Toutes ses nuits étaient animées de rêves merveilleux. De brèves visions d’un passé heureux côtoyaient les mirages d’un avenir meilleur. Des terres de glace aux immenses bâtiments de Losival, du visage radieux d’Edenn à ceux d’inconnus accueillants, des aurores boréales au soleil du sud, il voyageait, rencontrait, retrouvait. Ces moments atténuaient le poids d’un quotidien plus fade que jamais. Au réveil, il regrettait de ne pouvoir rester endormi. Le soir, il se dépêchait de coucher Faè et Vabrinia avant de se rouler dans sa couverture en essayant d’imaginer le songe qu’il ferait.
Ces rêves ne suffisaient cependant pas à le contenter. Ils sombraient dans l’oubli chaque matin, ne laissant à Ewannaël que des souvenirs confus et incomplets. Ils étaient étranges, à mille lieux d’un futur réalisable. Même en les vivant, il les savait éphémères. Chaque jour, ils l’abandonnaient à ses tristes pensées, sans cesse ressassées. Pour s’en distraire, Ewannaël n’avait d’autre choix que de replonger dans le plus beau rêve de sa vie.
Il s’asseyait et fermait les yeux, reconstituait un à un les détails du rêve avec Jolyn. Il revoyait la plage, la mer, le ciel. Il redécouvrait la présence de Jolyn, sentait à nouveau son parfum, s’approchait d’elle. Il voulait caresser sa peau mais n’y parvenait pas. La plus grande des concentrations ne lui permettait pas de revivre la communion ressentie grâce aux herbes d’Alemsa. Par leur pouvoir irrationnel, elles lui avaient permis de croire au retour de son aimée. Sa colère à l’idée que la tunique blanche en ait profité pour coucher avec lui n’avait d’égal que son envie de revivre cette douce illusion.
Le jour qui avait suivi cette dernière, il n’était pas allé aux distributions, écœuré par ce qu’il voyait comme une trahison. Il avait accepté qu’Alemsa l’aide à revoir Jolyn, rien de plus. Une nouvelle fois depuis le début de son voyage, on avait profité de sa faiblesse. La semaine suivante, il avait été chercher à manger en se forçant à éviter la femme aux cheveux roux. Au cours de celle-ci, sa colère s’était adoucie malgré lui. Comme si, inconsciemment, il savait qu’Alemsa était la seule pouvant lui offrir la vision qu’il désirait.
Cette nuit-là, Ewannaël ne put dormir. Le bercement du ronflement de ses filles ne suffisait pas à l’apaiser. Il avait beau fermer les yeux en tentant d’imaginer Jolyn à ses côtés, ses muscles refusaient de se détendre. En peu de temps, il sut que s’obstiner serait vain et se leva. Depuis quelques jours, Vabrinia et Faè dormaient l’une contre l’autre dans un même lit, plus proches que jamais. Il avait beau aimer sa fille d’adoption, il regretta à cet instant qu’Edenn ne soit pas à sa place. Que les parents de l’enfant des vagues soient vivants eux aussi, pour qu’elle vive avec sa véritable famille. Il s’avança au-dessus des petits corps et les regarda d’un air attendri. Il réalisa combien Faè avait grandi depuis leur arrivée sur l’île et une bouffée de fierté le traversa. Sa fille était grande, intelligente et belle.
Une pulsion de mouvement arracha Ewannaël à sa contemplation. Il sortit de la tente et, sans même y penser, marcha vers la falaise. Cependant, au bout de quelques pas, il décida de faire demi-tour. Il n’avait plus le cœur d’affronter une nouvelle désillusion, un nouvel horizon vide. Il ne pouvait laisser les filles seules trop longtemps. Alors il emprunta un sentier inconnu, qui semblait encercler le campement, d’où il pourrait entendre un cri de Vabrinia.
Le ciel était couvert de nuages et il était presque impossible de distinguer les lunes. Dans cette obscurité presque totale, le pied d’Ewannaël heurta une pierre. Il grimaça et sa marche se fit lente, prudente. Un vent chaud soulevait ses cheveux, chatouillait sa nuque. Lorsqu’ils retombèrent sur ses épaules, il réalisa qu’il ne les avait jamais portés aussi longs. Il réalisa que Faè n’était pas la seule à avoir changé.
Assez vite, une lueur à l’écart des tentes se dessina. De couleur orangée, elle était trop petite pour venir d’un feu, mais était au niveau du sol. En s’approchant, Ewannaël découvrit qu’elle éclairait un homme assis sur une chaise, face à un étrange rectangle. Sa main allait et venait sur ce dernier, au rythme d’une caresse. Intrigué, il accéléra le pas. L’homme était si absorbé par sa tâche qu’il ne l’entendit même pas arriver. Ewannaël le reconnut sans voir son visage, à la simple vision de son vêtement.
Ezechios avait gardé sa tunique blanche. Le vieil homme paraissait ne pas avoir d’autre vêtement. Le tissu s’était usé, taché, déchiré et même troué au niveau des genoux. Pourtant, il le gardait, comme s’il s’était agi de son bien le plus précieux. Il y avait même cousu une extension au niveau des épaules, qui flottait derrière lui à chaque pas. Ewannaël s’étonna de voir le géant à la barbe grise être seul. Ezechios passait ses journées à aller vers les autres, à accueillir les nouveaux venus, à converser avec les anciens, à faire rire les autres tuniques blanches. Ainsi isolé dans une nuit sombre, seulement éclairé par deux lanternes, le doyen de l’île l’intriguait. Quelle étrange activité pouvait le pousser à se comporter ainsi ?
Ewannaël se fit aussi discret que possible, essayant de ne pas perturber l’impressionnante concentration d’Ezechios. Ses yeux ne quittaient pas le rectangle, paraissaient y être liés par un fil invisible. Ses doigts impulsaient des mouvements précis à un manche de bois au bout sombre. La tunique blanche ne s’arrêtait que pour jeter un coup d’œil vers les nuages. Ewannaël se demanda ce qu’il pouvait leur trouver d’intéressant. De son autre main, Ezechios tenait un plateau couvert de tas colorés. Ewannaël comprit alors qu’il peignait.
