Chapitre 14: Le châtiment

Tout de suite après avoir lancé son sort, Mathilde s’était écroulée dans les bras de Rafael. Celui-ci l’avait aidée à se mettre à l’abri derrière les autres, la soutenant pour ne pas qu’elle tombe. L’esprit embué, Mathilde avait assisté à la charge des bêtes noires et au combat qui s’en était suivi. Accablée par la fatigue elle s’était fait tirée de son demi-sommeil par le bruit du cor et l’arrivée des soldats du château sur le champ de bataille. Avec leur aide, Reuel était venu à bout des quelques monstres qui restaient. A l’aide de civières de fortune, les soldats avaient emmenées Lucie et Mathilde jusqu’au château.

Mathilde se réveilla à l’intérieur d’une petite chambre au mur de pierre dans laquelle régnait une bonne odeur de pain chaud. Il faisait bon dans la pièce et un soleil éclatant s’engouffrait par une lucarne au dessus de son lit. Lucie était allongée sur le lit voisin, les traits creusés, elle semblait dormir profondément.

- Elle va s’en tirer, dit une voix dans un coin de la chambre.

Mathilde ne l’avait pas remarqué mais Jean était au chevet de Lucie, assis sur un fauteuil usé par le temps.

- Que lui est-il arrivé ? Questionna Mathilde inquiète.

- Elle a reçu un coup de griffe, répondit tristement Jean. Elle est hors de danger mais son bras n’est pas très beau à voir.

Mathilde nota les bandages blancs sur le bras de Lucie qui se confondaient avec les draps du lit. Elle jeta un rapide coup d’œil autour d’elle et vit du pain et du fromage déposé sur une desserte tout prés de Jean. Celui-ci ayant suivit son regard, se saisit du plateau et s’approcha d’elle.

- Manges cela te feras le plus grand bien !

Mathilde accepta la nourriture avec un sourire et mordit avec appétit dans sa miche de pain.

- Nous sommes à l’intérieur du château pas vrai ? Demanda-t-elle la bouche à moitié pleine de fromage.

- Nous sommes dans son enceinte, expliqua Jean en reprenant place auprès de Lucie. Nous sommes dans la garnison. Un bâtiment qui se trouve dans la cour du château.

- Et les autres ou sont ils ? Interrogea-t-elle sans pour autant lever les yeux de son repas.

- Après vous avoir déposés ici, les soldats nous ont expliqué que d’autres bêtes noires se trouvaient à l’autre extrémité du château, raconta Jean visiblement épuisé. Ils nous ont demandé de l’aide pour s’en débarrasser, Reuel et Roland ont tout de suite acceptés. Rafael m’a aidé à prendre soin de Lucie puis il est parti au château essayer de rencontrer le seigneur. Cela fait plusieurs heures et il n’est toujours pas revenu.

Mathilde observa Jean avec attention. Cela devait faire un bon moment qu’il n’avait pas dormi. Sa peau blanche était couverte de terre qui se confondaient avec ses taches de rousseurs, ses yeux bleues pales avaient du mal à rester ouverts, mais il ne lâchait pas la main de Lucie même quand sa tête penchait dangereusement en avant. Du sang avait séché sur ses mains et dans ses cheveux noirs de jets, lui donnant un air sauvage.

Mathilde n’avait jamais aimé les religieux. Elle détestait leurs Dieu et tout ce qu’il représentait. Pourtant il y avait chez Jean quelque chose de différent. Elle sentait au fond de ses tripes qu’il n’était pas comme tout ces fanatiques, prêts à tout pour la soit-disant gloire de leurs seigneur. C’était la première fois de sa vie qu’elle voyait un homme d’église se préoccuper autant des autres et se battre pour eux.

- Pourquoi avoir jeté ton habit ? Interrogea Mathilde impossible de se retenir plus longtemps.

Jean leva les yeux vers elle sans pour autant lâcher la main de Lucie :

- A cause de l’église, répondit-il d’un air triste.

- Je ne comprends pas, avoua Mathilde déconcertée.

- C’est très simple, lâcha Jean d’une voix calme. Ma dévotion pour le Seigneur reste inchangée. Mais je ne veux plus faire partie de l’église.

Mathilde ne comprenait pas ou il voulait en venir. Faire parti de l’église ou aimer Dieu revenait au même non ? Devant son visage impassible, Jean soupira avant de reprendre :

- Quand je suis entré au service du Seigneur, on m’a appris énormément de choses. On m’a appris comment le servir, comment me comporter, comment traiter les autres. J’ai appris à vivre selon des préceptes d’amours, de tolérance et de compassion. Mais c’est fini. L’église fonctionne selon des mécanismes bien différents de ceux que l’on ma enseignés. Des mouvements comme l’ordre du feu voient le jour et sont soutenus par les cardinaux. Des innocents sont massacrés au nom de notre Seigneur. Les prêtes, les évêques, les cardinaux, sont tous corrompus et ne pense qu’a acquérir le pouvoir. Ils suivent tous le mouvement par peur de perdre leurs privilèges. Je peux pas me parjurer en restant complice de leurs actes. A vrai dire, je souhaite même détruire l’église. J’ai honte que le nom de notre Seigneur soit sali par ces profanes. Je vais mettre fin à toute cette mascarade.

Mathilde resta bouche bée. Elle mit du temps à assimiler tout ce que Jean venait de lui avouer. Elle fut saisit par le regard étincelant qui émanait de ses yeux bleues pales. Elle avait grandement sous estimé Jean. Malgré son aversion pour tout ce qui touche à la religion, elle devait se rendre à l’évidence. Il était loin d’être celui qu’elle avait imaginé.

