Chapitre 15 : Un amour d’enfant.
Trois ans plus tard.
Le Sommet – An 2718 – le 30 septembre, à l’heure du goûter.
Thibault jeta un œil à Gabriel. Le fils de Solène assis sur ses genoux, il lisait un livre dont les images colorées occupaient l’essentiel des pages. Thibault n’aimait pas la manière dont il s’était entiché du gosse. Dès que Seth quittait le Sommet, il allait prendre le petit Éos à sa nourrice et s’occupait de lui pendant des heures.
Il recentra son regard sur Solène, qui buvait son thé en lisant le journal. Ces temps-ci, le calme régnait sur Délos mais elle fronçait tout de même les sourcils, ses yeux bondissant d’une ligne à l’autre à une vitesse alarmante. Il tendit la main vers elle pour attirer son attention. Il aimait ces moments, passés seulement avec elle et Gabi. Il y avait aussi le petit, mais il n’avait que deux ans, ça ne comptait pas. On ne pouvait pas vraiment le considérer comme un témoin.
Elle aperçut son geste et vint entrelacer ses doigts dans ceux de Thibault. C’était parfait. Cet instant était unique. L’apogée du bonheur. Il eut un grand sourire incontrôlé, et Solène battit des cils en sa direction.
— Une raison particulière à ce joli sourire ? lui demanda-t-elle.
Du coin de l’œil, Thibault vit que Gabi avait tourné la tête vers eux.
— Voyons… Seth est absent pour au moins la semaine… Les autres esclaves d’honneur ont été envoyé en soutien pour le grand défilé du Deuxième… Tu n’as rien de programmé pour les trois prochains jours… Que pourrais-je souhaiter de plus ?
Le gosse poussa un petit cri, et à regret, Thibault quitta Solène du regard. Il lui souriait, les bras tendus dans sa direction. Thibault aurait voulu que Gabi le laisse à la nourrice, qu’il puisse passer un moment seulement avec eux, mais son ami adorait ce bambin. Au fond, il savait pourquoi. C’était pour une très mauvaise raison. Gabriel pensait que c’était peut-être le fils biologique de Thibault. Il n’y avait cependant aucun moyen de prouver cela, et le jeune homme s’en moquait de toute manière. C’était le fils de Solène, et pour ça il le tolérait, mais il ne revendiquerait pas la paternité d’un éventuel bâtard.
Solène, cependant, se leva en entendant que le petit s’était mis à pleurer et vint le prendre des bras de Gabriel pour le bercer. Elle était adorable. Elle s’occupait si bien de son fils, c’était touchant. Thibault consentit à se lever et quand le petit tendit de nouveau les bras vers lui, il le prit dans les siens en tentant de masquer son manque d’intérêt par un sourire maladroit.
Solène avait l’air ravi, tandis que Gabriel, au contraire, ne s’importunait même pas de cacher la condescendance de son regard. Le garçon aux yeux vairons pouvait le lire comme un livre ouvert, c’en était dépitant. Il lui tourna donc le dos, et entreprit de faire voltiger Éos, faisant rire le gosse aux éclats.
— Gabriel ? Viens ici une minute.
Solène s’était rapprochée de son journal, et l’ouvrit à une page qu’elle désigna à Gabi, lequel se pencha dessus avec un air particulièrement sérieux.
— Ça vaut le coup de vérifier, déclara-t-il après avoir parcouru l’extrait. Ça pourrait être problématique.
— Je vais envoyer des hommes.
— Qu’y a-t-il ? demanda Thibault en s’approchant à son tour.
— Rien de très grave, assura Solène. Il y a une pénurie de Markov au Cinquième, apparemment les usines n’arrivent plus à suivre le rythme de production.
Thibault resta interdit. Il jeta un regard d’incompréhension vers Gabriel, qui soupira.
— Le Markov est utilisé pour fertiliser les champs. Mais aussi dans la fabrication de bombes artisanales.
— Oh… Ce n’est pas au Cinquième, que le plus gros de la production agricole est faite ?
Solène approuva avec un sourire indulgent, tandis que Gabriel, plutôt moqueur, reprenait le journal pour lire l’article plus en détail.
— Si, mais tout est calculé pour éviter ce genre de pénurie, aussi, à moins qu’un agriculteur particulièrement zélé ait fait de grosses réserves, c’est inquiétant.
— Peut-être le prochain décret permettra-t-il de limiter ce type d’agissement… risqua Solène en observant Gabriel de biais.
— Je ne sais pas, Solène. Je te l’ai dit, je ne suis pas certain que ce soit une excellente idée. Ça pourrait mettre le feu aux poudres.
— Mais on pourrait retracer plus facilement les achats…
— Ce sera très mal vécu en bas, insista Gabriel.
— Peut-être, reconnut Solène. Mais je dois aussi garder l’adhésion des étages supérieurs.
Gabriel secoua la tête et ne répondit pas immédiatement. Il continuait de scruter le journal.
— Les étages inférieurs sont davantage peuplés, finit-il par répondre.
— Ne sois pas naïf, Gabriel. Ils sont nombreux, mais nous savons tous deux où se trouve l’argent. Il y a une raison au fait que mes ancêtres aient toujours travaillé main dans la main avec le Gouvernement et l’aristocratie.
Le garçon aux yeux vairons opina. Il reposa le journal et observa Solène d’un air tranquille.
— Quelles nouvelles de mademoiselle Conie ?
Solène poussa un soupir suintant l’exaspération.
