Chapitre 13 : Discussions

Par Notsil

 

Le Messager Arcal était arrivé aux premières lueurs de l’aube. Blessé, épuisé, mais bien vivant, et soulagé d’apprendre que Lucas et Syrcail étaient en vie. Sa blessure fut soignée et recousue. Qu’il ait réussi à voler des heures avec une blessure pareille tenait du miracle. La légende des Messagers s’auréolait d’un exploit de plus.

Syrcail et Lucas avaient dormi jusqu’à midi. Retrouver le Messager Arcal les avait remplis de joie. Puis la tristesse les avait envahis quand il leur avait appris le décès d’Assym et avait confirmé les morts de Sulio, Daram et Irys.

Lucas s’était enfoncé dans un mutisme qui avait inquiété son ami. Comme s’il se sentait responsable de tout ce qui était arrivé.

–Ça lui passera, dit Arcal. Il a besoin d’assimiler tout ça. Il aura besoin de toi pour surmonter cette épreuve.

Syrcail acquiesça. Les évènements les avaient tous touchés, mais Lucas plus que tout autre. Être né au sein de la Seycam n’était vraiment pas une sinécure. Il l’avait perçu dans l’attitude d’Aioros, le frère de Lucas. Plus âgé, il comprenait ce qu’impliquait d’appartenir à la famille dirigeante du Neuvième Royaume.

Lucas avait cru le savoir ; et découvrait combien la réalité était bien plus cruelle.

Puis le Djicam en personne était arrivé en début d’après-midi. D’une voix lasse, presque monocorde, Lucas avait recommencé son récit, confirmé ou complété par Syrcail. Lui avait remarqué les airs soucieux d’Aioros et du Djicam. Lucas s’était contenté de répondre par monosyllabes aux questions qu’on lui posait.

« Oui, Djicam. » « Bien sûr, Djicam. »

Un détachement qui ne lui ressemblait pas.

Aioros et son père ne s’étaient pas attardés. Si le Clan des Montagnes du Sud était effectivement derrière cette machination, la question devait être réglée dans les plus brefs délais. Ils étaient repartis dans la foulée. Le Messager Arcal leur avait accordé la fin de journée en repos ; avant de leur annoncer que leur entrainement reprendrait dès le lendemain.

Syrcail avait acquiescé avec enthousiasme ; Lucas d’une voix éteinte.

Rien qui ne rassure Syrcail.

*****

Les jours avaient passé, et Lucas n’avait pas changé.

Les entrainements avaient repris, plus intenses que jamais. Syrcail comme Lucas donnaient leur maximum. Même lorsque le Messager Arcal décrétait la journée terminée, Lucas continuait de s’entrainer. Il parlait peu, refusant ne serait-ce qu’évoquer ce qui s’était passé ce funeste jour. Syrcail continuait de s’inquiéter. Un soir, le Messager Arcal vint le rejoindre.

–Cesse donc de te tourmenter, ainsi, Syrcail.

–Il souffre, et j’ai de la peine pour lui.

–Ta compassion l’aidera à remonter la pente, j’en suis certain.  Mais tout le monde ne réagit pas de la même façon à la perte d’un proche. Il doit apprendre par lui-même. Et ce n’est pas facile.

Syrcail savait que le Messager avait raison et cherchait à le rassurer. Il lui tardait simplement que Lucas redevienne l’ami enjoué qu’il avait été.

Et il commençait tout doucement à comprendre que ce Lucas-là avait disparu.

****

La journée s’était terminée après des exercices qui lui avaient paru interminables. Comme les précédentes. Lucas soupira et regarda son souffle se condenser en fins nuages blancs qui s’élevaient vers les cieux. Le Messager Arcal les avait libérés pour les deux prochains jours. Ils avaient congés. Lucas s’en serait bien passé, mais les règles étaient ainsi faites.

