Moins 21° clignote sur ma montre baromètre. Extravagante, la froidure semble s'amplifier d'heure en heure. J'ai beau être emmitouflé, elle me lamine irrésistiblement, conglue mes mouvements, mes sens, mon instinct de survie. Au fond du duvet, je ne sens plus mes pieds et, malgré mes sous-gants et mes Gore-tex, les gelures gagnent peu à peu mes mains.
Vanitas vanitatum, et omnia vanitas !
Voilà donc où mes pas de démiurge m'ont mené, dans cette geôle de fatuité pas plus épaisse que du nylon. La tête enrubannée d'une étole miteuse fourrée d'astrakan, macérant dans la sueur algide, je végète à l'intérieur de ma tente depuis deux jours. Deux jours interminables, au milieu de nulle part. Ma santé n'est pas bonne. Le feu de la fièvre circule dans mes veines et mon esprit commence à battre la breloque. La moindre de mes pensées se transie aussitôt. Je ne parviens plus à stabiliser une idée, à me faire violence, à rêvasser. La confusion ne devrait plus tarder à m'envahir.
Seule une question me taraude faiblement : résister (pour qui, pour quoi ?) ou me laisser mourir ?
En attendant de trancher dans le vif, je n'ai rien d'autre à faire que de scruter l'horizon. Ma fenêtre plastifiée est devenue crescendo un jardin de givre. D'un oeil morne, j'y observe l'ultime chef-d'oeuvre de l'Homme : un hiver de mille ans créé par sa folie ! Bercés par le calme assourdissant, patiemment les flocons ont grignoté tous les reliefs, patiemment le grésil a figé la Nature. Dorénavant la Terre ressemble à la banquise : plus trace d'une route, d'une forêt, d'une roche. Tout s'étale sur l'infini neigeux qui s'empile sur dix milliards de cadavres, endort tous leurs échos, le souvenir de leur inconséquence.
Ma dernière bonbonne de gaz s'est vidée durant la nuit. Dépourvu de réchaud, je ne sais combien de temps je vais pouvoir tenir.
Vais-je finir comme lui, en bonhomme de neige ?
Je repense subitement à mon oncle Ethan, le frère de mon père, considéré comme l'énigme, le mouton noir de la famille. Du jour au lendemain, Ethan décida de vivre en reclus dans une masure en Alaska. Devenu fou comme un vrai sage, il se laissa pousser la barbe jusqu'au poitrail, se vêtit de haillons sordides, négligea son hygiène. Il passait son temps à couper du bois pour se chauffer, à pagayer sur son canoë, à cueillir des myrtilles, des groseilles, des champignons. Lorsque lui prenait l'envie de vagabonder, parfois de l'aube au crépuscule, il ne s'autorisait à ne suivre aucune route, ni même de sentier de randonnée. Il créait son propre passage, y gravait ses empreintes, pour entrer le plus profondément possible dans les territoires vierges, loin des infrastructures humaines. Ces tracés de pionniers, il les nommait "Bonheur 1, bonheur 2, bonheur 3, etc...". Il passait aussi beaucoup de temps à lire : les romans de Conrad, "Robinson Crusoé" de Defoe, "Indian Creek" de Pete Fromm, "Vingt-cinq ans de solitude : Mémoires du Grand Nord" de John Haines, et surtout "La vie de Timon d'Athènes" de Shakespeare dans laquelle il n'en finissait pas de se reconnaître.
Tel Timon, Ethan avait
Bien que nous allions le voir de temps à autre pour le ravitailler, lui octroyer quelque feinte compassion, mon père en eut pitié jusqu'à un certain point. Comment son frère avait-il pu atteindre pareille déchéance, lui qui fut riche à millions ? Cela dépassait son entendement.
Il y retrace la vie d’un homme en quête d’absolu. Riche Athénien, Timon bouleverse l’ordre de la cité en partageant son immense fortune avec des marchands, des flatteurs, des corrompus, des artistes… Il sème son héritage, espérant récolter des signes réciproques d’amitié et de respect et devient ainsi le moteur et le centre d’une expérience utopique fondée sur la générosité.
Timon a les moyens d’acheter ses rêves mais sa logique est insensée, elle grippe la machine sociale et met à mal les valeurs traditionnelles bourgeoises et religieuses. Il ouvre la voie au chaos : dévalorisation, dépréciation… l’argent et le pouvoir se distribuent comme des poignées de mains. Autour de lui, les événements se précipitent, et rapidement sa ruine est consommée, son projet d’art de vivre en dehors de toute convention est un échec.
Timon se regarde dans la vanité creuse d’un monde où le mensonge épouse l’utopie, pour mieux la trahir. A la fin, blessé, ruiné, abandonné de tous, il n’a de cesse de penser avec philosophie et d’agir avec démence - fou comme un vrai sage.
