Chapitre 13

Par Isapass

On a pas hésité longtemps. Un endroit un peu plus confortable que notre campement, que Mercy puisse se remettre, ça tombait trop bien pour qu’on se pose des questions. Walt et moi, on s’est réparti notre barda, il a pris délicatement Mercy dans ses bras et je me suis chargé de la petite. En nouant les manches de la chemise et en rassemblant le reste du tissu, ça lui faisait une espèce de hamac que je portais en bandoulière. Elle était si légère que je vérifiais tout le temps si elle était bien là.

Un peu avant midi, on avait installé mère et enfant dans la chambre indiquée par Beaumont. Lui, il était parti se coucher directement. Avec Walt, on s’est retrouvés seuls dans le salon, à pas oser s’asseoir de peur de salir les fauteuils. Les premiers instants, du moins, parce qu’ensuite, la fatigue m’a coupé les jambes d’un coup. Je me suis écroulé sur une banquette recouverte d’une tapisserie rayée qui avait l’air hors de prix. En y regardant de plus près cependant, j’ai bien vu que le tissu était usé jusqu’à la corde et laissait sortir les crins du rembourrage. Les pieds finement torsadés étaient tout marqués et piquetés de trous de vers. En fait, tout était pareil : la décoration et les meubles avaient sans doute étaient luxueux, mais ils s’en souvenaient plus depuis longtemps. Dans les coins de la pièce, là où Beaumont passait jamais, la crasse feutrait sur le sol, sur les murs, même sur les centaines de bouquins des étagères. Par la fenêtre, je voyais la terre jaune et caillouteuse où des espèces de plantes hautes et piquantes pointaient comme des pieux dans l’herbe rase. Je me suis demandé ce qui était le plus triste, de l’intérieur ou de l’extérieur.

 

Quand un ronflement de Walt plus fort que les autres m’a réveillé, la lumière tournait à l’orange. Il roupillait à même le plancher, près de la porte qu’il avait entrouverte. Y avait rien qui bougeait dans la baraque.

Je me suis dirigé sans faire de bruit vers la chambre où étaient installées Mercy et la petite. Par l’entrebâillement, j’ai vu le bébé qui remuait doucement entre les bras de sa mère. Elle, elle dormait à poings fermés. J’ai poussé le battant pour rentrer et j’ai failli crier ; Beaumont était debout au pied du lit. Il les regardait fixement, l’air fasciné. Mon cœur a fait un bond, mais lui, il a même pas esquissé un mouvement quand je me suis posté à côté de lui, en essayant de paraître menaçant.

— Une petite noire dans les draps de ma mère… il a dit au bout d’un moment. La brave femme doit se retourner dans sa tombe.

Ensuite il est sorti. Je savais pas trop quoi penser, mais le bébé a émis un couinement et je me suis approché. C’était plus facile de la regarder quand elle avait les yeux fermés. J’ai contemplé un moment la mère et la fille. Ma gorge était un peu serrée, mais c’était pas désagréable. Finalement, comme elles continuaient à dormir et que j’entendais les voix de Walt et de Beaumont, j’ai fini par quitter la chambre. J’ai eu droit au sourire de Big Boy en arrivant dans le salon. J’ai réalisé qu’il répondait au mien.

 

Plus tard, à la nuit, Mercy a tenu à se lever pour le souper. Walt avait préparé un ragoût avec ce que l’instituteur avait trouvé dans son garde-manger. Un plat que les assiettes en porcelaine — ébréchées — de Beaumont avaient pas dû voir très souvent. Il appelait ça du « Limoges ». Il remplissait son verre à pied sans arrêt et, au final, à part les quelques gorgées qu’a acceptées Walter, il a descendu la bouteille. Il devait avoir l’habitude, parce qu’il avait pas l’air trop éméché.

À la fin du repas, on s’est assis dans le salon. Bien enfoncée dans un fauteuil, Mercy mangeait sa fille des yeux. Je crois qu’elle nous avait oubliés. Je m’étais demandé ce qu’elle ressentait, et à ce moment-là, le sourire qui flottait sur sa figure m’a donné la réponse. Elle aimait son bébé sans une seule pensée pour le père ou ce qu’il lui avait fait. Parce que c’était le sien et qu’elle l’avait porté et mis au monde. C’était si joli que Walt et moi on osait pas dire un mot pour pas les déranger.

— Alors, comment allez-vous nommer cette petite ? a demandé Beaumont en entrant dans la pièce.

— Je sais pas trop, encore, a répondu Mercy. Enfin… j’ai pensé…

Elle m’a lancé un regard.

— J’ai pensé à… Velours.

J’ai ouvert la bouche pour dire que je trouvais ça très beau, mais l’émotion m’avait coupé la voix.

— Hum, c’est un nom qui aurait du succès dans un bordel de la côte, a commenté l’instituteur sur un ton dégagé. Si vous voulez vouer cette petite à un tel avenir, Velours est une bonne idée. Ou Satin. Ceci dit, avec son métissage, elle y fera probablement fureur.

Mercy s’est décomposée. Moi j’ai retenu un frisson. Même Walt a cligné plusieurs fois des yeux.

— Je… je sais pas, alors, a soufflé Mercy.

Elle serrait sa fille plus fort, comme pour la protéger des prédictions de Beaumont.

— Ne soyez pas trop pressée, en effet, il a continué. Votre vie nomade n’est pas une bonne garantie pour la survie d’un nouveau-né. Vous souffrirez moins de sa mort si vous ne l’avez pas encore baptisée.

— Fermez-la ! j’ai crié en me levant.

Il m’a regardé d’un œil éteint, puis il a repris.

— Soit elle mourra très vite, soit elle deviendra une grande voyageuse avec une enfance pareille. Qui sait, peut-être fera-t-elle des découvertes ? D’autres voyageurs ont trouvé des continents.

