Chapitre 11 : Un goût de pêche.

Par Cléooo

Chapitre 11 : Un goût de pêche.

 

Un an plus tard.

Le Deuxième – An 2713 – Le 21 mars à l’heure du dîner.

 

Solène le regarda droit dans les yeux alors qu’elle faisait tinter son verre contre le sien. Thibault sentit qu’il rougissait un peu, mais il pensait pouvoir blâmer les tapisseries écarlates. Elles jetaient leur reflet flamboyant partout, y compris sur les pommettes de l’impératrice. Être seul avec elle, ici, loin de leur monde habituel, avait quelque chose de grisant. Un goût de fruit défendu qu’elle lui offrait sur un plateau.

C’était la première fois que Thibault se rendait au Deuxième, depuis le jour où il l’avait traversé, quatre ans plus tôt, pour intégrer ses fonctions au Sommet. La salle privative dans laquelle ils se trouvaient suintait un luxe plus opulent encore qu’au palais. Un doux air de piano était diffusé par une source inconnue et des chandelles d’or éclairaient faiblement les alentours. Sur le mur de la pièce, une grande baie vitrée laissait deviner la forêt en contrebas. Il avait appris à apprécier réellement les plantes depuis qu’il vivait au Sommet. La serre était l’un de ses endroits favoris, mais les jardins impeccables du Palais Immaculé manquait de cet aspect sauvage qu’avaient les cimes des hauts pins s’agitant ici-bas. Une fenêtre entrouverte leur apportait les effluves sucrés de leurs branchages, et Thibault pouvait imaginer, en s’imprégnant de l’odeur, qu’il était lui-même au milieu de la forêt.

— La première fois que je suis venue ici, indiqua Solène, j’ai pensé qu’il faudrait que je t’y emmène un jour, comme tu aimes la nature. C’est joli, n’est-ce pas ?

Il détacha son regard de la fenêtre, se saisit de la main de l’impératrice, et y déposa un baiser.

— Merci Solène, c’est parfait.

Un serveur pénétra dans la salle et il relâcha sa main. L’homme vint déposer des assiettes devant eux, contenant des aliments que Thibault n’identifiait pas, mais qui dégageaient un fumet pour autant très appétissant.

— Pour une fois que nous sommes vraiment seuls, reprit Solène en battant des cils, j’espérais que tu me parles davantage de toi…

Il lui adressa un sourire au-dessus de son plat.

— Qu’est-ce que je pourrais bien te raconter ? Tu sais tout de moi.

— Je sais tout ? Mais je ne sais presque rien ! Parle-moi de ta famille par exemple. Tu ne m’as jamais vraiment raconté ta vie avant d’arriver au palais… Tu as des frères ? Des sœurs ? Comment s’appellent tes parents ?

Thibault entrouvrit la bouche. Jusque-là, c’était une soirée si agréable… Solène attendait, le regardant avec curiosité, et il céda à sa demande :

— J’ai un grand frère, une sœur jumelle et deux sœurs plus jeunes. Ma mère s’appelle Olga et mon père s’appelait Éric.

Il ne put s’empêcher de remarquer qu’il avait répondu sèchement, et à la mention de son père une expression triste était passée sur le visage de Solène.

— Oh, je suis désolée… Je ne pensais pas… Quand on s’est rencontrés… Tu sais, tu m’avais simplement dit qu’il avait mal géré son argent et j’ai cru… Je suis désolée Thibault. J’ignorais qu’il n’était plus parmi nous.

— Ce n’est pas grave.

Encore ce ton sec. Il força un sourire et Solène le lui rendit.

— Est-ce que… fit-elle, hésitante. Est-ce que c’est la raison pour laquelle tu…

— La raison pour laquelle je suis devenu esclave ? Oui, en quelque sorte. Peut-on changer de sujet ?

Solène pinça les lèvres. Il la vit poser ses mains sur ses genoux et baisser les yeux sur son plat, visiblement mal à l’aise. Un sentiment de culpabilité le traversa alors.

— Pardon, je ne voulais pas être désagréable… C’est juste que… Ils ne me manquent pas. Enfin mon père me manque. Mais pas les autres.

Il laissa échapper un rire nerveux, sans vraiment comprendre pourquoi. Il n’avait vraiment pas envie de parler à Solène de sa famille, et il n’osait pas non plus l’envoyer balader. Elle leva les yeux vers lui, visiblement peinée.

— Thibault… Je suis désolée pour ton père. Je sais ce que c’est, que de perdre ses parents… Je… Je ne peux pas prétendre l’avoir vécu dans les mêmes conditions que toi, mais je suis sincèrement désolée.

Il hocha la tête et força un nouveau sourire. Il s’apprêtait à demander ce que contenait leurs assiettes afin de réorienter la conversation, mais Solène fut plus rapide :

— Tu dois me détester…

Il avisa son expression décomposée et eut la sensation d’avoir manqué quelque chose.

— Pardon ?

— Ils t’ont vendu pour couvrir les dettes de ton père ?

Thibault cligna des yeux, surpris, et finit par hocher la tête. Les yeux de Solène s’humidifièrent.

— Je ne te déteste pas, Solène… Comment peux-tu penser un truc pareil ?