Il se souvint de sa première vision d’une peinture, en arrivant chez Armen, de l’émotion intense qu’elle avait provoquée en lui. Il ressentit un émoi comparable en voyant l’œuvre d’Ezechios muer devant ses yeux. Chaque mouvement de pinceau venait ajouter une nuance de couleur, un minuscule détail qui modifiait l’ensemble. Le tableau ne représentait rien de concret ou d’identifiable, seulement un amas de couleurs et de formes qui se mêlaient en harmonie. La lueur vacillante des lanternes permettait de découvrir de nouveaux détails à chaque nouveau regard. Une vague, des yeux, un tourbillon. Le bleu marine et le noir prédominaient, conférant une ambiance sombre à la toile. Les quelques touches claires n’en brillaient que davantage.
Soudain, le pinceau se figea et le cœur d’Ewannaël manqua un battement. Il avait la même sensation que si un musicien avait brusquement interrompu son morceau. Lorsqu’Ezechios se retourna, il comprit qu’il était la cause de cette pause. Le vieil homme s’immobilisa face à lui en le regardant, puis l’invita à s’approcher. Ewannaël s’exécuta et réalisa alors qu’une partie de la toile était encore vierge. Le reste était si beau qu’il ne s’en était pas aperçu.
— Bonsoir, Ewannaël.
Ewannaël sourit, heureux d’être appelé par son nom. Depuis son arrivée, seule une poignée de tuniques blanches avaient seulement pris la peine de le lui demander. Il répondit à la salutation d’Ezechios et son interlocuteur s’amusa de sa prononciation maladroite.
— Où sont tes filles ?
— Elles dorment. Faè m’appellera si elle se réveille.
Sa réponse surprit Ezechios, habitué à le voir toujours auprès d’elles. Il chassa vite cette émotion pour demander :
— Tu veux essayer ?
Ewannaël fit un léger pas de recul, surpris par la proposition de son interlocuteur. Il n’avait jusqu’alors pas envisagé la possibilité de tenir le pinceau. À ses yeux, la peinture était un art réservé à des initiés talentueux, capable en quelques gestes de donner vie à des couleurs. Il ne se sentait pas digne d’un tel privilège et secoua d’abord la tête. Ezechios fit mine de ne pas l’avoir vu et lui tendit sa palette. Ewannaël l’attrapa, la posa en équilibre sur son coude comme le faisait la tunique blanche. Puis le pinceau fut offert à sa main droite et il le prit avec précaution, comme s’il pouvait se briser à chaque instant.
— Peins une pierre.
— Mais…
Cet acte était à ses yeux une transgression étrange. Pour Ewannaël, la peinture se cantonnait aux toiles, n’avait pas à se mêler à la nature. Il s’exécuta cependant, vaincu autant par sa curiosité que par le regard insistant d’Ezechios. Sans réfléchir, il choisit la couleur noire et traça quatre traits parallèles au sol. Après une courte réflexion, il les relia avec un arc de cercle sommaire. Le peintre ne fit pas le moindre commentaire sur son dessin, s’en désintéressa vite. Son attention se portait vers le ciel étoilé. Surpris que son travail ne soit ni critiqué ni valorisé, Ewannaël s’approcha de lui, lui rendit son pinceau et sa palette. Ezechios le remercia et reprit son ouvrage.
En posture d’observateur, Ewannaël remarqua que l’artiste ne regardait presque jamais sa toile. Son regard se perdait dans la nuit et pourtant, ses doigts guidaient le pinceau avec une précision méthodique. Il voulut interroger Ezechios mais n’osa le faire, craignant de le perturber. Il demeura donc silencieux un long moment, jusqu’à ce que les gestes du peintre cessent pour de bon. La toile était complète, le pan vide de la toile avait été recouvert d’un grand nuage noir. Alors, il osa poser ses questions :
— C’est fini ?
— Pas vraiment. Mais je n’avais rien de plus à y mettre. J’en commencerai une autre demain.
— Tu en fais une chaque nuit ?
— J’aimerai. Parfois, rien ne me vient.
— Tu reviendras demain soir ?
— Viens voir, peut-être que je serais là.
— Pourquoi tu ne regardes pas ce que tu peins ?
— Je préfère la beauté de ce qui m’entoure aux défauts de mon travail.
— Des défauts ? C’est magnifique.
Dans l’obscurité, Ewannaël devina sur le visage d’Ezechios un sourire un brin moqueur se dessiner. Il eut l’impression d’avoir fait une remarque naïve. Sa dernière question brisa le silence :
— Pourquoi ne pas peindre le jour ? On voit moins la nuit.
— Je ne crois pas. Il y a peu de lumières, aucun mouvement ni aucun bruit pour gêner la concentration. Alors les yeux de la nuit voient d’autres choses.
*
Deux traits bruns constituaient les murs porteurs d’un toit doré. Ce dernier avait l’épaisseur de six coups de pinceaux parallèles et protégeait d’un ciel sombre et menaçant. Plusieurs débris multicolores flottaient au-dessus de la maison, prêts à s’y précipiter à la moindre rafale. À moins qu’ils ne représentent les étoiles d’un ciel sans soleil, Ewannaël n’en était pas vraiment sûr. À vrai dire, sa toile lui semblait représenter tout autre chose de lorsqu’il l’avait terminée, une nuit plus tôt. Les couleurs du matin lui donnaient des allures lugubres alors qu’il avait voulu représenter l’abri réconfortant tant espéré. Malgré ses imperfections, il demeurait fier de son premier tableau, achevé la veille après de longues nuits d’observation.
— C’est quoi ?
Ewannaël tourna brusquement la tête. Il n’avait pas entendu Vabrinia se lever et marcher vers lui. La petite aux cheveux noirs regardait sa toile avec curiosité.
— Un tableau.
— Je sais. C’est quoi dessus ?
— Une maison.
— Votre ancienne maison avec Faè ?
— Non, notre future maison. Lorsque ma femme sera revenue et que nous partirons d’ici.
— Où irez-vous ? s’inquiéta Vabrinia.
— Je l’ignore mais tu viendras avec nous.
*
Lors de la distribution du soir, Ewannaël s’étonna de l’absence d’Alemsa. La jeune femme devait être malade. Les précédents jours, elle avait une mine fantomatique et de larges cernes. Malgré ce qu’elle lui avait fait, son état le peinait. Il n’avait pas oublié qu’il lui devait d’être tunique blanche, tous les bons moments passés ensemble. Cependant, l’animation de l’Arène chassa vite son inquiétude. Ce jour-là, elle eut même raison du souvenir persistant de sa nuit rêvée avec Jolyn.
