_ Maman ?
_ Loïc, rentre à la maison ! Ce ne sont pas tes affaires.
L'intéressé resta bouche bée. La frayeur se lisait sur son visage. Tout se passa très vite. Éric fit un pas vers sa mère pour essayer de la calmer et Charles se mit devant Alice et Carl pour protéger sa famille. Un éclat de peur brillait dans ses yeux.
_ Jeanne... On n'est pas obligé d'en arriver là.
_ Papa ? De quoi est-ce que tu parles ?
Alice ne semblait plus effrayée, elle avait repris son air sûr d'elle et se dégagea de la protection peu convaincante de son père.
_ Alice, que fais-tu ? Reste derrière moi ! Cette femme est dangereuse.
_ Ah oui ? Jeanne a été là pour moi pendant que je te croyais mort !
_ Je, je...
_ Charles !
Jeanne avait presque crié. Sa voix était devenue aiguë, le fusil pointé sur cet homme, celui qui était la cause de son malheur.
_ Charles, regardez-moi ! Vous avez détruit ma vie et celle de mes enfants. Vous méritez la même chose.
_ Cette histoire date d'il y a plus de quinze ans, je me suis excusée d'innombrables fois.
Le ton de Charles était froid. L'homme avait retrouvé son calme de policier. Contre toute attente, Éric intervint.
_ Une histoire comme ça ne s'oublie pas. A cause de vous, nous avons été privés d'un père.
_ Papa, explique-toi enfin !
_ Alice...
_ Ton père s'occupait d'une affaire de trafic de drogue il y a une quinzaine d'années, il avait réussi à démanteler le réseau, mais à cause de son incompétence, mon mari a été tué dans une fusillade alors qu'il était censé le protéger à ce moment-là. Mais comme l'affaire était résolue, il a eu tous les mérites et mon mari fut oublié. Vous lui devez tout Charles ! C'est lui qui a démantelé le trafic, qui s'est infiltré et qui a pris tous les risques !
Jeanne s'était tournée vers Charles pour cracher ces derniers mots.
_ Et toi Éric dans tout ça ?
Alice s'intéressait maintenant au fils. Ce dernier semblait mal à l'aise. Le rouge lui monta au joue. C'était de la colère.
_ Je me suis rapproché de la famille de Charles pour lui pourrir la vie, détruire sa famille !
_ Alors c'est toi qui as tué ma mère ?
Alice, toujours calme, posa cette question très lentement, lourde de déception. Elle avait eu confiance en son ami.
_ Oui c'est moi qui aie organisé "l'accident".
Il fit le signe des guillemets avec ses doigts, avant de continuer.
_ Tu ne peux pas comprendre ce que ça fait de subir une telle injustice et de perdre un proche !
_ Justement je crois être bien au courant...
Le calme d'Alice agaçait de plus en plus Carl.
_ C'en est trop, j'appelle la police.
Amandine, restée jusqu'à maintenant en retrait, sorti son téléphone portable de sa poche et commença à composer un numéro.
_ Non !
Eric avait crié si fort que tout le monde sursauta, Amandine lâcha son téléphone qui tomba au sol. Le jeune homme, hors de lui, attrapa le fusil des mains de sa mère et tira sur Charles.
***