Au fil des jours, les élèves ont arrêté de parler de mon refus d'être en couple avec Yann. Les première année ont arrêté de m'acoster dans les couloirs pour me demander si j'étais sûre de ma descision. J'ai recroisé Yann l'autre jour et il m'a demandé si il pouvait au moins être mon ami. Ce n'est pas son air dépité ni le désespoir dans sa voix qui m'ont fait dire oui. Disons que j'en avais besoin. Erica est une bonne amie mais Yann est une personne douce et gentille, le genre à qui tu peux confier ton secret le plus lourd sans qu'il se mette à t'éviter. Je me sens plus sereine maintenant.
La cloche sonne la fin du cours de botanique avancé. Je ne suis pas mécontente d'en avoir terminé avec la préparation de mon premier poison. Le professeur insinue que j'ai un don et que ça me sera utile dans mon futur métier mais je suis un peu mal-à-l'aise à l'idée de tuer quelqu'un de cette manière.Je range mes affaires avec empressement. J'ai une dissertation à faire sur Gensai Kawakami. Je traverse le parc au pas de course pour aller à mon dortoir. J'y suis presque arrivée lorsqu'une main m'attrape et m'attire derrière le réfectoire, à l'abri des regards. Je me débats mais mon agresseur a une poigne de fer. J'ai beau donner des coups de pieds, il ne lâche pas prise. Je veux crier mais il me plaque une main sur la bouche.
- Chut ! Gwenaëlle ! C'est moi ! Je ne te veux pas de mal !
C'est moi ? Qui ça ? Je reconnais cette voix... Je ne l'ai pas entendue depuis quelques jours mais j'en suis sûre, c'est la sienne.
- Illiam ?
- Oui c'est ça.
- T'as sêché le cours de botanique ?
- Exactement. dit-il avec un sourire en coin.
Je fronçe les sourcils. Ce n'est vraiment pas le moment de discuter ! Surtout quand l'interlocuteur est Illiam Smith ! J'ai beau être amie avec Yann maintenant, il n'empêche que cet imbécile m'a fait mourir de honte et Yann avec devant toute la classe !
- Je n'ai rien à te dire. je réponds en commençant à partir.
Mais il me retient. Je jette un oeil à sa main, crispée autour de mon poignet puis à son visage neutre. Où est passé son sourire de crétin ?
- Lâche-moi.
- Certainement pas ! Pas tant que tu ne m'auras pas écouté Gwenaëlle !
Je tente de me défaire de sa prise. Peine perdue. Résignée, je m'adosse contre le mur et plonge mon regard dans le sien. Nous restons comme ça, dans le silence, pendant un moment.
- Eh bien... Je t'écoute ! je m'exclame.
- Ecoute... Je... Je suis vraiment désolé pour la dernière fois... Je t'ai fichu la honte devant toute la classe alors que... Alors que ta réponse aurait dû rester secrète...
- Des excuses ? Ce n'est pas ton genre. Qu'est-ce que ça t'apporte ? On t'a obligé à m'en présenter ?
- Tu as une piètre opinion de moi Gwenaëlle.
- Il faut dire que tu m'as cherché là. Maintenant, si tu permet, je vais finir mon devoir pour demain !
Je tente de partir mais il ne m'a pas lâchée et ne semble pas vouloir le faire.
- Lâche-moi ! je crie : Qu'est-ce que tu veux ?!
- En vérité j'ai une question à te poser.
- Alors pose là et ensuite fiche-moi la paix !
- Pourquoi tu ne m'aimes pas ?
J'étais en train de tirer sur son bras pour qu'il me lâche mais je m'arrête. Sa question me prend au dépourvu. Je réponds au tac-au-tac.
- C'est pas toi qui vient de dire que tu m'as mis la honte devant tout le monde ?
- Sérieusement Prévost. Même avant ça, tu me fuyais comme la peste. Pourquoi ?! Pourquoi tu me repousses alors que je veux juste faire connaissance ?!
- Tu as de drôles de manières de vouloir faire connaissance Smith ! Attirer les gens dans un coin sombre et les retenir contre leur gré j'appelle ça un kidnapping moi !
- Réponds-moi Gwenaëlle ! Pourquoi ?
- Tu veux savoir pourquoi ? Mais je vais te le dire mon gars ! Premièrement : Tout chez toi est détestable ! Tu dégoulines d'arrogance et t'es un vrai pot de colle ! Sans parler de ton sourire là ! Deuxièmement : Tu m'es familier. Et je déteste les impressions de déjà-vu. Et troisièmement : Tu me rappelles une personne que je hais de tout mon coeur.
- Ton père.
