Genou à terre, scrutant le sol de la forêt, Ölenwë traquait. La mousse humide et chaque branche brisée racontaient l’histoire de sa proie. Sa chevelure noire et sa mèche blonde, tressée par endroits, ondulaient au rythme du vent. Elle se pivota délicatement et mit un doigt sur sa bouche. Son frère comprit sur le champ. Sa sœur fit une série de signes précis puis pointa une direction. La chasse allait débuter. Elönwë savait ce qu’il devait faire.
Accroupi près de sa jumelle, le jeune elfe canalisa son mana. Le bruit ambiant de la forêt s’atténua à ses oreilles. Depuis longtemps, il avait appris à pallier ce contrecoup lié à son don. Du bout de son bâton enchanté, il effleura le dos d’Ölenwë à plusieurs reprises et murmura sa bénédiction.
« Vent, sois sa légèreté. »
« Loup, sois sa vitesse et son silence. »
« Aigle, soit ses yeux. »
« Ô Nature, reçois notre humble appel ! »
À mesure qu’il parlait, un halo verdâtre, semblable à une brume, enveloppa la jeune elfe. Ses yeux bleu azur s’illuminèrent et ses oreilles pointues remuèrent. Grâce au mana de son frère, ses sens s’amplifièrent. Les feuilles semblaient plus nettes, les sons plus distincts. L’effet de la magie était temporaire, elle le savait et ne perdit pas une seconde.
Ölenwë s’empara de son arc et choisit minutieusement la flèche. Son arme bandée, elle prit une profonde inspiration. Sa cible s’abreuvait dans un cours d’eau, à cent pas. Pas encore… Ses trois doigts, crispés sur la corde, attendaient l’instant propice. Le bois de son arme émît de légers craquements dus à la tension extrême. Son bras peinait à résister à cette immobilité. Durant une seconde, le temps se figea. La forêt elle-même se tut. Maintenant !
La corde émit un claquement sec et un vrombissement. Le projectile fendit l’air tel un rapace plongeant sur sa proie. La tête en spirale effilée fusa à travers les branchages d’un vieux chêne. À son passage, les feuilles aux couleurs automnales ondulèrent. Avant d’atteindre sa cible, la flèche traversa un rayon de lumière, la faisant presque disparaître. Un crac puissant brisa le tumulte ambiant. Une robuste créature aux défenses en pierres rougeâtres s’immobilisa. Les oiseaux environnants se dispersèrent, apeurés. Un sanglier des montagnes s’écroula, un trait enfoncé dans le crâne.
Satisfaite de son tir, la jeune elfe ne libéra pas son attention. Le trait spiralé n’avait pas atteint son objectif. La bête vivait encore. De lentes respirations régulières prouvaient que sa flèche n’avait pas traversé l’os frontal. Son inconscience temporaire faisait d’elle une cible facile.
Après avoir remis son arc en bandoulière, Ölenwë s’élança dans une course effrénée. Les vêtements en feuillange qu’elle portait lui garantissaient un camouflage parfait. Portée par le vent, ses bottes semblaient effleurer le sol. Elle enjamba un arbre couché avec grâce et discrétion. Prenant appui sur une pierre, la chasseuse bondit. Son saut lui permit de passer au-dessus d’un fossé. Elle se rattrapa à l’aide d’une branche qui encaissa l’impact dans une protestation sonore. Libérant son étreinte la seconde d’après, elle fit une réception en roulade. Ses yeux perçurent un mouvement léger.
Là, sa proie venait de bouger.
Séparés d’une centaine de mètres, Elönwë, silencieux, subissait les effets négatifs liés à sa magie. Loin de s’apitoyer sur son sort, il suivait l’avancée de sa sœur. Son bâton en main, l’elfe s’avança à son tour, gardant une distance de sécurité minimale. Le guérisseur alerte sentit la pression monter d’un cran. Anxieux, il fit appel à son mana, l’accumulant en réserve, prêt à réagir. Ses cheveux blonds et sa mèche noire s’agitèrent au contact de la magie.
