Chapitre 16 - Owen

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le seizième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

J’ai hâte. Cette soirée s’annonce intense. Comme toutes les soirées organisées chez / par Isaac. Ce sont des événements et tout le monde souhaite y être invité. Enfin, tout le monde sauf Manon, qui traine des pieds derrière moi et qui me reproche de lui infliger une nouvelle soirée surtout qu’il n’y a pas que l’équipe de volley-ball.

Mon coéquipier ne fait pas les choses à moitié. La nuit est tombée et l’excitation est palpable, la moitié des centaines d’étudiants de notre université s’étaient rassemblées pour la fête la plus attendue de l’année. Elle se déroule dans la villa nichée sur les hauteurs de la colline appartenant aux parents d’Isaac.

Avant même d’arriver, on pouvait la distinguer grâce à son éclairage. Toute la villa était illuminée par des lumières étincelantes et des guirlandes de couleurs chatoyantes. Des rires et la musique entrainante résonnaient dans toute la propriété tandis que les invités arrivaient par groupe, tous mieux habillés par rapport aux autres.

Dans le jardin qui s’étend à perte de vue, une partie des invités font déjà une contre-soirée alors que le rendez de chaussée de la villa, les pièces spacieuses sont transformées en pistes de danse improvisées où les étudiants se mêlent en dansant frénétiquement, emportés par le rythme des morceaux diffusés par les enceintes.

Je me fraie un chemin à travers la foule et je me retrouve (par obligation) à lui tenir la main. Nos doigts ne sont pas entrelacés, pourtant cela ne m’empêche pas de sentir chaque battement de son cœur à travers ses doigts. J’ai l’impression que nos rythmes cardiaques sont synchronisés. Je ne pus m’empêcher de jeter un coup d'œil à Manon, si elle pouvait s’enfoncer dans le sol, elle le ferait, ses joues sont tellement rouges que j’ai l’impression qu’elle ne va pas tarder à s’évanouir. Tous les cinq mètres, je salue nos connaissances tandis qu’elle relève la tête et fait un salut bref avec sa main libre, nous nous arrêtons parfois pour discuter avec des visages familiers.

- Owen, tu diras à Isaac que cette fête est incroyable ! s’exclama Noémie en éclatant de rire.

Son haleine respirant la vodka me parvient au même moment que son rire et je me force à ne pas froncer les yeux, je relève la tête rapidement et fais un signe à un de mes gars de se charger de la situation. .Aucune personne sous notre responsabilité ne fera de coma éthylique. Noémie va terminer sa soirée à l’eau. Tous les excès semblent permis ce soir, certains jonglent avec des bouteilles de champagne, d’autres dégustent des cocktails étranges tandis que des défis de toute sorte. Nous avons bien entendu le fameux beer pong qui se joue à toutes les soirées étudiantes, mais le beer foot et le cerceaula se défendent bien.

Depuis que nous avons trouvé Camille, Manon est beaucoup plus ouverte à la discussion et a retiré son masque de “Je fais la tête parce que de toute manière la vie est trop nulle et je ne voulais pas venir à cette fête donc tu dois faire avec ma mauvaise humeur”. Manon a toujours été un peu réservée en société, mais Camille et une partie de l’équipe de volley-ball sont les rares personnes qui arrivent à la faire sortir de sa coquille.

Parmi les convives, Manon se démarque comme toujours. Elle ne porte pourtant rien de particulier contrairement à Camille qui porte un haut scintillant qui reflète la lumière des lustres somptueux. C’est son aura et sa personnalité qui m’attirent irrévocablement comme si tous les éléments de la pièce souhaitaient la mettre en avant.

Encore une fois, je les trainais derrière moi. Je compte bien tenir ma promesse de ne pas la laisser une seule seconde seule et lui donner la moindre chance de s’échapper et de se cacher dans ma voiture. Je suis qu’elle a volé “discrètement” me double de mes clés pour mettre en marche son plan. Le gobelet rouge qu’elle tient à sa main ne quitte pas mon regard et je vois la légère grimace qu’elle arbore à chaque gorgée de sa bière. Plus son verre se vide et plus je vois dans son regard une certaine détermination.

Un petit groupe commence à se former autour de nous. Je me sens comme un poisson dans l’eau entouré de mon équipe et d’elle. Les taquineries s’échangent, les rires s’échappent, les verres se vident et se remplissent. Même Manon semble dans son élément, elle ne croise plus les bras et rigoles joyeusement aux blagues douteuses de Marcus. Maladroite au début, elle se détendit progressivement, mettant sur le tapis leur passion commune pour le volley-ball, ce qui donnait un terrain d’entente parfait pour entamer des conversations animées.