Il se leva, et fit signe aux deux gardiens qui l’attendaient. Il était prêt à partir. Avec quelques pas d’élan, il gagna les airs, sans prendre la peine de regarder derrière lui. Il savait qu’ils étaient là, et c’était suffisant.

Lucas s’éleva jusqu’à une altitude suffisante pour être au-dessus de la plupart des nuages ; presqu’à la limite invisible où l’oxygène se raréfiait trop pour espérer respirer normalement.

Au moins, il ne pourrait être surpris par une attaque venant de plus haut.

Une heure plus tard, il discerna la maison de son père au travers des fins nuages. Lucas piqua avant de réduire sa vitesse en augmentant doucement sa portance ; il termina sa descente en spirale là où il le désirait, en plein centre de la cour familiale. Il s’en serait volontiers glorifié quelques jours plus tôt ; aujourd’hui cela n’avait plus aucune importance.

–Lucas !

Sa sœur Iriana bondit sur lui et le serra dans ses bras.

–Tu m’as manqué, petit frère !

–Toi aussi, murmura Lucas d’une voix sans chaleur.

Il ne remarqua pas l’expression inquiète de sa sœur et poursuivit sa route vers sa chambre.

*****

La fenêtre ouverte, Lucas contemplait l’horizon. Pour une fois qu’il était en avance, il ne savait même pas quoi faire. Il y avait trop peu de temps avant le repas familial pour qu’il songe à s’entrainer. Un coup fut frappé à la porte.

–Entrez, dit-il sans se retourner.

–Je ne pensais pas te trouver là.

Lucas se figea au son de la voix grave.

–Père ? dit-il en se détournant de la fenêtre. Mais…

–Le Messager Arcal s’inquiète. J’ai préféré écourter mon séjour sur Sagitta. Comment vas-tu ?

–Ça va, répondit le jeune Massilien sans entrer dans les détails.

Ivan soupira.

–Ta colère est visible. Exprime-toi.

Le jeune Massilien serra les poings.

–Vous m’avez tous menti ! accusa-t-il. Toutes ces années, j’ai cru… Tout le monde savait, tout le monde ! Sauf moi. Je suis passé pour un imbécile.

Les larmes dévalaient ses joues, à présent, mais il n’en avait cure.

–Aioros me déteste, et à juste titre ! Comment ai-je pu croire à cette fable toutes ces années ? Comment ai-je pu l’apprendre de la pire des manières ? Je suis passé pour un idiot devant tous mes camarades !

Lucas essuya ses larmes d’un geste rageur, alors que son père restait silencieux.

–Pourquoi ne pas m’avoir dit ? Je l’ai tuée !

–Non, coupa Ivan, jusque-là resté de marbre.

–N’est-elle pas morte ? rétorqua sèchement Lucas.

–Contrairement à toi, elle était pleinement décisionnaire. Pleinement consciente des conséquences de son choix.

–Mais je…

–Ne t’approprie pas son sacrifie, l’interrompit son père.

–Je n’ai jamais demandé une telle chose ! s’écria l’adolescent. Comment puis-je vivre avec un tel fardeau ? Avec une telle douleur ?

Son père eut un rire amer.

–Tu feras bientôt l’expérience de souffrances bien pires, mon fils, en empruntant la voie que tu as choisie.

Lucas en resta interdit.

–Tu critiques les choix de ta mère, pourtant tu m’as aussi imposé ton admission au sein des Mecers. Tu m’as de fait obligé à te voir prendre des risques, manquer de mourir, partir en mission au loin, participer à des évènements sur lesquels je n’ai aucun pouvoir… C’est le rôle d’un parent de permettre à son enfant de s’envoler, mais je ne pensais pas que ton tour viendrait si tôt. J’ai moi aussi été pris au dépourvu.

Il esquissa un sourire.

–Il faut croire que tu tiens d’elle bien plus que tu ne le penses.

