Chapitre 12 - Elian - Titre

Elian s'éveilla dans une barque. Ses mains étaient liées dans son dos. Un bâillon sous un sac de cuir enveloppant sa tête l'empêchait de parler. Un nœud serré maintenait ses chevilles attachées. Une corde autour de son cou l'empêchait de se redresser. Elian avait terriblement mal au crâne. Elle se plaça en repos méditatif pour ressentir une intense difficulté à le faire. La nature, ici, réagissait différemment comme si, d’un côté on lui donnait et de l’autre, on lui prenait.

Le temps passa. Elian n’eut à aucun moment la moindre possibilité d’évasion. On ne lui adressa jamais la parole. Elle fut portée comme un sac de marchandises puis ses jambes furent détachées mais elle s’écroula, terrassée par une force invisible qui lui volait sa vie de l’intérieur.

On l’aida à se relever puis on la poussa, la forçant à avancer à un rythme fou dans cette horreur sans nom. Ce trajet fut le pire qu’elle connut. L’environnement pénétrait au plus profond de son âme pour voler toute trace d’énergie vitale. Elian gémissait mais aucun répit ne lui fut offert.

Elian se sentait mal. Les vertiges ne la lâchaient plus. Enfin la nature revint et elle put retrouver un semblant d’équilibre. Le sol changea. Elle reconnut des couloirs, des escaliers et enfin, on la lâcha. Elle entendit une porte se fermer et elle se comprit seule. Elle tenta une fois de plus de retirer les liens maintenant ses poignets dans son dos. Ce fut vain.

Elle recula prudemment jusqu’à rencontrer un mur. Elle s’y adossa puis descendit jusqu’au sol pour s’asseoir. Elle plongea en méditation. Dans cet état, elle percevait finement le monde qui l’entourait et elle se sut sous terre, dans une geôle. Cette révélation la sortit de méditation. Elle était dans un petit endroit clos. Elle gémit dans son bâillon. Elle retrouvait son enfance et ses terreurs, la malle, la peur, l’angoisse. Elle tira sur ses liens mais rien n’y fit.

Du bruit se fit entendre près d’elle. Elle fit son possible pour cacher sa peur. Elle entendit la porte s’ouvrir, des pas vers elle et le sac de cuir fut retiré de sa tête pour découvrir…

Ses traits étaient ceux de Beïlan mais sa peau… noire et non blanche… ses cheveux… noirs et non dorés… ses yeux sombres et plus bleus.

Cela ne l’enlaidissait pas. Bien au contraire ! L’identité elfe noir lui allait à merveille. Il resplendissait. Elian cligna plusieurs fois des yeux, hagarde. Comment une telle chose était-elle possible ?

Accroupi devant elle, il susurra :

- Tu es belle, magnifique. Je ne vais pas te tuer. Ça serait du gâchis.

Brian aurait été tué s’il était entré à Irin. Elian n’avait survécu que parce qu’elle était désirable. Elle secoua la tête, dégoûtée. Elle n’avait même pas réussi à remplir sa mission. Ceïlan ne parviendrait pas à rallier davantage d’elfes d’Irin à sa cause. Elian espéra que ceux déjà présents suffiraient à faire pencher la balance du côté de Falathon.

Beïlan s’approcha d’elle et lorsque sa main effleura ses hanches, Elian lui lança son pied dans l’entrejambe. Beïlan évita agilement le coup et resta ensuite à bonne distance.

- Je ne veux pas t’abîmer. Tu es trop belle. Quelques temps seule, dans le noir, te rendront sûrement plus docile.

Elian grogna mais le bâillon sur sa bouche l’empêcha de répondre de manière compréhensible. Il referma la porte et le noir fut total. Elian connaissait maintenant son environnement mais c’était pire. Avant, elle pouvait imaginer son lieu d’enfermement. La réalité s’imposait maintenant sans pouvoir disparaître.

Elian crut sombrer dans la folie. Elle trouva une solution : méditer et se concentrer sur ce qu’elle percevait de l’extérieur. Au début, cela fut ténu car elle ne ressentit la présence d’aucune plante ni d’aucun animal. La seule vie était lointaine, différente, insaisissable.

Elle persévéra et rapidement, l’énergie vitale des elfes noirs lui parvint. Elle la saisit, découvrant ses contours, ses limites jusqu’à parvenir à reconnaître des marchés animés, des enfants qui couraient en riant, des tailleurs, des bijoutiers, des poissonniers, des charrettes.

- Tu sais qu’il fait beau dehors ? Un temps magnifique, dit Beïlan lors de sa seconde visite. Tu veux sortir ?

Elian dit « non » de la tête. Beïlan, à distance de sécurité pour ne pas se prendre un coup, disparut, la laissant encore seule.

Elian plongea en méditation, le suivant à distance, remontant à la surface, écoutant une conversation, là-haut, dans une langue inconnue très différente de tout ce qu’elle connaissait. Elle écouta les échanges, les mots des crieurs de rue, les jeux des enfants, les cris des combats, les rires des fêtes.

- Pas trop douloureuse, la mâchoire ? demanda Beïlan en souriant.

Elian le foudroya des yeux. L’ayant entendu arriver, elle s’était levée et ce simple fait l’avait énormément surpris. Il restait à une distance confortable.

Elian n’avait plus d’arme, ses mains étaient liées dans son dos et un bâillon serré l’empêchait de prononcer un son et pourtant, Beïlan se méfiait. Il ne sous-estimait pas son adversaire.

Pourquoi craindre une simple comtesse sudiste ? Non, il la redoutait trop. Il avait forcément des informations la concernant. Elian comprit qu’il ne relâcherait jamais son attention. Elle ne pourrait jamais le prendre par surprise ou profiter d’un moment de faiblesse. Elle était condamnée à demeurer dans ce cachot humide.

Le temps passant, les sons devinrent syllabes, mots, phrases, discours compréhensible. Le bâillon l’empêchait de s’entraîner à prononcer mais l’amhric, la langue des elfes noirs, se construisit dans son palais mental.

- Suis-moi, ordonna un jour Beïlan.

Elian obéit, trop heureuse de sortir enfin de sa geôle. Des volées de marches et Elian sourit. Bouger faisait du bien. Elle ne fut guère surprise de découvrir une chambre comme lieu d’arrivée.

- Je vais m’approcher pour retirer ton bâillon, prévint Beïlan. Tourne-moi le dos.

Elian s’exécuta. Il ne perdit à aucun moment de sa vigilance et elle ne tenta rien. Retrouver l’usage de sa mâchoire valait bien d’accepter la présence proche du roi des elfes des bois. Enfin capable d’avaler sa salive, Elian se découvrit assoiffée mais Beïlan ne lui offrit rien.

- Regarde par la fenêtre.

Le bâillon, oui, les entraves aux poignets, non. Il se montrait très prudent. Elian s’avança, heureuse d’apercevoir un peu de ciel bleu. Un grand bâtiment en pierre, bien conçu, propre, une cour intérieure de petits cailloux, de rares passants, poissonniers et enfants principalement. Aucun n’accordait d’importance à la scène se déroulant sous leurs yeux et les cris de Laellia ne les faisaient même pas ciller. Elian frémit.

