Chapitre 13: Le siège

Lucie était en train d’inspecter une maison avec Roland quand elle entendit un cri venir du bâtiment ou se trouvait Jean. Elle se figea sur place terrorisée à l’idée de ce qui avait bien pu arriver. Elle sortit et courrut en éclaboussant sa robe de boue rougeâtre et en sautant par dessus les corps qui reposaient face contre terre.

Elle eu à peine le temps d’entendre Roland l’appeler dans son dos que déjà elle pénétrait dans ce qui ressemblait à une grande taverne. Tout était sans dessus-dessous, la salle était un véritable champ de bataille. Ici aussi des cadavres jonchaient le sol au milieu de tables et de chaises fracassées et Lucie s’avança sur le plancher noirci par le sang des pauvres villageois.

Au bout de quelques secondes, elle vit Reuel à l’autre extrémité de la pièce et elle se hâta dans sa direction. A son grand soulagement, Jean était la lui aussi, agenouillé prés d’un jeune garçon aux cheveux roux qui semblait encore vivant.

- Que s’est-il passé ? Questionna Lucie en reprenant son souffle.

- Le petit était caché dans le garde manger, expliqua Reuel en rangeant son arme. Il nous a attaqué avec un couteau mais on a réussi à le maîtriser sans lui faire de mal. Il s’est évanoui dans mes bras, sûrement le manque de nourriture.

- Je ne crois pas, murmura Jean l’air sombre.

Il avait mit le garçon sur le côté et on voyait maintenant clairement une entaille très profonde lui zébrait le dos. Sa tunique était déchirée, elle collait à sa peau qui avait pris une couleur verdâtre tout autour de la blessure. La plaie était infecté et une odeur si forte s’en dégageait que Lucie mit sa main devant son nez pour ne pas vomir.

- L’infection a du se propager, il est brûlant de fièvre, dit Jean en posant sa main sur le front de l’enfant. Il faut s’en occuper tout de suite ou il ne passera pas la nuit.

Un grand bruit se fit entendre derrière eux et les autres les rejoignirent en jetant des regards inquiets autour d’eux. Reuel leur expliqua ce qu’il s’était passé pendant que Lucie aida Jean à poser un linge trempée sur la tête du petit.

- Il faut le déplacer dans un endroit plus confortable, préconisa Rafael. Si on agit vite il y a peut être une chance de le sauver.

- Je vais essayer de faire une potion pour la fièvre, intervint Mathilde en s’agitant. Il faudrait quelqu’un pour m’aider a trouver les ingrédients.

- Je t’accompagne, proposa précipitamment Roland.

De toute évidence le spectacle était trop dur à supporter pour Roland. Lucie fut rassurée de le voir quitter la pièce à la suite de Mathilde qui paraissait préoccupée. Lucie et les autres allongèrent le garçon sur une table encore intact et le déplacèrent ainsi jusqu’à l’extérieur. Rafael les guida vers une maison vide qu’il avait inspecté auparavant et ils allongèrent le petit sur le ventre pour éviter que sa blessure ne s’infecte encore plus. Ainsi installé sur la paillasse, il respirait faiblement et ne réagit pas quand Jean et Rafael essayèrent de le réveiller.

- Il est trop faible pour qu’on s’occupe de la plaie maintenant, affirma Rafael inquiet. Espérons que la potion de Mathilde contienne l’infection, on pourra agir à ce moment la.

Lucie trouvait cette attente horrible, elle ne pouvait se résoudre à regarder ce garçon mourir sans rien faire. Mais Rafael avait raison tenter quelque chose maintenant ferait peut être plus de mal que de bien et elle prit son mal en patience en faisant les cent pas devant la maison.

Le silence qui régnait dans le village était pesant et ce malgré le soleil éclatant qui chauffait les bras de Lucie. C’était une chose très étrange que d’être au milieu des masures ou plus aucune âme ne vivait et Lucie eu l’impression de revivre la même catastrophe qu’au village de Buis. Elle faisait tout son possible pour ne pas poser son regard sur les corps qui gisaient ça et la mais elle finissait toujours par être happée par ces visages blancs aux yeux vitreux et grands ouverts.