Bouleversé, Lucas se jeta dans ses bras. Son père l’entoura et laissa faire le temps. Qu’y avait-il de plus à dire qui ne l’avait pas été ? Aioros avait eu raison. Il avait trop tardé à lui révéler la vérité sur la mort d’Yléna. Et quelqu’un d’autre s’en était chargé, avec bien moins de tact qu’il ne le prévoyait. Toutes ces années, il n’avait cherché qu’à le protéger. Mais cette stratégie avait montré ses limites et s’était retournée contre lui.

–Promets-moi que tu ne me cacheras plus rien, murmura Lucas entre deux sanglots.

–C’est promis, répondit son père avec un geste affectueux.

Il doutait que son fils se rappelle qu’il avait utilisé le futur quand il lui avait extorqué cette promesse. Elle ne l’engageait que pour les futurs évènements dont il n’avait pas encore connaissance, et nullement pour ce qu’il savait déjà. Nul doute que Lucas lui en voudrait à nouveau, dans quelques années. Mais le lot de la Seycam n’était pas la facilité. Le Djicam assumait parfaitement de ses choix, même les plus douloureux.

Après tout, il avait ses raisons.

*****

Lucas avait passé une nuit sereine. La première depuis qu’il était rentré de cette mission catastrophique. La discussion avec son père avait été bénéfique. Elle lui avait permis d’extérioriser cette douleur enfouie en lui. Une douleur dont il n’avait pas vraiment eu conscience de l’intensité. La trahison de Mélior lui avait laissé plus qu’un goût amer. Elle avait redoublé la faille créée par la révélation de Zuryk sur les circonstances de la mort de sa mère.

Les Massiliens étaient réputés pour leur honneur. Pourtant, autour de lui, il ne voyait que trahison et choix de mots soigneusement ambigus. La cruelle réalité politique lui avait explosé au visage. Ils savaient se montrer aussi retors que les Sagittéens qu’ils aimaient tant critiquer.

Lucas se leva comme un rai de lumière venait chatouiller ses paupières. Sa chambre disposait pourtant de volets ; il ne les utilisait que rarement, au plus fort de l’hiver. Il aimait se réveiller avec les premiers rayons du soleil, profiter de leur douce chaleur alors qu’il était encore confortablement lové dans son lit.

Il s’étira longuement, déployant ses ailes au maximum de leur envergure, avant de rouler sur lui-même pour poser ses pieds sur la pierre froide. Un frisson le traversa, et un sourire s’épanouit sur ses lèvres. Il adorait ce simple contact.

D’un pas lent, savourant les sensations sous la plante de ses pieds, il se dirigea vers sa salle de bain. Pour l’eau chaude, il fallait demander à l’un des domestiques d’aller chauffer puis transporter de l’eau ; Lucas préférait s’en passer.

Une source alimentait leur demeure, et grâce à un simple robinet il avait accès à une eau fraiche. Un délice l’été, un peu moins lorsque les températures se montraient plus froides. La cuve était en pierre locale, un calcaire gris qui laissait apparaitre par endroits des morceaux de coquillages. Lucas avait passé beaucoup de temps à barboter en se demandant comment ils étaient arrivés là. La pierre était solide non ? Pourtant elle épousait parfaitement les contours de ces formes biscornues. Un mystère qu’il n’avait pas encore réussi à percer.

Aujourd’hui, le temps ne se prêtait pas à la rêverie. Alors il se contenta d’une douche rapide, et vraiment glacée, réalisa-t-il comme il claquait des dents tout en se frictionnant dans une serviette épaisse. Il avait pris soin d’éviter un maximum de mouiller ses ailes ; une tâche toujours délicate mais nécessaire s’il souhaitait prendre les airs.

Enfin sec, il s’empressa d’enfiler une chaude tunique puis son uniforme noir d’Envoyé. Il l’ajusta parfaitement, sensible au moindre détail qui lui vaudrait une réprimande, avant d’enfiler ses bottes, noires également, mais parfaitement cirées. Maintenant, il était temps d’aller prendre un solide petit déjeuner. Peut-être croiserait-il quelques membres de la fratrie.