— Elle ne parvient toujours pas à me donner de date. Cela fait bientôt sept ans et je ne pourrais dire si elle est plus avancée qu’à l’époque.
— C’est regrettable, murmura Gabriel. Mais c’est un véritable défi, c’est normal que cela nécessite du temps.
— Ce serait formidable de pouvoir l’annoncer pourtant. Ce serait unanimement acclamé, non ?
— Forcément, mais cela ne t’empêche pas de te pencher sur le reste.
Solène plissa les yeux, visiblement mécontente.
— Je fais de mon mieux, Gabriel. Ne sois pas blessant. Si tu avais vu la manière dont ils m’ont regardé lorsque j’ai suggéré d’élargir les conditions d’accès au passeport intra-strates… C’est tout juste si Aaron Typhus n’a pas fait venir une camisole. Et comment lui en vouloir ?! Ce n’est pas parce que nous avons réussi à déjouer quelques attentats que nous sommes en sécurité. Tant que Diane tiendra, ce sera ainsi. Le paulownia génétiquement modifié de mademoiselle Conie pourrait calmer leurs ardeurs et me permettre…
— Je sais, je sais, la coupa Gabriel alors que la voix de Solène avait commencé à monter dans les aigües. Je sais que tu fais au mieux. Je dis simplement que si tes prises de positions étaient publiques, ce serait plus facile pour toi de te faire entendre. Si mademoiselle Conie ne réussit jamais, que feras-tu ?
— C’est pas bientôt fini ? interrompit Thibault avant que Solène ne réponde.
Il s’était déjà lassé de l’échange. Depuis qu’il avait découvert la relation qui unissait Gabriel à Solène, ils n’avaient plus jamais caché leurs débats à Thibault. Ils profitaient même de sa présence pour parler sans qu’on ne puisse les suspecter de quoique ce fût, et bien souvent, c’était lui qui devait arbitrer la discussion.
Gabriel lui jeta un regard hautain, tandis que Solène lui adressait un sourire désolé. Il revint auprès d’elle en rendant son regard à Gabriel, qui détourna alors les yeux et s’approcha d’Éos. Thibault recentra son attention sur Solène. Une expression triste passait sur son visage alors qu’elle observait le garçon aux yeux vairons, puis elle se dégagea gentiment des bras de Thibault, prétextant qu’elle devait se rendre à l’intendance du palais.
Quelques heures plus tard, le petit Éos s’était endormi dans les bras de Thibault. Gabi était assis à côté de lui sur le divan.
— Tu sais, il te ressemble de plus en plus.
— Ça suffit Gabi, ne recommence pas.
Il jeta un regard courroucé à son ami.
— Ce n’est pas forcément le mien.
— Tu couches plus souvent avec elle que Seth. Il ne vit même pas au palais la moitié du temps.
Thibault ne répondit pas. D’un côté, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine fierté à ces dires. De l’autre, il impliquait néanmoins que Solène avait des relations sexuelles avec son mari, et imaginer ce tableau le révoltait.
— Peu importe, lâcha-t-il finalement.
Le gosse ne ressemblait à personne en particulier selon Thibault. Il avait les cheveux foncés et la peau pâle de sa mère. Au-delà de ça… Il était trop jeune pour qu’on puisse constater une quelconque ressemblance avec Thibault ou Seth.
On frappa à la porte. C’était la nourrice d’Éos, qui venait le récupérer. Gabriel aurait dû le lui ramener depuis deux heures déjà, et elle l’arracha presque des bras de Thibault, la mine particulièrement rébarbative.
Comme Solène ne revenait pas, les deux garçons décidèrent de regagner leur aile, et s’installèrent dans la chambre de Thibault. Ce dernier avait attrapé un livre, et, allongé sur le lit, s’apprêtait à se plonger dedans, quand il entendit Gabriel soupirer. C’était pour attirer son attention, Thibault le savait, mais craignant qu’il ne lui fasse encore la morale sur sa potentielle paternité, il fit mine de l’ignorer et ouvrit son livre à la page marquée. Gabriel vint alors s’allonger tout près de lui. C’était difficile de prétendre ne pas le voir dans ces conditions.
— Quoi, encore ?
Gabriel laissa échapper un petit rire.
— Ça y est, tu ne me supportes plus ?
Thibault referma le livre d’un coup sec.
— Écoute, ça fait trente-six fois qu’on a la même conversation. Je ne sais pas si je suis le père du gosse et je m’en moque, vraiment. Qu’est-ce que ça changerait de toute manière ?
— Je sais, je sais. Mais pour moi ça change les choses, si c’est ton fils.
— Et pourquoi ça ?
Gabriel ne répondit pas. Il faisait la moue, et jeta un bref regard à Thibault, rempli d’hésitation et d’encore autre chose, mais le jeune homme ne parvenait pas à déceler quoi.
— Je ne t’ai jamais vraiment raconté, reprit finalement Gabriel, comment c’était chez moi, quand j’étais petit.
Thibault changea aussitôt d’attitude. Il se coucha sur le côté, pour montrer à son ami qu’il avait son entière attention. En effet, à part quelques bribes d’informations, le garçon aux yeux vairons n’avaient jamais réellement raconté son parcours à Thibault. Bien sûr, il savait qu’il avait été battu par son ivrogne de père, et délaissé par sa mère, mais Gabi ne s’était jamais étendu sur tout ça outre mesure, et Thibault s’était bien gardé de l’interroger. C’était le genre de chose qu’on aimait parfois garder pour soi. Il était curieux évidemment, parce qu’il détestait l’idée qu’on ait pu faire du mal à Gabriel, mais il n’aurait pas voulu le rendre malheureux en lui faisant revivre de mauvais souvenirs. Si c’était lui, en revanche, qui en parlait… C’était différent.