Au bout d’un certain temps, Jean sortit lui aussi et s’assit contre le mur de la maison. Ses traits étaient creusés par l’anxiété et la fatigue et il se contenta de fermer les yeux sans rien dire. Lucie observa ses cheveux bruns en bataille, son visage couvert de tâches de rousseurs et même si ses paupières étaient closes, elle voyait clairement l’image de ses yeux d’un bleue profond qu’elle aimait tant.

- Tu crois qu’il va s’en sortir ? Demanda-t-elle à demi-voix.

- Je l’espère, répondit Jean sans ouvrir les yeux. Mais il est vraiment très faible, ce n’est pas bon signe.

- Il ressemble beaucoup aux frères de Roland, souffla Lucie qui faisait de son mieux pour ne pas pleurer. Si jamais il meurt, j’ai peur de l’effet que cela pourrait avoir sur lui.

Jean ouvrit les yeux et se tourna vers elle. Lucie vit que son regard était bien différent de d’habitude. Elle pouvait y lire une grande lassitude mais aussi quelque chose de doux qui sans savoir pourquoi fit battre son cœur à tout rompre.

- Tu sais Lucie, je voulais te remercier pour ces dernières semaines, dit Jean qui paraissait gêné. tu as était très attentionnée avec moi et cela ma beaucoup aidé. Je n’ai pas vraiment était très démonstratif, ça a était très compliqué pour moi d’apprendre l’existence des démons et la disparition de Guigues. Je crois que je n’aurais pas réussi à me remettre sans toi.

Lucie sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine comme si il avait raté un battement. Après que Jean se soit jeté devant elle pour la protéger dans la cathédrale, elle s’était précipité vers lui et avait posé ses lèvres contre les siennes d’un geste impulsif, incontrôlable. Il était évanoui à ce moment la et elle avait eu très peur de sa réaction à son réveil mais apparemment il ne se souvenait de rien.

Elle sentit une joie indescriptible l’envahir. Elle était si heureuse que Jean se confie ainsi. Elle savait que c’était stupide au vu du contexte dans lequel ils se trouvaient, mais elle ne pouvait tout simplement pas s’empêcher de l’aimer. Elle se sentit bête de se laisser aller ainsi au bonheur alors qu’elle était entourée de maisons défoncées et de corps sans vie mais c’était comme une vague de chaleur déferlant dans tout con corps, qu’elle ne pouvait stopper.

- Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de te remercier moi aussi, souffla Lucie dont le teint devint rouge. Quand tu t’es jeté devant moi pour me protéger, j’étais persuadé que c’était fini pour moi. C’était très courageux de ta part, sans toi je serais sûrement morte cette nuit la. Tu m’as aussi sauvée au village de Buis, ça non plus je ne l’ai pas oublié. J’ai eu très peur pour toi tu sais, quand j’ai vu les plaies sous ta soutane, tout ce sang qui coulait. J’ai bien cru que j’allais te perdre. Je ne veux pas te perdre, tu comptes beaucoup pour moi. J’ai très peur qu’il t’arrive quelque chose.

- Quelque chose ? Répéta Jean surpris. Je suis aussi en danger que vous tous durant ce voyage. Que veux tu dire ?

- Je vois bien que tu es en train de changer, expliqua Lucie embrassée. Tu ne portes plus ta soutane, tu es plus renfermé sur toi même qu’auparavant et cela me terrifie. Je sais bien que la disparition de Guigues t’affectes beaucoup mais je voulais te dire que je suis la si tu a besoin de parler.

Un sourire se dessina sur le visage de Jean, il se leva et prit ses mains dans les siennes :

- J’ai abandonné ma soutane car je ne veux plus faire parti de l’église. Même si c’est difficile en ce moment, moi non plus je ne veux pas te perdre. Tout ça n’a rien à voir avec ce que j’éprouve pour toi.

- Ha et qu’est ce que tu éprouves pour moi ? Demanda Lucie dont le cœur battait si vite qu’elle avait le souffle court.