Fonce-t-il poursuivi ou inspiré ? Orgueil ? Humilité ? Provocation ? Timon vit pleinement ses contradictions humaines et nous tend un miroir où nous pouvons nous regarder et comprendre qu’il est aussi difficile de donner que de recevoir.
Le fantôme du krach boursier, l’effondrement d’un système menacent derrière l’inflation de générosité de Timon ; un cauchemar où l’argent n’aurait plus sa valeur : que feront à ce moment-là tous nos flatteurs et nos corrompus, que ferons-nous nous-mêmes ?
. Sans feu, le plus robuste des hommes ne peut survivre, me disait t-il, il déambule, crispé de frissons, secoue ses espoirs de glaçons. Je repense à ce héros trop paisible
qui s'est pendu un jour car il ne supportait plus de vivre parmi les hommes. L'ironie du sort a fait que moi je ne vis plus parmi eux. Pourtant, même sans eux, rêver d'un jour meilleur me devient de plus en plus impossible.
Tout à l'heure, je me suis miré dans la lame de mon couteau. J'ai ce nez rouge vif à faire rire un clown triste. Et puis j'ai porté la pointe de cette lame à hauteur de mon coeur où le froid commençait à se glisser. À quoi peut bien songé un bonhomme de neige, ai-je songé ? Comment peut-il rester aussi statique pour faire sourire les enfants ? Peut-être trône t-il sur la blancheur infinie et qu'il se remplit de l'amour de tous ceux qui se trouvent si profond.
Pourtant le froid n'est rien à côté de cette faim sordide.
Elle a commencé à me ronger alors que je tentais de rejoindre I-580, à l'est de San Rafael.
Je savais que survivre à l'Apocalypse ne serait pas une sinécure. Je savais que j'allais devoir payer au prix fort ce silence recouvré en l'absence des hommes. Mais des hommes, il en restait encore. Même si leur nombre se réduisait comme peau de chagrin au fil des secondes assassines, ceux qui luttaient comme moi pour ne pas mourir s'étaient transformés en bêtes farouches, impitoyables et sanguinaires. Esquiver les dernières folies humaines, résister à l'empoisonnement des radiations, devenir le dernier locataire de la Nature, sa dernière âme compatissante, lui rendre les clefs de sa terre avilie en implorant son pardon, tel avait toujours été mon objectif. De part ma lucidité, mon immense respect de la vie, ma croyance indéfectible en l'autonomie qui définit l'existence comme expérientielle avec cette capacité de se nourrir, de croître et de dépérir par soi-même, je pensais mériter de subsiter au milieu de ce magma d'âmes confuses et discordantes qui avaient eu leur chance, mais avaient raté tous les coches. De fait, crever de faim tel un vulgaire mendiant, m'être trompé sur mon instinct, avoir gâché mon utopie, me paraissait un châtiment des plus cruels.
Voici deux semaines que je n’ai rien mangé de chaud ni de consistant. Deux semaines que je n'avance quasiment plus. Même en mode robot, chaque pas que j'effectue dorénavant me semble peser une tonne. Crampes et borborygmes infestent mon estomac vide. J'ai faim, se lamente mon corps. Moi aussi, réplique mon cerveau obscurci. J'ai beaucoup maigri, à en devenir grotesque.
Toutes mes pensées sont focalisées sur la nourriture, la nourriture, la nourriture. La nuit, je ne peux y échapper. Mes phases de sommeil en sont saturées : en rêve, je vois des wings de poulet à l'ail défiler devant ma bouche, dans l'insomnie des serveuses m'apportent des ribs de porc à la Texane. Je ne vois plus rien de ce qui m'entoure. Je n'ai plus d'autres envies que de pouvoir bouffer. Le matin, je procrastine tous mes départs, me rendors trois heures de plus, cinq heures de plus, pour assommer mon moral à zéro. Calé au fond de mon sac de couchage, je reste là sans rien entreprendre, sans rien comprendre, immobile, affamé. Une tristesse énorme, des envies de crever me submergent. Puis, je dis non ! Je dis non plusieurs fois. Je me persuade que tout va s'arranger en palpant mes côtes saillantes. Parfois, je me touche aussi les yeux pour voir jusqu'où ils s'enfoncent pas dans ma tête. Ma poitrine surtout est en feu, j'y ressens une cuisson particulièrement pénible depuis que j'ai commencé à mâchouiller des copeaux.
Dans le compartiment victuaille de mon sac à dos, il ne me reste plus qu’un « Brownie cookies », trois abricots secs et une poignée de graines de tournesol. Juste de quoi tenir encore deux jours, à condition que je les mastique lentement.
