Chapitre 12

Notes de l’auteur : Nouvelle partie de l'histoire où nous rencontrons notre trio d'étudiantes : Léa, Alice et Noémie. Nous les suivrons pendant quelques chapitres. Bonne lecture !

Paimpont - Bretagne

 

Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, trois étudiantes de dix-neuf ans profitaient de leur premier jour de vacances.

Léa Moreau avait organisé le voyage et elle était impatiente de faire visiter à ses amies le gîte insolite qu'elle avait réservé. Elle poussa le portail d'entrée de la propriété et replaça une mèche de ses cheveux blond foncé derrière son oreille. Une bourrasque les accueillit alors qu'elle se tournait pour voir ses amies à sa suite. 

— Voilà, les filles, bienvenue au Moulin de Luhan ! C'est ici que nous allons passer notre semaine à découvrir Brocéliande.

Alice Gallagher, une belle femme à la chevelure flamboyante et aux yeux bleus pétillants d'amusement, balaya le moulin du regard, levant le nez au ciel pour en apercevoir la cime. 

— Wow, c'est vraiment génial comme endroit ! J'adore l'idée d'un ancien moulin, c'est original.

Noémie Cavalier, Une petite brunette aux cheveux soyeux, dont les yeux bleus laissaient transparaître sa douceur et aux formes pleines, s'avança en observant les alentours. 

— Le jardin est magnifique, je n'avais pas imaginé ça si calme et à l'abri des regards. Ça va nous changer du bruit de l'université.

— Exactement, Noémie ! Le Moulin de Luhan est un habitat autonome et écologique. Il a été entièrement rénové par Constance Dumet, une conteuse en Brocéliande, et Jean-Yves Ponton.

Elles se dirigèrent vers la tour ronde en pierre du pays, le schiste rouge, qui se dressait fièrement devant elles.

Léa pointa du doigt le moulin en faisant de grands gestes à la manière d'une présentatrice météo. 

— Il a été construit au XVIIIème siècle et servait autrefois de moulin à vent. Les ailes ont été retirées il y a quatre-vingt-dix ans, pas mal, hein ?

Elles entrèrent à l'intérieur et Léa les guida en déposant au passage son sac à dos. 

— Au rez-de-chaussée, nous avons la cuisine. C'est là que nous pourrons préparer nos repas.

Noémie posa une glacière et commença à remplir le réfrigérateur. 

— C'est trop mignon, ça fait maison de poupée ! 

Alice, qui l'aidait à ranger, en profita pour croquer un bout de chocolat sous le regard inquisiteur de Léa. 

— En même temps, ça ne fait que 40 m², on va se tenir chaud ! Et toi, arrête de me fixer, c'est mon chocolat !

Léa leva les bras en signe de rémission, grimpa les escaliers et cria à l'attention de ses amies. 

— Au premier étage, il y a une salle d'eau, un dressing et un petit bureau, venez ! 

Alice et Noémie montèrent en trottinant pour rejoindre Léa qui était déjà arrivée au second niveau. 

— Et au deuxième étage, c'est le salon, intime, parfait pour nous trois.

Alice s'affala sur un fauteuil en cuir marron assez large pour s'y asseoir en tailleur. 

— La pièce la plus importante ! J'ai besoin de me détendre après ces deux heures de route.

Léa souriait largement, un air narquois affiché sur son visage. 

— C'est moi qui ai conduit, tu devrais être reposée. 

— Ça fatigue de mettre l'ambiance ! 

Noémie pouffa doucement, regardant son amie d'un air complice. Léa se plaça sur la première marche du dernier escalier montant, indiquant d'un mouvement de tête le haut des marches. 

— Et enfin, dans la pointe du moulin, il y a une mezzanine avec deux chambres, des coins couchage. Ça vous dit de voir comment c'est là-haut ?

Noémie tira le bras d'Alice pour l'extirper de son fauteuil. 

— Bien sûr !

Elles atteignirent enfin la mezzanine et regardèrent autour d'elles. Tous les murs étaient recouverts de coupures de journaux et de magazines collés, formant un patchwork de papier. 

— C'est une drôle d'idée d'avoir fait ça, mais pourquoi pas. Mais j'aime l'idée des chambres côte à côte, on pourra se faire des soirées pyjama ! s'exclama la rouquine.

Léa souriait en posant son second sac en bandoulière. 

— Je savais que ça vous plairait. Noémie acquiesça calmement et commença à redescendre les escaliers. 

— J'aime beaucoup la cuisine avec le grand jardin qui entoure le moulin. On pourra même prendre nos repas dehors puisqu'ils prévoient du beau temps.

Léa, heureuse de sa trouvaille, sortit du moulin flanqué de ses amies en direction de la voiture. 

— Je suis contente que ça vous plaise. J'ai pensé qu'on pourrait vraiment vivre l'expérience de Brocéliande en séjournant dans un lieu atypique.

Alice fit un grand sourire en sortant une valise du coffre. 

— Good job ! Tu t'es surpassée, Léa !

