Chapitre Douze : Le rêve atteint
- Clémence, tu es magnifique.
La jeune fille échappa un petit rire. Son visage était vieilli de deux ans, et maintenant, elle ressemblait plus à une femme qu’à une adolescente. Matthieu se pencha vers elle, et déposa un baiser dans son cou.
- Arrête, tu me chatouilles !
À 21 ans, elle avait déjà le profil d’un bourreau des cœurs, et celui de Florian avait été le premier à en faire les frais. Celui-ci ne tarda pas à faire son entrée dans la loge.
- Dehors, ordonna-t-il sèchement à l’agent artistique.
Il s’exécuta. Il était préférable pour lui de ne pas pimenter la colère du jeune homme.
- J’en ai assez que tu te foutes de ma gueule !
- Florian, ne commence pas !
- Je fais ce que je veux ! Ça me saoule de te voir flirter avec lui ! Il a dix ans de plus que toi !
- Huit ans, rectifia Clémence, pète-sec.
- T’es égoïste ! Tu penses même pas à moi ! Tu me fais du mal !
- Pas ma faute !
- Ah ouais ?
- Ouais ! J’ai 21 ans, je fais ce que je veux ! Et j’ai besoin d’être aimée !
- Je t’en donne, moi, de l’amour !
- Pas comme je veux !
- J’y peux rien !
- Alors, ne viens pas te plaindre ! Si ça te pose vraiment un problème, va voir Ludovic et persuade-le de te laisser faire ce que tu veux avec moi !
Là-dessus, Florian sortit de la loge sans un mot et claqua la porte. Clémence soupira. Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que Baptiste fasse une interruption dans la pièce.
- Putain, Clémence ! Qu’est-ce que t’as foutu encore ?
- Quoi ?
- Florian est sur le bord du suicide ! Bon, pas jusque là, mais quand même, il est hyper déprimé !
- Il n’avait pas à venir me critiquer moi et Matthieu.
- Matthieu est ton agent artistique, pas ton petit ami.
- Je sais. Mais je ne vais pas attendre trente ans, et encore moins quarante, pour être heureuse !
- Vous, les filles, vous avez toujours besoin de bisous et de câlins ! Y’a autre chose dans la vie !
- Matthieu, il peut me donner ça !
- Florian aussi.
- Peut-être, mais on a le droit de rien faire, à cause de vous ! Parce que vous avez même pas confiance en nous ! Avec Matt’, j’ai pas ce problème. En plus, c’est un mec super !
Baptiste soupira et posa sa tête sur l’épaule de Clémence.
- Tu aimes Florian ?
- Évidemment, je l’aime depuis que je le connais. Ça me fend le cœur de lui faire ça. Mais j’ai qu’une vie et je veux en profiter.
- Bon, viens.
Il lui prit la main et la conduisit dans une autre loge. Ludovic feuilletait un magazine, Sébastien écrivait quelque chose sur un papier et Florian broyait du noir dans son coin. Baptiste chuchota quelque chose à l’oreille de Ludovic. Celui-ci leva les yeux de sa page et regarda Clémence et Florian.
- Le Nudiste a peut-être raison, fit-il en caressant lentement sa barbichette. Après tout, c’est vrai qu’ils se sont toujours comportés comme des amoureux, même si y’avait pas de rapports physiques. Et y’a jamais eu de problèmes. Baptiste, je crois que tu as raison.
Pendant ce temps, Clémence s’était agenouillée auprès de Florian.
- Flo’, pardonne-moi.
Le jeune homme ne répondit pas.
- Allez, je t’en prie, c’est toi que j’aime Florian.
- Redis-le.
- De quoi ?
- Que tu m’aimes.
- Je t’aime Flo’, alors maintenant, arrête de bouder.
- Dans ce cas, pourquoi tu sors avec Matthieu ?
- Parce que j’ai envie d’avoir une vie normale. Je veux faire comme les autres.
- Moi, je m’en fiche de ça, je veux juste que tu restes avec moi. Alors, redis-le-moi.
- De quoi ?
- Que tu m’aimes. Tu me le dis jamais.
Alors, Clémence répéta une centaine de fois les mots que Florian voulait entendre. La sensibilité de Ludovic fut très touchée par cette scène.
- Clém’, tu aimes Florian ? demanda-t-il, en se levant de son pouf.
- Qu’est-ce que je dis depuis tout à l’heure ?
- Okay. Et toi Flo’, tu aimes Clémence ?
- Tu crois que je ferais la gueule si je l’aimais pas ?