- Ça nous fait un point commun, plaisanta-t-elle avec amertume.

- Comment ça ? Demanda Jean les sourcils levés.

- Moi aussi je souhaite voir l’église réduite à néant, murmura Mathilde d’une voix tremblante de fureur.

Jean ne parut pas surpris le moins du monde et resta silencieux. Mathilde sentit sa gorge se nouer et une foule de souvenirs ressurgirent dans sa mémoire. Elle avait appris à vivre avec son passé et d’habitude elle arrivait à contrôler ce flot d’images qui l’assaillaient. Mais cette fois-ci, elle fut submergée par l’émotion et sans même s’en rendre compte elle commença à raconter :

- J’ai grandi dans une cabane cachée dans la forêt. Maman et moi arrivions a survire grâce à la cueillette et aux quelques bêtes qu’on avaient. Comme moi, ma mère était une sorcière. En grandissant j’ai moi aussi développer un don pour la magie. Je me rappelle de ses yeux et de son sourire quand elle s’en est rendu compte. Elle était si fier de moi. Nous habitions tout prés d’un village de fermiers. Les villageois venaient souvent voir maman pour soigner leur bêtes ou demander des potions quand quelqu’un tombait malade. J’ai appris à confectionner des remèdes à ses côtés alors qu’elle rendait service aux villageois. Nous avions une vie heureuse. Je prenais le plus grand plaisir à apprendre, à développer mes pouvoirs et maman débordait de joie devant mes progrès.

Mathilde sentit sa voix trembler et elle dut prendre sur elle pour retenir ses larmes :

- L’année de mes douze ans, des prêtres sont venus à la cabane accompagnés de soldats. Je ne sais pas comment ils nous on trouvés, peut être que quelqu’un nous a dénoncées mais cela n’a pas d’importance. Ils ont défoncés la porte et se sont jetés sur maman. Je me souviens du visage de chacun des hommes qui la tiraient par les cheveux et qui la frappaient. J’ai hurlé aussi fort que je le pouvais, j’ai mordu, j’ai supplié mais ils ont fini par la mettre à genou. Un des soldats à tiré son épée pendant que d’autres la maintenaient. A ce moment là, un jeune prêtre m’a fait sortir de la cabane en me mettant une main devant les yeux. Quand il a enlevé sa main nous étions un peu à l’écart dans la clairière. Je me souviens du vent, des feuilles rouges sur le sol, du bruit sourd qui est parvenu de la cabane quelques secondes plus tard. Je me suis entendu hurler la formule. J’ai vu mes propres mains se lever comme muées par une volonté qui n’était pas la mienne. J’ai vu la boule de feu réduire notre maison en poussière.

Mathilde retint son souffle et se mordit la lèvre pour ne pas pleurer. Ses mains tremblaient sur le drap blanc, elle n’osait pas regarder Jean dans les yeux. C’était la première fois qu’elle racontait tout ça à quelqu’un. Elle sentait son cœur se contracter douloureusement dans sa poitrine alors qu’elle essayait tant bien que mal de contenir les sanglots qui la secouaient.

- Je suis désolé.

Jean avait soufflé ces mots dans un murmure à peine audible. Mathilde leva la tête et rencontra son regard. Une larme coula de ses grands yeux bleues dans lesquels Mathilde pouvait lire une grande compassion.

Ce fut la goutte de trop. Mathilde qui avait réussi à se contenir jusqu’alors, éclata en sanglot en cachant son visage derrière son impressionnante masse de cheveux roux. Les mains plaquées contre ses yeux, elle revoyait la cabane réduite en cendre et le jeune prêtre la regarder avec horreur. Elle n’arrivait pas à chasser de son esprit l’image des corps carbonisés sur le sol. Leurs formes, leurs odeurs.

Elle ramena ses genoux contre sa poitrine et enfoui sa tête dans ses bras. Elle essaya tant bien que mal de se calmer mais n’y parvint qu’après avoir longtemps pleuré. Quand elle rouvrit enfin les yeux, Jean se tenait toujours assis sur le fauteuil fixant le sol de la pièce, le regard perdu dans le vide. Lucie dormait toujours dans le lit à côté d’elle, le visage serin, pareille à un tableau immobile. Jean n’avait toujours pas lâché sa main et il posait sur elle un regard doux et bienveillant.

- Elle a de la chance de t’avoir, dit Mathilde en souriant timidement. Tu es quelqu’un de bien, elle pourra toujours compter sur toi.

Jean leva des yeux interloqués et ses joues ainsi que ses oreilles devinrent cramoisies.

- Je n’en suis pas si sur, marmonna-t-il d’un ton coupable. J’ai tué un hommes au village de Buis et plusieurs autres à Fort-Des-Tombes. Je suis un assassin. Je ne mérite pas sa confiance ni toute l’attention qu’elle me porte.

- Foutaises ! S’exclama Mathilde les sourcils froncés. A chaque fois que tu as usé de la force, c’était pour te protéger toi ou l’un de tes amis. Ne sois pas trop dur avec toi même.

Le front plissé, Jean sembla réfléchir à ces paroles et au bout d’un moment son visage se détendit.

- Quand je t’ai rencontré, tu me faisais peur, avoua Jean embarrassé en se passant une main dans les cheveux. J’étais aussi bête que tous mes camarades de l’église j’imagine. Je me suis trompé sur toute la ligne à ton sujet.

Mathilde éclata d’un grand rire cristallin qui se répercuta sur les murs de la pièce.

- Et moi je te pensais aussi fanatique que tous ces idiots de l’ordre du feu, se moqua-t-elle en tentant de reprendre son sérieux. Je crois que nous avons tout les deux de gros problèmes de discernement.