J’étais de plus en plus convaincu qu’il était fou. Restait à savoir s’il était dangereux ou pas. Tout d’un coup, son regard s’est illuminé. Il a tourné les paumes et le visage vers le plafond et il a commencé à parler dans une langue qui était pas de l’anglais.

— Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Fatigu
és de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Ou penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

 

Il est resté plusieurs secondes immobile, la bouche un peu ouverte, comme s’il goûtait les mots. Quand il est revenu et qu’il a vu nos bobines, il a éclaté de rire.

— C’est un poème de Heredia, il a expliqué. Un auteur français d’origine cubaine. Il parle des conquistadors espagnols. Je voulais juste illustrer mon propos, ne m’enfermez pas tout de suite.

Il a désigné la petite dans les bras de Mercy qui le fixait avec des yeux comme des roues.

— Votre enfant trouvera peut-être de l’or.

Sur ce, il a paru s’éteindre de nouveau. Il s’est dirigé vers la porte.

— C’était très beau, Monsieur, a dit Mercy avant qu’il sorte. Comment on dit « voyage » en français ?

Beaumont a souri, moitié flatté, moitié surpris.

— « Voyage », il a répondu.

Mercy a répété le mot. Ou du moins elle a essayé, mais ça sonnait pas pareil. L’instituteur l’a corrigée, et elle l’a murmuré à sa fille.

— Je veux l’appeler comme ça, elle a dit ensuite.

— C’est un très beau nom, a soufflé Walt. 

Elle s’est tournée vers moi. Je sais pas quelle tête je faisais, mais elle quand l’a vue, elle a redressé le menton.

— C’est moi qui décide, non ? C’est moi toute seule, Sam, pour la première fois ! Je veux même pas savoir ce que t’en penses !

Je me suis rendu en levant les mains.

 

Beaumont sorti, on s’est retrouvés tous les trois. Walt s’est assis par terre à côté de Mercy, les yeux rivés sur la petite. Ses joues se sont mises à frémir et j’ai vu le moment où il allait éclater de rire. Il a dû se rendre compte que ça risquait de faire peur au bébé parce qu’il a plaqué une main sur sa bouche. On aurait dit un enfant à qui on montre un chiot pour la première fois. Mercy en avait pas perdu une miette.

— Tu veux bien la prendre ? elle lui a demandé.

Il a hoché la tête et elle a calé la petite — Voyage — dans le creux de son coude. C’était presque effrayant de voir à quel point elle semblait minuscule contre lui. Quand Mercy a caressé la joue de sa fille, nos trois respirations se sont arrêtées. À la lumière des lampes, la peau brune de sa main tranchait sur le petit visage. Elle a laissé retomber son bras et s’est reculée dans son fauteuil. Le silence a rempli la pièce pendant plusieurs minutes.

— Son père, elle a fini par dire, c’est M’sieur Harper, le neveu de Miss Helen.

Elle s’est tue et elle a fixé ses genoux. J’ai lancé un regard à Walt ; ses yeux m’ont répondu « Sois patient, Sam Carson ». En effet, après un moment, Mercy a repris :

— J’avais onze ans la première fois. J’étais toute contente d’avoir ma chambre à moi, de plus dormir aux pieds de Miss Helen. Jusqu’au jour où il est rentré pendant la nuit. Je me suis réveillée en sentant son poids sur moi. Il a mis sa main sur ma bouche. Quand j’ai essayé de le mordre, il m’a giflée.

Elle avait commencé son récit tout bas. Mais petit à petit, sa voix gonflait, elle devenait plus dure.

— Le lendemain, j’ai raconté à Miss Helen qu’il était venu dans ma chambre. Dans mon lit. J’avais encore la marque des doigts de son neveu sur la joue. Elle a pas dit un mot. Jamais. Alors il a continué. La nuit, ou même en pleine journée. Des fois, il me coinçait dans les écuries. Des fois, il m’emmenait dans le pavillon. Jusqu’à ce que vous arriviez.

Mes mains étaient crispées sur la toile de mon pantalon. Quand une étincelle a crépité près du plafond, j’ai compris que Big Boy était dans le même état que moi.

— Quand… quand on t’a trouvée dans la p’tite maison, Miss Mercy, il a dit en hésitant, y avait pas ce Harper.

Mercy a grimacé un sourire écœuré.

— Non, ça, c’était nouveau. Au début, j’ai cru que c’est M’sieur Harper qui leur avait commandé de m’amener jusqu’à lui. Ça lui aurait bien ressemblé, tiens ! Mais dans le pavillon, j’ai bien compris qu’ils avaient autre chose dans le crâne, ces… vauriens ! Je sais pas s’il était au courant ou non, mais ils ont dû se dire qu’y avait pas de raisons pour qui y ait que lui qui en profite.

On a entendu un tintement à l’entrée de la pièce. Beaumont se tenait là sa flasque à la main, appuyé contre le chambranle, l’équilibre incertain.

— Le comportement de ces hommes était considéré comme tout à fait normal il n’y a pas si longtemps, il a dit avec un regard nostalgique qui m’a fait froid dans le dos.

— Et alors ? j’ai craché. Faudrait les excuser ?

Il a haussé les épaules et a fait demi-tour pour sortir de la pièce. Quand il s’est avancé en titubant dans le couloir, je l’ai entendu marmonner :

— Peut-être…

Je me suis rappelé que je l’avais trouvé au pied du lit de Mercy, quelques heures plus tôt. J’en ai eu un nouveau frisson.