Les gradins se vidèrent peu à peu. Il ne resta qu’une femme avec son fils, les mêmes que la veille. Arrivés une semaine plus tôt sur l’île, ils formaient un duo étrange, qui s’était vite imposé au cœur des rumeurs et moqueries. La mère, assez âgée pour avoir des petits enfants, avait le visage couvert de rides et paraissait garder constamment les yeux clos. Petite, elle avait de fins cheveux noirs et des boucles d’oreilles d’argent. Sa peau avait le même teint que celui de Vabrinia, des yeux comparables. Ewannaël aurait aimé lui demander d’où elle venait, pour en apprendre plus sur sa fille d’adoption. Malheureusement, la vieille femme ne parlait aucune de ses deux langues.
Il était difficile de donner un âge à son fils. Il avait une silhouette d’adolescent mais des jambes maigres et un visage d’enfant. Ce dernier était abîmé, comme si le garçon s’était battu à de multiples reprises. Sa dentition était irrégulière, ses pommettes déformées, son nez tordu et il avait plusieurs cicatrices de griffures sur les joues. Sa posture était étrange, sa tête toujours un peu penchée. Son regard fixe était indéchiffrable, parfois dérangeant. Cependant, ce qui perturbait le plus Ewannaël, c’étaient ses mains.
Il n’avait jamais vu tant de blessures sur dix doigts et deux paumes. Il y avait des marques de brûlures, de lames. Il arrivait souvent avec la peau des doigts déchirés et les ongles rongés à sang. Ewannaël s’était indigné de ce traitement, s’étonnant que sa mère lui fasse subir de telles sévices. Puis il avait compris qu’elle n’y était pour rien. Le garçon se les infligeait à lui-même.
Cette conclusion s’était imposée deux jours plus tôt, lorsque l’enfant avait été pris d’une crise incontrôlable. Il avait fallu trois personnes pour l’immobiliser. Il les avait mordus, griffés, frappés du front. Seul l’épuisement avait eu raison de sa rage. Sa mère avait été la première à se jeter sur lui, le serrant de toutes ses forces, encaissant ses coups sans broncher. Les yeux embués, elle avait refusé en partant que quiconque l’accompagne. Elle n’acceptait d’être aidée que pour descendre et remonter son fils dans l’arène. Le reste du temps, le garçon était promené sur une charrette de fortune avec de grandes roues.
Ce soir-là, le garçon était calme. Faè était même venue s’asseoir à côté de lui pour lui montrer son jouet favori. L’automobile miniature offerte par Alemsa fascinait le garçon et lorsque Faè la lui donna, il la promena en riant aux éclats. Ewannaël était partagé entre fierté et inquiétude pour elle. Impossible de savoir ce qui provoquait les crises du garçon ; mieux valait ne pas se tenir trop près de lui. Quant à Vabrinia, elle dessinait des petits cercles au sol, dans les amas de sable déposés par le vent.
Le garçon finit par se désintéresser du jouet et le jeta derrière lui. Les tuniques blanches s’empressèrent de le remonter tant qu’il était calme. Ewannaël vit sa fille se décomposer en découvrant que l’automobile était abîmé. Une partie du capot s’était détachée et une roue était déformée. Voir le jouet qui l’avait tant réconfortée lors des précédents mois ainsi traité la bouleversait. Vabrinia s’en aperçut et arriva près d’elle avant son père. Ewannaël s’accroupit au niveau des deux filles et posa sa main sur l’épaule de Faè.
— Il l’a cassé ! se révolta la petite.
— On le réparera, la réconforta son père.
— On le réparera, répéta Vabrinia, d’un ton de voix qui apaisa aussitôt la colère de Faè.
*
Le soleil réveilla Ewannaël trop tôt. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il lui semblait n’avoir quitté Ezechios et ses toiles que depuis une poignée de secondes. Il se redressa en frottant ses jambes endolories, regretta de ne pas s’être couché sur un matelas, comme ses filles. Il n’y était toujours pas parvenu depuis son arrivée sur l’île. Sa nuque le brûlait et la peau de ses bras avait rougi, comme lors de l’été précédent. Il savait déjà que sa peau pèlerait pour à nouveau être touchée par les rayons solaires. Ce cycle durerait toute la belle saison, lui rappelant que son corps était celui d’un étranger.
Abattu de fatigue, il tenta de se recoucher, profitant du sommeil de ses filles. Cependant, la chaleur devint vite insupportable. De longues coulées de sueur signifièrent à Ewannaël qu’il ne pourrait dormir avant le coucher du soleil. Las, il se leva et s’assit au chevet de Faè. Elle se réveilla peu après lui, vint l’embrasser. Il la prit dans ses bras et Vabrinia les rejoignit aussitôt, comme par mimétisme. Leur étreinte fut intense mais trop brève. À regret, Ewannaël vit ses deux filles s’échapper vers l’extérieur, animées par le désir de découvrir un nouveau jour. Il les suivit, curieux de retrouver les anciens.
Après seulement quelques pas, un spectacle inhabituel attira l’attention des enfants. Celui de quelques jeunes femmes et hommes bronzés jouant au ballon. Ewannaël reconnut un groupe arrivé la veille. Ils s’étaient fait remarquer car la veille, ils avaient allumé un grand feu et dansé une bonne partie de la nuit. Leur soirée avait autant éveillé de colère qu’apporté de joie. De nombreuses personnes les avaient rejoints, pour chasser l’ambiance pesante qui régnait habituellement sur le camp. Puis, ils avaient dormi sous le soleil, entassés les uns sur les autres. Leurs tenues étaient minimalistes, ils se retrouvaient poitrine nue au moindre rayon de soleil. Tous portaient un anneau de bronze au poignet.
Ce matin-là, ils jouaient avec un ballon biscornu. Leurs vêtements délimitaient un terrain inégal, et deux cercles face à face. Les tiges dressées sur chacun d’entre eux rappelèrent à Ewannaël le souvenir de Maëlval. Il avait vu des enfants jouer à ce jeu, le matin de la pire journée de sa vie. Seul, il se serait écarté de ce qui lui rappelait de tristes souvenirs mais ses filles étaient intriguées. Elles vinrent rejoindre la poignée de curieux venus observer le jeu. Il les suivit.