- Alors, sans rancune ? Demanda Jean qui affichait un grand sourire.

Mathilde acquiesça en lui rendant son sourire.

- On est quitte !

Soudain la porte s’ouvrit à la volée sur Rafael. Le visage fermé, il passa une main sur son visage fatigué et s’assit sur le bout du lit de Mathilde l’air contrarié.

- Tu vas mieux ? Questionna-t-il sans détour.

- Tout va bien répondit, précipitamment Mathilde qui se doutait bien que quelque chose n’allait pas. Que se passe-t-il Rafael ?

Les traits de Rafael se creusèrent encore un peu plus, déformant son visage d’habitude si joyeux.

- Il se trame quelque chose ici, dit-il d’une voix grave. On m’a fait patienter longtemps mais je n’ai toujours pas vu le maître des lieux. J’ai surpris une conversation entre les gardes qui parlaient des survivants du village. Quand j’ai demandé à les voir pour en savoir plus sur ce qu’il s’était passé la bas, on ma refusé tout contact avec eux.

Mathilde eu un mauvais pressentiment. Le fait qu’on leur refuse de parler aux villageois n’augurait rien de bon et l’agitation de Rafael prouvait qu’il pensait la même chose.

- Tu crois qu’on nous cache des choses ? Demanda Jean en remontant la couverture de Lucie.

- J’en suis certain ! Affirma Rafael qui ne tenant pas en place, s’était mis à arpenter la pièce. Je veux en avoir le cœur net.

- Il nous suffit d’aller parler avec les survivants, conclut Mathilde en sortant de son lit.

- Impossible, marmonna Rafael dans sa barbe. Ils sont dans les geôles du château. On ne pourra jamais les atteindre.

- J’en fais mon affaire, assura Mathilde qui avait une idée derrière la tête.

Rafael s’arrêta net et leva vers elle des yeux étincelants.

- Je viens avec toi !

- Moi je reste avec Lucie, déclara Jean dont le teint rosi légèrement. Si Reuel et Roland reviennent par ici je leur dirais ou vous êtes.

- Parfait, s’exclama Mathilde. Allons-y !

Mathilde poussa la porte de bois, Rafael sur les talons et ils débouchèrent dans l’atmosphère poussiéreuse de la cour. L’après-midi était bien avancé et il régnait une chaleur étouffante qui prit tout de suite Mathilde à la gorge. L’immense masse du château s’élevait dans le ciel juste devant elle, projetant son ombre inquiétante sur les bâtiments alentour. Maintenant qu’elle se tenait à son pied, Mathilde trouva le bâtiment froid, sinistre et d’une laideur évidente.

Devant la gigantesque porte, les gardes les laissèrent passer après avoir reconnu Rafael. Mathilde n’avait jamais pénétré à l’intérieur d’un château et ce fut Rafael qui lui indiqua la route à prendre pour atteindre les cachots. Ils traversèrent une cour intérieur beaucoup plus petite que la précédente. L’air y était plus respirable et l’ombre projetée par les murs de rondes tout autour était la bienvenue. Rafael se dirigea vers un escalier qui se perdait dans les entrailles de l’édifice. Au fur et à mesure qu’ils descendaient les marches, la température chuta en flèche. En bas se trouvait un grand couloir obscure seulement éclairée par quelques torches accrochés aux parois.

- Les cachots se trouvent au bout du couloir, déclara Rafael à voix basse. Comment comptes tu t’y prendre pour passer le gardien ?

- Distrait le, je m’occupe du reste ! Répondit Mathilde sur d’elle.

Elle ferma les yeux et se concentra un instant en visualisant dans sa tête son apparence de jeune fille. Quand elle les rouvrit, son corps avait rétréci et ses traits avaient rajeunis d’une bonne dizaines d’années. Elle passa sa petite main dans sa masse de cheveux roux en faisant un clin d’œil à Rafael.

- Je vois, commenta Rafael avec un sourire. Je comptes sur toi !

Sans même attendre de réponse, il s’engagea dans le couloir. Mathilde le suivit de prés, en faisant de son mieux pour rester caché derrière lui. Le couloir tourna sur la gauche et Mathilde aperçut deux hommes assis à une table dans une salle au plafond bas. Même si elle n’arrivait pas à comprendre ce qu’ils disaient depuis la ou elle se tenait, Mathilde entendait le bourdonnement lointain d’une conversation. Elle remarqua une toute petite cavité dans l’angle du mur de pierre, assez grande pour qu’elle puisse s’y glisser. Elle tapota l’épaule de Rafael et lui désigna le trou. Celui-ci sembla comprendre et partit vers les gardes.

Mathilde se faufila dans l’espace libre et attendit. Quelques minutes plus tard, elle entendit des bruits de pas approcher. Elle vit passer Rafael et les deux hommes qui se dirigeaient vers la sortie. Elle ne savait pas comment Rafael avait réussi à les faire bouger mais au moins, elle avait le champs libre.

Elle attendit que les pas se soient suffisamment éloignés, puis elle sortit de sa cachette et entra dans la salle au plafond bas. Elle sentit un courant d’air chaud lui fouettait le visage alors qu’elle passait devant la table des gardes. Elle y voyait mieux ici, plusieurs lucarnes donnant sur la cour laissait s’engouffrer la lumière réconfortante du soleil.

Elle traversa la pièce et se retrouva face à un vaste couloir, plus large que le précédent, ou se dressaient des portes de fer de chaque côté. Elle reprit son apparence normale, avant de s’engouffrer dans les cachots et l’obscurité quasi totale qui y régnait. Une odeur infecte de transpiration et d’urine lui fit plisser le nez.

