Chapitre 14

Par Yvane_

Keïrah et Nash étaient épuisés. Recroquevillés derrière une espèce de bistrot malfamé, ils peinaient à reprendre leur souffle.

-Eh, Keïrah, ça va ? lui demanda Nash tout bas. En effet, la jeune fille était pâle comme un linge, à deux doigts de s’évanouir.

-Pas vraiment, répondit-elle difficilement. Toute cette maäjy m’a épuisée…

-Reste là je reviens, lui ordonna le jeune homme.

Elle obéit, n’ayant de toute façon pas la force de bouger. Il revint quelques minutes plus tard une pomme et une cruche d’eau à la main.

-Mange.

Après plusieurs bouchées, elle se sentit bien mieux. Mais malgré la chaleur estivale, elle tremblait comme une feuille.

-Approche, lui dit Nash en ouvrant les bras.

Elle se blottit contre lui, contre son torse qui dégageait une douce chaleur. Il referma ses bras autour d’elle. Ils étaient si beaux tous les deux qu’aucune personne censée ne les auraient dérangé. Mais les rues sombres d’Anquïa n’étaient pas fréquenter  par des personnes censées…

Un homme saoul apparut devant eux.

-Eh ma belle, viens voir comment un homme un vrai…

L’homme se prit un trognon de pomme dans la tête.

-Laissez-là, gronda Nash qui s’était relevé pour faire barrage entre l’ivrogne et Keïrah.

-Le coq protège sa poule à ce que je vois… ricana-t-il.

-Si vous la touchez…

-Tu vas faire quoi bonhomme hein ? Tu vas appeler les Agents peut être ? Hein ?

Alors, Nash, prit d’un accès de colère, frappa l’homme en plein visage.

-Alors là… fulmina l’ivrogne en tenant son nez qui saignait abondamment.

-Stop ! cria Keïrah.

Dans un jet de lumière, l’homme s’écroula au sol et commença à ronfler. Nash était toujours sur la défensive, mais la jeune fille la rassura :

-Doucement, il est plus inoffensif qu’une mouche maintenant.

Le jeune homme couru vers elle et la prit dans ses bras.

-J’ai eu si peur qu’il te fasse du mal ! lui dit-il.

-Nash, ne te remets plus jamais dans une situation pareille pour moi ! Il aurait pu te frapper, te blesser ! Ne te fais pas du mal pour moi s’il te plaît. Je ne le supporterais pas. Tu comprends ?

Il la serra encore plus fort.

-Il faut que je te protège, princesse, lui susurra-t-il à l’oreille.

A sa grande surprise, la jeune fille le repoussa.

-Tu crois que je ne suis pas assez forte pour me débrouiller ? Je ne suis pas une « princesse » Nash. Quand est-ce que tu vas te rentrer ça dans la tête ? Je peux très bien me débrouiller toute seule !

-Ce… Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Je tiens à toi Keïrah, crois-moi. S’il t’arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerait jamais !

-Tu n’as pas à veiller sur moi. Tu n’es pas responsable de mes actes ! Lâche moi un peu Nash ! cria-t-elle.

Il en resta bouche bée. Lui qui pensait qu’elle l’aimait vraiment, qu’il avait fait le bon choix…

-Alors tu ne m’aime pas c’est ça… dit-il en baissant les yeux. C’est ça le problème ? Tu sais ce que je t’ai dit, si tu ne veux  plus de moi je pars…

-Non, non Nash ! Bien sûr que je t’aime ! Mais parfois, c’est… Compliqué. Je n’arrive plus à savoir ce qui est le plus important pour moi, et je m’emballe. Oh pardonne-moi Nash, je n’aurais pas dû réagir comme ça ! Tu fais de ton mieux, je sais, mais des fois tu es trop protecteur… Mais bien sûr que je t’aime.

Il l’attira contre lui, et lui murmura :

-Je suis désolé… Tellement désolé…

Pour le faire taire, elle attrapa ses lèvres dans un baiser au goût de larmes silencieuses. A la saveur des excuses.