— Je ne sais pas si mon père est vraiment mon père, au fond, déclara-t-il d’une voix hésitante. Tu sais, je t’ai dit que ma mère était partie sans moi quand j’étais gosse. J’avais six ou sept ans je crois. Elle a quitté mon père comme ça, du jour au lendemain.
Il marqua une pause, les yeux perdus dans le vague. Thibault n’osait l’interrompre.
— Ma mère, reprit-il, j’ai assez peu de souvenirs d’elle au final. Je me souviens qu’elle était blonde, mais j’ai oublié les traits de son visage. Je me souviens de son parfum, un truc bon marché supposé rappeler les fleurs. Je me souviens de la voir devant la télévision, me dire de venir auprès d’elle, le jour où elle est partie. Elle m’a dit que je devrais être courageux. Pas qu’elle était désolée. Pas qu’elle allait revenir. Juste qu’il fallait que je sois courageux, et je me souviens d’avoir compris, à ce moment-là, que je la voyais pour la dernière fois. Je ne sais pas pourquoi, c’était juste évident. Quand mon père est rentré du travail, il m’a demandé où elle était, et j’ai dit qu’elle était partie. « Partie ? », il m’a demandé. Elle m’avait dit d’être courageux, et il a vite fallu que je le sois. Mon père est parti aussi, mais lui, malheureusement, est revenu. Le lendemain, dans un état… Il sentait mauvais. Il y avait cette odeur de vinasse… Ça me retournait l’estomac. Il m’a réveillé en me soufflant son haleine au visage, et il m’a demandé où elle était partie. Je ne savais pas, et ça a été la toute première gifle. Il a dit qu’elle l’avait trompé, juste pour lui laisser son gosse. Que ce n’était qu’une catin, et moi un bâtard. C’est là que l’enfer a commencé. C’est moi qui ai dû payer pour cet abandon. Elle avait raison, ma mère. Il m’en a fallu du courage, pour tenir bon. Je me suis un peu fermé je pense. J’essayais de ne pas être là quand il me frappait, mais je n’y parvenais jamais complètement. Si ça n’avait été que des coups, ça aurait sûrement été plus facile. Mais il avait une telle haine envers moi…
Gabriel avait la mine sombre, et Thibault lui prit la main, instinctivement. Il détestait le voir dans cet état… Il en tremblait de colère. Il aurait voulu descendre au Sixième, immédiatement, et coller son poing dans la figure de cet homme détestable et sans visage.
— Je n’ai jamais été assez bien pour lui. Et pourtant j’essayais. Je faisais tout mon possible pour que tout soit bien… Je m’occupais de la maison, je travaillais à l’école. Dès mes douze ans, je travaillais aussi à l’usine, et il prenait tout mon salaire. Quand j’en ai eu treize, il m’a retiré de l’école pour que je travaille à plein temps. Il disait que je lui devais au moins ça, et je pensais qu’il avait raison. Qu’il aurait pu me jeter dehors, et j’avais peur qu’il le fasse. J’étais terrorisé, vraiment. Tellement que…
Il jeta un nouveau regard de biais vers Thibault, qui avait la bouche entrouverte et les sourcils froncés. La colère faisait palpiter son cœur à une vitesse anormale.
— Il avait un ami qui tenait un bordel. Il m’y a envoyé, quelque fois, quand l’argent manquait. Je n’ai jamais osé m’en plaindre mais…
— Gabi !
Thibault n’avait pu retenir son cri. Son choc dépassait tout ce qu’il avait pu ressentir jusqu’à ce jour. Il se redressa et força son ami à faire de même, pour l’approcher de lui. Le garçon ne semblait plus vouloir croiser son regard, et il saisit son visage à deux mains. Gabriel se mit alors à pleurer.
— Je vais le tuer, jura Thibault sans pouvoir se retenir. Je vais le tuer, je te le promets.
Gabriel s’essuya les yeux du revers de la main.
— C’est inutile. Je ne veux plus entendre parler de lui.
Thibault se sentit impuissant. Une rage comme il en avait rarement ressenti s’était emparée de lui. Il n’avait jamais souhaité la mort de quelqu’un comme il le voulait à présent. Quelle ordure. Que Gabriel ait été ou non son fils, personne n’aurait dû faire ça à un enfant.
— Je suis tellement désolé, Gabi… Que tu aies vécu tout ça… Je…
— Je m’en suis remis. Grâce à toi.
L’estomac de Thibault fit un bond. Sa fureur ne diminuait pas, mais il s’efforça de ne pas la laisser transparaître dans ses gestes. Il ferma les yeux et colla son front contre celui de Gabriel un instant, avant de le serrer dans ses bras.
— Je n’ai rien fait de particulier.
— Tu as été le premier à être vraiment gentil avec moi…
Un sentiment de malaise envahit Thibault. Il se souvint de leur rencontre. Le verre d’eau, qu’il lui avait donné simplement parce qu’il n’avait pas compris qu’il pouvait le boire lui-même.
— Gabi, tu te trompes… avoua-t-il, défait.
— Je me trompe ?
— Je sais à quoi tu fais allusion. Je t’adore, aujourd’hui, je peux le dire sincèrement, et je ferai tout pour toi. Mais quand on s’est rencontrés…
Gabi cligna des yeux, et sourit.
