De retour sur le campus, Alec avait tout de suite senti que quelque chose clochait. Les regards en coin, les chuchotements étouffés dès qu'Elena passait. Bien qu'elle ne laissait rien transparaître, Alec s'inquiétait de cette situation peu ordinaire, se demandant s'il n'y avait pas plus que ce qu'elle avait bien voulu lui confier. Ce qui le frappait encore plus, c'était sa solitude. Pas l'ombre de Lucas ni de Suzanne pour l'accompagner. Toujours seule, tête haute, posture fermée et cet air glaciale tenant à distance les gens.
Toutefois, Alec n’était pas dupe. Cette posture fière était un rempart fragile contre un ouragan intérieur. Quelque chose ne tournait pas rond, et il le sentait jusque dans ses tripes. Il s'était passé quelque chose. Autre chose que ce que Elena lui avait confié et il savait qu'Elena n'allait rien lui dire de plus pour l'instant, alors il choisit la voie la plus directe en allant s’adresser à ses potes de promo.
Au détour d'un couloir, il repéra Sam et d'autres comparses avachis sur un banc avec un café tiède en main. Sans préambule, Alec s'approcha et planta son regard droit dans le sien. « J'ai été absent un peu plus d’une semaine, et j'ai l'impression d'avoir raté un épisode majeur. C'est quoi cette ambiance pourrie ? Quelqu'un peut m'expliquer ? »
Sam releva les yeux, l'air hésitant, et porta son café à ses lèvres pour gagner du temps. « Franchement, Alec, tu devrais peut-être pas demander. Ça va pas te plaire. »
« Dis toujours, » répliqua Alec, sur un ton glacial qui lui ressemblait peu.
Sam soupira longuement, posant son gobelet sur le banc. « OK, mais je t'aurais prévenu. Y'a des rumeurs qui tournent sur ta pote Elena. Genre, des trucs glauques et un peu dégradant. »
« Quelles rumeurs ? » Alec fronça les sourcils, une colère sourde montant en lui.
Sam se gratta nerveusement la nuque, visiblement mal à l'aise. « Il paraît qu'elle... enfin, qu'elle se prostitue pour se faire un peu de fric. Et qu'elle couche avec les profs pour réussir les examens. »
Alec resta figé un instant, le regard s’obscurcissant à mesure que la colère grondait, « Quoi ?! Mais c'est quoi ces conneries ?! Qui est le connard qui a inventé ça ? Et puis qui peut croire à des conneries pareils ? »
Sam haussa les épaules. « C'est posté de façon anonyme sur un chat du campus. Avec des photos compromettantes, apparemment. Et... depuis qu'elle a pété la gueule à un mec, disons que ça n’a fait qu’alimenter les rumeurs... Il y a des gens comme nous qui ne croyons pas à ces conneries bien sûr mais tu sais comment sont certains, dès que ça devient excitant peu importe la vérité... »
Alec sentit la colère grandir. Il serra les poings si fort que ses jointures blanchirent. Chaque fibre de son être lui hurlait d'aller trouver Elena, de la serrer dans ses bras pour lui dire qu'elle n'était pas seule. Mais, il savait qu'elle le repousserait. Depuis qu'elle s'était confiée à lui, une certaine gêne avait éclipsé leur lien habituel.
Il inspira profondément, tentant de calmer le tumulte dans sa poitrine. « Lucas et Suzanne, ils sont au courant ? »
Sam hocha la tête. « J'imagine. J'vois pas comment ils pourraient pas. Mais ils sont pas trop avec elle ces derniers temps. »
Alec sentit une autre vague de colère l'envahir. Comment ceux là avaient ils pu l'abandonner? Pourquoi ne lui avaient-ils rien dit à lui ou à Harry ? « Sérieusement ?! » pensa-t-il. Serrant les dents, il tourna les talons. Il avait besoin de réponses, et il savait exactement où aller les chercher.
***
Lorsque Alec frappa à la porte de Lucas, ce dernier mit quelques secondes avant d'ouvrir, probablement dérangé dans une activité qu'il aurait préféré ne pas interrompre. Quand la porte s'entrouvrit et qu'il vit Alec sur le seuil, un sourcil haussé et l'air clairement agacé, son expression se figea. « Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda Lucas en fronçant les sourcils.
Alec ne perdit pas de temps en préambule. Il entra à moitié dans l'encadrement de la porte et lança, d'un ton tranchant, « J'ai à te parler. »
Lucas soupira, essayant immédiatement de trouver une sortie de secours. « Ça peut pas attendre ? J'suis avec Suzanne, on est un peu occupés, tu vois. Je t'appelle demain, et on en parle autour d'un verre si tu veux. »
Alec ignora royalement cette tentative d'esquive et poussa légèrement la porte, s'invitant sans vergogne. « Justement ! Suzanne aussi, j'ai des choses à lui dire. Alors c'est parfait, on va régler ça tout de suite ! »
Lucas, surpris par la froideur de son ami, referma la porte derrière lui avec un soupir exaspéré. « T'es sûr que tu veux pas d'abord te calmer ? Parce que là, on dirait que tu vas nous sauter à la gorge. »
Alec le fusilla du regard. « Me calmer ?! Je reviens à peine, et qu'est-ce que j'apprends ? Qu'Elena est en plein dans une merde noire, qu'il y a des rumeurs dégueulasses sur elle, et vous deux, ses "potes", vous l'avez laissé tomber ! Tu veux m'expliquer pourquoi je devrais me calmer, Lucas ?! »
La voix d'Alec avait monté d'un cran, attirant immédiatement l’attention de Suzanne, qui débarqua dans la cuisine, l'air soucieuse. Lorsqu'elle aperçut Alec, visiblement hors de lui, et Lucas tentant maladroitement de le calmer, elle fronça les sourcils.
« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? » demanda-t-elle, se postant à côté de Lucas, qui, instinctivement, se mit légèrement devant elle comme pour la protéger d'une éventuelle tempête.
Alec ne perdit pas une seconde. « Ce qu'il se passe, c'est que pendant que j'étais cloué au lit, Elena se faisait traîner dans la boue, et vous deux, qui êtes censés être ses amis, vous n'avez rien fait ! Rien dit ! Vous m'expliquez ? »
Suzanne resta un instant sans voix face à ces reproches. Puis, se redressant, elle répondit sur un ton défensif, « Ce n'est pas ce que tu crois, Alec. On essayait de la protéger »
« Et bien apparemment vous vous êtes royalement planté ! » cracha-t-il avec dédain.
« C’est vrai, tu as raison » concéda Lucas. « On a essayé de lui cacher ces rumeurs en espérant que ça finisse par se tasser mais elle a finit par les découvrir et elle s’est sentie trahie. »
« Et ça t’étonne ?! » rétorqua Alec.
« Elena nous a repoussés, mais ça ne veut pas dire qu'on ait baissé les bras. On essaie de trouver qui a lancé ces rumeurs. » indiqua Suzanne.
Le souffle court, Alec s'avança dans le salon et s'assit lourdement dans le canapé, posant ses coudes sur ses genoux et enfouissant son visage entre ses mains. Après un moment, il demanda d'une voix plus calme mais empreinte de reproche, « Alors pourquoi vous ne m'avez rien dit ? Pourquoi personne n'a pensé à m'appeler moi ou même Harry ? »
Lucas croisa les bras, cherchant ses mots. « Parce qu'elle est notre amie, Alec. Et elle n'aurait pas voulu que tu le saches. Elle a assez de mal à gérer ce qui se passe sans qu'on en rajoute. Si elle apprend qu'on t'en a parlé, elle nous en voudrait à mort et on avait peur qu'elle refuse de nous écouter quand on aurait trouvé une solution. »
Alec releva la tête, ses traits crispés par la frustration. « Ok. Ça me met en rogne que vous ne m'ayez pas prévenue. Je sais combien Elena peut être têtue et trancher dans le vif. Mais, même si j’comprends, je vous cache pas que je vous en veux. On en serait peut être pas là si vous m’en aviez parlé avant ! » Il passa la main sur son visage comme pour chasser sa colère avant de reprendre plus calmement, « Et vous avez découvert quelque chose ? »
Lucas haussa les épaules, l'air dépité. « Pas vraiment. »
Suzanne s’assit à côté d’Alec. « On a bien essayé de trouvé des pistes sur le chat mais, on n'est pas assez doué en informatique. La personne qui a répandu ces rumeurs est restée discrète en dehors de la toile. » Elle lui montra le chat pour appuyer ses propos.
Alec parcourait les messages affichés sur l'écran, le front plissé, les lèvres pincées. Les tapotements nerveux de ses doigts sur la table basse ajoutaient à la tension ambiante. Lucas, appuyé contre le chambranle de la porte, semblait chercher ses mots.
Alec lâcha un soupir exaspéré, « Ça doit être un mec qui n'a pas supporté de se faire jeter. »
Suzanne haussa un sourcil en signe de réprobation « Et pourquoi forcément un mec ? Ça pourrait très bien être une fille, tu sais. »
Il la fixa, confus, avant de froncer les sourcils. « Ben pourquoi ce serait une fille ? Ça n'a pas de sens. »
« Parce que toi, Alec ! » s'exclama-t-elle, agacée. Elle agita une main devant son visage, comme pour souligner une évidence qu'il semblait ignorer. « T'es le mec avec qui beaucoup de filles rêvent de coucher où ont couché en espérant plus, et Elena est ta coloc. Vous êtes collés l'un à l'autre, tout le temps. Tu lâches même tes potes pour manger avec elle ces derniers temps. Ça rend les gens déséquilibrés jaloux, tu piges ? »
Il ouvrit la bouche, puis la referma, pris au dépourvu. Il se passa une main dans les cheveux, son expression oscillant entre incrédulité et gêne. « J'y avais jamais pensé, » avoua-t-il finalement, penaud. « J'suis con. Elle a déjà eu des problèmes à cause de ça ? »
« Oui, et pas qu'un peu ! » répliqua Suzanne du tac au tac, son ton cinglant. Lucas leva une main comme pour l'arrêter, mais elle poursuivit sans lui laisser le temps d'intervenir. Elle n’avait pas l’intention de prendre des pincettes contrairement à Lucas. Il était temps qu’Alec saisisse la situation « En début d'année, une fille a même payé un gars pour suivre Elena et la menacer. Tout ça pour qu'elle accepte de quitter votre coloc parce qu’elle était persuadée que vous couchiez ensemble et qu’elle vous empêchait d’être ensemble. »
« Vous êtes sérieux ? Et vous m'avez rien dit ?! Putain, mais pourquoi ?! » Il se leva brusquement, sa colère grondant dans chaque mot. Il avait horreur de ce genre de comportement mesquin mais, quand il s'agissait d'Elena cela le touchait bien davantage.