 

Le lendemain matin, Beaumont s’est levé tard. Quand il est arrivé dans le salon, il se tenait la tête à deux mains en grimaçant. Il a eu l’air surpris de nous voir, comme s’il se souvenait plus qu’on était là depuis la veille. Il a soupiré, puis il a fait un geste de la main, celui qu’on fait pour chasser les insectes.

— Partez de chez moi, s’il vous plaît, il a grogné en retournant vers sa chambre.

On l’a pas vu le temps que Mercy s’occupe de sa fille et qu’on rassemble nos affaires. J’ai pensé qu’il s’était endormi et qu’on le reverrait pas avant notre départ. Pourtant, il s’est pointé pile au moment où on levait le camp, la gueule moins chiffonnée et un sourire satisfait sur les lèvres.

— Bien, bien, il a dit. Vous possédez plus de savoir-vivre que beaucoup de gens de mon monde qui ne savent jamais quand prendre congé à la suite d’une invitation. Je vous souhaite bonne route. 

Il avait beau fanfaronner, y avait quelque chose de triste dans ses yeux.

Mercy s’est plantée devant lui, la petite dans les bras.

— Vous vous en êtes peut-être pas rendu compte, mais ces deux jours que vous m’avez donnés, et à ma fille, ils valaient très cher pour moi. J’espère qu’ils vous ont pas coûté trop. Merci, M’sieur Beaumont.

Puis elle s’est mise en route, suivie par Walt. J’ai chargé les derniers sacs sur mon épaule et puis, sur une intuition, j’ai dit à l’instituteur :

— Si quelqu’un demande après nous, ce serait bien gentil d’oublier que vous nous avez vus.

Il a eu l’air de réfléchir quelques secondes, les yeux plantés dans les miens. Et puis il a lâché :

— J’ai entendu parler d’un endroit appelé Le Jugement, à la frontière sud de l’état. Son propriétaire serait un magistrat qui recueillent les… gens comme vous dans une sorte de communauté ou quelque chose de ce genre-là. Pour tout dire, je ne sais pas du tout si c’est vrai ou si c’est une légende qui se murmure sur les routes. Dans le doute, peut-être devriez-vous vous renseigner ?

Il est rentré dans la maison en me laissant ce qu’il avait dit sur les bras. Le Jugement… Ça sonnait comme un danger plutôt que comme une chance. Et c’était qui « les gens comme nous » ? Pour ce que j’avais compris de lui, c’était peut-être juste un sale tour de Beaumont.

Je marchais pour rejoindre les autres, quand un souvenir m’est revenu : Modest aussi avait parlé du magistrat, et de cet endroit, sans dire son nom.

J’avais peut-être rien compris à Beaumont, finalement.

 

Malgré la bizarrerie de notre hôte, il fallait bien reconnaître que son invitation était tombée à pic. C’est vrai qu’on pouvait plus avancer à la même vitesse, mais c’était quand même beaucoup mieux que si on avait dû reprendre la route quelques heures après la naissance de Voyage. Là, on repartait propres et reposés, ça nous arrivait pas si souvent.

J’avais déjà entendu dire que la chance appelle la chance. C’est exactement ce qui s’est passé pendant la période qui a suivi. Trois jours après notre départ de chez Beaumont, on a franchi le sommet d’une colline et on a découvert une région fertile, une immense cuvette où les champs de blé vert s’étendaient à perte de vue. Le ciel était complètement bleu, mais les grosses chaleurs avaient pas encore commencé, ce qui fait qu’on respirait bien. Y avait un peu d’air qui agitait les épis et les branches des arbres en bordure des chemins. On pouvait même se reposer à l’ombre.

Walter nous a expliqué qu’il connaissait le coin.

— J’suis pas v’nu par là d’puis bien longtemps, il a dit avec un soupir lourd. Mais y a pas d’raisons pour qu’ça soit différent d’avant. Ici, c’est qu’des très grandes fermes qui s’partagent la terre. Tout comme Obard farm où on s’est rencontrés, Sam. On aura d’l’embauche facilement, tu verras.

Je le trouvais un peu trop confiant, je dois dire, surtout qu’on était pas encore aux moissons, il s’en fallait de deux bons mois. J’en avais trop bavé pour croire que quoi que ce soit pouvait être facile. Mais c’est vrai que ce paysage, ce temps clément, et aussi la parfaite entente entre nous, j’avais l’impression que mes mains étaient pleines. Même Voyage y mettait du sien : elle dormait comme un ange, bercée dans son hamac-chemise qu’on se relayait pour porter. Alors quand on a été en vue de la première ferme, j’avais fini par me convaincre qu’on trouverait réellement une place.

On s’est mis d’accord sur le même plan qu’avant la naissance de Voyage : on allait faire un campement le plus confortable possible pour Mercy et la petite, et on partirait prospecter sans elles. On s’arrangerait pour revenir le soir. Ça nous emmerdait, Walt et moi, de les laisser seules, mais Mercy a insisté. En fait, elle avait l’air fatiguée, même si comme d’habitude, elle avait été vaillante sur la route. On a fini par accepter et on a trouvé un coin abrité pour installer le bivouac.

 

Walt avait raison : on a été embauchés dès notre arrivée à la ferme, pour deux semaines, directement. O’Bannon farm, ça s’appelait. Ils voulaient préparer les récoltes. Il fallait réparer et graisser les machines, faire sortir les chevaux pour qu’ils perdent leur gras de l’hiver, vérifier les toits des baraquements et d’autres tâches qui nous allaient très bien. C’est la carrure de Big Boy qui les a convaincus plutôt que mon baratin, n’empêche qu’ils ont pas mis en doute ce qu’on savait faire et ils ont accepté sans discuter le salaire que j’ai annoncé pour nous deux et nos conditions. Au soir de la première journée, le contremaître m’a tapé sur l’épaule avec un sourire sympa. Un type pas plus grand que moi, avec un ventre rond, des joues roses et une grosse moustache qui s’agitait quand il parlait.

