Chapitre 14 : Où il est de mauvais aloi d’avoir censuré le chapitre 13, mais

Au moment même où Seth hurlait des bizarrerie au nez d’une horde sauvage de cauchemars, les feuilles de l’arbre derrière Loki se mirent à briller, projetant d’aveuglants morceaux d’arc-en-ciel un peu partout dans la pièce. Elizabeth, qui était sur le point d’exiger qu’on la renvoie chez Yan de façon à pouvoir explorer les archives dissimulées dans le grenier de son beau frère, dû mettre les mains sur ses yeux (et sur ses lunettes jusque là épargnées par ses péripéties) pour les protéger jusqu’à ce que l’ombre démesurées d’un Loki devenu gigantesque ne l’abrite de l’agression lumineuse. Le dieu nordique examina posément les configurations complètement folles de feuilles qui scintillaient maintenant par vagues, se frotta deux fois le menton, haussa les épaules, puis tout simplement, claqua des doigts.

Plusieurs choses se produisirent alors :

Le sol trembla comme lors d’une fin du monde,

Toutes les lumières s’éteignirent,

Eli poussa un cri fort disgracieux,

Loki s’assit avec un sourire benoît,

Et un homme gigantesque se matérialisa soudain dans la pièce pour agonir le dieu d’injure tandis que sa suite – trompettes, tonnerre, éclairs, chants martiaux et tout le tralala – battait la mesure depuis la rotonde surplombant la pièce.

N’écoutant que son courage, la jeune femme couru se cacher derrière le tronc de l’arbre avant de se faire écraser par ce qui ressemblait fortement à un char en nuage. De l’autre côté de la plante, le titan continuait de hurler :

- LOKI ! J’EN AI ASSEZ DE VOUS ! Vous venez ENCORE de modifier l’Histoire !!!!

- Mh ? Moi ? Noon…. Je n’oserai pas !

A part elle, la jeune femme se fit la réflexion qu’effectivement, la mauvaise foi crasse était un trait de famille.

- LOKI !

- Xuantian Shangdi !

- LOKI !!

- Xuantian Shangdi !!

- LOKI !!!

- Xuantian Shangdi !!!

- LOKI !!!!

- Xuantian Shangdi !!!!

- LOKI !!!!!

- Xuantian Shangdi !!!!!

- Loki… ça suffit !

- Mh. Oui bon. Peut-être un peu. Une broutille. Je ne pouvais pas laisser tuer le fiancé de mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petite-fille quand même !

- Eh ?…

L’onomatopée, totalement exempte de grâce, fut émise, elle, par une Eli complètement atterrée et bien planquée derrière son arbre. Le dieu nordique adressa à sa descendante un regard d’avertissement lui commandant de la fermer avant de se tourner de nouveau vers son interlocuteur : Xuantian Shangdi, dieu chinois du Nord et de la justice, guerrier parfait et superviseur des BDB/BDM, avait un faible pour les histoires d’amour. Assuré du silence de sa protégée, il reprit :

- Non, franchement. J’aurais dû les laisser se faire piétiner ? C’est moche comme mort la Chevauchée Sauvage quand même ! On finit son éternité en monture damnée ensuite…

- Tu dramatises ! Ils ne seraient pas morts !

- Ah, vraiment ?…

- Bien sûr ! La Capitaine Céleste serait arrivée à temps !

- …

Les deux dieux s’affrontèrent du regard jusqu’à ce que Xuantian Shangdi pousse un profond soupir résigné.

- Bon. Non. Peut-être pas. Ou presque à temps ? On aurait pu récupérer les restes… ?

- Mais les âmes seraient restées là bas ! Ils seraient mort, et le pauvre cœur de ma descendante, brisé !

Le dieu ronchonna un moment dans sa courte barbichette avant de fusiller Loki du regard, pour la forme.

- Mais quand même. Modifier l’Histoire ! Vous ne pouviez pas simplement suspendre le temps ?! Ça se passait à Jötunheim !

- Oh ? Je n’avais pas fait attention à ce fait… l’urgence de la situation, vous comprenez ?