- Je…

Jean fut interrompu par Roland et Mathilde qui apparurent au coin de la maison en courant. Lucie et Jean se lâchèrent les mains instantanément et Lucie recula d’un pas en baissant la tête.

- On a tout les ingrédients, s’exclama Mathilde en arrivant devant eux. Il faut vite faire un feu que je prépare la potion.

Lucie suivit les autres à l’intérieur comme si rien ne s’était passé alors qu’elle avait encore du mal à reprendre son calme.

 

La nuit tombait quand la potion fut prête. Ils avaient nettoyé la plaie comme ils avaient pu sans trop faire bouger le garçon déjà si faible. Avec l’aide de Reuel, Mathilde réussit à le faire asseoir et à lui faire avaler tout le breuvage d’une teinte orangée qu’elle avait préparé.

- Si avec ça la fièvre ne tombe pas, je ne peux rien faire pour lui, annonça Mathilde avec gravité.

Ils attendirent longtemps et prirent même leur repas à l’extérieur pour ne pas déranger le repos du garçon. Le vent s’était levé et il charriait avec lui l’odeur pestilentiel des cadavres et les cris des corbeaux appréciant leur festin. Malgré tout, Lucie préférait rester à l’extérieur même si la nuit accentuait encore un plus l’atmosphère sinistre qui régnait sur le lieu. Elle était en train de s’assoupir, adossé contre le mur de la maison quand Jean ouvrit la porte à la volé :

- Il est réveillé ! Venez vite !

Lucie sursauta et courut à l’intérieur avec les autres. Ils se rassemblèrent tous atour du garçon aux cheveux roux. Effectivement même si ses yeux avaient du mal à rester ouvert, Lucie pouvait voir l’enfant s’agiter et regarder partout autour de lui comme une bête apeurée.

- Ne t’inquiètes pas nous ne te voulons aucun mal, souffla Mathilde en s’agenouillant prés du garçon pour lui caresser les cheveux.

Au bout de quelques secondes il se calma et posa sa tête sur les jambes de Mathilde.

- Que s’est-il passé ici ? Demanda Rafael d’une voix douce.

Le garçon mit du temps avant de répondre, il ouvrait la bouche et la refermait sans qu’aucun mot ne s’en échappe. Après un moment de lutte il finit part répondre :

- La… la Rage noir, balbutia-t-il la respiration sifflante.

- Ou sont les personnes transformées ? Interrogea Rafael en articulant chaque mot. Il doit forcément rester des monstres quelque part.

Le garçon avait le plus grand mal à respirer, il toussa avec force mais il réussit tout de même à murmurer :

- Parti, château, nord.

Après ce dernier mot il perdit à nouveau connaissance et sa tête s’’affaissa, la bouche grande ouverte.

- Il est trop faible, se désola Jean. Que devons nous faire ?

- Il faut partir au château tout de suite, s’exclama Roland en posant la main sur le manche de son épée. Il faut massacrer les monstres qui ont fait ça.

- Nous ne pouvons pas laisser le petit ici, dit fermement Rafael. Il mourrait sans nous.

Lucie comprenait le désir de vengeance de Roland. Il voulait sûrement quitter au plus vite ce village qui lui rappelait beaucoup trop les événements de Buis. Malgré tout, comme Rafael, elle ne pouvait se résoudre à abandonner ce garçon à son sort.

- Rafael a raison, ajouta-t-elle avec un regard appuyé vers Roland. Il est hors de question de partir sans lui.

- Mais si nous restons avec lui nous allons perdre un temps précieux, lança Roland visiblement exaspéré. Si nous partons maintenant, il y a peut être encore un espoir de trouver des survivants au château.

- Je crois que partir maintenant ou demain ne fait pas une grande différence, coupa Reuel d’un ton neutre. Le château doit probablement avoir sa propre force militaire pour repousser les assaillants. Même si ces troupes ont été vaincus par les monstres, les habitants ont tout de même pu se barricader à l’intérieur des murs. Un château peut résister des mois aux siège d’une armée avec des engins de guerre, il devrait résister quelques jours à des bêtes sanguinaires sans cervelle.