- Ta meilleure amie, n’est-ce pas ? susurra Beïlan depuis l’autre côté de la pièce.

Elian serra les dents. Un coup de fouet tomba. Les hurlements de la jeune femme amenèrent les larmes aux yeux à Elian.

- Tu es trop belle pour être abîmée, dit Beïlan qui s’était approché. Ce n’est pas son cas. Je peux la défigurer sans en avoir rien à faire. Le bourreau a ordre de ne s’arrêter que sur mon ordre.

Laellia hurla une fois de plus.

- Quelle valeur mets-tu sur cette partie-là de ton corps pour laisser faire cela ? chuchota Beïlan qui collait maintenant Elian.

Elian ne put s’empêcher de pleurer tandis qu’il lui embrassait le cou et qu’elle le laissait faire.

- Bel ange, murmura-t-il.

Elian ressentit une poussée de haine à ces mots mais le hurlement de terreur de Laellia la ramena à ce qui se passait dehors.

- Fais cesser, supplia Elian. Je me laisserai faire.

Beïlan fit un geste par la fenêtre et le bourreau posa son arme.

- Un geste de ma part… ou que je ne reparaisse pas bientôt et il reprendra.

- Qu’est-ce qui se passe ici ?

Elian sursauta à la porte qui s’ouvrit à la volée et à l’exclamation poussée en amhric. Un elfe noir entra, visiblement très en colère.

- Mais qu’est-ce que tu fabriques ! s’écria le nouveau venu toujours en amhric.

- Ceci sont mes appartements privés ! s’exclama Beïlan dans un amhric parfait.

- Je suis le roi, indiqua le nouveau venu. Rien n’est privé pour moi. Réponds-moi maintenant !

Il sembla seulement se rendre compte de la présence d’Elian. Il s’approcha d’elle mais Beïlan le retint d’un geste.

- Méfie-toi. Elle sait se battre…

Le roi explosa de rire.

- Tu as peur d’un lionceau attaché ? Pauvre de toi…

Elian baissa les yeux et laissa le roi des elfes noirs la toucher et la manipuler sans rien oser. Son expertise en combat lui avait permis, en un clin d’œil, de reconnaître bien meilleur qu’elle. De plus, si Beïlan ne souhaitait pas la blesser physiquement de peur de l’abîmer, ça ne serait probablement pas le cas de celui-là.

- Tu ne penses vraiment qu’avec ta bite, accusa le roi en regardant Beïlan, tournant ainsi ostensiblement le dos à la prisonnière, preuve qu’il ne la craignait absolument pas. Tu sais qui sait ?

- Elian comtesse d’Anargh, répondit Beïlan, archère émérite et assassin.

Elian frémit à ce dernier titre. Assassin ? Pourquoi lui donnait-il ce… Soudain elle comprit. Elle avait tué l’assassin venu s’occuper d’elle. Cela lui donnait le droit d’entrer dans la guilde, si elle en faisait la demande, ce qu’elle n’avait pas fait. Nul ne pouvait connaître son geste effectué sans témoin au milieu de nulle part sous une pluie battante. Et même si quelqu’un l’avait vue, comment Beïlan, roi des elfes des bois, pouvait-il être au courant ? Cela la dépassait !

- Notre allié la veut morte, je sais, continua Beïlan d’un ton las, mais franchement, ici, elle ne peut pas lui nuire. Je peux bien la baiser. Je suis sûr qu’il n’y verra aucun inconvénient.

Leur allié la voulait morte ? s’exclama Elian en pensées. De qui pouvait-il s’agir ? De celui ayant commandité son meurtre à la guilde des assassins, sans aucun doute, quelqu’un de riche vu le montant de la prime. Il était allié aux elfes noirs ? Cela n’avait aucun sens.

- Putain d’elfes des bois qui ne pensent qu’à baiser… maugréa le roi. Nous sommes en guerre, tu le sais ?

Beïlan hocha la tête tout en haussant les épaules.

- Et tu as quitté Irin depuis tout ce temps pour baiser ?

- Je ne peux rien faire de plus là-bas, répliqua Beïlan.

- Faire taire ton frère, peut-être ? proposa le roi. Le nombre de dissidents augmente et leurs flèches massacrent les nôtres sous les remparts de Tur-Anion, tu es au courant ?

Elian frémit. Ainsi, les elfes noirs avaient atteint la capitale mais les dissidents sur les remparts permettaient à la ville de tenir.

- Ceux d’Irin ne bougent pas, rappela Beïlan, grâce à moi. J’ai donné mes ordres. Je ne peux rien faire de plus. Ceïlan a depuis longtemps quitté Irin. Il est hors de portée.

- En ton absence, rien ne l’empêche de se promener à Irin et de convaincre le plus d’elfes possible de sortir. Bientôt, il n’y aura plus que des femmes et des enfants là-bas.

Beïlan haussa les épaules, indiquant qu’il n’en avait cure.

- Je te le répète : sais-tu qui sait ? demanda le roi en désignant Elian dans son dos.

Beïlan indiqua d’un geste qu’il ne comprenait pas. Il avait déjà répondu à cette question. Pourquoi une telle insistance ?

- Comtesse ? répéta le roi. Tu crois qu’elle est humaine ?

- Je suis eldarin, intervint Elian en amhric. Mon père était un elfe.

- Ta mère aussi, cingla l’elfe noir qui ne parut pas surpris une seconde qu’elle pût parler sa langue.

- Tu te trompes, assura Elian. Je n’ai même pas les oreilles pointues !

Le roi plissa des yeux un instant, son regard tombant rapidement sur les côtés de la tête d’Elian puis lança :

- Je sais reconnaître les traits de la seule femme que j’ai baisé quand je les vois.

- Non ! s’exclama Beïlan avant de fixer Elian et de secouer frénétiquement la tête.

- Ça y est, tu le vois enfin ! Elle est pourtant son portrait craché ! Tu as envie de baiser ta propre mère.

Elian s’assit sur le lit, le souffle court. La mère de Beïlan, la reine Ariane, serait sa mère à elle ? Et le roi des elfes noirs aurait couché avec elle faisant de Beïlan… son fils ? Mi elfe des bois, mi elfe noir, cela expliquait sa capacité à changer d’apparence, variant de l’un à l’autre à volonté.

- C’est normal et compréhensible de désirer la femme qui nous a mise au monde, répliqua Khala, le roi des elfes noirs, mais cesse une seconde de penser avec ton pénis, veux-tu ?

Beïlan gronda. Il en avait assez d’être rabaissé de la sorte.

- Cette femme est une elfe, insista Khala en désignant Elian. Non ? Toujours rien à conclure de ce fait ?

- Je peux le réclamer, chuchota Elian, qui comprenait soudain.

- Même elle a compris, imbécile. Si elle demande à prendre ton poste, tu devras lui offrir ton trône.

- Pourquoi l’a-t-elle abandonnée ? murmura Beïlan. Sa simple existence aurait mis à mal mes reproches. En mettant au monde une fille, elle prouvait que son rôle de reine et enfanter n’étaient pas incompatibles.