L’attention qui était jusqu’alors répartie sur tout le monde dérive vers Armand l’un de nos réceptionneurs / attaquants. Il se glisse au milieu de notre groupe et tonne aussi fortement que possible : “C’est l’heure du du-duel” tout en montrant au-dessus de sa tête un cerceau.

L’excitation monte, les paris s’échangent et les provocations commencent.

- Nous avons besoin de 16 joueurs et d’un arbitre. Faites vos équipes !

Camille saute sur l’occasion en annonçant :

- Je suis votre arbitre, je risque de vomir mes tripes si je bouge à travers votre cerceau gluant.

Les regards s’échangent rapidement, les équipes se font sans qu’un seul mot ne soit prononcé. La télépathie, cela nous connaît bien, pourtant je ne me doute pas de ce qui arrive devant moi. Isaac me prend de court et se dirige vers Manon, un grand sourire aux lèvres.

- Tu viens dans mon équipe ? Pour qu’on botte ensemble le cul d’Owen ?

Je donne mon verre au premier coéquipier que je croise et me dirige vers eux en grandes enjambées.

- Elle ne va pas venir dans ton équipe petit passeur, elle veut bien entendu gagner.

Encore une fois, ses yeux sont exorbités. Sa mâchoire est serrée.

- Je n’avais pas l’intention de jouer les garçons. Tout le monde ici voudrait faire partie de l’une de vos équipes.

- Mais on te veut toi, coachette lui répond Isaac.

Manon fait une pause et analyse la phrase, tout en le fixant pour voir sa sincérité.

- Très bien, mettons une raclée à votre capitaine dit-elle en mettant soigneusement ses cheveux derrière ses oreilles.

Elle se retourne en faisant un air dramatique et donne son verre à Camille qui s’empresse de le tenir et de le couvrir avec sa main.

- Tu oses me trahir ?

- C’est comme jouer à Mario Kart, je ne peux pas m’empêcher de vouloir te mettre ta pâté.

- Et comme avec Mario Kart, tu ne vas pas gagner et tu vas repartir en pleurant et en boudant.

- On parie ? dit-elle avec les joues rouges d’excitation.

Mon visage montre ma surprise, je ne pensais pas qu’elle allait être aussi sûre d’elle.

- Qu’est-ce que tu as Wenou ? Tu as peur de perdre ? renchérit Isaac en me donnant un coup de coude taquin.

J’enlève ma veste dans un autre geste dramatique. Si j’avais un t-shirt à manche longue, je retrousserais mes manches.

- Tu veux parier quoi chou-Man ?

Sa bouche s’entreouvre puis elle se mord la lèvre tentant de retenir le sourire qui menace de faire son apparition. J’avoue que lui citer le surnom que son père lui affubler à cause de sa consommation excessive de choux, n’était pas la chose la plus diplomate que j’ai faite.

- Je ne sais pas encore, disons que dans le futur tu devras faire un truc pour moi.

- Parfait, je parie la même chose et tu ne pourras pas me dire non.

- Deal.

Un sourire satisfait nait sur mes lèvres, je sais déjà ce que je vais lui demander : elle va devoir regarder des animes avec moi. Elle me fixe, cherchant à deviner ce que je vais lui demander si je gagne et je vois le moment où la lumière scintille.

- Sauf si cela concerne des animes, hurle-t-elle.

- Trop tard, un deal est un deal, je lui réponds en lui faisant un clin d'œil.

Je claque dans mes mains et annonce : “Les équipes sont faites, préparez-vous à un grand spectacle de cerceaula”.

La foule qui était surtout autour des tables de beer pong, le jeu incontournable de la soirée, se dirige vers nous. L’équipe de volley-ball est prête à s’affronter dans une bataille amicale et compétitive. Armand prend son rôle d'initiateur de jeu à cœur et nous demande de bien nous séparer pour la bonne dynamique du jeu.

Manon attire l’attention d’Isaac et lui fait signe de se pencher pour qu’elle puisse lui souffler quelque chose dans l’oreille. Il se laisse faire et incline l’oreille sur le côté. Je n’entends rien et ça m’agace. Après quelques secondes qui m’ont semblé des heures, Isaac se recule et commence à partir dans un rire puissant. Comme réponse, elle lui assène plusieurs coups de poing sur son bras.

- Nous avons une demande de notre membre féminine, tonne la voix d’Isaac, attirant l’attention de tout le monde.

- Isaac ! Tu n’as pas intérêt ! lui hurle-t-elle dessus comme une mère empêchant son enfant de faire une bêtise.