— Je sais. Tu avais l’air en colère, après ce que monsieur Lespar t’a dit. Je sais que tu t’es dit que tu aurais dû boire toi-même.
Une nouvelle fois, Thibault fut interloqué.
— Pourquoi tu m’as suivi partout alors ?
Gabi haussa les épaules.
— Bah, j’étais quand même ton deuxième choix. Et c’était toujours mieux que ce que j’avais subi jusqu’alors. Et tu m’as vite prouvé que j’avais raison de te suivre, non ? Sans toi, Rebecca ne m’aurait jamais regardé. J’aurais fini dans un bordel, et j’y serais à ce jour. Grâce à toi j’ai eu la belle vie. Comment ne pas être reconnaissant ?
— Tu n’as pas à être reconnaissant pour ça, Gabi…
— Pourquoi tu as dit à Rebecca de me regarder ?
— Je n’en sais rien. Parce que tu me faisais de la peine.
— Elle aurait pu se mettre en colère. Elle aurait pu ne pas t’acheter.
— Je n’ai pas pensé à ça sur le moment !
— Non, tu as pensé à moi. Personne n’avait pensé à moi avant toi. Puis le temps a passé, et tu ne m’as jamais laissé tomber. Tu as toujours été là. Même si tu te plains à longueur de temps, tu ne me fais jamais sentir que j’ai tort d’exister. Tu as été le premier à me donner une vraie raison de m’accrocher.
Thibault ne sut que répondre. À ses yeux, Gabriel n’avait aucune raison de lui être reconnaissant. Si au tout début, Thibault avait pensé que son ami devait le voir comme un pilier auquel se raccrocher, quand ils avaient grandi, la tendance s’était vite inversée. Thibault songeait qu’il avait bien plus besoin de Gabriel que le contraire. Il l’avait toujours soutenu, toujours rassuré, et il lui avait toujours parlé franchement. Même quand ce n’était pas pour dire des choses agréables, Thibault savait qu’il y avait forcément une bonne intention derrière ses paroles.
Et puis, Gabriel savait tout de lui. Il lui avait raconté toute sa vie, de ses premiers souvenirs à ses humeurs du moment. Il ne l’avait pas exactement soutenu dans sa relation avec Solène, mais il n’avait pas non plus trahi son secret. À bien des égards, il était un meilleur ami que Thibault ne l’avait jamais été pour lui.
— Gabi… Je suis désolé que tu aies vécu tout ça. Ça me fait mal, franchement.
C’était sûrement la chose la plus sincère qu’il avait dite de toute sa vie. Il observa le regard bicolore de Gabriel, cet œil bleu, qu’il aimait tant.
— Ce n’est plus si grave aujourd’hui. Mais si je te dis ça, c’est pour Éos.
Thibault entrouvrit la bouche de stupeur. Pendant un moment, il avait complétement oublié le gosse de Solène.
— Si tu es son père, continua Gabriel, tu devrais… Je ne sais pas, mais au moins essayer de t’y intéresser.
— D’accord.
Il n’y avait vraiment que Gabriel pour le faire plier si facilement. Mais il comprenait désormais. Il comprenait parfaitement. Gabriel avait vécu avec un homme odieux qu’il devait considérer comme son père, sans être sûr qu’il le soit, et qui ne méritait sûrement pas d’être nommé ainsi. Il ne voulait pas que Thibault ne s’intéresse pas à un enfant qui était peut-être le sien et le rejette si facilement.
— D’accord ? répéta Gabriel, étonné.
Thibault retint un sourire.
— Bon, bien sûr, lança-t-il, il n’est pas tout à fait né dans les mêmes conditions que toi. Pour le coup, Seth pense être son père et en est fier. Et il est né au Sommet. Et c’est le fils de l’impératrice. J’ai beaucoup de mal à lui imaginer un avenir malheureux…
Gabriel allait parler mais Thibault leva la main pour l’interrompre :
— Ceci dit, je comprends ce que tu ressens, et je te promets que je ferai de mon mieux pour m’intéresser vraiment à lui.
Gabriel eut un sourire. Il se rallongea sur le lit et attrapa un livre traînant sur le sol, au hasard, avant de se plonger dedans. La conversation était terminée. Il avait obtenu ce qu’il voulait, et Thibault ne parvenait pas à lui en vouloir d’avoir réussi à le manipuler avec tant de facilité. Une part de lui détestait le fait d’avoir forcé Gabriel à révéler cette partie de son histoire, notamment parce que cela renforçait un sentiment de culpabilité chez lui. Il passait son temps à se plaindre auprès de Gabriel de toute sorte de choses. Ce dernier avait pourtant largement plus souffert que lui.
Ils étaient chacun plongés dans leurs bouquins quand un brouhaha s’éleva du couloir. Thibault essaya de rester concentré sur la page qu’il lisait, mais bientôt on cogna sur la porte avec force, et elle s’ouvrit la seconde d’après, sur un Théo à l’air hilare.
— Hé ! On est de retour !
Thibault plaça son marquepage dans le livre et se leva.
— Ça s’est bien passé ? demanda-t-il.
— Tu n’avais qu’à venir, tu aurais vu !
Thibault concéda un sourire, tandis que Gabriel se levait à son tour.
— Mais on a ramené des souvenirs et on s’est dit qu’on partagerait quand même avec vous, indiqua Théo.