- Okay. Bon, approchez-vous tous les deux. Sébastien, détache-toi de ta feuille et viens ici !
Le jeune homme obéit et se planta au garde-à-vous devant Ludovic.
- Oui chef !
- Bon, tu fais le témoin de Clémence, et toi, Baptiste, tu fais le témoin de Flo’.
- Attends, qu’est-ce que tu comptes faire là ? demanda Florian, paniqué.
- Je vais vous mettre officiellement ensemble.
- Et qu’est-ce que je vais dire à Matthieu, moi ?
- Que t’as déjà un mec ! répondit Baptiste.
- Bon, les enfants, claironna Ludovic. Vous m’écoutez oui ou merde ? Bon, merci. Clémence, veux-tu prendre Florian pour petit copain officiel ? Si tu réponds « oui », ça va, sinon, tu vas te faire foutre et tu viens plus nous emmerder.
- Oui.
- Bon, Flo’…
- Oui.
- Mais attends que je termine ma phrase avant de dire « oui » !
- Ouais.
- Bon, Florian. Veux-tu prendre Clémence pour petite copine…
- Oui.
- Bordel Florian !
- Quoi ? Je me languis d’embrasser la mariée !
- Mais laisse-moi terminer, putain !
- Okay, vas-y Lulu’.
- Veux-tu prendre Clémence pour petite copine officielle ? Si tu réponds « oui », ça va, sinon, tu vas te faire foutre et tu viens plus nous emmerder.
- Oui.
- Bah voilà, on y est arrivé ! s’exclama Ludovic, soulagé.
- Je peux l’embrasser ? demanda Florian, impatient.
Il avait retrouvé le sourire.
- Bah ouais, quand tu veux !
- C’était un super mariage ! s’exclama Sébastien, en regardant Florian s’agripper de toutes ses forces à Clémence.
- Bon, vous attendez pour le bébé quand même, hein…
- Ouais, répondirent les deux amoureux.
- Et Clém’, n’oublie pas la pilule !
- Mais oui !
- Euh Flo’…s’inquiéta Baptiste.
- Quoi ?
- Pourquoi tu l’embrasses pas ? T’es pas content ?
- Si, si, fit-il, gêné. Mais…je suis très pudique.
Ludovic éclata de rire, suivi des autres membres du groupe. Ils n’arrivaient pas à s’arrêter.
- Alors ça, c’est la meilleure !
- Faut me laisser un peu de temps pour que je réalise, c’est tout.
- On aura tout vu, soupira Sébastien. Avant tu l’embrassais toute la journée non-stop, et maintenant, plus rien !
- Allez mon Floflo’ d’amour ! supplia Clémence. Un petit bisou !
- Pas en public ! En plus, je vais froisser ta jolie robe. Tu me connais, je suis pas un mec ordonné moi !
La jeune femme ne l’écouta pas et se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser.
- Arrêtez ! C’est dégueulasse !
- Vous allez me faire pleurer !
- Ouah !
Les opinions de Ludovic, Baptiste et Sébastien étaient très partagés. Au même moment, Matthieu entra dans la loge. Aussitôt, un sourire cruel apparut sur le visage de Florian.
- Trop tard, jubila-t-il.
- De quoi ?
- On vient d’unir Flo’ et Clémence, expliqua Baptiste.
- Désolé vieux ! s’exclama Ludovic.
Matthieu sourit.
- Ça fait plaisir.
- Je suis certain que t’es dégoûté ! lança Sébastien, alors que le couple s’éclipsait hors de la loge.
- Oh…non, ça va. Clémence a tout pour plaire et pour séduire, mais je pense que Flo’ attends son tour depuis longtemps.
- Ça, c’est vrai.
- Ils forment un très beau couple.
Les trois jeunes hommes étaient du même avis que Matthieu.
- Moi, quelque chose me dit que Florian, il est pas pudique à 100% ! raisonna Ludovic.
- Arrête de dire des conneries, fit Sébastien. Il veut presque jamais partager la salle de bain avec nous !
- Je suis sûr, reprit le jeune homme, qu’il est pas pudique au lit ! En tout cas, pas avec Clémence ! J’en suis certain !
- Je veux bien te croire, approuva Baptiste.
- Excusez-moi de vous interrompre…coupa Matthieu. Mais si vous voulez voir le groupe Kyo, vous devriez vous dépêcher.
Sébastien manqua de s’évanouir.
- Grouillez-vous les mecs ! On va les rater ! pressa Baptiste.