Mon coéquipier ne l’écoute pas et continue son discours tout en s’amusant de son embarras.

- Arbitre, pouvez-vous faire un rappel des règles du jeu ? Un membre de mon équipe ne sait pas jouer.

- Espèce de cafteur, lui souffle Manon.

Camille ne laisse pas son amie et réagit rapidement en se glissant au centre du groupe.

- Les joueurs…

Elle force plusieurs fois sur sa voix pour se faire entendre, la foule s’étant rassemblée autour de nous, les encouragements et les sifflements retentissent déjà.

- Les joueurs voici les règles…

Tiago ayant le même rôle que moi dans l’équipe commence à s’impatienter à mes côtés.

- L’arbitre parle ! s’égosille-t-il faisant stopper par la même occasion tous les bavardages.

- Merci, une pause peu naturelle se fait Camille fronce les sourcils cherchant sûrement le prénom de son sauveur.

Elle reprend :

- Joueur de l’équipe de volley-ball, voici donc les règles du cerveau. Chaque équipe jouera les uns après les autres. Le jeu est très simple, vous devez simplement être rapide. Chaque équipe devra se mettre en ligne et se tenir par la main. L’un des joueurs de l’extrémité devra tenir le cerceau, passer dedans jusqu’à que celui-ci retombe sur les mains liés de son partenaire. Le jeu s’arrêtera lorsque la personne de l’autre extrémité tiendra le cerceau dans sa main. Est-ce que tout le monde a compris ?

- Pas vraiment, murmure discrètement Manon.

- Le même membre n’est pas certain d’avoir compris les règles, répète fièrement Isaac qui se tient toujours à ses côtés.

Manon se décompose et recule pour se cacher derrière mon coéquipier, tout en faisant exprès de le bousculer.

- L’équipe adverse a-t-elle compris les règles ?

- Oui ! nous lui répond en coeur.

- Très bien, ce sera donc les premiers à commencer pour montrer l’exemple à l’équipe de Manon. L’équipe d’Owen merci de vous mettre en position.

Nous nous bousculons pour nous aligner, je déplace les gens en fonction de la stratégie que je souhaite appliquer et je me retrouve en première position vu mon rôle de capitaine et donc à tenir le cerceau. Il n’y a pas vraiment de stratégie à adopter, il suffit de se dépêcher lorsque le cerceau est sur nous et de se plier en quatre.

- Equipe d’Owen, le chronomètre est prêt. C’est votre tour dans 10…9…

Elle me tend le cerceau vert qui est collant à souhait et c’est plus lui qui me tient que l’inverse. Je me demande comment je vais réussir à me débarrasser de lui et à me glisser dedans, c’est à coup sûr un moment à se retrouver avec le cerceau collé sur mon t-shirt.

- 8…7…6…5…

Je jette un regard à mon équipe et je me prépare mentalement à faire de mon mieux. De toute manière, nous n’avons qu’une seule possibilité : gagner.

- 4…3…2…1…Go hurle Camille en lançant le chronomètre sur son téléphone.

L’adrénaline monte, je tiens le cerceau et passe ma jambe droite dedans tout en me baissant et en glissant le haut de mon corps. Je profite de cette position penchée pour faire glisser ma deuxième jambe. Le cerceau est maintenant sur mon épaule gauche, je fais une petite poussée, ce qui lui donne l’impulsion nécessaire pour glisser jusqu’à la main d’un de mes coéquipiers. Une fois que mon passage est terminée mon regard est aimanté par automatisme à celui de Manon qui nous encourage tout aussi bruyamment que lorsqu’elle est sur le banc du coach pendant un match. Tout s’enchaîne plutôt rapidement même si Wassim et Tiago ont dû mal à faire passer le cerceau au niveau de leurs dos.

Pour des personnes normales, cette activité est un jeu d’enfant. Cependant, pour des joueurs de volley-ball qui ont notre corpulence assez large et pour la plupart grand, nous avons dû mal à nous glisser dans un cerceau aussi étriqué. Manon est censée être celle ayant le plus de facilité à se glisser, c’est un avantage certain pour son équipe.

Encore une fois, les rires s’échappent, les grognements aussi lorsque le cerceau se retrouve coincé et avance trop lentement. Tout le monde nous acclame lorsque nous terminons enfin notre mission.

- 43 secondes et 16 dixième ! Voici le record à battre, Manon ton équipe est prête ?

- Oui ! J’ai juste une dernière question avant de commencer. Tu peux me confirmer qu’il faut simplement que tous les membres de l’équipe passent dans le cerceau sans condition particulière ?

- Je te confirme, équipe Manon mettez vous en place, je n’ai pas que ça à faire !