Lucas sourit presque malgré lui. Il était certain qu’Anya et Iriana traineraient au lit le plus longtemps possible. Elles adoraient les grasses matinées. Alors qu’il descendait vers les cuisines, l’odeur du pain chaud commença à embaumer dans les couloirs. Il en saliva d’avance.

–Bonjour, petit frère, fit Dorian en étouffant un bâillement.

–Bonjour, grand frère, répondit Lucas en esquivant la main qui venait lui ébouriffer les cheveux.

–Salut, marmonna Aïtor, avachi sur une chaise, la tête soutenue par ses mains.

Lui, il ne fallait pas le chercher tant qu’il n’avait pas mangé. Et surtout but son zif. Lucas ne comprenait pas comment il pouvait apprécier une boisson si amère. Lucas s’installa à leurs côtés, et bientôt un domestique apporta une large corbeille débordante de pains, brioches et viennoiseries en tous genres.

–Je vous apporte votre thé, Maitre Dorian.

–Merci, Soli.

Lucas était déjà occupé à planter ses dents dans une brioche toute chaude, à la mie moelleuse et au sucre qui craquait sous ses dents.

–Tu es un goinfre, marmonna Aïtor.

Ils se régalaient depuis plusieurs minutes lorsque leur père entra à son tour.

–Bonjour à vous. Vous êtes bien matinaux, remarqua-t-il.

–Je repars tôt, répondit Dorian, je n’ai pas le choix.

–Alya m’attend, dit Aïtor qui retrouvait peu à peu des couleurs. Je dois la rejoindre dans la capitale, et ça fait un paquet d’heures de vol.

–Moi j’apprécie les premières heures du jour, dit Lucas avec enthousiasme. Je compte bien en profiter un maximum !

–Dire qu’il est en congé, marmonna Aïtor en se rallongeant sur la table. Tu n’as rien compris au bonheur, petit frère.

–Dormir, approuva Dorian.

Lucas croisa les bras.

–Le sommeil n’est qu’une perte de temps ! Ce n’est pas comme ça que je progresserai !

–On en reparlera dans quelques années, maugréa Dorian.

La discussion avait amené un sourire sur le visage d’Ivan. Le Djicam savait que son rôle pour la Fédération des Douze Royaumes était exigeant, et lui demandait de passer beaucoup de temps hors planète. Il n’en appréciait que davantage ces moments avec ses enfants. Lucas était le plus jeune, et tous avaient à cœur de le protéger, à leur manière. Ils auraient du mal à accepter qu’il n’était plus un enfant.

–Et toi, Père, quand repars-tu ? s’enquit Dorian.

–Après le repas de midi. Les discussions à l’Assemblée reprendront demain matin, et j’ai des personnes à voir sur Valyar ce soir.

Lucas prit conscience qu’il passerait la journée seul, une fois de plus. Peut-être ferait-il mieux de rentrer à l’École des Mecers. Quoique, ses camarades ne seraient pas là non plus.

–Je file, à plus tard !

Son déjeuner expédié, Lucas quitta les lieux à grands pas. Fuir c’était toujours mieux qu’être abandonné, non ? Il ignora les larmes qui perlaient soudain à ses paupières et descendit dans la grande cour. Là, au moins, il serait tranquille pour s’entrainer.

Le Messager Arcal lui avait conseillé de ne jamais négliger l’échauffement. Alors, Lucas s’obligea à se remémorer les mouvements lents et coulés de son mentor ; il s’interrompait parfois, agacé quand ses souvenirs lui faisaient défaut, avant de recommencer du début.

La mémoire ne faisait pas tout ; plus qu’un enchainement de mouvements chorégraphiés, il y avait une puissance intérieure, un rythme…  une multitude de détails. Le jeune homme s’efforçait d’être à l’écoute de son corps, de rechercher cette harmonie qu’il sentait chez son Messager.