J'ai échoué. Je ne suis pas le surhomme que je croyais être. Une fois de plus, ma fatuité m'a trompé. Convaincu de l'extinction inexorable de notre espèce, et au vu des milliers de cadavres en décomposition que j'ai déjà croisés, je m'étais cru le dernier des anges rebelles luttant contre le monstueux Typheos. Mon crâne touchant les étoiles, je ne m'étais pas imaginé vivre un jour une telle période de vaches maigres. Mourir de faim
La vérité, c'est que je suis encore loin d'être seul au monde. Autrement plus dangereux que les sauvages sanguinaires qui pouvent se dresser en embuscade pour vous trancher la gorge comme une envie de pisser, j'ai mésestimé la rage de survie des plus robustes. Ces derniers passent leurs temps à fureter, à amasser, à empiler des tonnes de denrées dans des tanières hermétiques inaccessibles. Au fil des mois, de nombreuses patrouilles alimentaires s'étaient constituées, métamorphosant des gens en apparence civilisés en bêtes primitives prêtes à tout pour se rassasier.
pillant, dévalisant méthodiquement
Circulant dans de grondants pick-up V8 équipés de remorques, et armés jusqu'aux dents, ils sillonnaient de ville en ville, de patelin en patelin, dévalisaient et pillaient méthodiquement
, Your Burger or death, Stomach Cobras, the Lords of Vigilante, Your Blood my Ketchup, Outlaw Gourmets,
Trouver de quoi m'alimenter deva
Les endroits chauds, puant la merde, étaient relativement faciles à éviter. Les coups de feu vous prévenaient...
Sans eau, sans électricité, sans pétrole, sans système de santé, sans protection civile, sans systèmes de distributions ou de réseaux traditionnels, ce survivant devenu par la suite survivaliste, témoigne sans détours d’une survie urbaine crue et pragmatique.
L’échange est long, et ce qui est présenté ici n’est qu’une ligne droite pouvant nous faire conscientiser certaines lacunes, ou encore remettre en cause certaines idées quant à l’effondrement de la normalité dans un univers urbain.
L’avantage de ce retour d’expérience, est qu’il est bâti sur un questionnement purement survivaliste issu du forum « Survivalist Boards », et que l’orientation de l’entretien est donc extrêmement ciblée sur les réalités d’une survie urbaine durant un effondrement de la normalité.
Je suis de Bosnie, et comme vous le savez, c’était l’enfer la bas de 1992 a 1995. Pendant 1 an, j’ai vécu et survécu dans une ville de 60 000 habitants sans électricité, sans pétrole, sans eau courante, sans services traditionnels de distribution de nourriture et de consommables, et sans aucune organisation gouvernementale.
Notre ville était encerclée par des forces armées pendant 1 an, et dans cette ville, c’était la merde.
Nous n’avions pas de police ou d’armée organisée…il y avait des groupes armés, et ceux qui étaient armés défendaient leurs maisons et leurs familles.
Quand tout a commencé, certains d’entre nous étaient mieux préparés que d’autres, mais la plupart des familles voisines n’avaient de la nourriture que pour quelques jours.
Certains d’entre nous avaient des pistolets, et très peu étaient ceux qui avaient des AK47 et des fusils.
Après 1 ou 2 mois, les gangs ont commencés leur destruction: les hôpitaux par exemple, se sont rapidement transformés en abattoirs.
Les forces de police n’étaient plus présentent, et l’absentéisme du personnel hospitalier était de plus de 80%.
Bientôt, il n'y eut plus que l'insomnie, des envies d'abandonner, de me laisser crever. Je procrastinais tous mes départs, me rendormais trois heures de plus, cinq heures de plus, pour assommer ma famine. Calé au fond de mon sac de couchage, je restais là sans rien entreprendre, immobile et affamé. Parfois, je me touchais les yeux pour voir jusqu'où ils s'enfonçaient pas dans ma tête. Ma poitrine surtout était en feu, j'y ressentais une cuisson particulièrement pénible. Quelques jours auparavant, j'avais commencé à mâchouiller des copeaux pour tester mon abnégation. Cela n'avait en rien apaisé ma faim. Mes mâchoires étant lasses de ce travail stérile, je les avais laissées au repos.
Mon proche avenir me paraîssait des plus sombres. J'avais des envies de pleurer, mais j'étais bien trop exténué pour cela.
Au fil des mois, la plupart des supermarkets, des garde-manger, des celliers, des épiceries, des stations-service, avaient été pillés, dévalisés, jusqu'au dernier grain de riz.
Armés jusqu'aux dents, quelques patrouilles circulaient encore dans d'épais 4X4 en quête Une rumeur courait que des stocks énormes étaient dissimulés ici ou là.
Les Américains balançaient des MRE (Meals Ready to Eat – Rations de combat) tous les 10 jours pour aider les villes encerclées comme la notre, mais ce n’était jamais assez. Quelques maisons avaient des petits jardins potager, mais la plupart n’en avaient pas.
Après 3 mois, les premières rumeurs de décès par famine commençaient…mais aussi les décès par exposition au froid.