Les échanges entre joueurs happèrent Ewannaël, qui observa avec attention les stratégies déployées par les deux équipes. Le porteur de balle ne pouvait se déplacer, devait vite la transmettre à ses coéquipiers. La rapidité et la précision des mouvements de l’équipe de droite lui permit de renverser une première fois la tige adverse. Cependant, leurs adversaires avaient l’avantage de la pente et rendirent la pareille sur l’engagement. Ewannaël était si concentré, qu’il ne vit même pas une joueuse s’approcher de lui.
— Tu veux jouer ?
La jeune femme avait un accent rocailleux mais son message était limpide. Elle avait le front luisant et un mince sourire. Ewannaël pensa d’abord à refuser mais il se dit finalement que ce n’était qu’un jeu, qu’il ne risquait rien. Son menton se baissa. Il alla chuchoter à ses filles de rester sage et alla rejoindre les joueurs assis sur le côté du terrain, prêts à remplacer leurs camarades trop fatigués. On lui attacha un brassard de couleur bleue à l’épaule. Quelques instants seulement plus tard, un adolescent au crâne rasé lui fit signe de le remplacer.
L’inquiétude de ne pas savoir quoi faire, où se placer, disparut en quelques instants. À peine entré sur le terrain, Ewannaël sut ce qu’il fallait faire, comme si c’était inscrit dans ses gènes. Il se concentra sur les mouvements du ballon, parvint à l’intercepter et à lancer une contre-attaque. En jetant un bref regard vers ses filles, il vit qu’elles le regardaient, l’encourageaient. Sa motivation s’en trouva encore grandie.
La partie grimpa en intensité à mesure que de nouveaux joueurs arrivaient, que les spectateurs se multipliaient. Le bruit ambiant des encouragements poussa Ewannaël à se dépasser, sans prendre garde à ses limites physiques. Bientôt, il n’eut qu’un objectif : renverser la tige. La tâche s’était complexifiée avec l’abondance d’adversaires et ses stratégies avaient jusqu’alors toutes échoué. Plusieurs fois, il était parvenu en position idéale mais avait manqué le lancer décisif. Tout en défendant son camp, il réfléchit à un moyen de s’infiltrer sans être remarqué. Il avait compris que le positionnement était la clé du jeu. Comme l’occasion ne se présentait pas, il finit par décider de se placer avant même que son équipe récupère, ignorant le risque.
Sa manœuvre surprit la majorité des joueurs mais à la récupération, sa coéquipière eut la présence d’esprit de lui transmettre la balle. Voyant son geste, il jeta un bref regard autour de lui. Il pouvait faire deux foulées pour attraper le ballon au vol, puis enchaîner avec une tentative. Avec une exécution assez rapide, les défenseurs ne pourraient s’interposer. Il se jeta vers l’avant, attrapa le cuir d’un saut et tira. Le temps parut se suspendre un instant. Avant même que la tige tombe, il sut qu’il allait la toucher, qu’il avait visé juste. Pourtant, ce ne fut que lorsqu’elle toucha le sol qu’il laissa libre cours à sa joie, poussant un cri triomphal.
Ce moment d’euphorie fut aussi intense qu’éphémère. L’instant suivant, il s’était déjà replacé pour contrer l’offensive adverse. La majorité des joueurs avaient sans doute déjà oublié son coup d’éclat, mais cette intense sensation de plaisir continua d’irradier son corps de longues minutes. Son cœur battait plus vite, chacune de ses respirations avait le parfum de la victoire. Le plaisir de jeu ne le quitta pas lorsqu’il dut rejoindre les tuniques blanches. Il était ravi d’avoir vécu ce moment si spécial. Le temps de quelques heures, une simple balle avait composé un langage commun avec des dizaines d’étrangers. Ce constat avait quelque chose d’inexplicable, de magique.
Le lendemain, il revint pour jouer mais il n’y avait personne. Une vieille femme lui apprit que les jeunes gens étaient repartis pour une autre destination. Elle dit qu’ils étaient des a ne nieldius te : ceux qui ne dorment jamais deux fois au même endroit.
*
— Réveille-toi.
Entendre la voix d’Alemsa en pleine nuit arracha un cri de panique à Ewannaël. Terrifié d’avance par ce qui s’annonçait comme un nouveau cauchemar, il serra les poings. En sentant la sueur des paumes, il comprit qu’il ne rêvait pas. Il lui fallut plusieurs secondes pour distinguer précisément les traits de sa visiteuse. Elle se tenait péniblement debout et un filet de fumée s’échappait de ses mains. Elle avait consommé les herbes magiques. Cette vision lui rappela la nuit où elle avait abusé de sa faiblesse. Il fit un geste de recul, la regardant avec animosité. Il n’osa se lever, craignant sa réaction si la colère le dominait. Il avait trop honte de ce qu’il avait fait à Armen.
— Qu’est-ce que tu veux ?
— Viens, je t’ai apporté les plantes à rêver.
— Je n’en veux pas.
— Pourquoi ? Tu n’es pas content de ton précédent rêve.
— Tu m’as emmené dans ta tente alors que je le ne le voulais pas.
— Comment ? C’est toi qui voulais venir ! C’est toi qui as commencé à m’embrasser !
— Jamais je ne ferai une chose pareille !
— Quand on rêve, on n’est plus la même personne. Nos instincts se réveillent et quand c’est fini, on a oublié. Je te jure que jamais je n’aurais abusé de toi.
La promesse d’Alemsa avait un accent de vérité et les certitudes d’Ewannaël vacillèrent. Et si ce qu’elle disait était vrai ? Il ne gardait jusqu’alors aucun souvenir de cette soirée extraordinaire mais les paroles d’Alemsa ramenèrent quelques bribes qui allaient dans le sens de ses affirmations. Il se revit la regarder droit dans les yeux, caresser sa nuque. En y repensant, ses traits s’étaient mêlés avec ceux de Jolyn. Cela expliquait l’incroyable réalisme de son rêve. Voyant qu’il doutait, Alemsa ajouta :
— Je te promet de ne plus jamais faire une chose pareille et même de te repousser s’il le faut. Mais viens avec moi, allons rêver ensemble !