— Mais… c’est… ma… faute ! sanglota-t-elle alors.

Thibault ouvrit de grands yeux, déconcerté à présent. Il se leva alors de sa chaise, vint s’agenouiller à côté de Solène et prit ses mains dans les siennes.

— Pourquoi ce serait ta faute, qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’as pas forcé ma mère à me vendre, c’est…

— Mais tu n’es pas libre, à cause de moi ! s’écria-t-elle en reniflant à grand bruit.

— Oh… Mais je ne suis pas malheureux pour autant… Solène… Ne pleure pas s’il te plaît…

Elle attrapa sa serviette sur la table et se tamponna les yeux. Il se redressa alors et après une dernière pression sur sa main, retourna s’assoir en face d’elle. Pendant quelques minutes, il la laissa calmer son chagrin, puis lui adressa un nouveau sourire, bien plus sincère cette fois, quand elle leva ses yeux rougis vers lui.

— Thibault, dit-elle alors. Tu ne préfèrerais pas être libre ?

— Que feras-tu si je réponds que oui ?

Il avait essayé de faire un trait d’humour, mais en voyant le regard de Solène s’embuer, il se hâta de se reprendre.

— Je n’ai nulle part où aller. Personne ne m’attend dehors. Je n’ai jamais été aussi heureux depuis que je suis au Sommet. Alors… Oui, parfois je regrette d’être esclave. Parce qu’il y a une distance entre nous deux à cause de ça. Mais je ne regrette pas d’être à tes côtés. C’est la loi de toute façon… Que pourrais-tu faire ? Abolir l’esclavage ? C’est tout le système qui s’effondrerait.

Elle baissa les yeux, puis, au bout d’un moment, un sourire timide se dessina sur ses lèvres.

— Qu’y a-t-il ? fit-il, rassuré de la voir sourire.

— Je m’imaginais la tête de Rebecca si je lui suggérais d’abolir l’esclavage.

Thibault roula des yeux. Lui non plus n’avait pas de mal à deviner l’expression que la grande-duchesse aurait eu devant une telle proposition.

— N’en parlons plus, d’accord ?

Solène hocha la tête. Elle se pencha ensuite sur la table et tendit sa main vers celle de Thibault, qu’il attrapa sans hésitation.

— Thibault, j’aimerais pouvoir t’offrir quelque chose pour fêter ton anniversaire… Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?

— Je n’ai besoin de rien, répondit-il, amusé.

— Il doit bien y avoir un petit quelque chose ! N’importe quoi.

Thibault laissa basculer sa tête en arrière, savourant le fait que la conversation redevenait plus légère. Dans le silence de sa réflexion, le piano attira son attention… et il eut une révélation. Il chercha alors le regard de Solène, un grand sourire aux lèvres.

— Je sais !

— Super, dis-moi alors !

— Pourrais-tu arrêter de passer Calliope pour le réveil matinal ?

Solène écarquilla les yeux, ses sourcils venant se loger plus haut sur son front.

— Tu n’aimes pas Calliope ? demanda-t-elle d’une voix qui trahissait la plus sincère des surprises.

— J’ai… horreur… de Calliope…

Il avait martelé chaque mot et Solène parut plus abasourdie encore, puis elle eut une petite moue vexée.

— Bon bon… C’est bien parce que c’est toi. Ça m’apprendra à vouloir te faire plaisir !

 

 

Après le dîner, Solène entraîna Thibault vers un sentier qui traçait sa route sinueuse entre les pins qu’ils avaient aperçus depuis le restaurant. La jeune femme portait une robe lui arrivant aux genoux, aux manches évasées et au corset ajusté. Pas l’idéal pour une balade en forêt, mais le pire restait ses escarpins, dont les fins talons menaçaient d’éclater sur les rochers, ou de disparaître dans la terre fraîche à tout moment. Thibault ne portait pas ses vêtements d’esclave ce jour-là, mais il avait tout de même enfilé une paire de chaussures confortables. Il donna son bras à l’impératrice, qui s’y raccrocha comme à sa vie. Là, sur le sombre chemin, ils avançaient à petit pas, inspirant profondément les effluves résineux.

— Que c’est agréable… remarqua Solène. Tu sens ces odeurs ?

Thibault hocha la tête. Il n’osait pas parler dans le silence imposant de la forêt.

— Je suis désolée si j’ai ravivé de mauvais souvenirs aujourd’hui…

— N’en parlons plus. J’ai passé une très belle journée.

Ils redevinrent silencieux et bientôt le chemin fut moins rocailleux. Solène lâcha son bras pour venir loger sa main dans la sienne. Le cœur de Thibault s’emballa. Ils marchaient paisiblement, main dans la main, et c’était différent de tout ce qu’ils avaient vécu ensemble jusqu’à présent.

— Ferme les yeux.

Solène s’était arrêtée et l’observait.

— Pourquoi ? demanda-t-il, surpris.

— Fais-le, c’est tout !

Il hésita, mais finit par s’exécuter. L’instant d’après, il sentit la respiration de l’impératrice sur son menton, puis la peau délicate de ses lèvres s’appesantit contre les siennes. Il eut l’impression que son cœur allait éclater, mais avant qu’il ait pu bien intégrer ce qui venait de se produire, Solène s’était déjà éloignée, ne laissant qu’un goût de pêche sur ses lèvres, trace subtile du dessert qu’elle avait dévoré quelques minutes auparavant.