Nous avons démonté toutes nos portes, l’encadrement des fenêtres des maisons abandonnées, notre parquet…et j’ai aussi brûlé la totalité de nos meubles pour nous tenir chaud.
Beaucoup sont mort de maladies, surtout a cause de l’eau (2 membres de ma famille), nous buvions principalement l’eau de pluie, nous mangions du pigeon et même du rat.
La monnaie est vite devenue de la merde…
Nous faisions du troque; pour une boite de bœuf tu pouvais avoir une fille pour quelques heures (c’est dur, mais c’était la réalité), je me rappelle que la plupart des femmes qui vendaient leurs corps étaient des mères désespérées.
Armes a feu, munitions, bougies, briquets, antibiotiques, pétrole, piles et nourriture…on se bâtaient comme des animaux pour ça.
Dans une situation comme celle-la, tout change, et la plupart des gens deviennent des monstres…c’était moche.
La force était dans le nombre. Si vous étiez tout seul a vivre dans une maison, ce n’était qu’une question de temps avant d’être pillé et tué…peu importe si vous étiez armé.
Moi et ma famille, nous sommes prêt maintenant; je suis bien armé, j’ai un bon stock et je suis « éduqué ».
Ce n’est pas important ce qui va se passer; tremblement de terre, guerre, tsunami, extra-terrestres, terrorisme, pénurie, effondrement économique, émeute…l’important c’est que quelque chose va se passer !
De mon expérience, vous ne pouvez pas survivre seul, la force est dans le nombre, soyez proche de votre famille, préparez avec elle, choisissez vos amis sagement et préparez-vous avec eux aussi.
1- Comment vous déplaciez-vous en sécurité ?
En fait la ville était divisée en communauté de rues. Dans ma rue (15/20 maisons) nous avons organisé des patrouilles (5 hommes armé chaque soirs) pour garder un oeil sur les gangs et les ennemies.
On troquait entre nous dans la rue. A 5 kilomètres il y avait une rue très organisée pour le troque, mais c’était trop dangereux de s’y rendre pendant la journée a cause des tireurs d’élite. En plus on avait plus de chance de se faire dépouiller la bas que de troquer, et je n’y suis allé que 2 fois, et seulement quand j’ai vraiment eu besoin de quelque chose de particulier et d’important (il parle principalement ici de médicaments, et notamment d’antibiotiques).
Personne n’utilisait les voitures en ville parce que les routes étaient bloquées avec des débris, ou d’autres voitures abandonnées…et le pétrole valait de l’or !
Si je devais aller quelque part c’était de nuit. Ne jamais se déplacer seul, mais jamais en groupe important non plus (2 / 3 hommes peut être). Toujours armé, très vite, et toujours dans les ombres au travers des ruines, jamais dans les rues.
Il y avait beaucoup de bandes organisées, 10 / 15 personnes, parfois 50…mais il y avait aussi des gens comme toi et moi, des pères, des grands pères, des gens bien avant la merde, qui maintenant tuais et pillais.
Il n’y avait pas vraiment de bons et de méchants…la plupart étaient entre les deux; c’est a dire prêt a tout, au bon comme au moins bon.
6- Est-ce que l’or et l’argent métal t’on aidé ?
Oui.
Personnellement, j’ai échangé tout mon or pour des munitions.
Parfois on était capable d’utiliser de la monnaie (Mark et Dollars) pour acheter certaines choses, mais ces occasions étaient rares, et le prix était toujours exorbitant.
Par exemple, une boite de haricots valait 30/40 $.
La monnaie courante s’est très vite effondrée.
Simplement, on troquait quelque chose pour autre chose.
7- Est-ce que le sel avait de la valeur ?
Oui, mais pas autant que le café ou les cigarettes.
J’avais beaucoup d’alcool, et j’ai troqué avec sans problème.
La consommation d’alcool était plus de 10 fois supérieur qu’en temps normal.
Maintenant, c’est probablement mieux de stocker des cigarettes, des briquets et des piles pour le troque parce que ça prend moins de place.
Je n’étais pas un prepper a l’époque, on a pas eu le temps de se préparer…quelques jours avant que la merde atterrisse dans le ventilateur, les politiciens a la télé répétaient que tout allait bien.
Quand le ciel nous est tombé sur la tête, on a juste prit ce qu’on pouvait.
8- Est ce que ça a été difficile d’obtenir une arme a feu durant l’événement et qu’est ce que vous avez pu troquer pour les armes et les munitions ?
Après la guerre, chaque maison avait une arme.
La police a réquisitionnée pas mal d’armes au début de la guerre…mais la plupart des gens ont caché leurs armes quelque part.
J’ai une arme légale (licence), et les autorités ont une lois qui s’appelle « collection temporaire ». Dans une situation de trouble (émeutes par exemple…), le gouvernement a le droit de temporairement confisquer toutes les armes…donc tu gardes ça en tête.