Il prit son frère par le bras et le tira en dehors de la loge. Ludovic les suivit, impatient.
- Je veux un autographe ! brailla dans le couloir le plus jeune des deux frères.
- Ta gueule, tu vas nous faire repérer !
Depuis que les Dax Riders lui avaient signé ses premiers autographes, Sébastien avait décidé de commencer une collection. Mais la plupart des groupes qu’il voulait rencontrer étaient anglo-saxons ou américains, ce qui l’embêtait toujours un peu, puisqu’il ne parlait pas un traître mot d’anglais. Heureusement, Florian lui donnait toujours un petit coup de main, et « le Petit Sébastien » repartait toujours content avec un autographe dans les mains.
Ce soir-là, les Rescapés avaient été invités à une cérémonie qui récompensait les meilleurs artistes de l’année. L’invitation les avait beaucoup surpris mais ils s’étaient rendus avec joie à la salle de spectacle.
Lorsque Baptiste, Sébastien et Ludovic revinrent dans la loge, autographes en poche, le plus jeune des frères reprit sa feuille et se remit à écrire.
- Qu’est-ce que tu fais Séb ?
- J’écris un discours.
Baptiste et Ludovic se regardèrent, étonnés.
- Pourquoi ? ne purent-ils s’empêcher de demander.
- Bah, si on est élu « Meilleur Groupe de l’Année », qu’est-ce qu’on dira ?
- Avec toi, tu vois, on rencontre le même problème qu’avec le Père Noël, expliqua Baptiste. Séb, quand t’étais petit, tu y croyais dur comme du fer. Lorsqu’on t’a montré le déguisement que mettait Papa pour faire le Père Noël, tu nous as cassé les bonbons en nous disant que Papa était jaloux et qu’il voulait l’imiter ! Bah là, tu vois, c’est pareil. Faut pas rêver Séb, on a aucune chance d’être élu « Meilleur Groupe de l’Année », surtout avec tous les groupes qui sont en jeu.
- C’est vrai, admit Ludovic, en mimant Florian. Les groupes qui concourent sont excellents. Nous, on est merdique à côté d’eux.
- Reviens à la réalité, Séb. On est ici pour le fun.
Sur ces tendres paroles, Baptiste saisit le discours de Sébastien et le déchira en petits morceaux. Voyant la mine chagrinée de celui-ci, il s’excusa.
- C’est pour ton bien. Pour pas que tu te fasses de faux espoirs.
Matthieu fit à nouveau interruption dans la loge.
- Maquillage ! s’écria-t-il.
- Oh non ! se lamenta Baptiste.
- Un peu de poudre vous fera le plus grand bien, allez ! Moi, je vais aller interrompre les tourtereaux !
- Fais gaffe, conseilla Ludovic. Flo’ va t’en vouloir !
- Je m’en branle !
Ludovic, Baptiste et Sébastien se traînèrent jusqu’à la maquilleuse, tandis que l’agent artistique prenait une direction opposée. Lorsqu’il arriva dans la loge de Clémence, il vit le couple s’embrasser tendrement.
- Excusez-moi de vous interrompre…fit-il, embêté.
- Quoi ? grommela Florian, non content d’être dérangé dans son activité favorite.
- Maquillage !
- Oh non !
- Flo’, t’inquiètes pas ! rassura la jeune femme. Après, on va dormir à l’hôtel, on sera mieux, non ?
- Mouais.
- Allez, viens !
Elle le poussa en dehors de la loge. Une maquilleuse prit à part Clémence. Pour poudrer quatre rockers, c’était très simple, et surtout, très rapide. Pour maquiller correctement une femme, c’était plus long, parce qu’il n’y avait pas que la poudre à appliquer. Ainsi, Florian dû attendre une demi-heure le retour de Clémence dans la loge. Mais au lieu d’apparaître à l’encadrement de la porte, ce fut la tête ronde et enfantine de Sébastien qui se manifesta.
- Flo’…
- Ouais ?
- J’ai un secret à te dire.
- Oula Séb, je croyais que tu savais garder les secrets.
- Oui mais…je pensais qu’un secret sur Clémence t’intéresserait…
- Ah. Ça, ouais. Ça m’intéresse. Vas-y, dis-moi, je cafterai pas !
- Baisse-toi, je suis trop petit !
Florian s’exécuta et Sébastien colla sa bouche à son oreille.
- Clémence s’est fait mettre du gloss à la fraise.
Il y’eut un petit silence, le temps que Florian saisisse correctement ce que venait de lui dire son meilleur ami. Quand il réalisa, il détala comme un lapin, et Sébastien resta seul dans la loge.
