Chapitre 15 - Manon

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le quinzième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Deux ans plus tôt

 

La rotonde est bruyante comme tous les jours de la semaine, c’est le rendez-vous des étudiants dès qu’il n’y a pas une once de permanence ou de pause. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun surveillant dans les parages, aucun enseignant. C’est ici que nous pouvons faire ce que nous souhaitons, notamment, sortir nos téléphones et parler librement. Oui, nous n’avons à nos âges avancés pas le droit de sortir nos téléphones dans les couloirs de l’établissement, c’est une règle que nous nous efforçons de respecter au risque de se voir confisquer notre précieux. OK, je suis seulement la seule à respecter cette règle, mais cela compte.

 

En plus de cette liberté, nous avons deux autres avantages. Le premier étant la bouffe. Nous pouvons nous acheter des paninis et des viennoiseries, dont les meilleurs cookies que j’ai pu goûter, ce qui est plus qu’utile lorsque la cantine nous sert des mélanges non identifiés. Le second et étant pour Owen et les autres l’élément principal les poussant à se rendre ici ; le baby-foot.

 

Je ne sais pas comment ils se débrouillent, mais dès que je me rends à la rotonde pour combler mon besoin, il y a au moins un membre de l’entourage d’Owen qui est là et joue au baby-foot. Il s’agit normalement d’un bien commun, mais l’utilisation exclusive ne le démontre pas. C’est une tradition entre les amis, une compétition amicale qui avait vu naître de nombreux souvenirs mémorables comprenant des défis, des résolutions de conflits.

 

Le bruit principal vient de cette activité. Les cris joyeux résonnent dans la pièce tandis que je suis assise non loin sur une table et que je regarde le duel qui se dessine sur moi. Les équipes sont font toutes seules, déterminées à s’affronter dans un duel épique.

 

Owen fait partie de l’équipe disposée à la gauche du baby-foot, Jeremy qui était son coéquipier pour cette partie lança à leurs adversaires :

 

- Prêt à vous faire écraser ? lança-t-il avec un sourire taquin.

 

Yanis qui était en face rit tout en ajustant sa prise sur les poignées du baby-foot.

 

- On verra bien qui écrasera qui !

C’était le signe de départ, les balles de football miniature fusaient d’un bout à l’autre de la table, déclenchant des cliquetis métalliques accompagnés de cris d’encouragement et de rires venant de la foule qui les entourait. Comme à son habitude, Owen se montre habile aves ses tirs rapides et précis, Yanis lui privilégie une approche plus défensive, essayant de conter chaque attaque avec agilité.

 

Comme tout le monde, je suis captivée par la compétition enflammée qui se déroute devant mes yeux. Le score est serré, chaque joueur réussit à marquer tour à tour. Au milieu du match, Owen réussit un superbe coup et envoie la balle dans les cages adverses, ce qui a eu pour résultat de lui faire esquire un sourire triomphant. J’eus énormément de mal à me reconcentrer sur ma lecture en cours, plus d’une fois, je devais relire la même phrase pour en comprendre le sens alors que ce n’est pas non plus le texte le plus compliqué qu’il soit. Une fantasy aurait été impossible à lire dans cet environnement, c’est pourquoi ma petite romance du moment est parfaite et permet de tout comprendre sans vraiment se prendre la tête. Même si j’avoue que la scène où Lane parle d’une position sexuelle à Lois pour un scénario n’est toujours pas claire dans mon esprit.

 

Un rugissement de joie éclate à côté de moi me faisant sursauter et fermer mon livre. Comme toujours, Wenou gagne, il se laisse tomber sur la chaise haute à mes côtés, tandis que je glisse le premier tome de Campus Driver dans mon sac.

 

- Beau match dis donc, tu pourrais peut-être te reconvertir dans le baby-foot professionnel plutôt que le volley.

- Ball et c’est une idée qui pourrait être intéressante si je n’aimais pas autant le volley-ball.

- Tu es certain ? Surtout que tu as déjà toute une équipe de supporteurs. D’ailleurs, où est Charlie, ta supportrice numéro 1 ? Je m’empêche tant bien que mal de faire une grimace en prononçant son nom. 

 

Certes, je ne l’apprécie pas, mais il n’a pas à le savoir.

- Elle n’avait pas envie de venir et je n’allais pas la forcer.

 

En disant cette phrase, il fait tout son possible pour ne pas croiser mon regard, je ne savais pas que le plafond était aussi intéressant.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Rien.

 

C’est maintenant les miettes de mon panini au Nutella qui sont d’un grand intérêt.

- Wenou… Je vais finir par le savoir donc autant nous inviter toute cette danse avec moi insupportable qui te demande toutes les trente secondes une explication et toi qui va finir par craquer.

 

Il pousse un soupir me montrant que j’ai réussi à le convaincre :

- Charl’ n’apprécie pas notre relation, elle trouve que l’on est trop proche et donc elle veut limiter le nombre d’interactions qu’elle a avec toi.

 

Owen me dit cette phrase d’un seul trait, comme s’il voulait arracher le pansement au plus vite.

- Je…je ne sais pas quoi dire mis à part que je suis désolée. Tu aurais dû me le dire, je… Je ne serai pas venue aujourd’hui.

- Il est hors de question que tu ne sois pas le bienvenu à cause d’une fille.

- Ce n’est pas une fille, c’est ta copine ! lui dis-je plus véhément que je ne devrais.

