Après leur entretien avec le maire, Rodes et Dawkins se retrouvent au commissariat face à un tableau où ils ont noté les éléments importants de l’affaire Janis Martin.
Rodes : — T’as un problème avec tes mains ?
Dawkins : — Non. Pourquoi tu dis cela ?
— À cause de ton écriture !
— Qu’est-ce qu’elle a mon écriture ?
— Elle est tremblante. Tu devrais essayer des cours de calligraphie.
— C'est pas franchement ma priorité !
— Ça devrait l’être. Une belle écriture, c’est essentiel selon moi.
— Je sais que t’as une belle écriture ! Tu veux écrire à ma place ?
— Non, j’arrive à te lire.
— Parlons peu ! Parlons bien ! Parlons de l’enquête.
— Je le crois pas !
— Qu’est-ce que tu ne crois pas ?
— Toi !
— Qu’est-ce que j'ai encore fait !
— Tu ne penses qu'à ça.
— À notre job ?
— Non à l’enquête. Si ça se trouve on va se faire virer.
— Tu crois qu'on va se faire virer ?
— Y a des chances, tu t’attaques pas à n’importe qui. C’est quand même le maire.
— Je m’attaque aux criminels. Et devine quoi ! Le maire est un criminel avéré.
— Oui, c’est un criminel de haut rang et le père de la victime, mais on ne pense pas qu’il a tué sa fille.
— Je dirais plutôt qu’on ne sait pas si il a tué ou non sa fille mais ce qui est sûr, c’est que je l’ai fait pleurer.
— Bravo, tu as gagné ton pari.
— Non, je veux dire que c'est un faible, il ne va pas nous faire virer.
— On en sait rien, son état était peut-être dû à son deuil. Mais il n'est pas seul, derrière lui, il y a des gens importants comme le cartel et eux ils ont les moyens de s'en prendre à nous.
— Tu penses toujours que le cartel se serait débarrassé de Janis ?
— On était d’accord sur ce point, c’est une possibilité qu’on ne peut pas ignorer.
— On doit se renseigner sur le cartel !
— Tu veux vraiment changer de carrière ?
— On ne va pas se faire virer !
— C'est vrai, si c’est le cartel qui s’occupe de nous, je pense que le capitaine nous fera un vibrant hommage devant une foule en pleurs et il nous donnera une médaille devant nos tombes.
— Tu changes d’avis si souvent ! Je croyais que le cartel n’était pas vraiment une menace selon toi. Si je me rappelle, tu disais que tous ces mecs n’étaient que quatre gars qui s’étaient associés pour qu’on les prennent au sérieux.
— Tu m’écoutes maintenant !
— Je sais que ça n’augure rien de bon.
— Parfois j’aimerais bien ne pas être un aussi bon policier.
— Ne te fais pas de souci. Tu n’es pas si bon que ça.
— J’ai eu de bonnes intuitions sur ce cas.
— Une horloge cassée donne deux fois l’heure correcte par jour.
— Si tu penses à travailler dans l’horlogerie, j’approuve. Tu peux y aller dès maintenant, ça me semble une bonne reconversion pour toi.
— Non, quoique si on est viré, j’aime bien l’idée.
— Tu crois qu'on va se faire virer ?
— Bien sûr que non, on va résoudre cette affaire et puis on passera à la suivante.
— Chouette, un autre meurtre !
— C’est ça la criminelle.
— Finalement, c’est peut-être moi qui devrais changer de métier !
— Et tu ferais quoi ? Ta dernière idée ce n'était pas de devenir dealer de drogue.
— Bon très bien, on a pas d’autres choix, je vais devoir utiliser les grands moyens. Je ne pensais pas avoir besoin de faire encore appelle à elle mais je vais devoir m'y résoudre. Ce meurtre sera résolu dans dix minutes.
— Pluto ne ressort pas ta roue de la criminalité !
— T’aimes pas les solutions faciles !
— Mettre le nom des suspects sur une feuille et faire tourner une toupie sur cette feuille n’est pas une solution.