Elle colla sa tête aux barreaux d’une des des cellules pour tenter de voir à l’intérieur mais l’odeur était si forte qu’elle recula aussitôt. Le bruit de chacun de ses pas se répercutait et devenait assourdissant perturbant le silence de mort du cachot. Alors qu’elle s’avançait vers une autre porte de fer, elle entendit un bruit venant du fond du couloir.

- Par ici, par ici, murmura une voix.

Mathilde s’avança prudemment, en essayant de voir quelque chose dans le noir. Elle devina la forme d’un visage collé aux barreaux de la dernière cellule.

- Êtes vous un villageois ? Questionna Mathilde sans perdre de temps.

Elle n’arrivait pas à distinguer les traits du prisonnier mais au timbre de sa voix elle comprit que c’était un vieil homme :

- Oui, répondit-il d’une voix faible. Je suis du village de Derv comme tout ceux emprisonnés ici.

- Comment ça tout ceux enfermés ici ? S’étonna Mathilde. Vous êtes nombreux la dedans ?

- Ben nous sommes tous la, répondit le vieil homme après un silence. Tout ceux qui ont survécu au village de Derv sont enfermés ici. Le seigneur est persuadé que nous allons nous transformer en bêtes noires d’un moment à l’autre.

Voilà pourquoi le maître des lieux avaient enfermés les villageois. Mathilde sentit la colère gronder en elle. Il allait sûrement laisser ces gens pourrir au cachots pour le restant de leur jours.

- De…, de l’eau, demanda une voix derrière Mathilde dans un murmure à peine audible.

Le sang de Mathilde se glaça, elle sentit tout son corps se raidir en un instant et son cœur faire un bond dans sa poitrine. La voix qu’elle venait d’entendre était celle d’un enfant. Une petite voix aiguë, innocente et faible, si faible.

Elle se précipita vers l’autre cellule et colla son nez aux barreaux malgré l’odeur insoutenable :

- Ne t’en fais pas, je reviens vite avec de l’eau.

Ni une, ni deux elle partit en courant vers la salle au plafond bas. Elle aperçut les deux gardes qui avaient repris leur places à la petite table et elle passa comme une flèche devant leurs visages sidérés sans même ralentir. Elle grimpa les escaliers quatre à quatre et percuta Rafael en déboulant dans la cour. Ils tombèrent tout les deux lourdement au sol devant les visages surpris de Reuel et Roland qui avaient rejoins Rafael.

Elle se releva sans même faire attention à la douleur que le choc avait provoquée dans on épaule :

- Le seigneur retient tout les villageois prisonniers ! S’écria-t-elle alors qu’elle sentait son sang battre contre ses tempes. Il y a des enfants parmi eux !

Roland aida Rafael à se relever et celui-ci demanda en se massant la poitrine :

- Tu en es bien sur ?

- Certaine ! Rugit Mathilde qui sentait la fureur se propageait dans chaque parcelle de son corps.

- Pourquoi retient-il les villageois prisonniers ? Questionna Roland confus. Ça n’as pas de sens.

- Il a peur qu’ils se transforment en bêtes noires, expliqua Mathilde qui luttait pour garder son calme.

Sans que Mathilde ne s’y attende le moins du monde, Reuel tira son épée de son fourreau dans un geste vif. Son visage était de marbre, encore plus dur qu’a l’ordinaire mais Mathilde pouvait lire dans ses yeux étincelants de colère une soif de sang inouïe. La fureur de Reuel était si grande et elle émanait de lui avec une telle force que Mathilde pouvait presque la voir, la toucher.

Reuel, L’épée à la main, partit vers la porte du château sans un regard pour ses compagnons. La colère de Mathilde était retombé comme un soufflet pour laisser place à l’inquiétude. Une tempête était sur le point de s’abattre et qui sait quel dégâts elle allait causer.

La peur au ventre, Mathilde s’engagea à la suite de Reuel accompagné de Roland et de Rafael qui observait son frère avec un regard apeuré. Les hommes et les femmes qui se tenaient dans la cour s’effaçaient avec précipitation devant Reuel dont l’épée projetait des éclats d’argent atour de lui. Les gardes qui se tenaient devant l’immense porte du château ne bronchèrent pas quand il les dépassa. Mathilde voyaient clairement dans leur yeux un mélange de crainte et d’admiration qui les tenaient à distance de Reuel.

Le hall du château était sûrement l’endroit le plus luxueux dans lequel Mathilde avait jamais pénétré. Les murs de pierre étaient couverts d’immenses tapisseries colorées, de portrait toujours plus grands les uns que les autres et d’armes en tout genre incrustées d’or et de pierre précieuses. Devant se dressait un grand escalier au pied duquel se trouvait d’innombrables tapis aux couleurs extravagantes.

Reuel jeta un regard à son frère qui lui indiqua les marches du menton. Mathilde gravit l’escalier, toute son attention porté sur Reuel. Imperturbable, ses cheveux blond et bouclés flottaient légèrement derrière lui au rythme de son ascension. Mathilde ne s’en était jamais rendu compte avant mais il se dégageait de lui une forme de noblesse très pur.

Ils se retrouvèrent devant une immense salle à manger ou de grandes tables de bois étaient dressées de chaque côté prés des murs. Plusieurs portes de bois donnaient sur la pièce et Rafael se dirigea vers l’une d’entre elle prés de laquelle deux hommes montaient la garde et plusieurs autres mangeait à une table toute proche. Quand Rafael s’avança vers la porte, les gardes lui barrèrent la route :

- Veuillez reculez ! Le seigneur ne reçoit pas de visiteurs pour l’instant.