 

Tout le monde se retourne vers nous et je baisse la tête pour éviter de croiser les regards interrogateurs des personnes qui nous entourent. Heureusement pour nous, le match de baby-foot se disputant à nos côtés est une excellente distraction. Mon regard se perd dans la foule amassée autour du jeu, je m’étends au maximum pour voir qui dispute le match.

- Tu aurais tout de même pu me le dire, je lui souffle.

- Non, je savais que tu…

 

Son téléphone sonne. La marche impériale retentit en faisant glisser mon regard sur l’écran, je vois afficher : Père et m’empêche de poser toute question. Il souffle en entendant la musique et prend une profonde inspiration avant de décrocher :

- Que souhaites-tu David ? Son ton se fait sec, je prie mentalement de ne jamais le mettre dans cet état émotionnel.

 

Je me concentre pour tenter d’écouter son interlocuteur. Rien n’y change avec le bruit ambiant, je n’entends que des paroles qui ressemblent à du simlish. Le bruit de la partie m’agace maintenant puisqu’elle me détourne de mon véritable objectif. J’ai envie de hurler à tout le monde de se taire. Owen ne décroche pas un mot et se concentre de nouveau sur les miettes éparpillées sur la table. Il appuie dessus jusqu’à qu’elles soient collées sur son doigt puis s’en séparent en faisant une brève pichenette.

- Mmmh, mmh, mmh.

 

Wenou se pince l’arrête du nez et je vois qu’il commence à perdre patiente. Je ne connais pas tous les détails parce que c’est un sujet tabou comme ma mère, mais je connais le principal : c’est un connard. Il relève les yeux et croise mon regard encourageant, je lui fais un sourire un peu forcé et lui fais deux pouces en l’air.

- Écoute David, je suis à l’école, je vais raccrocher.

 

Sans rien ajouter de plus, il raccroche et retourne son téléphone. Un silence gênant nous envahit, personne ne sait par quoi commencer. J’ai envie de lui poser des questions, savoir ce qu’il voulait et si Owen va bien. Tandis que je lui faisais glisser le reste de mon panini pour qu’il le termine, un sourire taquin étira mes lèvres.

- La marche impériale de Stars Wars ? Vraiment ?

 

Ma remarque lui arrache un sourire qui illumina son regard, ses yeux brillants d’excitation.

- J’avais pensé à la marche funèbre, mais je me suis dit que c’était un peu trop.

 

Je m’empêche difficilement de rire, me mordant les lèvres pour ne pas faire remonter la commissure de mes lèvres.

- Il l’aurait mérité. Qui d’autres a le droit à une chanson lorsqu’il t’appelle ?

- Juste les personnes importantes : mon père dont tu as déjà pu écouter la musique, ma maman qui a le droit à You’ll be in my heart, mes amis les plus proches : Isaac à le droit à l’opening d’Haihyuu et toi bien évidemment. Je ne choisis que des chansons qui reflètent mes sentiments ou me font penser à la personne.

 

Je le fixe en attendant la suite de sa phrase. De son côté, il prend bien soin de manger le bout restant de mon panini et ne prend pas la peine de me regarder alors que je me doute que le bruit de mes neurones s’activant s’entend à l’autre bout de la pièce. Au bout de 37 secondes qui m’ont paru des heures, je craque finalement :

- Quelle est ma chanson ? lui dis-je en me penchant sur la table.

- Tu ne connais pas, ça ne servirait à rien que je te réponde.

- Très bien.

 

Je me recule et saisis mon téléphone en contrôlant au maximum mon sourire de petit lutin farceur.

- Qu’est-ce que tu mijotes encore ?

 

Apparemment je dois encore travailler ma poker face.

- Rien du tout.

 

Je prends mon téléphone et compose son numéro avant qu’il ne réalise mon plan machiavélique. Très bien, je m’enflamme un petit peu. Le résultat tombe très vite. Mon appel est passé et la sonnerie ne tombe pas à retentir dans toute la rotonde : “Kimi da yo kimi nanda yo egao wo kureta. Namida mo hikaru nara ryuusei ni naru. Kizutsuita sono te wo mou hanasanaide. Negai wo kometa sora ni ashita ga kuru kara.”

Il avait raison et je dois avouer que cela m’agace. Je ne connais pas cette chanson et pourtant vu ma consommation abusive de musique, j’ai une large connaissance de ce sujet. Owen a son petit sourire rieur qui me donne envie de l’étrangler, je sais qu’il se moque intérieurement de moi.

 

- Je te l’avais dit, tu ne la connais pas.

- C’est quelle langue ? Du japonais ?

- C’est bien du japonais et tu le saurais si tu daignais écouter mes recommandations.

- Je les écoute c’est juste que je ne les applique pas.

- Alors, ne te plains pas de ne pas connaître la chanson.

- C’est ce que tu penses de moi, j’ai le droit de connaître le titre qui représente ton ressenti sur notre amitié.

- Non.

- Donne-moi au moins le nom de l’anime !

- Non plus tu le découvriras que tu regarderas toutes mes reco.

- Ça s’appelle du chantage.

- Appelle ça comme tu veux trésor.

 

S’ils le pouvaient, mes yeux seraient sortis de leurs orbites. D’un mouvement gracieux, il se leva et partit mettant fin à la conversation. Ma maturité n’étant pas à son fort, je pris le paquet plein de gras et le roula en boule avant de lui lancer au visage, ce qui eut pour seul effet de lui faire échapper un nouveau rire. Je suis têtue et je ne céderais pas à ce chantage, ce sera à lui de me dire le nom de la chanson et je ne regarderais pas ces animes pour ça. 

 

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