Chapitre 11 : Le Géant des Profondeurs

Mickaël supervisait la réparation du réacteur avec une concentration intense. Les nanorobots travaillaient sans relâche, assemblant les fragments du réacteur sous la direction précise de ses commandes. Le travail progressait bien, et chaque minute les rapprochait un peu plus du redémarrage complet des systèmes du Nyx. Soudain, Ève apparut sous forme d’hologramme à ses côtés. Elle semblait légèrement tendue, mais sa voix était douce et posée.

“Mickaël, je pense qu’il est temps que je prenne le relais pour la réparation, dit-elle calmement.

Mickaël fronça les sourcils, surpris.

-Mais je suis presque… commença-t-il.

-Je sais, répondit-elle. Mais cette dernière étape nécessite une précision que je peux mieux gérer. Laisse-moi faire. Il y a quelque chose d’autre que tu dois voir.

Mickaël, bien que déconcerté, sentit dans le ton d’Ève une urgence inhabituelle. Intrigué, il hocha la tête.

-D’accord, mais sois prudente avec le réacteur.

-Ne t’en fais pas, tout est sous contrôle. Va dans la salle d’observation. Ce que tu verras vaut vraiment le détour, insista-t-elle.”

Curieux, Mickaël quitta la salle des réacteurs, laissant Ève gérer les dernières étapes. Thémis, fidèle à lui-même, lui emboîta le pas. Lorsqu’il arriva à la salle d’observation en un peu plus de quelques minutes, il s’approcha des écrans allumés.

“Ève, qu’est-ce qui est si important ?”

Lorsqu’il pénétra dans la salle d’observation, il fut immédiatement distrait des systèmes de réparation du Nyx. Le vaisseau flottait au milieu d’un océan de mystères, et Mickaël se retrouva figé devant une retransmission de l’extérieur sous-marin. Une baleine bleue, titanesque, deux fois plus imposante que celles répertoriées alors sur les anciennes archives, nageait lentement dans les profondeurs, accompagnée d’un petit qui virevoltait joyeusement autour de sa mère.

Mickaël resta figé, fasciné par ce spectacle.

“Incroyable… murmura-t-il en s’approchant de l’hologramme pour mieux observer.”

Thémis, quant à lui, s’était rapproché des images holographiques projetant de petits poissons, et il essayait de les attraper avec ses pattes. Ses tentatives maladroites de « jouer » avec les projections arrachèrent un sourire à Mickaël.

“Tu n’y arriveras jamais, tu sais, plaisanta-t-il.”

Mais quelque chose d’autre attira soudain son attention. Au loin, derrière les créatures marines, une structure émergeait des ombres sous-marines. Son cœur se serra. Il plissa les yeux pour mieux distinguer les formes projetées par l’hologramme.

“Qu’est-ce que c’est… ? murmura-t-il.”

L’image s’ajusta d’elle-même, et les contours d’une immense statue se dévoilèrent dans la profondeur. C’était une ruine, une statue gigantesque, en grande partie effondrée, mais toujours reconnaissable. 

 

Une statue qu’il connaissait trop bien, celle d’un ancien empereur chinois, imposante et majestueuse, malgré l’érosion des siècles. Une sensation glaciale envahit Mickaël.

“Non… ça ne peut pas être vrai…”

Il recula d’un pas, incapable de détacher son regard de l’image projetée devant lui. C’était impossible, et pourtant, c’était bien là. Cette statue faisait partie de l’héritage terrestre, un vestige de l’histoire humaine. Les souvenirs le ramenèrent aux enseignements historiques de son époque, aux musées consacrés à ces monuments, où il avait vu des images et des modèles de cette statue emblématique.

“C’est… la Terre, souffla-t-il finalement, sa voix à peine audible.”

Le sol sembla trembler sous lui alors que la révélation prenait enfin son sens. Cette planète, ce monde recouvert d’eau, c’était la Terre. Ève réapparut en hologramme à ses côtés, son expression neutre mais douce.

“Ève, dit-il, presque en colère. Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?”

L’hologramme d’Ève réapparut dans la salle, toujours calme, mais son expression était plus grave.

“Je ne pouvais pas te le dire avant que tu sois prêt à l’accepter, Mickaël, répondit-elle doucement. La vérité est que les données du Nyx ont été corrompues bien avant ton réveil. Nous n’avions plus aucune certitude sur notre position jusqu’à maintenant.”

Mickaël passa une main tremblante sur son visage. Il comprenait maintenant. Ils n’étaient pas sur une planète étrangère. Ils étaient revenus chez eux. Mais cette Terre, son foyer, était méconnaissable, enseveli sous un océan infini.

“C’est pour cela que tu m’as envoyé ici, souffla-t-il en fixant la statue. Tu savais que j’allais découvrir la vérité…”

Ève resta silencieuse un moment, laissant Mickaël absorber pleinement la révélation.

“Oui, admit-elle finalement. J’espérais que tu comprennes par toi-même. Cette statue, ces vestiges… ils sont les derniers témoins de notre monde.”

Mickaël ferma les yeux un instant, essayant de calmer la tempête qui faisait rage en lui. Lorsqu’il les rouvrit, la statue géante restait là, figée dans l’éternité d’un passé oublié.

“La Terre… murmura-t-il à nouveau.”

Thémis, toujours absorbé par ses jeux avec les poissons holographiques, finit par attirer l’attention de Mickaël. Il se tourna vers le chat-robot, et pour la première fois, il sourit.

“Toi, au moins, tu ne sembles pas préoccupé, dit-il en regardant son compagnon métallique.”

L’hologramme de la baleine, scanné en temps réel, continuait sa danse silencieuse, traversant paisiblement l’océan. Mickaël laissa son regard se perdre dans le mouvement des poissons et des ruines millénaires. La vérité était enfin révélée. Ce monde, qu’il pensait n’être qu’une planète lointaine, était bel et bien son ancien foyer. Un profond mélange d’émotions l’envahit. Il était à la fois soulagé et accablé. La Terre, celle qu’il avait connue, avait disparu sous les eaux. Mais il ne savait pas encore si cette planète était un tombeau… ou un nouveau départ.

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