Chapitre 13

Par Mila
Notes de l’auteur : Bonne lecture !

Taïe se tenait au bord du bassin au sommet de Vagua’hey. Elle avait beau se tenir droite, son corps penchait de plus en plus en avant, avançant dangereusement au-dessus du vide. La gravité était ralentie, elle l’attirait lentement… Elle bascula, tombant la tête la première entre les passerelles. Ses bras restaient mollement le long de son corps, et une sérénité étrange l’habitait. Elle tombait de plus en plus vite. Elle traversa le sol et regarda ses mains, debout dans une immensité de ténèbres. Seul son corps était parfaitement visible, alors que rien ne l’éclairait. La peau de ses mains vieillissait à vue d’œil, des rides se creusaient, des tâches se formaient, puis elle redevenait aussi lisse et douce que de la peau de bébé. Le cycle tournait en boucle sous son regard intrigué. Son corps prenait des années, puis rajeunissait. Elle releva la tête, et le monde tomba autour d’elle.

 

Taïe se réveilla subitement, son cœur battant à ses tempes. Une migraine martelait son crâne. Elle avait l’impression que quelque chose bougeait dedans, tapant sur les parois de sa tête pour en sortir. Elle se leva et appuya son front contre le mur, mais non seulement la fraîcheur n’apaisa en rien sa douleur, mais l’eau rentra dans ses yeux et son nez. Elle s’écarta en crachotant, et s’essuya le visage avec l’une des couvertures. Elle s’assit sur le matelas et regarda Vagua’hey par le balcon, sans aucun moyen de connaître l’heure.

 

C’était déjà le deuxième rêve étrange qu’elle faisait. Elle regarda ses mains, parfaitement normales. Était-ce là un autre signe des Esprits, des Tsadiens ? Sans vraiment savoir pourquoi, les larmes lui montèrent aux yeux. Comment sa vie avait-elle pu changer aussi vite ? Elle s’interdit de pleurer, et essuya ses yeux humides d’un revers de manche. Elle avait promis à Naïde d’être forte. Elle allait s’échapper. Parcourir le monde, venger sa mentor, et vivre libre.

 

Elle observa la cité et se promena dans sa chambre un moment avant que la porte de glace ne s’ouvre à nouveau. Une Néréein entra, chargée de vêtements.

 

“Bonjour. Je pose vos vêtements ici, afin que vous puissiez porter des affaires propres. Toquez à la porte lorsque vous serez prête.”

 

Sans plus s’étaler sur le sujet, elle s’en retourna aussi vite qu’elle était venue. Taïe examina le paquet déposé sur le lit, un peu réticente à l’idée de changer de vêtements. Certes, les siens étaient sales et auraient eu bien besoin d’être lavés ; mais elle y tenait particulièrement. Malgré son aversion pour la Tribu, c’étaient les vêtements d’une guerrière, parfaitement ajustés et porteurs de sens. Et bien plus discret que le poncho bleu qu’elle examinait. Il était accompagné de jambière lisses renforcées de plaques de nacre. La raison l’emporta : cela faisait trop longtemps qu’elle ne s’était pas lavée. Elle se nettoya sommairement à l’aide d’un petit bassin au fond de la chambre, puis enfila les nouveaux vêtements. Le poncho, coupé à la taille des Néréeins, bien trop long, lui tombait en dessous des genoux et les jambières taillaient à peu près correctement après quelques ourlets sur le bas. Adieu, la praticité ! Le tissu lisse frottait sans cesse sa peau, et ne semblait pas se réchauffer. Avec la sensation d’être ridicule, elle toqua sur la paroi de glace. Elle disparut aussitôt, et la servante récupéra promptement les vêtements sales pour les emmener. Taïe la retint :

 

“Est ce que je pourrais les récupérer ? Je dois partir en bateau à l’aube, et j’aimerais…

-Bien sûr, si vous le souhaitez. Je les ferai lessiver à bord, si vous y tenez.

-D’accord…merci. Et quand pourrais-je récupérer mes armes ?

-Vos armes ? Ses yeux s’écarquillèrent. Ce n’est pas à moi qu’il faut demander cela, madame, dit-elle en secouant la tête précipitamment. Adressez vous à l’un des gardes.”

 

Elle pressa le pas et disparut au détour d’un couloir. Plantée devant sa porte, Taïe la regarda s’en aller, perplexe. Lorsqu’elle voulut faire demi-tour, elle se trouva face à la porte de sa chambre, fermée. Allons bon. Je n’ai plus qu’à trouver un garde. Elle pourrait ainsi récupérer ses armes. Elle déambula dans les couloirs, tous identiques, et tenta de compter les intersections, mais le palais était un vrai labyrinthe et elle perdit le compte au bout d’une dizaine de tournants. Alors qu’elle se perdait dans ses pensées, elle faillit percuter un garde, qui la regarda avec un air sévère.