L’intervention de Reuel parut calmé Roland qui se rassit sans émettre d’objections.

- Restons ici jusqu’à demain, proposa Rafael. Suivant l’état du petit nous aviserons de quoi faire à ce moment la.

- Reposez vous, je veille sur lui ! Déclara Mathilde dont les mains caressaient doucement le visage blafard du jeune garçon.

Lucie ne se fit pas prier, elle s’allongea dans un coin de l’unique pièce de la maison et elle ferma les yeux après avoir jeté un rapide coup d’œil à Jean. Qu’allait il lui dire avant d’être interrompu ? Serait-il possible qu’il partage les mêmes sentiments qu’elle ? Elle s’endormit en détaillant dans sa tête chaque recoin de son visage, la contact de sa peau couverte de taches de son et la douceur de son regard bleuté.

 

Lucie se réveilla en sursaut et couverte de sueur. Elle avait fait un drôle de rêve ou quelqu’un pleurait à coté d’elle. Elle se frotta les yeux pour chasser le sommeil mais elle se rendit compte que quelqu’un était réellement en train de sangloter dans la pièce.

Le cœur de Lucie se souleva quand elle comprit d’où venait les pleurs. Elle ne savait pas combien de temps elle avait dormi mais Mathilde n’avait pas bougé et la tête du garçon était toujours posé sur ses jambes. Mathilde pleurait en essayant tant bien que mal de contrôler les sanglots qui la secouaient sans succès.

- Il est mort, parvint elle à articuler quand Lucie s’approcha.

Lucie posa son regard sur le petit corps sans vie dont la peau avait prit une couleur blanche, presque fantomatique. Les yeux clos, on aurait dit que le garçon avait enfin retrouvé le calme, la sérénité.

Petit à petit les autres se réveillèrent eux aussi et assistèrent avec tristesse au spectacle qui s’offrait à eux.

- Que s’est il passé ? Questionna Rafael horrifié.

- Rien du tout, sanglota Mathilde. La fièvre n’est pas tombée, il s’est mis à délirer puis plus rien. J’ai échoué.

- Ce n’est pas ta faute, intervint Lucie qui était anéantie par la mort de l’enfant. Tu n’y es pour rien, tu as fait tout ton possible.

- Nous sommes arrivés trop tard c’est tout, ajouta Jean dont les yeux étaient embués de larmes.

- Pauvre enfant, se lamenta Mathilde. Dans son délire, il n’a pas arrêté de répéter «  c’est de la faute de l’étranger ! C’est sa faute ! ». Je pense qu’il avait perdu la raison.

- Nous allons l’enterrer, déclara doucement Reuel en dénouant délicatement les mains de Mathilde du cou de l’enfant. Laisse moi faire, je vais le porter dehors.

Mathilde parut surprise par le geste de Reuel mais elle le laissa faire. Lucie suivit les autres à l’extérieur et Reuel déposa le corps avec soin devant la maison avec un linge pour le couvrir.

- Je vais préparer les affaires, annonça Rafael nous partons pour le château.

Pendant que Lucie aida Rafael a regroupé les sacs et leurs vivres, les autres creusèrent une tombe peu profonde juste devant l’entrée de la maison. Quand il eurent fini, Mathilde déposa un baiser sur le front de l’enfant et Reuel le posa dans le trou avec des gestes d’une extrême douceur.

- Nous ne connaissons même pas son nom, se désola Mathilde en pleurant à chaude larmes.

Ils se recueillirent tous les six silencieusement devant la tombe. Lucie ne comprenait pas comment une telle aberration était possible. Il n’était pas naturel de voir un enfant perdre la vie. Il était inconcevable dans son esprit que le petit corps blanchâtre qu’elle avait sous les yeux avait perdu toute chaleur et que plus jamais de flammes ne danseraient derrière ses yeux clos. Et pourtant, c’était vrai.