- Ça n’aurait rien changé, le contra le roi. Une fille et deux fils ne sont certainement pas suffisants. Ariane était vieille. Elle savait qu’elle allait bientôt mourir. Si elle laissait sa fille être élevée à Irin, elle deviendrait comme les autres, préférant baiser, refusant de s’opposer à toi, dédaignant une telle responsabilité. Dis-moi Elian, penses-tu que les femmes ne sont bonnes qu’à être fécondées ?

- Non, répondit Elian en serrant les dents de rage.

- Ariane a crée la future reine, dit Khala. C’est brillant.

Elian tremblait. La rage la consumait. Elle avait été utilisée, depuis le départ, depuis sa mise au monde. Beïlan avait forcé sa mère à se séparer d’elle. Elian était orpheline à cause de lui. Khala s’accroupit devant Elian, la regardant tendrement puis chuchota :

- Elian, souhaites-tu devenir reine d’Irin ?

Elle regarda le roi des elfes noirs, devant elle. Elle se trouvait au milieu des terres ennemis, aux mains de leur chef. Les larmes roulaient sur son visage. Elle savait qu’elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas laisser Irin aux mains de Beïlan. Elle ne voulait pas de ce poste. Elle n’avait jamais voulu devenir reine.

- Oui, répondit Elian en amhric.

- Te voilà officiellement destitué de ton titre, annonça Khala à Beïlan. Irin a de nouveau une reine.

Elian hoqueta. Tout cela allait trop vite.

- Maintenant, dis-moi, mon fils, la femme dans la cour est bien Laellia Eldwen, la sœur du roi de Falathon ?

- Roi ? s’étrangla Elian. Qu’est-il arrivé à Arthur de Baladon ?

- Il est mort, annonça Khala en demandant d’un geste à Elian de se taire.

Elian n’en revenait pas. Trop d’évènements, trop d’informations, trop d’émotions. Elle était submergée.

- Que comptais-tu faire de la princesse une fois ton pénis entré dans son con ? cracha Khala en désignant Elian du menton. La relâcher ?

- Je… n’y ai pas vraiment réfléchi, admit-il.

- Nous sommes en guerre contre Falathon. Tu parviens, je ne sais pas comment, à enlever la sœur du roi, ce qui est un exploit, et tu le fais pour pouvoir baiser ? Tu viens de réussir un coup magistral, mon fils, sublime, fantastique, merveilleux… et le détruire aussitôt.

Beïlan voulut parler mais Khala le prit de vitesse.

- Nous allons emmener ces deux-là sous les remparts et les égorger devant les yeux des elfes et de ce salopard de Brian qui refuse de céder. Cela leur donnera à réfléchir, tu ne crois pas ?

- Maintenant ? s’exclama Beïlan tandis que Khala empoignait Elian par le bras. Laellia vient à peine de faire le voyage. Elle ne survivra pas à une seconde traversée. Aucun humain ne…

- Assez de temps perdu, gronda Khala. On y va, maintenant !

D’une main sur le bas de son dos, Khala mena Elian dehors et la jeune femme se laissa faire, sans s’opposer, sans sourciller, sage et obéissante. Elle qui faisait effrontément face à Beïlan venait de disparaître sous le charisme, la puissance et le regard pénétrant du roi des elfes noirs. Terrorisée, elle se laissa mener d’un doigt en silence.

Rapidement, elle se retrouva près de Laellia qui fut détachée et poussée en avant en gémissant. À la sortie de la ville, la princesse humaine fut placée sur un chariot tiré par un elfe noir. On lui donna de l’eau, à volonté. Elian n’en reçut pas et n’en demanda pas, crispée, tendue, figée, terrifiée par l’extrême proximité avec le roi des elfes noirs. Khala resta près d’Elian et donna le signal du départ.

Le paysage était horrible : des terres noires à perte de vue. Pas un arbre, pas une plante, juste la mort, jusqu’à l’horizon. Elian comprit qu’elle se trouvait au milieu des terres sombres, au sud de Falathon. Khala poussa Elian et lorsqu’elle sentit de nouveau sa vie lui être volée, Elian recula en gémissant.

- Avance ! gronda Khala en la poussant.

Elian cria de douleur et suivit le mouvement, entourée d’une dizaine d’elfes noirs très attentifs à ses moindres mouvements. Ils l’empêchaient de fuir. Elian ne comptait pas le faire. Au milieu de ce désert noir, si elle quittait leurs côtés, elle se perdrait et mourrait, cela ne faisait aucun doute.

Laellia tremblait et respirait difficilement, prouvant que cette horreur la touchait elle aussi. Cependant, allongée sur une charrette tirée par un elfe noir, elle n’avait pas à marcher, rendant le voyage un peu plus facile pour elle.

- Elian ? murmura Laellia en ruyem depuis la charrette près d’Elian. Qu’est-ce qui se passe ?

Elian observa autour d’elle. Aucun elfe noir n’intervint. Elles avaient le droit de parler.

- Le roi des elfes noirs va nous égorger sous les remparts de Tur-Anion, annonça Elian et Khala, juste à côté d’elle, ne broncha pas.

Il avançait et Elian comprit que tant qu’elle faisait de même, elle pourrait discourir à volonté.

- Quoi ? s’étrangla Laellia. Pourquoi ?

- Pour déstabiliser ses adversaires, faire baisser leur moral, créer une brèche émotionnelle dans laquelle il va s’engouffrer.

- Je vois bien son intérêt dans l’affaire, cingla Laellia, mais pourquoi m’amener ici, me donner le fouet, me menacer de me crever les yeux, pour finalement me ramener à Tur-Anion pour y être égorgée ? Ça n’a pas de sens.

- Qu’est-il arrivé à Sa Majesté Arthur de Baladon ?

- Il a été assassiné par une dague de métal noir, annonça gravement Laellia.

- Le métal noir ? répéta Elian. Qu’est-ce que c’est ?

- Une horreur seulement possédée par les elfes noirs. Leurs lames sont… naturellement empoisonnées, en quelque sorte. Quiconque se fait blesser ressent d’atroces douleurs, subit des hallucinations avant de mourir dans des hurlements ignobles.

Elian se tourna vers Khala et observa sa dague, à sa ceinture. Enfermée dans un fourreau, elle ne semblait pas différente de la sienne.

- On peut les différencier des armes classiques ? interrogea Elian.

À ces mots, Khala dégaina et fit passer sa lame sous les yeux d’Elian. L’acier ne brillait pas comme il l’aurait dû. Non, sous l’effet du soleil implacable, une ombre noire parcourait sa surface. L’effet était impressionnant. Elian frissonna tandis que Khala remettait la dague à sa place.

- Brian gouverne, comprit Elian.

- Ceïlan est tout le temps près de lui, afin de le soigner en cas de blessure, annonça Laellia. Il est le meilleur guérisseur au monde. Le métal noir ne lui fait pas peur.

Elian comprit pourquoi Khala était très énervé contre Brian mais également contre Ceïlan.

- Elian, continua Laellia, qu’il veuille m’égorger moi, je comprends, mais toi ?

- Je ne peux pas vérifier moi-même alors j’ai une question un peu bizarre à te poser, Laellia.

La jeune femme observa son amie d’un air surpris.

- Est-ce que mes oreilles sont pointues ? Comme celles des elfes, je veux dire ?

Laellia plissa des yeux, ayant du mal à voir sous les longs cheveux et les cahots de la charrette.