 

“Excusez moi, je ne regardais pas où j’allais… j’aimerais savoir quand je pourrai récupérer mes armes.S’il vous plaît, ajouta-t-elle devant le regard stoïque du Néréein.

 

-Je ne sais pas quand vous pourrez les revoir, mais je vous conseille d’aller à l’armurerie. C’est là bas que sont stockées toutes les armes.”

 

Taïe bredouilla un petit merci et s’enfuit dans la direction indiquée. Après avoir demandé sa route à chaque intersection, elle parvint devant une porte qu’on lui indiqua être la bonne. Étrangement, personne n’avait semblé étonné de la voir déambuler comme bon lui semblait. Peut être qu’ils la confondaient avec une Soboemns ? Elle leva le bras et toqua fort sur la paroi gelée. Rien ne se passa. Elle toqua de nouveau, et cette fois ci, elle entendit clairement quelqu’un râler, puis la porte s’ouvrit. Un vieux Néréein la toisa de toute sa hauteur.

 

“C’est pour ?

-Je… je cherche mes armes. Deux poignards.

-Ces choses étranges que l’on m’a rapporté l’autre jour ? Elles sont à vous ? "

 

Elle acquiesça et suivit le Néréein dans l’armurerie. La pièce était immense. Dôme gigantesque, des poignards, lances, boucliers, épées et d’autres armes inconnues de Taïe étaient accrochées sur les murs et posées sur des râteliers. Elles étaient toutes faites d’une matière nacrée lisse et uniforme. Des armures brillantes étaient exposées le long des murs. Un jeune Néréein, à genoux devant l’une d’elle, s’employait à l’astiquer vigoureusement. Les poignards de Taïe étaient posés sur une table, et semblaient avoir été nettoyés eux-aussi. Elle pressa le pas et s’en empara, soulagée. Ils retrouvèrent leur place à sa ceinture, poids rassurant à ses côtés. Calés du mieux qu’elle pouvait dans les jambières, ils tiendraient le temps qu’il faudrait, jusqu’à ce qu’elle retrouve ses vêtements. Elle remercia l’armurier, et fit demi tour lorsque ce dernier la stoppa.

 

“Attendez !”

 

Taïe s’arrêta, paniquée. S’était-il rendu compte qu’elle n’avait peut être pas le droit d’être ici ?

 

“Vous accompagnez la princesse dans son voyage, n’est ce pas ? Vous lui donnerez ceci de ma part.”

 

Il lui tendit un petit sachet, puis ouvrit la porte et la fit sortir avec empressement. Curieuse, Taïe hésita à ouvrir le sac. En avait-elle le droit ? Était-ce confidentiel ? En plein dilemme, elle n’entendit pas Keli’hel arriver au bout du couloir. Surprise, elle cacha prestement le sachet sous son poncho.

 

“Eh bien qui voilà ? Une de nos “prisonnières”, en liberté dans le palais ! Sais-tu que tout le monde t’attend ?”

 

Ne sachant pas quoi répondre, elle préféra garder le silence. Avait-il toujours cet air arrogant et désintéressé ?

 

“Je vais te mener à eux. Suis-moi.”

 

Obéissant à son ton autoritaire, elle le suivit en silence dans les couloirs. Lorsqu’ils sortirent enfin du palais, Nali’ah, Elyie et une petite foule de Néréeins attendaient au bord d’une plate-forme. Nali’ah lui jeta un regard noir, saisit son épaule et la poussa près du vide.

 

“Honneur aux retardataires.”

 

Elle lui assena une poussée dans le dos, et Taïe tomba. L’air sifflait à ses oreilles tandis qu’elle se rapprochait du sol à toute vitesse. Le sol de la caverne était recouvert d’eau, mais on voyait la roche poindre à certains endroit. Elle allait s’écraser ! Quelques secondes avant l’impact, elle ferma les yeux, attendit le choc… mais son corps traversa environ trois mètres d’eau, et tomba de nouveau dans le vide. Les yeux toujours fermés, elle sentait des gouttelettes d’eau lui cingler le visage. Un énorme grondement se faisait entendre. Après de longues secondes, elle heurta enfin la surface de l’eau. Elle tenta d’ouvrir les yeux, mais le courant était trop agressif. Le haut et le bas se mélangeaient, et les courants jouaient avec son corps comme s’il n’était qu’une poupée de chiffon. Son poncho entravait terriblement ses mouvements. Une main agrippa enfin son bras, et la remonta à la surface. Sans rien comprendre, elle se fit traîner jusqu’à la rive rocheuse.