Il prend une voiture...
La faim avivaient mes sens. J'ai appuyé à fond sur la pédale d'accélérateur. J'avais le couteau et la fourchette entre les dents. C'étaient eux ou moi.
Quand le ventre crie, la peur se tait.
La Faim, qui obscurcit le cerveau et ne tolère aucune distraction, aucune pensée, aucune parole qui ne concerne pas la nourriture, la nourriture, la nourriture. La Faim, à laquelle on finit par ne plus pouvoir échapper en dormant : en rêve on voit de la nourriture, dans l'insomnie on voit de la nourriture. Et bientôt il n'y a plus que l'insomnie. La Faim, qui fait qu'ensuite, par un effet de retard, on ne peut même plus arriver à se rassasier : l'homme se transforme en un tube où les aliments passent tout droit et ressortent exactement dans l'état où ils ont été avalés."
La nourriture commence à lui manquer.
Sur les autoroute, il trouvait encore de la nourriture dans les coffres de voiture, mais tous ont été forcés...
Il traverse le pont Richmond-San Rafael Bridge, long de 8850 m
Il remonte jusqu’à San Rafael pour rejoindre le Richmond-San Rafael Bridge…
Le centre commercial saccagé, vidé, sous un élévateur, il trouve 3 boites de… il entend des miaulements, un petit chaton est là… Il hésite à l’attraper pour le manger… Renonce...
Il n’y a pas de Dieu et nous sommes ses prophètes, m’enseignait mon père, lorsque j’étais enfant et que je l’accompagnais dans la montagne avec ses chiens. À l’époque, je ne comprenais pas le sens de ces paroles. Il n’en disait pas plus. Il me laissait exprès sur ma faim. Médite et tu saisiras un jour, sous-entendait son silence qui flottait longtemps dans l’air.
Des augures enflés de certitudes, j’en avais vu des centaines à la télévision ou sur internet qui s’échinaient à vouloir me transmettre leur volonté, à m’expliquer comment je devais penser, me censurer, m’astreindre, me policer, chier droit.
Tous ces prophètes inadaptés en avaient eu la chique coupée. Tandis que les becquerels faisaient un festin de leurs convictions, leurs préceptes s’étaient enfin réduits à cette peau de chagrin : le seul axiome est la folie et le « Doomsday » en est sa démonstration.
Ces êtres trop faibles pour colporter la bonne parole, je commence à en voir de plus en plus sur mon chemin. La plupart sont bien plus jeunes que moi, et je dois avouer que mon ego s’en délecte. Doucement la Terre se dépeuple et je suis toujours là, lucide, aussi libre qu’un goéland.
Mais depuis quelques temps, mon état d'esprit commence à changer. Je ne fais plus que de me déplacer d’un point à un autre. Je me sens comme un devoir de rendre hommage à la Nature persévérante. Je lui fais des révérences. Je demande au nom de tous mes semblabes de pacotille son pardon. Je l’applaudis, je l’embrasse, je la caresse de mon respect. Et je pleure parfois aussi en lui disant des mots d’amour. En retour, elle ennoblit ma solitude et me fait entrevoir l’essence du mot « liberté » au niveau le plus élevé.
Tous ces êtres finis n’étaient rien face à son immensité et à sa gloire. Aucun n’aurait voulu se trouver là, au milieu de nulle part. Pourtant, personne ne désirait être ailleurs, comme si, mû par sa seule fierté, chacun croyait porter la fin du monde au fond de lui.
Bien avant que les choses ne périclitent, je savais pourtant que la fin du monde ne serait que leur fin à eux. Le monde n’avait nullement besoin de l’Humanité pour être toujours le monde. Il remplissait avec élégance son rôle d’hôte spatio-temporel. Bipèdes, velus, rampants, aqueux, minéraux, feuillus, mutants, il accueillait sans distinction, sans préjugés, toutes formes de vie qui voulaient faire l’expérience de la Vie. Notre empirisme n’avait duré que quelques tristes siècles, mais déjà d’autres organismes frappaient à sa porte. Et il leur ouvrait en grand, les fortifiant de son atmosphère toujours affable.
Pour nourrir mon cœur de pierre, l’un de mes nouveaux passe-temps est de me mettre à l’affût en haut d’une colline. Entre chien et loup, je sors mes jumelles et j’inspecte pan par pan les frémissements de la vallée. Tel un épervier tapi sur sa crête, j’attends que les contours des choses s’estompent dans la pénombre. J’examine attentivement tout ce que je peux voir : les tronçons de cette route entre ces arbres pétrifiés, cette moissonneuse et ce pick-up couverts de cendres, cette grange qui semble inoccupée. Je cherche à débusquer n’importe quoi qui aurait une couleur. Une chaleur. N’importe quelle trace de fumée s’élevant d’un feu. Le moindre mouvement.