Au bout d’un certain temps, sans un bruit, ils se mirent en route et sortir du village sans un mot. Une fois la palissade passée Reuel et Roland allumèrent des torches. Lucie fut gênée par cette soudaine source de lumière comme si celle-ci elle la ramenait brutalement à la réalité. Elle eu l’étrange sensation de quitter un monde pour un autre en franchissant la palissade de bois. Elle quittait le royaume des morts pour revenir dans celui des vivants.

Ils marchèrent longtemps à la lueur tremblotante de leur éclairage de fortune. Au delà du halo lumineux, Lucie ne voyait rien d’autres que les ombres qui les entouraient. elle essaya tant bien que mal de chasser l’image du jeune garçon de son esprit mais malgré toutes ses tentatives, elle ne pouvait penser à rien d’autres qu’a son corps fragile, seul sous terre.

Soudain, Lucie sentit une main dans la sienne. Elle se tourna et vit Jean à ses côtés. Le visage sombre, il regardait droit devant lui comme pour ne pas croiser son regard. Les pensées de Lucie s’apaisèrent tout à coup au contact de Jean et elle se contentât de serrer sa main dans la sienne, sans rien dire.

Les rayons du soleil commencèrent à percer timidement la voûte des arbres alors que Lucie et Jean marchaient toujours main dans la main. La forêt s’éveilla peu à peu amenant à leurs oreilles les gazouillis matinales des oiseaux et le doux murmure des feuilles bousculées par le vent. Lucie nota que les arbres étaient de moins en moins agglutinés les uns contre les autres et au bout de quelques minutes, ils arrivèrent enfin à la lisière du bois. La route continuait dans une grande plaine d’herbe verte ou plus loin se trouvait un château gigantesque. L’aube projetait sur lui une lumière orangée qui marquait ses hautes tours et rendait son donjon encore plus imposant.

- Le voila, grogna Roland le visage rougi par l’effort.

- Restez sur vos gardes, avertit Rafael d’une voix grave. On ne sais pas sur quoi on va tomber.

Ils s’approchèrent du château en coupant tout droit dans l’herbe trempée par la rosée du matin. Une fois plus prés, Lucie se rendit compte de l’ampleur des dégâts. Un pan entier du haut mur de pierre était endommagé, couvert de zébrures profondes.

- On dirait que le mur à tenu bon, commenta Jean en passant sa main sur les épaisses murailles.

- Trouvons vite l’entrée, pressa Rafael dont le visage se tendait un peu plus à chaque instant.

Ils longèrent le mur d’enceinte vers leur gauche et au bout d’une centaine de mètres ils découvrirent enfin l’accès au château. La herse était baissée, mais Lucie constata avec effroi que les monstres avaient réussis à passer. Un trou béant s’ouvrait en plein milieu de la herse. Large de plusieurs mètres et aussi haut qu’un adulte, le passage était assez grand pour les faire passer tous à la fois. Les gardes avaient du défendre vaillamment la porte car Lucie remarqua plusieurs cadavres en armure disséminés ça et la dans l’herbe teintée de rouge. Peut être était-il déjà trop tard.

Ils franchirent l’ouverture et après quelques pas, Reuel leur fit signe de s’arrêter. Lucie ne comprit pas tout de suite pourquoi il s’était immobilisé ainsi et elle plissa les yeux pour mieux voir ce qui leur faisait face. Ils venaient de pénétrer dans une immense coure extérieur ou un grand nombre d’autres corps jonchaient le sol. Plus loin devant eux se trouvait un autre mur et une autre herse, derrière laquelle se trouvait le château en lui même. Prés de la deuxième herse, Lucie aperçut une grande masse noire sur le sol.

- Des cadavres de bêtes noires, murmura Mathilde stupéfaite.

- Comment ont-il fait pour en tuer autant ? Demanda Roland impressionné.

- Elles ne sont pas mortes, déclara Reuel d’un ton froid.

- Comment ça ? Questionna Lucie qui eu un mauvais pressentiment.

- Elles dorment, répondit simplement Reuel en tirant son épée le plus silencieusement possible.

Lucie se demanda comment il pouvait en être sur mais quand elle posa de nouveaux les yeux sur la masse informe, elle constata des mouvements de temps à autre.

