Chapitre 13 : Confrontation

Nash Nichols était donc le père de Heather. Je comprenais désormais son angoisse. Comment n'avais-je pas pu y penser un instant ? Normal, je n'en avais jamais eu rien à foutre de sa vie.

— Cole Triaghan, peux-tu m'expliquer ce que tu faisais à ma fille ? me demanda-t-il, très énervé.

Je me retins de lui répondre un "j'encule ta très chère fille de la manière la moins catholique et la plus obscène qui soit". C'était tellement tentant, j'étais vraiment sur le point de le faire jusqu'à ce que j'échange un rapide regard avec Heather. Je comprenais ses intentions, elle voulait me lancer un défi, voir ce dont j'étais capable pour elle. Elle m'adressa alors un sourire malin qui voulait sous-entendre "Tu veux m'avoir, vas-y, démerde-toi". Ce n'était qu'un jeu et nous allions y jouer à deux.

Je finis par me lever et m'approchai de Nash tout en essayant de masquer mon mépris. Il m'observait, suspicieux. Il me détestait et je le sentais. Aucune subtilité.

— Ne touche plus à ma fille, connard, s'empressa-t-il d'ajouter.

— Qui eut cru qu'un connard comme toi puisse avoir une fille aussi charmante, belle et ravissante ? lançai-je à la fois rhétoriquement et sarcastiquement.

Immédiatement, il s'offusqua. Il était sur la défensive sans même que je ne l'insulte. Il me haïssait du plus profond de son âme. Aucun problème, je pouvais le gérer.

— Je t'interdis de la toucher de nouveau ! Ma fille vaut mieux que ça !

Comme tout père bien trop protecteur, il ne voulait en aucun cas qu'un homme touche à sa petite chérie et encore moins par moi. S'il savait tout ce qui s'était passé entre nous, il serait vert de rage. D'ailleurs, je lui aurais tout dit si Heather ne m'avait pas lancé ce défi.

— Tu sais que tu n'es que son père ? lui demandai-je ironiquement.

— Et cela m'autorise à l'interdire de te voir. Je sais très bien que tu ne l'aimes pas et que tu la manipules, c'est tout ce que tu sais faire.

J'étais persuadé qu'il pesait bien ses mots. Il était vraiment capable de m'interdire de la voir, mais il ignorait à quel point je pouvais être acharné face à mes ennemis.

— J'ignorais qu'elle était ta fille jusqu'à maintenant... D'ailleurs vous n'avez même pas le même nom de famille, lâchai-je, venant tout juste de m'en rendre compte.

Heather prit rapidement la parole pour m'expliquer brièvement la situation.

— Duncan n'est pas mon vrai nom de famille, je l'utilise pour passer inaperçue.

Plutôt surprenant venant d'elle et dire que je la jugeais bien trop innocente pour utiliser un faux nom. Elle avait parfois bien plus de caractère que la plupart des femmes comme elle.

— Et tu ne pouvais pas me le dire avant ? l'interrogeai-je en retenant ma colère.

Immédiatement, Nash voulut reprendre le dessus. Il espérait que j'abandonne sa fille, que je la laisse être avec un homme qu'il aurait sûrement choisi pour elle. Ma relation avec Heather devait mener en quelque sorte à un mariage arrangé, mais lui aussi lui en proposait un d'une certaine manière. Quelle ironie...

— Qu'est-ce que tu peux être un enculé ! J'aurais dû me douter que tu en serais capable ! Rien ne t'arrête Triaghan, tu oses même abuser de ma fille ! Tu n'as pas pensé un instant que tu pourrais lui faire du mal ?

— Je n'abuse pas d'elle, elle est consentante...

— Vous avez couché ensemble en plus ? s'interloqua-t-il.

Son visage se décomposa littéralement. Comment pouvait-il penser une seconde qu'on n'était pas passés à cette étape ? C'était totalement stupide. Il aurait dû s'en douter. Il imaginait encore que sa petite fille n'était vraiment qu'une petite fille, il ne voulait pas la voir devenir une femme. Sûrement comme tout père...

— Et plusieurs fois même, lui répondis-je par provocation.

Encore une fois, je me retins de lui donner tous les détails, puisque, en réalité, nous ne l'avions fait qu'une fois. Notre première fois. Soit il y a trois jours.