Lorsqu'il m’arrive enfin de détecter une présence, je tourne ma molette jusqu’à grossir ma cible et je tente alors de sonder sur ses traits son état de détérioration. Si untel crache ses poumons avec les mains sur ses hanches, s’affaisse en toussant, je sais qu’il ne fera pas long feu. Si unetelle a perdu ses cheveux et titube en ramenant de la neige dans une bassine, c’est que son système immunitaire est dans le rouge, et que la léthargie n’est plus très loin. Si cette autre est enceinte, il se peut que son enfant ait concentré la radioactivité sur lui, qu’il finisse par mourir, mais en sauvant peut-être sa mère.
Les voyant ainsi s’éteindre l’un après l’autre, il me vient parfois des envies de triompher dans l’arène. Personne n’aurait misé un denier sur ma tête. Moi le premier. Je suis l’outsider gladiateur, le tocard très discret, qu’on n’attendait pas. Oh, j’ai été amoché bien sûr, je claudique, je suis couvert de plaies, mais grâce à ma sagesse je temporise, j’esquive mon épreuve bien plus que je ne la combats. D’un œil j’encaisse, et de l’autre je crâne, savourant de voir tel mirmillon, tel rétiaire, s’écrouler avant moi.
Tenir, j’ai envie de tenir. D’être l’un des tout derniers à contempler la lune et ses rayons d’argent.
Certes, la nature me transporte et me soutient dans cette compétition. Pourtant, ce romantisme excessif ne doit pas m’empêcher d’être honnête. Si mes extases sont courantes, comme toutes émotions elles finissent tôt ou tard par languir et s’étioler. Ces derniers temps, j’ai dû composer avec un vide nauséeux que je ne me connaissais pas. J’étais parfois si bouleversé d’être heureux dans ce « seul au monde » que les chutes soudaines de ce bonheur rendaient presque infâme ma solitude. Cette ataraxie bénie des dieux, j’avais parfois des envies de la mutualiser, de voir si je ne me rêvais pas, si d’autres rescapés la partageaient aussi dans un coin de leur tête.
De fait, à plusieurs reprises, le désir m’a traversé d’accoster certains marcheurs que j’espionnais de loin. Je ne fixais mes attirances que sur les esseulés, les porteurs de sac à dos qui, comme moi, semblaient affreusement épris de liberté. J’essayais de déceler sur leur visage un vœu similaire au mien, celui de faire un bout de chemin avec un être insolite, distingué, rare en somme, comme peuvent l’être les purs amoureux de la vie ayant rompu avec tous leurs instincts primitifs.
Aux pieds de cet inconnu, je m’imaginais déposer mon vrai cœur, l’extirper de sa geôle de fer. Je ne me voyais lui parler qu’en poésie, qu’en ode à la nature. Je cherchais en définitive un misanthrope comme moi qui souffrait de ne pouvoir délivrer cet amour infini qui pourrissait en lui. Ces fantasmes n’étaient que chimériques, je le savais, et avaient peu de chance de se concrétiser. Tant et si bien qu’à chaque fois, tergiversant, je laissais disparaître ces potentiels compagnons de ma vue. Mes ruines de sympathie portaient encore leur muselière. Je ne laissais voir ni mes dents, ni mon sourire, ni mes mâchoires serrées.
Une autre de mes névroses touchait au paradoxe et me troublait au plus haut point : l’absence des autres commençait à m’envahir peu à peu, à fendiller le précieux de mon âme indomptable.
Malgré l’amenuisement des foules, mon agoraphobie continuait à faire des siennes. Elle refaisait surface à l’approche du moindre patelin. Un chuchotis de feuilles, un grincement de porte, le moindre infime bruit douteux me plongeait aussitôt dans l’alarme. D’un coup, je me mettais à suer, à avoir peur de ma propre peur. J’avais beau me faire violence pour avancer à tâtons vers telle porte entrouverte, des douleurs thoraciques finissaient par me clouer sur place. Je devais alors user de stratégies épuisantes pour faire face à ces crises de panique : soit m’imposer des détours de plusieurs miles pour contourner une fermette, soit attendre la nuit noire avant de traverser un champ trop exposé aux regards.
En vérité, je devais surtout lutter contre ma défiance envers les hommes. En certaines heures, je me morigénais pour me sculpter un masque de sauvage plus engageant, pour tenter un rapprochement même fugace avec mes reflets ennemis. Évidemment, je remettais toujours ces audaces au lendemain, croyant peu en mon étoile de trouver ma flamme jumelle au milieu d’un tel chaos.
Un soir, n’y tenant plus, j’ai lâché prise.
À l’intersection de trois sentiers, j’ai osé aborder une randonneuse émérite qui portait une lourde charge sur son dos, tout en cheminant d’un bon pas.