Thibault rouvrit les yeux et cligna plusieurs fois, stupéfait. L’impératrice venait de l’embrasser.

— Joyeux anniversaire Thibault, lui dit-elle alors, ses pommettes ayant viré elles aussi à une teinte pêche.

— Solène…

Elle eut un sourire. Il était conscient qu’il devait avoir l’air parfaitement idiot, à la regarder ainsi, bouche entrouverte, mais il ne parvenait plus à bouger un muscle. Il y avait comme un bourdonnement sourd. Elle l’avait embrassé. Il n’était plus certain de savoir où il se trouvait, si ce n’était avec elle. Le vert de la forêt s’était enfui, il n’y avait plus que sa robe rose pastel, et les dizaines de ruban qui s’y étaient fixés. Il leva une main hésitante vers le visage de la jeune femme et effleura sa joue de ses doigts. Elle le laissa faire. Elle continuait de le regarder avec une expression qu’il n’avait jamais vu chez elle.

— Merci, dit-il d’une voix douce en laissant retomber sa main.

Le sourire de la jeune femme se fit plus large. Elle s’accrocha de nouveau au bras de Thibault.

— Nous devrions rentrer maintenant, sinon Rebecca va nous gronder.

Thibault eut un petit rire. Il guida l’impératrice jusqu’à la voiture qui les avait attendu devant le restaurant en lisière de forêt, et lui ouvrit la portière pour qu’elle puisse monter à bord, et qu’ils regagnent le Sommet.

 

***

 

— Un SCANDALE !

Thibault, à genoux devant la grande-duchesse, reçut le journal en plein visage, mais n’osa pas bouger. Il fixait le sol en s’efforçant de prendre son air le plus contrit.

— Honnêtement Thibault, si je ne savais pas pertinemment que c’est la faute de Solène, je t’assure que je te ferai regretter d’être né.

— Maîtresse… intervint Gabriel, debout à côté de son ami. Thibault n’aurait jamais volontairement embarrassé l’impératrice.

— Je le sais, assura Rebecca. Mais je peux te dire mon garçon, que tu n’es pas près de revoir un autre étage. Ou d’apparaître aux événements publics !

— Ne serait-ce pas pire, Maîtresse ? demanda alors Ajax.

Il était allongé de tout son long sur un divan, et observait la grande-duchesse faire les cent pas avec une mine amusée.

— Pire ? répéta-t-elle en se plantant devant son ancien esclave.

— Si après qu’on les a vu batifoler ensemble, il n’apparaît plus nulle part, les médias en feront leurs choux gras. Ils devineront facilement qui était le mystérieux garçon… Je crois qu’on ferait mieux de ne rien dire du tout… Et de ne pas cacher Thibault.

— Et les photos sont floues, Maîtresse Rebecca, ajouta Gabriel. Les rumeurs finiront par s’estomper…

Il s’était penché pour ramasser le journal qu’elle avait jeté au visage de Thibault, et ce dernier vit son ami l’ouvrir à la page où s’étalaient les trois photos de l’impératrice et lui, prises quelques jours plus tôt, après leur sortie au restaurant du Deuxième. Par bonheur, aucun cliché n’avait capturé le baiser, ou le visage de l’esclave, mais Solène était en revanche très reconnaissable. On pouvait voir comme elle s’appuyait sur le jeune homme en compagnie duquel elle se trouvait. Le titre s’étalant au-dessus des clichés pourtant, « L’impératrice, amoureuse ? » et son sous-titre « Un amant secret au Deuxième ? » étaient rassurant. Visiblement, le journaliste n'avait pas envisagé la possibilité qu’il s’agisse d’un esclave.

— Je suis inexcusable, Maîtresse Rebecca. Je n’aurais jamais dû accepter d’aller me promener. Je vous supplie de bien vouloir me pardonner…

Il n’osa pas croiser le regard de la grande-duchesse, mais l’entendit soupirer. Il comprenait sa colère. Si on avait su que l’impératrice emmenait ses esclaves dans de grands restaurants pour ensuite aller batifoler avec eux dans les bois… Qu’en aurait pensé le peuple ? Thibault eut l’impression que son estomac se liquéfiait à cette pensée. Il s’en voulait sincèrement, il aurait haï qu’elle soit tournée en ridicule par sa faute. Et pour cette raison, il faudrait qu’il soit honnête jusqu’au bout. Il n’en avait même pas parlé à Gabi, mais il fallait maintenant révéler que l’impératrice l’avait embrassé. Ils n’avaient jamais remarqué la présence du journaliste, aussi, il n’était pas inenvisageable qu’il les ait suivis dans les bois et ait pu les photographier à cet instant.

— J’ai un aveu à vous faire, Maîtresse Rebecca. Je suis vraiment, vraiment terriblement désolé, mais je dois aussi avouer que Maîtresse Solène m’a embrassé ce soir-là.

