_ Comment ça, on rentre ? On vient tout juste d’arriver.
Alexie, étonnée de la situation et du malaise entre elle et les deux frères, se leva brusquement lorsqu’elle comprit qu’on ne lui laissait pas le choix.
_ Super soirée les gars, merci.
Elle prit son manteau et quitta les lieux rapidement, semant les jumeaux qui étaient beaucoup trop surpris pour lui emboîter le pas. Elle s’arrêta dehors devant l’entrée et inspira une grande bouffée d’air. Elle se prit la tête entre les mains. Que lui arrivait-il ? Ce n’était pas son genre de faire des crises devant autant de monde. Une main se posa sur son épaule. Elle sursauta.
_ Ce n’est que moi, n’aie pas peur.
Alexie se retourna, Carl Kermin se tenait devant elle, le regard bienveillant. Il vit alors son visage crispé et s’inquiéta.
_ Quelque chose ne va pas ?
_ Non, ce n’est rien, je me suis disputée avec des amis.
La jeune fille essuya discrètement une larme au coin de son oeil. Son tuteur lui pressa gentiment l’épaule.
_ Les peines qu'éprouvent nos amis nous affectent davantage que celles que nous éprouvons.
_ Qui a dit ça ?
_ Philippe Soupault.
_ Je ne le connais pas.
_ Moi non plus.
Cette remarque fit sourire la jeune fille. Carl Kermin fit un signe à un taxi un peu plus loin. Il lui indiqua de ramener la Française chez elle avant de laisser au chauffeur une liasse de billets. La somme semblait importante pour le trajet qu’elle faisait. Alexie se rappela alors qu’elle devait retourner à Manhattan et que ce n’était pas à côté. Elle essaya de dissuader Carl de payer une telle somme mais celui-ci ne voulut rien entendre et lui ouvrit la portière pour qu’elle s’installe.
Pendant le trajet, le conducteur tenta plusieurs fois d’engager la conversation. Cependant, Alexie était dans ses pensées et, avec la fatigue, au bout de vingt minutes de trajet, elle s'endormit.
La jeune fille se réveilla dans son lit avec une migraine insupportable. Elle essaya tant bien que mal de se relever. Elle s’aperçut alors qu’elle n’était pas dans sa chambre. Elle se trouvait dans une chambre qu’elle ne connaissait pas, dans un grand lit bordé de draps blancs. Les murs étaient ornés de miroirs et de tableaux. Et en face d’elle, dans un fauteuil, se trouvait un homme.
Alexie, le visage figé par la frayeur, voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’homme s’aperçut alors qu’elle était réveillée. Il se leva, un large sourire sur le visage. Il ne portait plus son sweat à capuche mais la jeune fille le reconnut. C’était l’homme qui l’avait abordée dans la rue et l’avait poursuivie. Alors qu’il se rapprochait d’elle, le regard malsain, elle aperçut le tatouage dans son cou : une abeille pointant son dard. Ce tatouage lui rappelait quelque chose mais elle n’arrivait pas à savoir quoi.
_ Bonjour Alexie, tu as bien dormi ?
Toujours effrayée, elle réussit à articuler quelques mots :
_ Qui êtes-vous ? Que… que me voulez-vous ?
***