-Je ne vous dérange pas j’espère !

Keïrah et Nash sursautèrent, se retournèrent, alarmés.

-Par ici ! dit la voix en ricanant.

Ils levèrent la tête. Une silhouette encapuchonnée était accroupie sur le toit du batiment.

-Qui êtes-vous ? gronda Nash.

L’inconnu sauta du toit en effectuant un salto impeccable et se réceptionna parfaitement sur ses pieds.

-Ton pire cauchemar mon gars ! lui répondit-il en relevant sa capuche, pour révéler un masque effrayant. Il était tout blanc, mais l’expression qui se dégageait des fentes des yeux et de la bouche faisait froid dans le dos.

-Qui êtes-vous ? répéta le jeune homme.

Le mystérieux homme éclata de rire, un rire cruel à glacer le sang.

-Je prends la fille. Ne bouge pas et il ne lui arrivera rien, lui dit l’inconnu.

En un éclair, il se retrouva derrière Keïrah, posant un couteau sur la gorge de la jeune fille.

-Ne la touche pas ! cria Nash.

-Eh oh, on se calme mon pote ! Sois gentil et elle n’aura pas mal.

Keïrah était terrorisée. Ne pouvant pas bouger les mains, elle ne pouvait pas diriger de sort sur cet homme masqué !

Ce dernier reculait progressivement vers le fond de la ruelle. Le jeune homme était paralysé, ne sachant pas quoi faire.

Si je bouge, il la tue, pensa-t-il, mais si je ne fais rien, qu’est-ce qu’il lui fera ?

Alors, dans un dernier élan de désespoir, Keïrah hurla de toutes ses forces. Une onde dorée propulsa l’homme contre le mur. Dans le choc, le couteau entailla le dessous du menton de la jeune fille.

Nash courut à ses côtés. Quand leur agresseur se releva, ils étaient prêts à en découdre. L’inconnu courut vers eux, mais Keïrah lui envoya deux éclairs d’énergie maäjyques dans la figure. Mais ça ne le toucha pas. On aurait dit qu’un bouclier invisible le protégeait. Il repoussait chaque attaque sans effort. Quand une sphère noire et grésillante apparut dans les mains de l’homme, Keïrah sut que c’était la fin pour elle.

Elle repensa à tous les gens qu’elle aimait ; Alex, Nash, son père, sa mère… Elle leur fit un dernier adieu en silence. Elle était parfaitement sereine quand elle vit l’inconnu prêt à se jeter son sort.

Il planta son regard dans celui de la jeune fille. Un grand sourire commençait à s’étaler sur son visage, quand subitement, il s’arrêta, baissa les bras laissant mourir son sort. Ses yeux s’agrandirent, et sa bouche s’entrouvrit pour murmurer :

-Ke… Keï…

Il recula d’un pas.

-Part. Part ! cria-t-il.

Elle ne se fit pas prier. La jeune fille détala suivie de près par Nash.

L’inconnu resta figé pendant plusieurs minutes.  Soudainement, il frissonna et revint à la réalité. Se rendant compter qu’il avait laissé filer sa proie, il arracha le masque qu’il portait et le jeta par terre, où il se fracassa en mille morceaux.

-Rhaaaaaa ! hurla-t-il. Qu’est-ce que j’ai fait !

Il piétina tout ce qui se trouvait sur son passage, frappa les murs, cria.

Cette fille… Qui était-elle vraiment ? Son visage réveillait en lui beaucoup de sentiments contradictoires. Beaucoup trop.

Il devrait les tuer, elle et son ami. Dans quelques jours, ils ne seraient tous deux plus de ce monde. Ils s’en voulaient, il enrageait, de n’avoir pas saisi cette occasion.

Il leva la tête vers le ciel, et cria pour lui-même :

-Alexander, tu n’es qu’un incapable.

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