— Impossible, il y a mes filles.
— Ezechios peint jusqu’à côté. Je le préviendrai. Je sais que tu en as envie, prends !
Tout son esprit le poussait à dire non, à rejeter cette plante qui l’avait rendu si vulnérable et à chasser cette femme indigne de confiance. Cependant, son corps avait une furieuse envie de regoûter aux sensations fantastiques du rêve, de revoir le visage de Jolyn.
Sa paume s’ouvrit.
Je continue l’exploration de cette histoire bien étrange, autant que captivante, qui se déroule dans un monde imaginaire tellement proche du nôtre en fin de compte. Même le foot !
Ce chapitre me semble être une digression, un repos, qui s’achève par la résurgence de la menace que constitue Alemsa.
On y trouve le titre de la fiction. Les yeux de la nuit sont donc ceux qui permettent de voir ce que l’on ne voit pas dans trop de clarté. Je suppose qu’il va falloir être attentif à cet indice dans la suite.
Petite remarque. Confusion futur/conditionnel, par exemple dans « — J’aimerai. Parfois, rien ne me vient. » Le conditionnel serait mieux.
À plus
Effectivement ce passage sur l'île coincide avec une ambiance un peu plus étrange, tant mieux si ça fonctionne !
Oui, une partie de digression, je me questionne un peu sur le fait de tout garder ou non.
En effet, c'est une des significations du titre, il y a d'autres interprétations possibles (=
Bien vu pour ce passage, je vais modifier.
Merci de ton retour !
Je retrouve avec plaisir l'histoire d'Ewannaël, toujours aussi particulière et riche en émotions. Je crois me souvenir que je t'avais dit que le chapitre précédent était assez lent : c'est beaucoup moins le cas avec celui-ci. Certes, le rythme de la narration reste le même, mais il se passe davantage de choses qui brisent la langueur et l'impression de mélancolie rébarbative. En d'autres termes, Ewan est toujours avec les réfugiés, il pense toujours à Jolyn, le scénario principal n'avance pas des masses, mais le match sport et la scène de peinture viennent agréablement compenser ce côté "figé" de l'histoire.
Tiens, parlons-en de ces deux passages. Pour moi, ce sont clairement les deux points forts du chapitre. La scène de la peinture tout d'abord : tu réussis encore une fois à merveille à nous transmettre tout un panel d'émotions avec peu de mots, par petites touches, avec finesse. J'aime l'admiration d'Ewan la première fois qu'il contemple la toile d'Ezechios, j'aime que tu ne t'attardes pas à la décrire en détail mais plutôt comme un jeu de couleurs pour laisser le lecteur se la représenter à sa manière. J'aime aussi la façon dont Ezechios regarde le ciel et la nuit pendant qu'il peint, comme s'il découvrait la beauté du monde sous un autre prisme... D'ailleurs c'est à cette occasion qu'on retrouve pour la première fois (je crois ?) le titre de ton histoire, "les yeux de la nuit", et ça fait beaucoup de sens de l'amener ainsi. Bref, un beau moment de contemplation qui rajoute une touche de poésie supplémentaire à ton histoire :)
Allez, je chipote un peu quand même : puisqu'ils sont réfugiés sur une île (si je me rappelle bien) et pauvres, où Ezechios trouve-t-il son nécessaire de peinture et de nouvelles toiles ? Mais la même question pourrait se poser quant à l'origine de la nourriture distribuée par les tuniques blanches.
Venons-en au sport. Là aussi, c'est un autre moment clé du chapitre. C'est celui qui ramène un peu de rythme dans le récit, qui brise la monotonie de la narration alors que pourtant, il ne fait pas avancer l'histoire. C'est fichtrement malin. On se représente les joueurs qui courent, qui se passent la balle, il y a du mouvement, de l'intensité, la joie d'Ewan lorsqu'il marque un point. Et du coup on sort complètement, pendant un bref instant, de cette langueur monotone qui s'était installée depuis quelques chapitres. La beauté du sport ;)
Bon par contre, la fin du chapitre ça pue un peu pour Ewan. On devine bien qu'il va connaître les affres d'une nouvelle addiction. Décidément, tu n'épargnes vraiment pas ton personnage. Mais c'est un beau récit de vie, d'apprentissage de l'autre et de résilience, alors je crois encore dans une fin heureuse.
Au plaisir de découvrir la suite,
Ori'
Content de lire ce retour ! Oui, ces scènes servent plus les thèmes de l'histoire et les personnages que le scénario, ce qui peut se discuter et que je dois encore réfléchir mais ça me fait plaisir de voir qu'elles ont pu apporter de l'intensité et de la poésie à ce chapitre.
Oui, évidemment le chemin est encore long et difficile. Je ne dis rien pour la fin mais tu as raison d'être optimiste, il faut toujours l'être (=
Merci beaucoup de ton retour !!
A bientôt
Mon dieu que j'aime ton histoire ! Je ne vois rien passé, tellement je suis plongée dans le récit. c'est fluide, beau, triste, joyeux, et c'est très bien décrit. même si je ne vient pas aussi souvent que je le voudrais, je replonge dans les aventures d'Ewannaël dès les premiers mots, c'est simplement magique.
Merci infiniment de partager.
Au plaisir
Ca m'a super plaisir de lire ton retour ! Je suis trop content de te faire voyager avec Ewan (=
Merci beaucoup !
A très vite (=
J'imagine (j'espère) que tu es en vacances, si c'est le cas je te souhaite de bien profiter !
Alors ça m'a fait plaisir de replonger dans ton histoire si particulière !
J'ai vu dans les commentaires que certaines personnes pouvaient être gênées par le fait qu'on ne sait pas où on va et que le rythme est assez lent, alors tu t'en doutes sans doute mais moi ça me gêne absolument pas ^^ Après je ne suis peut-être pas une référence : je trouve rarement que c'est trop lent au contraire x) Et le fait qu'on ne sache pas où on va ne fait qu'augmenter ma curiosité ahah.
Ensuite, sur ce chapitre en particulier, j'ai vraiment bien aimé la mention des gamines, leur lien avec Ewan est vraiment doux et touchant.
