e matin était arrivé avec une douceur inattendue, baignant le campement d’une lumière pâle et dorée. La nuit s'était écoulée sans incident, le feu s’étant éteint lentement dans l’obscurité. Léora, épuisée par les événements de la veille, se réveilla lentement, un peu désorientée par la chaleur qui l’enveloppait. Elle réalisa bientôt qu'elle était dans les bras d’Alric, qui avait veillé sur elle une bonne partie de la nuit. Elle tenta de se redresser doucement, mais les bras d’Alric, encore endormis, la retenaient. La chaleur de son corps contre le sien était réconfortante, mais elle sentait son cœur s’emballer alors qu’elle cherchait un moyen discret de se dégager. Alric, à peine réveillé par ses mouvements, ouvrit un œil. Il remarqua immédiatement la situation et, avec un sourire malicieux, murmura :
— Eh bien, il semble que tu sois devenue une vraie dormeuse collante. Je savais que je t’avais captivée, mais je ne pensais pas que tu serais aussi… tactile.
Léora rougit en se rendant compte qu’elle était dans une position aussi intime. Elle se détacha rapidement des bras d’Alric, essayant de cacher son embarras.
— Je… je suis désolée, je ne voulais pas… commença-t-elle, mais ses mots se perdirent dans une confusion embarrassée.
Alric se redressa en s’étirant, un sourire espiègle sur les lèvres.
— Ne t’inquiète pas, c’est plutôt mignon. Mais nous avons une forêt noire à explorer et des monstres à affronter, alors il est temps de se mettre en route.
Ils rassemblèrent leurs affaires rapidement, préparant leur équipement pour la journée à venir. Une fois leurs sacs et provisions en ordre, ils prirent le chemin menant à la forêt noire de Mörthir. Le soleil s’élevait lentement dans le ciel, illuminant le paysage d’une lumière tamisée qui peinait à percer à travers les nuages épars. La forêt noire se dressait devant eux, une étendue dense et mystérieuse de végétation luxuriante et de brume. Les arbres étaient hauts et imposants, leurs troncs épais recouverts de mousse et de lierre. Les rayons du soleil perçaient à peine la canopée dense, créant des ombres mouvantes sur le sol couvert de feuilles mortes et de branches tombées. L’air était lourd de l’humidité qui émanait des sous-bois, et le silence de la forêt était ponctué par le chant mélancolique des oiseaux et le bruissement des feuilles. À mesure qu’ils s’avançaient dans la forêt, ils rencontrèrent diverses créatures : des écureuils rapides qui se faufilaient entre les branches, des lapins qui fuyaient à leur approche, et des insectes bourdonnants qui volaient autour d’eux. Léora était fascinée par la faune locale, bien que son attention soit souvent distraite par les bruits étranges et les mouvements dans les buissons.
— La forêt de Mörthir est encore plus impressionnante que ce à quoi je m'attendais, dit Léora en regardant autour d'elle avec émerveillement. On dirait qu’elle a sa propre vie, ses propres secrets.
Elyon, qui marchait à côté d’elle, hocha la tête.
— Oui, elle est réputée pour être aussi belle que dangereuse. Il y a des créatures et des pièges que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Il vaut mieux rester vigilants.
Alric, toujours prêt à alléger l’atmosphère, fit une remarque enjouée.
— Ah, la forêt noire. Elle a l’air de s’amuser à nous faire peur. Espérons qu’elle ne nous réserve pas trop de surprises. Et si c’est le cas, je suis sûr que je peux les affronter avec un sourire.