Lucas s’avança les mains en signe de paix. « Elle nous a fait promettre de ne rien te dire. Et puis, ça s'était calmé, on pensait que c'était derrière elle. »
« T'as raison, la preuve ! » marmonna Alec, se rasseyant lourdement. Il passa à nouveau une main sur son visage, un tic lorsqu’il était troublé. « J'suis désolé. Je sais que vous tenez à Elena et que vous essayez de faire au mieux. » Il réfléchit un instant avant de reprendre, « Mais si elles ont arrêté, alors c'est peut-être pas ces filles. »
Lucas prit la parole, un doigt pointé vers l'écran. « Sauf si ça a un lien avec cette fameuse soirée. Le seul truc qui me fait douter c'est la date du premier post. »
« Quelle soirée ? » demanda Suzanne, intriguée. Elle fixait tour à tour Lucas et Alec, cherchant des indices dans leurs expressions.
Alec inspecta les dates sur l'écran, son visage se figeant progressivement. « Et merde, » souffla-t-il enfin, sa voix rauque.
Suzanne, perplexe, tourna la tête vers Lucas. « Vous pensez à Ben ? J'ai comme un doute. Il ne s'est rien passé de spécial avec Elena ce soir-là. Il avait clairement des vues sur elle mais, il avait l’air stable comme garçon et en plus Elena ne lui a rien dit de particulier. »
Lucas échangea un regard hésitant avec Alec, cherchant comment expliquer les choses sans trahir le secret d’Alec. C’est ce dernier qui finalement prit la parole « Ce n'est pas Ben. Lucas pense que... que c'est peut-être la fille avec qui j'ai couché lors d'une fête il y a quelques temps déjà. Celle que j'ai appelée... Elena alors qu'on... Enfin voilà quoi t'as compris. »
Suzanne cligna des yeux, stupéfaite. « Pardon ? Attends, quoi ?! » s'écria-t-elle, la bouche grande ouverte. Elle semblait osciller entre la surprise et le dégoût.
Alec détourna les yeux, se grattant la nuque avec nervosité. « J'sais, j'suis un gros connard. J'étais bourré et... j'suis pas fier de ce qui s'est passé, ok ? »
Suzanne lui lança un regard perçant. « Pourquoi tu l'as appelée Elena, au juste ? » Elle avait poser la question plus pour entendre Alec le dire à haute voix que par véritable curiosité. Elle connaissait déjà la réponse, elle l’avait sentie depuis quelques temps déjà.
Il roula des yeux avant de planter ses yeux dans les siens, clairement gêné. « Sérieusement, Suzanne ? J'ai vraiment besoin de te faire un dessin ? » Elle esquissa un sourire, attendant visiblement une réponse plus détaillée. Il soupira. « Parce que j'étais bourré... et que comme disait l'autre con, Elena me perturbe. »
Un sourire plus large encore éclaira le visage de Suzanne, mais elle ne put s'empêcher de railler, « Alec, amoureux. C'est bien une première. »
« Si tu le dis, » marmonna-t-il, visiblement mal à l'aise.
Lucas fronça les sourcils. « Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ça n'a pas éclaté juste après cette fameuse soirée ? »
Alec se frotta les tempes, luttant pour rassembler ses souvenirs. « Je crois que je l'ai croisée par hasard, ce soir-là, au Bunny's Bar. »
Lucas s'approcha, intrigué. « Tu crois ? »
« J'étais bourré, ok ? Je me souviens pas de tout. Je voulais oublier Elena, alors j'ai picolé, j'ai dragué une brune et... voilà, j'avais pas vraiment regardé à quoi elle ressemblait. »
Suzanne claqua la langue, exaspérée. « Mais tu dois bien te rappeler un peu d'elle, non ? Vous avez tout de même couché ensemble. »
Alec explosa, « Non, justement ! Vu la position, je voyais pas son visage ! C'était un peu ça l'idée ce soir là, ne pas voir que ce n'était pas et que ce ne serait jamais Elena ! »
Suzanne lui lança un regard outré. « Bordel, Alec, c'est dégueulasse ce que t'as fait ! »
Il baissa les yeux, honteux et en colère contre lui-même. « Ouais, je sais! Mais je peux pas revenir en arrière, ok ? »
Lucas intervint, sa voix posée mais ferme. « Ok, ok, tout le monde se détend. Qu'est-ce qui te fait penser que c'est elle ? »
Alec raconta la scène, parlant d'une fille qu'il avait bousculée en partant. « Elle m'a fusillé du regard. Sur le coup, j'ai juste pensé que c'était parce que je l'avais bousculé mais, en même temps elle me rappelait quelque chose sans que je puisse savoir quoi. »
Suzanne secoua la tête, soupirant. « Bravo. J'aimerais en rire en me disant que c'est le karma qui te punit, mais là, c'est Elena qui trinque. Alors tu ferais mieux de retrouver son prénom et fissa. »
Alec hocha la tête, résolu. « Je vais voir avec Harry. Il était moins bourré que moi ce soir-là il pourrait peut-être s'en rappeler. Et peut-être que j'pourrais aussi trouver quelqu'un qui s'y connaît en informatique. On doit savoir qui est derrière ça. »
Lucas hésita avant de lâcher : « Et si Elena ou Harry apprennent la vérité sur cette soirée et sur tes sentiments ? »
« Tant pis, » répondit Alec, le regard sombre. « Tout ce qui compte, c'est elle. Le reste... je m'en fous. »