— J’attendais de voir, mais je dois admettre que vous valez ce que vous demandez.

Il m’a tendu le salaire de la journée et une gamelle qui sentait bon le lard.

— Je me suis dit que vous alliez avoir du mal à trouver de quoi vous ravitailler par ici, alors je vous ai fait préparer ça par les cuisines. C’est déduit de vos paies, bien sûr. Si ça vous convient, on peut continuer comme ça. Ramenez la casserole demain. Bonne nuit, les gars.

Je suis resté planté là comme un con avec ma gamelle brûlante et mes pièces à le regarder s’éloigner.

— C’est un homme gentil, hein, Sam ? a dit Walt en me poussant doucement dans le dos pour que je me mette en route.

Si gentil que je croyais pas en rencontrer un comme ça un jour, j’ai pensé. Sur le chemin vers le campement, j’ai eu comme un vertige et mon cœur a accéléré. La cloche d’alerte a sonné dans ma tête pour me prévenir que c’était un piège, tout allait trop bien. Mais ça n’a duré qu’un instant. En rejoignant Mercy et le bébé, je tremblais presque plus. J’avais plus que jamais envie de les prendre toutes les deux dans mes bras.

Elle nous a pas entendus arriver. Elle était à genoux, le dos tourné et, d’après sa position, j’ai compris qu’elle tenait Voyage en la berçant. Je me suis approché sur la pointe des pieds avec l’idée de lui caresser la joue, mais ma main s’est figée. Ses épaules remuaient sous l’effet de sanglots silencieux. Une larme s’est même écrasée sur le front de la petite.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? j’ai dit.

Elle a sursauté, essuyé ses paupières de la manche et s’est retournée avec un brave sourire.

— Rien, ça va.

Tête de mule. J’ai failli insister, et puis j’ai renoncé. Je la connaissais assez à présent pour savoir que ça servait à rien. Je me suis assis à côté d’elle et je l’ai serrée contre moi. J’ai jeté un coup d’œil à Walt. Sa bouche était bizarrement tordue, comme s’il hésitait sur l’expression à prendre. Finalement, il s’est éloigné en marmonnant quelque chose à propos de bois et de feu.

— Il est pas content ? a interrogé Mercy.

Il y avait de la peur dans sa voix. Elle voulait pas qu’il désapprouve, c’était évident. Je me suis demandé ce qui se passerait si Walt montrait clairement qu’il aimait pas nous voir ensemble.

— Je crois qu’il se pose la question, j’ai répondu. Mais je suis sûr qu’au bout du compte, il sera heureux pour nous. Au moins pour toi. Il ferait n’importe quoi pour toi.

— Pourquoi tu dis ça ?

Quand les mots m’étaient sortis de la bouche, je pensais aux trois cadavres de Pierce Rock dans leurs flaques de sang. Mais je trouvais ça un peu lourd à porter.

— À la naissance de Voyage.

Elle m’a regardé en fronçant les sourcils.

— Eh ben quoi ?

— Tu sais… ce que je t’ai expliqué. Son… don, sa magie. T’as bien dû sentir qu’il l’a utilisée sur toi, pour te sauver, et pour sauver la petite, non ? Les picotements, comme des fourmis sur la peau ?

Elle a pas bougé pendant très longtemps.

— Je me suis réveillée d’un coup, elle a fini par souffler. J’avais de la force que c’est pas permis, et la fatigue partie. Je savais que je devais pousser pour la faire naître. Et je savais que j’étais capable.

Elle a regardé dans la direction par où Walt était allé, puis elle a secoué la tête et a fait mine de se lever.

— Attends, j’ai dit en attrapant sa main.

J’ai mis mes bras autour d’elle et je l’ai sentie s’appuyer contre moi avec un petit rire content. On s’est embrassés, longtemps. La douceur de ses lèvres, les gazouillements de Voyage, le fumet de la gamelle qui nous attendait… mon cœur battait à grands coups espacés, et chacun d’eux me donnait l’impression que je pouvais voler.

 

Deux jours plus tard, Mercy nous a annoncé qu’elle allait se présenter à la ferme pour du travail. Elle avait dans l’idée de faire comme si on se connaissait pas, pour pas que ça nous retombe dessus s’ils voulaient pas d’une fille noire avec un bébé. C’est vrai que le contremaître était bien, mais on savait pas si c’était jusqu’à ce point-là. Walt a protesté. Pas trop fort, à sa manière. Il lui a dit qu’elle pouvait encore se reposer, qu’on était pas dans le besoin ou quoi. Pour une fois, c’est lui qui a cherché mon appui des yeux. Mais moi je voyais bien que Mercy s’ennuyait, au camp, même en s’occupant de Voyage. Et je l’avais de nouveau surprise plusieurs fois toute triste pendant qu’elle regardait la petite. J’arrivais pas à comprendre d’où ça venait. Pourtant, Dieu sait que j’essayais de deviner. Est-ce que c’était à cause de qui était le père de Voyage ? Est-ce que c’était quelque chose que j’avais pas fait comme il fallait ? J’en savais rien et ça me foutait en l’air de voir qu’elle était pas heureuse alors que moi je pouvais pas m’en empêcher. Walt a fini par la convaincre d’attendre encore un jour de plus. Je crois que Mercy a accepté pour lui faire plaisir, mais c’était sûr que la perspective de ses longues heures toute seule au campement, ça lui plaisait vraiment pas.

Tout le lendemain, j’ai pensé qu’à elle, avec cet air malheureux que je lui avais vu. À la fin de notre journée, j’ai engueulé Big Boy qui discutait avec un des gars de la ferme au lieu de prendre le chemin du retour. Quand on s’est mis en route, je me suis senti minable, comme à chaque fois que je passais ma colère sur lui.