C’était à peine si Loki, qui avait retrouvé son sourire benoît, n’avait pas battu des cils en prenant son air le plus innocent. Pendant ce temps, remise de ses différents chocs et comptabilisant trois bleus et demi de plus qu’à son arrivée sur les lieux (ça devenait pénible bon sang !), Eli plissait le nez sous ses lunettes pleines de traces de doigts. Le dieu nommé Xuantian Shangdi, debout, grondant, et fort occupé à faire les cent pas tout en claquant des bottes au sol avec emphase, ressemblait à une caricature de dieu asiatique tels qu’on les trouvait dans les drama : une armure laquée d’or à l’aspect cheap, une longue barbe noire, des tuniques de soies ors, azures et rouges, et des espèces d’étoles blanches flottant autour de ses épaules. Derrière son air bonhomme, elle pouvait sentir qu’une force digne de l’orage se terrait, et quelque chose lui disait qu’être dans ses bonnes grâces pouvait être bénéfique.

Même si c’était fort mal parti, vu que Loki, son arrière grand-père puissance dix, semblait avoir l’habitude de le contrarier.

- Bien, gronda l’entité, où est donc cette descendante éplorée ?

Prudente, Eli se retira dans sa cachette, cherchant des yeux un moyen de se barrer de la pièce en toute discrétion.

- En train de vomir des limaces quelque part je suppose…

- Plaît-il ?

Le sourire de Loki était palpable dans sa voix lorsqu’il répondit :

- Il s’avère que mon illustre descendante est affiliée au BDM.

- Ah ! Une subordonnée. Rien que ça !

- Et que c’est la petite sœur d’Anna-Maria Lin.

- Oh. OH !

- Comme vous dites. Elizabeth ? Cesse de ramper en direction de cette porte veux-tu ? Viens plutôt saluer ton supérieur hiérarchique.

Surprise en flagrant délit de ridicule, la jeune femme cessa de sinuer sur le sol, se redressa, épousseta soigneusement sa jupe en velours sans parvenir à en virer les moutons de poussière, puis fit demi-tour pour venir se planter devant les deux dieux. Après une seconde d’hésitation, elle s’inclina comme elle l’avait vu le faire dans les drama affectionnés par Seth (et dont il tenait à lui montrer tous les premiers épisodes, des fois qu’elle cède à l’appel des histoires d’amour cucul), ce qui sembla faire grand plaisir à l’asiatique.

- Au moins elle est polie.

- Et elle se trouve sous votre nez.

La remarque d’Eli laissa le dieu comme deux ronds de flans tandis que Loki partait d’un grand éclat de rire.

- Rappelez-vous que c’est ma descendante.

- Certes. Pardonnez-moi mademoiselle Lin. Votre séjour en nos terres se passe-t-il bien ?

- Pas vraiment non. J’ai été assommée et enlevée par des gonades parlantes, j’en suis à 22 bleus, presque 23, j’ai pas la moindre idée de pourquoi je suis là, Loki s’amuse à se moquer de mes flash-back, et pire que tout, j’ai filé ma paire de collants en laine. Donc en vrai, c’est plutôt pourri comme séjour.

Un long silence (seulement troublé par les petits bruits de Loki qui tentait de se retenir de rire comme de ne pas étouffer) suivit la tirade platement débitée par la cracheuse de limace. Xuantian Shangdi la regardait comme s’il venait de lui pousser une seconde tête, et la jeune femme observait d’un air désolé la peau de son genou droit, toute violette, visible au travers du trou de son collant.

- Mh. Je vois. Vous m’en voyez navré. Y’a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour améliorer cet état de fait ?…

Eli redressa vivement la tête à la question, ses yeux gris brillant de la même lueur calculatrice que celle qui illuminait si souvent les yeux de son arrière grand-père puissance dix. Un peu trop tard, le chef du BDM/BDB se rappela qu’il avait affaire à la descendante du dieu des emmerdes…

- Eh bien justement. Vous pourriez. En me donnant accès aux archives de ma sœur par exemple, qui est morte en enquêtant pour vous. Et en me donnant tous les documents relatifs à l’enquête qu’elle menait, puisque j’ai accepté de la reprendre – Loki en est témoin.