En jetant un coup d'œil vers Heather, celle-ci semblait totalement gênée par la situation. Elle savait que ça allait dégénérer, mais elle avait ignoré jusqu'où. Désormais, elle savait.

Nash se tourna vers elle. Il voulait lui prouver que je n'étais pas quelqu'un de bien. J'allais devoir mentir, encore une fois. Je savais donner une belle image de moi-même. Ce n'est qu'une histoire d'apparences.

— Tu sais qu'on dit qu'il se tape des putes régulièrement, voire tout le temps ? Va savoir quelle maladie tu vas choper avec ce con !

Il me croyait suffisamment con pour attraper n'importe quelle maladie. Connaissait-il le principe de préservatifs ? Même si ça ne me gênait pas, je compris que ce n'était pas le cas pour Heather. Elle ne savait pas quoi répondre. Elle savait ce que j'avais fait de ma vie sexuelle. Elle n'apprenait rien de nouveau, mais ceci pouvait l'inquiéter. Les gens n'aimaient pas qu'un homme puisse prendre du plaisir auprès d'une prostituée. Je n'y voyais pas le moindre problème.

Je me tournai vers Nash. Il était temps de mettre les choses au clair, ce pourquoi il était venu. Je pris la parole, d'un ton calme, posé et presque amical :

— Désolé de faire les choses dans les règles et de demander la main de cette ravissante femme à son père.

— Pardon ? Tu comptes l'épouser ? s'offusqua-t-il.

Je me doutais bien que l'idée que je devienne son beau-fils ne l'enchante pas. Le fait qu'il devienne mon beau-père ne m'enchantait pas non plus. Faire partie de la même famille que lui était presque dégradant pour quelqu'un comme moi, mais j'avais un plan et le jeu ne faisait que commencer.

— Oui. Je compte l'épouser parce que je l'aime.

— Aimer ? N'importe quoi ! Ce n'est pas ton genre !

— Tu ne me connais pas. En fait, tu ne m'as jamais connu alors ne cherche pas à me comprendre.

Il se tourna vers sa fille. Il savait qu'il ne me repousserait pas de cette manière, mais il pouvait toujours effrayer sa fille, lui prouver que sa vie était forcément mieux sans moi. D'un certain côté, il n'avait pas totalement tort. Je ne pouvais être qu'un poids dans sa vie.

— N'épouse surtout pas ce type ! Personne ne sait qui il est vraiment ! Renseigne-toi ! Tu verras qu'on ne connaît rien de ses origines !

— Peu importe mes origines, répliquai-je, empêchant Heather de réagir.

— Je refuse que tu épouses ma fille ! s'interposa-t-il encore une fois, espérant être convaincant alors que c'était vain.

Je soupirai. La situation dégénérait totalement. Je m'attendais à un père autoritaire et protecteur, mais pas à Nash qui me détestait comme si j'étais le Diable en personne.

— Ça me ferait vraiment chier de t'avoir comme beau-père, mais si c'est le prix à payer pour Heather, oui, je le paierai volontiers.

— Jamais tu ne pourras l'épouser.

— Elle a l'âge de se marier et de décider d'elle-même, je ne vois pas où est le problème. Elle n'a même plus besoin de demander l'autorisation à son père.

Pourtant, du haut de mes vingt-neuf ans, je devais tout de même lui demander la main de sa fille. Va savoir pourquoi c'était moi qui devais me démerder et pas elle.

Nash ne tarda pas à réagir, comme d'habitude. Jamais il n'avait autant perdu le contrôle. C'était assez impressionnant à voir. Dans le fond, il n'avait jamais su gérer son tempérament.

— Je peux toujours m'y opposer ! Je ferai tout pour ce faire !

Il était vraiment énervé, voire agacé, tellement que sa veine au front allait exploser. Il se rendait compte que sa petite fille était une adulte, une adulte qui ne faisait pas forcément les meilleurs choix et il détestait ça. Il voulait tellement avoir le contrôle sur elle. D'un certain côté, ça ne me choquait pas. Il faisait ce que mes parents n'avaient jamais fait.

Il s'approcha d'Heather les poings en train de se serrer.

— Tu ne le reverras plus ! S'il faut que je te cloître chez toi pour t'empêcher de le voir, je le ferai.