- Bien sûr qu’elles sont pointues, intervint Khala en ruyem. Pourquoi ne le seraient-elles pas ?

- Parce qu’elles ne l’ont jamais été ! siffla Elian.

- Euh… oui, j’ai l’impression que oui, dit Laellia en grimaçant. Depuis quand ?

- Je ne sais pas, avoua Elian. Je n’en ai pas la moindre petite idée. La dernière fois que je les ai touchées, elles étaient… normales…

- Tu es une elfe, rappela Khala. C’est normal qu’elles soient pointues.

Elian serra les dents. Qu’elle soit eldarin, soit, mais une elfe ? Non ! Elle était humaine, comtesse de Falathon, ancienne foraine, voleuse, archère mais elfe, certainement pas !

- C’est parce que tu es une elfe qu’il veut t’égorger sous les remparts de Tur-Anion ? supposa Laellia.

- Non, c’est parce que je suis la reine d’Irin, annonça Elian.

- Tu… quoi ?

- Je suis la reine d’Irin, répéta Elian qui rit nerveusement, tant la situation était ahurissante et déstabilisante.

- Comment peux-tu être reine d’Irin ? s’exclama Laellia.

- J’ai accepté le poste, annonça Elian.

- Ça suffit pour l’avoir ?

- Oui, répondit Elian, selon les lois elfiques, oui.

- Hein ? Je n’en ai jamais entendu parler.

- Moi si, annonça Elian. Ceïlan me l’a dit.

Laellia grogna.

- Si les Eldwen pouvaient arrêter d’être jaloux des informations dont je dispose et qu’ils n’ont pas, cela m’arrangerait, maugréa Elian.

- Je suis la sœur du roi ! s’étrangla Laellia. Une simple voleuse des bas-fonds de Liennes semble en savoir davantage que moi sur le fonctionnement du peuple elfique. Bien sûr que je suis outrée !

- Je suis reine, rappela Elian.

- Et mon cul, il est roi de quoi ?

- Voilà qui n’est guère digne d’une sœur de roi, cingla Elian.

- Brian a eu la même réaction que moi ?

- Quand je lui ai dit que Ceïlan était le frère de Beïlan, oui, précisa Elian.

- Qui est Beïlan ?

- Mon prédécesseur, répondit Elian en désignant l’elfe noir marchant à leurs côtés. L’ancien roi d’Irin.

- Irin est gouverné par la reine Ariane.

- Elle est morte il y a un bon bout de temps maintenant. Ceci dit, ce n’est pas pour cela qu’elle n’est plus reine. Non, Beïlan a destitué sa propre mère pour prendre sa place, sous les conseils de Khala, sans aucun doute.

Le roi des elfes noirs garda un visage stoïque n’apportant ni confirmation, ni infirmation.

- Ceïlan serait le frère du fils de la reine qui aurait pris sa place ? s’étrangla Laellia qui tentait avec difficulté de comprendre les propos de son amie.

- Information que Brian ne semble pas avoir partagé avec toi, fit remarquer Elian.

- Ceïlan est le frère du roi des elfes ?

- Beïlan n’est plus roi. Je suis la reine d’Irin, insista Elian.

Elian regarda l’elfe noir marchant près d’elle.

- Cet elfe noir est ton frère ? murmura Laellia comme si personne ne pouvait l’entendre dans ce désert silencieux.

Elle semblait ne pas comprendre comment cela était possible. Si elle l’avait vu à Irin, blond, la peau blanche et les yeux bleus, elle y aurait sûrement plus cru.

- Mon demi-frère, précisa Elian. Mon père est un elfe des bois alors que Beïlan est le fils de Khala. Nous avons la même mère.

- Il a beaucoup plus hérité de lui que d’elle, fit remarquer Laellia. Comment les elfes des bois ont-il pu accepter qu’un elfe noir monte sur le trône ?

- Beïlan n’est pas… Il peut… Comment dire ça ? Changer d’apparence ?

- C’est de famille apparemment, intervint Khala.

- Que voulez-vous dire ? demanda Elian qui, parlant toujours le ruyem, choisit le vouvoiement de politesse existant dans cette langue pour s’adresser à lui.

- Tu as imité les oreilles des humains durant toute ton enfance parce que tu t’es camouflée. Beïlan a la même capacité. Il ne contrôle pas son apparence. Il s’adapte à merveilles aux conditions qui l’entourent, tel un caméléon.

- Un caméléon, répéta Laellia.

Que les elfes, proches de la nature, soient capables de copier une telle compétence ne surprit pas vraiment Elian. Elle n’en avait simplement jamais entendu parler. Existait-il d’autres précédents ?

- Je croyais qu’Ariane était trop occupée pour baiser, se rappela Elian, que son peuple lui reprochait de ne pas s’offrir assez. Comment avez-vous fait pour qu’elle accepte ?

- Je le lui ai demandé à un moment où elle était disponible, indiqua-t-il. Elle n’a opposé aucune résistance, bien au contraire. Elle était ravie.

Beïlan sourit à côté. Elian comprit qu’Ariane n’attendait en réalité que cela : quelqu’un de neutre, d’extérieur, qui ne la jugerait pas, de gentil, de simple, loin des critiques et de son titre, une personne à part. Son corps, en manque, en avait immédiatement profité pour créer cet enfant tant désiré.

- Elle est tombée enceinte, comprit Elian.

- Je savais que la probabilité que je vois mon fils était inexistante, continua Khala, mais je ne sais pas, j’y suis allé quand même. Lorsque le temps fut écoulé, j’ai traversé les terres sombres pour me rendre à Irin en espérant voir le fruit de cette merveilleuse nuit avec Ariane.

Elian et Laellia gardèrent le silence, surprises que le roi des elfes noirs se confient à elles.

- Je ne l’ai jamais atteint. Sur la rive du lac Lynia se passait un évènement surprenant. Des aigles attaquaient un lynx qui tournait sur des rochers. En m’approchant, j’ai fait fuir le prédateur mais les aigles ont fondu sur moi. Je n’avais jamais vu ces animaux avoir un tel comportement. J’ai pensé continuer mon chemin en les contournant mais un cri de bébé me parvint depuis les rochers. J’ai bravé les oiseaux pour découvrir un nourrisson à peine né, couvert de sang de naissance, le fil de vie toujours en place.

Khala fit une pause. Les souvenirs semblaient douloureux.

- Sa peau était noire. Ses yeux également, ainsi que ses cheveux. Ses oreilles pointues remuaient par moment. Lorsque ses yeux se posèrent sur moi, les oiseaux cessèrent de m’attaquer pour se poser respectueusement.

Elian frémit. Elle avait peur de comprendre.

- Je l’ai pris dans mes bras et il m’a souri. Je l’ai lavé dans l’eau du lac. Qu’il fut mon fils était une évidence. Cette salope a préféré abandonner son enfant plutôt que d’assumer l’identité de son père.

- Il semblerait qu’abandonner ses enfants soit une habitude pour notre chère mère, intervint Beïlan d’un ton amer.

Elian se sentit très mal.

- Je ne pouvais pas le ramener à Dalak, indiqua Khala. Non pas que j’avais honte de lui, bien au contraire, mais un nourrisson ne peut pas survivre à la traversée des terres sombres.