— J’les ai vus aussi, il m’a lâché sur le trajet. Ses yeux tristes.

J’ai stoppé pour lui faire face.

— À cause de quoi, elle est triste, nom de Dieu ? Ça a jamais été mieux ! Et puis moi, je compte pour rien ?

Parce que j’avais crié, j’ai réalisé à quel point ça me minait. Walt a fait semblant de pas m’avoir entendu jurer.

— J’sais pas, Sam. Elle nous l’dira quand elle s’ra prête.

Il m’a tapoté le dos. On s’est remis en route.

— Tête de mule… j’ai marmonné.

Il a rigolé doucement. En vue du bosquet qui abritait le camp, il a rajouté :

— Je sais qu’tu comptes, Sam. Beaucoup.

Là, une voix d’homme est arrivée jusqu’à nous, une voix qui criait. Je me suis mis à courir. Derrière moi, j’ai entendu le fracas de la gamelle que Walt avait lâchée. Il m’a dépassé en quatre enjambées. J’ai vu sa grande carcasse passer entre les arbres et puis s’arrêter net. Il a écarté les mains et il a dit :

— Laissez-la.

J’ai traîné ma patte folle encore plus vite. Il avait parlé calmement, mais j’ai capté la menace dans sa voix. C’était la première fois que j’entendais ça. J’ai compris en le rejoignant. Un homme retenait Mercy en lui crochetant les deux bras dans le dos, pendant qu’un autre fouillait dans nos sacs. C’est ce qu’il faisait avant qu’on arrive, du moins, parce que là, ils ouvraient tous les deux des yeux grands comme des roues où on lisait la peur tandis qu’ils contemplaient la carrure de Walt. Les cris de Voyage, qui hurlait à pleins poumons dans son nid de couvertures, remplissaient l’air autour de nous. Walt l’a attrapé pour la mettre à l’abri entre ses bras.

— Laissez-la, il a répété un ton plus haut.

Il y avait une vibration dans sa voix qui m’a résonné dans le ventre. Le type des sacs a levé les mains et il a reculé pour montrer qu’il poserait pas de problème. L’autre, par contre, il a raffermi sa prise sur Mercy. Ses yeux ont lâché Walt une fraction de seconde pour regarder un truc au sol. À un pas de lui, il y avait un couteau. Mercy avait dû essayer de s’en servir pour se défendre, mais il l’avait obligée à lâcher. J’ai bondi avant qu’il l’attrape, mais il a été plus rapide. À présent, il pointait la lame sur la gorge de Mercy. Quand Walt m’a fait reculer à son niveau, je me suis rendu compte que je grognais comme un chien.

— Je leur ai dit qu’on avait rien à voler, à ces idiots ! a craché Mercy.

Le gars lui a tiré les bras en arrière. Dans le mouvement, la pointe du couteau a griffé le cou de Mercy qui a poussé un cri de douleur. Je trépignais, tout mon corps était tendu vers eux, mais la poigne de Walt m’empêchait de bouger.

— C’est pas la bonne manière, Sam, il m’a dit.

J’ai craché :

— Alors, utilise ton truc, Big Boy. Crame-le, tue-le, j’en ai rien à foutre, mais qu’il la lâche !

J’avais pas plutôt dit ça que le type a ouvert une bouche étonnée. Il a dû relâcher sa prise parce que Mercy s’est dégagée. Elle s’est éloignée de quelques pas, en le fixant avec des yeux écarquillés. Il est devenu rouge, puis cramoisi. Une espèce de vapeur s’élevait de sa tête. Il a émis une plainte sourde qui s’est changée en sirène d’alarme. Son visage se couvrait de grosses cloques, ses sourcils ont pris feu. Il a plaqué les mains sur ses joues, mais les a retirées aussitôt en emportant de grands lambeaux de peau. Le blanc de ses yeux a pris une étrange couleur bleue comme s’il fondait. Ses hurlements déchiraient l’air, cent fois plus fort que les pleurs de Voyage. Je pouvais pas détacher le regard de ce qui se passait. Sur mon corps, les fourmis s’agitaient comme des folles. Ma propre voix résonnait dans ma tête, en boucle : « Crame-le, tue-le, j’en ai rien à foutre ». Et puis tout d’un coup, l’odeur de sa chair qui brûlait a rempli mes narines. J’ai été pris d’une nausée si violente que j’ai eu tout juste le temps de me tourner pour pas vomir sur Walt. Sa grande main a relâché mon bras qu’elle serrait aussi fort qu’un garrot. La fumée s’est dissipée et le gars est tombé en gémissant.

Mercy a ramassé le couteau, elle a fait deux pas vers le deuxième type en le pointant vers lui.

— Partez, elle a lui ordonné.

Il a relevé son complice à demi conscient, et puis il l’a presque traîné derrière lui. Quand ils ont disparu, je me suis enfin tourné vers Walt. J’ai lu une question dans ses yeux d’ange : j’ai tout bien fait c’que tu voulais, Sam Carson ?

J’ai détourné le regard et j’ai commencé à préparer nos paquetages. Il fallait qu’on décampe. Qui savait si ces hommes n’allaient pas revenir avec des renforts ?

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Jowie
Posté le 22/04/2023
Hey Isa ! Me revoilà ! Chouette, la suite est là ^^
C'est assez fou, malgré ma pause de lecture, je me souviens exactement de ce qui s'est passé au chapitre précédent ;) Très pratique et la preuve que ton récit est très mémorable.