- Écartez vous ! Ordonna Reuel sur un ton glacial.

Les gardes ne bougèrent pas et le visage Reuel se durcit encore un peu plus :

- C’est la dernière fois que je le répète. Écartez vous ! Prévint-il dans un souffle.

Alors que les gardes levaient leurs hallebardes pour barrer le passage à Reuel, un homme accouru depuis la table :

- Baissez vos armes, malheureux ! Gronda-t-il à l’adresse des deux gardes qui s’exécutèrent en lançant à Reuel un regard mauvais.

L’homme faisait une bonne tête de plus que Reuel et une touffe de cheveux bruns ainsi qu’une barbe bien fournie dissimulaient ses traits. Malgré son avantage de taille, il paraissait fragile à côté de la force vengeresse qui émanait du visage froid de Reuel. Mathilde devinait que malgré son ton apaisant, lui aussi craignait Reuel, mais elle perçut aussi dans ses yeux une certaine admiration.

- Mais capitaine le seigneur Henri ne veut voir personne, protesta l’un des gardes l’air renfrogné.

- S ais tu seulement qui est ce garçon ? S’exclama le capitaine en désignant Reuel. Il possède une force incroyable, il nous a délivré du siège des bêtes noires, nous lui devons la vie. Si il veut voir le seigneur, il le verra, nous lui devons au moins ça. J’en prends la responsabilité.

Alors que le garde s’apprêtait à répondre une nouvelle fois, la capitaine l’interrompit avec force :

- Ouvres cette porte ! C’est un ordre !

A contrecœur, les deux gardes s’écartèrent et baissèrent leurs hallebardes. Le capitaine ouvrit la porte et entra suivi de prés par Reuel. Mathilde les suivit accompagnée des autres et de plusieurs gardes qui fermaient la marche.

Ils pénétrèrent dans une vaste pièce qui était sans aucun doute les appartements du seigneur. Mathilde n’avait jamais vu de telles tapisseries, des tableaux de plusieurs mètres décoraient les murs, des meubles en bois aux finitions parfaites et ornés de coussins aux couleurs chaudes et partout sur les tables, elle vit des plats remplis de fruits, de fromages, de pains et de mets plus délicats les uns que les autres.

Au bout d’une de ces tables, elle remarqua un homme et une femme en plein repas. Une jeune domestique se tenait derrière eux, en silence, prête à satisfaire leurs moindre désir. La femme, d’une trentaine d’années était très belle, ses cheveux noirs de jets encadraient un visage inquiet et ses yeux vert ne quittaient pas des yeux l’homme assis à ses côtés.

L’homme paraissait beaucoup plus vieux qu’elle. Il portait des habits magnifiques et une grande cape rouge ainsi qu’un fourreau d’or et de pierre précieuses étaient attachés au dossier de sa chaise. Ses cheveux blonds avaient des reflets argentés et sa barbe était tout à fait blanche. Il semblait très fatigué et écoutait sa femme parlait à côté de lui, les yeux mi-clos la tête nonchalamment posé sur son poing.

Mathilde n’avait jamais rencontré de noble auparavant mais elle fut tout de même surprise, elle avait imaginé le seigneur d’une manière tout à fait différente. Quand l’homme se rendit compte de leur présence, il tourna la tête vers le capitaine :

- Je vous avais dis ne laisser entrer personne ! Gronda-t-il son visage prenant une couleur violacé. Sortez, et vite !

- Mais monseigneur, ces gens sont ceux qui nous ont libéré du siège, protesta le capitaine visiblement embarrassé.

- Je me fiche de savoir qui ils sont, fulmina le seigneur. Sortez, c’est un ordre !

La femme à ses côtés était devenu très pale, elle fit un signe du menton à la domestique et toute deux sortirent précipitamment de la pièce. Le capitaine resta muet face à son seigneur et il se contenta d’observer Reuel qui s’avança en direction de seigneur.

- Vous avez fait enfermés les villageois du village de Derv dont des enfants, déclara froidement Reuel qui s’arrêta juste devant l’homme, son épée toujours à la main. Qu’avez vous à dire?

Le seigneur se leva d’un bond, rouge de colère et se mit à hurler au visage de Reuel.

- CE NE SONT QUE DES MISÉRABLES VERMINES ! IL EST HORS DE QUESTION QU’ILS ME CONTAMINENT ! QU’ILS CRÈVENT AU CACHOT ET….

Les mots du seigneur se perdirent dans un gargouillement affreux et un flot de sang s’écoula de sa bouche ouverte. Son visage resta figé dans une expression de fureur quand Reuel retira son épée ruisselante de sang de son torse.

Mathilde sentit tout son corps se crisper, elle fut incapable de détourner son regard du corps de l’homme qui tomba à la renverse, un trou béant dans la poitrine. Un silence de mort s’était installé dans la pièce, Reuel se tourna vers le capitaine en essuyant son arme sur la cape rouge du seigneur avant de la jeter au sol. Les gardes présents tirèrent tous leurs armes. Mathilde pouvait lire la peur sur leurs visages, elle voyait clairement leurs mains trembler et certains jetaient des regards apeurés vers le capitaine, semblant attendre un ordre de sa part. Le capitaine leva la main leur intimant de ne pas bouger.

- Relâchez sur le champs tout les villageois, exigea Reuel en se tournant vers celui-ci. Veillez à ce qu’ils soient nourris et soignés. Si certains d’entre vous ne sont pas d’accord, nous allons régler ça ici et maintenant.