Elian observa l’étendue noire s’étirant à perte de vue. Elle en arriva à la même conclusion.

- C’est déjà difficile pour un adulte en pleine possession de ses moyens, maugréa Beïlan.

- J’ai trouvé une grotte au nord du lac. J’ai volé des vêtements aux paysans du coin. J’ai attrapé quelques chèvres et nourri Beïlan de leur lait. Je l’ai élevé, comme j’ai pu, enfant caché, comme s’il était honteux pour lui d’exister. Quelle infamie !

Elian approuvait la conclusion de Khala.

- J’ai transmis à Beïlan tout ce que je pouvais. Je lui parlais un jour en amhric, le suivant en ruyem, le dernier en lambë, puis je recommençais. J’ai tenté de lui apprendre la chasse mais à quoi bon poser des pièges lorsqu’un appel à un aigle suffisait à obtenir un lapin ? De fait, Beïlan, alors même qu’il ne marchait pas encore, fournissait déjà le plus gros de notre nourriture.

Elian imaginait facilement la scène.

- Un jour, Beïlan m’a dit qu’il voulait aller à Irin. Je lui ai dis que je pouvais lui montrer la direction mais pas l’y accompagner parce que je ne pouvais pas m’y rendre moi-même. Je connaissais vaguement son emplacement, sans plus.

Irin était cachée depuis le sol. Sans guide, impossible de la trouver.

- Lorsqu’il est arrivé sous les arbres, il a fermé les yeux et m’a dit combien il aimait ce qu’il entendait.

Elian avait ressenti la même chose en entrant à Irin pour la première fois. Elle se retrouvait totalement dans ce ressenti.

- Il est devenu… différent. Beïlan a toujours été un enfant un peu solitaire, lointain, renfermé sur lui-même mais là, il était dans sa bulle, injoignable. Il ne me répondait plus. Un bruit a attiré mon attention. J’ai tourné la tête. Quand je me suis retourné vers Beïlan, il n’était plus là.

Elian observa Khala. Ce souvenir ne lui était guère agréable.

- J’ai attendu longtemps, vraiment longtemps. Il n’est pas revenu alors je suis retourné à Dalak. J’ai poursuivi ma vie, pleurant seul mon fils perdu. Un jour, un elfe blond est apparu aux portes de la ville. Il parlait amhric, m’a appelé par mon nom, a répondu correctement à toutes mes questions. Beïlan était de retour. Je n’y croyais pas.

- Il a le don des caméléons, comprit Elian. C’est douloureux, de changer d’apparence ?

- Ça a été douloureux pour toi de faire poindre tes oreilles ? lui lança Beïlan.

- Je… Je ne sais pas, bafouilla Elian. Je ne sais même pas quand c’est arrivé !

- Probablement à ton arrivée à Irin. Tu as dû reconnaître les chants te berçant dans le ventre de notre mère, déclenchant un fort besoin de reconnaissance.

- Tes cheveux étaient blonds, intervint Laellia. Maintenant, ils sont dorés. Tes yeux semblent plus profonds. J’ai en effet la sensation que tu penches maintenant davantage du côté des elfes que des humains.

- Je pourrais devenir une elfe noire si je le voulais ?

- Je ne sais pas, répondit Beïlan. Je croyais être le seul à pouvoir faire ça alors…

- Les elfes des bois n’ont pas été surpris de découvrir un inconnu à Irin ? demanda Elian à Beïlan.

- Je me suis présenté à Ariane, révéla Beïlan, lui indiquant mon identité. J’étais noir à ce moment-là. Elle a beaucoup pleuré, m’a dit être sincèrement heureuse de ma survie, m’a demandé pardon des milliers de fois. Lorsqu’elle m’a pris dans ses bras, je me suis transformé. Mon apparence l’a mise en joie tandis que moi, elle me répugnait.

« Je déteste l’idée d’avoir des oreilles pointues. Je n’imagine même pas un changement aussi total » pensa Elian qui compatissait.

- Elle m’a présenté à tout le monde. J’ai rencontré une femme pour la première fois.

La suite se passait de commentaires.

- Au début, j’étais bien à Irin, annonça Beïlan. J’ai été toléré. Pour être accepté, je devais entrer dans le moule et ça… je n’ai jamais réussi. On me pressait de réaliser des actes… que je ne souhaitais pas réaliser. J’ai essayé de leur dire que je pouvais parler aux oiseaux. Ils ne m’ont pas écouté. Ariane a mis au monde Ceïlan. Elle l’a couvert d’amour et la communauté l’a totalement accepté. Cela m’a dégoûté. Je suis parti.

Elian le comprenait aisément.

- Je suis allé à Dalak. Papa m’avait dit comment m’y rendre. Honnêtement, je n’ai pas trouvé la traversée difficile. C’est difficile pour les elfes noirs parce qu’ils sont mal nourris mais pour moi qui venait de manger, de boire et de dormir, ce fut une promenade de santé.

Elian ne l’aurait pas dit ainsi mais effectivement, elle semblait supporter la randonnée mieux que les elfes noirs, qui avançaient lentement. De fait, elle aurait pu aller beaucoup plus vite. Beïlan l’avait pressée à l’aller. Elle avait eu du mal à le suivre. Ce voyage se faisait bien plus lentement.

- Une promenade de santé ? s’étrangla Laellia. Mais c’est atroce ! C’est comme l’anneau d’Elgarath, mais en bien pire ! Je ne pourrais pas faire un pas !

- À Dalak, j’ai été accueilli malgré ma couleur de peau, continua Beïlan en ignorant l’intervention de l’humaine. Tout le monde m’a parlé avec entrain et sympathie. J’ai changé d’apparence dans la soirée qui a suivi. La surprise a vite cédé la place à l’acceptation. Je suis resté, jusqu’à ce que manger et baiser me manquent trop. Dès que les connards d’Irin m’irritaient trop, je retournais à Dalak.

- C’est parce que tu ne supportais pas les injonctions de ta mère que tu as décidé de la forcer à quitter le trône ?

- Les elfes des bois sont d’une naïveté ahurissante, cracha Beïlan. Les manipuler n’a pas été difficile. Je n’ai pas détrôné Ariane. Tout seul, je n’aurais rien pu faire. Toute la communauté a voté pour sa destitution.

Elian grimaça.

- Parce que votre allié te l’avait demandé ?

- Parce que je le lui avais demandé, indiqua Khala. Nous voulons prendre Falathon, de préférence sans avoir les elfes des bois dans les pattes.

- C’est moi ou ce n’est pas une franche réussite ? cingla Elian.

- Quand ma lame sera sous ta gorge, les elfes rentreront gentiment à la maison, promit Khala. Grâce à ta copine, je mettrai Brian à genoux. Ils ne le savent pas encore, mais nous avons gagné.

Elian envoya un regard dépité à Laellia. La princesse serra les dents de rage. La nuit se mit à tomber. Les elfes noirs passèrent leur temps à empêcher Laellia de dormir. Ils s’arrêtèrent lorsqu’elle le demanda pour faire ses besoins. Elle réclama à boire mais les elfes noirs ne possédaient pas de contenants susceptibles de transporter de l’eau. Elle dut se résoudre à la soif. Bientôt, Laellia se mit à délirer, disant voir des animaux qui n’existaient pas.