Et sur cette phrase faussement mystérieuse, il prit la direction du petit salon de l’aile. Thibault attendit Gabriel et ils partirent à la suite du garçon. Les esclaves d’honneur avaient ramené une panoplie de bouteilles d’alcool colorées, ainsi qu’un vrai festin désormais disposé sur la table basse de la pièce. À la télévision, Calliope chantait son dernier tube tandis que les jumelles sautillaient dans le salon, beuglant les paroles à tue-tête. Jenkins et Lino riaient gaiement, et il ne fallut pas longtemps à Thibault pour constater qu’une partie des bouteilles avait déjà été bien entamée. Ils se joignirent au groupe avec plaisir.
Le défilé auquel ils avaient participé, sous les ordres d’Ajax et de Rebecca, visait à présenter les débutantes de la saison. L’alcool avait coulé à flot et ils n’avaient pas hésité à se servir au passage, emportant avec eux les bouteilles délaissées. C’était sympathique de leur part d’avoir pensé à Thibault et Gabriel, qui avaient été exempté de cette sortie à la demande de Solène. Ils passèrent la soirée ensemble et quand Gabriel, pour une fois ivre mort, s’endormit sur le divan du salon, Jenkins aida Thibault à le ramener dans sa chambre.
— C’est rare de le voir comme ça ! commenta joyeusement Jenkins alors qu’il rabattait les couvertures sur Gabriel.
— Oui, mais une fois de temps en temps, ça ne peut pas lui faire de mal, répondit Thibault avec un sourire.
— Tout va bien ? demanda alors Jenkins.
Thibault le regarda bien dans les yeux, avant de répondre :
— Peut-être. Ne l’embête pas avec ça, il a le droit de s’amuser, lui aussi, de temps à autre.
— Oui mon capitaine, répondit Jenkins. Je suis bien d’accord, il ne sait pas s’amuser le pauvre. Il est beaucoup trop sérieux. Allez viens, on y retourne. Féline et Félicie ne vont pas tarder à s’effondrer non plus.
— Thibault… ?
Le jeune homme allait suivre Jenkins jusqu’au salon, et s’arrêta en entendant la voix étouffée de Gabriel.
— Je te rejoins, indiqua-t-il à Jenkins avant de pousser la porte de la chambre.
Il n’osa pas rallumer la lumière, et buta dans le pied du lit alors qu’il se rapprochait de Gabriel. Il étouffa une plainte en songeant que sa blessure risquait d’être douloureuse lorsque l’ébriété serait retombée le lendemain et s’effondra sur le matelas.
— Je suis là, ça va ? Tu veux vomir ?
— Non je vais bien… Viens là…
Thibault se rapprocha de lui et la main de Gabriel trouva son genou. Ce dernier se redressa ensuite en position assise et laissa glisser sa main sur lui, jusqu’à atteindre sa joue. Il rapprocha alors doucement le visage de Thibault du sien.
— Gabi ?
Les lèvres du garçon vinrent soudainement se coller à celles de Thibault, qui sentit son pouls s’emballer. Pétrifié, il resta parfaitement immobile, jusqu’à ce que, au bout de quelques secondes, Gabriel s’éloigne de nouveau de lui.
— On mettra ça sur le compte de l’alcool si tu veux… murmura Gabi.
Puis il se laissa retomber sur le coussin. Le cœur de Thibault battait à tout rompre. Incapable de bouger, ou de parler, il se contenta d’essayer de discerner la silhouette du garçon dans son lit.
— Gabi ?
— Mmh ?
Thibault le secoua par l’épaule et le força à se redresser.
— Gabi, tu viens de m’embrasser ?
— Non…
Thibault fut pris au dépourvu. La tête lui tournait un peu, mais il était encore maître de lui-même. Il tremblait sous le coup de ce qui venait de se produire, et Gabriel laissa tomber sa tête sur son épaule.
— Je crois bien que si… murmura-t-il alors que le garçon faisait mine de s’endormir contre lui.
Il resta un moment ainsi. Son cœur ne parvenait pas à reprendre son rythme habituel. Puis quand il fut certain que Gabriel s’était bel et bien endormi, il déposa sa tête sur le coussin et quitta la pièce.
Dans le salon, les jumelles s’étaient étendues sur l’un des divans dans des positions improbables. Il souleva le bras de Félicie qui trempait dans une flaque d’alcool renversé au sol, pour le reposer au-dessus de sa tête, et rejoignit les garçons qui avait entamé de jouer une partie de carte.
Il joua avec eux, mais ne cessait de perdre, ses pensées entièrement tournées vers Gabriel. Jenkins lui jetait des coups d’œil insistants de temps à autre. Quand Lino et Théo finirent par décider d’aller se coucher, ils portèrent les jumelles jusqu’à leurs chambres et alors que Thibault faisait également mine de regagner la sienne, Jenkins le rattrapa par le poignet.
— Viens m’aider à ranger le salon, indiqua-t-il d’un ton léger.
Thibault ronchonna, mais céda à la demande et le suivit.
Il commençait à se pencher pour ramasser les cadavres des bouteilles quand il remarqua que Jenkins s’était assis sur le divan, les jambes croisées et ses mains reposant nonchalamment dessus. Thibault lui lança un regard interrogateur, auquel il répondit par un sourire.
— Tout va bien, Thibault ?
— Oui, pourquoi ?
— Tu avais l’air dans la lune tout à l’heure. Tu as accepté de m’aider à ranger presque sans râler. Ai-je besoin d’en rajouter ?