La jumelle accéléra son allure. Dans un mouvement fluide, elle dégaina son épée courte à lame incurvée. Aussitôt sortie de son fourreau, celle-ci pulsait d’une aura rosâtre. Dix mètres avant d’être au contact. Tous ses sens en ébullition, la chasseuse laissa son instinct la guider. Plus que deux enjambées et le combat allait commencer.
Le sanglier des montagnes se détachait des autres prédateurs. Il ne cessait le combat qu’une fois l’ennemi mort. Des milliers d’épines en pierre grisâtre lui servaient de poil, protégeant l’essentiel de son corps. En plus d’une carapace naturelle, l’animal possédait deux solides défenses pouvant briser la roche.
La bête, nullement gênée par la flèche plantée au milieu de son front, chargea, tête la première. Ölenwë feinta sur la gauche, obligeant son adversaire à bifurquer. À la dernière seconde, elle esquiva sur la droite. Son armure végétale lui apportait protection et une grande liberté de mouvement. D’un moulinet du poignet, l’elfe trancha le trait en son milieu.
L’animal, emporté par son assaut, dut faire demi-tour. Fou de rage, sa respiration était saccadée. Il claqua son sabot sur le sol terreux à plusieurs reprises.
Les yeux injectés de sang, le sanglier s’élança dans le but de tuer. Sa cible courait droit vers la lisière de la forêt. Acculée devant un chêne centenaire, la chasseuse reprenait sa respiration. La bête en pleine ruée accentua l’allure. Le choc fut si violent que le craquement se répercuta sur plusieurs lieux. L’arbre se disloqua, incapable de résister à la charge dévastatrice. Puis ce fut le silence absolu.
Elönwë, non loin, vit ce que la bête ne put voir à temps.
Avec une synchronisation parfaite, la jeune elfe attendit le dernier moment. Elle fit un premier saut et retomba avec force sur l’épaule du sanglier. Sous l’impact et la douleur, l’animal perdit son équilibre. Le second saut lui permit de se dégager. Ölenwë attrapa les branchages en hauteur, hors de danger. Vitesse, puissance et choc fournirent à la pointe spiralée l’élan nécessaire pour achever sa tâche. Percer l’os frontal net et le cerveau.
La sœur, fière de cet exercice tardif, détendit la tension cumulée dans ses muscles. Un rapide coup d’œil lui permit de localiser son frère. Le souffle court, ils reprirent leurs respirations à l’unisson, yeux dans les yeux. Elle signa pour s’informer de son état. Visiblement, il allait bien. Le guérisseur riait aux éclats.
— Tu étais vraiment obligé d’en faire autant ? Un simple lapin aurait suffi pour notre repas ! s’esclaffa-t-il.
— Je me donne toujours à fond, même durant des entraînements improvisés. Comment se fait-il que tu m’entendes déjà ? questionna la jumelle, surprise.
— Je n’ai utilisé qu’une infime partie de mon don, ma surdité est donc très légère. Quand comprendras-tu comment cela fonctionne ? s’indigna-t-il en levant les yeux au ciel.
— Chacun sa spécialité, mon frère. Il fallait bien quelque chose pour nous différencier. Nous avons le même visage, une voix quasiment identique… En armure, personne ne peut nous identifier…
— Armure ou pas, dépêche-toi de dépecer cette bête ! De mon côté, je ramasse du bois pour faire un feu.
— Tu te souviens de ce qu’a dit Mamie Mönië ? Elle souhaite qu’on enquête au plus vite sur le village Ultaline.
— Hâte-toi alors ! Demain matin, nous partons tôt ! annonça-t-il triomphalement, heureux d’avoir eu le dernier mot.
Surprise ! Un dernier chapitre ici aha ça fait plaisir.
Sur le chapitre pas grand chose à dire, il montre de nouveaux personnages dont le duo pourrait être intéressant à suivre :)
La chasse est plutôt chouette. Toujours les sangliers les plus relou :')
Voilà sinon sur la forme rien à dire ;)
Je ne te dis pas adieu aha on se retrouve sur Wattpad :)
A plus !
Talharr