Il risqua un coup d’œil vers Rebecca. Elle était livide. Vers Gabriel. L’expression de son visage était indéchiffrable. Ajax… Il était hilare. Thibault ressentit une pointe d’aversion pour lui à cet instant. Ce n’était vraiment pas drôle, il avait de sérieux problèmes.

— Tu as osé… commença Rebecca, la voix tremblante.

— Oh Maîtresse, la coupa Ajax. Vous seriez bien effrontée de lui jeter la première pierre.

Il eut un rire cristallin et Thibault vit la grande-duchesse reprendre des couleurs. Un peu plus qu’à la normale, même.

— Ajax ! s’écria-t-elle, outrée.

Il s’était à présent levé, et déposa un baiser sur sa main.

— Ne perdez pas plus de temps à disputer ce pauvre garçon. Qu’allait-il faire, la repousser ? Essayons plutôt de retrouver le photographe et de racheter ses clichés avant qu’il n’en fasse paraître davantage dans la presse.

Il planta son regard dans celui de la grande-duchesse, qui paraissait désormais un peu perdue. Thibault ne pouvait s’empêcher de fixer la scène avec une certaine appréhension. Il savait qu’il y avait quelque chose entre la grande-duchesse et son ancien esclave. Absolument tout le monde le savait. On les avait trop souvent vu ensemble, ils étaient trop proches. Mais jamais Thibault n’en avait été si pleinement conscient. Ajax n’essayait pas de le cacher. Si Gabriel ne semblait pas surpris, probablement habitué à de telles scènes, c’était en revanche nouveau pour Thibault d’en être témoin.

— Très bien, murmura Rebecca sans quitter Ajax des yeux. Oui d’accord, allons-y.

Il passa un bras autour de sa taille et l’entraîna vers la sortie, non sans avoir lancé un clin d’œil à Thibault avant de ce faire. Il y avait quelque chose d’un peu malaisant dans cette solidarité nouvelle. Thibault n’était pas tout à fait l’amant de l’impératrice, pas comme Ajax pouvait être celui de Rebecca.

— Ils parviendront à retrouver le photographe, lança Gabi d’un ton neutre. Tu peux te relever maintenant.

— Je… Je suis désolé de ne pas te l’avoir dit.

— Quoi ?

— Qu’elle m’avait embrassé.

— Ça me fait une belle jambe.

Thibault n’eut pas le temps de se défendre davantage. Gabriel avait tourné les talons à vive allure et quitté la pièce avant même que le jeune homme n’ait pu se redresser sur ses jambes encore tremblantes. Il songea qu’il s’excuserait mieux à un autre moment. À cet instant, il se sentait surtout épuisé par la frayeur que lui avait causé d’être convoqué par la grande-duchesse. Il quitta le salon où il avait été reçu, et rejoignit l’aile des esclaves d’honneur. Il ignorait s’il avait envie de voir Solène. Était-elle au courant pour les clichés ? Probablement. Elle lisait les journaux via sa page chaque matin.

Si elle savait, elle n’était en tout cas pas venue à sa rencontre. Une pulsation douloureuse agita sa poitrine. Se pouvait-il qu’elle lui en veuille de l’avoir mise dans l’embarras ?

 

Il venait d’atteindre le couloir menant à sa chambre, et quand il passa devant la porte ouverte de Jenkins, son camarade sortit brusquement et l’attrapa par les épaules.

— Petit cachottier ! lança-t-il, hilare.

Lui aussi trouvait ça drôle ? Décidément.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, lança Thibault en tentant de se dégager.

Jenkins raffermit sa prise sur ses épaules.

— Tu peux mentir à tout Délos mon ami, mais je t’ai vu t’habiller avant que tu ne quittes le palais avec Maîtresse Solène. Je sais que c’est toi. On sait tous que c’est toi !

Il fit un signe de tête vers sa chambre et Thibault s’aperçut que tout le monde était présent, assis sur le lit. Les jumelles, Théo et Lino… et tous souriaient largement.

— Oui bon, on s’est juste promenés, il n’y a pas mort d’homme, mentit Thibault en les défiant du regard.

Il vit alors Félicie déployer le journal, avec les trois photos incriminantes. Elle l’agita devant lui, son doigt pointant les mains enlacées de Thibault et Solène. Thibault résista à l’envie de se précipiter à l’intérieur pour lui arracher le torchon des mains et le déchirer en lambeaux. Il leva les yeux vers Jenkins.

— L’un de vous a vu Maîtresse Solène ? Depuis que c’est paru ?

— Non, répondit Jenkins, toujours un sourire en coin. Elle est restée dans ses appartements toute la journée et seul Tobias est allé la voir.

— Qu’a-t-il dit ?

— Tu n’as qu’à lui demander, je suis certain qu’il a hâte de recueillir tes impressions lui aussi.

Thibault fronça les sourcils. C’était trop tôt pour qu’il accueille leurs moqueries à bras ouverts et en rît avec eux. Il refusa de se laisser démonter.

— Où est-il ?

— Ah, zut. Il est retourné au Troisième, c’est son jour de repos demain. Il voulait rester pour l’aider à gérer la crise, mais Maîtresse Solène le lui a refusé. Elle a dit qu’elle ne voulait pas qu’il manque de passer du temps en famille à cause de ses bêtises à elle.