Voyage c’est super original pour la petite <3
Aïe aïe aïe, ce Beaumont n’a vraiment aucun tact. Ce qu’il dit n’est pas entièrement faux, mais quand même, c’est tellement déplacé ! Plus il ouvre la bouche, plus il me met mal à l’aise. Il a l’air d’observer les autres (et surtout Mercy) comme une espèce d’animal exotique, ça me perturbe vraiment… Non, c’est officiel, Beaumont me dégoûte viscéralement. Il entend le récit affreux de Mercy et lui, tout ce qu’il a l’air de penser, c’est qu’il envie les gens qui ont agressé cette pauvre fille??? ça me révolte!! Je suis heureuse qu’on le quitte et j’espère qu’ils ne croiseront plus jamais son chemin!

Je ne sais pas trop quoi penser du Jugement, mais je suis d’accord avec Sam. Dit comme ça, ça ne donne pas terriblement envie d’y aller… J’espère que ça va bien se passer pour tes personnages !

J’avoue que j’ai eu peur pour Mercy quand elle a insisté pour rester seule au bivouac, même si je me rends bien compte que les deux hommes trouveraient plus facilement du travail sans elle. Et j’avais RAISON ! Rien ne demeure paisible très longtemps dans ton histoire xD

C’est nouveau que Walt n’aime pas voir Sam et Mercy ensemble? Serait-il jaloux ou simplement surprotecteur?

Ehm, alors, j’avoue que si je m’attendais que quelque chose tourne mal, je ne m’attendais sûrement pas à ce qu’un type se fasse fondre la face O.O Je. Suis. Traumatisée.
Cet un événement intéressant, parce qu’il nous montre de quoi est capable le pouvoir de Walt, mais aussi ce qui pourrait l’alimenter...
Mon dieu, cette dernière scène avec cette phrase qui nous hante: “j’ai tout bien fait c’que tu voulais, Sam Carson ?  “ On voit bien l’ingénuité de Walt qui ici, donne des frissons dans le dos!

Remarques:

“Walt et moi, on s’est réparti notre barda, il a pris délicatement Mercy dans ses bras et je me suis chargée de la petite. “ → point-virgule après “barda” ? Et “chargé” au lieu de “chargée” vu qu’on parle de Sam?

