Une arme fendit l’air prêt à fondre sur sa proie. D’un pas sur le côté, Lydia parvint de justesse à l’éviter, mais échoua à contrer le coup qui lui balaya les jambes. Elle s’écrasa violemment au sol.
- Combien de fois, dois-je vous répéter qu’il faut bloquer les coups et non les esquiver, lui reprocha la voix autoritaire de Hogg.
Il attendit que son élève se relevât à grand-peine avant de se remettre en garde. Il attaqua à nouveau. Cette fois-ci, la jeune encaissa la frappe. Elle s’abstint de montrer sa douleur. Si elle avait retenu une leçon depuis que ses cours avec le capitaine avaient débuté, c’était qu’il ne supportait pas les faibles. Craignant la violence du prochain coup qui s’annonçait pénible, elle concentra un flux de son pouvoir pour se projeter vers le haut. Elle sauta au moment où le bâton du soldat s’abattait sur elle et se maintint en l’air à plus de deux mètres du sol. Son adversaire grogna de désapprobation, mais ne fit aucun commentaire. Lorsqu’elle atterrit sur ses pieds, elle manqua de peu de se faire assommer. Elle recula de quelques pas, son visage dégoulinant de sueurs. Étant constamment sur ses gardes, ses muscles tendus à l’extrême lui faisaient mal. Tout en reprenant son souffle, elle demanda au capitaine l’autorisation de faire une pause. À sa grande joie, celui-ci accepta non sans une moue désapprobatrice. Depuis une semaine, Hogg tentait de forger son pouvoir. Il était persuadé qu’il fallait l’amener dans ses derniers retranchements ou du moins causer un déclic qui réveillerait son véritable potentiel. Pour le moment, rien de tout ça ne se produisait et Lydia continuait à mordre la poussière à chaque entrainement. Le seul avantage qu’elle devait reconnaitre à ce régime militaire était qu’elle améliorait sa condition physique même si celle-ci restait moyenne et qu’elle arrivait plus facilement à évoquer son pouvoir. Elle devait admettre que dans le passé, elle n’avait jamais vraiment dépassé ses limites. Toutefois, elle continuait de penser que la méthode du soldat n’était pas la bonne. Certes, il apportait quelques preuves, mais la violence n’avait jamais été un outil pédagogique particulièrement sain. Estimant que la jeune fille s’était suffisamment reposée, Hogg la rappela à l’ordre. C’est avec des pieds de plomb que celle-ci se replaça au centre de l’arène. La suite de la séance s’annonçait longue et pénible.
L’entrainement dura encore une bonne heure et comme Lydia l’avait craint il fut particulièrement douloureux. Pourquoi diable les anciens acceptaient-ils qu’Hogg lui infligeât pareil traitement ? D’habitude, ils la surprotégeaient et là leur capitaine s’en donnait à cœur joie et ils ne protestaient même pas. Décidément, Lydia ne les comprendrait jamais. Cela renforça son idée qu’il s’était passé quelque chose. Toutefois, aujourd’hui elle était trop cassée pour se pencher sur la question. Bien que de mauvaise humeur, elle ne put retenir son sourire en voyant qu’Angeline l’attendait dans sa chambre avec de la glace. La servante fixa son amie choquée quand elle rentra dans la pièce.
- Cet homme est une vraie brute. Il n’y est pas allé de main morte.
Lydia se laissa tomber lourdement sur un siège et s’empara d’une serviette remplie de glaçons pour l’apposer sur sa lèvre fendue.
- C’est la technique miracle selon lui.
- La technique d’un fou furieux, oui. Il vous confond avec ses subordonnées.
- Dans ce cas, il doit être déçu, ricana l’infortunée. Il faut dire que je ferais un piètre soldat.
On frappa à la porte et Ugo entra avec deux seaux d’eau chaude. C’était la première fois que Lydia revoyait le jeune homme d’aussi près. Elle l’avait bien aperçu de temps à autre dans les couloirs, mais cela s’arrêtait là. À la suite des propos de Mati, Lydia le détailla des yeux avec plus d’attention que la dernière fois. Pourtant son constat fut le même. La seule différence était qu’Ugo ne cilla plus quand elle croisa son regard. Elle eut même l’impression qu’il lui souriait. Cela déconcerta quelque peu la jeune fille. Angeline se dirigea vers le nouvel arrivant et désigna la chambre de Lydia.
- Merci pour l’eau chaude, Ugo. La baignoire se trouve là-bas.
Un sentiment de joie envahit Lydia. Angeline était vraiment quelqu’un de précieux. Son amie reporta son attention sur elle et déclara :
- J’ai pensé que cela vous ferait du bien après cette dure journée.
- Tu n’aurais pas pu faire mieux, Angie, s’exclama la jeune fille reconnaissante.
Ugo fit encore deux aller-retour. Dès qu’il fut parti pour de bon, Lydia se dépêcha de se déshabiller et s’immergea dans l’eau chaude avec délice. Ses plaies trop fraiches protestèrent quelque peu, mais elle n’en avait cure. Elle laissa échapper un soupir de bien-être et se détendit enfin. Angeline déversa sur elle le dernier seau d’eau. Après avoir plié les vêtements de Lydia sur son lit, elle revint se placer devant celle-ci.