Beaucoup apprécié le passage sur le sport, c'était assez grisant à lire, on ressent facilement toute l'euphorie et le côté communicatif et communautaire du moment ! Je ne suis pas sûre de bien avoir compris les règles, notamment par rapport aux tiges, mais c'est pas bien grave, ça n'enlève rien au ressenti ^^
Ensuite, petite remarque sur les herbes que lui donne Alemsa. Alors je trouve très cool de parler de drogues ou substances psychotropes, c'est assez réaliste et sensé dans une histoire qui traite d'autant de misère. Ça mue semble être un réconfort malheureusement très commun et logique.
Néanmoins, j'ai une remarque : sur le fait qu'Alemsa a abusé de lui. Alors, sur le fond, pas de souci, c'est même intéressant. Puis ça pose pas mal de questions sur le consentement, notamment après avoir ingéré des substances, quand on "parait" consentant mais qu'en fait non. Mais moi ce qui me dérange plus, c'est que c'est la deuxième fois qu'Ewan se fait abuser et qui plus est par une femme. Et donc ce qui me dérange un peu c'est que pour l'instant on a deux représentations de femmes dans ton histoire : la femme parfaite désirée, l'épouse dont on se languit (Jolyn) VS les femmes qui rencontrent Ewan et qui semblent guidées uniquement par leur désir envers un homme (donc Alemsa et sa soeur dont j'ai oublié le nom je suis désolée ahah), et comme par hasard, le personnage principal qui est misérable, faible, etc. Je trouve ça dommage qu'on ait pour l'instant que ces deux figures là de femmes mémorables. Sinon, on a les gamines mais ce sont que des gamines.
Mais du coup voilà on a l'impression que les femmes autour d'Ewan ben soit elles le désirent, soit c'est lui qui les désire. Et du coup, ça laisse peu de place à tout le reste : l'amitié, le respect, l'apprentissage, la connivence, ou même la haine, la méfiance, etc.
Comme si, quand on a un homme et une femme, on est OBLIGE d'avoir du désir entre eux, consentant ou pas. Comme si les femmes étaient là que pour être objets de désir aussi (soit en le ressentant soit en était le réceptacle du désir d'Ewan). Je sais pas si tu vois ce que je veux dire ? Et moi ça m'embête un peu. ^^
Bon peut-être que je pars trop loin, tu me diras ^^ Mais je voulais quand même te partager mon ressenti ! Hésite pas à venir sur Discord si tu veux qu'on en parle plus ;)
Maintenant, mes remarques chiantes :
"La petite aux cheveux noirs et aux yeux bridés" --> attention à ce genre d'expression, sauf erreur, à vérifier mais je crois que c'est très connoté négativement de parler d'yeux bridés donc ouais, à vérifier :)
"Ewannaël était partagé entre la fierté de sa fille et l’inquiétude pour elle." --> mal formulé je pense, on dirait que c'est sa fille qui est fière, mais c'est plutôt lui qui ressent de la fierté pour elle ?
"Une partie du capot s’était détaché" --> détachée*
" animées par le désir de découvrir un nouveau jour. Il les suivit, animé par le désir de retrouver les anciens." --> répétition de "animé par le désir de" :)
"Les échanges entre jouileurs " --> joueurs ?
"il finit par décider de se placer avant même que son équipe récupère, de la laisser en infériorité numérique pour être plus proche de sa cible." --> la fin de la phrase me semble confuse, je ne comprends pas bien l'idée à partir de la virgule ?
Voilà voilà j'en ai terminé avec mes remarques pénibles ahah
Un plaisir comme d'habitude, et à bientôt pour la suite ;)
Comme quoi, les goûts et les couleurs... Mais je ne vais pas passer trop de chapitres dans le contemplatif non plus, tu t'en doutes xD
Pas vraiment en vacances, j'ai fait quelques colos ça m'a permis de couper un peu c'était chouette, là reprise depuis 2 semaines eheh
Oui, je ne suis pas complètement sûr d'être moi-même complètement au clair avec les règles xD
Content que tu aies apprécié le fait de parler de consommation etc..
Oui, ton retour sur la représentation féminine est hyper juste. Alors autant Armen est exactement ce que je voulais représenter, autant Alemsa sera sûrement retouchée car je souhaite un personnage bien plus "gris". Pour la représentation féminine, tu vas voir que je vais développer pas mal d'autres personnages par la suite mais je ne t'en dit pas trop. Oui, on pourra en discuter sur Discord^^
Oui, c'est vrai que les yeux bridés est pas forcément très neutre, je vais enlever.
Pas de soucis, elles sont toujours très utiles pour déceler les petits points d'amélioration (=
Merci beaucoup de ton retour !!
A bientôt (=
Ça va reprendre un peu le commentaire que je laissai sur ton chapitre précédent, mais je trouve dans celui-ci encore qu'il y a certaines longueurs.
Il se passe beaucoup de choses, mais sans qu'il ne se passe beaucoup de choses.
Alors ça représente très bien l'attente de Ewannaël ! Mais je me demande où va l'histoire. À cet instant, je serai complètement incapable de deviner vers où on va, combien de temps on va rester là, si on va rester là pour toujours...
J'ai aimé le passage de la peinture nocturne. Étant donné que la réplique d'Ezechios, qui reprend le titre du roman, j'imagine que le thème reviendra.
Le passage sportif était mignon, et apportait une certaine douceur (dans le fait qu'Ewannaël a droit à une parenthèse de détente) mais je ne suis pas certaine de ce qu'il apporte à l'histoire.
J'ai eu de la peine pour le petit garçon qui se mutile. La compassion de Faè passant bien vite, je me demande si ça n'aurait pas été l'occasion de lui apprendre que certaines personnes souffrent de maladies particulières plutôt que de la rassurer sur son jouet cassé (ou les deux, soit). Je ne sais pas si Ewannaël n'a jamais vu ce genre de scène, si rien n'était comparable chez lui, ou s'il est tout simplement blasé, mais je crois que cette scène manquait un peu d'empathie au global. Tu présentes une situation de handicap/de maladie (je n'arrive pas à définir le mal dont le garçon souffre) mais je n'en tire aucun à propos, pas même un questionnement de notre protagoniste. Comme si l'on disait simplement "eh bien, ça existe, et voilà", puis que l'on passait à autre chose.
