— Nous avons bien progressé aujourd'hui. Si nous continuons ainsi, nous atteindrons la forêt noire de Mörthir demain. dit Léora
Elyon acquiesça, son regard fixé sur le grimoire qu'il tenait dans ses mains.
— Oui, mais la forêt sera un défi. Elle est dense et sombre, et il est facile de s'y perdre. Nous devrons être particulièrement vigilants.
Alric, qui finissait de manger, sourit légèrement.
— On dirait que tu aimes te faire du souci, Elyon. Ne t'en fais pas, nous nous en sortirons. Nous avons déjà traversé pire.
Elyon sourit à son tour, reconnaissant de l'encouragement de son ami.
— Tu as raison, Alric. Je suppose que c'est juste dans ma nature de m'inquiéter.
Le crépuscule enveloppait le monde de ses teintes pourpres et dorées alors que la nuit commençait à s’installer autour de leur petit campement. La rivière d’Elarin coulait paisiblement en arrière-plan, et le feu crépitant projetait des ombres dansantes sur les visages de Léora et Alric. Léora, épuisée et secouée par la journée de marche, se laissa aller contre Alric, cherchant un peu de réconfort dans la chaleur humaine. Son cœur battait plus lentement, chaque battement se synchronisant avec les crépitements du feu. La proximité d'Alric était apaisante, une bouffée d'air chaud au milieu des défis constants de leur voyage. Alric, bien que surpris par cette manifestation de confiance, se sentit réconforté par la présence de Léora contre lui. Il était habitué à se montrer fort et indifférent, mais il trouva une certaine douceur dans ce moment de vulnérabilité partagé. Le poids léger de Léora contre lui et la chaleur de son corps contre le sien étaient réconfortants, presque familiers. Il passa un bras autour de la taille de Léora, son étreinte légère mais protectrice. Il n’avait pas l’habitude de se laisser aller à ce genre de gestes, surtout en plein milieu d’une quête. Et la c’était la seconde fois. Il tenta de détourner l'attention de la situation en affichant son sourire habituel.
— Je vais finir par croire que je te plais, dit-il avec un ton humoristique, tentant de dissimuler le léger embarras qu'il ressentait.
Léora, surprise par la remarque, leva les yeux vers lui avec un sourire fatigué mais sincère.
— C’est probablement le feu qui me rend aussi audacieuse, ou peut-être que je suis juste trop épuisée pour réfléchir.
— Peut-être les deux, répliqua Alric avec un clin d'œil. Mais dans tous les cas, tu n'as pas à t'inquiéter, je suis plutôt bon pour jouer les garde-du-corps.
Léora rigola doucement, un rire léger qui réchauffa encore plus l’atmosphère.
— Je suis contente d’avoir quelqu’un sur qui compter. C’est un soulagement de pouvoir me détendre un peu après tout ce que nous avons traversé.
Alric sourit, trouvant du réconfort dans la réponse de Léora.
— Et moi donc. On forme une bonne équipe, après tout. Maintenant, repose-toi un peu. Je veillerai sur nous.
Ils restèrent ainsi un moment, Alric les yeux fixés sur le feu tandis que Léora se détendait contre lui, un sentiment de calme et de sécurité les enveloppant tous les deux. La nuit continua de s’étendre, apportant avec elle une pause bien méritée dans leur aventure tumultueuse. La nuit était maintenant bien installée, plongeant le campement dans une obscurité relative, seulement perturbée par les lueurs vacillantes du feu. La rivière d’Elarin, bordée de pierres lisses, offrait un murmure apaisant, se mêlant au crépitement du bois qui brûlait. Le campement semblait paisible, comme une bulle de sérénité dans l’immensité sauvage qui les entourait. Léora, ayant trouvé une certaine tranquillité contre Alric, s’était doucement endormie, profitant de l’étreinte rassurante du guerrier. Alric, les yeux rivés sur les ombres dansantes projetées par les flammes, gardait une vigilance tranquille, prêt à faire face à tout danger éventuel. Elyon, assis un peu plus loin, étudiait le grimoire qu’il avait récupéré, le regard plongé dans les pages anciennes et mystérieuses. Le calme de la nuit fut soudainement brisé par un cri strident, perçant l’obscurité comme une lame aiguisée. Alric se redressa instantanément, son instinct de guerrier en alerte. Léora se réveilla en sursaut, ses yeux écarquillés par la peur. Elle leva la tête vers Alric, encore engourdie par le sommeil, cherchant à comprendre ce qui se passait.