Thibault sentit son estomac se contracter. Solène pensait donc que c’était une bêtise. Elle avait honte. Elle lui en voudrait forcément. Qu’il avait été bête… Il aurait dû… Il aurait dû… Il ne savait pas ce qu’il aurait pu faire en fait, mais il n’avait certainement pas agi au mieux. Après quatre ans passés au Sommet, il ne comprenait pas comment il avait pu commettre une telle erreur. Il baissa les yeux.

— Thibault, allez, ne fais pas une tête pareille… reprit alors Jenkins d’un ton plus sérieux. Personne d’autre que nous ne sait que c’est toi. Qu’est-ce que tu crois, qu’on va écrire à la presse ?

— Faites ce que vous voulez.

Il tourna les talons et quitta le seuil de la chambre de Jenkins. Avant que son camarade ne le mentionne, il n’avait même pas pensé à ça. Et si quelqu’un, de l’intérieur, le trahissait ? Si quelqu’un révélait qui était le mystérieux jeune homme des photos ? Cette fois alors, il serait fini. Si ce scénario se produisait, alors il ne voyait pas comment il pourrait conserver sa place au Sommet.

Il s’enferma dans sa chambre, à clé. Ce n’était pas dans ses habitudes. Il laissait toujours ouvert pour que Gabi puisse venir quand il le voulait. Mais Gabi faisait la tête, il en était certain. Oh, cela lui passerait vite, comme à chaque fois, mais il ne viendrait pas le voir ce soir, et Thibault préférait de toute manière rester seul pour une fois.

Il s’approcha de sa table de nuit et sortit une bouteille de vin du petit meuble. Solène la lui avait offerte et il l’avait amoureusement conservée au pied de son lit. Mais si sa vie devait basculer dans les jours à venir… alors autant profiter du breuvage avant cela. Il débouchonna la bouteille et versa le liquide dans un verre sans prétention. Il s’assit ensuite sur le fauteuil devant la fenêtre qui donnait sur le parc. Le soleil se couchait au loin. Un magnifique coucher de soleil, dont les tons flamboyants semblaient se moquer de lui, insensible à ses malheurs. Un paysage bien trop beau pour une journée si funeste.

Alors qu’il portait le verre à ses lèvres, le souvenir de la balade lui revint en mémoire, vivide. Il détestait le sentiment de honte qui s’y mêlait à présent. Ces derniers jours, ces heures volées avec Solène l’avaient porté avec allégresse, mais désormais, il lui semblait que tout sentiment de joie avait disparu pour toujours.

Il but le premier verre d’une traite.

 

***

 

On frappait à la porte. Thibault tenta de l’ignorer et de se rendormir. La poignée s’agitait. Il souffla et rabattit la couverture sur son crâne traversé par une douleur lancinante. La personne insistait encore, donnant de grands coups sur la paroi de bois.

Thibault rejeta d’un coup la couverture et se leva. La tête lui tourna, et il aperçut, de son œil vitreux, la bouteille de vin vide et le verre couvert de traces de doigts qui avait servi à recueillir l’infernal breuvage. Il essaya de déglutir, mais sa bouche était sèche. On frappa de nouveau à la porte. Il jeta un coup d’œil à l’horloge – il était presque minuit – et traversa la pièce à grands pas pour faire tourner la clé dans la serrure, puis ouvrit d’un geste brusque.

C’était Gabriel.

Il affichait une mine pleine de colère, mais la stupéfaction se mêla à ses traits quand il eut observé le visage de son ami.

— Pourquoi tu as fermé ? demanda-t-il alors d’un ton qu’il semblait s’efforcer de maintenir calme.

— Qu’est-ce que ça peut te faire ?

Gabriel haussa les sourcils. Puis il plissa les yeux, comme pour détailler le visage de Thibault.

— Tu as bu combien de verres ?

Thibault ouvrit la bouche pour répliquer, mais rien ne vint. Puis, sans prévenir, les larmes lui montèrent aux yeux et il eut tout juste le temps de cacher son visage à Gabriel avant que les vannes ne cèdent.

Il avait fait deux pas en direction du lit quand il entendit la porte se refermer. Gabriel était entré, bien sûr, et le suivait. Mais Thibault n’avait pas envie qu’il le voie comme ça. Déjà, Gabi n’aimait pas quand il buvait. Ensuite, il lui avait caché son baiser avec Solène, donc il lui en voulait probablement. Et puis il se sentait pitoyable, et effrayé de ne pas savoir ce qui allait se passer à présent. Il se laissa tomber assis sur le lit, le visage toujours caché dans ses mains.

Il sentit le poids de Gabriel creuser le matelas à côté de lui, et le garçon lui passa un bras dans le dos.

— Thibault… Arrête, n’en fais pas tout un plat, ce n’est quand même pas si dramatique…

Il se redressa brusquement pour affronter le regard plein d’incompréhension de Gabriel. Ses yeux bicolores qui respiraient l’intelligence. Il fixa l’œil bleu, son préféré, et Gabi eut un sourire.

— De quoi tu as peur au juste ?

Thibault sentit un éclair de colère le traverser.

— Si on sait que c’est un esclave, qui était avec elle…

— Eh bien quoi ? coupa Gabriel.