Suzanne sentit un pincement au cœur. Derrière l'image du coureur de jupons, Alec était sincèrement dévoué à Elena. Elle soupira. « On va essayer d'éviter ça. Tout le monde a droit à l'erreur. »
Il lui offrit un sourire, le premier sincère depuis son arrivée. « Merci, Suzanne. Je suis pas sûr de le mériter mais, merci. »
Alec les quitta pour se rendre chez Noah. Ce type avait un tas de relations et il espérait qu’il puisse lui venir en aide. Ce dernier l'accueillit avec son habituel sourire en coin . Il portait un t-shirt noir qui mettait en valeur ses épaules larges. « Hey, salut mec ! » lança-t-il décontracté, « Ça fait un moment que t'es pas venu me voir. J'allais justement t'appeler pour prendre de tes nouvelles. Alors, comment ça se passe ta non relation amoureuse avec Elena ? »
Alec fût piqué malgré lui par la provocation de Noah. Il souffla légèrement agacé avant de lui répondre, « Ça va, elle n'a rien remarqué pour le moment. Harry non plus, mais... disons que c'est pas le cas de tout le monde malheureusement. » Il hésita une fraction de seconde, comme pour rassembler son courage. « Bref, j'suis pas là pour parler de mes sentiments. J'ai besoin de ton aide. Elena a des problèmes. »
Noah s'écarta du comptoir pour l’entraîner avec lui dans un bureau à l’abri des oreilles indiscrètes, « Des problèmes ? » En voyant la tête abattue d’Alec alors qu’il refermait la porte, il n’eut pas besoin de plus ample réponse, « Ok, dis-moi ce que je peux faire. Tu sais que je l'aime bien, cette fille. »
Alec esquissa un sourire en coin, « Je sais que tu l'aimes bien. Mais l'aime pas trop quand même s'te plaît. J’pense que j’aurais du mal à digérer de vous voir ensemble. »
Noah éclata de rire, un rire franc et amical, « T'es sérieux, là ? Un jour, va falloir te décider, mec. Soit tu tentes ta chance avec elle, soit tu la laisses vivre sa vie. J'te le dis pour ton bien et le sien, hein. J'ai aucune intention de me caser, alors t'as aucune raison de mordre. »
Alec détourna le regard, mal à l'aise. « Désolé Noah, c'est plus fort que moi. »
Noah s’assit dans son fauteuil, pas le moins offensé, « Tu l'as dans la peau cette nana, tu devrais te lancer. »
« Nan. C'est pas possible, il se passera jamais rien entre nous. » répondit Alec, une tristesse perceptible dans la voix.
« Tu l'aimes, mais tu veux rien faire à cause d'Harry, c'est ça ? »
Alec secoua la tête. « Non, y’a pas que ça, même si ça en fait parti. C'est plus compliqué que ça... Mais écoute, c'est pas le sujet. Je suis venu parce que c'est urgent. Tu connais pas un crack en informatique, par hasard ? »
Il hocha la tête. « Si, je devrais pouvoir te trouver ça. Je peux même organiser une rencontre si tu veux. »
Alec laissa échapper un soupir de soulagement. « Parfait. Dis-moi juste quand et où, et je serai là. Le plus vite sera le mieux. Je veux pas laisser traîner les choses. Elena est victime de harcèlement en ligne. Je dois trouver qui est derrière tout ça. »
Le sérieux dans la voix d'Alec effaça le sourire de Noah. « Ok... J’appelle mon pote Nathan et je vois si il peut passer aujourd’hui ok ? »
Malheureusement, il ne parvint pas à joindre Nathan et Alec dû se résigner à rentrer chez lui avec la promesse que Noah l’appellerait dès qu’il parviendrait à fixer une rencontre.
Lorsque Alec poussa la porte de l'appartement, l'atmosphère qui l'accueillit était lourde, presque oppressante. Elena s'était enfermée dans sa chambre d'après les dire d'Harry, prétextant des révisions. Mais Alec savait que ce n'était qu'un échappatoire, une manière d'échapper au monde – à eux. Harry, lui-même qui l'attendait dans le canapé, n'était pas dupe. « J'commençais à croire que t'allais découcher sans prévenir », lança Harry d'un ton faussement léger, bien que son visage trahissait ses préoccupations.
Alec posa ses clés sur la table basse avec un sourire fatigué. « J'y ai bien songé, mais j'me suis dit que t'allais me réprimander. On est lundi, c’est soirée jeux j’avais peur que tu me harcèles en ne me voyant pas rentrer. »
Harry haussa un sourcil, sceptique. « Tu veux quoi, un trophée pour avoir respecté le couvre feu ? Qu’est ce que tu faisais exactement ? »
Alec se laissa tomber dans le fauteuil en face de son ami, observant la table où trônaient déjà des assiettes et des couverts. Il huma l'air et s'exclama, « Pizza ? »
Harry hocha la tête, pointant d'un geste vague la cuisine. « Ouais. J'en ai pris trois : une quatre fromages, une au bacon et une au saumon. Mais, on sera que deux à en profiter. Elena a dit qu'elle n'avait pas faim. » Son ton se brisa légèrement sur cette dernière phrase. Cela faisait trop longtemps à son goût qu'ils n'avaient pas partagé une vraie soirée à trois. Harry, qui adorait ces moments de complicité, en était visiblement affecté.