- Mathilde, tu peux nous refaire le coup de la boule de feu ? Demanda Rafael d’une voix tremblante.

- Je devrais y arriver, assura-t-elle avec détermination.

- Parfait ! Prenez les armes des soldats et préparez vous, conseilla Reuel qui ne lâchait pas la grande forme noire du regard.

Lucie suivit Jean vers un coin de la coure ou gisaient plusieurs gardes. Jean trouva une grande lance et Lucie s’empara d’une hache sur le cadavre d’un pauvre soldat qui ne devait pas être beaucoup plus vieux qu’elle. Ils rejoignirent Reuel et Roland qui étaient déjà armés et qui attendaient patiemment, les yeux rivés sur Mathilde qui préparait son sort.

Lucie se sentait observée, mais dans la cour tout était immobile et silencieux. Elle leva les yeux vers les hautes tours du château mais elle ne vit aucun mouvement à travers les grandes meurtrières ni sur le chemin de ronde des murailles. Mathilde resta un moment les yeux clos puis elle souffla un bon coup en secouant ses mains avant de déclarer :

- Je suis prête !

- Je vais faire de mon mieux pour les contenir, dit Reuel les yeux étincelants. Restez groupés et tout devrait bien se passer.

Lucie n’en n’était pas si certaine, mais elle se contenta de hocher la tête.

- Combien y en a-t-il ? Demanda Jean les mains crispé sur sa lance qu’il tenait maladroitement devant lui.

- Des dizaines, répondit Reuel d’une voix calme. Sûrement.

Le silence tomba dans le groupe et Reuel fit un signe de tête à Mathilde qui ferma les yeux à nouveau et commença son incantation. Au fur et à mesure de la formule une boule de feu grandit entre les mains ouverte de Mathilde. Ses long cheveux roux étaient soulevés par le vent qui semblait aspiré par le sort comme si il s’en nourrissait. Au bout de quelque secondes, Mathilde rouvrit les yeux et jeta la boule de feu en direction de la grosse masse noire.

Lucie suivit la trajectoire du projectile qui siffla et atteint sa cible. La déflagration fut terrible. Au moment de l’impact un bruit sourd retentit et plusieurs bêtes noires furent projetées à plusieurs mètres au dessus du sol. Le calme qui régnait quelques instants auparavant dans la coure se transforma en véritable chaos. Les monstres couraient dans tout les sens en hurlant, se roulaient au sol pour éteindre les flammes qui les dévoraient. Lucie eu l’impression de se retrouver face à une meute enragée dont les rugissements résonnaient contre les murs du château.

La boule de feu avait réduit en charpie un bon paquet des bêtes noires mais plusieurs étaient encore debout, cherchant et reniflant l’air comme des chiens prêt à bondir sur leurs proie. Soudain l’une d’entre elle les repéra et se lança dans leur direction en poussant un hurlement strident, bientôt imité par toutes celles encore vivante.

Lucie était morte de peur. Une vingtaines de ces monstres chargeaient vers eux, l’écume au lèvres, leurs yeux rouges roulant dans leurs orbites. Elle sentit ses genoux tremblaient et ses mains devenir moites sur le manche de sa hache.

Alors qu’elle sentait la terreur prendre possession de son corps, Reuel se détacha du groupe et fonça à une vitesse folles sur leurs assaillants. Il arriva au contact des bêtes et en faucha trois d’un seul coup d’épée magistral. Lucie fut éblouie par la force de Reuel qui déjà était au prises avec cinq monstres en même temps. Elle sentit son esprit redevenir clair, avec Reuel, ils pouvaient gagner.

Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps que plusieurs monstres leur fonçaient dessus. Rafael et Mathilde se tenait en retrait et quand le premier fut sur eux, Jean lui asséna un coup violent et la pointe de sa lance alla se planter dans le torse noir du monstre. D’un coup de griffe celui-ci cassa l’arme de Jean se se jeta sur lui. Roland en profita pour le transpercer dans le dos avec son épée et l’assaillant tomba mort sur le sol.