Elle respira profondément, haletante, le cœur battant encore après sa chute. Puis elle vit le lac. Des centaines de chutes d’eau se déversaient des flancs des falaises et pentes boisées directement dans un immense lac. Les parois qui l’entouraient totalement formaient une cuvette de pierres avec de multiples étages, des arbres, des sapins, qui poussaient un peu partout. L’écume des cascades formait une couche brumeuse à la surface de l’eau, sur laquelle se reflétait le soleil levant. De l’endroit où la paroi était la plus imposante et la plus haute se déversait une cascade plus grande que toutes les autres.

 

Nali’ah releva Taïe, et la lui désigna.

 

“Vaguah’ey se trouve à l’intérieur de cette montagne. Nous sommes sortis par l’immense chute qui s’en déverse. Nous avons sauté, traversé une couche d’eau puis sommes tombés dans le lac aux Mille Chutes. C’est ici que vit le peuple Néréein, dans des grottes sur les parois, derrière les chutes, partout où tu vois de la verdure, aussi.”

 

Subjuguée par la beauté du lieu, Taïe ne répondit rien et continua à l’admirer. Visiblement irritée pour une raison inconnue de Taïe, Nali’ah lui reprit le bras et le guida sur un petit chemin de sable qui serpentait jusqu’en haut de la cuvette. Détournée du lac, Taïe reprit peu à peu ses esprits et repoussa la princesse.

 

“Je peux marcher seule, merci, grommela-t-elle.”

 

Son poncho avait déjà séché. C’était visiblement l’un des avantages de ce matériau désagréable. Une demi douzaine de Néréeins les avaient suivis, et avançaient en file indienne devant elle. Elyie en faisait partie, toujours crachotante et larmoyante après son plongeon. Taïe se détourna. Bientôt, Elyie ne serait plus qu’un souvenir. La marche se poursuivit, jusqu’au sommet de la falaise, où Taïe put apercevoir la mer. Elle bordait Vagua’hey au sud et à l’est. C’est direction du soleil levant que le groupe se dirigea, descendant l’autre versant pour poursuivre à l’ombre des arbres touffus. Plus ils avançaient, plus Taïe se demandait comment elle allait pouvoir s’échapper. Les gardes entouraient le groupe, manifestement plus pour protéger la princesse que pour la retenir, mais elle était certaine qu’ils l’empêcheraient de s’enfuir si elle essayait. Le soleil poursuivait sa course et elle désespérait de pouvoir partir avant d’arriver sur la côte. Finalement, ce fut Elyie qui lui fournit l’occasion parfaite. Elle s’arrêta et s’adressa à Nali’ah.

 

“La blessure de mon bras s’est rouverte. J’ai besoin de quelque chose pour la bander, mon ancien bandage est trempé et trop abîmé.”

 

Nali’ah poussa un grand soupir.

 

“On y arrivera jamais à ce rythme ! Le navire part avant midi. Tu vas découper une bande dans ton poncho. Gardes ! Que quelqu’un me donne un poignard.”

 

Tandis que les gardes se bousculaient pour avoir l’honneur d’être celui qui apporterait l’outil, Taïe recula lentement vers les arbres. Le temps qu’Elyie ait fini de se soigner, elle pourrait fuir le plus loin possible. Tout le monde serait occupé à la regarder, elle ou la princesse, qui s’emparait de la lame et se penchait sur le poncho d’Elyie. Elle recula doucement, évitant les branches tombées et les pierres, s’éloigna de plus en plus… Puis, quand elle fut hors de portée d’oreille, elle se retourna en s’enfuit en courant le plus silencieusement possible. L’adrénaline et la peur couraient dans ses veines. Elle accéléra, et s’enfonça le plus loin possible dans la forêt. Elle courait aussi vite qu’elle le pouvait, sautant au dessus des branches et contournant les arbres. Elle croisa une clairière, et bifurqua vers le nord. Loin derrière elle, quelqu’un lança un cri d’alerte. On avait remarqué sa disparition. Elle redoubla d’effort, cherchant un endroit pour se cacher. Elle avait beau être endurante, elle ne pourrait pas courir indéfiniment. Au détour d’un affleurement rocheux, elle se stoppa net, interloquée. Au milieu d’une petite clairière se tenait un arbre… à l’envers. Son feuillage s’étendait sur le sol, et les racines pointaient vers le ciel à la place des branches qui auraient dû pousser. Il n’avait pas l’air naturel, mais semblait à la fois si bien implanté qu’on ne pouvait l’avoir mis là manuellement. Un nouvel ordre retentit dans la forêt, probablement en néréein si on se fiait à l’intonation.