- Je serais dans le salon si vous avez besoin d’aide.
- Entendu. Encore merci pour tout Angie, sourit la jeune fille.
Après un hochement de tête, la servante quitta la pièce. Lorsqu’elle fut seule, Lydia glissa le long de la baignoire jusqu’à l’eau lui arriva au menton. Cela lui faisait du bien d’avoir un moment pour elle. Depuis qu’elle était revenue ici, elle n’avait pas arrêté. Entre sa préparation pour la cérémonie et les entrainements, elle ne savait plus où donner de la tête. Elle songea un instant à demander au Grand maitre une autorisation pour retrouver sa famille, mais elle se rappela que celui-ci lui avait refusé il y a deux jours expliquant qu’elle n’en avait pas le temps. La jeune fille poussa un soupir. Léo et son grand-père lui manquaient. Elle se promit de leur écrire dans la soirée en espérant qu’ils viennent lui rendre visite. Ça au moins, on lui accordera. Sentant que l’eau commençait déjà à refroidir, elle se redressa vivement et empoigna un morceau de savon pour se laver. Après s’être rincée, elle se leva et sortit de la baignoire en évitant de peu de glisser. Elle se rattrapa de justesse. Angeline revint dans la pièce quand son amie l’appela et s’empressa de lui donner une serviette.
- Une lettre vous a été apportée quand vous preniez votre bain. Je l’ai déposé sur la table basse.
Lydia se dépêcha de se sécher avant d’enfiler à la hâte une robe légère. La missive avait piqué sa curiosité. En deux enjambées, elle fut dans le salon et empoigna le courrier. Elle brisa le sceau des anciens et déplia la feuille. Sa main froissa le papier en découvrant le contenu de la lettre. Il ne manquait plus que ça.
- Les nouvelles sont-elles bonnes ? s’enquit Angeline à ses côtés.
- Et comment ! ironisa Lydia. Avec les derniers évènements, j’avais complètement oublié la venue annuelle des délégations étrangères la semaine prochaine.
Avancement de la cérémonie ou pas, les anciens ne pouvaient en aucun cas l’annuler. Cela aurait été perçu comme un affront par les autres royaumes. Les enjeux économiques et politiques étaient bien trop importants. Son regard se porta sur l’ultime paragraphe de la lettre et ses lèvres esquissèrent malgré tout un sourire. Il y avait au moins une bonne chose à tout ça, la promotion de Léo en tant que garde d’élite était désormais imminente.
J'avais hâte de lire à quoi allait ressembler l'entraînement et je ne peux que compatir pour Lydia. Ce Hoog a l'air tout sauf pédagogue en usant une manière brutale, pas sûr que ça fonctionne..! Est-ce que cette méthode a fait mouche auparavant, ce qui expliquerait qu'il a été choisi, lui et pas un autre ? Je me le demande.
Peut-être que j'aurais aimé lire quelques protestations de la part de Lydia (qui semble avoir la langue bien pendue quand il faut), des petits grognements mais je peux comprendre qu'elle avait des coups à esquiver.
J'ai bien aimé les petits détails qui renforcent le réel et notamment les picottements des égratignures avec le bain.
J'espère que la promotion de Léo est une bonne chose et qu'il ne va pas trop se complaire chez les gardes ne va pas l'opposer à sa soeur, à terme. We'll see !
La première phrase de ce chapitre claque! Et le premier paragraphe, j'adore! XD Les entraînements ont l'air intenses, ça bouge plus que les discussions autour d'une table ^^
Les actions s'enchainent naturellement, je n'ai pas grand chose à dire.
Quelques remarques cependant:
"son visage dégoulinant de sueurs." sueur au singulier je crois.
Répétition: "Son adversaire grogna de désapprobation" et "non sans une moue désapprobatrice"
"Depuis une semaine, Hogg tentait de forger son pouvoir." On dirait qu'il parle de son propre pouvoir (c'est juste moi qui a mal lu XD)
"en évitant de peu de glisser. Elle se rattrapa de justesse" Si elle se rattrape, c'est qu'elle a déjà glissée, non?
Il y a des moments très importants dans ce chapitre, entre le nouvel entraînement, le passage d'Ugo et la lettre à la fin. N'hésite pas à faire durer davantage ces moments pour qu'on les vive encore plus intensément !
Eh bien, la pauvre Lydia n'est pas dorlotée, pour le coup, avec ce capitaine ^^ Le gars n'a pas l'air de vouloir adapter sa méthode de combat à la jeune fille. Avec son petit gabarit et sa faible force, c'est normale qu'elle cherche d'abord à esquiver avant de penser à encaisser --" A part la blesser, je ne pense pas qu'il parvienne à déclencher quelque déclic que ce soit chez elle de cette manière --"*
Heureusement, Angeline et Ugo sont là pour la soutenir à leur manière x) C'est quand même sympa de savoir qu'elle a des alliés dans ce château et pas juste des ennemis. Et puis, de ce que j'ai compris, avec la nomination officiel de Léo en tant que garde d'élite, elle va bientôt pouvoir le revoir lui aussi ^^
Sur ce, je te laisse =) Je te souhaite une bonne inspiration pour la suite de cette histoire et je te dis à bientôt sur un prochain chapitre =)
Natsunokaze