- Elle ne va pas survivre, gronda Beïlan. Je l’avais dit qu’il ne fallait pas…

- Elle va tenir. Quelques hallucinations n’ont jamais tué personne.

Beïlan ronchonna. Il ne semblait pas partager l’enthousiasme de son père. Les elfes noirs peinaient. Elian suivait aisément malgré des jours sans boire ni manger. Beïlan avançait avec facilité. Une nouvelle nuit tomba. Laellia hurlait à chaque fois qu’un elfe la secouait. Elle pleurait, suppliait qu’on la laisse dormir, répétait sa faim, sa soif. Elle faisait peine à voir.

L’horizon changea en plein milieu de la journée. De l’eau apparut, un fleuve immense, gigantesque.

- Le fleuve Vehtë, supposa Elian.

- Raté, c’est le fleuve Ruvuma, annonça Khala.

Elian n’en avait jamais entendu parler. Elle ignorait totalement où il pouvait se trouver. Elle ne risquait pas de fausser compagnie à son escorte. Le risque de se perdre était bien trop grand. Lorsqu’ils arrivèrent sur la rive, un ponton les attendait avec quelques embarcations. Laellia fut déposée sur une première barque et de l’eau du fleuve lui fut donnée. Elle but avidement avant de s’endormir et cette fois, nul ne l’en empêcha.

Elian monta sur la barque suivante. Khala la suivit ainsi que deux autres elfes qui prirent les rames. Beïlan et le reste de l’escorte empruntèrent deux autres bateaux.

- Assise, ordonna-t-il à Elian.

Elle obéit. Il s’accroupit, lui liant habilement les chevilles d’une corde fine. Une corde autour de son cou reliée à la barque la terrorisa. Si l’embarcation se retournait, elle finirait noyée.

- Le trajet va enfin être agréable, annonça Khala en regardant Elian dans les yeux. Si j’ai bien compris, tu as refusé de t’offrir à mon fils. Voyons si je peux te faire changer d’avis.

Il posa sa main sur la cuisse d’Elian. Elle se tortilla pour tenter de s’y soustraire.

- Fort bien, annonça-t-il avant de tendre la main.

Un des rameurs lui donna sa dague. Sans attendre, Khala frappa. Le coup écorcha la gorge fine et blanche d’Elian avec précision, la faisant sursauter et crier, plus de surprise que de douleur.

- J’ai pris sa dague parce que la mienne est en métal noir, indiqua-t-il.

Elian frémit. Khala frappa une nouvelle fois sans qu’Elian ne put prévoir le moment ou l’endroit. Elle comprit. La surprise rendait la torture insupportable. La douleur enflait à chaque coup, se superposant à la précédente. Chaque écorchure choquait un peu plus le corps qui perdait rapidement le contrôle. Khala s’en donna à cœur joie. Elian ne retenait plus ses hurlements. Elle se sentit partir et se laissa faire. L’inconscience lui permettait au moins de ne plus ressentir la torture.

Un seau d’eau glacée la fit revenir au monde réel et une écorchure supplémentaire tomba, suivie d’une autre, et d’une autre.

- Je t’en supplie, pitié, pleura Elian en amhric, langue dans laquelle, tout comme en lambë, le vouvoiement de politesse n’existait pas.

- Prête à te laisser baiser ? Par Beïlan, par moi, par tous les hommes de l’escorte ?

Elian gémit en secouant négativement la tête. Elle se recula, désireuse de s’éloigner, chose impossible dans cette petite barque. Khala sourit.

- Petite gazelle fragile, murmura-t-il avant d’abattre de nouveau sa lame.

- Beïlan serait-il incapable d’obtenir cela lui-même ? gronda Elian. Il laisse papa faire ?

Khala transperça Elian du regard.

- Je sais comment l’obtenir, répliqua Beïlan. J’ai même réussi. J’ai juste été arrêté avant de pouvoir aller jusqu’au bout.

- Que veux-tu dire ? interrogea Khala.

- Il suffit de torturer l’humaine et Elian te donnera ce que tu veux, indiqua Beïlan.

- Elle est trop faible pour subir ça, le contra Khala.

- Je n’ai pas dit le contraire, répondit Beïlan. Et puis, papa, je sais que tu ne fais pas ça pour obtenir sa chatte. Ça serait juste la cerise sur le gâteau.

Khala sourit à cette réplique qu’il ne contra pas. Elian observa Khala en tremblant. Il se fichait qu’elle s’offre. Cela sous-entendait que même si elle le faisait, il continuerait à la blesser. Il avait un autre objectif mais lequel ?

Les rameurs amenèrent la barque sur la rive. Depuis le fond de l’embarcation, Elian ne voyait pas son environnement. Elle fut attrapée et jetée sur la berge, où des elfes noirs dégageaient une charrette camouflée sous un filet de plantes. Beïlan se tenait debout, les yeux fermés, sous le regard attentif de Khala, tandis que des membres de l’escorte attrapaient des outres accrochées à la charrette pour les remplir de l’eau du lac avant de les distribuer à tout le monde.

Deux chevaux apparurent sur le chemin et Beïlan les caressa avec gentillesse. Visiblement, il ne parlait pas qu’avec les oiseaux. Beïlan attela les deux montures tandis que les elfes noirs jetaient Elian dans le véhicule sans la moindre précaution. Sa gorge fut de nouveau maintenue, cette fois contre la balustrade de la voiture. Poignets et chevilles liés, ils ne prenaient aucun risque.

Les elfes se placèrent autour du véhicule qui avança, guidé par Beïlan. Les cahots du départ éveillèrent Laellia. Un elfe noir s’en rendit compte. Il lui tendit une gourde d’eau qu’elle avala toute entière avant de lui rendre son bien en le remerciant.

- Tu es… couverte de sang, remarqua Laellia.

Elian grimaça. Khala monta dans la charrette, la dague à la main.

- Pitié, je t’en prie… commença Elian.

- Je ne t’ai même pas encore touchée. Tu es pathétique, répliqua Khala avant d’abattre sa lame.

Elian hurla de douleur, Laellia de surprise et de terreur. Les coups continuèrent. Lorsqu’Elian vomit, Khala consentit une pause.

- Pourquoi fait-il ça ? s’exclama Laellia.

- Il ne… me… torture pas.

- Quoi ?

- Ce n’est pas moi… qu’il blesse… C’est elle…

- Elle ? Qui ça ?

- Ariane. Je lui ressemble…

- Tu es très perspicace, Majesté, dit Khala en montant dans le véhicule. Si tu as assez d’énergie pour parler, tu en as assez pour crier.

- Khala, je t’en prie. Je ne suis pas ma mère.

Khala abattit sa lame. Elian eut beau hurler, supplier, geindre, vomir, crier, se débattre, rien ne l’arrêta. En parfait expert, il savait où frapper pour infliger un maximum de souffrance sans risquer la mort.

- Pourrais-je avoir à manger, s’il vous plaît ? demanda Laellia alors que Khala permettait une pause à Elian, au bord de l’inconscience.

- Nous n’avons rien à manger et nous ne prendrons pas le temps d’aller cueillir des fruits ou de chasser pour toi. Tu peux très bien survivre sans manger. Sois déjà heureuse qu’on s’arrête pour te permettre de pisser, gronda Khala en retour.