« Ok », répondit Alec en posant sur Harry un regard entendu. Il se pencha pour attraper une bière sur la table basse qu'Harry avait sortie du frigo un tout petit peu plus tôt. « Les bières sont fraîches j'espère ? »
Harry esquissa un sourire. « Évidemment. Quelle question. »
La sonnerie du four interrompit leur conversation. Alec se leva pour sortir les pizzas, puis se réinstalla dans le salon après avoir lancé une playlist de vieux rock. Il avait mis le son assez fort pour masquer une éventuelle discussion trop personnelle.
« Au fait, on a pas eu l’occasion de vraiment discuté de ton petit tête à tête-à-tête avec Elena la fois passée. Tu as réussi à lui tirer les vers du nez ? » demanda Harry, brisant finalement la glace.
Alec, en pleine bouchée, haussa les épaules. « On a parlé un peu. Elle comme moi. »
« Attends, attends », coupa Harry, les yeux écarquillés, un morceau de pizza à moitié suspendu devant sa bouche. « Tu veux dire que... toi ? Alec ? T'as réussi à t'ouvrir ? Incroyable ! »
Son ton était léger, mais Alec ne manqua pas de percevoir la tristesse sous-jacente dans son regard. Harry, qui avait toujours été le pilier de leur trio, semblait mal à l'aise d'être ainsi laissé à l'écart.
Alec déposa sa bière et se pencha légèrement en avant, croisant le regard de son ami. « Écoute, Harry, c'est pas contre toi. C'est... je sais pas, c'est juste qu'elle et moi, on se ressemble. Trop, peut-être. » Il chercha ses mots un instant, avant de reprendre d'une voix plus douce, « Au fond de nous c'est sombre et, on a pas envie de t’emporter avec nous dans ce cauchemar. C'est pas qu'on a pas confiance. Je sais que tu ferais n'importe quoi pour moi ou pour Elena. C'est juste qu'une partie de moi a pas envie de te balancer ma merde à la figure. T'es un peu notre licorne Harry. » Alec mal à l’aise de se livrer ainsi à son ami baissa son regard vers sa bière. « Grâce à toi, j’ai vraiment l’impression que l'obscurité qui nous habite disparaît un peu, même si ça dure jamais. Et pour ça je te suis reconnaissant Harry. Tu n’imagines pas à quel point. J’ai besoin que tu restes pure pour moi l’ami. »
Un silence s'installa entre eux, empreint d'émotions jusqu'à ce que Harry se lance « Ouah, et bien... On peut dire que t'as changé. Jamais tu aurais pu me dire un truc pareil par le passé. J'imagine que c'est déjà un grand pas en avant. » Harry semblait profondément touché même s'il tentait de garder une contenance, « De toute façon, j'ai pas le choix que de vous faire confiance à tous les deux. Mais, je suis beaucoup plus solide que ce que tu sembles le croire. Plonger dans les abîmes pour aider les gens à guérir et à vivre avec leur histoire, ce sera ça mon métier et j'me sens prêt. »
Alec lui répondit par un un clin d'œil amusé, « Ouais, mais tu peux pas être le psy de tes potes »
« Pas faux », répondit Harry en riant avant de porter la bière à ses lèvres.
Alec décida de profiter de cette proximité pour aborder le sujet qui l'intéressait vraiment « Dis, t'as revu les nanas de la soirée où j'étais... disons, d'humeur massacrante ? Celle où je t'ai imposé de partir ». Il posa la question sur un ton faussement innocent mais, au fond, il appréhendait qu'Harry puisse lire clair en lui. Il bu une grande goulée de sa bière, espérant cacher son malaise.
Harry jeta à Alec un regard amusé. « Tu veux dire la soirée où tu t’es comporté comme un connard fini et où tu t'es barré le lendemain chez Noah sans explications ? »
« Celle-là même », admit Alec, se mordant la lèvre, un sourire penaud sur le visage.
Harry haussa les épaules. « Nan, je les ai pas revues. Mais j'ai croisé Caroline une ou deux fois. La fille avec qui t'avais une... ‘touche', comme tu dis. Elle a l'air de te détester un truc de ouf. »
Alec grimaça, détournant les yeux.
« Sérieux, mec, qu'est-ce que tu lui as fait ? Si ses yeux pouvaient tirer je pense qu’à l’heure actuelle ton corps serait criblé de balles. »
« J’vois pas de quoi tu parle. » mentit Alec de plus en plus mal à l’aise.
Harry roula des yeux. « Ouais, c'est ça. En tout cas, j'suis pas sûr qu'elle t'adresse la parole de sitôt. Si t'espérais pouvoir remettre le couvert je pense clairement que tu devrais abandonner avant de te prendre une nouvelle gifle. Elle est dans la promo d'Elena, d'ailleurs. Tu la croises jamais ? »
« Pas vraiment. », Alec fût surpris par cette révélation. Ainsi, Caroline était sur son campus. Il ne l’avait pourtant jamais vu. Ou bien il n’y avait jamais prêté attention et c’était peut être ça le problème. Il l’avait blessé ce soir là, et sans doute après. Elle avait des raisons de lui en vouloir même si ça ne l’autorisait pas à s’en prendre à Elena.