Noémie renchérit. 

— Ça va être une belle semaine de découvertes et de détente. On en avait besoin après nos examens. Je suis claquée par les oraux. 

— Ah, c'est vrai, les DUT chimie ont terminé plus tard cette année. (Alice coiffa grossièrement ses cheveux en un chignon négligé maintenu avec une brindille qu'elle ramassa) remarque, pour les DUT Sciences et Génie des Matériaux nous aurons plus de stages et moins de vacances l'année prochaine, ça me déprime déjà.

Léa traîna la dernière valise derrière elle, faisant crisser les gravillons sous les roulettes. 

— C'est pour ça qu'il valait mieux faire notre voyage là, ce sont nos dernières grosses vacances ensemble. Pour nous en ABB ce sera pareil, plus de stages en seconde année, puis j'enchaîne avec mon concours après, je vais devoir m'isoler comme un ermite pour réviser avec mon groupe d'études. 

Alice leva les yeux au ciel. 

— Ça y est, elle reprend. Madame je vais aller à l'INRA, je croyais qu'on ne parlait pas d'études pendant trois semaines ? 

— Ok ok ! Dans ce cas, allez enfiler vos tenues de rando que je vous présente le programme pour cet après-midi. 

— Yes ! Fit Alice en s'éclipsant, suivie de Noémie qui riait joyeusement, un gros sac dans les bras.

Quelques heures plus tard, après une après-midi bien remplie de randonnée, les trois amies se prélassaient, épuisées mais satisfaites.

Alice s'affala dans « son» fauteuil, étirant ses jambes et ses orteils. 

— J'ai trop mal aux pieds, sérieux.

Noémie souriait tout en sortant un tube de sa trousse de toilette. 

— Ne t'en fais pas, j'ai de la crème pour ça. Tiens !

Alice sourit en acceptant la crème. 

— Merci ! Comment tu fais pour avoir tout dans ton sac ? T'as emmené ta maison ou quoi ? Non pas que je m'en plaigne... tu me sauves.

Léa, assise à l'autre bout de la pièce, leva les yeux de son livre et intervint d'un ton taquin.

— Contrairement à certaines, elle est prévoyante. En plus, tu aurais pu essayer tes chaussures quelques jours avant pour les faire. 

Noémie prit la parole à son tour. 

— Oui, je les porte à la maison un peu tous les jours pour les assouplir, sinon tu peux mettre du papier humide toute une nuit dedans.

Noémie sourit et Alice commença à se masser les pieds en grognant de soulagement. Tout en affichant son sourire en coin, elle se contorsionna pour tourner la tête vers Léa. 

— Ok, ok, je suis l'insouciante de service, MAIS je sais m'entourer des bonnes personnes !

Léa roula les yeux de manière exagérée tandis que Noémie éclata de rire, ses joues rosissant légèrement.

La soirée se poursuit dans la bonne humeur, chacune partageant des anecdotes de la journée et se chamaillant gentiment. Après un moment, l'une des lampes du salon grésilla et ce fut le noir total.

Après une seconde de silence, Alice se mit à jurer. 

— Merde ! Les plombs ont sauté, on dirait. Est-ce que vous avez repéré où est le compteur ? 

Noémie continua d'une voix mal assurée. 

— La propriétaire a dit que c'était en bas du moulin. 

— Ah ! J'ai les pieds encore tout crémeux, je risque de glisser dans les escaliers. 

Léa intervint en riant. 

— Pile au moment où tu aurais servi à quelque chose. 

— Tu connais la blague de la blonde qui rallume un compteur ? 

— Je ne suis PAS blonde ! s'agaça Léa faussement indignée. (Les trois copines éclatèrent de rire et Léa reprit.) Ok, j'y vais, mes yeux s'habituent à l'obscurité, il y a assez de lumière dans les escaliers, c'est presque la pleine lune ce soir.

— Je peux t'aider si tu veux ? répliqua Noémie. 

— T'inquiète ma belle, je sais que tu n'aimes pas le noir, ça va me prendre une minute et même pas besoin de portable, il y a une lampe solaire en bas, comme ça, j'aurai les mains libres au cas où.

— Ok ! On t'attend. (Alice tenta de se tourner pour suivre Léa des yeux avant de grimacer) Arg, j'ai trop mangé... 

Léa enfila ses chaussures de randonnée avec difficulté à cause du laçage complexe. 

— T'étais pas obligée de t'empiffrer, remarque ! 

Noémie rit et Alice tapa sur son ventre de manière peu distinguée. 

— Mais les galettes saucisses étaient délicieuses. 

— Mais t'en as pris quatre quand même. Soupira Léa. 

— Ouais, mais tu aurais vu la tête du vendeur, c'était priceless !! 

— Pff, et ça valait le coup d'avoir mal au ventre ? 

— Carrément ! 

— J'ai aussi des cachets pour les aigreurs d'estomac. Rajouta Noémie. 

— T'es trop chou, mais non merci, je vais assumer mes actions stupides. 