Thibault le jaugea du regard. Ce n’était pas dans ses habitudes, de se confier à Jenkins. Il prit quelques instants pour soupeser la situation… D’un côté, il ne pouvait certainement pas se confier à Gabi. Ni à Solène, pour des raisons évidentes. Il fit quelques pas et s’assit à côté de Jenkins, puis soupira.
— Ça va… Mais il s’est passé un truc avec Gabriel.
— Oh ?
Thibault lui jeta un regard en coin. Il n’arborait pas son habituel sourire narquois, plutôt un air de franche curiosité.
— Il m’a embrassé.
— Je vois. C’était la première fois ?
Thibault fronça les sourcils. Jenkins avait répondu sur le ton du constat. Il ne laissait paraître aucune surprise.
— Oui, bien sûr…
— Je ne pensais pas qu’il attendrait aussi longtemps.
— Hein ?
Thibault se redressa, pour faire face à son camarade. Jenkins souriait paisiblement.
— Rassure-moi, Thibault… Tu es conscient qu’il est amoureux de toi ?
Thibault sentit la chaleur embraser ses joues.
— Comment ça amoureux de moi ?
Jenkins le fixa quelques secondes, tout en poussant un soupir exagérément long.
— Tu me déprimes.
— Gabi n’est pas amoureux de moi… C’est mon meilleur ami.
— Vous êtes très proches.
— Bien sûr, puisque c’est mon meilleur ami.
— Vous dormez souvent ensemble.
— Hé ! C’est juste de temps en temps et on n’a jamais rien fait !
— D’accord d’accord. Et du coup, puisqu’il n’est pas amoureux de toi, pourquoi t’a-t-il embrassé ?
Thibault ouvrit la bouche, puis la referma. Jenkins le fixait toujours avec intensité, et pour une fois, il ne semblait pas moqueur.
— Je… Je ne sais pas, il a trop bu.
— In vino veritas.
— Inviquoi ?
— C’est une locution qui date de l’ancien monde. Ça veut dire qu’on trouve la vérité dans le vin. Bref, il a bu, et il a tenté le coup. Écoute Thibault…
Jenkins décroisa les jambes et se pencha vers lui, l’air tout à fait sérieux.
— Gabi est amoureux de toi. Je suis surpris d’avoir à te l’apprendre, mais c’est un fait. Tout le monde le sait. Il n’est vraiment pas si discret que ça. Je ne sais pas si tu ne le voyais vraiment pas ou si tu ne voulais pas le voir, mais c’est vrai. Je crois qu’il est amoureux de toi depuis que vous vous connaissez.
— Mais… Pourquoi ne me l’a-t-il jamais dit ?
— Je ne sais pas… Parce que tu étais trop occupé à courir après Solène ?
Thibault se sentit rougir. D’un coup, lui revinrent en mémoire les très nombreuses fois où il avait parlé de Solène à Gabriel. Il frotta vigoureusement son visage de ses mains. Il se sentait idiot. Il repensa toutes les fois où Gabi s’était tenu près de lui, les gestes qu’il n’avait pas avec les autres. Son estomac se contracta.
— Je n’arrive pas à y croire…
— La question maintenant… C’est qu’est-ce que tu vas faire de ce scoop ?
Cette fois, la voix de Jenkins était tintée de moquerie. Thibault lui fit les gros yeux.
— Je ne sais pas… J’aime Gabi, énormément, mais…
— Vous êtes très proches.
— Tu l’as déjà dit.
Jenkins eut un sourire.
— Quoi que tu décides, ne lui fais pas de mal, d’accord ?
— Bien sûr que non, tu me prends pour qui ? Je tiens à lui plus qu’à n’importe qui d’autre, je ne lui ferai jamais de mal.
Une étincelle passa dans le regard de Jenkins et son sourire s’élargit. Il ne fit cependant aucune remarque. Il se leva, puis sans plus penser à ranger le salon, se dirigea vers la porte.
— La nuit porte conseil, Thibault. Bonne nuit.
Et il le laissa seul.
***
Incapable de dormir, Thibault avait fini par ranger le salon à lui tout seul. Il l’avait même astiqué de fond en comble. Puis il avait fini par s’étendre sur le divan et avait gardé les yeux grands ouverts, fixant le plafond lisse et son lustre clinquant.
Aux premiers rayons du soleil, il s’était levé. Il avait parcouru le couloir, fait une halte par sa chambre pour se brosser les dents, puis rejoint celle de Gabriel. Il avait ouvert la porte discrètement, pas certain de ce qu’il fallait à présent faire.
En la refermant derrière lui, il songea qu’il faudrait déjà attendre que son ami soit réveillé pour savoir comment il devait réagir. Puis juste après, il changea d’avis. Il s’avança jusqu’au lit, tira la couverture… Et fut surpris de constater que le lit était vide. Un bruit d’eau attira alors son attention. La porte de la salle de bain s’ouvrit, et il se retrouva nez-à-nez avec Gabriel.
— Gabi…
Gabriel vira à l’écarlate. Il fit volte-face et s’enferma dans la salle de bain avant que Thibault, sidéré, n’ait pu réagir.
— Gabi… Ouvre la porte s’il te plaît.
Il n’y eut aucune réponse.
— Gabi, bon sang, tu ne pourras pas m’éviter très longtemps !
— Va-t’en.
Sa voix était tremblante. Thibault appuya sa tête contre le bois de la porte et soupira.
— Non, je ne m’en irai pas. Ouvre ou je trouverai un moyen d’ouvrir moi-même.