Le dieu nordique se garda bien de la contre-dire.

De toutes façons, il était bien trop occupé à essayer de respirer entre deux hoquets.

- Vous pourriez aussi faire en sorte que je retrouve assez rapidement mes amis, mon monde, ma sérénité d’esprit, de me débarrasser ma tendance à cracher des limaces, et me verser des dédommagement à titre de compensation pour tous les traumatismes subits sous votre égide ou par votre fait ? Comme la mort de ma sœur, ou le fait d’être maudite sans explications depuis trois ans. Mh ? Qu’en dites-vous ?

- Mh… ce sont des doléances… très précises que vous avez là.

- Comme vous y allez !

- Je… vais voir ce que je peux faire pour les archives. Après tout, vous êtes sur l’affaire. Mais… pour le reste, il est possible que ça ne relève pas de mes compétences. En dehors du fait de vous ramener à vos amis : la Capitaine Céleste doit les avoir ramené à nos bureaux à l’heure qu’il est.

Eli tapa dans ses mains, visiblement ravie :

- Merveilleux !

Loki quitta son fauteuil à ce moment là, le front soudain barré d’un léger pli soucieux.

- Dans ce cas, en route pour le Bureau.

Xuantian Shangdi approuva, et, d’un claquement de doigts, appela son char de nuage. Ce dernier, qui paissait tranquillement dans les feuilles de l’arbre géant poussa un grondement contrarié, lâcha un ou deux éclairs pour la forme, puis vint maussadement se ranger aux pieds (gigantesques) de son propriétaire. Dubitative, l’humaine envisagea de demander à partir à pieds.

- Ne faites pas attention à Clouclou, il est toujours ronchon quand on sort par beau temps.

Le dit Clouclou lâcha un pet d’orage qui ébouriffa la jeune femme et fit grimacer le dieu nordique devant un tel manque de tenue. Embarrassé, Xuantian Shangdi s’empressa de faire comme si de rien n’était et de réduire sa taille pour embarquer à bord du nuage, suivit par Loki, parfaitement à l’aise, et Elizabeth, complètement méfiante.

Et comme la jeune femme le redoutait, ses bottines coquées passèrent au travers du char de nuage dans lequel elle se retrouva engloutie, jusqu’au cou. Infiniment blasée, elle observa les deux dieux qui papotaient tranquillement, attendant visiblement qu’elle monte, avant de se résigner à émettre un raclement de gorge pas du tout féminin. Un nouveau silence vint alourdir l’atmosphère de la pièce avant que Loki ne déclare :

- Ah, quand même.

- Jusqu’au cou.

- Jusqu’au cou. Et je dirais même plus bas si elle n’avait pas les pieds par terre.

- C’est embêtant.

- Plutôt.

- Vous avez finit oui ? Je fais comment pour monter sur ce foutu nuage ???

Xuantian Shangdi se gratta pensivement le menton.

- Vous pourriez vous plier au rituel des 120 jours de purification…

- Même pas en rêve.

- Oui bon, faites un effort !

- J’ai pas l’temps. Alors ?

Loki intervint :

- Je pourrais la prendre sur mes genoux ?

- Vous pensez ?

- Même si elle est trop impure pour tenir sur le nuage, elle n’est qu’une humaine. Je ne devrai pas trop m’enfoncer.

- Faisons cela alors !

- Euh…

Mais avant qu’elle pu protester, la jeune femme fut soulevée dans les airs et se posa avec plus ou moins de grâce sur les genoux du dieu nordique…

qui s’enfonça de trente bons centimètres dans Clouclou.

Un silence pesant s’en suivit.

- Bon, marmonna Xuantian Shangdi après avoir toussé dans son poing. Allons-y. Nuage magique ! Nuage magique ! En avant !