- Je crois que j’ai fait une belle connerie, se dit-il en mettant son index dans la bouche.
Clémence passait inlassablement sa main sur sa robe pour la défroisser. Lorsque la porte s’ouvrit brutalement, elle sursauta. C’était Florian, paniqué. Il la chercha du regard, et quand il la vit au fond de la pièce, il se rua sur elle, sourcils froncés.
- Flo’ ? Qu’est-ce que…
Il ne lui laissa pas le temps de poser sa question. Le jeune homme la plaqua contre le mur et l’embrassa sauvagement. Quand il releva la tête, il souriait béatement. Ses lèvres étaient roses bonbon.
- C’est pas malin ! pesta la jeune femme. Je vais devoir m’en remettre maintenant !
- À ta guise, je surveille ça de près ! s’exclama Florian, en s’essuyant la bouche avec le dos de sa main.
La cérémonie ne tarda pas à commencer. Florian, Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien ne se quittaient pas et s’étaient assis l’un à côté de l’autre. Bien qu’ils soient venus pour le fun, ils ne pouvaient pas s’empêcher de s’ennuyer. Ils se languissaient que la soirée se termine et d’aller dormir dans leurs chambres d’hôtel. Plusieurs personnalités furent élues. Et il arriva le moment où le Groupe de l’année devait l’être aussi. Aucun membre des Rescapés n’écoutait les animateurs. Clémence jouait avec les mains de Florian, Baptiste dormait à moitié, Ludovic plissait soigneusement son smoking, et Sébastien envoyait discrètement un texto à son ex-conquête.
À présent, Alexandra en était sûre : elle était la Solitude Incarnée. Ses journées étaient toutes les mêmes. Elle se levait les matins du pied gauche, et écoutait l’album des Rescapés pour faire revenir sa bonne humeur pendant qu’elle s’habillait. Si elle n’avait pas sa dose de Florian tous les matins, elle était d’une humeur massacrante et c’était ses proches qui raflaient la mise. À 17 ans, elle n’était pas plus respectée qu’avant, et depuis que ses amies n’étaient plus dans sa classe, elle restait seule. Mais elle tenait bon. Elle travaillait d’arrache-pied, en écoutant en boucle le même album, et le moral revenait. Alexandra était sans doute la plus grande fan des Rescapés. Elle connaissait les chansons sur le bout de ses ongles rongés. Et le seul point positif de sa réputation, c’était ce fameux groupe de rock. Elle pouvait même se vanter d’avoir le numéro de téléphone personnel de Florian et de faire tourner en bourrique toutes les filles qui se présentaient à elle. Le jeune homme lui avait même envoyé une invitation gratuite pour leur concert à Lyon et, avec ça, un accès privé aux loges. N’est-ce pas merveilleux de connaître une star de la chanson ?
Alex se laissa tomber sur son lit. Elle tourna la tête pour regarder son téléphone portable. Personne ne l’appelait.
- À quoi ça sert d’avoir un portable si y’a personne qui t’appelle ? marmonna la jeune fille.
Elle se mit à réfléchir. Puis, se souvenant de la cérémonie qui devait débuter dans quelques minutes, elle se releva, paniquée.
- Ohlala ! Vite ! Ça a dû commencer !
Alexandra alluma sa petite télévision et s’allongea tranquillement sur son lit, entourée de ses trois peluches.
- Et les nominés sont…s’exclama la jeune femme qui présentait la cérémonie, soucieuse de créer le suspens.
Sans attendre, une petite vidéo montra aux spectateurs les meilleurs groupes qui avaient été sélectionnés, et les Rescapés en faisaient partie. Alex se crispa. Elle avait passé des mois sur Internet pour voter pour son groupe préféré. Il fallait que Florian, Ludovic, Baptiste, Sébastien et Clémence remportent la victoire. Sinon, elle pouvait directement ouvrir la fenêtre et se jeter par-dessus bord ! Au point où elle en était, elle n’avait plus rien à perdre.
Devant les caméras, le groupe de rock n’entendait pas ce que disait la présentatrice. Ils continuaient leurs petites occupations jusqu’à ce que la voix de la jeune femme parvienne à leurs oreilles.
- Les Rescapés !
Sébastien, qui était plus attentif que l’on ne le pensait, poussa son célèbre cri aigu qui résonna dans toute la salle. Il fit sursauter tous les spectateurs, même Alex qui était de l’autre côté de la télévision. Puis, des applaudissements couvrirent son hurlement, et il fallut secouer Baptiste dans tous les sens pour qu’il revienne à la réalité. Florian, Ludovic et Clémence étaient très étonnés ; ils ne semblaient pas comprendre ce qu’il se produisait sous leurs yeux.