— Cette toupie est magique, elle s’arrête sur une case et on a notre réponse. Elle est extraordinaire. Je l’ai depuis que j’ai sept ans et elle donne à chaque fois des résultats acceptables. Enfin elle m’a toujours aidé.
— Non, c’est non. On a de quoi avancer, voilà ce qu'on va faire. Je me renseigne sur les deux autres membres du cartel pendant que tu te charges du frère du maire.
— Et le maire ?
— On l’a déjà interrogé et franchement je doute qu'il ai tué sa propre fille.
— Mais il est toujours dans la liste des suspects.
— Oui, il est toujours sur cette liste. En parlant de la liste, on va la mettre à jour, le cartel est sur la liste.
— Qui d’autres ?
— La mère de la victime, Daniel Rambaldi reste aussi sur la liste, Leslie Parrish, une quinzaine d’ex du docteur Parrish et bien entendu le cartel.
— Et si le tueur n’était pas sur la liste ?
— C'est possible mais on reste avec cette liste en attendant de trouver mieux.
— Le cartel est quand même notre principal suspect.
— Oui, mais rien n'est certain. En attendant, tu connais les noms des gars du cartel ?
— On a le maire et son frère.
— Oui mais les deux autres ?
— Je ne sais pas, ils font profils bas.
— T’inquiètes ! Je sais quoi faire. J’envoie un texto à notre indic, la barmaid. Elle doit connaître les noms des gars du cartel. Ça y est, c’est envoyé !
Trois minutes plus tard.
Rodes : — Alors elle t'a répondu ?
Dawkins : — T’es franchement impatient ! Attends ! Elle vient d’envoyer sa réponse.
— Qu’est-ce qu’elle raconte ?
— Pas ce soir, j’ai mal à la tête.
— C’est quoi ce message ?
— Elle a envoyé un second message. Dans ce message, elle s’excuse pour le premier message. On n’était pas censé le recevoir puis elle dit qu'elle n’en sait pas plus que nous sur les autres membres du cartel.
— Tu parles d’une source !
— J’admet que ce n’était pas une réussite mais l’idée est bonne, il nous faut seulement une autre source.
— C’est qui ton autre source ?
— La parfaite source, Loïs.
— Ta vieille dame qui t'a dragué pendant le mariage ! Tu as son numéro ?
— Non mais ton pote Spencer devrait l’avoir. C’est la grande tante de sa femme.
— Spencer est en lune de miel, c’est pas le meilleur moment pour le déranger.
— T’aurais pas le numéro de son père ou de sa mère ? Ils auront certainement un numéro pour contacter leur belle-famille.
— Je dois avoir ça quelque part. Donne-moi à peu près dix minutes !
Après quelques coups de fils, Rodes revient voir Hank.
Rodes : — J’ai l’adresse et le téléphone de ta Loïs.
Dawkins : — Parfait, je la contacte tout de suite.
— Je te croyais pas aussi désespéré mais si tu perds ton job, au moins t’auras pas tout perdu, elle est un peu âgée enfin tous les goûts sont dans la nature.
— C’est juste une source.
— Je me doutais bien que tu faisais cela pour l’argent.
— La ferme Pluto !
Dawkins compose le numéro de Loïs, elle décroche.
Dawkins : — Allô !
Loïs : — Allô !
— Bonjour Loïs, j'espère que vous vous rappelez de moi. Je m’appelle Hank, on s’est parlé lors du mariage de votre petite nièce avec Spencer Rister.
— Ne vous vexez pas, j’ai l’habitude de parler à tout le monde aux mariages. Ce qui fait que je ne me rappelle pas de tous les noms des gens que j'ai croisés. Vous avez dit Hank. Franchement ça ne me parle pas.
— C’est étrange, je pensais qu’on s’était bien entendu tous les deux. On a parlé des plats servis au mariage. Vous vouliez échanger votre poisson contre un steak frite à cause de la sauce servie avec le poisson.