Il ne s’arrêta que deux heures plus tard, épuisé mais satisfait, sans avoir conscience qu’il était observé.

–Il est persévérant, hein ? commenta Dorian.

–Il a énormément progressé, répondit son père. Je ne m’y attendais pas.

–Ces plumes de couleur sont peut-être plus intéressantes qu’il n’y paraissait au premier abord.

–Tout à fait. Son visage reste peu connu des autres Massiliens vu que je l’ai longtemps considéré trop jeune pour tout le décorum lié à la Seycam. Ce sera l’occasion pour lui de découvrir une vie un peu moins compliquée que la vôtre. Où pars-tu ?

–Sur Niléa. Il n’y a plus de troubles près de la Porte mais des bandes de brigands semblent s’être installées entre Orein et Mein. Les agglomérations sont trop loin les unes des autres pour maintenir des forces de de police sur les routes.

–Vous serez nombreux ?

–Un régiment déorisien, une escouade de l’armée régulière massilienne et nous serons trois Mecers. Le Messager Zilar, qui sera en charge de l’opération, son Envoyé Netis et moi-même. De quoi voir venir.

Le Djicam acquiesça.

–Je connais bien Zilar, tu apprendras beaucoup à ses côtés.

*****

Le soleil se couchait sur la demeure familiale ; ce soir Lucas y dormirait seul. Enfin, pas vraiment vu que des serviteurs et quelques gardes étaient présents en permanence ; mais aucun autre membre de sa famille ne serait là.

Il avait passé la journée à l’extérieur ; s’entrainant sans relâche, alternant les exercices. Postures d’épées, coups à mains nues, étirements, méditation, renforcement musculaire, sans oublier course à pied et les différentes allures de vol. Il était exténué ; une fatigue saine qu’il appréciait. Car elle signifiait qu’il avait bien travaillé.

Avant le repas, il demanda à ce qu’on prépare un bain dans ses appartements ; se délasser dans l’eau chaude était un délice pour ses muscles épuisés.

Il s’obligea à prendre le temps de savourer le repas préparé à sa seule intention ; manger lentement était aussi l’une des clés fournies par le Messager Arcal, et il comptait bien mettre tout en œuvre pour progresser un maximum. Il n’oublia pas de boire, s’il n’en avait pas compris l’utilité au premier abord, il savait désormais que cela limiterait les crampes et autres douleurs le lendemain.

Il remercia Soli pour sa délicieuse cuisine, et se précipita dans la cuve chaude qui l’attendait dans ses appartements. Il soupira d’aise en se laissant glisser dans l’eau  brûlante ; que c’était agréable ! La chaleur se répandait dans chacun de ses muscles surmenés, et une douce langueur l’envahissait.

Mais il n’était pas question de s’endormir si vite. Quand l’eau tiédit,  à regret, il s’extirpa du bain et frissonna sous le jet glacé de la douche. Vivifiant et revigorant ! Il se sécha rapidement avant de se glisser sous ses chaudes couvertures.

Demain, il serait temps de rentrer à l’École des Mecers pour retrouver Arcal et Syrcail.

*****

Au matin, il ne s’attarda pas et fila en direction de l’École sitôt le petit déjeuner englouti. L’air était frais et vif sous ses ailes, et il s’adonna avec plaisir à quelques acrobaties. Il discernait à peine ses gardes dans le lointain ; il s’obligea à ralentir pour ne pas les semer. Il n’aimait pas être ainsi surveillé en permanence, mais il avait fini par comprendre qu’en tant que membre de la Seycam, sa vie ne lui appartenait plus vraiment. Point positif, quand il était avec Arcal, la présence du Messager était considérée comme suffisante.

Une fois sur place, il remercia son escorte d’un bref mouvement de tête, et courut rejoindre Syrcail qu’il avait aperçu en arrivant.

–Lucas ! Tu as bien profité ?