Chacun perdu dans son monde éthéré, nous n’avions pas entendu nos pas sur le velours de la poussière. Surpris l’un et l’autre de tomber nez à nez, à nous en percuter, nous en avions ri comme des gamins.
Elle s’appelait Méryl et était artiste peintre. Elle n’avait presque jamais vendu aucune toile, elle les offrait. Son unique allégresse, elle la trouvait dans la marche. Depuis que toute petite elle avait appris à marcher, elle ne s’était plus arrêtée.
Elle voyageait principalement de nuit pour éviter les mauvaises rencontres. Adepte des treks au longs cours, elle trouvait son plaisir dans les chemins de traverse, les parcelles que personne n'avait jamais foulées. Escalader les Rocheuses, se laver au premier cours d’eau, bivouaquer seule au milieu des forêts profondes ne l'avait jamais effrayé. Parmi ses nombreuses errances, elle avait à son actif le terrible « Pacific Crest Trail » qui longe les côtes de l’océan Pacifique sur plus de 2400 miles, de la frontière mexicaine au Canada. innarêtable, elle avait connu et chéri sa solitude sur des milliers de miles, au milieu des plus grands, des plus beaux, des plus dangereux espaces. Ici ou là, elle avait connu la faim, la soif, les tempêtes dantesques, les soleils les plus brûlants, les froids les plus pétrifiants, tout cela sous son petit auvent de tente. Elle avait continué à marcher avec de douloureuses entorses, avait chuté dans un lac glacé, avait réchappé à une attaque d'ours, s'était réveillée un matin avec un serpents à sonnette sur sa cuisse. De la nature, elle acceptait tout : ses dangers, ses ravissements, ses chants, ses cris. Il n'y avait aucun forme de prétention dans ses récits d'aventures, aucune vanité d'héroïne. Elle se définissait comme une simple marcheuse qui adorait les chemins et tout ce qu'elle y croisait. En retour de cet amour, elle avait appris à se fondre dans la goutte de pluie, à parler aux fougères, à bénir le caillou qui chahutait ses reins durant son sommeil, à remercier le grand ciel qu'était devenu sa vie. Plus elle me parlait, plus je me sentais rétrécir. Je me sentais un plancton de la contemplation à côté d’elle.
Entrant dans un long tunnel boisé, nous avons allumé nos lampes frontales. À la faveur de leurs faisceaux, j’ai pu apercevoir du coin de l’œil que c’était une belle femme qui avait à peu près mon âge. Elle était athlétique, félinement charpentée. Ses cheveux étaient longs, couleur gris perle. Sa poitrine était altière. Son visage était peu ridé et sa fossette vous invitait à lui sourire, à lui parler avec des gants feutrés.
Son charme ne me laissant pas indifférent, j’avais pris l’accueil de mes foulées à l’ombre des siennes pour une tangible hypothèse. J’allais vite déchanter.
Sur une dizaine de miles, nous avions engagé la conversation, une conversation comme je les aimais où personne ne cherchait à se mettre en avant. Somme toute, parlant cash, elle avait bientôt refroidi mes ardeurs, me confiant que sa libido était en réparation, et qu’il était par conséquent inutile d’espérer avoir un rapport physique avec elle. La raison en était aussi simple qu’effroyable, et j’en fus consterné. Dans la périphérie de Tacoma et sous un pont de Spokane, elle s’était faite violée déjà deux fois de manière très brutale. Pour s’en sortir sans trop de casse, elle avait dû laisser passer l’orage en se mettant en mode sidération. Mais la troisième fois, dans un motel de Kalispell, elle avait dit non. Comme son agresseur avait fait la sourde oreille, elle avait dégainé en un éclair son couteau de chasse et c’est elle qui l’avait pénétré. Sans le moindre remords. Elle ne s’était pas arrêtée là, puisqu’elle avait traîné son corps au beau milieu d’un carrefour, et qu’elle l’avait froidement castré.
Pour l’exemple ! Afin de prévenir les futurs barbares que la terreur devait changer de camp si l'on touchait encore à un seul cheveu des femmes.
- Je ne pensais pas être capable de faire un jour une chose pareille, m’avait-elle dit. Si je ne l’avais pas fait, je n’aurais jamais pu faire un pas de plus. Qui me jugera ? Vous ?
- Je ne saurais vous en vouloir. Grâce à ma mère, j’ai toujours ma tessiture d’enfant de chœur, lui avais-je répondu, en prenant une voix enfantine.
Elle avait souri. Et une fois encore, sa fossette avait fait frissonner mon âme.
Nous avions de nombreux points communs, entre autres choses notre découragement des hommes et cet amour gâché que nous avions transféré vers la nature.