*

Accroché tant bien que mal à l’armure de la Capitaine, Seth rebondissait sans grâce sur la croupe de la licorne lancée à fond de train, ses genoux inversés ne l’aidant pas vraiment à tenir en place. Pas plus que les serres trifides qui avaient remplacées ses pieds et perforé ses bottes préférées. Une partie grognonne de son esprit marmonnait qu’il aurait dû écouter son instinct et partir avec ses vieilles kickers toutes pourries ce matin, et une autre, plus pragmatique, trouvaient qu’il y avait d’autres soucis plus urgents à s’occuper.

Comme la paire de menottes qui entravaient ses mains par exemple.

Ou le fait que la disparition de son menton était tout de même bien pénible pour parler.

Et puis Céleste était vachement en colère contre lui.

- ‘élé’shke !

Pas de réponse.

- ‘élé’shke !!

Silence.

- ‘élé’shke, ‘e ‘isse !

- Tait-toi.

- ‘ais ‘e ‘isse !!!

La jeune femme tourna enfin la tête, furieuse, pour constater qu’en effet, il glissait. Le temps qu’elle envisage de le retenir, Seth avait glissé au bas de la monture et dans la boue, et se retrouvait à agiter ses membres inversés et son long cou comme une affreuse tortue. Ou kappa. Et Céleste n’aimait pas trop les kappa, ayant eu une mauvaise expérience avec eux et des concombres. Résignée, elle arrêta sa licorne des rêves et fit signe à l’un des Chevaliers l’accompagnant d’aller relever le prisonnier. Installés sur des Petits Poneys, Armelia et Yan observaient la scène avec un mélange de dégoût et de pitié sur le visage.

Il fallait dire que le barman n’était pas spécialement sexy à voir sous sa demi forme.

Et que les membres inversés, voire avec des articulations supplémentaires, ça n’était pas non plus franchement pratique pour tenir assit sans glisser.

Une fois remis sur ses ergots, Seth clopina piteusement jusqu’à la licorne de la Capitaine qui broncha dès qu’elle le vit arriver. Dansant nerveusement sur ses jolis petits sabots d’or blanc, la créature féerique s’écarta en pétant des nuages de barbes à papas qui allèrent s’agglutiner dans la boue en petits moutons roses agonisants.

- Génial, grommela Céleste, voilà pourquoi je voulais une licorne des cauchemars pour les patrouilles.

Grincheuse, elle mis pieds à terre pour tenir la bête par son harnais le temps que son passager se hisse péniblement dessus.

- Tu sais que tu ne ressemble à rien comme ça Ixputlequi ?

- ‘e ‘ai. ‘ais ‘is ‘a ‘e ‘on ! ai’e as !

- … ça va durer longtemps ton truc de la mâchoire ? Parce que c’est un peu dégueux ta langue qui bouge comme ça ou qui pendouille… et puis on comprend rien.

Le jeune homme eut l’air soudain malheureux comme les pierres.

- ‘ui. ‘arri ‘a à kran’or’é !

- Merveilleux. Essaie au moins de ne pas me baver sur l’armure.

Avec la mine d’un chaton qui viendrait de se faire punir, le barman hocha la moitié de visage qui lui servait actuellement de chef, sa langue rouge et nue effleurant dans la manœuvre le cuir de la selle, ce qui fit grimacer la capitaine de dégoût. Résignée, elle enfourcha à son tour la licorne avant de donner le signal du départ, la troupe s’ébranlant alors dans un silence pesant.

Juché sur son Petit Poney sentant la tarte aux pommes, Yan ne parvenait pas à détourner les yeux du dos voûté de celui qui, jusqu’à présent, n’était que le meilleur ami bizarre et un peu envahissant de sa belle sœur… et qui maintenant ressemblait vaguement à un mélange d’humain et de vautour moine, l’absence de mâchoire en sus. Enfin débarrassé de la chape d’hébétude qui l’avait paralysé depuis leur arrivée dans l’entre-deux, son esprit de flic s’était mis en branle, repassant soigneusement tout ce qu’il savait sur Seth, ainsi que toutes les fois où il avait semblé en savoir plus que nécessaire sur les situations absurdes auxquelles ils avaient été confrontés, que ça soit récemment ou depuis la mort d’Anna-Maria.