–On va dire ça, répondit l’intéressé avec un haussement d’épaule. Arcal n’est pas encore là ?

–Non, mais j’ai cru comprendre que notre prochaine mission serait assez spéciale.

Cette fois, Lucas était intrigué. Ne leur ferait-on plus confiance à cause du désastre de leur dernière mission ? Non, c’était bien tout autre chose, comme le leur confirma le Messager Arcal en atterrissant près d’eux.

–Envoyés, pour les trois prochaines semaines, vous irez faire vos classes chez les T’Sara !

Les deux jeunes gens pâlirent. Pour le coup, c’était moins héroïque qu’une mission consistant à chasser des brigands. Remarquant leur expression, Arcal poursuivit :

–Cela n’a rien à voir avec la mission précédente. C’était déjà prévu ainsi. N’oubliez pas que vous vous en êtes très bien tirés.

–Oui, Messager, répondirent les deux jeunes  à l’unisson.

–Aujourd’hui, ce sera entrainement. Nous partirons en fin d’après-midi pour Béryl, où nous ferons une escale pour la soirée. Demain, nous rejoindrons Stibine où se trouve la principale Maison des T’Sara. Je compte sur vous pour vous montrer digne des Mecers.

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Lohiel
Posté le 10/07/2021
Coucou !

Toujours très bien écrit... et toujours un peu rapide 😁 au début. Ensuite... on "voit" enfin le décor. La visualisation est une des clés du roman contemporain (depuis le début de la civilisation des images, avant c'étaient souvent de longues séries de "pensées" qui s'enchainaient, autour de courtes descriptions et des dialogues... ce qui est parfois un peu ardu à lire pour nous, aujourd'hui, en fait). Il y a des odeurs, des détails... ça va dans le bon sens !

"Syrcail savait que le Messager avait raison et cherchait à le rassurer. Il lui tardait simplement que Lucas redevienne l’ami enjoué qu’il avait été.
Et il commençait tout doucement à comprendre que ce Lucas-là avait disparu."

Le début est donc racontée du point de vue de Syrcail ? Peut-être l'étayer un peu, ce qui donnerait une possibilité d'introspection, de creuser un peu sa psychologie ? (Sinon, je n'ai pas trop compris la séparation, alors qu'on reste sur le pdv du même personnage ?)

Passage entre Lucas et son père, on saute d'un point de vue à l'autre. C'est peut-être un choix de ta part, omniscience sur plusieurs personnages, mais je trouve quand même assez déstabilisant. Techniquement, c'est hyper-compliqué à tenir, déjà... mieux vaudrait que son père *lui dise* ses pensées, je trouve. Et ça pourrait être émouvant.

Bisous 🌺
Notsil
Posté le 10/07/2021
Coucou !

Merci pour ton retour, toujours très pertinent ^^ Et oui je crois qu'il va falloir que je bosse sérieusement le point de vue sur la correction.... je suis sur une nouvelle où je fais très attention de rester sur un seul point de vue et en effet ça cadre mieux les choses. Et là quand je relis avant de poster y'a des trucs où je me dis que que ce n'est pas forcément clair... au moins je le vois, "plus qu'à" le corriger.

Que le père lui dise, je ne sais pas, je le voyais éventuellement avoir cette conversation avec l'ainé. Le fait est que dans le roman (qui se passe donc après), Lucas se fait encore "avoir" par une omission paternelle (et le prend encore super mal très logiquement).

Je note d'étoffer un peu en effet, c'est un peu léger sur le début. Et oui ça pourrait être intéressant de le creuser un peu, surtout que ça donnerait du poids à la suite, bonne idée tiens.

La séparation était là parce que dans ma tête il se passait du temps, mais, vu que je ne le dis pas, en fait...... 🙃

Bon, au moins je vois le boulot à faire (plus qu'à trouver le temps)(j'utilise trop le verbe voir, aussi, je crois...).

Merci tout plein ;)
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