— Je ne pourrais pas rester au Sommet, Rebecca ne le permettrait jamais.

— Rebecca n’est pas l’impératrice de Délos.

Thibault ouvrit la bouche pour répliquer, mais il ne sut que répondre. Il scruta Gabriel, curieux. Le garçon soupira et reprit :

— Et puis Solène n’est jamais qu’une gamine de vingt ans, qu’est-ce que tu veux que ça fasse ? Au pire, les gens se moqueront gentiment.

Gabriel essayait d’amoindrir les faits, ou de les rendre, au mieux, cocasses. Il ne réalisait pas la gravité de ce qui s’était produit.

— Tu dis ça, mais regarde ta propre réaction. Je sais que je t’ai déçu.

L’expression habituellement neutre de son ami se fissura. Il eut un petit sourire triste.

— Non Thibault, tu ne m’as pas déçu. En tout cas pas au sens où tu l’entends.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Rien d’important. Écoute, va te laver… Je suis venu te chercher parce que Solène voulait te voir.

Le cœur de Thibault manqua un battement.

— Quoi ? Elle veut me voir ? Maintenant ? Rebecca le sait ?

— Bien sûr que non…

Gabriel lui jeta un regard entendu, et après une demi-seconde d’hésitation, Thibault se redressa pour se précipiter vers la salle de bains de sa chambre. Ses lèvres et ses dents étaient violettes, tachées par le vin qu’il avait bu. Il s’arma de sa brosse à dents pour faire disparaître les traces de sa faiblesse du soir. La tête lui tournait encore un peu, il savait qu’il n’avait pas éliminé le vin. Pour autant, il aurait volontiers bu un verre de plus, s’il était resté la moindre goutte, pour se donner le courage d’affronter l’impératrice. Il coiffa rapidement ses cheveux, et retourna dans la chambre.

Gabriel l’attendait patiemment.

— Comment je suis ? lui demanda-t-il, fébrile.

— Parfait. On peut y aller ?

— Non vraiment Gabi, je suis bien ?

— C’était sincère, tu es parfait. Allons-y.

Thibault passa néanmoins de nouveau les mains dans ses cheveux, pour s’assurer de leur tenue, avant de suivre Gabriel dans le couloir.

 

***

 

— Je te laisse ici. Ne panique pas, d’accord ?

Thibault hocha la tête, mais la nervosité le faisait trembler. Gabriel repartit sans ajouter un mot, le laissant devant la porte du boudoir où l’impératrice s’apprêtait à le recevoir. Il inspira longuement, pour se calmer, et donna quelques coups discrets à la porte. Elle s’ouvrit à la volée dans les secondes qui suivirent.

— Thibault !

Solène se tenait là, vêtue d’une simple robe de chambre traînant jusqu’à ses pieds. Ses cheveux étaient défaits et tombaient jusqu’à ses reins en une cascade de boucles brunes. Son visage ne portait pas la moindre trace de maquillage, ses yeux étaient rougis. Elle tendit la main pour prendre la sienne et le fit entrer.

— Je suis tellement désolée… Est-ce que ça va ?

— Solène… C’est moi qui…

Elle se blottit dans ses bras. Surpris, il posa les mains autour de sa taille, puis au bout d’un moment, des soubresauts attirèrent son attention. Elle sanglotait.

— Solène… ?

Il s’écarta et la força à le regarder. Les larmes roulaient sur ses joues et il vint poser son front contre le sien, impuissant à comprendre le chagrin qui l’agitait.

— Je suis tellement désolée, Thibault, finit-elle par articuler. Je t’ai attiré des ennuis… Rebecca est furieuse.

Il caressa sa joue et pencha spontanément ses lèvres vers les siennes. Solène répondit à son baiser, puis recula d’un pas, le laissant déconcerté.

— Je n’aurais pas dû t’embrasser.

— Je suis désolé de l’avoir répété, vraiment. Je ne voulais pas risquer qu’elle le découvre dans la presse…

Solène attrapa sa main et la serra.

— Je ne t’en veux pas Thibault. C’est moi qui ai… Ça ne peut plus se reproduire.

Thibault sentit une boule se former dans son ventre.

— C’était une mauvaise idée de faire ça dehors, dit-il d’une voix blanche.

— Non Thibault, c’était une mauvaise idée tout court.

La boule grossit. Elle regrettait. Il eut l’impression que sa gorge se serrait.

— Je suis l’impératrice de Délos, et… Et j’ai des fonctions à assumer. Rebecca n’a pas tort, je n’ai pas le droit de m’amuser à longueur de temps au lieu de…

— Rebecca a dit ça ? la coupa Thibault alors qu’une pointe de colère le traversait. Alors qu’elle ne te laisse prendre aucune décision toute seule ?

Solène ouvrit de grands yeux. Elle lâcha la main de Thibault et ses sourcils se froncèrent un peu.

— Je ne veux pas t’entendre parler de Rebecca comme ça, Thibault. Elle a fait beaucoup pour moi. Beaucoup plus que tu ne l’imagines. Et si je lui demande conseil aujourd’hui, j’ai mes raisons. Elle connaît la cité mieux que moi, elle…

— Tu lui demandes « conseil » ? Vraiment ? Moi je vois les choses un peu différemment. Elle se rend régulièrement au Gouvernement sans toi. Elle parle en ton nom sans te demander la permission avant. Je t’ai vu être surprise devant certaines annonces que tu découvrais dans le journal. Je sais que…

— Attention, Thibault. Ne pousse pas.