Durant les premiers temps, comme moi, elle avait bêtement songé que ce choc nucléaire aurait pu souder les survivants entre eux. Elle s’était imaginée qu’ils tenteraient d’édifier un nouveau règne de Saturne où chacun vivrait en paix, libre de tous soucis. Elle avait espéré que plus personne ne se soumettrait à la tentation, qu’il deviendrait grotesque de détrousser son voisin puisque tous les biens de la terre appartiendraient à tous spontanément. Sa désillusion, bien sûr, avait été aussi vaste que son rêve. En très peu de temps, nombre de désespérés n’avaient pas tardé à se transformer en loups affamés et sanguinaires. Ils étaient à ses yeux devenus bien plus dangereux que les radiations. Ils usaient leurs dernières forces à terroriser, violer, ou torturer les plus désorientés pour leur soutirer une lampe-torche, une couverture thermique, une scie à fil, un biscuit. Ceux-là, je les connaissais bien aussi et je les contournais comme la peste. Méryl les appelait « Les Enragés », car ils vous fonçaient droit dessus par petites hordes en poussant des cris bestiaux à vous crever les tympans. Qu’ils soient armés ou non armés, ils hurlaient leur hargne à distance pour pétrifier leur proie, puis ils la prenaient sitôt en chasse comme des frelons hystériques.
Comme moi, Méryl jouait la carte de la patience, de l’ultra méfiance et de la couardise en attendant que ces derniers loups se dévorent entre eux. À ceci près qu’elle était une belle femme, et que sa vigilance n’avait pas suffi à la préserver totalement des ténèbres humaines.
Une fois, elle avait essayé de rejoindre une petite communauté recluse et fortifiée, qui subsistait quasi embourgeoisée dans la réserve indienne de Fort Berthold. Les invités y étaient triés sur le volet, et bénéficiaient d’une nourriture assez abondante et de protection. On ne leur demandait en échange que de contrôler leurs humeurs. Au moindre haussement de ton, ils étaient renvoyés manu militari, qu’ils soient à charge ou non d’enfants.
Mais au bout de trois jours les jambes de Méryl l’avaient rappelée à l’ordre, lui disant : marche ou crève !
C’est d’ailleurs la dernière chose qu’elle me dit, comme à la croisée de nouveaux sentiers elle bifurqua soudain à gauche, en accélérant son pas.
- Allez salut, je prends par là ! m’envoya t’elle, sans un regard d’adieu.
Et son ton fut assez glaçant pour pétrifier mon songe de papillon.
Je reviendrai vers toi lorsque tu auras finalisé...
En tout cas, bravo ! Très fort, de belles fulgurances aussi...
Me voilà de retour après un long silence...
Chapitre long et extrêmement riche en pensées, souvenirs et "rebondissements". Je trouve que tu décris très bien cette "stupéfaction" du personnage qui réalise que, au final, la nature ne fait pas de distingo entre les bons et les méchants. La nature est ce qu'elle est, elle ne se pose pas de vaines questions, des questions trop humaines. L'horreur n'est pas dans la nature, elle est dans l'homme, dans toutes les horreurs qu'il est capable d'accomplir par désir de puissance ou lâcheté.
Toute la première partie ( seul dans sa tente, la faim au ventre) est très bien écrite, mais je la verrais plus à la fin ou pour un autre chapitre. L'épisode des souvenirs de guerre s'inscrit en parallèle avec la situation présente. Quant à la rencontre avec Méryl, elle rappelle que après tout, lui aussi n'est qu'un homme.
C'est un chapitre prometteur mais peut-être encore à retravailler dans la forme.
Juste quelques coquilles :
- Il y retrace la vie d’un homme : n'hésite pas à préciser le "il"
- les sauvages sanguinaires qui pouvent se dresser : peuvent
- Trouver de quoi m'alimenter deva : ?
- e 1992 a 1995.: à
- Bientôt, il n'y eut plus que l'insomnie, des envies d'abandonner : ce paragraphe apparaît deux fois, est-ce volontaire ?
A très bientôt
Bel été et à bientôt.
Enfin un peu d'action, ça bouge un peu plus. A ce que je vois, ton narrateur est comme tous les hommes. Il avait envie de compagnie et de queuter. Seulement, Méryl a bien refroidi ces ardeurs en lui racontant l'anecdote et prenant une autre direction. Comme tous les humains, elle pense qu''à sa gueule. Il faut dire que c'est la fin du monde. Est-ce qu'il la suivra ? Enfin quelque chose de vraiment intriguant.
A bientôt.
Merci pour ta lecture.
L'action, il va y en avoir, mais je m'en fous un peu pour tout t'avouer. Des romans post-apo, il y en a eu pléthore, et c'est presque toujours les mêmes poncifs qu'on y rencontre. M'intéressait plus de peindre les hoquets amers d'un misanthrope qui se retrouve quasiment seul dans un monde dépeuplé de ses plus affreux insectes !
Bien à toi !