— Qu’est-ce que… ? murmura-t-elle, sa voix tremblante.
Avant qu’Alric puisse répondre, Elyon se leva rapidement, son visage pâle sous la lumière du feu.
— Nous sommes attaqués ! cria-t-il, en fermant brusquement le grimoire.
Des créatures grotesques et décharnées émergèrent des ombres autour du campement. Ce furent des goules, leurs corps décomposés se mouvant avec une lenteur sinistre. Les yeux des goules brillaient d’une lueur rougeâtre, fixés sur Léora avec une faim vorace. Elles avançaient, se déplaçant avec une détermination presque palpable, comme si elles avaient été spécifiquement attirées par la présence de Léora. Alric bondit sur ses pieds, dégainant son épée avec une rapidité et une précision impressionnantes. Il fit face aux goules avec une assurance tranquille, mais ses yeux se durcirent en voyant que l’une des créatures se dirigeait directement vers Léora. Sans perdre un instant, il se précipita pour intercepter l’attaque. Léora, terrifiée, se leva précipitamment, ses jambes encore tremblantes. Elle n’avait aucune idée de comment se défendre, son seul réflexe étant de reculer. Les goules avançaient lentement mais inexorablement, leurs griffes déformées s’étendant vers elle. Elyon, en proie à la panique mais déterminé, commença à incanter des sorts de protection et de soutien. Des éclats lumineux jaillirent de ses mains, frappant les goules avec une force magique, les forçant à reculer temporairement. Ses sorts créaient des barrières éthérées et des éclairs d’énergie, tentant de freiner l’avancée des créatures. Alric, armé et prêt, engagea le combat avec une maîtrise hors pair. Chaque coup de son épée était précis, tranchant les goules avec une efficacité mortelle. Mais malgré ses efforts, les goules semblaient se régénérer partiellement, la lutte était loin d’être terminée. Le guerrier, tout en combattant, surveillait Léora d’un œil attentif. À plusieurs reprises, il l’a rattrapée alors qu’elle trébuchait ou se reculait sous la pression. Une fois, il la saisit par le bras juste avant qu’elle ne tombe, la tirant en sécurité. Une autre fois, il la propulsa en arrière lorsqu'une goule s'approcha trop près, la tirant à l’abri avant de revenir à la bataille.
— Léora, reste derrière moi ! cria-t-il, ses mouvements agiles et déterminés contrastant avec l’anxiété palpable dans sa voix.
— Je… je ne sais pas quoi faire ! cria-t-elle, son souffle court.
— Pas besoin de faire quoi que ce soit pour l’instant ! Je gère ! répondit Alric, même s'il était clairement préoccupé par la situation.
Elyon, épuisé par l’intensité de ses sorts, cria vers Alric,
— Tu es vraiment épatant, mais nous ne pouvons pas tenir éternellement. Il faut trouver un moyen de les repousser !
Léora, se trouvant maintenant en sécurité derrière un buisson, regarda la scène avec une terreur croissante. Elle vit une autre goule s’avancer vers elle, se faufilant entre les sorts d’Elyon qui éclairaient la nuit.
Elle se redressa, attrapant une branche comme un bâton de fortune, mais se sentant toujours incroyablement vulnérable. Avec un sourire narquois qui trahissait son humeur plutôt légère malgré les circonstances, Alric fit un geste théâtral, attirant l'attention de la goule. Il brandit son épée d'une main et se tourna vers la créature, prenant une pose héroïque.
— Oh, non, tu ne l'auras pas, déclara-t-il d’un ton décontracté, elle a le béguin pour moi. Désolé !
La ghoul, apparemment confuse par le commentaire, ralentit son avancée, ses yeux rouges fixant Alric avec une lueur d’incompréhension. Alric en profita pour se glisser entre Léora et la ghoul, balayant la créature d'un coup d'épée habile qui fit tomber la goule à terre. Il se tourna vers Léora, avec un sourire espiègle, comme s'il venait de gagner un petit duel personnel.