Le capitaine parut hésiter un moment, fixant Reuel avec intensité. Celui-ci ne cilla pas et le regarda droit dans les yeux en attendant sa réponse. La tension était palpable, Mathilde comprit que la situation pouvait virer au drame en un instant. Néanmoins Reuel gardait un calme olympien contrairement aux soldats autour d’elle qui s’agitaient, parcourus de tremblements.

Au bout d’un certain temps, le visage du capitaine frémit sous sa longue barbe brune et il baissa le bras avant de s’adresser à ses hommes :

- Faites ce qu’il dit ! Sauvez en le plus possible et occupez vous en priorité des enfants !

Les gardes s’exécutèrent et quittèrent rapidement la pièce sans se faire prier.

- Néanmoins j’aimerais m’entretenir avec vous, déclara l’homme sans quitter Reuel des yeux. La suite des événements risque d’être compliqué après ce que vous avez fait, nous devons nous concerter.

- Vous avez raison, intervint Rafael qui semblait tendu. Je reste avec vous, j’ai moi aussi quelques questions à voir avec vous capitaine.

L’homme acquiesça et s’assit sur une chaise non loin de la.

- Partez devant, lança Rafael en en prenant place lui aussi. On vous rejoins dés qu’on a finis. Je compte sur vous.

Après un dernier regard pour Reuel dont le visage ne s’était pas détendu du tout, Mathilde tourna les talons suivis de prés par Roland.

- J’espère que ça va aller, s’inquiéta celui-ci. Je me demande bien ce que Rafael à derrière la tête.

- Moi aussi, avoua Mathilde en accélérant le pas. Ayons confiance en lui, la priorité est de secourir les villageois.

Ils dévalèrent les escaliers du château en courant presque et Mathilde espéra de tout son cœur qu’il resterait encore des gens à sauver dans ces cachots froids et obscurs.

 

Il fallut plus d’une heure pour évacuer les pauvres villageois des geôles du château. Mathilde et Roland aidés de plusieurs gardes et de domestiques s’occupèrent des rescapés et très vite la cour se transforma en véritable infirmerie à ciel ouvert. Certains souffraient de déshydratation et mourraient de faim, d’autres avaient des plaies infectées ou avaient perdus l’usage de la parole.

Le seigneur les avaient fait enfermés à plusieurs dans des cellules censées accueillir un seul détenu et cela pendant plusieurs jours d’affilés. Mathilde faisait tout son possible pour ne pas le montrer mais ces pauvres gens dégageaient une odeur infecte qui lui donnait la nausée.

Elle essayait tant bien que mal de leur sourire et d’avoir un mot réconfortant quand elle leur passait une gourde, un bout de pain ou qu’elle tentait tant bien que mal de nettoyer une blessure purulente. Mais dés que parmi la foule de rescapés, Mathilde apercevait un enfant, elle essayait de l’éviter. Elle revoyait le visage du petit garçon roux qu’ils avaient croisés au village de Derv et qui était mort pendant la nuit. Qui sait si sa famille n’était pas elle aussi dans les cachots ? Elle allait peut être croisés ses parents ou bien un de ses frères et sœurs qui lui ressembleraient comme deux gouttes d’eau. Elle ne pourrait pas supporter un tel face à face. Elle gardait son sang froid pour ne pas craquer devant tout ces gens et la vue de ces enfants sales et affamés lui comprimait le cœur.

Dans la foule, Mathilde aperçut Jean et Lucie en train de s’occuper d’un gamin d’une dizaine d’année. Jean était accroupi à ses côtés et lui donnait des petites bouchées en l’encourageant, Lucie le bras en écharpe et couvert de bandages lui passait de temps une gourde remplie d’eau en lui souriant. Mathilde sourit intérieurement. Ces deux la s’étaient bien trouvés et cela la rendait heureuse de les avoir comme compagnons de voyage.

Ragaillardie, elle donna le maximum pour s’occuper des gens autour d’elle sans même prendre une minute pour souffler. L’après-midi passa à une vitesse folle sans même qu’elle ne s’en rende compte. Alors qu’elle était en train d’essayer de faire tomber la fièvre d’une vielle femme, une main lui tapota sur l’épaule et le visage de Rafael entra dans son champ de vision.

- Mathilde viens, le capitaine nous a appris des choses très intéressantes, nous devons discuter tous ensemble, lui expliqua-t-il en jetant des regards peinés autour de lui.

- Mais je dois m’occuper de tous ces gens, protesta-t-elle en désignant la vielle femme. Ils ont besoin d’aide.

- Je le sais bien, la rassura Rafael d’une voix douce. Mais tout ceux qui avaient besoin de soins d’urgence ont été soignés. Les autres peuvent attendre quelques minutes. Je te promet que ce ne sera pas long et qu’une fois fini nous nous occuperons d’eux tous ensemble.

Les grand yeux noisettes de Rafael la rassurèrent. Elle connaissait l’envie insatiable que Rafael avait d’aider les autres, elle pouvait lui faire confiance pour revenir s’occuper de ces pauvres gens dés qu’il le pourrait. Elle le suivit à travers la foule et ils se retrouvèrent tout prés de l’entrée des cachots ou Reuel, Roland, Jean et Lucie les attendaient déjà. Reuel avait l’air calme et complètement différent de l’état de transe vengeresse dans lequel elle l’avait quitté.

- Que se passe-t-il de si important ? Questionna Roland impatient.

- Nous avons discuté avec le capitaine de la garde, expliqua Rafael. Il dit que l’attaque du village de Derv est pour le moins étrange.

- Comment ça ? Demanda Lucie étonnée.