- Oui, pardon, merci, bredouilla Laellia terrorisée.

Elle attendit un peu puis se tourna vers Elian et murmura :

- Tu ne peux pas… Je ne sais pas… Faire quelque chose ?

- Faire… quelque chose ? répéta Elian qui trouvait idiot de chuchoter alors qu’il était clair qu’ils entendaient très bien chaque souffle prononcé.

- Pour nous sortir de là, s’écria Laellia d’une petite voix aiguë.

- Laquelle de nous deux est à peine attachée et choyée ?

Laellia observa ses poignets liés devant elle, ses chevilles libres et son corps exempt de toute blessure.

- Laquelle de nous deux est pieds et poings liés et couverte de son sang ? insista Elian qui trouvait la remarque de son amie fort mal placée.

- Je suis princesse, dit Laellia d’une petite voix triste. Je ne sais pas me battre. Toi, tu es…

Laellia regarda autour d’elle. Elle semblait avoir peur de leur révéler ses compétences.

- D’après toi, pourquoi me traitent-ils de cette façon ?

- Parce qu’il en veut à ta mère, répondit Laellia.

- Je ne parle pas de Khala. Je parle de notre escorte.

- Je ne comprends pas ta question, avoua Laellia. Ils ne te touchent pas.

- Ils effectuent des roulements pour ne jamais me quitter des yeux et des oreilles. Mes liens sont vérifiés plus de dix fois par jour. Quand les tiens l’ont-ils été pour la dernière fois ?

La réponse était jamais mais Laellia comprit que la question n’attendait pas réellement une réponse.

- Ils me craignent parce qu’ils savent ce dont je suis capable. Maintenant, Laellia, explique-moi pourquoi les elfes noirs connaissent les compétences et le passé d’une petite comtesse de campagne dont même les nobles de Falathon ignorent le nom ?

Laellia resta muette face à cette réplique. Elle n’y avait pas songé. Elle réfléchit puis proposa :

- Parce que tu es la reine d’Irin ?

- Je n’étais pas la reine d’Irin avant que Khala ne me le propose à Dalak, la contra Elian. Non ! Ils me connaissent parce qu’un mec veut ma tête.

- Quoi ?

- Il y a une mise à prix sur moi… d’un montant exorbitant. Un assassin a essayé de me tuer.

- Quoi ? répéta Laellia. Quand ça ?

- Juste avant que je n’aille à Irin mais peu importe !

- Quel rapport avec les elfes noirs ?

- Ça, c’est la question. Beïlan a dit que leur allié voulait me voir morte. Je pense que c’est la même personne.

- Ce type semble t’avoir prise en grippe, maugréa Laellia.

- Pourquoi ? Je suis qui ? Une misérable comtesse sudiste de Falathon ! Putain, pourquoi ?

Laellia fit la moue. Elle n’en avait pas la moindre idée.

- Tu as beaucoup d’énergie à perdre, fit remarquer Khala en montant dans le véhicule.

- C’est moi qui ait lancé la conversation, miaula Laellia. S’il vous plaît, elle a encore besoin de repos. Pardon, je vais me taire.

Khala sourit à Laellia avant de torturer Elian.

- Pardon, Elian. Je suis désolée. Je ne vais plus prononcer un mot.

Elian ne répondit rien. Elle sombra en méditation afin de soigner ses blessures à l’aide de la nature environnante.

- Non ! lança Khala en la secouant. Pas de régénération !

Elian gémit.

- Par pité, Khala, à boire, s’il te plaît ?

- À boire ? Une elfe qui réclame de l’eau ? Tu es pathétique.

- Je ne suis pas… une elfe, gronda Elian.

Khala leva les yeux au ciel et soupira, avant de verser un peu du contenu de sa gourde dans la bouche d’Elian qui but avidement, l’eau lui faisant énormément de bien.

- Tu es une elfe, dit-il en remettant la gourde à sa place. Tu es même la reine des elfes.

- Reine d’un peuple que je méprise…

- Pourquoi méprises-tu les elfes des bois ? s’exclama Laellia, surprise.

- Ce sont des lâches qui ont laissé Beïlan monter sur le trône par pure couardise. Les femmes sont les pires. Elles ont choisi leur petit confort plutôt que leur communauté. Pourquoi voudrais-je faire partie de ce peuple-là ?

- Pourquoi as-tu accepté le poste de reine si tu les exècres à ce point ? répliqua Khala. Il te suffisait de dire « non ».

- Et laisser Beïlan sur le trône ? Il a fait détruire les stocks de flèches !

- De là à vouloir du poste… Enfin, si ça peut te rassurer, ton règne sera court.

Le nombre d’elfes noirs augmenta soudain autour du véhicule. Elian, la gorge attachée, ne voyait que très peu de son environnement mais à travers la nature, elle ressentit la présence de milliers d’elfes noirs. Ils avaient atteint le campement. Le dénouement était proche. Elian n’espérait plus rien qu’une fin rapide.

- Debout mes chéries, ordonna Khala. C’est votre moment de gloire !

Laellia descendit, aidée par deux elfes, tandis que les liens d’Elian à la gorge et aux chevilles étaient retirés, ceux des poignets vérifiés. Elian fut poussée hors du chariot et s’écroula à l’arrivée. Khala l’attrapa avec brutalité pour la remettre sur pied. Elian voyait trouble. Elle tremblait sur ses jambes.

- Avance, dit-il en la poussant.

Il resta derrière elle, la collant, afin de l’obliger à avancer. Elian saisit immédiatement l’opportunité tant attendue. Enfin, ses poignets étaient masqués. Elle dit adieu à sa main gauche et activa le mécanisme de son bras d’archer. La lame trancha le chanvre, traversa le poignet, sectionnant tendons, veines et ligaments, pour finir sa course au milieu du chanvre de l’autre côté, la pointe effleurant le dos d’Elian.

La lame se rétracta et Elian trébucha tandis la douleur explosait dans son poignet gauche. Khala la rattrapa avant de gronder. Nul ne remarqua le sang en provenance de la main blessée, mélangé à celui des autres blessures. Nul ne prêta attention aux poignets dont Elian avait inversé la position lors de sa chute. Désormais, le poignet droit était dessus, attendant que Khala s’approche.

Ils furent rapidement assez près des remparts pour être visibles et entendus. Elian leva les yeux pour voir apparaître Brian et Ceïlan et ils frémirent l’espace d’un instant. Khala attendit encore, laissant à un nombre impressionnant d’humains et d’elfes le temps de se masser sur les murailles.

- Laissez-moi vous présenter Elian, fille d’Ariane, lança Khala d’une voix forte en ruyem.

Ceïlan fronça les sourcils à cette annonce. Brian se tourna vers son guérisseur. Ceïlan lui répondit sans lâcher Elian des yeux, qui plantait son regard dans le sien. Ceïlan finit par hocher la tête. Il venait de reconnaître sa mère en Elian et il secoua la tête, dégoûté de ne pas l’avoir vu plus tôt. Les elfes échangeaient entre eux, discutant rapidement, transmettant des informations le long des murailles.