Manon semble ravie de sa réponse et écoute la stratégie d’Isaac en se contentant de hocher la tête à intervalles régulière. Par logique, il souhaite mettre Manon au milieu ce qui va leur permettre de rattraper le retard qu’ils pourraient accumuler.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, la reprend Manon. Je pense que je devrais être en tête et commencer la partie.

- Sans vouloir te vexer Man-Man, tu n’as jamais joué à ce jeu. Moi si, je connais donc les stratégies à employer, tu devrais donc aller au milieu. De plus, la personne allant en première position est le capitaine.

- Très bien, je suis donc capitaine et j’ai une stratégie à appliquer. Maintenant, soit gentil et fais-moi confiance.

Un peu de trash-talking ne ferait pas de mal dans ce genre de situation.

- Isaac si tu souhaites gagner, je te conseillerais de suivre ta stratégie. La dernière fois qu’elle a dit avoir un plan elle a foncé dans un mur dans Mario Kart pour tenter d’avoir une fusée.

Le visage de ma meilleure amie se durcit, elle n’apprécie pas mon trait d’humour et passe sa langue sur ses dents pour se calmer.

- Si nous n’étions pas entourés, je t’étranglerais.

Elle se retourne et fixe Isaac.

- Et toi, tu as intérêt à m’écouter. Tu m’as voulu dans ton équipe, tu acceptes les conséquences, c’est moi qui décide.

Impressionné. C’est le mot que je cherche pour décrire la satisfaction de voir Manon s’affirmer aux côtés de mon équipe. Elle place chaque joueur et les aligne parfaitement, tout en râlant parce qu’ils ne se déplacent pas assez rapidement à son goût.

- Camille, c’est à toi. J’ai des fesses à botter, dit-elle en s’étirant.

- On a hâte de voir ça, lui répond en coeur mon équipe et moi.

Notre arbitre attitrée revient au centre tenant fermemant le cerceau vert et le donnant à Manon.

- 43 secondes et 16 dixièmes à battre, tout va se jouer maintenant. Qui des meilleurs amis va remporter la partie et le défi ? C’est parti !

Manon s’élance et glisse facilement dans le cerceau sans même en toucher les contours. On avait l'impression qu’elle avait passé toute sa vie à passer dans un cerceau. Cependant, contrairement à mon équipe, elle ne lâche pas le cerceau lorsqu’il atteint son autre main. Elle le tient toujours avec sa supposée main libre et le tend devant Isaac, lui facilitant l’accès et lui hurle :

- Passe dedans ! Go, go, go !

La salle résonne de cris enjoués de la foule, des applaudissements frénétiques et des clameurs de victoire. S’en suit alors une chorégraphie que je n’avais jamais vue au jeu du cerceaula. Tous les joueurs passent dans le cerceau toujours tenu par Manon et en sortent en même pas quelques secondes, décalant la file des joueurs passant à travers au fur et à mesure.

Une fois que le dernier joueur passe elle lâche le cerceau comme si elle faisait un drop the mic et regarde avec satisfaction Camille.

- Nouveau record battu avec une stratégie jamais vu dans toutes nos compétitions. 11 secondes pour l’équipe de Manon qui remporte la compétition haut la main !

- BOUYAH ! crie Manon en se dirigeant vers moi avec son air triomphant.

En plus, d’être la personne la plus drôle et belle que je connaisse, c’est la plus intelligente. Elle est vraiment incroyable. Elle rayonne et se tourne vers son équipe, qui la porte en l’acclamant. Isaac lui frotte gentiment la tête, avant que les choses ne se compliquent pour elle. Tous les joueurs se regardent avec des sourires triomphants et hilares. Sans comprendre comment, elle se retrouve dans les bras de son équipe qui la porte au-dessus de leurs épaules et la fait sauter au-dessus de leur tête.

Encore une fois, je ne voyais qu’elle. Les lumières ne semblaient la mettre elle seule en avant, créant une aura presque irréelle autour d’elle alors qu’elle trônait au sommet de ses plus proches amis. Les flashs des téléphones capturent ce moment de gloire, un instant figé dans le temps qui allait sûrement finir sur la page de la promo et sur TikTok. La foule s’empara de son nom, agitant leurs gobelets alcoolisés de soutien.

Après ce moment de gloire, Manon se dirige vers moi et me dit fièrement :

- Tu me dois un souhait, je te préviendrais quand je souhaiterais l’encaisser.

Elle se retourne et sautille vers son équipe. Aux anges, tout comme moi, la voir si bien s’intégrer au groupe, rire et s’amuser ne peut que me rendre heureux. 

 

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