- Il nous a expliqué qu’ici au château de Grandbois, le seigneur faisait très attention à ce que la Rage noire ne se propage pas dans les environs. Des patrouilles parcouraient la région et aucun cas de contamination n’avait été vue depuis des semaines. Tout les habitants vérifiaient bien de ne pas avoir de marque noires sur le corps tout les soirs et tout les matins sur ordre expresse du seigneur.

- Impressionnant, siffla Roland en croisant les bras. Sacrément malin mais compliqué à mettre en place.

- Très compliqué, approuva Rafael en hochant la tête. Mais le capitaine est formel. Quand l’attaque à eu lieu, aucun cas de contamination n’avait été déclaré. Il ne comprends pas d’où ces bêtes noires sont sorties.

- Peut être que certains villageois l’ont attrapés mais n’ont pas voulus se déclarer, lança Jean les sourcils froncés. J’imagine que quand quelqu’un l’attrapait, le seigneur faisait le nécessaire pour que cela ne se propage pas.

Mathilde comprit tout de suite ou il en voulait en venir et elle aussi imagina très bien le seigneur Henri utiliser ce genre de méthode.

- C’est une possibilité, avoua Rafael l’air concentré. Mais je suis persuadé que ce n’est pas ça. Le capitaine parle d’une attaque de plusieurs dizaines de bêtes noires simultanément. Il est peu probable que des dizaines de gens ce soient transformés en même temps sans remarquer les marques noires sur leur corps ou ceux des autres.

- Alors que s’est il passé ? Murmura Mathilde en questionnant Rafael du regard.

- Nous ne savons pas, dit gravement Reuel en tournant vers elle son visage impassible. Nous devons questionner les villageois pour en savoir plus.

- Nous leur poserons des questions demain, commenta Rafael en jetant un regard triste vers la foule. Le plus important pour aujourd’hui est de les aider du mieux qu’on peux.

Un bruit retentit derrière eux et Mathilde vit quartes gardes sortir du couloir menant aux cachots. Ils portaient une civière sur laquelle ballottait un tout petit corps. Mathilde sentit son cœur se glacer quand elle vit le teint cireux et les yeux clos sur le visage de la petite fille. Ses cheveux étaient d’un roux encore plus vif que ceux du petit garçon de Derv.

Sans un mot Mathilde tourna les talons et s’engouffra dans la foule en retenant le plus possible ses sanglots. Elle avança droit devant sans savoir ou elle allait. Elle finit par s’arrêter derrière la caserne et s’assit contre le mur. La, à l’abri des regards, elle explosa. Elle pleura pendant de longues minutes sans pouvoir s’arrêter, la tête dans les mains, incapable de bouger.

Quand elle retourna avec les autres pour s’occuper des villageois, le soleil déclinait déjà. Elle se tint le plus loin possible de l’entré des cachots et garda l’esprit occupé en ne s’accordant aucun répit. Mais elle ne pouvait s’empêcher de jeter de temps à un autres un regard vers l’entrée des geôles et le défilé des civières et des gardes transportant des corps dura encore bien longtemps après que la nuit ne soit tombée.

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Cléooo
Posté le 02/05/2024
Hello Alex !

J'enchaîne avec le chapitre 14.
Alors je te fais mes remontées au compte-goutte puis mon commentaire globale !

"Mathilde s’était écroulée dans les bras de Rafael. Celui-ci l’avait aidée à se mettre à l’abri derrière les autres, la soutenant pour ne pas qu’elle tombe." -> sur ce début, tu te contredis : "s'était écroulée / pour ne pas qu'elle tombe".

"Interrogea Mathilde impossible de se retenir plus longtemps." -> formulation un peu bancale -> incapable, plutôt qu'impossible ?

"Ils sont dans les geôles du château." -> ils n'ont pas l'air très alerté par le fait que les villageois soient emprisonnés.
-> alors je me suis notée cette remarque à chaud, puis en continuant le texte, en fait, si, ils semblent surpris, mais du coup cette phrase doit être mal placée parce que le fait d'être dans des geôles impliquent selon moi qu'ils sont emprisonnés. Pourquoi ça ne les choque pas que les villageois soient dans les geôles, mais qu'ils sont choqués de savoir qu'ils sont dans les geôles finalement ? ^^

"Maintenant qu’elle se tenait à son pied, Mathilde trouva le bâtiment froid, ..." -> je n'ai pas compris "tenait à son pied" ?

"le visage Reuel se durcit" -> de* Reuel

"ses cheveux noirs de jets"-> de jais
-> pas mal de petite erreurs de vocabulaire dans ce chapitre, ou de frappes (mots en double, mots manquants...) : tu devrais le relire à voix haute, je n'ai pas tout noté !

"La femme à ses côtés était devenu très pale, elle fit un signe du menton à la domestique et toute deux sortirent précipitamment de la pièce." -> étrange, cette réaction, non ?

"quand Reuel retira son épée ruisselante de sang de son torse." -> eh bien, c'est expéditif.