Je n'avais rien contre son côté protecteur, mais surprotecteur, j'étais totalement en désaccord là-dessus.

— Ça ne marche pas ce genre de choses, le contredis-je. Tu peux jouer le père chiant, mais tout ce que tu gagneras, c'est de la perdre et de te perdre par la même occasion. Je suis sûr que tu ne voudrais pas de ça. Alors laisse-moi être avec elle, même si je ne suis pas ton image du gendre idéal, sinon tu pourrais bien vite le regretter.

— Serait-ce une menace ? demanda-t-il en plissant des yeux.

— Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, ripostai-je froidement.

Il s'approchait de la sortie, mais eut une dernière parole pour Heather, une simple mise en garde.

— Je veux que tu le quittes ! Je m'en fiche ! Tu le quittes !

Il quitta la demeure bien précipitamment. Je ne l'avais pas convaincu, mais je ne me déclarai pas vaincu.

Je me tournai vers Heather, elle était toujours assise sur le fauteuil. Elle avait assisté à toute la scène et j'ignorais totalement son ressenti. Avais-je été convaincant ou, au contraire, pas du tout ? Je n'en avais pas la moindre idée.

— Pourquoi tu ne m'as pas dit que ton père était un de mes concurrents ? l'interrogeai-je, tentant de retenir ma colère.

— Je voulais voir ce que tu valais face à mon père... Personne n'a jamais osé s'imposer face à lui... Tu es le seul...

J'étais vraiment le seul ? Voilà sûrement une bonne explication pour comprendre le fait qu'aucun homme ne l'approche, la méfiance de son père. Tout était logique.

Elle se leva du canapé et s'approcha de moi.

— Et tu as dit que tu m'aimais, ajouta-t-elle de son plus beau sourire.

— Je ne sais plus ce que j'ai dit.

C'était bel et bien la vérité. Je ne m'en rappelais plus. Si tel était le cas, c'était sorti d'une manière plutôt naturelle, sans que je réfléchisse au sens de mes mots, ou sûrement parce que ça semblait bien pour convaincre son père.

Elle ne tarda pas à me rappeler la situation, ceci semblait vraiment l'avoir marquée.

— Tu as dit que tu voulais m'épouser parce que tu m'aimais.

— Peut-être... Je ne sais plus... Ça devait bien sonner dans la discussion... Ne prends pas ça au sérieux si c'est vraiment ce que j'ai dit...

— Que tu le veuilles ou non, tu l'as dit, insista-t-elle d'un air malin.

Elle m'embrassa passionnément, enthousiaste. Ceci semblait l'avoir satisfaite. J'oubliais que beaucoup de femmes aimaient qu'on leur répète à longueur de journée quelques mots, en particulier des "je t'aime" à tout bout de champ. Vraiment pas mon genre. Je n'en voyais pas l'intérêt.

Elle revint rapidement à la réalité, se remémorant la situation.

— Je ne sais pas si je pourrais me battre contre mon père, avoua-t-elle, faiblement.

— Je m'en fiche. Je le ferai s'il le faut.

Elle écarquilla les yeux, surprise. Pourquoi s'étonnait-elle du fait que je puisse me battre contre son père ? Elle savait à qui elle avait affaire depuis notre rencontre.

— Pourquoi ça t'étonne à ce point ?

— J'en sais rien... Je pensais que je n'étais juste qu'une couverture pour ta carrière... En particulier contre mon père...

Elle posa ses bras sur mes épaules et me regarda avec tellement de tendresse. Elle était vraiment craquante. Je n'avais jamais rencontré de femmes ayant des yeux aussi adorables. Elle essayait de me manipuler encore une fois et elle était très douée. J'avais failli ne pas faire appel à ma raison.

— C'est toujours le cas ? me demanda-t-elle.

— Plus ou moins... Mais tout ça commence à devenir dangereux.

Je posai mes mains sur ses hanches, puis la pris par la taille, croisant mes mains derrière son dos.

— Tu sais que mon père peut vraiment être capable de tout pour m'empêcher de te voir ? s'enquit-elle, craignant le pire.

— Qu'il bouge son fou, j'ai déjà ma tour et mon cavalier d'avance, la rassurai-je.