Voilà pour mes remarques sur ce chapitre ! :) À bientôt.
On arrive quand même à la fin de la période d'attente, ça va s'accélérer par la suite.
Pour le sport comme pour le handicap du garçon, c'est vrai que les apports sur l'histoire peuvent sembler trop léger, c'est quelque chose qu'il faut que je réfléchisse. Il y a sans doute mieux à faire.
Merci de tes retours ! Tu approches de la fin de l'arc Ewannaël, hâte de lire tes prochains commentaires.
A bientôt !
Je me sens mieux, du coup j’ai décidé de venir lire la suite des Yeux de la Nuit ^^
Le début est très intéressant, avec Ewannaël qui regarde Ezechios peindre et fini par se mettre à peindre lui aussi. C’est bien qu’il soit en contact avec quelqu’un qui n’essaye pas de l’exploiter et de lui faire du mal !
Et c’est trop bien de voir Vabrinia s’exprimer ! Par contre ça fait combien de temps qu’elle vit avec eux, déjà ? Ce serait bien de mettre un peu plus d’indications temporelles, parce qu’on fini par s’y perdre...
« Cette conclusion s’était imposée deux jours plus tôt, lorsque l’enfant avait été pris d’une crise incontrôlable. Il avait fallu trois personnes pour l’immobiliser. Il les avait mordus, griffés, frappés du front. Seul l’épuisement avait eu raison de sa rage. Sa mère avait été la première à se jeter sur lui, le serrant de toutes ses forces, encaissant ses coups sans broncher. Les yeux embués, elle avait refusé en partant que quiconque l’accompagne. Elle n’acceptait d’être aidée que pour descendre et remonter son fils dans l’arène. Le reste du temps, le garçon était promené sur une charrette de fortune avec de grandes roues. »
> Ce passage est d’une violence inouïe et j’ai vraiment eu du mal à le lire. J’ai carrément dû faire une pause dans ma lecture tellement c’était horrible !
Immobiliser quelqu’un est un geste extrêmement violent, qui ne peut en aucun cas être infligé à la légère. D’autant plus sur un enfant. Si une personne est en train d’en tabasser une autre, ou est sur le point de se suicider, je peux comprendre qu’il soit nécessaire d’intervenir de toute urgence en ayant recours à ce genre de choses. Mais là ? Vraiment, je ne comprends pas ce qu’à bien pu faire ce pauvre garçon pour mériter un tel traitement ! Et clairement, faire une crise du style crier/s’agiter/fracasser des objets/s’automutiler n’est en aucun cas une raison légitime pour se jeter sur lui.
Enfin déjà ce serait bien d’avoir plus de détails sur les faits et gestes du garçon. Parce qu’être « pris d’une crise incontrôlable » ce n’est pas très explicite et ne permet pas de se représenter de façon claire son comportement. Je suppose qu’il était en train de se faire du mal à lui-même, étant donné les propos d’Ewannaël dans le paragraphe précédent. Mais sans détails, on peut s’imaginer tout et n’importe quoi, et c’est assez gênant de rester dans le flou à ce sujet.
Enfin bref, quoi qu’il en soit, cet enfant semblait être en détresse. Logiquement, si sa mère avait été une bonne personne, elle aurait dû chercher à comprendre ce qui le rendait mal et essayer de l’apaiser. Mais non, elle préfère le violenter en se jetant sur lui. Comportement insensé qui a toutes les chances d’empirer les choses. J’imagine que les gens autour les regardent de travers en se demandant ce qui se passe. Sauf que deux adultes inconnus se permettent de se jeter à leur tour sur le garçon… Pour quelle raison, au juste ? Et pourquoi aucun témoin ne se dit que le pauvre petit est sûrement terrorisé d’avoir 3 adultes, dont 2 inconnus, qui l’empêchent de bouger ? La totalité des gens de cette île sont dénué d’empathie et adepte de violence sur les enfants ?
Perso, devant une scène pareille, je tente aussitôt d’intervenir pour libérer le petit. Sinon, le pauvre risque d’être traumatisé, voir même de mourir asphyxié si jamais un de ses agresseurs lui comprime les poumons.
Là, cet enfant est totalement déshumanisé. Personne n’essaye de se mettre à sa place, personne ne se demande ce qu’il ressent ou pourquoi il agit comme il le fait. Personne ne lui demande son avis avant de le toucher. Personne ne le considère comme un être humain à part entière, et encore moins comme un être vulnérable parce que pas encore adulte, en plus d’être apparemment handicapé et incapable de marcher. Il est réduit au rang de bête sauvage qu’on oblige à obéir par la force. C’est absolument épouvantable.
Désolée pour le pavé, mais ce passage m’a beaucoup choquée, et la déshumanisation et violence à l’encontre des enfants, c’est vraiment un point sensible pour moi. Ça m’a aussi fait remonter tout un flot de mauvais souvenirs.
« Les échanges entre jouileurs happèrent Ewannaël, qui observa avec attention les stratégies déployées par les deux équipes. »
> joueurs ?
« Sa manœuvre surprit la majorité des joueurs mais à la récupération, sa coéquipière eut la présence d’équipe de lui transmettre la balle. »
> présence d’esprit ?
Contente de voir Ewannaël s’amuser un peu ! Il est hyper à l’aise avec un ballon en plus XD Dommage que le groupe ne soit resté qu’une journée…
Alemsa, Alemsa… Mais qu’elle s’étouffe avec ses herbes, celle-là ! C’est horrible comment elle embrouille Ewannaël et le pousse à consommer ses « plantes à rêver », histoire de bien l’enfoncer encore plus… Je la déteste ! Mais je comprends que le pauvre Ewannaël soit trop désespéré pour la repousser…
Je repasse bientôt lire la suite !
Content de te relire !
Oui, Ezechios équilibre un peu le ratio bonnes / mauvaises rencontres d'Ewan xD (du moins pour l'instant)
En effet, le temps est difficile à situer sur l'île, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose vu qu'Ewannaël s'y est aussi complètement perdu
Ta réaction sur le garçon est hyper intéressante. Ca me fait me questionner sur l'intérêt de ce personnage dans le récit. Ca bougera forcément à la réécriture.
Bien corrigé tes petites remarques !
