Arrivée sur la plage, Shy’r se transforma en sa forme humaine et accourut auprès d’Ona. Celle-ci la souleva sans peine et lui embrassa le bout du nez en riant. Elle était revenue. Comme promis.
« J’ai réussi l’épreuve !
— Félicitations. (Ona lui baisa la joue et posa sa tête sur son épaule, soupirant sur son cou salé.) Je suis heureuse de ne pas être morte pour rien. L’éternité sur cette île n’en sera que meilleure à tes côtés, Oracle.
— Mais rien à tes yeux n’est plus doux que la liberté. Alors… Tu es une âme sans limite à présent. »
Ona n’en revenait pas. Le rire fier de Shy’r sonnait comme une mélodie à ses oreilles, un air presque aussi séduisant que celui de la mer qu’elle allait pouvoir retrouver.
« Je ne te remercierai jamais assez pour ça non plus, chuchota-t-elle près de son oreille avant de l’embrasser.
— Ne parle pas trop vite, répondit Shy’r en se remettant sur ses pieds. Je crains qu’il y ait une condition pour que ce vœu perdure.
— J’accepterais n’importe quoi.
— Mon vœu doit assurer le futur de mon clan. Si tu veux être libre, tu dois d’abord m’aider dans ma mission. Aide-moi à créer le pont entre nos mondes. »
Ona n’eut pas le temps de répondre que Shy’r s’était déjà tournée vers Khulai.
« Ma proposition tient toujours Khulai, je peux tout t’apprendre.
— Non, merci. Je n’ai aucune envie de me lier à cette partie de moi. Ce qui coule dans mes veines restera dans mes veines.
— Je comprends, admit Shy’r malgré une pointe de déception dans sa voix. »
Ona soupira.
« Ce n’est pas exactement ce que j’avais imaginé...
— La vie ne se passe pas toujours comme prévu. »
La remarque de Khulai fit frissonner Ona. Rien ne s’était passé comme prévu pour elle, sans doute car elle avait été guidée par les mauvais contes. Elle sourit timidement à celle qui l’avait délivrée et enlaça leurs doigts :
« Il est temps que le monde se remémore ses légendes.
— Et je veux faire partie de ça, conclut Khulai. »
La voix d’Ona résonnait une nouvelle fois avec le cœur battant à vive allure de Shy’r et, quelque part au milieu de leurs âmes attachées, se tenait la sérénité de Khulai.
Les envies de l’un·e embrassant le bonheur de l’autre.