Il perçut la colère dans sa voix et lutta quelques instants contre lui-même, contre l’envie de rétorquer. Elle avait définitivement séché ses larmes, se tenant bien droite devant lui, les bras croisés sur sa poitrine. Il baissa finalement les yeux.

— Très bien, je ne dirai plus rien alors.

Un silence pénible s’installa entre eux. Voyant que Solène ne disait rien, il leva les yeux vers elle et s’aperçut qu’elle le fixait.

— Puis-je me retirer, Maîtresse Solène ? fit-il alors sans avoir pu s’en empêcher.

Solène entrouvrit la bouche, stupéfaite devant son ton soudainement formel. Il vit ses doigts se crisper sur ses bras.

— C’est sans doute mieux ainsi. Bonne nuit, Thibault.

Un sentiment de tristesse infinie lui écrasa la poitrine. Malgré sa froideur, il avait espéré qu’elle le retiendrait. Elle restait pourtant immobile. Il plongea son regard dans le sien, et, le cœur gros, finit par lui adresser une brève révérence et quitta la pièce sans ajouter le moindre mot.

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Edouard PArle
Posté le 17/11/2024
Roohhhh Cléooo, tu peux pas faire ça...
Tellement amère cette fin de chapitre, bon j'aurais dû me douter que ça allait se terminer ainsi au vu de la construction du chapitre mais je n'ai pu m'empêcher d'espérer quand ils se sont étreints au moment des retrouvailles. La relation de Thibault et Solène est vraiment choupi, c'est assez libérateur de la voir enfin se matérialiser après tant d'années / chapitres de développement. La scène est de plus très belle, avec une jolie ambiance.
Tu profites de ce chapitre pour confirmer à demi-mots les sentiments que l'on devinait de Gabi pour son ami. J'ai toujours senti une tension réciproque entre les deux depuis le début mais Thibault semble l'avoir oublié / mis de côté. Très curieux de voir comment ça va évoluer puisque l'impératrice semble momentanément hors de portée. Est-ce que cela va les rapprocher ou être le prétexte à un nouvel éloignement ? Très subtil et intéressant.
On apprend aussi que Solène a un attachement sincère pour Rebecca, plus important que ce qu'avait anticipé Thibault. Peut-être parce qu'elle a tenu un rôle de figure maternelle ? Je me demande s'il n'y a pas d'autres secrets là-dessous...
On tient aussi un début de développement sur le rapport de Thibault au vin. S'il commence à boire dès que les choses vont mal, ça va devenir un vrai problème. Encore une fois, c'est très bien amené, avec des allusions dans les précédents chapitres sur le vin aux yeux de Gabi / Thibault.
Mes remarques :
"Un an plus tard." wow, je m'y attendais pas à cette ellipse !
"Je… Je ne peux pas prétendre l’avoir vécu dans les mêmes conditions que toi, mais je suis sincèrement désolée." trop mignonne la Solène, elle a du tact
"Il risqua un coup d’œil vers Rebecca. Elle était livide. Vers Gabriel. L’expression de son visage était indéchiffrable. Ajax… Il était hilare." ahah j'adore, merci Ajax pour le divertissement
"— Oh Maîtresse, la coupa Ajax. Vous seriez bien effrontée de lui jeter la première pierre." le show Ajax continue xD
"Il sentit le poids de Gabriel creuser le matelas à côté de lui, et le garçon lui passa un bras dans le dos." belle image, très visuelle !
"— Non Thibault, tu ne m’as pas déçu. En tout cas pas au sens où tu l’entends." ohhh arrête de parler à demi-mots, on sait tous ce que tu veux dire xD
"tachées par le vin qu’il avait bu." couper à vin ? le reste est implicite
Je continue !
Cléooo
Posté le 18/11/2024
Maaaais ça arrive, les disputes :O
C'est vrai que c'était amer, vu le début qui était plutôt mignon.
Et oui, les sentiments de Gabriel sont assez évidents... Mais pas pour Thibault. Thibault est un cas particulier, il ne maîtrise aucunement l'art de la subtilité (ce qui le rend parfois frustrant pour le lecteur, mais par contre moi, j'ai adoré écrire son personnage !).
Pour Ajax... Tu t'en doutes puisque j'ai fait un spinoff sur lui, mais j'adore son personnage. Il apporte une touche de dédramatisation, de réconfort dans plusieurs situations. Par contre il n'est pas extrêmement développé dans ce tome (il reste un personnage secondaire, disons). En fait quand j'ai écrit Délos 1, j'avais l'histoire d'Ajax dans un coin de ma tête, mais je ne pouvais juste pas trop l'inclure ici, ça aurait été beaucoup trop long.
Je rebondis aussi sur ta remarque sur Solène, ça me fait vraiment plaisir que tu la trouves mignonne. C'est vraiment ce que j'espérais, donc c'est top !
Edouard PArle
Posté le 18/11/2024
Je comprends pour Ajax mais je pense quand même qu'il va avoir son moment de gloire dans ce tome^^
Ouiii elle est choupi
Iphégore
Posté le 03/08/2024
Dîner aux chandelles ! Comment diantre est-ce que ça va se retourner contre ses ardeurs ? Ah ah ! Parle donc de ta famille, vil Thibault ! Confronte la noirceur de ton âme !

