Chapitre 111 : Une histoire qui me fait pleurer, encore maintenant...

Par Kieren
Notes de l’auteur : Bonsoir à tous Je vais faire une pause dans cette histoire
Je travaille sur un nouveau sujet, et je crois qu'il vous plaira
Vous n'avez pas toujours été très causant avec moi, mais je remercie sans distinction tous ceux qui ont lu
Tous les soirs, je regarde le compteur de vue, et je m'aperçois qu'il y a toujours quelqu'un qui lit un nouveau chapitre. Et voir cela, ça me donne le courage de publier, encore et toujours, surpris et heureux que mon travail plaise à ceux qui se perdent dans des histoires que je considère être le plus grand accomplissement de ma vie.
Je tiens à dire que cette histoire n'est pas terminée, il s'agit de ma pièce maitresse, et tous mes textes s'articulent dessus. Je la finirai, un jour, lorsque je saurai que j'en suis enfin digne.
Vous êtes mes lecteurs, et je tiens à vous dire que je vous aime. Sincèrement
Continuez de vivre le plus heureux qu'il vous ait possible d'être. Ce n'est pas facile, ça ne l'a jamais été. Mais c'est possible, je le sais
Profitez

Aah ! Ah ah Ah Ahh Aaaaah. Ah ! … Mmmh ? Ce que je fais, Vieux Gamin ? Je baille. Je baille te je chante.

J'ai passé une bonne journée, bien remplie, je suis un peu fatiguée et c'est très bien …

Ce que j'ai fait ? Pour être de si bonne humeur ? … J'étais avec Billy, et il m'a montré un secret ! Son jardin secret.

Tu voudrais le voir, mon frère ? Je ne peux pas, désolée. J'ai promis à Billy. Par contre, je peux le raconter.


 

On était parti super tôt le matin, et on a marché pendant deux heures à travers le torrent, puis la forêt. On a traversé une route noire en goudron. Il y avait des plantes qui poussaient à travers, elle était toute craquelée. Et puis il y avait des animaux peints en blanc sur la route, des souris, des oiseaux, des chats. D'ailleurs il y avait un chat qui guettait les souris. Les oiseaux avaient vu le chat, du coup ils étaient super loin. Alors on a suivi la route quelques temps, avant de rentrer à nouveau dans la forêt.

On a croisé personne. Tant mieux d'ailleurs, je m'amusais trop avec Billy, on jouait au Cactus qu'il m'a dit que ça s'appelait. On portait des vieux pulls en laine tout déchiré, et on se bombardait avec des châtaignes qu'on trouvait sur le chemin. On ressemblait à rien à la fin.

Et puis, à un moment, on a croisé un panneau rond, rouge et blanc, avec écrit dessus « 80 », en noir. Billy m'a demandé si j'avais faim. Je lui ai dit que non, mais mon ventre a dit que oui. Alors on a tapé de la main sur le panneau, deux fois. Et puis des fruits rouges, blancs et noirs en sont tombés, gros comme des pommes. Il les a ramassés, a mordu dans l'un, et m'a lancé l'autre. J'ai mordu dedans, et un jus noir en est sorti. Ça avait le goût de la mûre et de la myrtille.

C'était trop bon.

Et puis, j'ai vu que le panneau affichait alors « 78 ». On en a prit deux autres pour la route et on est reparti. Si j'avais su ça avant, on aurait eu moins faim pendant l'hiver.

Enfin bref. On a fini par rentrer à nouveau dans la forêt et on s'est arrêté devant un grand chêne, il avait des glands tout argenté. C'était trop bizarre. J'ai voulu en manger un, mais Billy m'a tapé sur la main.

Il a dit que c'était empoisonné. Je lui ai rit au nez, mais alors il m'a montré un écureuil dans les arbres qui avait mangé un gland. Il était tout argenté, immobile, comme une statue ; et un petit chêne était entrain de pousser dessus.