Lucie s’était laissé distraire et elle vit au dernier moment un bête qui bondit sur elle par le côté. Elle se jeta en arrière et esquiva de justesse, les crocs acérés se refermèrent sur de l’air. Avant que la bête noir n’ai le temps de se retourner, Lucie lui asséna un coup de hache au niveau de la nuque. Elle sentit un liquide chaud et puant lui éclabousser le visage mais comme la bête ne tombait pas, elle frappa encore et encore. Quand elle vit enfin le corps du montre s’affaisser, Lucie était couverte de son sang verdâtre et elle avait le plus grand mal à reprendre son souffle.

Jean se battait sur sa droite. Repoussant une des bêtes avec le manche de sa lance cassée. Lucie se précipita vers lui pour l’aider mais alors qu’elle levait sa hache, elle fut projetée au sol par un autre monstre. Elle eu souffle coupée par la violence du choc et son arme lui échappa des mains. Elle entendit la bête se rapprochait dans son dos et la voix de Jean crier :

- Lucie !

Elle aperçut le cadavre d’un soldat tout prés et se précipita sur lui. Elle se saisit de son bouclier et se retourna juste à temps, la gueule de la bête frappant avec force le bouclier de métal qu’elle tenait à deux mains.

Soudain alors que la bête levait son grand bras noir pour frappé à nouveau, une clameur retentit suivi d’un long bruit de cor. La bête s’arrêta dans son élan et tourna sa tête monstrueuse vers la provenance du bruit. Lucie en profita pour la frapper au visage aussi fort qu’elle le put avec l’arrête du bouclier. Le monstre tomba à la renverse dans un couinement pathétique. Lucie se jeta sur elle et pris de frénésie lui envoya des coups de bouclier sans s’arrêter jusqu’à ce qu’elle sente le crane du monstre céder sous le métal froid.

Sans prendre le temps de respirer, Lucie jeta un coup d’œil à la situation autour d’elle. Reuel se battait encore contre plusieurs monstres mais Jean et Roland étaient venus à bout de leurs assaillants. Lucie vit que la herse du château était ouverte et qu’une dizaines de soldats en armure charger dans la direction de Reuel pour lui venir en aide.

A bout de force, Lucie tomba au sol et ressentit une vive douleur au bras droit. Elle passa sa main sur sa robe déchirée et elle découvrit avec horreur qu’elle saignait abondamment. Épuisée et horrifiée par la vue de son propre sang en si grande quantité, Lucie sentit son esprit faiblir. La dernière image qu’elle vit avant de sombrer fut celle du visage de Jean couvert de sang tout prés du sien.

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Cléooo
Posté le 29/04/2024
Hello Alex !
Eh bien pour une fois, je n'aurais pas tellement de remontées à te faire ! Ce chapitre était plaisant.

Le coup du petit qui meurt, je ne m'y attendais pas ! Mais j'adhère. J'aime aussi qu'il parle de "l'étranger", c'est une bonne idée, ça les met sur la voie que quelqu'un est passé par là, sans trop en dire : top !

La bataille est bien décrite, tu prends le temps, c'est très bien aussi.

Au cœur du chapitre, il y a le rapprochement Jean / Lucie qui va forcément devenir plus prégnant maintenant, et c'est très bien.

Je ne note qu'une chose : je ne me souvenais pas que les créatures, enfin ceux atteints par la Rage Noire avait le sang verdâtre. Mais c'est possiblement un oubli de ma part !

Donc voilà, bon chapitre dans l'ensemble :) À bientôt !
Alex3393
Posté le 29/04/2024
Bonjour Cléo,

Je suis très content que ce chapitre t'ai plu et je te remercie grandement de l'avoir lu. J'espère que l'intérêt pour l'histoire est toujours la malgré ce que l'on s'est dit sur les chapitres suivants. =)

Je coirs que le sang verdâtre est juste une incohérence de ma part. Je vais changer ca très vite.

Merci encore pour ton retour. Je pense que je passerais demain sur ton histoire alors à très vite !
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