Intéressant, ce qu'on peut apprendre de soi en s'écoutant parler. C'est bien trouvé, comme angle narratif. Au début, je trouvais qu'il y avait peu de pensées, mais tout compte fait, j'aime cette approche.

Quel galant chevalier, à s'agenouiller et lui prendre en chaque occasion ses délicates mains :D

Ah mince, elle ne va pas pousser le sujet plus loin. J'aurais aimé qu'elle s'intéresse à la vie aux autres niveaux, ça aurait marqué une évolution du plan de Gabi formulé un an plus tôt.

« Bon bon… C’est bien parce que c’est toi. Ça m’apprendra à vouloir te faire plaisir ! » --> merci pour le fou rire ! Ce qu'elle est chou, quand même :)

Oh ! Du piment ! Un baiser ! Voilà qui ne va pas arranger les choses, impitoyable autrice !

Mais… pauvre Thibault… Au contraire, si on apprenait que l'impératrice a batifolé avec un esclave, il n'y aurait que l'aristocratie à gérer ; le peuple se fendrait la poire :) Il va nous faire son caliméro, là…

Et voilà ! Il ne se pointe même pas voir la coquette ! Tss…

Mais c'est terrible, quand même, impératrice et pas mariée à vingt ans, ça doit piquer côté hormones.

Ah, il commence à comprendre que quelque chose d'autre est à chercher du côté de Gabi, mais c'est pas gagné.

Ouch ! Grosse tension sur la ligne en vue ! Vérité en approche ! Vinasse à l'œuvre.

Moi, je dis, le nombre de gens qui auraient eu une vie meilleure s'ils s'étaient simplement dits indisposés alors qu'ils étaient alcoolisés, plutôt que d'avoir des mots crus…

Eh bien ! Eh bien ! C'est un chapitre haut en couleur ! On commence à s'amuser ! :D (Bref, j'ai bien aimé)



Trucs divers :

en quelques sortes -> quelque sorte (une quelconque sorte)

Autant, c'est théâtralement classe de pouvoir balancer le journal à la tronche de Thibault, autant avec la page, je m'étonne qu'il y ait du papier.

soit tournée en objet de ridicule -> tournée en ridicule (c'est une locution figée)

Et puis il se sentait pitoyable, et effrayé de ne pas savoir ce qui allait se produire à présent. -> dans cet élan émotif, je pense qu'il faut recourir au même vocabulaire que dans les dialogues. Je doute que quiconque, naturellement, dise « produire » au lieu de « passer »

Je t’ai vu, être surprise -> pourquoi une virgule ? (c'est possible, ça m'interroge seulement vis-à-vis du rythme de la réplique plutôt sanguine)
Cléooo
Posté le 03/08/2024
"J'aurais aimé qu'elle s'intéresse à la vie aux autres niveaux, ça aurait marqué une évolution du plan de Gabi formulé un an plus tôt."
-> Je comprends la remarque ! Mais Thibault n'est pas forcément stimulent pour parler de ce genre de chose, il a tendance à garder Solène bien au chaud dans sa zone de confort ^^

"Ah, il commence à comprendre que quelque chose d'autre est à chercher du côté de Gabi, mais c'est pas gagné." -> Mes notes sur le personnage de Thibault "il ne voit que ce qu'il veut voir" xD

Pour ta remarque sur le journal... C'est vrai. Mais je pouvais pas lui balancer une page au visage quand même... Et puis je me dis qu'il peut encore y avoir des journaux à la fois papier et numérique, surtout dans les hautes sphères, ça fait classe !
Sinon je note pour toutes tes remarques, une nouvelle fois un grand merci !
Aylyn
Posté le 29/07/2024
Coucou,
Intéressant de voir ce rapprochement assez attendu, entre Solène et Thibault et les répercussions qui en découlent.
Ce que je pressentais concernant les sentiments de Gabriel semblent se confirmer via certaines réactions qu'il a. Pas facile quand l'autre ne le remarque pas et a des sentiments pour quelqu'un d'autre. Thibault est assez égoïste je trouve dans ces réactions, notamment par rapport à Gabriel. Enfin, c'est l'effet que cela donne parfois. Il reste centré sur ce qu'il vit et ne pense pas au reste, à ce qui se passe à Délos en général, à sa famille. Il est assez content de son sort.
J'espère qu'il sera confronté à sa famille après, ça serait très intéressant de voir ses réactions.
Cléooo
Posté le 29/07/2024
Coucou Aylyn !

Oui, Gabriel n'est pas si discret et Thibault est vraiment myope... C'est vrai qu'il a un côté égoïste, et il manque terriblement d'empathie. Ça se voit sur ses réactions avec les autres, et de manière plus général, par rapport à ce qui se passe dans Délos !

Pour sa famille... Je te laisse découvrir la suite ^^
Merci de ton retour, à bientôt !
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