« Et d'ailleurs pourquoi tu me demandes ça maintenant ? » se demanda Harry.
« C'est juste que je culpabilise pour mon comportement ce soir-là. J'ai été un vrai connard, et je m'en veux. » Il ne disait certes pas toute la vérité à Harry mais, il ne lui mentait pas non plus. Il avait honte et il culpabilisait aussi pour le mal que son comportement avait engendré vis à vis de Caroline, d'Elena et même d'Harry, bien que ces derniers ne soient pas au courant.
« Hé, c'est du passé. T'inquiète pas pour ça. Ça sert à rien de ruminer, il faut aller de l'avant. »
Alec hocha la tête, mais son regard restait sombre.
Quand Harry se leva, Alec l’interpella, « Tu restes pas ? »
« Nan, j’suis claqué et demain matin le coach veut qu’on vienne s’entraîner avant les cours. Greg a lâché l’équipe et il est d’une humeur de chien. Tu ferais bien de pas trop traîner non plus si tu ne veux pas être à la ramasse demain. »
« J’y penserais. »
Harry se retourna une dernière fois vers Alec, un sourire en coin. « Au fait, tu débarrasse. Considère ça comme une punition pour ton comportement de connard. Après on sera quitte. »
Alec rit, secouant la tête. « C'est mérité. »
Et tandis qu'Harry quittait le salon, Alec se retrouva seul avec ses pensées, sa culpabilité, fixant un moment les assiettes vides et réfléchissant à la façon dont il pourrait protéger sa famille.
Il débarrassa tranquillement la table, rangeant méthodiquement les assiettes et les bouteilles vides. Malgré l'heure avancée, il ne semblait pas pressé de se coucher. Son regard se posa sur la part de pizza qu'il avait soigneusement mise de côté. Une quatre fromages – la préférée d'Elena, même si elle avait refusé de manger ce soir. Sans hésiter, il attrapa un plateau et ajouta un détail qui faisait toute la différence depuis qu’ils s’étaient retrouvés tous les trois : un chocolat chaud fumant, garni de guimauves fondantes. Une combinaison étrange avec la pizza, certes, mais il savait qu'elle apprécierait le geste et elle serait libre de choisir selon son humeur.
Plateau en main, Alec traversa le couloir jusqu'à la chambre d'Elena. Devant la porte, il s'arrêta un instant, hésitant. Puis, il frappa trois petit coups. C'était leur code, un rituel enfantin hérité d'une époque plus légère où ils passaient leur temps à se taquiner.
De l'autre côté, la réponse ne tarda pas, « J'suis occupée ! »
Alec roula des yeux. Il connaissait ce ton, une manière polie de dire laisse-moi tranquille. Mais il décida de faire la sourde oreille et entra quand même, un sourire désinvolte sur le visage, le plateau tenu devant lui comme une offrande.
Elena, assise en tailleur sur son lit, le regarda entrer avec une expression mêlée de surprise et d’agacement. « Alec ! C'est ma chambre, ici ! Tu peux pas entrer comme ça, sérieusement ! »
« J'ai frappé », répondit-il en haussant les épaules, arborant un sourire charmeur qui n'eut pas l'effet escompté.
« Frapper, ça veut pas dire que tu peux entrer comme si c'était chez toi », rétorqua-t-elle du tac au tac. Elle croisa les bras et le défia d'un regard espiègle. « Et si j'avais été... en train de m'amuser toute seule, hein ? »
Alec arqua un sourcil, jouant le jeu. « Alors là, surtout tu m'invites. Je voudrais pas manquer ça. »
Elena éclata de rire malgré elle, attrapant l'oreiller le plus proche et le lui lança au visage. « T'es con ! Comme si j'allais t'inviter au spectacle. »
Il évita le projectile de justesse et se redressa, affectant un air faussement indigné. « Fais gaffe, tu vas faire tomber le plateau et ruiner tous mes efforts. » Il posa doucement le plateau sur la table de chevet, prenant soin de ne rien renverser. « Je sais que t'as dit que t'avais pas faim mais, j'me suis dit que tu devrais prendre des forces. Si tu continues comme ça, tu vas perdre tes courbes généreuses, et ton sex-appeal risque d'en prendre un coup. »
Elle leva les yeux au ciel, mais il vit un sourire furtif étirer ses lèvres.
« Sérieusement », ajouta-t-il plus doucement, « t'en fais ce que tu veux. Mais c'est là, au cas où. »
Elena baissa les yeux vers le plateau, touchée par l'attention. « Merci, Alec. »
Il haussa les épaules avec désinvolture, son sourire trahissant sa sincérité. « De rien. Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi. Comme sur Harry. J'suis là, quoi qu'il arrive, peu importe ce dont t'as besoin. »
Il se tourna vers la porte, prêt à partir, mais la voix d'Elena le retint, « Alec ? »
Il se retourna, surpris par le ton de sa voix. Elle s'était levée, hésitante, et s'avançait lentement vers lui. Lorsqu'elle fut assez proche, elle se blottit contre lui, nichant sa tête contre son torse. Alec resta immobile un instant, puis referma ses bras autour d'elle avec tendresse, ses mains effleurant doucement son dos.
« Tu veux bien... rester avec moi cette nuit ? » murmura-t-elle, sa voix presque inaudible, comme si elle avait honte de demander une telle chose.