C'était dissuasif.

Il m'a alors montré un chemin sous les racines et on a rampé dedans sur quelques dizaines de mètres. On avait une lumière, donc ça allait, et puis on a déjà dormi dans tellement de terriers, hein mon frère ? Avec les renards, tu t'en rappelles ? On leur avait apporté des lapins pour nous excuser de les avoir envahis.

Ils étaient très gentils, j'espère qu'ils vont bien.

Bref …

On est arrivé entre les racines du chêne, loin sous la terre, c'était assez spacieux, mais Billy m'a dit de pas trop avancer. Il a alors jeter un caillou, ça a fait « gloup », et ça a éclairé tout le sous-sol.

Et il y avait un petit lac souterrain, une mare plutôt, toute argentée et opaque, comme un miroir, on voyait rien à travers, que notre reflet. Et il y avait des lianes, ou alors des racines sur toute la surface de la grotte, avec des champignons qui donnaient de la lumière bleue. Ça vrombissait dans la salle, et puis j'ai vu des libellules qui clignotaient dans la pénombre, elles changeaient tout le temps de couleur, et elles volaient à la surface de la mare. Des nénuphars se sont alors ouverts, et dedans il y avait plein de petites grenouilles qui en sont sortis. Les libellules en ont mangés quelques-unes. Moi aussi je voulais en manger, mais j'ai eu un peu peur de devenir un arbre, alors j'ai pas essayé. À la place, Billy a sorti des sandwichs aux œufs et à l'ail des ours, et au beurre et au jambon. J'étais très excitée, mais j'ai pas osé le montrer. Alors on a mangé en silence, juste, en regardant droit devant nous, tout autour de nous.

Une libellule s'est posée sur Billy, puis deux, puis trois. On les a juste regardé, sans trop bouger. Elles avaient l'air de le connaître. Je lui ai demandé depuis quand il venait ici. Il m'a dit depuis des années. Je lui ai demandé qui il avait déjà amené ici, il m'a dit que j'étais la seule. Je lui ai demandé pourquoi, il m'a dit qu'il avait attendu assez longtemps pour partager son secret avec quelqu'un qui pourrait l'apprécier, sans le vendre à d'autres.

Ça, et aussi parce qu'il espérait me faire sourire.

Mais je ne souriais pas. J'osais pas. Ou je n'y arrivais pas. Je crois que j'étais trop émue. Alors... alors j'ai posé ma tête sur ses genoux. Et puis j'ai rien dit. Il s'est rien passé pendant quelques secondes, et puis je lui ai demandé de me caresser les cheveux.

Et il l'a fait.

Doucement, juste...gentiment, mais tendrement.

Je crois que j'ai pleuré de joie, juste un peu... Nan. Nan c'est pas vrai... J'ai beaucoup pleuré.

Mais il a rien dit, il a continué de me caresser.

Et puis je me suis endormie. Lui aussi je crois, parce que quand je me suis réveillée, il dormait les bras pliés sur ma tête. Et j'ai pas osé bouger, j'ai trouvé ça marrant. Et touchant. Alors j'ai regardé les grenouilles qui sortaient du liquide argenté, les grosses, qui s'accrochaient aux parois et qui croassaient.

Et puis Billy s'est réveillé, il m'a dit que mes cheveux sentaient forts, mais qu'ils étaient confortables. J'ai pas compris pourquoi, mais je me suis sentie gênée. Je lui ai demandé si ça le gênait. Il m'a dit que non, que ça voulait juste dire qu'ils avaient eu le temps de vivre, qu'ils avaient une histoire.

Alors je lui ai raconté une histoire. Une histoire que je raconterai pas, parce qu'elle fait partie de mon jardin secret. Une histoire que même toi, mon frère, tu ne connais pas. Une histoire qui s'est passée avant que tu naisses.

Une histoire avec ma mère...

Une histoire qui me fait pleurer, encore maintenant...

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