Il m’a tendu une gamelle qui sentait bon le lard et le salaire de la journée. → il manque un retour à la ligne juste avant
Isapass
Posté le 17/05/2023
Salut Jowie !
Désolée pour le délai de réponse. Surtout que ça me fait très plaisir de te voir là et que tu puisses replonger facilement dans l'histoire.
Avec le personnage de Beaumont, je voulais un personnage trouble. Effectivement, il ne leur fait pas de mal, il leur rend même service, mais on sent bien qu'il n'est pas net et il met mal à l'aise. Tant mieux, c'est ce que je voulais ! Pour tout te dire, je ne suis pas sûre de l'avoir complètement cerné non plus XD.
Le Jugement, tu t'en doutes, on va en entendre de nouveau parler ;)
Non, Walt n'est pas jaloux. Mais comme il est croyant, Sam s'attend à ce qu'il condamne une relation entre Mercy et lui puisqu'ils ne sont pas mariés. Mais c'est plutôt lié à un feeling qu'à quelque chose que Walt aurait dit.
La phrase “j’ai tout bien fait c’que tu voulais, Sam Carson ? “, attention, c'est Sam qui la "lit" dans les yeux de Walt, mais Walt ne la prononce pas, en fait.
Désolée pour le traumatisme, j'aurais du mettre un trigger "attention préparez-vous une tasse de thé" XD
Merci pour le relevé de coquilles !
Rachael
Posté le 19/02/2023
Il est bien rempli ce chapitre, avec deux parties distinctes aux tonalités différentes. J'ai été triste qu'on quitte Beaumont, qui restera bien mystérieux... Chouette scène avec le choix du nom de la petite.
Quant à la seconde partie, elle commence sur des notes plutôt douces et optimistes, mais la fin... arrrrgh !
On se demande s'il va s'en sortir, le voleur que walt à "cramé". et le commentaire de celui-ci (J’ai tout bien fait c’que tu voulais, Sam Carson ?), ça fait froid dans le dos. pauvre Sam !
Isapass
Posté le 19/02/2023
Oui, en effet, il y a bien deux parties dans ce chapitre, parce que j'essaie de tailler mon plan de manière à ce que le récit soit bien relancé à chaque fois. Je veux dire que je cherche à laisser une "action" ou une "quête" en cours, pas seulement à me fier à mon amour immodéré pour les cliffhangers.
Alors je coupe le suspense tout de suite pour le voleur : on ne saura pas s'il s'en sort ou non. Quand à la phrase "J’ai tout bien fait c’que tu voulais, Sam Carson ?", je m'aperçois que la typo choisie est trompeuse, je vais corriger. Walt ne dit pas ça, c'est ce que Sam lit dans ses yeux. Je vais mettre en italique, je crois que ce sera plus clair.
LionneBlanche
Posté le 13/02/2023
Ouais ! Ouais ! Ouais ! J’ai réussi, Isa ! J’ai tenu ! Ce fut dur, très, et long, mais maintenant, je peux enfin savourer !!!! :D
Et le plus beau ? C’est que je ne suis même pas larguée. 😊 Je me suis rapidement souvenu de Beaumont, l’alcoolo que Sam a appelé à l’aide et qui n’avait servi à rien jusqu’à présent. Je n’étais pas confiante à l’idée qu’ils aillent chez lui, et encore moins quand il était aux pieds du lit à observer Mercy et la petite dormir. Ses propos, comme quoi ce genre de chose était normal avant m’ont même fait froid dans le dos et j’étais pressé qu’ils s’en aillent. Le coup de ne pas la nommer tout de suite au cas où la petite mourrait, même si c’était réaliste, ce n’était pas à dire non plus et je comprends la colère de Sam. Mais finalement, Mercy a raison, il les a bien aidés. Vraiment, je suis admirative de Mercy qui a réussi à le remercier pour ce qu’il avait fait, et ce, malgré que le personnage soit plutôt louche, comme le nom du lieu qu’il indique à Sam… Et puis j‘ai aimé qu’elle impose son choix pour le prénom aussi. Voyage… ce n’est pas commun, mais j’aime bien les noms avec un sens. Elle disant que c’était son choix à elle, je pense aussi qu’elle voulait mettre de la distance entre Voyage et son géniteur. Ce ne doit pas être évident à gérer qu’elle lui ressemble assez pour qu’elle sage de qui il s’agit… C’est peut-être l’une des raisons de sa tristesse…
Onze ans… C’est vraiment terrible : c’était une petite fille et personne ne l’a protégée :’(ça aurait très vite empiré, en plus, si Sam et Walt n’avaient pas croisé sa route. Je pense vraiment qu’ils sont arrivés au bon moment, non seulement pour elle, mais aussi pour Voyage. Leur vie ne sera pas toute rose, mais s’ils restent ensemble, cette petite ne manqueras pas d’amour ;
Je suis tellement contente quand ils sont heureux, et en même temps, j’ai tellement peur des galères qui pourraient venir gâcher ça. C’est un terrible mélange ^^
Dès que j’ai vu la ferme, je me suis dit que c’était trop beau, surtout avec la tristesse de Mercy de l’autre côté. Je me demande si elle a vu le coup venir pour les deux mecs, si elle les avait déjà vu rôder, ou pire, parce qu’elle voulait travailler. Après ce pourrait aussi être une dépression dû aux circonstances, à la ressemblance de Voyage avec son géniteur, ou autre chose… Moi aussi je me pose des questions, et comme Walt, je me doute que Mercy parlera quand elle sera prête, même si j’ai un peu peur de savoir.
Tu m’as fait peur en fin de chapitre, en tout cas, et je suis sacrément contente d’avoir la suite ! Prée, mais, en fait, Walt à écouter Sam, et c’est terrible ce qu’il s’est passé. Je suis malheureusement sûre que ça aura des conséquences, au moins sur leur mental. Mais en plus, j’ai peur qu’on ne les recherche encore plus, surtout que Sam donne de bons indices sur les pouvoirs de Walt. Ça pourrait être dramatique, et j’ai la trouille.
Mais j’ai la suite … :D
Isapass
Posté le 19/02/2023
Ah ah, bravo d'avoir attendu ! Je suis fière de toi !
Normal que tu ne te sentes pas très en confiance avec Beaumont : il est trouble, décidément, et c'est ce que je voulais. D'ailleurs, il le reste jusqu'à leur départ. C'est un personnage bizarre, ni bon ni mauvais (ou à la fois bon et mauvais ?) que Sam ne parvient pas à cerner. En plus, il est manifestement isolé depuis longtemps, ce qui explique ses propos qui manquent particulièrement de tact. Ou alors il est dans la provocation, ce qui est possible aussi. Comme tu vois, je ne suis pas sûre de l'avoir cerné moi-même XD
Le nom Voyage, personnellement, je le trouve très kitsch, mais c'est ce que je voulais : que Mercy puisse faire ses propres choix, même s'ils ne sont pas parfaits.
Les raisons de la tristesse de Mercy... tu as pu les comprendre dans le chapitre suivant, no comment ;)
C'est intéressant, ce que tu dis : le fait que les pouvoirs de Walt puissent permettre de les identifier. Je ne dis rien, bien sûr, je te laisse découvrir la suite !
Tac
Posté le 22/01/2023
Yo !
J'aurai tout rattrapé, youpi !
Le mystère restera entier sur Beaumont, manifestement...
Chouette sonnet ! ça fait très érudit :D
C'est fou car à chaque fois je m'attends vriament à ce que ce soit le neveu machin qui tombe sur la petite troupe ; je vais faire une fixette dessus jusqu'à ce que ça arive, je crois ! La petite lueur d'espoir avec le "Jugement"... je ne sais pas trop quoi en penser. d'un autre côté je doute que tu veuilles faire une histoire absolument déprimante où ils meurent tragiquement tous, donc j'ai assez envie d'y croire.
J'ai trouvé assez flippant Walter qui se tourne vers Sam à la fin en mode "j'ai bien fait tout ce que tu voulais ?" Je sais plus quel âge est censé avoir Sam, mais c'est lourd à porter !
En véritable "critique" que je pourrais faire, c'est que je trouve le nouveau-né vraiment, vraiment pas chiant, y a pas du tout la question des vêtements, des couches, de la nourriture qui se pose, alors que vu leur situation précaire ça me paraîtrait cohérent que ça se pose ; question con mais est-ce que Merci le nourrit au sein ? dans le sens où elle est bien fatiguée et tout, on pourrait se dire qu'elle n'a pas assez de lait ou qu'il n'est pas assez nourrissant pour les besoins du bébé... Bref, je te laisse cogiter là dessus :P
J'espère que tu pourras et parviendras à écrire la suite bientôt !
Plein de bisous !
Isapass
Posté le 27/01/2023
Tant mieux si le mystère reste entier sur Beaumont, c'est ce que je voulais. Je ne suis pas sûre de tout à fait le comprendre moi-même, d'ailleurs...
Le sonnet, je le connais par cœur depuis que je suis petite, c'est l'une des (nombreuses) références familiales au même titre que Cyrano ou certains poèmes de Hugo.
Encore une fois, tant mieux si tu t'attends à l'irruption du neveu ! Ca prouve que je peux peut-être encore te surprendre ;)
Je suis ravie aussi que la phrase "j'ai bien fait tout ce que tu voulais ?" t'ait fait flipper. Sam a 15 ou 16 ans, on ne sait pas exactement. Il a 15 ans au début donc là, son anniversaire est peut-être passé ? En tout cas, comme tu dis, c'est un peu lourd à porter !
Argh... tu m'as percée à jour : je t'avoue que j'ai allégrement caché sous le tapis les questions logistiques liées aux langes et aux vêtements... Je pourrais ajouter un truc à ce propos quand ils sont chez Modest et Evangelina et dire que Mercy prépare un trousseau. La question ne me passionne pas vraiment, mais si ça t'a turlupiné, c'est vrai que je devrais l'aborder, au moins brièvement. Surtout que c'est effectivement le genre de questions qu'ils doivent se poser. Ceci dit, j'ai aussi passé sous silence la question de leurs vêtements à eux, lessives, etc... J'avoue que j'ai un peu peur de dire n'importe quoi, mais il va peut-être falloir que je me lance quand même. Quant à la question de savoir si Mercy nourrit la petite au sein, ça pourrait donner une scène sympa où Walt et Sam sont tous gênés... Je vais me noter ça quelque part.
Le prochain chapitre n'a pas démarré, mais je pense m'y mettre ce week-end. Comme en plus tu me confirmes que j'ai "retrouvé le ton", je ne voudrais pas laisser refroidir, au risque de le perdre encore.
Merci pour ton marathon de lecture et tes commentaires ! Plein de bisous !
Sorryf
Posté le 18/01/2023
J'aime beaucoup la conclusion de la première partie : sam n'a peut être rien compris a Beaumont. Moi non plus je n'ai rien compris a Beaumont, mais je trouve pas ça dérangeant, ca garde une part de mystere, c'est un personnage tres ambigu.
Au debut je voulais commenter : merci a Beaumont, car gentil ou mechant, grace a lui la fillette ne s'appellera pas Velours... Mais après la fillette s'appelle Voyage, alors pas merci Beaumont, finalement xDDDD
Je dis ca mais la maniere dont Mercy choisit le nom, son choix a elle seule, c'est juste trop touchant alors vive la petite Voyage <3!!

