettre fin à cette relation et refaire sa vie. Mais moi, je suis coincée avec toi. Tu seras toujours mon père et ça me rend malade. Je préférerais être orpheline qu'avoir un père comme toi !
Kim Byeong-cheol était entré dans une colère noire. Il s'était levé à son tour avec l'intention de corriger son ingrate de fille. Jong-goo était intervenu. Il avait attrapé son poignet pour arrêter son geste avant qu'il ne puisse la frapper.
— Reste à ta place, Jong-goo, siffla Byeong-cheol en lui jetant un regard noir.
— Je ne peux pas vous laisser lui faire du mal. C'est mon travail de la protéger. Y compris de vous.
— Tu n'es plus son garde du corps. Écarte-toi.
— Dans ce cas, pourquoi m'avoir envoyé la chercher ?
— Je n'ai jamais rien fait de tel. C'est le secrétaire Park qui devait aller la chercher. Je ne sais même pas pourquoi tu es là. Tu n'as rien à faire là. C'est une affaire de famille.
Jong-goo fronça les sourcils. Le secrétaire Park aurait menti ? Pourquoi l'avait-il envoyé à sa place ? Est-ce qu'il avait anticipé que la conversation entre Yerin et son père puisse tourner au vinaigre ? C'était possible. Jong-goo pouvait s'interposer plus librement qu'un simple secrétaire subordonné à l'autorité de son supérieur.
— J'ai bien compris que je n'avais pas ma place dans cette famille, répliqua Jong-goo avec froideur. Et je n'ai jamais essayé d'en faire partie. Vous avez raison, je ne travaille plus pour vous et je n'ai pas de comptes à vous rendre. C'est mon choix de protéger Yerin. Vous devriez vous calmer avant de regretter vos actes.
Kim Byeong-cheol dégagea son poignet d'un coup sec. Les mots de Jong-goo lui avaient remis les idées en place. Il était toujours en colère, mais il avait retrouvé le contrôle de ses émotions.
— Sortez, ordonna-t-il sèchement. Tous les deux. Je ne veux plus vous voir.
— Tu ne veux toujours pas signer les papiers ?
— Envoie le dossier au secrétaire Park. Dis à ta mère d'attendre encore un peu. Jusqu'à la fin de l'année. Elle peut bien attendre encore deux mois. J'ai beaucoup de choses à préparer. Puisque vous avez décidé de ruiner ma vie et ma société, je vais faire ce que je peux pour minimiser les dégâts.
Il les chassa d'un geste de la main irrité. Ces enfants auraient sa peau un jour... Il comptait cacher le retour de Yerin à Jong-goo et la renvoyer aux États-Unis le plus vite possible, mais c'était un échec. Les choses avaient changé. Jong-goo n'était plus un adolescent qu'il pouvait manipuler à sa guise. Il avait pris trop d'importance dans sa société. Il ne pouvait plus le contrôler comme avant et à cause de cette histoire de divorce, il commençait à perdre son emprise sur sa fille. Il devait réaffirmer son autorité avant qu'elle ne devienne trop effrontée.
Kim Byeong-cheol n'était pas un homme de sentiments. L'amour était une illusion. Au mieux, c'était un sentiment vain et inutile, au pire, une malédiction débilitante et dangereuse. En revanche, il croyait au pouvoir du mariage. À ses yeux, c'était un contrat entre deux familles qui devait bénéficier aux deux parties. Et ce n'était pas une décision qu'on prenait à la légère. Il avait toute une liste de prétendants qui seraient parfaits pour Yerin. Une liste dont Jong-goo ne faisait pas partie. Si elle voulait rester en Corée, elle devrait se plier à ses exigences. Sinon, il la renverrait aux États-Unis, de gré ou de force.