— Bon ! (Léa se redressa de son siège) je vais voir le compteur. 

— Ou alors, on peut décider d'allumer des bougies pour faire une soirée « histoires de fantômes» et on verra ça demain après le lever du soleil ! 

— Arrête Alice ! J'arriverai plus à aller aux toilettes toute seule... 

— J'irai avec toi ! Allez ! Ça serait fun, on transforme une galère en idée cool. 

— Comme ça, si le compteur crame, on pourra toutes brûler avec. Ça tombe bien, nous sommes dans un moulin en bois et la chambre est en haut. 

— Argh ! Je n'ai pas envie de ressembler à Freddy Kruger… Le cours sur les peaux brûlées m'a suffi. 

— C'était atroce, pourquoi est-ce qu'ils se sentent obligés de montrer des photos de grands brûlés pour illustrer... (Noémie frissonna) On n'a pas choisi médecine, le prof doit être un sadique refoulé. 

Léa renchérit 

— Allez, j'y vais, sinon je vais penser à Freddy en descendant l'escalier. Léa se mit à quatre pattes cherchant à tâtons la prise où était branchée la lampe. Noémie soupira. 

— Vous ne me convaincrez jamais de voir ce film. 

— C'est pour ça qu'on ne t'a pas proposé, Choupette. Même moi, j'ai dû allumer quand je voulais me chercher à boire dans la nuit pendant une semaine ! 

Léa débrancha la lampe à l'ampoule défaillante, puis commença à s'éloigner prudemment et descendit les premières marches après la porte du salon. 

— À toute !

Léa arriva près du compteur et remonta le plomb qui était descendu. Après deux minutes, la lumière se ralluma. Alice poussa un cri de joie.

— Et la lumière fut !

Léa s'apprêtait à remonter quand un entendit un bruit sourd suivi d'un cri de femme étouffé. Léa cria du bas de l'escalier à l'attention de ses deux amies.

— J'ai entendu un truc dehors, je reviens ! Je crois que quelqu'un s'est blessé.

Léa n'entendit que le cri lointain d'Alice qui lui disait qu'elle « sortait les cartes en l'attendant, mais pas sûr qu'il resterait du chocolat » .

Léa s'éloigna du moulin en essayant de suivre le sanglot, mais chaque fois qu'elle pensait se rapprocher, le son semblait s'éloigner. Elle interpella dans la nuit.

— Il y a quelqu'un ? Vous avez besoin d'aide ?

Puis, les sanglots continuant, elle se mit à parler seule.

— C'est ridicule, je tourne en rond, je vais rentrer avant de me perdre, j'aurais dû prendre mon portable. (Haussant la voix) Qui que vous soyez, votre petite blague ne prend pas, je m'en vais, si vous avez besoin d'aide exprimez-vous maintenant.

Alors qu'elle rebroussait chemin en se frottant les bras, elle détecta une lumière dansante entre deux arbres qui attisa sa curiosité. Alors qu'elle se pencha pour examiner la lumière, le sol se déroba soudainement sous ses pieds et Léa fut engloutie par un trou obscur, le souffle coupé par la force de sa chute, laissant derrière elle la lueur de la lune.

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Bleumer
Posté le 13/03/2024
Un trio de copines bien sympathiques!^^
Petit détail sans importance, c'est normal que Noémie soit la seule dont tu ne donnes pas le nom de famille?
Tu donnes une bonne description du moulin, on s'y croirait. Tu donnes plusieurs sigles sur les cours étudiants et ça ressemble bien à une conversation avec un vrai étudiant où on ne comprend rien à ce qu'il dit! Mais ça ne gène pas le récit, ç'aurait été plus bizarre de leur faire dire: "Nous sommes en DUT, Diplome Universitaire de Technologie."
Le chapitre s'achève avec la chute de Léa, si on sait où elle va, on n'attend de voir ce qu'il va se passer.
On ignore aussi quand se passe cette partie par rapport aux autres, je me doute bien que ce n'est pas le récit des événements de 1983 vu que les filles ont des portables...
Papayebong
Posté le 27/03/2024
merci ! j'ai adorée écrire la relation et l'histoire des 3 filles.
Je n'avais pas fait attention pour Noémie, surement pour ne pas donner l'impression que je citais les 3 noms, mais oui, je pourrai le réintégrer en la présentant, sachant que les noms de famille ne sont pas si importants (mais quand on se casse la tête à en trouver, on a quand même envie de les écrire parcqu'ils attestent des racines de chacune des filles).
j'ai fais exprès de coller le plus à une discussion entre jeunes (en allant chercher des vrais noms de formations XD ).
J'avoue qu'écrire des dialogues d'étudiantes n'est pas le plus simple pour moi. Je parle beaucoup plus comme Elara au naturel. Tant mieux si c'est crédible (mon écoute incognito de filles dans le bus n'aura pas été en vain).
Il n'y a pas de retour dans la passé, c'est déjà assez compliqué de garder un ordre chronologique quand on a 6 personnages principaux.
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