Elle leva les yeux au ciel un instant, puis simplement, nos lèvres s'étaient rapprochées pour s'échanger un passionné baiser. D'une manière incroyable, nos baisers semblaient de plus en plus intensifs, naturels, avec bien plus de vigueur. À chaque fois, j'avais l'impression de redécouvrir ses lèvres. Puis une fois terminée, je me rendais compte que c'étaient les mêmes, elle était toujours la même. Elle n'avait pas changé aussi étrange que cela puisse paraître.

— Tu sais que j'attends toujours ta réponse pour notre mariage ?

— Survis à mon père et j'accepte, me provoqua-t-elle sournoisement.

— Tu veux me mettre au défi ?

— Tu l'as dit toi-même, je ne suis pas une fille accessible. Tu dois en assumer les conséquences.

Je lui adressai un rapide sourire. Elle était naturelle et me répondait avec tellement de facilité, d'insouciance et d'innocence. Je n'avais pas envie de la laisser partir, peu importe qui était son père. C'était sûrement la seule chose de bien qu'il avait faite dans sa vie, sa fille.

— Je comprends pourquoi je m'attache autant à toi finalement. Tu es pleine de surprises et qu'est-ce que je me serais fait chier avec une femme qui aurait immédiatement accepté mon offre pour juste finir au lit. J'aime les choses compliquées.

— Parce que tu es compliqué ? s'enquit-elle d'une voix maligne.

— Je ne suis pas compliqué contrairement à ce que tu crois.

— Pourtant je n'arrive toujours pas à te comprendre...

C'était évident. Elle ne pouvait pas comprendre. Elle était comme tout le monde. Rien ne la différenciait des autres sur ce point.

— Prends un puzzle, un grand puzzle, lançai-je pour l'aider à imaginer la situation. À première vue, tu ne comprends rien... tu ne sais pas ce qu'il représente... ce ne sont que des pièces avec des motifs, des couleurs, mais rien de bien concret... Tu ne peux le comprendre seulement lorsqu'il est en entier, lorsque tous les trous sont comblés.

— Quelles pièces me manque-t-il ? me demanda-t-elle en espérant avoir une réponse.

— Toutes.

— Et quand me laisseras-tu les avoir ?

— Si je te le disais, ce ne serait pas drôle, lui répondis-je avec un sourire.

Elle était tellement innocente. Si seulement elle savait ce que ce puzzle renfermait... Si seulement...

Elle pencha sa tête, ce qui la rendait tellement charmante. Elle avait dix-neuf ans, et ça se voyait. Elle n'avait encore aucune idée de ce que lui réservait le monde. Pourtant, malgré son jeune âge, elle savait comment marchait un homme sur certains points.

— Si je t'épouse, j'aurai le droit d'en savoir plus sur toi ? Je refuserai de me marier avec un homme sans le connaître...

— Ne t'en fais pas pour ça.

En réalité, je me demandais si je pouvais le lui dire, je n'en avais pas la moindre idée. Dans le fond, sûrement pas. Elle ne saurait jamais la vérité. Cette atroce vérité qui ne s'était pas effacée avec le temps et qui continuait de me hanter. C'était triste... mais c'était la vie. Pire, ma vie.

Je la pris fermement dans mes bras en songeant une dernière fois à ce que j'avais laissé derrière moi ou ce que j'étais devenu après leur passage. Je soupirai. Les choses n'iraient pas en s'arrangeant, qu'il y ait quelqu'un comme Heather ou non.

Les choses étaient ainsi faites, quitte à côtoyer le pire...

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ManonSeguin
Posté le 27/01/2021
Eh bien, eh bien...il n'est jamais bon d'avoir deux dragons dans un même ciel et je sais pourquoi maintenant. Bien que le père de Heather tente de la protéger de Cole (ce que l'on peut LARGEMENT comprendre au vue de sa réputation), malheureusement c'est point dans le camp de Cole car Heather est majeure donc quelque part...La bave du crapeaud peut rester dans sa bouche :/ C'est dommage, mais c'est intéressant et puis voir Heather ne pas être la fille forcément facile qui tenait absolument à coucher ...c'est aussi intéressant :) J'ai hâte de voir la tempête qu'elle va ammener dans la vie de Cole !
MissRedInHell
Posté le 27/01/2021
Ca va être vraiment le bordel huhu
Là, ce n'est que le début. Mais tu as bien vu les conflits avec le père de Heather... Et je me suis trop amusée dessus hihi :3
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