Oui, ça fait du bien un peu de détente.
Merci beaucoup de ton commentaire !!
A bientôt (=
Il me semble que tu n'es pas sur discord donc je te remercie ici. Merci infinement pour la nomination de mon histoire. Ca me touche beaucoup. Surtout dans cette catégorie ...
Tous tes commentaires depuis le début de cette aventure d'écriture ne sont pas pour rien dans là où elle en est aujourd'hui. Un grand, grand merci !!!
Je voulais justement reprendre ma lecture de ton roman ce soir, mais j'ai été distraite par des corrections à faire sur mon dernier chapitre... Enfin, bref.
J'adore Les Yeux de la Nuit ! Depuis la dernière fois j'ai relu les chapitres 9, 10 et 11, et c'était un vrai plaisir de revoir Ewannaël faire ses premiers pas avec sa fille sur cette mystérieuse île remplie de clandestins, et puis l'arrivée de la petite Vabrinia surtout, j'adore tellement le duo que forme les deux sœurs adoptives !
Dans mon souvenir j'avais moins aimé le 12 par contre... Mais en tout cas c'était une bonne idée de me rafraichir la mémoire avec tous les détails, comme ça je profiterai mieux de la suite !
Tant mieux si mes commentaires t'ont été utile !
C'était une évidence de nominer ce roman dans la catégorie histoire préférée <3
Merci à toi aussi d'ailleurs d'avoir nominé mon roman et mes poèmes. Ça me fait très plaisir !
Je comprends que le 12 plaise moins, c'est un moment de l'histoire que j'envisage de pas mal retravailler.
Trop chouette que tu apprécies le duo Vabrinia / Faé, il n'est pas anodin eheh
"C'était une évidence de nominer ce roman dans la catégorie histoire préférée <3" Rohhh, encore merci !!!
Avec plaisir, j'espère pouvoir les faire découvrir à pas mal de plumes (=
Ce chapitre commence fort, avec Ewan qui préfère ses rêves à la réalité et en néglige ses filles. Il me fait vraiment de la peine, on voit qu'il souffre. Et quand je pense à ce qu'Alemsa lui a fait ! Il se coltine les abus et les personnes mal intentionnées. (Un peu de répit pour ton personnage principal Edouard, stp ?)
La discussion avec Ezechios m'a beaucoup plu. Ça fait plaisir de voir Ewan interagir avec quelqu'un qui est somme toute assez peu intéressé par lui. D'autant plus que c'est un artiste ; sa vision de la peinture va peut-être permettre de donner ne nouvelle perspective à Ewan en la matière, après ses souvenirs de toiles entachés d'Armen.
"Il y a peu de lumières, aucun mouvement ni aucun bruit pour gêner la concentration. Alors les yeux de la nuit voient d’autres choses." --> Titre repéré ! Je note cet indice pour plus tard...
L'inquiétude d'Ewan pour Alemsa renforce sa personnalité. C'est vraiment quelqu'un de bien, tendant vers le pardon. Ça me le rend encore plus sympathique - et ça m'inquiète. Parce qu'à tous les coups, sa bonne nature va encore se retourner contre lui...
"De longues coulées de sueur signifièrent à Ewannaël qu’il ne pourrait dormir avant le coucher du soleil. " pas grand-chose, mais je trouve cette phrase bizarrement tournée, même si on comprend. Peut-être dire que la sueur l'empêche de se rendormir ?
"Ewannaël sut ce qu’il fallait faire, comme si c’était inscrit dans ses gênes. " --> petite coquille : gène. Sinon, Ewan, le nouveau Zidane ? x)
RAAAAH ALEMSA !!!! Qui pousse à la consommation !!! Je sais qu'elle est victime de son addiction, mais quand même. Urgh. J'ai peur de ce qui va se passer dans le prochain chapitre...
Vraiment un bon chapitre, j'apprécie de plus en plus de voir le monde entier débarquer dans l'Arène. Hâte (et peur) de lire la suite !
Oui, le pauvre enchaîne les ennuis^^ Malheureusement, c'est un cercle vicieux.
Content que tu aies apprécié la discussion avec Ezechios. Ce personnage est un peu sorti de nulle part mais je trouve qu'il s'intègre finalement plutôt bien au récit.
"Titre repéré ! Je note cet indice pour plus tard..." Bien vu ehhe
"L'inquiétude d'Ewan pour Alemsa renforce sa personnalité. C'est vraiment quelqu'un de bien, tendant vers le pardon. Ça me le rend encore plus sympathique - et ça m'inquiète. Parce qu'à tous les coups, sa bonne nature va encore se retourner contre lui..." Oui, on peut se questionner sur s'il a raison d'agir ainsi après tout ce qui lui est arrivé...
"Sinon, Ewan, le nouveau Zidane ? x)" mdrr
Oui, Alemsa le met dans une bien mauvaise situation...
Merci beaucoup de ton retour !
A bientôt (=
Tout d'abord, je suis super contente que tu ai posté un chapitre, j'avais plus que hâte de lire la suite !
J'ai vraiment eu un coup de coeur sur la scène de peinture avec Ezechios, très belle, on imagine vraiment la scène. La chute : "Alors les yeux de la nuit voient d’autres choses." est INCROYABLE, vraiment.
C'est terrible, la description de cette mère et son fils qui a l'air de souffrir énormément, ça nous rappelle la misère qui règne dans cet endroit.
Vabrinia est intriguante, elle fait très mature (même plus que Faè), hâte de voir ce qu'elle va devenir.
La scène de sport est très bien écrite, on ressent l'adrénaline du jeu, l'implication d'Ewannaël, ça fait plaisir de le voir lâcher prise un court instant.
Par contre, la chute du chapitre, NONNNNN !!! Je suis tellement dégoûtée, même si c'était plus que prévisible. C'est effrayant de voir la menace de l'addiction peser sur notre pauvre protagoniste. La dernière phrase fait froid dans le dos...
Hâte (ou pas, à voir) de découvrir la suite !
Content que tu aies apprécié la scène de peinture et les descriptions du camp.
Intéressant que tu vois Vabrinia comme plus mature.
Oui, la menace est plus présente que jamais, à voir si Ewannaël parviendra à ne pas plonger.
Merci de ton commentaire !
A bientôt (=