- Je lui ai déjà posé la question mais je vais la reposer quand même : Elian, souhaites-tu devenir reine d’Irin ?

- Oui, répondit Elian en faisant porter sa voix au maximum.

Les elfes frémirent sur les remparts.

- Chers elfes, voici votre reine !

À ces mots, Khala se recula légèrement pour sortir sa dague avant de la coller pour l’égorger. Elian plia le poignet et la lame transperça le cœur. Khala se figea. Elian attrapa la dague sous sa gorge de sa seule main valide, tourna le dos aux remparts, planta ses yeux dans ceux de Khala puis l’égorgea de sa propre lame de métal noir. Khala s’écroula sur le sol.

Elian tremblait. Sa main gauche pissait le sang. Elle comprimait la plaie contre son dos sans vraiment parvenir à enrailler l’hémorragie. La plaine était silencieuse. Tout le monde était figés, choqués, abasourdis.

- Elian ? appela Laellia. On fait quoi maintenant ?

- Je suis leur reine, annonça-t-elle en retour.

- Quoi ?

- C’est leur manière de monter en grade. Il faut tuer celui dont on veut le poste.

- Comme en Trolie, tu veux dire ?

- Laellia, je ne sais pas comment ça se passe en Trolie et là tout de suite, je m’en fous.

Laellia gémit tandis qu’un elfe noir s’avançait vers Elian, seul mouvement visible à des lieux à la ronde. Même le vent semblait avoir cessé de souffler.

- Tu es reine, en effet, dit-il lorsqu’il fut à la limite de la distance acceptable. De ce fait, rien ne m’empêche de te défier pour ton poste, là, tout de suite.

Il la détailla des pieds à la tête en souriant. Elian grimaça. Vu la démarche de l’elfe noir, il était un excellent combattant. Dans son état, Elian ne tiendrait pas même un souffle.

- Je sais mordre, répliqua Elian.

- J’ai constaté, répondit-il en regardant le cadavre entre lui et elle. Magnifique bras d’archer dissimulant une lame d’assassin.

Elian frémit. Elle venait de perdre toute possibilité de surprise.

- Je m’appelle Saelim et je te demande de bien vouloir me céder ton titre.

- Quoi ? s’exclama Elian qui commençait à voir trouble.

- Du fait de notre faible nombre, la plupart des combats ne sont plus à mort mais au premier sang. De ce fait, pour obtenir le trône, je n’ai pas besoin de te tuer, juste de te blesser. Tu veux bien me laisser te blesser, s’il te plaît ?

- Pourquoi ferais-je cela ?

- Déjà parce que tu es en mauvaise posture et que refuser est synonyme de mort.

- Khala voulait me tuer, rappela Elian. Pourquoi ne le veux-tu pas ?

- Khala pensait que te tuer ferait taire les elfes. Moi, je crois au contraire que ta mort les rendrait encore plus agressifs. Esprit de vengeance, tu vois le principe…

Elian hocha la tête.

- Quant à elle, continua Saelim en désignant Laellia, je pense que le roi humain n’en a rien à faire de la perdre. Khala réfléchit comme un elfe noir. Chez nous, les femmes sont des trésors dont il faut prendre soin. Khala pense que c’est pareil chez les humains. Il se trompe. Le roi humain aime sûrement sa sœur hein ! Si elle meurt, il la pleurera puis il se vengera en nous massacrant.

Elian comprit que Saelim était très pessimiste quant à l’issue de cet affrontement.

- Si tu me donnes le trône, j’ordonne le retour à la maison de tout mon peuple, annonça Saelim.

- Alors que vous êtes en train de gagner ? s’étonna Elian.

- C’est ton point de vue. Nous avons perdu presque la moitié de nos effectifs et l’adversaire aucun. Je ne nous trouve pas en position de force. Nous étions censés recevoir l’aide d’alliés. Je n’en vois pas l’ombre d’un. Je crois qu’on s’est fait avoir, en beauté. Je préfère renoncer à ce que j’appelle un suicide collectif.

Il semblait sincère mais comment en être sûr ? Elian se sentit vaciller. Elle perdait trop de sang. Bientôt, elle s’écroulerait.

- D’accord. Blesse-moi, murmura Elian.

- Reine de Dalak, je te défie au premier sang, cria Saelim avant de murmurer : Sors ta lame d’assassin.

Elian lui envoya un regard d’incompréhension.

- Ma dague est en métal noir et celle de Khala que tu tiens aussi. Tu ne veux pas être blessée par l’une d’elle et je ne vois aucune autre arme proche.

Elian frémit. Elle avait oublié le métal noir. Elle jeta au loin la dague qu’elle tenait puis déclencha le mécanisme à son poignet et la lame se dévoila. Saelim s’approcha, très près, pour saisir le poignet et le retourner vers l’épaule gauche qu’il taillada.

- Quel dommage de ravager un corps aussi attirant, dit-il et dans son regard, elle ne lut qu’une pétillante envie douce dénuée de toute perversité ou envie de domination.

Il lui fit un clin d’œil puis recula. Elian en rougit.

- On rentre à Dalak, ordonna Saelim avant de faire quelques pas vers les soldats elfiques.

Elian se permit un sourire au milieu de la tourmente. Elle avait réussi ? Contre toute attente ? C’était tellement improbable ! Elle n’en revenait pas de s’en sortir.

De l’acide pur explosa dans son épaule droite. Il se répandit très vite, atteignant les poumons et la gorge avant même qu’Elian n’ait pu pousser un cri. Elle s’écroula sous le hurlement de terreur de Laellia et tout fut noir.

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blairelle
Posté le 31/08/2023
D'accord, c'était chargé comme chapitre et lourd en révélations.
Rien à redire sur la forme et l'écriture.
Je vais plutôt partir en pronostics et hypothèses :
- C'est bizarre que Khala mutile Elian simplement "pour se venger d'Ariane parce qu'elle lui ressemble", je pense qu'il a un objectif caché
- Si Elian est capable de prendre une apparence humaine et une apparence elfique, tout comme Beïlan peut passer d'elfe blond à elfe noir, c'est probablement que le père d'Elian est un humain
- Hypothèse complètement hasardeuse, mais le père d'Elian est l'allié mystérieux des elfes noirs
- Le mineur blessé de Bintou minait du métal noir
- La différence entre Bintou qui a été capturée habillée et Narhem qui a été déshabillé, c'est peut-être que Bintou devait traverser les terres noires et que c'est dangereux de le faire nu
- Je n'ai pas envie de croire que Saelim soit un menteur, je pense que c'est Beïlan qui a voulu la tuer en l'attaquant par derrière (mais heureusement y a un super frangin guérisseur pas loin)
blairelle
Posté le 31/08/2023
Ah oui et hypothèse supplémentaire : la naissance d'Elian est effectivement liée à la destitution d'Ariane (et Ceïlan le saurait ?)
Nathalie
Posté le 31/08/2023
J'aime beaucoup tes suppositions et le fait que tu me les partages me ravit. Continue, s'il te plaît !

Que le mineur blessé de Bintou était le contre-maître d'une mine de métal noir n'est pas censé être un secret. Oui, je te le confirme.

Pour les autres, la suite confirmera ou infirmera tes suppositions.

Bonne lecture !
Vous lisez