Pour faire bonne mesure, il se mit à agiter la poignée frénétiquement. Un bruit de loquet s’éleva alors de l’autre côté de la pièce, puis la porte s’entrouvrit. Gabriel fixait le sol.
— Je suis désolé. Voilà, tu peux partir.
Thibault glissa ses doigts dans l’interstice afin de s’assurer que Gabriel ne pourrait pas refermer la porte, quitte à risquer de se les faire écraser.
— On ne va même pas en parler ?
Gabriel leva enfin les yeux. Son teint était cramoisi, Thibault ne se souvenait pas de l’avoir déjà vu ainsi. Il poussa alors la porte et prit le poignet de son ami, le forçant à le suivre jusqu’au lit de la pièce.
— Je suis désolé, répéta Gabriel sans oser le regarder.
— Tu n’as pas besoin d’être désolé… Je ne suis pas venu chercher des excuses…
— Qu’est-ce que tu es venu faire alors ? Te moquer ?
Thibault sentit comme une pointe le piquer dans son orgueil.
— Si c’est ce que tu penses, je ne vois vraiment pas pourquoi tu m’as embrassé.
Gabriel cacha son visage dans ses mains, et Thibault paniqua. Il ne voulait surtout pas le faire pleurer. Il se rapprocha de lui et le prit dans ses bras. L’instant d’après, le regard hétérochrome de Gabriel se levait vers lui, visiblement surpris.
Ils restèrent ainsi quelques secondes. Leur proximité n’avait rien d’une nouveauté, pourtant, il semblait à Thibault n’avoir jamais ressenti cet étrange mélange d’affection et d’embarras.
— Je t’aime… déclara alors Gabriel, d’une voix presque inaudible.
Thibault haussa les sourcils et sentit son cœur s’emballer. Gabriel baissa les yeux.
— Ça fait longtemps. Je n’ai rien dit parce que j’avais peur que tu ne veuilles plus me parler. Je ne voulais pas gâcher… Enfin… Je suis désolé, je n’aurais jamais rien dit si je n’avais pas bu hier. C’était une mauvaise idée. Je ne ferai plus jamais ça.
Alors que Gabriel tentait de s’échapper de son étreinte, Thibault ressentit un étrange sentiment se répandre en lui. Il resserra l’étau de ses bras. Gabriel lui lança un regard à la fois peiné et embarrassé, et tenta de le faire lâcher prise. Thibault comprit alors quel était le sentiment parasite. De la déception. Comme si on lui reprenait quelque chose qu’on lui avait tout juste laissé entrapercevoir. Il posa alors une main sur la joue de Gabriel et pencha ses lèvres vers les siennes.
C’était autre chose. Il sentit son rythme cardiaque s’élever encore un peu. Il laissa le baiser s’étendre quelques secondes, puis doucement, s’éloigna du visage de Gabriel.
Le garçon aux yeux vairons l’observait avec une expression ahurie, devant laquelle Thibault ne put retenir un léger rire.
— Thibault… ?
Sa voix tremblait.
— Je n’avais aucune idée de ce que tu ressentais, indiqua Thibault d’une voix douce. Je suis désolé… mais je te l’ai déjà dit pourtant, que tu étais ma personne préférée. Tu aurais dû me le dire plus tôt…
Gabriel se redressa. Il se mit sur les genoux, faisant face à Thibault. Il semblait incertain.
— Tu… Tu ressens quelque chose aussi ?
— Je t’aime, Gabi. Je n’avais jamais envisagé les choses sous cet angle, mais c’est certain que je t’aime.
Une nouvelle fois, Gabriel cacha son visage dans ses mains. Mais cette fois, Thibault pouvait apercevoir le sourire qu’il tentait de masquer. Il ne put retenir un nouveau rire alors qu’il écartait les poignets de Gabriel pour le voir.
Le garçon passa alors ses bras autour de ses épaules. Thibault enfouit son visage dans son cou. Un parfum d’interdit s’en dégageait. De nouveauté. De changement. Il resserra ses bras autour de la taille du garçon.
Alors là je ne m'attendais absolument pas à ça...
J'ai été un peu surpris qu'il ne soit presque pas question de Diane dans ce chapitre. Le précédent laissait une telle impression de montée en impuissance couplé à l'incapacité des élites de se protéger, le soulèvement me paraissait tout proche... Et là, sans qu'il y ait eu de véritable réaction du sommet, trois ans se passent sans événement majeur, du moins c'est ce que sous-entend ce chapitre. Peut-être qu'il y a des raisons que nous découvrirons plus tard, mais ça a un côté assez frustrant. A ce stade de la lecture, je me demande s'il n'y a pas moyen de développer un peu plus autour de ce qui provoque ces trois ans de "calme", avec une annonce / des pourpalers / l'arrestation de leaders de Diane, en tout cas des hypothèses. Peut-être par le pdv de Lison ? Bon, je suis peut-être impatient, faudrait que je te fasse un retour là-dessus après avoir davantage avancé ma lecture.
Deuxième chose un peu relou, j'ai trouvé que le récit de Gabi était en soit plutôt bien amené avec le parallèle avec le fils de Solène qui est réussi mais au final j'ai eu un peu la sensation d'avoir une scène : voici la backstory du personnage. Je me demande si réduire un peu le récit, pour se concentrer sur deux, trois exemples marquants (les coups, le bordel) en laissant l'implicite faire le reste ne pourrait pas avoir le même effet sur l'histoire en paraissant plus "naturel".