— Rassure-toi, Léora, ajouta-t-il en riant légèrement, ces créatures peuvent être affamées, mais elles n’ont aucune chance contre mes talents de protecteur. Et je préfère te voir souriante plutôt qu'attristée par une ghoul en colère.
Léora, encore tremblante mais amusée par le commentaire d'Alric, ne put s'empêcher de sourire malgré la tension. Les goules semblaient inépuisables, et le combat semblait interminable. Chaque fois qu'Alric en éliminait une, une autre prenait sa place, la pression sur lui devenait de plus en plus intense. Finalement, Elyon prononça une formule puissante, un éclat de lumière éclatant à partir de ses mains et repoussant les goules en arrière, leur infligeant des dégâts significatifs. Les créatures, apparemment affaiblies, commencèrent à se retirer lentement, se fondant dans les ombres de la nuit.
Alric, haletant et couvert de sueur, se dirigea vers Léora avec un regard préoccupé.
— Tout va bien ?
Léora hocha la tête, ses yeux brillants de peur et de soulagement.
— Je… je crois que oui. Merci pour tout.
Alric la regarda, son expression un mélange de soulagement et de fatigue.
— Pas de quoi. Je n’allais pas te laisser seule avec ces monstres.
Elyon, qui était également épuisé mais toujours vigilant, se rapprocha.
— Nous devons être prudents. Les ghouls pourraient revenir, ou d'autres dangers pourraient surgir. La nuit n'est pas encore terminée.
Léora, encore secouée par l’événement, se tourna vers Elyon.
— Je suis désolée de ne pas avoir pu faire plus. Je ne me suis jamais battue, ni entraîner pour, je ne comprend vraiment pas pourquoi, moi!.
Elyon posa une main réconfortante sur son épaule.
— Tu as déjà prouvé ta force, Léora. Même si tu te sens vulnérable maintenant, il est évident que tu as quelque chose de spécial en toi. La prophétie ne t’a pas choisie par hasard.
— J'espère que tu as raison, murmura Léora, ses yeux pleins de détermination retrouvée.
Alric, essayant de détendre l'atmosphère malgré la gravité de la situation, ajouta avec un sourire fatigué,
— Et je vais continuer à être là pour te rattraper chaque fois que tu trébuches, ne t’inquiète pas. Il marqua une pause, comme pour s'assurer qu'elle avait bien entendu, puis ajouta avec un ton plus léger, presque provocant, Ou alors, un entraînement rapproché ; du corps à corps, hein ?
Son regard s’accrochait au sien, plein de malice, tandis qu’il s'appuyait légèrement sur sa lame, comme s'il se préparait à une démonstration. Léora, les joues rougies par la chaleur du feu et le stress de la situation, se retrouva aussi rouge qu'une cerise. Elle cligna des yeux, étonnée par le commentaire audacieux d'Alric. Son cœur battait plus vite, non pas à cause de la bataille, mais à cause des insinuations du jeune homme. La combinaison de son humour et de son attitude aguicheuse la laissa à la fois confuse et gênée.
— Alric ! s'exclama-t-elle, sa voix trahissant un mélange d'agacement et de désarroi. Ce n'est vraiment pas le moment pour ce genre de... de suggestions !
Alric la regarda, son sourire s’élargissant en une expression mi-amusée, mi-péniable, comme s'il savourait le fait de la mettre dans une situation inconfortable.
— Oh, allez, c'était juste une petite blague pour alléger l’atmosphère. Je voulais simplement te rappeler que je suis là pour toi, même si je suis sérieux au sujet de l’entraînement.
Léora secoua la tête, essayant de chasser ses pensées tumultueuses alors qu' elle ne pouvait s’empêcher de sourire intérieurement, amusée et légèrement agacée par l’audace d’Alric. Le groupe, maintenant plus uni que jamais après cette épreuve nocturne, se prépara à continuer leur voyage. Les dangers étaient encore omniprésents, mais ils avaient fait face ensemble à la première attaque majeure et avaient montré qu'ils étaient prêts à tout pour atteindre leur but.