Son cœur se serra légèrement. Il comprenait sa demande sans qu'elle ait besoin de s'expliquer davantage. Ce n'était pas une question de peur ou de solitude. C'était ce besoin muet de proximité, de réconfort, dans un monde où tout semblait si souvent s'effondrer autour d'eux.
« Bien sûr, chaton », murmura-t-il à son tour. Ce surnom, qu'il avait par le passé utilisé pour la taquiner avait pris depuis une consonance tendre, affectueuse. « J'vais juste me préparer et j'reviens. Essaie de manger un tout p'tit peu, ok ? »
Elle hocha doucement la tête, sans le lâcher.
Il se détacha finalement avec précaution, lui adressant un dernier sourire avant de quitter la pièce. Une fois seul dans le couloir, il prit une grande inspiration. Leur lien était devenu particulier, unique, et ce soir-là, il en sentit le poids comme rarement auparavant.
Quand il revint un peu plus tard, vêtu d'un vieux t-shirt et d'un jogging, Elena l'attendait, assise sur le lit. Le plateau avait été déplacé, mais une partie du chocolat chaud avait disparu, preuve qu'elle avait écouté son conseil.
Sans un mot, Alec s'allongea à côté d'elle, laissant assez d'espace pour qu'elle puisse s'installer confortablement. Elena éteignit la lumière, et dans la pénombre, elle se lova contre lui, sa tête posée sur son épaule, ses doigts accrochant son t-shirt. Alec sentit qu'il pouvait encore être un point d'ancrage pour quelqu'un – et qu'Elena, malgré tout, l'était aussi pour lui.
***
Au matin, il découvrit un message de Noah lui proposant une rencontre le jour même. Il lui avait donné rendez-vous en fin d’après-midi et n’avait donc nul besoin de se presser. Il posa son regard sur Elena, encore endormie, son visage détendu et paisible contrastait avec la tension qui l'habitait la veille. Elle paraissait si vulnérable et si désirable. Une peau doré, de longs cils, un petit nez fin et des lèvres charnues. Il fixa sa bouche avec envie, son parfum envoûtant le déstabilisant plus encore. Il lutait intérieurement pour repousser les pensées lubriques qui s’invitaient malgré lui. Il finit par embrasser son front, plus tendrement qu’il ne l’aurait voulu, d’une façon presque désespérée. Il se recula lorsque Elena commença à se trémousser. Elle bailla bruyamment avant de lever les yeux vers lui. « Bon matin beau gosse. »
« Beau gosse ?! Rien que ça ?! Y’a pas à dire, tu sais comment parler aux mecs aux réveils... »
« Tu es réveillé depuis longtemps ? » murmura-t-elle, sa voix encore légèrement rauque.
« Pas tant que ça. » Un sourire léger, presque timide, étira ses lèvres, un sourire qui semblait cacher bien plus qu'il ne voulait admettre.
Elena baissa les yeux, soudain gênée. « J'suis désolée, » souffla-t-elle. « J'ai l'impression de me comporter comme une gamine en te demandant de rester avec moi comme ça... »
Alec fronça légèrement les sourcils, comme s'il n'aimait pas qu'elle s'excuse pour si peu. « T'excuses pas, » répondit-il doucement. Il marqua une pause, cherchant ses mots. « J'trouve ça plutôt... agréable. » Sa voix avait légèrement dérapé, et il détourna le regard, visiblement troublé.
Elle changea de sujet avec une certaine légèreté. « Tu n'as pas entraînement ce matin ? » demanda-t-elle en s'étirant.
« Si, mais j'suis encore à l'heure. Et puis, au pire, je peux sauter quelques cours si t'as besoin de moi, » répondit-il avec une désinvolture feinte, bien qu'il soit totalement sérieux.
Elena sourit faiblement. « Non, t'inquiète. Je vais mieux. T'es un vrai magicien, Alec. »
Alec saisit la perche avec malice. « Quelques filles m'ont déjà surnommé comme ça, mais, clairement, dans des circonstances beaucoup moins chastes... »
Elena le regarda, interloquée, avant de lever les yeux au ciel. « Ok, Alec, stop ! Je ne veux pas de détails, surtout pas de bon matin, j’ai pas envie de perdre l’appétit ! »
Un éclat espiègle passa dans le regard d'Alec. « T'es sûre ? Ça pourrait peut-être t'inspirer, qui sait ? » ajouta-t-il avec un clin d'œil provocateur.
Elena éclata de rire, un rire sincère et cristallin, comme Alec l'entendait rarement ces derniers temps. Elle se redressa, croisa les bras et planta son regard dans le sien. « Sache, Alec, que je n'ai besoin d'aucune inspiration. Je sais parfaitement ce que je vaux, et crois-moi, les hommes qui ont eu la chance de passer une nuit à mes côtés s'en souviennent encore. »
Elle accentua ses propos d'un regard langoureux, provocateur, qui fit dérailler une fraction de seconde les pensées d'Alec. Il détourna les yeux, ses joues s’empourprant, il maudit son propre corps pour avoir réagi aussi rapidement.