Bon, bon, bon. Revenons-en à ce qui m'intéresse. La révélation de l'amour de Gabi. Alors là on passe du rien au tout en un chapitre, c'est assez fou. Je trouve que tu décris les sentiments de Gabi, ses actions avec Thibault avec beaucoup de subtilité et de justesse. La scène où il s'enferme de honte est particulièrement touchante. J'aime aussi beaucoup l'idée que le simple fait que la vérité sorte enfin vienne tout débloquer. Comme s'il ne manquait que ça. Et en même temps un peu frustrant que ça n'arrive que maintenant.
J'adore le lien entre le titre du chapitre et son contenu. J'aime aussi beaucoup le fait que Thibault se découvre des sentiments pour Gabriel. Il y a un côté un peu soudain, mais en vrai ça passe bien avec sa personnalité je trouve. Le dernier paragraphe du chapitre saisit bien ses sentiments naissants je trouve.
Et tout ça ouvre sur un tas de questionnements... Wow, wow, wow, mais où tu nous emmènes ??? Je suis faaaaannnn
Mes remarques :
"Le gosse ne ressemblait à personne en particulier selon Thibault." déni, déni, déni, on te connaît Thib xD
"et coller son poing dans la figure de cet homme détestable et sans visage." couper le détestable ? un peu comme dans le précédent pdv de Lison, je trouve que l'écrire noir sur blanc n'ajoute pas à ce que le texte dit déjà
Voili voilou, bon quand je commence à écrire des pavés comme ça, ça veut dire que j'adore l'histoire en question hihi
J'attaque la suite !
"Peut-être qu'il y a des raisons que nous découvrirons plus tard, mais ça a un côté assez frustrant." -> j'avais osé espérer que ça soit plus du suspense qu'une frustration ! Il n'y a en effet pas eu d'événement majeur, mais des lignes ont bougé, d'ailleurs dans la discussion Gabi-Solène il est précisé que des attentats ont été déjoué (je fais comme dans la vraie vie : on parle toujours beaucoup plus d'un attentat réussi que d'un attentat raté).
Le parallèle entre Gabi et Éos m'a en effet permis d'apporter la backstory du personnage. Quand tu me le mets comme ça sous le nez, je ne peux réfuter, ça me semble moins subtil que quand je l'ai écrit. L'idée initiale était pourtant de montrer deux trois choses : le côté secret de Gabriel, il parle peu, et s'il parle, c'est toujours avec un agenda, ici provoquer un sentiment de culpabilité chez Thibault (il a un côté manipulateur, ce garçon) et du côté de Thibault, appuyer sur le fait, qui revient un peu plus tard dans le chapitre, qu'il ne voit pas les choses si on ne les lui met pas juste sous le nez.
Il y a peut-être aussi des éléments qui peuvent paraître superflu ici et auront une importance plus tard, qui sait ?
Eeeeeet le moment tant attendu entre Thibault et Gabriel :D Oui, il ne manquait que ça... Parfois, tout ce qu'il faut, c'est se lancer. Mais j'espère que, si en effet il y a un côté soudain dans ces nouveaux sentiments, l'attachement que Thibault avait pour Gabriel depuis le début était quand même suffisamment présent.
Ce moment de l'histoire est l'un de mes préférés de Thibault. Parce que parfois, il peut être très simple dans ses sentiments, et je crois que c'est là qu'on peut le trouver attachant.
Merci pour ton enthousiasme ! :D
Yes, en vrai la scène fonctionne et est importante dans ce chapitre pour dénouer certaines choses. C'est juste la longueur qui m'a un chouilla gêné, mais comme tu dis peut-être que des éléments sont importants pour la suite.
" il y a un côté soudain dans ces nouveaux sentiments, l'attachement que Thibault avait pour Gabriel depuis le début était quand même suffisamment présent." Je trouve personnellement oui, et je te rejoins sur le fait que ça rend Thibault attachant.
Il n'a visiblement pas appris à partager non plus. Ça va piquer quand il va croiser sa sœur.
Plongée dans l'histoire de Gabi, qui vient à point nommé pour bouleverser la perspective de Thibault. Mais bon, c'est Thibault, ça va être dur de détacher son regard de son nombril. Encore une fois, Gabi a un double jeu.
Oh ! On enchaîne soirée surprise et baiser surprise ! Hahaha !
Et un début de psychothérapie. Et bim ! Thibault découvre le monde. Décidément, c'est sa journée :D
Et voilà ! C'est parfois simple, l'amour :) Je suis curieux de voir comment ce chamboulement va impacter leur vie.
Peccadilles :
et j’y serai à ce jour. -> serais
J'espère que la suite te plaira :D
Il s'en passe des choses dans ce chapitre :-)
Entre le fils de Solène (potentiellement celui de Thibault), le fait qu'ils continuent à se voir entre deux et le rapprochement avec Gabriel...
Un super chapitre qui fait avancer les choses et où on se rend compte de la complicité entre les esclaves de Solène et des sentiments de Thibault envers son ami.... Je vais lire de suite le prochain chapitre pour savoir comment cela va évoluer et influencer la vie de Thibault
J'espère que le chapitre suivant t'a plu aussi alors !
Merci beaucoup pour tes retours ! Je vais arriver bientôt à la fin de la réécriture de ma première partie, je pourrais lire un peu plus vite comme ça, et je vais avancer sur ton histoire aussi, que j'ai quitté dans un moment de tension en plus !
À très bientôt ! ^^