Dans la 2eme partie du chap, je me disais que Walter a une logique etrange : Mercy serait plus en sécurité a bosser aupres d'eux que seule toute la journée dans un campement. La suite m'a donné raison. J'espère qu'ils ne se separeront plus, je suis pas tranquille quand ils le font!
Quant a la fin, elle m'a soufflée (comme le malheureux voleur). Alors, depuis le debut, le pouvoir ne viendrait pas de Walter mais de Sam lui-même ?!?! J'en reviens pas ! Sacré twist! O____o
Isapass
Posté le 19/01/2023
Coucou Sorryf !
Ca me va très bien que tu n'aies rien compris à Beaumont et effectivement, j'ai fait exprès de laisser ce flou, à la fois pour Sam et pour les lecteurices. Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas sûre de le comprendre vraiment moi non plus XD
Quant au prénom de la petite, c'est juste parfait ! Ton cheminement est exactement celui que je voulais créer ! Velours, ça aurait été moche, c'est clair. Voyage n'est évidemment pas terrible non plus ( 1) c'est trop facile de toujours choisir des super noms pour nos persos, 2) en plus j'imagine Mercy qui prononce ça n'importe comment, avec un accent anglais, et ça donne un truc genre Voï-ache XD), mais comme tu dis c'est le choix de Mercy, même un peu pourri, et c'est évidemment ça qui compte.
Pour la seconde partie, pourquoi penses-tu que c'est Walt qui a une logique étrange ? Il n'est pas le seul à décider, loin de là. Et c'est vrai que ça peut paraître limite en termes de sécurité, mais c'est surtout une question pratique (pour ne pas risquer qu'on leur refuse une embauche) et pour qu'elle se repose. C'est vrai que ce n'est pas terrible niveau sécurité, mais il ne leur est encore rien arrivé de semblable avant, ce qui peut expliquer qu'ils ne se soient pas méfiés. J'espère que c'est crédible, quand même.
Et enfin, ta dernière remarque... Euh, là je t'avoue que je n'avais pas vu venir ton interprétation. Je ne sais pas comment je me suis débrouillée pour qu'on puisse penser ça, mais du coup j'ai changé le texte. D'ailleurs si tu as 2 minutes pour relire (à partir de "Je trépignais, tout mon corps était tendu vers eux, mais la poigne de Walt m’empêchait de bouger."), je veux bien que tu me dises si tu as toujours cette impression.
Merci beaucoup pour cette lecture si rapide (le chapitre est gros, en plus) et pour ton commentaire précieux ! Des bisous !
Sorryf
Posté le 01/02/2023
Oups j'oublie de rep ! J'ai relu la fin du coup et oui, avec Walter qui dit "j'ai bien tout fait comme t'as dit ?", ça m'a remis les idées en place ! c'est marrant parce que j'étais vraiment persuadée de ce que j'avais compris, dans la première version, et je me suis dit : bon sang mais tous les indices étaient là depuis le début !!! xDDDDD

Ce qui m'a semblé étrange dans la logique de Walter qui préfère laisser Mercy toute seule dans les bois : bah, elle est seule dans les bois avec son nourrisson, ça me parait vraiment pas safe, d'autant qu'elle est recherchée, mais même sans ça, une femme seule dans un monde avec des journaliers qui vagabondent, et puis si ça se trouve il y a des animaux sauvages aussi ! enfin pour moi c'était evident qu'elle serait plus en sécurité dans une ville ou au moins avec les autres quelle que soit la situation ! et je trouvais super son idée de se présenter au meme endroit en faisant semblant de pas se connaitre !

Mainenant que j'ai enfin répondu, je suis prête pour la suite :p !
Vous lisez