- Et qu’est-ce qu’on fait là ? demanda Florian, pâle.
- Euh…
- Les Rescapés, vous venez par ici ? demanda la jeune femme, impatiente.
Ils durent obéir. Comme dans les situations graves, Florian prit la main de Clémence, qui prit celle de Ludovic, qui prit celle de Baptiste et qui prit celle de Sébastien qui garda son autre « paluche » dans la poche. Une fois sur le plateau, le trophée en or que la présentatrice leur tendait. Ensuite, il y eut un grand silence dans lequel le public attendait un discours du groupe.
- Donc, si on a été élu, ça veut dire que le Papa Noël existe ! chuchota Sébastien à son frère.
- Si tu veux Séb !
- T’aurais pas dû déchirer mon discours ! Tu vois, c’est là qu’on en aurait eu le plus besoin !
- J’avais pas pensé qu’on serait élu ! siffla Baptiste.
- Improvisez, conseilla l’animatrice.
- Bon, on vous prévient, on est cinq à parler, ça va être long !
Baptiste et Sébastien furent les premiers à remercier leurs proches.
- Merci Maman…
- Papa…
- Mamie Fernande…
- Oh non, on avait dit pas Mamie Fernande !
- Mais si on la cite pas, elle va nous tuer !
- Véridique. Et aussi tous les gens qui habitent la rue du Peyrat et la rue Saint-Exupéry de Lyon, pour avoir été patient avec nous quand on jouait de la musique dans le cabanon !
- Euh…merci à nos trois meilleurs amis, reprit sérieusement Baptiste. Flo’, Clém’ et Lulu’. Parce qu’à nous cinq, on forme un tout, et c’est comme ça qu’on est arrivé jusqu’ici.
Sébastien montra du doigt quelques spectateurs assis dans la salle.
- Toi, toi, toi, toi, toi, et toi. En gros, merci tout le monde !
- Oui, et si vous me le permettez, continua le plus âgé des deux frères, j’aimerais dédier cette récompense à tous les autres groupes de rock. Je pense qu’ils le méritent autant que nous, peut-être même plus. En plus, entre groupes, on se comprend, on a les mêmes buts, on est solidaire. Donc voilà, c’est aussi pour eux. Merci.
Lorsque Baptiste et Sébastien eurent terminé (et lorsque ce dernier eut envoyé des baisers invisibles à la caméra et promit qu’ils arrêteraient de fumer l’an prochain), ce fut Clémence qui prit le relais.
- Moi, j’aimerais remercier les quatre hommes de ma vie, plaisanta la jeune femme. Bah oui, j’en ai quatre, j’ai bien de la chance ! Florian, Lulu’, Baptiste et Sébastien. Merci à ma famille, qui m’a enseignée tout ce que je sais aujourd’hui, et ça, depuis que je suis un embryon dans le ventre de ma mère. Pour nous avoir aidés dans les moments les plus durs, pour nous avoir montré le chemin quand on est arrivé à Paris seuls et perdus, merci Matthieu. Je remercie aussi le public. Et pour finir, j’aimerais dire aux jeunes qui souhaitent monter un groupe et qui pensent que la musique est un art qu’il faut transmettre, qu’il ne faut pas se décourager. Il faut bosser, faire surtout confiance aux autres et ça vient tout seul.
Des applaudissements éclatèrent à nouveau puis, Ludovic décida de prendre la parole.
- Euh…Moi, je vais faire plus court. Alors bien sûr, je remercie le groupe et le public. Du fond du cœur. Mais j’aimerais aussi remercier mon père, qui a toujours été là quand j’avais besoin de lui. C’est seul qu’il m’a élevé parce que ma mère est morte un peu après ma naissance. J’imagine que c’est pas facile de s’occuper et d’éduquer un enfant, et en tout cas, tu peux être fier de toi. Papa, je voulais donc te dire merci pour ça, et aussi pour m’avoir écouté et respecté mes choix. Voilà.
Florian s’approcha timidement vers le pupitre en prenant le trophée que lui tendait Ludovic.