"quittèrent rapidement la pièce sans se faire prier." -> rapidement + sans se faire prier est un peu redondant

"et s’engouffra dans la foule" -> "engouffrer" ne convient pas pour le fait de pénétrer dans une foule.
---

Maintenant, un peu plus de détails :

"Malgré son aversion pour tout ce qui touche à la religion, elle devait se rendre à l’évidence" -> je me fais une petite réflexion sur Mathilde et Jean, qui m'a déjà frappé depuis l'apparition de Mathilde, mais que je n'avais pas vraiment soulignée : tu mentionnes beaucoup le fait que Jean n'aurait pas dû apprécier Mathilde parce que c'est une sorcière et à contrario que Mathilde ne devrait pas aimer Jean parce qu'il est un homme d'Église. Cependant, si je peux me permettre, c'est uniquement dans ta narration que l'on ressent ça. Dans les gestes, dans les faits, je n'ai aucune animosité, aucun doute. La confiance mutuelle semble vite s'être établie et du coup j'ai peur que ça manque d'un peu de réalisme. Au-delà du fait que nous, lecteurs, on sache qu'ils sont "gentils" tous les deux, eux ne se connaissaient pas beaucoup dans ton histoire. Est-ce que tu ne devrais pas mieux marquer la méfiance entre eux ? (en plus que ces petits passages de narration tels que celui que je viens de te souligner). Un regard en coin, un sursaut, une peur parce que Jean se trouve dans la salle où elle était endormie... Des gestes marquants que la confiance n'est pas totale à cause de leur apriori l'un sur l'autre, surtout au début de la rencontre.
Concernant le personnage de Mathilde même, était-ce ce passage dont tu me parlais dans un commentaire précédent, sur sa propre histoire et du coup l'importance de raconter de son point de vue ?
Si oui je ne dirai pas que son histoire n'est pas touchante, mais je suis étonnée qu'elle la révèle si tôt. Qu'elle la raconte, pourquoi pas, mais ils se connaissent depuis 5 minutes avec Jean et c'est celui du groupe qui l'inspirait le moins à la base (normalement).

Concernant le personnage du seigneur de Derv : je trouve qu'il est assez caricatural. Dans le chapitre avec Guigues je m'étais aussi fait la remarque, mais je pense que ça mériterait que tu l'approfondisses un peu plus, même s'il va mourir rapidement (qu'est-ce qui l'a rendu comme ça ? La peur profonde de la rage noire ?) là c'est juste "il est bête et méchant puis paf il est mort". Ses gardes, le capitaine par exemple, le connaissent. N'ont-ils rien à dire à son sujet ?

Pour terminer : le personnage de Reuel. Pour moi je trouve que c'est peut-être l'un que tu traites avec le plus de justesse. Au fil des chapitres, il reste très fidèle avec le portrait que tu en as dressé au tout début, et en même temps, il s'ouvre, lentement, et fait découvrir d'autres facettes de lui-même. Mais c'est bien, parce que c'est crédible ! Il met du temps à s'ouvrir aux autres, et ça, je trouve ça plus beaucoup plus réaliste que pour d'autres de tes personnages !

Dans l'ensemble un bon chapitre, au niveau de l'histoire ça suit son cours, le rythme est bon.
Le développement des personnages en revanche n'est pas assez équilibré (par exemple trop rapide pour Mathilde selon moi, et au contraire très bon pour Reuel).
Maintenant, je me demande ce qui va relancer l'histoire après ce passage ! L'un des villageois va-t-il mentionner une personne ressemblant étrangement à Guigues ?

À bientôt :)
Alex3393
Posté le 03/05/2024
Bonjour Cléo,

Je viens de lire ton retour et justement j'avais réfléchi à quelques choses par rapport à tes retours précédents et j'ai trouvé une idée. Dis moi ce que tu en penses :
J'avais moi aussi remarqué que seigneur de Derv n'était pas assez développé et je crois que tu as raison quand tu dis que mes personnages trouves trop vite l'identité des deux démons. J'ai pensé à faire deux choses en une, c'est à dire, développer une petite histoire en plus pour le seigneur et que ce soit lui qui mette le groupe sur la piste du cardinal Auguste. (Il peut avoir remarqué un comportement étrange chez lui et aurait pris peur en devinant sa vrai nature) Le seigneur de derv aurait eu peur d'en parler sous peine d'être pris pour fou et serait devenu paranoïaque. Cela pourrait être quelque chose du genre.

Pour ce qui est de la relation entre Mathilde et Jean, il me semblait avoir montré à plusieurs reprises la méfiance qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Peut être que je n'ai pas assez forcé le trait, je corrigerais ca lors de la réécriture qui approche à grand pas. Je devrais commencer la semaine prochaine.

Encore une fois merci pour ton retour, je pense vraiment que grâce à toi mon histoire va pouvoir s'améliorer grandement !

A bientôt.
Cléooo
Posté le 03/05/2024
Je plussoie totalement cette idée pour le seigneur de Derv ! Ça ajouterait de la profondeur au personnage ET paraitrait logique quand à la piste du cardinal, très bien ! En plus, ça rejoindrait aussi le fait que quand Guigues s'adresse au cardinal dans le chapitre où il le rencontre, le seigneur de Derv intervient immédiatement, comme s'il s'inquiétait réellement à l'idée que Guigues le mette en colère en lui parlant !

" il me semblait avoir montré à plusieurs reprises la méfiance qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre" -> oui tu l'as montrée, je ne dis pas le contraire, mais pour moi tu l'as montrée uniquement dans la narration, et jamais dans les gestes, c'est le seul reproche que je te fais. Disons que dans les faits, si je visualise la scène sans ta narration, je l'ignore. Il faut aussi qu'on visualise cette méfiance :)

N'hésite pas à laisser poser un peu avant de reprendre ta réécriture ! C'est sûrement mieux de se laisser un temps de calme, et de ne pas y réfléchir trop avant de revenir dessus, ce qui te permettra d'avoir un œil neuf sur la chose !
Alex3393
Posté le 03/05/2024
Super je suis content que l'idée te plaise !
Pour Mathilde et Jean je vais essayer d'ajouter quelques gestes ou remarques par ci par la pour que ce soit plus crédible.
Prendre du temps au calme ou faire une petite pause serait judicieux. Par contre j'ai tellement hâte d'attaquer la réécriture que je ne sais pas si je vais y arriver....
Merci de ta réponse en tout cas !
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