— C’est vrai que j'ai essayé de changer mon plat mais je n'y suis pas arrivée. Ce repas de mariage a été horrible. Au final je n’ai presque rien manger à part les amuses-gueules et le gâteau. Heureusement j'ai réussi à avoir deux parts du gâteau. Je vous assure que je ne recommanderai l’endroit à personne.
— Je crois que beaucoup de gens seraient d’accord avec vous. Au mariage vous m’avez surtout parlé du maire.
— Ah cette crapule ! Un vrai escroc. Quand j’entend son nom, cela m’irrite au plus haut point.
— J’ai cru le comprendre, vous m’aviez aussi parlé de son organisation criminelle.
— N’en parlons plus ! Je n'ai pas envie de m'énerver. Je préfère parler de choses légères. Vous étiez vraiment au mariage ?
— Oui, c’est là que nous nous sommes croisés.
— À ce propos, je me demandais si quelqu'un pouvait m’aider. J'ai entendu cette chanson jouée par ce groupe au mariage. Et c'est agaçant, j’ai cet air qui me trotte dans la tête mais je ne trouve pas le titre de cette chanson.
— Je déteste quand ça m’arrive. Si je le peux, je veux bien essayer de vous aider.
— Ça faisait un peu du la, la, la et ils répétaient plusieurs fois « She’ll never be you ». Ça vous dit quelque chose ?
— Je crois que c’est the song with no title.
— Vous ne connaissez pas le titre !
— Si the song with no title, je sais, c’est pas commun mais c'est le titre de la chanson.
— Merci, vous êtes sûr ?
— Je pense bien.
— Très bien, je le note sur mon carnet. Je me suis un peu calmée maintenant et vu que vous m’avez aidé, j’aimerai vous rendre la pareille. Alors vous vouliez me parler d’une chose en particulier ?
— En effet, vous m'aviez parlé du cartel, il m’a semblé que vous en saviez pas mal sur eux.
— J'ai entendu quelques rumeurs, c'est tout.
— J’aimerai bien en savoir plus sur ces rumeurs.
— Je ne suis pas une commère !
— Je n'ai jamais pensé cela de vous. ( en fait c’est ce que lieutenant Dawkins pense de Loïs mais les commères facilitent le travail de la police alors il fait avec)
— Pour tout vous dire, il y a quelques années, lors de l’élection du maire, je pensais voter pour lui et j’en ai discuté avec ma voisine, celle qui a un fils qui lui cause énormément de soucis. Il a toujours eu des problèmes, comme bien souvent avec les garnements, ça a commencé à l’école. Mon amie était convoquée à peu près une semaine sur deux dans le bureau du principal. Elle y allait si souvent que certaines personnes pensaient qu'ils avaient une relation amoureuse. Enfin bref, rien a changé avec les années car son fils n’a jamais eu d’excellentes fréquentations. On aurait pu croire qu’en travaillant pour le maire se serait différent mais c’est de la mauvaise graine. Il n’a pas changé, mon amie m’a alors parlé de son fils et de ses activités criminelles qu’il faisait pour notre maire, candidat à l’époque.
— Ah c'est comme ça que vous avez su pour le cartel ! Je sais que le maire et son frère font partie du cartel mais connaissez-vous les deux autres membres ?
— Oui et non, mon amie m'a parlé du troisième membre, c’est un avocat. Il s’assure que leurs opérations passent sous les radars de la loi. Si je me souviens bien son nom ressemble à ça : Maître Maxime Gard.
— Maître Maxime Gardin !
— C’est cela. Quant au quatrième membre, il ne vit pas ici, je ne connais pas son nom. Il est chargé de l'envoi des marchandises depuis l’étranger.
— Il n’est jamais là ?
— Je ne peux pas en être sûr. Il doit certainement passer de temps en temps car c'est un grand voyageur, mais il reste à l’étranger la plupart du temps.
— Merci Loïs, vous m'avez été d’une grande aide.
— C'est normal vous m'avez aussi aidé Hank. Si vous avez encore besoin d’aide n’hésitez pas à m’appeler.
— Maintenant que j’ai votre numéro, ce ne sera plus un problème. À la prochaine fois, Loïs.