Revenant à la réalité, elle ne réfléchit pas plus longtemps avant de grimper dans l’arbre, grimpant dans le branchage avant de se cacher au creux du tronc, parmi les racines du sommet. Le cœur battant, elle respira profondément. Un large sourire s’étira sur son visage. Elle avait réussi ! Il ne lui restait plus qu’à attendre que le soleil soit haut dans le ciel : elle était persuadée qu’ils ne prendraient pas le risque de manquer le bateau juste pour la retrouver. En revanche, des gardes pourraient très bien être déployés pour la chercher après… elle devait attendre assez longtemps pour que le groupe reparte, mais se mettre en route avant que Vagua’hey n’envoie des soldats à sa recherche. Elle attendit un bon moment, le dos tordu dans sa cachette inconfortable. Les voix se rapprochaient, lançant des directives. Elle s’enfonça le plus possible parmi les racines, retenant son souffle. Il n’y avait que six gardes dans l’escorte de la princesse… et ils ne devraient pas tarder à repartir. Après ce qui lui sembla une éternité à trembler d’appréhension, les voix s’éloignèrent et elle pu respirer normalement. Le soleil n’était pas encore à son apogée. Elle s’extirpa des racines, et descendit de son perchoir. Elle devait partir le plus loin possible.

Quand les pieds de Taïe touchèrent le sol, un immense soulagement s’empara d’elle. La guerrière dégaina ses poignards, et les pressa contre son front. Des larmes s’échappèrent de ses yeux, et elle ne chercha pas à les retenir. C’étaient des larmes de joie, de bonheur face à la liberté retrouvée. Plus aucun lien, plus aucune brume ne la retenait. Elle avait vu les cartes de Nali’ah : Oedoria était immense. C’était un tout nouveau monde qui s’étendait devant elle, n’attendant qu’à être parcouru. Elle rangea ses armes et se mit en route vers le nord, un grand sourire sur les lèvres.

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MrOriendo
Posté le 14/10/2024
Hello Mila !

Eh bien on peut dire que le rythme ne retombe pas dans cette histoire, il se passe des choses à chaque chapitre ! J'ai beaucoup aimé ce rêve étrange de Taïe, qui semble symboliser l'altération du cours du Temps dont on parle depuis le début du récit. J'imagine que la libération du prisonnier du prologue doit avoir un lien avec cet étrange phénomène... En tout cas ça y est, je suis vraiment happé par ton histoire et j'ai envie de comprendre !

Gros point positif aussi sur la description du Lac aux Mille Chutes et ses cascades suspendues, on se représente facilement le paysage grandiose que ça peut donner. De manière générale, je trouve que les descriptions sont l'un des points forts de ton récit depuis le départ. Elles méritent par endroit d'être un peu étoffées ou enrichies, mais tu as vraiment une plume qui crée de très belles ambiances, qui dessine les panoramas sous nos yeux comme si tu étais en train de les peindre sur une toile. Question immersion, c'est top !

Je ne sais que penser de l'évasion de Taïe et de cet arbre à l'envers. Je comprends son désir de solitude, de s'affranchir de la compagnie d'Elyie, tu l'as très bien exprimé à plusieurs reprises auparavant. Mais c'est un peu idiot de sa part de mettre son plan à exécution maintenant, alors que la princesse des Néréeins s'apprête à lui offrir toutes les réponses qu'elle recherche sur un plateau. Enfin bon, dans tous les cas j'imagine que son évasion ne sera pas si simple et que cet arbre étrange ne fait pas son apparition par hasard.

Au plaisir,
Ori'
Mila
Posté le 14/10/2024
Hello !
Ha ! Je suis contente de t'avoir happé. Plus de retour en arrière possible, maintenant... hehehe
Merci pour ce beau compliment sur mes descriptions ! Il me va droit au coeur.
Alors, concernant l'évasion et l'arbre à l'envers... en fait tout part d'une simple erreur. Alors que je dessinais l'une des cartes, j'ai par mégarde tracé l'un des arbres à l'envers. C'est tout. Mais je me suis dit "Pourquoi pas ?", et il est resté. Mais il est vrai que je pourrais en faire un élément plus étoffé, surtout s'il tape dans l'oeil des lecteurs comme cela l'a fait avec toi, et que il t'a semblé être un élément contrebalançant la fuite bête, puisque Nali'ah allait lui donner des réponses. Après, la motivation de Taïe est surtout basée sur son désir de vengeance : comprendre la vision l'intrigue, mais ce n'est pas sa priorité.
Au plaisir !
Luvi
Posté le 02/09/2024
Hello !

Enfin elle est de retour !!!! Un peu d'action et un abandon bien mérité pour Elye !!
J'aime particulièrement la façon dont tu décrit son ressentie lors de son rêve. Cela apporte bien plus de mystère et des questions sur l'intrigue. Psychologiquement c'est assez intéressant d'apporter ce questionnement intérieur et de la faiblesse mentale au personnage.

A bientôt !
Mila
Posté le 02/09/2024
Hello !
Tu n'aimes vraiment pas Elyie à ce que je vois... C'est assez marrant.
Merci si tout ce qui s'ajoute au niveau psychologique dans ce chapitre t'a plu !
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