- Bah moi, je vais faire plus long que toi Lulu’ ! Je pense que je vais remercier les mêmes personnes que mes amis, à savoir le groupe, le public, les gens qui nous aiment, et les gens qui nous aiment pas. Oui, vous avez bien entendu. Les gens qui nous aiment pas, parce que je les emmerde et que c’est grâce à eux que les autres nous aiment bien ! J’aimerais remercier Madame Fondecave, alias Fonfon, pour m’avoir appris à dire « oui » à la place de « ouais », puisque pas plus tard que tout à l’heure, j’ai dit « oui » à Clémence et « ouais » à Ludovic. Bon, c’est assez compliqué, cherchez pas à comprendre. Je veux aussi dire à merci à Alexandra, évidemment. J’te fais de gros bisous ma puce, je t’oublie pas !
- Hey ! s’indigna Sébastien. Nous aussi, on lui fait des bisous, si tu permets !
- Mouais, enfin bon… Je voulais surtout remercier quelqu’un qui me tient tout particulièrement à cœur.
Le jeune homme s’interrompit. Ses amis le regardèrent d’un air interrogateur.
- C’est une personne qui a fait beaucoup d’efforts pour me supporter. J’ai pas été toujours sympa avec elle, même pas du tout, si mes souvenirs sont bons. J’ai même été très méchant. Bref, cette personne, c’est ma mère, et j’ai été un vrai salaud avec elle. Je le reconnais, je l’avoue, devant tout le monde. Mais aujourd’hui, je regrette. Je regrette parce que j’ai pas passé autant de temps avec elle comme je l’aurais voulu. Quand mon père est parti, c’est la seule à ne pas m’avoir laissé tout seul. Et au début, je ne le comprenais pas. Maintenant, j’ai compris qu’elle a tout fait pour m’aider, et que je l’ai rendue très triste. Alors, un conseil les enfants, gardez votre maman près de vous, parce que c’est la seule personne qui sera toujours là pour vous. Moi, la mienne, elle ne sera plus jamais là pour moi, à cause de mes conneries. Alors, faîtes pas comme moi. Je ne suis pas quelqu’un à imiter.
- Personne ! intervint Baptiste. Personne du groupe ne doit être imité ! On est tous des mauvais exemples à suivre !
- C’est vrai, admit Florian, en souriant. M’enfin, sinon, Maman, je voulais te dire que je regrette tout, que tu me manques et que je t’aime.
Je sais l’image que tu as
Ce que tu gardes de moi
Tu peux pas savoir à quel point
Ça me rend fou
La détresse que j’ai fait taire
Les mots que je n’écoutais pas
Je comprends mieux que tu n’aies
Pas tenu le coup
Je n’ai rien fait pour nous
Mais aujourd’hui, tu sais je ne suis
Plus vraiment le même
Tu sais, tu n’en reviendrais pas
Et j’ai compris beaucoup de choses,
Il faut que tu reviennes
Tu sais, j’ai besoin de toi…
Ça fait des mois que j’y pense
Que je ne dors qu’à moitié
À regretter la chance que j’ai laissé passer
Déchiré de ton absence
J’ai fui tout ce que j’étais
Mais j’ai besoin de ta confiance pour réparer
Nos plaies
Nos plaies
Oh…
Mais aujourd’hui, tu sais je ne suis
Plus vraiment le même
Tu sais, tu n’en reviendrais pas
Et j’ai compris beaucoup de choses,
Il faut que tu reviennes
Tu sais, j’ai besoin de toi…
Oh…j’ai besoin de toi…
Oh…j’ai besoin de toi…
Mais aujourd’hui, tu sais je ne suis
Plus vraiment le même
Tu sais, tu n’en reviendrais pas
Et j’ai compris beaucoup de choses,
Il faut que tu reviennes
Tu sais…
J’ai besoin de toi…
Cette chanson avait été la première que Florian avait écrite lors de son retour en France. C’était ce même texte qu’il avait tant de fois modifié au cours de toutes ces années. Il était consacré entièrement à sa mère. Celle-ci le savait. Elle se souvenait d’avoir lu le premier couplet par-dessus l’épaule de son fils, le jour où ils s’étaient retrouvés. Contrairement à ce que pensait Florian, sa mère ne l’avait pas oublié. Loin de là. Elle avait longtemps pleuré son départ, elle avait souvent regretté ses paroles.
Et si Alexandra pensait être la plus grande fan de Florian, elle se trompait fortement ! Elle avait été devancée par la mère du jeune homme. Elle conservait tous les magazines qui parlaient de lui, elle découpait toutes les photos de son fils et les rangeait dans un album photo, puisqu’elle n’avait plus l’occasion de le voir. Elle était fière de lui. Et en agissant de la sorte, elle voulait le lui montrer.