Dawkins ayant raccroché, Rodes se tourne vers lui.
Rodes : — Ta future petite amie t’as donné des infos sur le cartel ?
Dawkins : — Très drôle, mais j’ai du neuf sur un des membres du cartel. On le connaît déjà. Je suis certain que tu ne vas pas me croire !
— Le capitaine est membre du cartel.
— Non, mais d’où te vient une telle idée ?
— T’as dit que je n’allais pas le croire.
— Passons ! Maître Maxime Gardin est membre du cartel.
— Ça j’arrive facilement à le croire. Après tout, c'est un avocat qui traîne souvent avec des criminels.
— Mais tu ne trouves pas ça anormal !
— De quoi tu parles ?
— Le fait qu’il soit déjà intervenu dans cette affaire.
— C’est juste une coïncidence, après tout il n'y a pas tant d’avocats dans cette ville.
— Ou alors, il y a un lien entre les docteurs et le cartel.
— Tu penses que le cartel serait une gigantesque organisation qui aurait des tas de connexions telle une hydre qui a d’innombrable têtes.
— Je ne crois pas qu’hydra existe. Mais il pourrait y avoir des liens entre eux.
— Finalement j'ai plus du tout peur de me faire virer. Après tout devenir agent d’hydra, ça doit avoir des côtés positifs.
— Oui des capsules de cyanure pour les agents d’hydra mais il n’y a pas d’hydra.
— Ça j’en sais rien, mais à part au cinéma je suis sûr qu'il n’y a pas d’avengers.
— Même si il n'y a pas d’avengers, ce qu'il y a et ce qu'il y aura toujours c’est le bien et le mal et je te croyais du côté du bien.
— Et moi qui pensais que de nous deux c'était toi le plus mâture. T’as dix ans pour parler du bien et du mal. La vie n'est pas une boîte de chocolat, ce n'est pas non plus blanc ou noir, le monde est rempli de nuances t’as le blanc crème, le blanc cassé, le gris, le gris clair, le gris foncé et c’est pareil pour le noir.
— Toi si tu te fais virer, tu ferais bien un bon décorateur d’intérieur. Je pourrais même t’offrir un nuancier.
— Toujours avec tes cadeaux qui valent pas grand chose !
— On t’a jamais dit que c'est le geste qui compte.
— C'est bien ce que je disais, t’es qu’un gamin au fond. À partir d’un certain âge, on offre des beaux cadeaux coûteux sinon c'est pas la peine d’offrir quoi que ce soit.
— T’es franchement matérialiste !
— Si t’es pas un hippie t’es matérialiste alors on est tous matérialiste à un certain niveau.
— Comme tu n'as pas encore rejoint hydra, on se remet au boulot. Le capitaine va bientôt repasser par là et si on perd notre temps dans de vaines discussions, il n’hésitera pas à nous virer.
— T’es sûr qu'on travaille pas déjà pour hydra ?
— Je te rappelle qu'on représente la loi.
— Alors pourquoi on a peur de se faire virer ?
— T’as raison, arrêtons d’y penser ! Et ce qui arrivera, arrivera.
— Et le dernier membre du cartel ?
— Son nom reste un mystère, apparemment il vit à l’étranger, ce qui devrait l’enlever de la liste des suspects mais le problème avec les organisations criminelles c’est qu’elles utilisent des hommes de main.
— Le meurtre ne ressemblait pas à un travail de professionnel.
— Un bon professionnel peut faire croire à un travail d’amateur pour qu’on ne pense pas à un professionnel.
— En gros, on est loin de pouvoir enlever le cartel de la liste des suspects.
— Ne sois pas défaitiste, les choses s’améliorent parfois d’elle-même.
— C’est ça je rentre chez moi et demain en me réveillant l’affaire sera résolue.
— Qui sait, ça arrive parfois !
— T’as raison, je rentre.
— Pas cette fois, tu bosses encore deux heures et après tu pourras rentrer chez toi.
— Mais j'ai une piste à suivre !
— Ton lit n’est pas une piste Pluto !
— Passe-moi ta paperasse !