- Hein ?
- Je te rappelles ton père. C'est ça ?!
Mais comment il sait ?! Je ne l'ai dit à personne ! Personne ! Ma respiration s'emballe. Je pensais que je n'allais plus jamais entendre parler de cet individu ! Je lance un regard lourd d'imcompréhension à Illiam. Il ébauche un sourire.
- Tu sais, l'endroit où sont rangé les dossiers n'est pas bien difficile d'accès.
- Epèce de...
Il rit. J'ai une envie folle de le frapper mais il me tient les meins. Ce crétin a fouillé dans mon passé ! Dans un accès de colère, je parviens à me défaire de son emprise et je le saisis au collet pour le plaquer contre un mur.
- Qu'estce que tu sais ?! Dis-moi tout ce que tu sais ! je m'exclame.
Son sourire toutjours affiché aux lèvres, il commence à raconter mon passé avec une précision effrayante. Au fur et à mesure qu'il raconte mon enfance entre 5 et 10 ans, je relâche ma prise. Non. Je n'ai pas envie. Je ne veux pas me remémorer ces moments !! Les larmes me montent aux yeux. Mais je ne pleure pas. Je ne peux pas pleurer devant lui. Je ne peux pas... Mais mon coeur n'est pas de cet avis.
J'ouvre mes mains et je vais m'adosser contre un mur. Et à partir de là, les larmes coulent. Je revis chaque instant de mon enfance. Chaque soir, chaque colère de mon père. Chaque... Sa main se saisit de mon menton avec une douceur extrème et le relève. Je croise son regard. Plus aucune trace de mesquinerie. Juste une inquiétude. Sincère. Je pousse cette main mais elle revient. Elle passe sur ma joue et y ramasse une larme. Je saisis le poignet d'Illiam et je le repousse violemment.
- Arrête. Ne fais pas ça. Ne me touche pas.
Il obéit. Il se recule de deux pas, me laissant de l'espace. Je finis par ne plus avoir de larmes. Je renifle plusieurs fois, je m'essuie les yeux. J'ai honte. Je relève la tête. Et je m'adresse à Illiam :
- Tu en parles à qui que ce soit et tu ne reverras jamais la lumière du jour. Peu importe le règlement de l'école.
Il fait mine de réfléchir tout en retrouvant son sourire.
- A une condition. On devient amis.
-... D'accord. J'accepte.
- C'est vrai ? demande-t-il au bord de l'effaremement.
- Oui. Mais ne va pas croire que je t'ai pardonné. Pour être mon ami, tu vas devoir le mériter Illiam Smith. Parce que pour l'instant, je me sens plus proche de la mouche que j'ai écrasé hier que de toi.
Il rit. Peut-être que ce n'est pas si mal finalement. De toute façon, il n'est jamais bon d'avoir quelqu'un comme Illiam Smith en adversaire.
Coucou ! Bon, voilà, pour ceux qui ne connaissaient pas Gensai Kawakami ( Il ne doit pas être très célèbre en France ), voici une courte présentation : De nationalité Japonaise, Gensai Kawakami est l’un des 4 plus qrands Hitoriki (assassins) de la fin de la période du bakumatsu (1853-1868) On dit qu’il était très calme et calculateur. Il avait des traits délicats et les cheveux longs qui lui permettaient de se déguiser en femme. C’était un maître dans l’art de se camoufler et il pouvait ainsi côtoyer ses victimes avant de les assassiner. Voilà voilà ! On apprend des choses dans ce livre ! ^^'
A beintôt !
Merci pour ton commentaire ! Contente que tu veuilles lire la suite !
Tu n'es pas la première à te demander ce que cache Illiam ! Et j'espère que ce mystère t'incitera à continuer car tu ne découvriras pas les intentions d'Illiam de si tôt ! ^^
Bonne lecture et à bientôt Fanny !
PS : Il y a beaucoup de point d'exclamation dans ma réponse... J'ai toujours exagéré dans l'utilisation de cette ponctuation ! ^^'
On voit que tu fais des recherches pour ton livre, c'est plutôt une bonne chose ^^
Ce garçon est assez sadique, et bien que ses intentions soies bonnes, il donne là une très mauvaise image de lui-même. J'ai du mal à m'attacher à lui. Je le considère plus comme un gros forceur -on voit là une belle qualité de langue de la fille de 14 ans que je suis ^^'- qu'un ami fiable.
J'ai remarqué que tu appuies beaucoup sur le passé douloureux de Gwenaëlle.
Pour l'instant, aucune trace d'un possible élément perturbateur. Cette attente monte chez moi, et j'ai hâte de savoir ce que tu nous réserves !