Le soir de la cérémonie, elle était devant sa télévision. Voir son fils bouger, parler, sourire, était comme l’arrivée du Messie pour elle. C’était une occasion à ne pas rater. Lorsqu’il avait tenu son petit discours improvisé, elle s’était effondrée en larmes. Pendant près d’une heure, elle avait pleuré. Toute la nuit, elle avait pleuré. Elle pardonnait à son fils. Elle lui pardonnait ses paroles et ses gestes. Elle lui pardonnait d’avoir une mère maladroite, une mère égoïste, une mère qui ne savait pas comment s’y prendre.
Durant les années qui suivirent cette cérémonie, Florian avait renoué des liens très forts avec sa mère et le groupe descendait souvent à Lyon pour voir leurs parents respectifs. Le père de Ludovic s’était remarié avec une femme plus jeune que lui. Son fils avait plutôt bien accepté cet événement, tout autant que son père avait accepté son homosexualité. D’ailleurs, Ludovic avait fini par se trouver un petit copain idéal, qui n’était autre que le jeune homme qu’il avait rencontré dans l’avion la première fois qu’il était allé à Paris ! Les parents de Baptiste et Sébastien avaient fini par divorcer, et les deux frères avaient aidé leur mère à financer son nouvel appartement. Sébastien devint un peu plus mâture. Il s’arrêta, avec son frère, de fumer. Durant cette période, ils furent insupportables avec les autres membres des Rescapés, mais le jeu en valait la chandelle. Cependant, aucun des deux frères n’était devenu plus raisonnable dans leurs petites histoires d’amour, même s’ils pensaient sérieusement à fonder une famille. Quant à Clémence et Florian, ils ne changèrent pas leurs habitudes, et gardèrent leur grande complicité. Bien sûr, ils ne se cachaient plus et s’aimaient toujours aussi passionnément.
Et même si le groupe savait que leur rêve ne durerait pas, ils étaient heureux d’être arrivés jusque là. Ils savaient qu’ils pouvaient être reconnus pour leurs talents. Ils savaient qu’ils pouvaient réussir, même sur un chemin rempli d’embûches. Après tout, ils étaient les cinq meilleurs amis du monde, ils s’acceptaient tous comme ils étaient. Ils étaient les Rescapés. Et leur histoire durerait encore de longues années…
Fin
Clémence et Florian ensemble ! Je le savais !
Est-ce que Clémence avait négocié avec Matthieu pour pouvoir sortir avec Florian ?
Sebastien veut des autographes de tout le monde ^^. Est-ce qu'il en a de ses amis pour compléter sa collection ?
Je suis contente qu'on retrouve Alexandra. J'aurais voulu en savoir plus sur elle.
Je suis aussi contente que Florian et sa mère se soit reconcilier.
Par contre, je suis triste. C'est fini !
J'espère qu'il aura d'autres petit moment.
Concernant Alexandra, c'est vrai qu'elle est un peu effacée, mais ce n'était pas vraiment un personnage... Je ne voyais pas ce que j'aurais pu dire d'autre sur elle, d'autant plus que c'est mon "moi" d'avant... :/
Des petits moments, comme tu dis, il n'est pas exclu qu'il y en ait d'autres. :)
En tout cas, merci énormément pour tous tes commentaires que tu as laissés ainsi que pour ton soutien. :) Merci.
Bisoudoux !