Ils continuèrent leur marche, enfonçant leurs pieds dans les feuilles mortes qui craquaient sous leurs pas. La température baissait à mesure qu'ils pénétraient plus profondément dans la forêt, et l'humidité croissante rendait l'air presque palpable. Léora, bien que fascinée par la beauté sombre du lieu, était de plus en plus attentive aux bruits environnants. Soudain, un cri aigu déchira l’air, résonnant comme un hurlement de panique. Léora, saisie par la peur, se retrouva face à une araignée monstrueuse qui était tombée directement sur elle. L’arachnide était énorme, ses pattes velues et ses yeux multiples scintillant d'une lueur inquiétante. Le cri de Léora se transforma en un hurlement de terreur alors qu’elle se débattait, essayant de se débarrasser de la bête répugnante qui rampait sur elle. Ses mouvements étaient désordonnés, ses mains se levant en l’air comme si elles tentaient de chasser un fantôme invisible. Elle recula en trébuchant, et l’araignée, menaçante, continuait à avancer dans sa direction. Alric, observant la scène avec une mixture d’amusement et de préoccupation, ne put s’empêcher de rire en voyant la réaction exagérée de Léora. Il s’approcha rapidement, les yeux pétillants de rire et d’inquiétude, tout en dégainant son épée pour se préparer à intervenir. Elyon, qui observait la scène avec une expression sérieuse, murmura une incantation rapide. Des étincelles de lumière éclatèrent autour de l’araignée, et un cercle magique se forma autour de l’insecte. L’araignée, effrayée par le sort, recula précipitamment et se dirigea vers un repli sombre des bois, disparaissant rapidement.
Léora, encore tremblante, se redressa et se tourna vers Elyon, reconnaissante mais honteuse.
— C’est répugnant….
Elyon, reprenant son calme habituel, lui offrit un sourire rassurant.
— Tu n’as pas à t’inquiéter, Léora. Les surprises de la forêt noire ne sont pas faciles à affronter. Je suis content que nous ayons pu te venir en aide.
Alric, toujours amusé, posa une main réconfortante sur l’épaule de Léora.
— Et je suis content que nous ayons pu nous débarrasser de l’araignée avant qu’elle ne commence à s’attacher à toi.
Léora, les joues encore rouges de honte, hocha la tête, un sourire timide sur les lèvres.
— Je suppose que je dois m’habituer à ces surprises.
Ils reprirent leur marche, les esprits légèrement apaisés mais toujours sur le qui-vive. La forêt noire continuait de les envelopper de son mystère, et chaque pas les rapprochait du vieux temple de Kaelor, leur destination ultime. Les trois compagnons avançaient prudemment dans la forêt noire de Mörthir, leurs sens en alerte après l’incident avec l’araignée géante. L’air restait humide et chargé de brume, les feuilles des arbres créant un plafond verdoyant presque imperméable à la lumière du jour. Les bruits étranges de la forêt semblaient amplifiés dans le silence pesant qui suivit la scène chaotique. Léora essayait encore de calmer les battements frénétiques de son cœur, tandis qu’Alric et Elyon reprenaient leur marche, échappant à l’amusement et à l’inquiétude respectifs. Soudain, un bruit de branches brisées et un souffle précipité se firent entendre derrière eux. Avant qu’ils n’aient eu le temps de réagir, une silhouette apparut en courant à travers les sous-bois, le visage rouge et essoufflé. La jeune femme, portant une longue cape verte et des cheveux blonds épars, se précipita vers eux. Ses yeux, d’un bleu vif, brillaient d’une détermination intense malgré la fatigue évidente.
— Elyon !! Enfin je vous ai rattrapés ! cria-t-elle, sa voix résonnant à travers la forêt silencieuse.
Léora s’arrêta brusquement, ses instincts de survie prenant le dessus. Elle se tourna vers la nouvelle arrivante, une expression d’alerte sur son visage. Alric, agissant par automatisme, se plaça devant elle, les muscles tendus et l’épée prête à dégainer si nécessaire. Ses yeux scrutaient la silhouette avec méfiance, prêt à défendre ses amis contre toute menace potentielle. Elyon, apercevant la jeune femme, se précipita vers elle avec un sourire de soulagement.
— Elowyn ! Je suis tellement content de te voir !