Elena, visiblement amusée par son malaise, s'approcha doucement et posa un baiser léger sur son front. « Désolée de t'avoir taquiné. » Sa voix s'adoucit alors qu'elle ajoutait « Merci encore d'avoir veillé sur moi. J'sais que je suis pas facile en ce moment... Je sais pas comment tu fais pour passer au travers de tous les murs que je dresse avec les autres. »
Alec haussa les épaules, essayant de masquer son trouble avec une pointe d'humour. « C'est parce que je suis un sportif accompli. Aucun obstacle ne me fait peur. »
Elle le regarda un instant, comme si elle hésitait à répondre, puis s'éloigna pour attraper un gilet qu'elle enfila nonchalamment. « Tu viens ? » demanda-t-elle en se dirigeant vers la porte.
« J'arrive dans dix minutes. Je vais prendre une douche rapide et on se retrouve pour le café, » répondit-il sans bouger du lit
Elena hocha la tête, un sourire en coin. « Alors fais vite, niño, sinon ton café sera froid. »
Elle disparut dans le couloir, laissant derrière elle un doux parfum floral, une fragrance légère mais envoûtante, qui semblait imprégner l'air de la chambre.
Dès qu’elle passa la porte, Alec enfoui la tête dans l’oreiller pour humer son odeur. Il savait qu'il jouait un jeu dangereux. Cette proximité, ces regards, ces moments partagés... Cela le rendait plus accro encore à Elena, plus que ce qu'il avait imaginé possible jusqu'alors. Et cette addiction commençait à éroder son masque de simple ami. Il avait eu terriblement envie de l’embrasser ce matin-là et ce n’est qu’avec beaucoup de difficultés qu’il avait réussi à réfréner ses ardeurs. Il se releva brusquement, passa une main nerveuse dans ses cheveux avant de soupirer profondément. « Reprends-toi, mec... » Il se dirigea vers la douche en espérant que l'eau froide calmerait son esprit en ébullition. Sous le jet d'eau, il réfléchit à la situation. Il voulait être là pour Elena mais, cette envie s'accompagnait d'une peur sourde : celle qu’elle finisse par découvrir ses véritables sentiments, celle de la perdre. Au fond de lui, Alec en était persuadé, ils ne cherchaient pas la même chose dans cette relation. Elle avait certes besoin de lui mais, comme d’un ami. Pas d’attache, pas d’emmerde, tel aurait pu être sa devise à elle aussi. « Foutu karma » ne put-il s’empêcher de penser.
Encore un chapitre que j'aime beaucoup, c'est une dinguerie de faire ça à Elena, par contre j'espère qu'ils vont retrouver la personne et lui faire payer, je pense bien à Greg ou à la fille (Lysie ?)
Cette intrigue ne durera pas en longueur, tu découvriras très vite de qui il s'agit et comment ils vont résoudre tout ça...
Bonne lecture
J'apprécie qu'Alec ne veuille pas se faire vengeur style je vais l'humilier à fond en retour, c'est appréciable. J'espère même qu'il la confrontera directement, plutôt que de la contraindre à je ne sais quoi.
Côté Héléna... "« Tu veux bien... rester avec moi cette nuit ? »" -> eh bien ! On est vite passé de "n'entrez pas" à "dors avec moi!" ! Bon, on sent les sentiments d'Elena qui se développe aussi au fil qu'elle se repose de plus en pus sur Alec. Les conversations deviennent plus profondes, les moments de proximités sont plus fréquents...
Remarques diverses :
- "Non, j'ai encore plein de trucs à régler. Elena est victime de harcèlement en ligne. Je dois trouver qui est derrière tout ça." -> mais c'est pas justement par rapport à ça qu'il lui demande son aide ? Du coup je suis d'accord avec la logique de Noah, il va faire quoi d'autre en attendant d'avoir son crack ?
- "J’ai besoin que tu restes pure pour moi l’ami." -> je ne suis pas sûre d'avoir bien compris cette phrase
- "J'passe prendre ton burger préféré avant de rentrer" -> j'aime l'idée, mais pourquoi pas ne pas trouver un nom / une enseigne pour ce burger ? Ça l'ancrerait encore plus dans la réalité. Par exemple, si je veux faire plaisir à mon mari, je vais avoir tendance à dire "je vais te chercher un Burger King... (exemple aléatoire d'une chose que je sais qu'il aime)... Je trouve que ça ancre encore plus les petites habitudes.
Je te dis à bientôt pour la suite :D
Elena peut parfois être ambiguë, elle a tendance à prendre ses distances, pouvant même se montrer cassante et en même temps, lorsqu'elle est vulnérable, elle n'arrive pas à rester vraiment distante face à la présence rassurante d'Alec. Leur relation évolue effectivement, se faisant plus profonde. Je ne voulais pas d'une relation en mode coup de foudre, deux personnes qui se trouvent et se complètent comme par magie...
Effectivement, je vais réfléchir à cette incohérence que tu soulèves
Pure, peut être pas le bon terme choisi. Dans la perception d'Alec, lui et Elena sont habités par une souffrance qu'ils essaient d'étouffer, quelque chose de sombre et à contrario il voit en Harry une forme d'innocence, de pureté qu'il souhaite préserver parce qu'il tient à son amie mais aussi parce que c'est ce qui fait de Harry une forme de phare. Ils ne se confient pas à lui mais sa légèreté les apaise pour ne pas être happés par des vécus dépressifs sous jacent.
Très bonne suggestion pour le burger, mon mari est plus guy and sons mais ta remarque est juste. Je vais apporter des modifications.
À tout bientôt.