Donc je commence avec l'avis général dont personne ne se doute, tout naturellement, j'aime pas. *gros silence* Zuteuh, me suis encore trompée, c'est le contraire hein ^^ Reviens Cloclo, nous fais pas une attaque :x J'ai pas fait attention à l'ordre de publication mais il me semble qu'elle a été écrit avant le quai des orfèvres et graine de comédiens (forcément), non ? C'est pas que c'est moins bien écrit, mais j'ai sentit une évolution et parfois certains truc en ébauche qu'on retrouve plus tard. Par exemple, la séparation Alexandra/Floflo avec Alex qui réclame des bisous à la ronde m'a rappelé Ludivine, et d'autres ptits trucs comme ça, chais pas si c'est fait exprès mais ça m'a fait sourire. Pis pour revenir à la séparation Alex/Flo, comment t'as osé mettre une phrase style "c'est la dernière fois qu'ils se voyaient" ? C'est vachement déprimant et je m'attendait à ce qu'Alex ai un accident ou un truc du genre --' Mais je peux pas trop t'en vouloir, j'aurais fait le même coup.<br />
Sinon, un truc chez moi s'est encore vérifié, à chaque fois que je rencontre un homosexuel dans un texte, je l'adore *_* D'ailleurs au passage, je ne connaissait pas l'expression "porter du rose" (Yen a pleins dans mon lycée qui en portait sans l'être) mais j'ai rapidement compris de quoi il s'agissait ^^ Rhaaa, Lulu, j'adore *_* (D'ailleur, au début, j'étais trop persuadée que c'était une fille, vu qu'il a le même surnom que Ludivine XD Tu veux me traumatiser ou quoi ? Vilaine)<br />
Pis ya aussi Clémence que j'ai beaucoup aimé, LA fille multifonction, elle sait tout faire, c'est pas possible xD Moi je sais à peine jouer de la flûte avec mon collège et elle, elle fait tout XD Je respecte là ^^ Ya aussi énormément les deux frère que j'ai aimé, ils sont trippants tous les deux ensembles ^^ <br />
Bien sûr, j'oublie pas le héros, Floflo, je l'ai beaucoup aimé aussi, mais peut-être un peu moins. J'en suis "trop proche" pendant la lecture, et donc, vu que je m'identifie trop à lui et que je fais pas trop de narcissisme, je m'y intéresse moins ^^' (C'est pas un mauvais point, hein, c'est juste que je fais ce gag là avec tous les personnages auxquels je m'identifie trop et auxquels j'arrive pas à prendre de la distance avec ^^'). <br />
Sinon je ne vois rien de particulier à dire, à part que je me rappelle bien d'un truc, cette lecture m'a particulièrement plu, très bon anti-stress ^^ D'ailleurs j'ai failli faire une nuit blanche avant l'opération pour terminer, missante TT.TT J'aurais eut l'air de quoi à bailler comme une baleine sur la table d'opération ? XDReponse de l'auteur: Je relève le défi de répondre entièrement à ta reviews avant d'aller au dodo ! XD Ca va, j'ai pas fait une attaque ; je commence à bien te connaitre maintenant... xD Tout d'abord : mes respectueux remerciements pour ton commentaire très chère Flammy, qui, comme d'habitude, fait toujours excessivement plaisir.
Ensuite...tout juste Auguste, GRCA (abréviation officielle : plus court que UGDRPCLA) a été écrite bien avant GC et QO (vive les abréviations franchement.... Il s'agissait de ma 3e fic originale (je te laisse imaginer l'état des deux premières), et je commençais tout juste à acquérir une expérience un peu plus solide. Donc, elle n'est pas de la même qualité par rapport à ce que j'écris actuellement. Et certains éléments (deux ex-petits amis devenus meilleurs amis : Flo-Clém et Xav-Aline) se retrouvent dans GC, parce qu'à la base c'est la même histoire... xD
Par contre, je ne pensais pas qu'Alexandra tirait de Ludivine...puisqu'au contraire, Alexandra, c'est le personnage marquant l'autobiographie, c'est "moi" en fait.Bon, dès fois, je ressemble un peu à Ludivine, mais vraiment un petit petit petit petit peu (parce que Lulu, bon...wala, elle est "extremiste" dans son genre ! xD. Avec Flo, c'était la dernière fois qu'ils se voyaient, parce que la vie les a séparés et ils ont pris un chemin différent (j'ai vécu ça, et j'ai su de suite que "Flo" et moi, nous ne nous verrions plus).
Quant à Lulu(dovic), en fait, à l'époque, je ne savais pas du tout que j'allais écrire GC...et donc, Lulu(divine) n'était pas encore prévue (et je ne pouvais pas l'appeler autrement), et donc, je me suis retrouvée avec deux Lulu sur les papattes...(Bizarre sur le moment, j'avoue). D'habitude, je suis pas du genre à inclure des homos dans ms fics (les slashs c'est pas trop mon truc, ceci dit j'étais un peu "rassurée" parce que cette histoire n'en était pas un). Donc Lulu j'ai pas eu de difficultés persos à le mettre, d'autant plus que je le trouve attachant (et puis je voulais aussi montrer que j'étais pas homophpbe - à l'époque, les slash étaient en fleuraison xD). Bref, wala. De quoi casser la "routine".
bref, sinon, il se fait tard donc je finis rapidos (je ne me risque pas à une nuit blanche comme toi xD, je dois me lever très tôt demain). Je suis contente que mes persos t'aient plue, ainsi que l'histoire en elle-même. Peut-être refera-t-elle un jour l'objet d'une correction, qui sait ?
Encore merci beaucoup, et bisous bisous bisous ! ^^