La tension dans l’air se dissipa lentement alors qu’Elowyn, essoufflée mais visiblement soulagée, se tourna vers Elyon. Ses yeux brillants rencontraient ceux du jeune mage, et elle lui offrit un sourire épuisé mais sincère.
— J’ai eu du mal à vous retrouver à travers cette forêt maudite, mais je suis enfin là ! dit-elle en reprenant son souffle.
Alric, toujours sur ses gardes, observa la scène avec un mélange d’intrigue et de prudence. Il finit par se détendre légèrement lorsque Elyon commença à expliquer.
— Elowyn est la fille de notre ami Elandor, le mage de la forêt Thormel, expliqua Elyon. Elle est aussi une archère talentueuse et elle m’a été envoyée pour nous aider.
Léora, encore sous le choc, fit un pas en avant pour mieux voir la nouvelle venue.
— Enchantée, Elowyn. Je suis Léora, et voici Alric. Nous avons eu quelques... aventures dans cette forêt.
Elowyn, bien que visiblement épuisée, afficha un sourire amical.
— Enchantée de vous rencontrer, Léora, Alric. Mon père m’a parlé de votre quête. Il est réconfortant de voir que vous allez bien malgré tout ce qui s’est passé.
Alric, toujours avec son humour habituel malgré le contexte, s’inclina légèrement avec un sourire.
— Eh bien, si tu as eu autant de mal à nous retrouver, je suppose que nous devons être des compagnons assez intéressants. Tu peux nous en dire plus sur ce que tu peux apporter à notre équipe ?
Elowyn rit doucement, la fatigue se lisant encore dans ses yeux.
— Je suis enchantée de pouvoir vous aider. Je suis une enchanteresse. Je serai ravie de vous prêter assistance, surtout dans un endroit aussi périlleux que cette forêt.
Ils échangèrent quelques sourires et gestes amicaux, et Elowyn se joignit à leur groupe. Le rythme de leur marche se fit plus léger, la présence de la nouvelle alliée apportant un peu de réconfort et de camaraderie. Les discussions se poursuivirent, entrecoupées de rires et de récits de leurs aventures respectives. À mesure que la journée avançait, le groupe arriva enfin au pied du vieux temple de Kaelor. La structure imposante se dressait devant eux, ses murs recouverts de mousse et de lierre, ses tours et arches semblant presque fusionner avec les arbres environnants. Le temple était une construction ancienne, ses pierres grises marquées par le passage du temps et l’usure des éléments. Des colonnes cassées et des statues érodées par les siècles se dressaient autour du bâtiment, donnant au site une aura de mystère et de majesté. Les trois compagnons regardèrent le temple avec un mélange de respect et d’appréhension. Léora, en particulier, ressentait une vague d’émotions en voyant le lieu qui devait être la clé de leur quête. L’immensité du temple et l’atmosphère solennelle qui l’entourait faisaient naître en elle une profonde détermination. Alric, observant la grandeur du lieu avec ses yeux pétillants de curiosité, lança un commentaire pour alléger l’atmosphère.
— Eh bien, il est sûr que ce n’est pas un petit temple de quartier ! J’espère que nous avons bien préparé nos esprits pour ce qui nous attend à l’intérieur.
Elowyn, prenant un moment pour admirer le temple, ajouta :
— Ce lieu est empreint d’une magie ancienne. Nous devons être prudents et nous préparer à ce que nous pourrions découvrir à l’intérieur.
Léora, serrant son sac contre elle, hocha la tête.
— Nous avons fait un long voyage pour arriver jusqu’ici. Il est temps de voir ce que le temple a à nous offrir. Espérons que nous trouverons ce que nous cherchons.
Le groupe se prépara à entrer dans le temple, chaque membre conscient de l’importance de ce moment. Leurs regards se croisaient, remplis d’espoir et de détermination, alors qu’ils franchissaient les premières étapes du vieux bâtiment, prêts à affronter les mystères et les défis qui les attendaient.