Et ce qu’il en déduisait ne lui plaisait pas.

Vraiment pas.

L’oeil noir et la mâchoire serrée au point d’en avoir mal au dent, il talonna brutalement son pauvre poney pour se porter à hauteur de la licorne de Céleste. La Capitaine lui jeta un regard en coin sans faire ralentir sa monture qui arqua le cou pour frimer. Le policier chevaucha un instant en silence, ruminant son discours. Derrière Céleste, Seth s’était remis à se tortiller, extrêmement mal à l’aise.

- Ixputlequi ?

- Mh. C’est le nom de l’oiseau de malheur qui bave sur ma selle.

- ‘élé’shke !!

- Pas Seth ?

La jeune femme haussa les épaules, ignorant les pépiement baveux de son passager.

- C’est un autre de ses noms. Beaucoup de dieux sont en fait un seul avatar avec plusieurs appellations.

Sur la licorne, les pépiements incompréhensibles se firent à la fois paniqués et furieux. Agitant ses mains menottées, Seth tenta de ramener l’attention sur lui, mais les deux autres faisaient comme s’ils n’existait pas.

- Je vois.

- Vraiment ?

- … je pense. On est plus à une incohérence près dans cette histoire.

La Capitaine tourna la tête vers son interlocuteurs, légèrement surprise.

- Cette histoire ?

- Une femme qui crache des limaces comme elle respire, un dieu qui se fait passer pour un barman émo, des meurtres perpétrés par un ver parasite, une horde sauvage de cauchemars, de la magie… de là où je viens, rien de tout cela n’a de sens.

Céleste se détendit en entendant la dernière phrase de Yan. Par « histoire », il entendait « affaire » et non pas histoire au sens propre. Contrairement à elle, il n’avait donc pas conscience de n’être qu’un personnage1, la cohérence du récit était donc sauve. Déjà que Loki avait semé une sacré pagaille en remaniant le passé, il n’aurait plus manqué qu’une rupture de réel pour finir de lui pourrir la journée.

- Il en va de même dans beaucoup de réalités, croyez-moi. Je suis désolée que vous soyez mêlés à tout ça.

- Est-ce que vous en êtes directement responsable ?

- Non.

- Alors ne soyez pas désolée.

Un silence s’installa entre eux, ponctué par les ronchonnements incompréhensibles de Seth. Finalement, Céleste repris la parole, tout en repoussant une mèche de cheveux bleus derrière son oreille.

- Je vais vous emmener au quartier général du BDM et du BDB. Je pense que vous y trouverez des réponses à vos questions.

- Merci.

Elle hocha la tête sans répondre puis incita sa licorne à prendre un peu d’avance avant de lever le bras, poing fermé, pour signaler la halte. Les Chevaliers s’organisèrent en colonne disciplinée derrière elle, deux par deux, Armelia et Yan pris en sandwich au milieu des hommes en armures. Puis, toujours sans faire attention aux grognements de son passager, plongea la main dans le col de son armure pour en sortir un minuscule pendentif en forme de livre ouvert. Le tenant à plat sur sa paume, tout près de ses lèvres, elle souffla :

- « Je voudrais bien savoir ce qui se passe réellement dans un livre2… »

Et l’immensité du Brouillard blanc se déchira devant eux.

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1De par son passé de personnage secondaire sauvé de l’oubli, Céleste est parfaitement consciente d’être un personnage fictif. Pour en savoir plus, je vous invite à aller lire le roman jeunesse « Eliott et la bibliothèque fabuleuse » de Pascaline Nolot, chez Rageot édition.

2Citation incomplète de « L’Histoire sans fin » de Miachael Ende : « Je voudrais bien savoir, se dit-il, ce qui se passe réellement dans un livre, tant qu’il est fermé. » p18, Hachette Romans, 2014. Traduction Joseph Vernot